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T ê4¥^ 3
A U X
SOUVERAINS
de L EUROPE
-f
A COBLENTZ,
De
l’Imprimeriede Nicolas Waterloop
;Et
se trouve à Paris, chez, lesMarchands de
Nouveautés.1791
IKENOTKSRKf UBRARV
fins Psa 'Tap etystVii Tïêc^ÿôiQ JDpyvê
, iy dèuvetTOKrt focùç ^spoi ^jS's^poToi^iV, O/«T’Srgoi ^G>Kov^€>xctô/î^cLŸoy, Ef' -J^’ctpccrourt Zsvç v^iQpspiSTn^j « ts nparoç is-irif/LsyiG’ov,
Toicrt «T’ASnmi» Ksye khS'scc'ToAKctOé'vavsç^
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^yS'câ^&.cri vv^<pn(r.Zgv ^CLTSp,« ^'’cihKOlpLAy.dpSÇ ^goi ûe,lgî^ gCFTér, ÎV1«T(S'STI '7rpo<ppm, etyayoç deit fi'7riv$eirrcâ
^anTTltyos^ds^txroç^/u.jîJ'g dt<n^d Ahh^disi fitAscTGsrT’g/H,Ktu diCvKa,ps^ot.
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^Tw? Ttî O^AviDp^i OS'va^cTêid^ ypapi^d, Ë
B
[
3
1L’Auroîie quittaitlelit deson ÉpoUx, pour allerrendre
!alumière auxMortels; lesDieuxrégloientdansleurCon,
feilles affaires du
Monde
: au milieudWx
étoit assis le Foudroyant Jupiter, qu’aucun n’égale en puiffanceJ dC Minerve5 toujours pourfiiivié par le fouvenir douloureux de la captivité d’Uliffe
^ leur pàrloit eii ces termes de$
malheurs deceHéros.
Jupiter, 6
mon
père!&
tousDieuximmortelsquijouif- fez dans l’Olympe d^un bonheurincorruptible!C’eft donô en vain que les Rois ne feront occupés fur laterre qu’à retracer darts leur personne,la confolaiite image de vos Vertus? Qui pourrà lesempêcher déformaisd’être injuftea enversleshommes , ëC deles régiravec un fceptrede fer?CetUliffe
, que fa doüceur
, fapatience 6c fa bonté éle- voientjufqu’àvous, quifut le père bien plus quele Sou- verain defes Peuples, n’éprouve aujourd’hui de leurpart qu’une monffruèuse ingratitude
5 tous l’ont abandonnéJ Une Divinité bârbate qui le tient dans fes fers, lui rend odieux le bienfait de la vie : captif dans son palais
, il,
iie peut plus remonter fur le trône de fes pères; ce»
compagnons , autrefois si fidèles, ces superbes vaisseaux qui hllonnoient
k
vaste étendue des mers, n’existentplus pourlui; sa Famille est dévouée à la mort : errante dC fugitive
j elleparcourtlàdivine Pylos
&
là fameuse Lacé^démone ,pour y interroger, surle sort de ce Prince,le*
B.oisdeces contrées.
Ody
'fsée d’HoMEÀÉ,Itv.S Pi HQf. jusqu^au zouA Z
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(O
AUX SOUVERAINS
de
L’e u r o p
e,Téaioins dstous
lesmaux
qui affligentma
Patrie,
ô
vousdont
tant de fois elle airoplor»le secours, seriez-vous insensibles à sescris ; et
ne
l’auroit-onllattëede
vousvoir bientôtterminer lacliaîne desesmalheurs
,que pour
l’appésantirdavantage en trompant
ses espérances?Cepen- dant y
eut-il jamaisde
causeplus glorieuse et plus digne
de vous?
il s’agit ici aes inté-rêts de
l’Humanité
souffrante ,de
l’équilibrede
l’Europe, de la stabilitéde
vosTrônes
etde
la^Univers.
