ÉTUDE DE LA PRODUCTION DE LA VIANDE CHEZ LES OVINS
V. -
NOTE
SUR I,A CROISSANCE RELATIVE DESRÉGIONS
CORPORELLES DEL’AGNEAU R. BOCCARD,
B. L. DUMONTJ.
LEFEBVRELaboratoire de Recheyches sur la
Viande;
Station centrale deGénétique animale,
Centre natianal de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
L’étude de la croissance relative des
régions corporelles
par rapport à l’ensemble de la carcassea été effectuée sur 255 agneaux mâles de race Zle de
france
dont lepoids
vif variait de 2,5à 4 o kg.
Deux groupes de
régions peuvent
êtredistingués :
- d’une part, les
principales régions
du tronc dont la vitesse de croissance relative ne varie pasau cours du temps et
qui présentent
une croissanceisométrique,
- d’autre part, les membres et la
région
cervicale dont la vitesse de croissance relative se modifieaux environs de
7 kg
depoids
vif.Cette étude ne confirme pas l’existence d’un
gradient
de croissanceantéro-postérieur, pendant
la
période
considéréeINTRODUCTION
En plus de la croissance globale
del’individu, la croissance relative des régions anatomiques
etcelle des tissus
sontintéressantes
àconsidérer dans la production de
la
viande ; elles conditionnent
en effet lacomposition
desanimaux et,
parsuite, déterminent,
pour unelarge part, leur valeur
pour laboucherie.
D’un autrecôté, l’étude de la croissance relative apporte
unélément utile
àl’analyse
duphénomène
de la croissance. Entre autres, les
travauxde TEissiER ( 193 1),
NEEDHAM(1933),
B R O
DY
( 1945 ), BE RTALANFFY ( 19 6 0 ) ont
montrél’intérêt
trèsgénéral qu’avaient,
pour cette
étude, les coefficients d’allométrie des composants corporels.
La présente
noterapporte les résultats obtenus
enconsidérant la croissance
pondérale relative des différentes régions corporelles de l’agneau de boucherie de la
naissance
aupoids de 40 kg.
MATÉRIEL ET TECHNIQUES
Les 255 agneaux mâles de la race Ile de !aMr<’ utilisés dans cette étude furent achetés dans i
5 troupeaux au cours de
plusieurs
saisons. Ils furent sacrifiés dans nos abattoirs et leurpoids
decarcasse
enregistré après
une nuit de ressuyage.Les carcasses furent fendues selon le
plan sagittal
et une moitié futséparée
en différentesparties
selon la méthode
précédemment
décrite(B OCCARD , D UMONT , 1955 ).
Lespoids enregistrés
furentarrondis au
décigramme,
unité depoids
retenue pour les calculs.Les agneaux sacrifiés dans les
quelques premiers jours
de leur vie furentdécoupés
lejour
mêmepour limiter les pertes dues à
l’évaporation.
Deplus,
la méthode de coupe étantplus
délicate àpratiquer
sur des carcassespantelantes,
les deux moitiés des animaux y furent soumises. C’est la valeur moyenne des résultats de cette doubleopération qui,
pour cesanimaux,
a été retenue pourl’analyse.
Celle-ci fut conduite en
plusieurs
temps. Enpremier
lieu futétablie, graphiquement,
pour chacune des 8régions
considérées(« gigot
», « selle », « filet », « carré couvert », « carré découvert »,«
épaule
», « collier », «poitrine »)
la variation dulogarithme
dupoids
de cesrégions
en fonction dulogarithme
dupoids
de la demi-carcasse. L’examen descourbes,
dont un modèle estreprésenté
figure
i, a montré que, pour certainesrégions,
onpouvait
nettementdistinguer,
dans l’intervallede
poids considéré,
deuxphases,
dont la zone deséparation
était située auvoisinage
d’unpoids
dedemi-carcasse de 3,5
kg. Compte
tenu de cetteobservation,
il fut retenu :- d’éliminer arbitrairement du calcul des coefficients d’allométrie les données situées dans cette zone, c’est-à-dire 14 résultats
correspondants
à deslogarithmes
depoids
de demi-carcassecompris
entre
2 , 3 8 0
à2 ,66 3 , soit,
compte tenu des unités retenues, entre 2,4kg
et4 ,6 kg.
- de déterminer
séparément
pour les 8régions,
la valeur du coefficient d’allométrie pour les données situées endeçà
et au-delà de cette zone(le
coefficient d’allométrie fut assimilé au coefficient derégression
calculé par la méthode des moindrescarrés).
