A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
B. J EANNET
T. H UILLET K. C HOUKRI
Marches pseudo-aléatoires issues de substitutions : aspects statistiques
Annales de l’I. H. P., section A, tome 67, n
o1 (1997), p. 77-89
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77
Marches pseudo-aléatoires issues de
substitutions : aspects statistiques
B.
JEANNET,
T. HUILLET K. CHOUKRILIMHP-CNRS, Institut Galilée, Université Paris 13, 93430 Villetaneuse, France.
Vol. 67, n° 1, 1997, Physique théorique
RÉSUMÉ. - On s’intéresse au formalisme
qui s’impose lorsque
l’onconstruit une marche
pseudo-aléatoire
àpartir
de lareprésentation
d’unesubstitution « formelle »
quelconque,
delongueur
éventuellement nonconstante, dans Sous certaines conditions de
renormalisabilité,
cet outilparaît
fournir un bon modèle de courbes fractales.Mots clés : Substitutions, fonction de partition, produit de Riesz, formalisme thermodynamique, distribution géométrique et massique.
ABSTRACT. - Abstract
substitutions, together
with theirrepresentation
into some
physical
space, are known toprovide analytical
methods which appear useful in thedescription
ofpseudo-random,
as well as random fractalcurves. We focus here on the
thermodynamic
formalism[ 15], arising
fromthe very statistical nature of such
objects,
and extend known results in the"constant
length"
case to the"non-necessarily
constantlength"
one.1. INTRODUCTION
Les
substitutions,
comme ensemble derègles
en chaîne sur les lettres d’unalphabet
de cardinalfini, produisent
des mots infinis(points fixes) lorsqu’elles
sont indéfinimentitérées,
dont larégularité, complexité, répétition
ou nombre de sous mots, constituent unchamp
actif de rechercheAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique - 0246-021 1
Vol. 67/97/01/$ 7.00/@ Gauthier-Villars
tant en
combinatoire, qu’en
théorie deslangages, [10].
L’idée d’associer àchaque
lettre del’alphabet
un vecteur dans un espace dereprésentation, apparaît
aussi d’une certaineimportance, puisque
la somme vectorielle deces vecteurs
élémentaires,
pourvu que l’onrespecte
l’ordre d’occurrence des lettres d’unpoint
fixe d’unesubstitution, engendre
deslignes
briséesen
général
nonbornées,
dontl’irrégularité potentielle (pseudo-aléatoire),
peut
être source d’études intéressantes([1], [5]).
Onparlera
alors de lareprésentation
de la substitution.Si,
en outre, lasubstitution,
associée à cettereprésentation, présente quelques propriétés
de « renormalisabilité », les courbesengendrées peuvent
être contractées dansl’espace
dereprésentation. L’objet
ainsi renormalisé est confiné dans un domaine. Ilparaît
être un bon modèle de courbes fractalesqui
ont étéappelées,
indifféremment et defaçon
nonexhaustive,
recurrentsets
[4],
recurrent iteratedfunction
systems[2], graph
directedself-similar
sets
[ 11 ],
les auteurs se concentrant essentiellement sur le calcul de leur dimension de Hausdorff.L’exemple
leplus simple auquel
on pense est la marche associée à la suite de Fibonacci que l’onpeut
rendre confinée en dimension1, moyennant
une renormalisation.L’objectif
de cetravail, plus modeste,
est l’étude des différentes fonctions departition
naturellessous-jacentes
à de tels modèlesgéométriques
dans lecadre de substitutions pour
lesquelles
leslongueurs
des différents mots,images
dechaque lettre,
sont différentes. On étudieconjointement
lemorcellement d’une masse entre toutes les lettres
composant
un mot,lorsque
l’on itère la substitution. Parler d’un coût de la réalisation d’un mot
peut, d’ailleurs,
être traité avec le même outilalgébrique.
Ces fonctions departition,
concernant des distributionsgéométriques
dematière, paraissent
être le
point
dedépart
d’unephysique statistique
de telsobjets.