L’humanité soufrante. Une
des plusgrandes Nations del’Europe,vingt-troismillions
d’hommes
sonten
proieaux
horreursde
laifflis
cruelle anarchie :cinquante scélérats,
que
1en- feravomis dans
sa fureur, ontsufflpour
boule- verseren un
instant cetempire que
quatoisiècles d’une glorieuse existence sembloient devoir rendre
immortel
:en moins
dedeux
ans,toutes sescolonnes se sontécrouléessouslaha-
che
d’une assembléemonstrueuse, ^connue
jusqu’ici
dans
les annalesdu monde. De,à ceue
antienne religion qui assuradans on-
A 3
(«)
gme
lesFondemens de
vos troues n’exîste plus ; l’athéisme qui a dirigé tous les pasde
îîoslégislateurs, a
démoli
sesTemples
, renversé ses Autels
, etlivré sesPrêtres
, aprèsles avoir dépouillés, avilis,
aux
persécutions desDioclé- tiens, desDécès,
des Caracalla, des Hélioga- bales; la justice a été chasséede
son sanc- tuaire; le corps auguste
de nos
Magistratsa
disparu5 des
hommes
ignorans et obscurs,ouvrage de
la cabale etde
rintrigue , sontau^
jOUI
d
hui les depositaires denos
lois, et les ar- bitres denos
destinées| cet arbre antique, à
i
ombre duquel
laFrance
sereposasilong-temps, îaNoblesse,
vient detre arraché3 elle a
vu
incendier ses châteaux, ravagerses
domaines
,piller ses archives, massacrer ses enfans , et anéantir jusqu a
son nom
5 leRoi
etson
auguste famille ont ete rassasiés d’ignominie, chargés
de
chaînes, et sont encore aujourd’hui sous le couteau des assassins.
Des
brigandssoudoyés menacent nos campagnes de
la dévastation|
tous les travaux
de
1industrie sont suspendus , la plupart denos
atteiiers sont fermés 5nos
lelationsde commerce
s’évanouissent tous les jours,ou ne
sesoutiennent plusque
parlaruinede
1agricultureetdes propriétaires^ nosmoeurs ne
Sontpms
reconnoissables^ lesFrançois, n’a- gueres sivantés
par
leurdouceur
et leur poli- tesse,ont
revêtu^celles des peuplesAntropo- phages
J
en un mot
, laFrance ne
présente(7
)T,lm
at«
regards deshoinmes,
qu’«n
cadavr«
s.rla“ erre ,
dont
lesbêtes mitentlesrestes sanglans.C’est Ttoitr faire cesser ces desordres
qnejs France
étend versvons
sesmains
suppliantes, c’est à desbommes
, c’està
des S-ouverainsqn.
t’ail’honneur de parler.
Comme hommes
riende
ce qui intéresse l’iiumanité et ses droitsne
rôles simples et sublimes , tout
alafoK, qm
ti-rent
taut^pplaudiee
chez les Ifoinams assem- blés, c’est-à-dire ,dans
les états-genemuxce
Lsôn humaine;
è
alie,zu,rt puto.Comme
Rois^,les pasteurs des peuples, les
hommes
, lesfondemens
dela félicite publique,7e” donc
à vous à les protéger; sur cevos obligations sont solidaires ,
malgtc
la férencede
voscouronnes
, la disparité de_vj
gouvernemens
, les limites plus,ou moins
et duesde
vos états : il s-’agiten
la nature qui, étant les
mêmes
cheztou^
s-peuples, sont
pour eux
lepremier des contratsLmme
elles- sont l’appui , le soutien,,k
smiJ
tiandes autres. C’est d’ailléurs- le cri c.e tou
TV •• c
&
il est CTravédans
leurs fastes en.les îsanons,
h
e^u -,1caractfesîneffaçabks.
'XX
héros
que
l’antiquitéa-misau
ran gc.e.»comment Thésée, Hercule, Apc^don
,erse^
Jupiter an.t-iIsobicms ieshoBneurs.
de .ap®-
fX)
lh4ose >
N-M-ce
paspour
avoirp„rg4
laMms
des monstresqui la dévoroient?
