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Étudier la COVID-19 sous l’angle de la science politique

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Academic year: 2022

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Thème introductif : Regard croisés sur un événement qui a marqué l’actualité 2019 : l’incendie de Notre Dame.

Étudier la COVID-19 sous l’angle de la science politique

Analyser, interroger, adopter une démarche réflexive : Comprendre l’importance du politique.

Employer les notions spécifiques aux disciplines : Employer les notions et le lexique acquis en science politique.

Qu’est ce que la SCIENCE POLITIQUE?

Le terme « politique » (…) désigne tout ce qui a trait au gouvernement des sociétés, c’est à dire aux relation d’autorité entre les individus et les groupes. (…) La science politique dégage son autonomie au fur et à mesure qu’elle trouve un langage pour désigner les divers modes de cette rivalité pour le pouvoir.

Raymond Aron, « La science politique en France », in UNESCO, la science politique contemporaine, 1950.

(La science politique) est donc aussi l’attention portée aux effets politiques (tels que voter, refuser toute participation, rejoindre les rangs d’un parti, manifester) des faits sociaux apparemment étrangers aux activités politiques, en tout cas non identifiés comme tels. Un office religieux, une réunion syndicale, une manifestation lycéenne peuvent être étudiés avec la préoccupation d’en saisir la dimension politique, même quand celle-ci est dissimulée, voire niée, par les participants, « ici, on ne fait pas de politique ».

Jacques Lagroye, Sociologie politique, Presses de la FNSP, 2002.

Document 2 : La mise en lumière de la crise de responsabilité politique à travers l’épidémie de Covid.

Au premier tour des élections municipales le 15 mars dernier, le taux d’abstention a atteint un niveau historique, mais peu surprenant au regard de la crise sanitaire, de 55,3 %. Au second tour, le 28 juin, seuls 41,6 % de ceux appelés à voter se sont déplacés aux urnes. Mi-mars, nous soulignions déjà le déficit de légitimité qui risquait de marquer ce scrutin s’il était maintenu dans un tel contexte épidémique. Aujourd’hui, la question de l’interprétation de cette faible participation, inédite pour un scrutin local, se pose. En effet, ce nouveau record s’inscrit dans la lignée de la progression de l’abstentionnisme sous la Ve République. Mais il s’en distingue aussi, puisqu’il a fallu compter avec l’effet dissuasif du nouveau coronavirus. Faut-il alors voir les seuls effets du Covid-19 dans la progression de presque 19 points qui sépare le taux d’abstention au premier tour des municipales de 2014 (37,5 %) et de 2020 ? Ces élections auraient-elles, de toute façon, enregistré une nouvelle progression de l’abstention, signe d’un désintérêt (voire d’un rejet) grandissant des citoyens pour la compétition politique ? Ou peut-on y lire un vote sanction à l’encontre du président de la République après trois crises majeures ? (Gilets Jaune durant l’hiver 2018-2019, puis la mobilisation contre la réforme des retraites, L’épidémie de Covid-19 est venue allonger cette liste de crises.

Chiara Destri et Cyrille Thiébaut , « Quand le Covid-19 met en lumière la crise de responsabilité politique », The conversation, 7 juillet 2020.

Document 1 : Allocution du président Emmanuel Macron le 16 mars 2020.

« Françaises, Français, mes chers compatriotes. Jeudi soir, je me suis adressé à vous pour évoquer la crise sanitaire que traverse le pays. Jusqu’alors, l’épidémie de Covid-19 était peut-être pour certains d’entre vous une idée lointaine. Elle est devenue une réalité immédiate, pressante. Le gouvernement a pris, comme je vous l’avais annoncé, des dispositions fermes pour freiner la propagation du virus. Les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, les universités sont fermées depuis ce jour. Samedi soir, les restaurants, les bars, tous les commerces non essentiels à la vie de la nation ont également clos leurs portes. Les rassemblements de plus de 100 personnes ont été interdits. Jamais la France n’avait dû prendre de telles décisions, évidemment exceptionnelles, évidemment temporaires en temps de paix. Elles ont été prises avec ordre, préparation, sur la base de recommandations scientifiques avec un seul objectif : nous protéger face à la propagation du virus. Dans la journée de jeudi, un consensus scientifique et politique s’est formé pour maintenir le premier tour des élections municipales et j’ai pris, avec le premier ministre, la décision de maintenir le scrutin. Hier dimanche, les opérations de vote ont donc pu se tenir.

(…)

Mais dans le même temps, alors même que les personnels soignants des services de réanimation alertaient sur la gravité de la situation, nous avons aussi vu du monde se rassembler dans les parcs, des marchés bondés, des restaurants, des bars qui n’ont pas respecté la consigne de fermeture. Comme si, au fond, la vie n’avait pas changé. (…) Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. Nous sommes en guerre. Toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l’épidémie, de jour comme de nuit. Rien ne doit nous en divertir ».