Cette étude a, engrande partie,
été initialisée par Mendès France etDekking ([3], [5]),
dans le cas de substitutions de
longueur
constante, telles celles de Thue-Morse, Rudin-Shapiro, Fredholm,
ou dans le cas despliages
depapier,
suivant en cela les travaux anciens de Kurt Mahler
[5].
Il semblequ’une
extension au cas de
longueurs
différentesprésente quelques difficultés,
essentiellement liées au fait que les suites issues de ces substitutions ne sont pasautomatiques,
c’est-à-dire non reconnaissables par un automate fini[ 1 ] .
Nous verrons
qu’il
reste néanmoinspossible,
dans le cas de substitutions de lettres delongueurs
non nécessairement constantes, d’écrire les fonctions departition qui
nousintéressent,
commeproduits
infinis depolynômes
debase. L’une des fonctions de
partition analysées
dans ce manuscrit(codage
du
type
et de l’ordre de lecture des lettres d’unmot),
est aussiétudiée,
dans un cadre trèsgénéral
dans[16].
. 2. LE
MODÈLE
2.1.
Codage
d’un motSoit
X,
unalphabet
fini à mlettres,
X ={Ai,...,
Lesemi-groupe
libre
engendré
parX,
notéX+,
est l’ensemble de tous les mots que l’onpeut
écrire avec les lettres del’alphabet.
On souhaite coder tout mot w deX+,
c’est-à-dire faire une lecture du mot w, degauche
àdroite,
enidentifiant,
laposition,
parexemple,
ou toute autre information cumuléeau cours du
déchiffrage,
et letype
dechaque
lettre lecomposant.
On introduit à cet effet unmorphisme ~
dusemi-groupe
libreX+
vers legroupe
multiplicatif
C*. Définissons une fonction deX+
dans de lafaçon
suivante : pour toute lettreAi
del’alphabet X,
est lei-ème élément de la base
canonique
de ce,quel
que soit lemorphisme 03BE choisi,
et pour tout mot w = W1 ... wl ...w|w|
deX+, wi désignant
lal-ième lettre de ce mot,
À
titred’exemple appelons
-tout d’abord « 1 » lemorphisme particulier
pour
lequel,
pour tout mot w deX+,
= 1. Le codecorrespondant, 03A81(w) = 03A3l=1...|w| 03A81 (wl), compte
le nombre de lettres dechaque type
contenues dans w. D’une manière
générale,
remarquons que pour tout mot zdécoupé
de deux manièresdifférentes, z
= vw =ab,
où v, w, a et b sont des mots, la fonctionprend l’unique
valeur en z :~(~) = Wç(v)
+~(v~ ‘I’~ (w~ _ ~(~)
+~Ca~ ‘I’~ (b~ ~
Associé au
morphisme ~ choisi,
existe ununique
vecteurs(~)
du dualde
cm,
dont la i-èmecomposante
est définie parUtilisant la notation usuelle du
produit scalaire, (u, v)
=v*u,
où u etv sont vecteurs de et de son
dual, ç(w)
= exp(s(ç-),
pour -tout mot w de
X+.
2.2.
Représentations
de mots et code associéReprésenter
un mot, c’est choisir unhomomorphisme
f deX+
vers!Rd.
La donnée de pour toute lettreAi
del’alphabet X,
définit lareprésentation.
Onappellera Fi
ce vecteur. Lareprésentation
nepermet
pasa
priori
dedistinguer
les lettres les unes des autres.Quels
que soient les mots v et w deX+, f(vw)
=f(v)
+f (w) .
Si l’onappelle
F la matrice deRd
x dont la i-ème colonne estFi,
alors pour tout mot deX+, f(w) =
Vol. 67, n° ° 1-1997.
Tout
homomorphisme’
f deX+
vers c’est-à-dire toutereprésentation
des lettres de
l’alphabet, permet
de choisir lemorphisme ~
associé aucodage.