Eh
bien tous cesemblèmes dont
lesanciens ont
revêm
lesprincipaux traits
de
leur histoire,sont autant
de
leçonsqu
ilsdonnent aux
Souverainset
aux
Potentatsde1 Univers; ils leurmontrent dans
tous cespersonnages
lemodèle
sur lequel ilsdoivent se
former
, et
dans
leur conduitebien- faisante envers les
hommes
, la règle
de
la leur.Vous
êtesen
effetl’imagede Dieu
surla terre •il
ne vous
a revêtusde
sapuissance,environnés
de
la majesté,entourésdes
hommages
desmor-
tels
,
que
parce que vous êtesdans
les des- seinsde
sa providence surleshommes,
lesmi-
nistres
dh
ses volontéset les arbitresde
ses ven- geances.C’està cetitreque,chezles
Romains, on
voit
Marc-Aurèle
protéger lesAstinges
, contre les
Dancnges
leursennemis
,
en
leuraccordant des etablissemens et des terresdans
laDace
;Jalens
, accueillirlesVisigoths quiseréfugièrent
dans
ses états,pour
se déroberà la fureurdesP uns
;legrand
Constantin, remettre
en
posses- sionüi, euisdomaines
lesSarmatesAçaragantes
quien
avoient été chassésparleurs esclaves.
1 ces tableaux
,
par
l’éloignementdestemps
«t des
beux
vous semblentpeu
assortisaux
circonstancesoù
vous vous trouvez aujourd’huiouvrez
l’histoire de l’Europe depuis lafonda- tion e vosEmpires
:de
quoi s’agissoit-ildans
ces querellesenvenimées,
qui ont sisouvent
(
9
)ensanglanté la terre ? quels furent les pré- textes,
ou
les causes de vos confédérations et des guerres quiles ontsuivies ?Relisez vosma-
nifestes,par-tout,
vous
vousy
présentezcomme
les réparateurs des torts, les vengeurs des in- justices
, les protecteurs des Nations
ou
des Princesopprimés
^ aussiavons-nous vu
, ily a deux
siècles , la célèbre Elisabeth, reined’An-
gleterre,
malgré
lesanimositésdesdeux Nations
rivales , aider
Henri IV
de toute sa puissance'
à remonter
sur le trône'de ses pères5 tout ré-cemment,
lamaison
d’Autriche, prendre lesarmes pour
soutenir la Russie contre les entreprisesdu
Croissant^ le Plérosdu Nord,
faire
dans
la Baltiqueun©
diversion puissanteen
faveur desTurcs
5Léopold,
raffermirla cou-ronne
sur la têtedu
Prince de Liège et de l’É-vêque
de Bâle; enfin, l’Angleterre, laPrusse Sc la
Suède armer
etse coaliserentreelles,pour
sau- ver1Empire Ottoman
prêt àsuccomber
sous lesarmes
d’une souveraine qui, par
son
génie , ses talens 6c ses vertus sublimes, est la terreurde
sesennemis
, le soutien de ses alliés , l’or- gueil deson
sexe, 6c la. gloiredu monde.
Par-donnes
, ô Catherine ! à la reconnoissancequ
inspirent tes procédésgénéreux
enversnos
Princes, si
un
sujetignoré, maisfidèle, d’unRoi malheureux
, ose franchir l’intervalleimmense
qui le sépare
de
toi,
pour approcher de
ton aytel 6cy
brûlerson encens
!V
C lO
)Ce que
vous avez faitpour
ces puissances ppourquoi ne
le feriez-vous paspour nous
?La France
vous offredans
sesmalheurs
tous ces interets réunis : à l’empereur, la pofition allar-mante où
setrouvent sasœur
et son beau-frère5au
roideSuède
, sa qualité d’ancien allié de laFrance
5aux Bourbons de
tous les trônes les liensdu sang
et les droits d’unecouronne
quiles regarde tous;
aux
cercles de l’empire, leurcommune
origine et l’ombredu grand Char- lemagne
quiposa
les premiersfondemens de
leur
gouvernement
actuel 5 à la Prusse ,à
l’Angleterre ,au Dannemark
, à la Russie,au
Portugal, à la Sardaigne, à laRépublique de Venise
,aux
Etats de Plollande ,aux cantons
Suisses , leur générosité , les droitsimpérieux
d’une nationmalheureuse
, etceux d un
sou- verain détrôné. Si laFrance
avoit etcen
guerre avec quelque puissance de l’Europe, certes, elle n’eûtpasmanqué
de médiateurs,etlapaixseroit déjà signée:mais
quoi,lesmonstresqui ladeehi- rentne
sont-ils pas plusredoutablesqu
ede 3 et l’anarchiequila dévoremillefoisplus désastreuseque
lesguerres qu’ellesanroientpu
lui fane ?L’équilibre
de
l’Europe.Ce
système , sur lequel repose la tranquillité de vos Etats ,consiste à iiiaintenirentre tous,
quoiqu inégaux
parlefait,une
sorte d’égalité réelle,en
obligeant lesplusforts à se renfermerdans
leurs limites^
(
II )
& en
suppléant à la foÜDlesse des antres parde
puissantes garanties. Il dérive de ce principe
immuable que
la nature a gravédans
tous lescoeurs :
ne
Jaispoint à
autrui ceque
tune
voudroispas qidon
te fità
toi-même.