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Document 3 : Une crise sanitaire qui engendre des conséquences politiques.

L’une des grandes questions soulevées par la gestion gouvernementale de l’épidémie de coronavirus tient à l’avenir du modèle de société ouverte prônée par la mondialisation et défendu par le courant libéral qu’incarne le macronisme. De nombreuses voix se sont élevées, notamment du côté du Rassemblement national (RN), pour dénoncer le fait que les frontières n’avaient pas été fermées assez tôt pour éviter la propagation de la maladie. L’Union européenne a également fait l’objet de remises en cause pour son incapacité à coordonner les efforts dans la lutte contre l’épidémie. De plus, la gestion de la crise sanitaire a conduit à comparer les politiques suivies d’un État à l’autre et leur efficacité relative.

Cette montée en force de la demande de protection à l’égard de la mondialisation signifie-t-elle la disparition, depuis longtemps annoncée, du clivage gauche-droite ? Il n’en est rien, car cette demande est bien plus forte à droite qu’à gauche. (…) La question reste de savoir si cette demande de protection vise autant les échanges économiques ou bien les flux migratoires. En effet, la demande de protectionnisme économique augmente sensiblement, quelle que soit l’orientation politique des enquêtés, alors que la demande de fermeture aux migrants ou aux immigrés reste stable voire baisse légèrement mais tout en restant à un haut niveau moyen.

ROUBAN (Luc), « Les conséquences politiques de la crise sanitaire : le retour de l’État », Note Le Baromètre de la confiance politique, Sciences Po CEVIPOF, note 1, vague 11bis, avril 2020, 8 p.

Institutions : Structures qui exercent des fonctions souveraines (faire les lois, faire respecter l’ordre public…).

Opinion : Avis d’un individu ou d’un groupe sur un sujet.

Gouvernement : Action de diriger, organes qui assurent cette direction.

Citoyens : Individus jouissant des droits civiques attachés à la nationalité (droit de vote, éligibilité, exercice des libertés publiques).

Document 4 : La question des masques.

Il n’est pas inutile de revenir sur le port du masque parce qu’il est révélateur des contradictions de notre fonctionnement politique. Il y a quelques semaines on nous a dit que, pour la population en général, le port du masque était inutile.

D’ailleurs en distribuer pourrait entraîner une pénurie. Est-ce parce qu’elles sont conscientes que cela pouvait être interprété comme une impréparation, les autorités, prises au dépourvu, dirent vouloir garder les masques pour protéger les soignants. On achète aujourd’hui des centaines de millions de masques « d’une efficacité douteuse » ... à la Chine ! Face à une Chine qui quadrille les quartiers et soude les portes des contrevenants au confinement, les démocraties, cela est en principe conforme à leur orientation et en tous cas à leur éthique, prétendent en appeler à la responsabilité des citoyens pour qu’ils se protègent eux-mêmes et protègent les autres. Mais on ne distribue pas de masques et on ne fait pas de tests massifs car on ne dispose pas de kits. Au lieu d’avouer modestement un défaut d’anticipation, on fait des leçons de civisme sur les « gestes barrières » qui ne coûtent guère en termes de logistique publique (on sait lever le coude). Mais alors, si les gestes barrières sont efficaces pourquoi dire qu’on réserve les masques – y compris les simples masques chirurgicaux – aux soignants ? Est-ce que ces gestes seraient efficaces pour le citoyen lambda et inefficaces pour le pharmacien à son comptoir ou le médecin à son bureau ? D’ailleurs beaucoup de pharmaciens et de médecins, indignés de cette réponse et qui disposaient de quelques masques les ont utilisés, d’autres démunis ont donné à leurs patients des vidéo-consultations – ce n’est pas commode pour regarder le larynx. Certes les soignants, dont nous saluons tous l’engagement, sont les fantassins de première ligne, mais le virus touche aussi les fantassins ordinaires que nous sommes et qu’on appelle à rester au front, à aller travailler pour ne pas arrêter le pays.

Hugues Lagrange, « Masques et bergamasques... Contradictions des démocraties » CNRS, Sciences Po - OSC 30/03/2020

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1. A quoi est associée la pandémie de la Covid-19 selon le président ? A l’aide de vos connaissances de l’actualité pourquoi selon vous fait-il cette analogie (Document 1)

2. A l’aide du document 2 et de cette expression politique du « en même temps » expliquez pourquoi les élections municipales ont-elles cristallisées la crise de la représentativité en France.

3. En quoi la question des masques cristalise-t-elle cette crise? (document 4)

4. A l’aide du document 3 montrez que la Covid-19 est intraséquement liée aux débats dans le paysage politique français. A-t-il modifié la donné sur l’échiquier politique?

À travers les documents montrez en quoi la Covid-19 est-elle un fait politique.

Références

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