Cefaisant, ~, appliqué
à un mot, réalise la somme vectorielle ordonnée des vecteurs élémentairesFi représentant
les diverses lettres lues dans ce mot. Choisissons pour cela le vecteurs(~),
du dual de défini par la matrice F de lafaçon
suivante :s(~)
=F~s
où s est un vecteur du dualde
Cd,
lesymbole
« t »indiquant
latransposition
des matrices.Appelons 1,
le vecteur de dimension mcomposé uniquement
de 1.À
titred’exemple,
la
représentation
F =1 ~
est choisie afin de coder l’ordred’apparition
des lettres lors de la lecture d’un mot. Soit s un nombre
complexe.
Lechoix
particulier
du vecteurs(~)
= s1permet
de calculer la valeur dumorphisme ~. Ici, (w)
vaut Sil’alphabet
estcomposé
de deux lettresseulement,
le code du motA1A2A1
est[1
+e2s Chaque composante
du vecteur regroupe les informations relatives à unedes lettres de
l’alphabet.
L’information cumuléechoisie, qui
est ici laposition
d’une lettre del’alphabet composant
le motcodé,
est,quant
àelle,
transmise par le
morphisme ~.
Distribuer desobjets
dans unplan,
c’estchoisir
conjointement
une autrematrice,
de1R2
xjRm,
dotantchaque
lettred’une
représentation spatiale.
D’une manière
générale, appelons fn, n
=1,"-,A~,
lesNç homomorphismes
deX +
vers retenus pour lareprésentation
desmots. Le
morphisme ~
estchoisi, grâce
à la donnée desNç
matricesFn
de
IRdn
xIRm,
et des vecteurs sn des duaux deCdn, n
=1~-,A~ :
~(w)
= exp(s(~ ~l (w)~
= exp~1 (w)
pour tout mot w.2.3. Substitutions formelles
On
appelle substitution,
unendomorphisme
a deX+. Ainsi, quels
que soient les mots v et w deX+, a(v)a(w).
La substitution est entièrement définie par la donnée pour toute lettreAi
del’alphabet X,
dumot 03C3(Ai)
que l’on supposera delongueur
=li. L’hypothèse
«
longueur
constante », consiste àchoisir lz
=lo
pour toutes les lettres de X. On étudie dans la suite le mot mot obtenulorsque
l’onapplique n
fois la substitution à la lettreAi .
Si pour tout entier n, les mots sontpréfixes
d’un même motinfini,
ce mot infini est noté(Ai ) .
C’est la limite pour la
topologie
de la convergencesimple
de la suite demots
Enfin,
si lapremière
lettre deo- ( Al ),
~-1( A l ),
estA l ,
le motest
point
fixe de la substitution.2.4.
Codage
d’une substitutionCalculons ce que devient le
codage
d’un mot wlorsque
lui estappliquée
une substitution a.a(w)
est la concaténation desIwj
mots=
1 , ... ,
Pour tout mot w, lecodage
dea(w)
estAppelons fl)
la matrice dont la i-ème colonne estCette matrice de cm x code la substitution.
Puisque
wiappartient
àl’alphabet,
est alors une des colonnes de la matriceM ( a, ç-).
C’est la colonne
M(a,
car est le vecteur de la basecanonique
de ~m identifiant wi. Les vecteurs et sontidentiques.
La relation(1)
devient = +E~2
ou encore :2.5.
Codage
d’un mot issu d’une substitution itérée sur les lettres del’alphabet
Le vecteur est le code du mot pour tout i variant de 1 à m. C’est aussi la i-ème colonne de la matrice cherchée. On
peut
calculer cette matrice si l’on connaît la matrice~).
Eneffet,
tout mot est la concaténation
des li
mots~n-1 ( ~i ( Ai ~ ~ .
Ainsidonc,
= La formule
(2), appliquée
alors aux mlettres de
l’alphabet,
devient =M(an-1, (a(Ai)),
pour tout i de 1 à m. On obtient la récurrence
cherchée,
initialisée par la matrice identité :Cette formule
permet
le calcul effectif de la matricecherchée,
sil’on
précise
la définition dumorphisme ~.