L’homme
,en
effet,dans
quelqueposition qu’il existe, conserve toujours lesmêmes
rapportsavec sessemblables5
&
les sociétés politiques, loin de les altérer,ne
font qu’en resserrer les obligations.Dans chaque gouvernement
, cela s’opère par des lois positives& une
administra'tioii sévère.
Dans
cette espèce d’associationd«
tousles Etats de l’Europe , c’est par les traités, les confédérations
&
la surveillance toujours inquiète des cabinets.Malgré
l’harmonie de ce système avec leslois éternelles de la nature <Sc l’avantage qui
en
i résulte
pour
la tranquillité de l’Europe, bien des siècless’écoulèrent avantque
les puissancesen
lissent la règlede
leur politique. Presque toutes se sont formées des débris de l’EmpireRomain
, <5c les autres à la faveur des convul- sions qui l’agitèrent: l’intérêt particulier,une
valeur farouche , la guerre
&
ses hasards,
avoient
concouru à
leur établissement; les
mêmes moyens
présidèrent àleurconservation.S’ils formèrent quelquefois des alliances , elles furent aussi fugitives
que
les circonstances quiles décidèrent; de quels
que
fussent les troubles qui agit^ie^it leurs voisins, Us n’y yoy
oientde
(
12
)dangers
pour eux
-mêmes
,qu
autant qullsen
étoientimmédiatement
l’objet.Trop
ignoraus Sc trop grossierspoux
calculer les suites .desëvénemens
, ils vivoieutdans
le présent , sans s’embarrasser jamais d’un avenir incertain ;au
lieu de se réunir entreeux pour
arrêter les progrès d’unennemi dangereux
,ils attendoienten
silence l’issue descombats pour
profiterde
la détresse des vainqueurs de des vaincus , de s@
partager leurs dépouilles.
'
Le régime
féodal , qui fut adopté par tous les Etats de l’Europe, deque
les circonstances rendirent peut-être nécessaire^établitcependant une
sortede
confédération entreeux
^mais
, loin de contenir l’ambition des princes& de
remédier
aux
désordres qu’elle entraîne , il futpour eux un
principe de discorde , deune
sourceintarissable de divisions. Telleétoit ,en
effet , la constitution
de
cegouvernement
sin-gulier
,
que
les droits de les devoirs respectifs des suzerains de des vassaux,compliqués dans
leurs rapports de contrariés sans cesse
dans
leur exercice,ne
pouvoientque
multiplierles casde
félonie5deque
les peines qu’il décernoitaux
coupables,en compromettant
lesdomaines
de^uns
de des autres, rendoient impossible tout équilibre entre eux.
Ainsi,
quoique
les puissancesde
l’Europe aient peut-être toujours senti la nécessitéde
s’observerentjee ellespour
assurer leur conserva*(
13 )
tlonmutuelle,laîtalancepolitique
ne
fut cepen- dant réduiteen
systèmeque
dans le i5® liècle.Les
entreprises de CharlesVIII sur leroyaume de Naples
, laconquêtequ’ilen
fit, ses guerres,
celles de Louis
XII
,leurs succès6cleurs revers,
en
furent l’occasion.La
politique des priîices Italiensqui,pour
détournerces fléaux&
assu- rer la libertéde
leurs Etats , parvinrent à se confédérer avec les plus grands Potentatsd©
l’Europe ,
en donna
les premiers élémens.L’ambition d’un prince, qui aspiroit à la
Mo-
narchie universelle,
&
l’intérêt qu’avoient tou-tesles puissances
de
l’arrêterdans
samarche
,
en
répandit les principes 5 le traité deWest-
phalie,en
assurant les droits de tout leCorps
^
Germanique
,en
présenta les bases.Depuis
cette
époque où
la politique des souverains pritune marche
plus régulière, jamais ce système n’a reçu de bien dangereuses atteintes ; la sa- gesse&
le courage de vos prédécesseursont
su l’en préserver,en
dirigeant vers ce butsalu- taire leurs négociations ôc leurs traités , leurs guerres&
leurs alliances politiques.C’est luiqui
au quinzième
siècle fîtéchouer
cette ligue si
fameuse
parlenombre
des alliés, leurimportance^ et leprojetqu’ils avoientformé de
détruire la républiquede
Venise etde
se partager ses domaines.La
jalousie et la crainteque
ses richesses&
sa puissance avoientmspirés à ses voisins
,
en
furent les mobiles^
Cl4
)îa jalousie et des craintes plus fondées ëtH lirentavorter toutes les Opérations.