I;nsuite fut déterminée la
signification
de la différence des coefficients d’allométrie entre les deuxpériodes. Quand
cette différence étaitsignificative,
les coordonnées dupoint
d’intersection des deux droites derégression
furent calculées.pour
chacune des deuxpériodes,
les coefficients d’allométrie dechaque région
furentcomparés
entre eux et par rapport à la valeur r,pente
de l’isotnétrie.RÉSULTATS ET
DISCUSSIONLes tableaux
i et 2indiquent les résultats
obtenus.Pratiquement
onpeut consi- dérer
quela différence des pentes des
droites derégression correspondant
auxdeux périodes (cf. tableau i) n’est significative
que pour legigot,
lecarré découvert et,
à unmoindre degré,
lecollier, les poids
de demi-carcassecorrespondant
auchangement
de pente étant respectivement de 3
220, 358 0
et3 79 o
g. Dansl’état actuel de
nosconnaissances,
il estdifficile d’expliquer
pardes variations d’ordre physiologiques
cette
modification de la croissance relative de
cesrégions, qui
seproduit,
ilfaut toute- fois
lenoter,
peude temps après
ledébut des modifications structurales, volumé- triques
etfonctionnelles dont les réservoirs gastriques
sontle siège (WaRDROY
etC
OOMB E, ig6o).
I,’étude
dela croissance relative
parles coefficients d’allométrie élimine
lefacteur « âge
».Ce procédé
masque oudissimule peut-être des évolutions dans
letemps.
Il serait utile
dansdes études
de ce genrede pouvoir considérer
unetroisième variable,
la
vitesse
decroissance
desanimaux qui, dans
le casprésent,
ne nous était connuequ’avec
unecertaine imprécision.
Quoi qu’il
ensoit, la plupart des régions
neprésentent
pas demodification
significative
de leurcroissance relative,
dumoins
dansla
zonede poids considérée
dans
cette étude. Deplus,
pour nombred’entre elles,
iln’existe
pasde différence signi-
ficative
- pourchaque période
-dans
leurcroissance respective (cf. tableau 2 ).
C’est
le fait desrégions dont
lacroissance
estisométrique
oupeut
être considéréecomme
telle, puisque
leurcoefficient
derégression
n’est passignificativement
diffé-rent
de
i, àsavoir :
- pour
la première période : l’épaule,
lapoitrine, le carré découvert,
legigot,
le filet,
laselle ;
- et pour
la seconde période :
lecollier, le filet,
laselle
etla poitrine.
Compte
tenu de cesrésultats,
ilsemble
que,dans l’évolution
de la croissancedes différentes parties du
corps,il faille
nettementdifférencier deux groupes de régions (cf. figure 2 ) :
- la
première, constituée
parles principales régions
dutronc, dont la vitesse de croissance
nevarie pratiquement
pas au coursdes
deuxpériodes considérées
et reste dans l’ensembleisométrique (mis
àpart
lapartie supérieure
de larégion
dorsalepostérieure
- « carré couvert » - dont lacroissance présente
constamment uneallo- métrie positive) ;
-
la deuxième, composée des
membres et de larégion cervicale, qui
sont leséléments variables
du corps. Parmiceux-ci, l’épaule
et surtout lapartie qui lui
estsous-jacente (« carré découvert ») diminuent d’intensité de croissance de
lapremière
àla
seconde période,
commele fait
le membrepostérieur.
Al’inverse,
la croissancerelative de
larégion cervicale augmente
très nettement d’unepériode
àl’autre.
L /
ensemble de
cesobservations
n’est pas enaccord
avec la théorie de lacroissance
antéro-postérieure,
pour l’ensemble du corps.En
cequi
concerne lapartie cervicale,
les
phénomènes qui viennent d’être décrits
confirment notrehypothèse antérieure (B
OCCARD
etD UPLAN , io6i) émise après l’étude de l’importance des différents tissus dans la
carcassedes
agneauxayant
eudes vitesses de croissance différentes, mais
examinés au même
poids de
carcasse( 17 ,5 kg).
Enfin,
cette étudesouligne
lanécessité, dans
le cas de lacomparaison de perfor-
mances
d’agneaux
deboucherie,
de considérer lesanimaux
à despoids
de carcasseidentiques
ou trèsvoisins, plutôt qu’au même âge,
pouréliminer
lesvariations relatives
enfonction
dupoids
de la carcasse.Reçu
pourpubliratio ll
en décembrei 9 62.
SUMMARY
STUDY OF MEAT PRODUCTION IN SIIEEP
V - NOTE ON THE RELATIVE GROWTH OF TIIE DIFFERENT 130DY PARTS I1’ LANIBS
The relative
growth
of thebody
parts in relation to the carcassweight
was studied in 255 male« lle de Fyance » lambs whose live
weights ranged
from z.5 to 40kg.
’I’hese
body
parts could bepooled
into two groups :- the main
regions
of the trunk whichpresented
an isometric relativegrowth
for the wholeweight
range.- the limbs and the cervical part which
presented
achange
in relativegrowth
when the liveweight
reached about 7kg.
An
antero-posterior growth gradient, during
the studiedperiod,
could not be confirmed.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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