La formule(2)
sesimplifie
considérablement dans le cadre du
morphisme
1 car pour tout mot w deX+, W1(a(w))
=lV~~o-,1)~l~w~.
Onappelle
désormais M la matricel~,
matrice d’incidence de la substitution a. On retrouve le résultat connu concernant la
composition
partype
de lettre du mot en fonctionde la
composition
du mot = Pour tout autrechoix du
morphisme
associé au vecteurs (~)
du dual de la valeurVol. 67, n° 1-1997.
de ~ appliqué
au motaP(w)
est : =2.6.
Codage
d’un mot et de sonpassé
aucours de l’itération d’une substitution
Lorsque
le mot se substitue à la lettreAi,
celle-cicrée li
liaisonsavec les différentes lettres On
appelle
chemin la succession des liaisonsengendrées
lors de l’itération de la substitution a sur un mot wquelconque.
Lalongueur
de cechemin, qui
est le nombre de liaisons lecomposant,
n’est autre que le nombre de foisqu’est
itérée la substitution.Soit C l’ensemble de ces chemins muni de
l’opération
interne suivante : deux chemins ne sont concaténés que si le but dupremier
coïncide avec lasource du second
[12].
On souhaite iciadjoindre
au formalismeprécédent
une information
multiplicative
concernant le chemin parcouru au cours de l’itération de la substitutionlorsque parti
parexemple
de la lettreA2
on s’intéresse à la lettre
~i (Ai ) .
Cette information nepeut
en aucun casêtre
portée
par lemorphisme ~.
Celui-ci est seulementreprésentatif
dutype
de lettre lue. Soit donc unmorphisme M
deC,
muni del’opération
de concaténation
précédente,
vers le groupemultiplicatif
C*. SoitX~
lesous ensemble des mots de
X +
tel queX+ / w
EX+}.
Définissons une fonction de
X+
dans C’m de lafaçon
suivante :la fonction obtenue pour le choix
particulier
de p, lemorphisme
associant à tout chemin le scalaire
1,
n’est autre que construiteprécédemment. Ainsi,
nous posons, pardéfinition,
pour tout mot w deX+ - X~, ~~a~(u’) _
Par
ailleurs,
pour toute lettreAi,
pour tout entier l de 1à li ,
lavaleur
prise
par en la liaison est notéel ) . Appelons p),
la matrice m x m dont la i-ème colonne est+ ° Pour
tout mot de
X~ ,
nous posonsCette définition
répond
auxexigences
formulées au début de ceparagraphe
comme le montre la matrice
complexe M(a, ~, ~).
Onpeut
alorsgénéraliser
la récurrence
(3).
On obtient ainsi la récurrencesuivante,
initialisée par la matrice identité :La matrice est le
produit
de matrices de transfert :p)
= o~c~.
Le choix dumorphisme ~
rendexplicite
le calcul de la i-ème colonne de la matrice de transfert de cette Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théoriquerécurrence,
pour tout p > 1 :2.7.
Équations
dualesTout mot
peut
aussi être obtenu enappliquant
la substitutionà chacune des lettres du mot
Ainsi,
==~~ (~ (~n-1 (Ai ) ) ).
En termes matriciels cette relationéquivaut
à :M(cr~) = ~(~.~ ~)~(Q.n-1 ? ~ o ~).
Cetteéquation
est àrapprocher
del’équation (3).
Elle lui est, en notre sens, duale. La matrice de transfert11~1 (o-n-1, ~ o ~) permettant
de passer directement du code de tout mota(Ai),
au code de tout mot obéit à la récurrence(3),
pour lemorphisme particulier ~
o a, initialisée par la matrice identité.3.
REPRÉSENTATION
D’UNE DISTRIBUTIONGÉOMÉTRIQUE
DEMATIÈRE ([8], [9], [12])
.