Les
princes d’Italie allarméseux-mêmes de
la rapiditéde
leurs conquêtes, qui
en
ruinantlarépublique, renversoient la balancede
leurs états et cellede
l’Europe, se réunirent bientôt entreeus pour
sauverun ennemi
qu’ils avoient vouluperdre ; le chef
de
la confédération à qui il avoit fallu toutes les ressourcesde son
géniepour
la former,ne manqua
pasde moyens pour
la dissoudre, il vint àbout de
tourner contre les François lesarmes
des confédérés et cellesde
l’Angleterre, et par-là,de
chasserd’Italie tous les princes étrangers.
C’estlui qui,
dans
ladernière guerred’Amé-
rique , entre la
grande
Bretagne d’une part,
ses Colonies,la
France
et l’Espagnede
l’autre,arma
tous les souverainsde
l’Europepour
observer les projetsdelà maison de Bourbon,
suivreles
mouvemens de
sesarmées
eten
arrêterles progrès, lorsqu’ils pourrolent intéresser la, tranquilUtô doiEuropo.
C’estluiquia
empêché
l’échange delà Bavière contrelesPays-Bas, liguéentreeux
lesprincesde l’empirejustementallarméspour
leurs droits, etfah
déclarer legrand
Frédéric chefdé
laconfédération. _
C’est
même
sous le prétexte spécieuxde
lemaintenir, cjuel’onvitdans les
beaux
joursde
Louis XIV
, seformer
contrelaFrancë,
cette(Ji
)ngueformJdable dont
lebntétoitdeladémembrer S^^Sraphk
Enfin telestdepuis prés d’un sièclele suCcésde
la balance politique,que
,malgré
lesguerres qui ont agité vos Etats, leur équilibre n’en aété
que
foiblement altéré, etque
presquetoujours
chacune
des puissances belligérantes estrentre^
a
la paixdans
sespossessions respectives.Cé
systèmecependant pèche dan^ un
pointessentiel
5 c’est qu’il
ne
maintientla tranquillitéde
1Europe que
par desmoyens
quilatroublentsouvent,etl’équilibredesempires
quepar
desmé-
sures quitôtou
tardlerenverseront.Pourquoi
les souverains n’adopteroient-ilspaspour
leurcom-
mun
avantagelepland’administration desétatsd Allemagne? pourquoi
n’auroient-ilspas
une
diete toujours subsistante
où
leurs prétentions seroientexaminées
, leurs droits approfondis et eurs querelles définitivementjugées?C’est alors
que
leui-smanifestes quiinondent
l’Europe,au moment où
elles vontentrer
en
guerre ’ne
seroientplus de vaines déclamations faites
pour amuser
l’oisive curiosité des politiques,mais
desmémoires
raisonnés et approfondis qui at- tendroient la décision des juges. Sice projet,quun de nos
plusgrands
princesconçut dans
sa sagesse, fut jamais susceptible d’exécution c’est aujourd’hui sans doute,
ou
lechangement
qui S’opèredans
les idées des peuples, avertit
I
(
ï6
}ies souverains d’imposer silence àleurs intérêts particuliers,pouraffermir de concertlesdroits
de
^
leur
couronne
etlesprérogativesde
leur sceptre.Quoi
qu’ilen
soit, cette balance est lebou-
levardde
l'Europe; et sa tranquilitédemande que
rienne
puisseen
déranger les poids.Mais
si l’état politique de laFrance
vientà changer,
si sa constitution se réalise, elle est détruite; et vostrônes seront long-temps agites avantqu
elleserétablisse.Sans
contreditleroyau-me de France
faisoitun
contrepoidsimposant dans
ce systèmepour appuyer
ledroitdes gens,et les traités qui lui servent
de
base ;mais
les-uns
et les autres sont déjàcompromis
par larévolution qui l’entraîne: déjà
son
assemblée nationale, foulantaux
pieds tousles principes,s’est
emparé d’Avignon,
sur lequel elle n’ayoïfcependant aucun
droit, nide
propriété ,nide
suzeraineté:de
propriété;on
aprouve
^usqu a, l’évidenceque
lespapes
à quiü appartenon.