On
porte
notre attention sur un ensemble de Ncaractéristiques physiques
inhérentes à chacune des lettres de
l’alphabet,
résumé par la donnée de N matricesFn
de x =1; .. , N. Toutefois,
seules les~V~
premières représentations
serontintégrées
durant la lecture d’un mot. Les N -7V~
dernièresreprésentations
ne concernent,quant
àelles,
que despropriétés
relatives autype
de la lettre lue. Parailleurs, l’objet physique
étudié est construit de la manière suivante : on
scinde,
audépart,
unobjet
de masse
unité,
detype Ai, en li objets
detype o-Z(Ai),
de masseCe processus est
répété
dans les mêmesproportions, lorsque
est itéréela substitution.
L’hypothèse
de conservation de masse, naturelleici,
n’estpas
algébriquement indispensable.
Nous aurions pu nous intéresser au coûtadditif, log
de la liaisonengendrée,
etainsi,
calculerle coût
global
du chemin menant deAi
à On noterala masse, ou
l’exponentielle
ducoût,
de cettel-ième
lettre atteinte en nitérations de la substitution.
Soient N
paramètres complexes
vectoriels sp des espaces duaux de p =1 , ... , N,
et un nombrecomplexe
~. La fonctiongénératrice
del’information
conjointe
desreprésentations
et de la masse de toute lettreVol. 67, n° ° 1-1997.
du mot est :
qui
n’est autre que,Appelons ~,
lemorphisme
associé au vecteurs(~) =
et ~, le
morphisme
définil )
= On note levecteur
de
Cm dont le i-ème terme est Lafonction
génératrice
cherchée n’est autre que~s , ,s ,~y(~(~))
=l’y (~~, ç, ,...,SN ~ ),
, pour tout entier n > 1. Le calcul de la matriceç, p)
est déduit de la récurrence(4), initialisée,
pour n =
0,
par la matrice identité.L’équation (5),
donnel’expression explicite
de la i-ème colonne de la matrice de transfert de cetterécurrence,
pour tout entier n > 1.
Remarque.
1. Ce
faisant,
il est clair que l’on s’intéresse à une marchepseudo-aléatoire
construite sur la substitution. Le terme
pseudo-aléatoire
doit êtrecompris
icien ce sens que le désordre
statistique
de telles structuresgéométriques
estd’essence déterministe et non aléatoire. Il existe une utilisation
probabiliste
de la notion de
substitutions, [13],
due à B. Mandelbrot et J.Peyrière, qui
n’est pas abordée ici. Ce terme estplutôt
àrapprocher
de la définitionspectrale
des suitespseudo-aléatoires qui présentent
unspectre
de Wienercontinu, [ 1 ], [14].
2. La fonction
génératrice géométrique
etmassique
de tout motan ( w )
de
X+,
estAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
Le calcul
explicite
du vecteur(w)
est déduit de(5) : (w~ _
3. étant
point
fixe de lasubstitution,
onobtient,
sous réserve dela convergence des séries formelles mises en
jeu,
4. Ces résultats
généralisent
des résultats connus sousl’hypothèse
«
longueur
constante »,[5].
Si l’on code l’ordre deslettres, s(~)
=sl,
7=0; (Mt)n1
= de sorte que o =M(a, Ainsi,
dans
l’asymptotique
n - oo, le codeprend
la forme connue d’unproduit
deRiesz, [14], ç) s
source de nombreusesidentités
combinatoires, [5]. Cette
dernièrereprésentation
est très utile pour les calculs de mesuresspectrales
associées auxsubstitutions, [14].
Il estdonc à
prévoir
que leproduit
infini doivepermettre
de calculer desspectres
dans la situation de «longueur
non constante »,problème
assezlargement
ouvert.
5. Sous
l’hypothèse « longueur
constante », et,lorsque
l’on choisit~ ( w )
=expslwl, l’équation
dualeprend
la forme connue d’uneéquation
de
Mahler, M(an, ç)s
=M(a,
pour tout n > 1 .4. RENORMALISATION SPATIALE DU PROCESSUS
CUMULÉ Appelons
Fl’unique représentation
que l’on souhaiteintégrer.
On diraque la substitution a est « renormalisable » s’il existe une
application
linéaire dilatante L
(c’est-à-dire
dont les valeurs propres sont toutes de modulesupérieur
àl’unité)
deIRd
versIRd,
telle que : = FM.Toute substitution a n’est pas renormalisable et seul un choix
judicieux
de
représentation
f associée lui confère cettepropriété.
Nous décrivons ci-dessous comment un tel choix
peut s’opérer
de manièresystématique.
Soitune substitution
primitive
de matrice d’incidence M. Par le théorème dePerron-Frobenius,
on démontre que M admet une valeur propre réellesupérieure
àl’unité, dominante, algébriquement simple, appelée
rayonspectral
p de M. Les autres valeurs propres de M sont strictement incluses dans ledisque
de rayon p. Pour trouver Ldilatante,
d valeurs propres de M notéesÀj, j
variant de 1 à d m, sontchoisies,
de module strictementVol. 67, n° ° 1-1997.
supérieur
àl’unité,
contenant éventuellement p. i = 1 ...d}
lesystème
de vecteurs propres de cm associé à Pourtout j
de 1 àd,
Construisons alors une matriceLt
dont lepolynôme caractéristique
est donné par lepolynôme 0394(03BB)
=(A 2014 Ai) ’ - ’ (A 2014 Ad)
=A~2014~iA~~2014- ’ ’2014Q;~-.iA2014~~ .
Choisissons pour matrice réelleLt
la forme compagnon,primitive.
Cette matrice admet d vecteurs propres ej vérifiantLtej ==
variant de 1 à d. On introduit maintenant la matrice d x m, F où les scalaires cj sont des nombrescomplexes,
pour
tout j
de 1 à d. Lapropriété
de renormalisabilité cherchée est vérifiée. Eneffet, Lt P
=FM . C’est là une méthode «
canonique »,
maisnon
exhaustive,
de construction d’une substitution renormalisable. Notonsenfin,
que les scalaires cjpeuvent
être choisis afin que les vecteursFi
soientdes vecteurs de module
plus petit
que 1. Lesystème
de vecteursobtenu, représentatif
del’alphabet,
estappelé
« rose des directions » duproblème.
Supposons
la substitution a renormalisable. Onreprésente
maintenanttoute lettre
Ai
rencontrée dans un mot non pas par le vecteur deM~,
mais par le vecteur de Lemot ~n
(w), après contraction,
a la mêmereprésentation spatiale
que celle de w. Eneffet,
pour tout n,~L~~ ’~F~1(o-n~w~) _
La marche
pseudo-aléatoire, représentative
dean(w), s’achève,
pour tout n, au même
point f(w)
deR~.
Le
codage
du processus cumulé renormalisé est(~s(~(~)) =
Cette
fonction, particularisée
aux m mots ~n~A2 ~,
devientoù la matrice
mn (s)
obéit à larécurrence,
initialisée,
pour n =0,
par la matricediagonale
de termei-i,
exp(s,
i =
1, ... ,
m. Il est à noter que la matrice de transfert de larécurrence,
M(a,
est en ce cas constante. La formule(5), lorsque s(~)
=F~s,
permet
de la calculerexplicitement. Remarquons
que est,aussi,
leproduit scalaire,
La matricemn(s)
est alorsobtenue, grâce
àl’équation
récurrente initialisée par la matriceidentité,
~n (S) _
5.
ASYMPTOTIQUE
On décrit
ici,
sans souci véritable derigueur,
letype
d’informationasymptotique qu’il
seraitpossible
d’étudier en détail sur lesobjets
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
géométriques engendrés
par lepoint
fixe On sepenche plus particulièrement
sur le processuscumulé,
associé à une seulereprésentation,
c’est-à-dire sur le nuage de
points
de~d
atteints lors de la lecture ordonnéede ce mot.