depuis
Clément VI
, l’avoientacquis àtitrelégi- timé par la ventequ’en'fitàce pontifeJeanne
comtessede Provence
et reinede Naples
y de^ suzeraineté; jamais elle n’a appartenu a la.
France
; lavilleetlecomtat d’Avignon
faisoienttpartie
du comté de Provence
; et la preuve que;celui-ci relevoit
de
l’Empire, c’estque démenti VI
s’adressaà l’empereur CharlesIV pour
otenir la ratification
de
ce contrat qui,dans
lavérité, étoit
un démembrement de
fief interdit:iaux
(
17
)aux
vassaux par les lois féodales. D’ailleursJ,
^
en
supposant contre la véritédes faits, la suze-»raineté
de
laFrance
sur cette contrée, sa réclamationseroit vaine aujourd’hui, puisqueson
assemblée nationale a détruit la féodalitédans
leroyaume
j et contradictoire avec ses opérationsantérieures, puisqu’ellen’a dépouillé les princesd’Allemagne
de leurs droits utiles, et lionoriliquesdans
la Lorraine] et l’Alsace,qu’en
vertu del’extinction de leur directe sei- gneuriale.Quant aux
traités 5parmi
tousceux qui concourent
à affermiren Europe
le systèmede
l’équilibre
, il n’y
en
a,
pour
ainsi dire,aucun dans
lequel laFrance ne
foit intervenue ,ou comme
partie principale ,ou comme auxL
liaire et garante
de
leur exécution 5 tels sont ,ventre autres, le traité
de
Westplialie ,ceux deà
Pyrénées , deBreda
, d’Aix-la-Cliappelle ,de Nimègue
,de
Riswik, d’Utrect, deBaden
,de Vienne
,ccc...L’Assemblée-Nationale deFrance
a violé le plusimposant de
tous , celuide
Westliphalie ,en
envahissantle territoire et les droits des princes possessionnés d’Allemagne.Cette conduite est d’autant plus
incompréhen-
sible
,
que
laFrance
a garantiau
corpsGer- manique
l’exécutionde
ce traité 5 etque
c’est
à
ce titre qu’elle possède aujourd’hui 1©Landnraviat d’Alsace et les Trois-Evéchés.
O
.
A'
l’égard des autres qui n’intéresseiitB
/
f
i8
)moins
la tranquillité des puissancesyquand
,dérogeant
à ses nouvellesmaximes
qui l’isolentdu
reste de i’Euiope, et larendent étranc^ère à ses intérêts, elle voudroit encore tenirau
système générai , et exécuter les traités d’al- lianceou de
garantie auxquels elle s’est en-gagée
5 ellene
le pourroit plus :en
vertude
la nouvelle constitution qu’elle s’est
donnée
^ depuis ranéantissement de ses états-généraux, ia souveraineté réside par le droit ,dans
la nation ,par
le fait,
dans
l’Assemblée qui la représente 3 et leRoi
n’est plus 'que
l’exé- cuteur mercenaire tie leurs ordres :dans
ce calios affreuxou
toutun
peuple est maîtredu Gouvernement,
à. qui vous adresserez-vous désormais ? cene
sera pointsans doute à l’As- semblée- Nationale3 tout s’oppose à ce
que
vous la reconnoissiez jamais : et le titre vicieuxde
sa formation , et l’incompétence deson
au- torité,et lesprincipesdesa doctrinequi tendentà
renverser tous les trônesaux
pieds d’une' populacearmée
: ce n’est pointau Roi
ni à ses ministresnon
plus 3 ilsne peuvent
rien3 1Assemblee-Nationale semble
même ne
lesavoir conservés ,qù’on me pardonne
l’expressionque comme
des piédestaux, faitspour
la re- liausseraux yeux dun
peuple imbécile qui*croit regner
par
elle.Tous
les pouvoirs sont tellementconfondus dans
sesmains
avec celui*de législatioa qu’elle' g’est exclufivement arro-
C
19 )
gée
,que
leRoi ne
pourradans aucune
circons- tance réclamer le pouvoir exécutif sans luidonner de Tombrage