Dans le cas non
renormalisé,
la fonctiongénératrice qui
nous intéresseici,
est la limite de =lorsque n
tend vers l’infini. Cette fonction n’est autre que la transformée deLaplace
de la mesurepositive
dedp
=Il est alors essentiel de savoir si le
support
de cette mesure est, ounon,
compact.
Cette discussion trouveréponse
dans le choix même de lareprésentation
f des mots. On ne donne iciqu’un
aperçu caricatural des effets induits par le choix de la matrice F associée à lareprésentation
f.Lorsque
les dlignes
de lamatrice
F sont des combinaisons linéaires des vecteurs propres àgauche
de la matriceM,
associés à des valeurs propres de modulesupérieur
à1,
lesupport
de la mesure est noncompact.
On démontre par
l’inégalité
deHôlder,
queest une fonction convexe sur un domaine a convexe, défini par 9 =
{s ~} [7].
Pour tout autre choix d’une
représentation
f lié à des valeurs propres de moduleplus petit
que1,
lesupport
de la mesure estcompact.
Eneffet,
latrajectoire pseudo-aléatoire
dansl~d
liée aupoint
fixerevient en 0. La marche admet une mesure de
probabilité asymptotique
dont la transformée de
Laplace
est Onpeut
écrire =
loga,
où a est le rayonspectral
de lamatrice M. Ces résultats sont bien évidemment liés au caractère récurrent
ou transient des marches étudiées
([6], [17]).
Dans le cas
particulier
où M admet 1 comme valeur propre, si l’on choisit lareprésentation
f de telle sorte que F =FM,
alors la fonctiongénératrice
vaut(Mn (a, Is).
Onpeut appliquer
lethéorème
ergodique
lié au rayonspectral a(s)
de la matriceM(a, ~ :
i== Ce cas
apparaît critique
dans laclassification des choix de la
représentation
f.Le choix délibéré de
prendre
sréel,
est lié au formalismethermodynamique qui peut
êtredéveloppé
àpartir
de ces résultatsasymptotiques ([12], [15]).
Toutefois lespropriétés spectrales (s imaginaire pur)
sont bien évidemment d’ungrand
intérêt( [ 1 ], [14]).
Si l’on fait le choix d’unereprésentation
liée à des valeurs propres de modulesupérieur
àl’unité,
ondémontre,
sur desexemples,
l’existence d’une mesure Vol. 67, n° 1-1997.spectrale asymptotique,
comme dans le cadre de substitutions delongueur
constante
([1], [14]).
Si l’on renormalise
spatialement
laligne brisée,
et si l’on s’intéresse seulement auxreprésentations
liées aux valeurs propres de M de modulesupérieur
à1,
la marchepseudo-aléatoire
est àsupport compact.
Onpeut espérer,
par le théorèmeergodique
deChacon-Ornstein, qu’il
existeune mesure de
probabilité asymptotique
dont la transformée deLaplace
réelle est
limn~~ 03A6L-ns(03C3n(A1)) |03C3n(A1)|
Les outilsalgébriques présentés
dans cetravail
complètent
les résultatsqualitatifs
obtenus par F.Dekking
sur cesproblèmes ([3], [4], [5]).
6. CONCLUSION
On donne une méthode de
génération systématique
de la fonction departition géométrique
etmassique lorsque
l’on s’intéresse à lareprésentation physique (renormalisable
ounon)
de substitutions formellesquelconques
et,en
particulier
delongueur
non constante,généralisant
en cela une situationlargement
défrichée sousl’hypothèse « longueur
constante ». Celles-ciparaissent
fournir un outil de base dereprésentation
intéressant laphysique statistique
de marchespseudo-aléatoires.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier l’un des
rapporteurs,
pour nous avoirsuggéré
un outil de
représentation, permettant
une écritureplus
concise de l’article.Nous
remercions,
parailleurs,
Anna Porzio etAndrzej Klopotowski, (de
l’Université ParisXIII),
pour l’intérêt stimulantqu’ils
ont bien vouluporter
à ce travail.RÉFÉRENCES
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(Manuscrit reçu le 1er février 1995;
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Vol. 67,n° ° 1-1997.