j et qu’ellene
luipermettra jamaisde
l’exercer, qu’autant qu’elle
y
seraforcéeparlescirconstances,
ou
quelle craindrade
secompromettre en
l’exerçantelle-même.En un mot
,malgré
vos traitésde
garantie et vos alliances avecnous
,vous ne
pourrea plusen
rien obtenir désormais5 ni troupes , ni argent, ni négociations : des troupes ; lademande que
vousen
ferez sera la matièred’un
procès entre leRoi
et laNation
, qui sera
presque toujours décidé contre vous. Si
on
vous lesaccorde enfin, vous n’en serez pasplus
heureux
, parce
que
le soldat Françoisen
vertu des droits del’homme
, raisonnera ses obliga- tions, et
que
l’onne
peutcompter
sur l’obéis- sancedessoldats cju’autcnt qu’ils sont serfssousle
drapeau
qui les guide : des secoursd’argent5
outre
que
laNation
à qui il appartientde
voter lesimpôts, de
les asseoir, et d’en faire la perception, n’yconsentira
que
difficilement,
c’est
que
vous serez investis parles puissancesennemies
,avantqu’ilsvous soientaccordés; des négociations 5 le secret irnpénétralDle qu’elles exigent pourra-l-ii jamais exister
dans un
ca- binet asservidans
toutes sesmesures au
dr potlsme d’une assembléepermanente
, à l’ini- féii'de et à iizid^çrétiûnde
sesmembres
;Bx
(
20
),
La
STAB11.I1.ÉDE VOS TRONES*
Aurîez-;
vous
oublié cemot profond
d’un des plusgrandspolitiques
&
des plus vertueux personnagesde
l’Europe?A
peine la révolution qui désoleaujourd’hui la
France
avoiccommencé, que M. Burke
crut devoir ladénoncer au
Parlement d’Angleterrecomme
un, de cesévénemens
qui,
tians l’ordre des intérêtspolitiques, etoitae
na-
ture à mériter toute son attention : il lui dîtque
laFrance
étoit peut-être.plus redoutable parles principes' de sa révolution et les tiésor- di-es de son anarchie qii’ellene
lefutjamaisau comble
de ses prospérités, parsesarmées nom-
breuses, la qualité de ses alliés et l’ambition de
'ses chefs.
Ce grand homme ne
se trompoit pasen mesurant
ainsi d’un coup-d’œil anticipé l’espaceimmense que
cette révolution devoitparcourir
;cependant
l’influenceque
peut na- turelleineht avoirl’exemple d’unegrande
nation sur les autres, n’estpas la seiile choseque
vous ayez à craindre. Sachez qu’ici, il n’est pas seu- Icmeiit questton de changerde
gouvernemeiit,comme
fit autrefois l’Angleterre , etcomme
il arrive 'aujourd’hui
dans
la républiquede Pologne;
la constitution françoise, si jamaison
peutappeler de cenom un
corpsde maximes
ircohérèntes
que
la justice et la raison désa-vouent
,embrassetouteslesnationsde l’Europe,et par la nature de ses principes , et par les
vues systématiques de ses auteurs, etpar l’acti-
( 2.1 ')
yité de ses agens, et par l’intérêt de ceux qui
SJ
sontaveuglément
soumis.Convaincus
qu’ellene
peut se 'souteniren France,
si ellene
fait des conquêtesau
dehors, tous ont jure de la niaintenir et de la répandredans
vos e^tats5 et tel est ledanger
de cenouveau
système, qu’il doit, s’il se consolide dans nos mallieureuses contrées , renverser tous les goiivernemens5qu’ils soient
monarchiques,
aristocratiques, républicainsou
mixtes,peu
importe ,parce qu’il lie ressemble'àaucun,
et qu’il estincompatible-avec tous. ,
' '
• Flâtez-vous
donc
d’éteindre cet incendiequ^
nous consume
^pour peu que
voustardiez en- core, ilvous dévoreravous-mêmes.
Ceux: d’entre vous ,dont
les frontières seconfondent
aveclesnôtres, seront
ks
premiersen
proie à ses ravages qui bientôt s’étendront chezleurs voi- sins5 déjà lesfondemens
de vos trônes sont ébranlés : la Religion , par lesmaximes
d’une philosophie ténébreuse,ennemie
deDieu
de deshommes
5 l’obéissancede
vos sujets pars l’appât séducteur d’un
gouvernement
repré- sentatif,où
les dernières classesdu
Peuple,comme
étant les plusnombreuses
, sont 'toujours sûres decommander
à toutes les-autres P la fidélité des troupes
par
l’exemple des nôtres, l’intérêt d’une solde plus Qonsidé- rablè ,&
les prérogativesque
la Constitu- tion Française accorde à^ses soldats.Depuis
-B g
(^ 1
)pins de
deux
ans, des libelles enfantésdans
le délire
de
toutes les passions, circulent sour-dement dans
vos Etats5 par-tout vousy
êtesReprésentés
comme
des monstresque Tambi-
tion , Torgueil Sc la cupidité enfantèrentpour
le mallieur dela terre5 /es droits
de V homme
é* la Constitution, sont traduits
dans
toutes les langues , <5c par-là ^ mis à la portéede
toutes les
Nations
5 des émissaires obscurs^ francs -maçons
, con
vultionnaires ^ marti- nistes , rose-croix&
autres fanatiquesque
la pliilosophîede nos
jours a rangés- sous ses.drapeaux
, parcourent vos provinces, travestis sous toutesles
formes
,pour y
répandre lespoi- sonsde
leur doctrine sacrilègejune borde de
scélérats ,
composée de
ce qu’ily
ade
plusméchant
, de plus vil , âc de pluscorrompu dans
les troisordresdu Royaume
, s’estréunieen
clubpour
être le centre'de cette nouvelle mission, 6:en
diriger les travauxy tous sontsi infàtiîés
de
leurs maximes,,&
si jalouxdé
les
propager
, qu’ilsont annoncé
publique-ment
àl’Europe,&
lebut &
leplan&
les sta-tuts
de
leur association.En
vain,pour
garantir vOs étatsdu danger
qui les
menace
, votre administration surveilleau dedans
lamarche
6c la direetîon des es- prits : envahi,au
dehors avez-vous étendu descordons
de troupessurvos frontières^ ils vien- dront àbout de tromper
C€$ vigUaniesf
i
) .
tinelles;
cm
de lasser teur constance.Ni
les ardeurs de l’été , ni les glaces de Fhiver , nilesfatigues
du voyage
, ni les Imrniliations,
ni les dangers qui
menacent
leur lil)erté&
leurvie,
ne
sont capables de rallendr leur au- dace; la gloire qu’ils attachent àleurs succès, l’ardeurqu’elle leur inspire , et l’argent qu’ilsrépandent
, feronttomber devant eux
ces bar-rières ; et
quand
l’argent leurmanquera
, ilne
sera plus nécessaire, parceque
lessemences
incendiaires de lexirdoctrine, depuis long-temsetpaj-tout
répandues
,
germeront
d’elles-mêmesdans
le sein de vos états , jusqu’à ce qu’elles les aient renversés tous parune
explosion gé-^nérale. - "
Ces hommes
qui , sous lenom de conque-
rans , ontobtenu
des autelsque
la vraie pbi-^losopbie,c’est-à-dire,làsagesse
humaine
,éclai- rée-par la religion , démolit tousles jours ; les-Alexandre,
les Attila, lesGengis-Kan
,W
Tamerkn
, lesThamas
, les farouches Arabes^euX'
mêmes,
sous ladomination de
leurs Cà-' liphes, furentmoins
funestesaumobde,
que-ne
le seront à vos empires la Canstitutiohr Française et ses apôtres , si vousne
vous op- posez à leursprogrès.Tous
ces fléaux de^rhu-manîté
s’écoulèrent avec la rapiditéd un
tor- rent.Sans
doute ils rendirentleshommes mal-
heureux
,puisque leurs conquêtes n’aboutirent:
qu’A