MISE AU POINT SUR LA SÉPARATION, L’IDENTIFICATION ET LE DOSAGE DES PROTÉINES DU LAIT DE VACHE
A L’EXCLUSION DES CASÉINES
J.
GARNIERStation centrale de Recherches lailières et de
Technologie
des Produitsanimaux,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
PLAN
-Introduction ...
163
I. - Les Albumines ...
1 67
m. - Lag-Lactoglobuline
... 167 12 . - L’a-Lactalbumine ... I70 13 . - La Sérum Albumine ... 172II. - Les
Immuno-globulines
... 173III. - Les Protéoses
Peptones ...
175IV. - Les Protéines mineures ... 177
41 . - La
protéine
rouge ou Lactotransferrine... 177 42 . - La Lactolline ...17 6
43 . - Les Protéines de la membrane desglobules
gras ... 17944
. - Les enzymes du lait... ; ... !.. 181 44
1. - Xanthine
oxydase.
442. -
Lactoperoxydase.
44 3
. -
Phosphatase
alcaline.444. -
Lipases
du lait.445. -
Amylase.
4 4
6. - Protéase.
447. - Catalase.
Réfé y ences ... 1 84
INTRODUCTION
Parmi les
produits d’origine biologique,
le laitreprésente
une source abondantede
protéines,
facile à recueillir et trèslargement
utilisée par l’homme pour son ali- mentation. Pour lenouveau-né,
iljoue
un rôleprimordial
etreprésente
le dernier contact de ce nouveau-né avec sa mère.C’est certainement le lait de vache
qui
a été leplus
étudié du fait de la facilitéavec
laquelle
ilpeut
être récolté enquantité importante.
On attribue
généralement
auxprotéines
du lait deuxorigines différentes, d’après
leur lieu de
synthèse :
ou bien elles sontsynthétisées
par le tissu de laglande
mam-maire
elle-même,
ou bien ellesproviennent
du sang parsimple
filtration àpartir
du courant
sanguin irriguant
la mamelle. Ces deuxorigines possibles
desprotéines
du lait ont été étudiées par
analyse immunologique (d’après
leprocédé employé
notamment par Von
GuG!,!R,
BEiç et Von Mux!!,T( 1959 )
ou en déterminant la vitessed’incorporation
du 14C dans les différentesprotéines (c’est
la méthodeadoptée
par LARSON et Gm!,!sPm(rg5!).
Lesanalyses
immuno-électrophorétiques
de Von
Gum,!R,
BEIN et Von 3IURALT( 1959 )
et de HANSON(1959)
ontpermis.
de dénombrer dans le lait de vache i5 à 2r
protéines antigéniques.
Parmi celles-ci 7 à 8protéines
sont rencontrées exclusivement dans le lait et sont parconséquent synthétisées
dans laglande
mammaire. En accord avec les travaux de LARSON et Gm!,!sPW(ig57),
ce groupecomprend
la!3-lactoglobuline, l’«-lactalbumine, la pro-
téine rouge et la
majeure partie
des caséines enparticulier
la caséine oc et la caséine(3.
Les autres
protéines
du lait( 7 d’après
VonGuG!,!x,
BEIN et Von MURALT(1959)
à 14
d’après
HANSON(rg 5 g))
sont, aupoint
de vueimmunologique, identiques
àcelles du sang et
passent
dans le lait parsimple
filtration. Tel est le cas enparti-
culier de la sérum albumine et des
immuno-globulines.
La
séparation
et l’identification des différents constituantsprotéiques
du laitont donné lieu à un nombre considérable de travaux dont nous ne ferons pas l’his-
torique,
nous contentantsimplement
derapporter
lesprocédés
deséparation
utili-sés actuellement. Certains de ces constituants
peuvent
fairel’objet
d’undosage spécifique
mais ils nereprésentent qu’une
minorité. Leplus
souvent, ledosage
d’un-groupe de constituants est seul
possible (par exemple dosages
descaséines,
desglo- bulines,
desprotéoses peptones).
Bien que la caséine
figure parmi
lespréparations protéiques
lesplus
ancienne-ment mises au
point (Mü!,D!R ( 1 8 3 8)
l’obtenait par addition devinaigre
à du laitpuis
redissolution à l’aide desalpêtre)
son étude ultérieure a révélé unegrande
com-plexité
en raison d’interactions très fortes entre ses divers constituants dont le- nombre a été évalué à 21 par WAKE et BALDWIN( 19 6 1 ).
Comme la
séparation
et l’identification des caséines est encore à l’heure actuelleune
question complexe,
controversée et enpleine évolution,
nous avons limité notre étude aux autresprotéines
dulait, appelées protéines
du lactosérum ou encore pro-- téines solubles. Nous pouvons les définir comme lesprotéines
restant en solutionaprès
acidification du lait àpH 4 ,6.
C’est une définitionplus pratique
querigoureuse
car les caséines
précipitées peuvent
entraîner paradsorption
unepartie
desprotéines
du
lactosérum,
comme c’est le cas de laprotéine
rouge et de la lactolline(G R ovEs, 19
6
0
et GRovEs etal., zg6 3 ).
Deplus,
il existe d’autresprocédés
pour éliminer les caséines :précipitation
par les sels neutres,précipitation
duparacaséinate
de cal-cium
après
action de laprésure
ousimplement centrifugation
à 45ooo g des micelles de caséines selonM OCQUC )T,
A!,ms et Cx!vnr,Wx( 1954 )
ou Von Hirr!r, et WnuGx(i955)!
Cesprocédés
ne conduisent pas tous au même résultat. En effet BRUNNERet TxoMP
SOrr
( 19 6 1 )
ont montré que la fraction deW EINSTEIN ,
obtenueaprès
élimi-nation des caséines par
emprésurage,
contenait unepart importante
desproduits
de scission résultant de
l’attaque
des caséines par laprésure.
Les
protéines
du lactosérumreprésentent
18 à 21 p. 100 desprotéines
totalesdu lait de
vache,
soit environ 5,5 g à6, 5 g/litre d’après
les déterminations faites par ROLLERI, LARSON et ToucHS!xRy( 195 6)
encomparant plusieurs
races laitières.D’après
lesanalyses électrophorétiques
de McM!!xrn-( 1954 ) et, fig i,
de 1,ARSON et Ror,- LE
RI
(I955)!
80p. 100de cesprotéines
sont constituées par la!-lactoglobuline,
l’oe-lactal-bumine,
la sérum albumine et lesimmuno-globulines.
Les troispremières
de cesprotéines
ont étépréparées
à l’état cristallisé. Nous avonsporté
dans le tableau il’importance
relative de chacun des constituantsd’après
LARSON et ROLLERI( 1955 )
et
d’après
lesdosages
par voiechimique
d’AscHnx!!!BURG et DREWRY( 1959 ).
L’écart
observé entre ces deux séries de résultatspeut provenir :
d’une association entre deux constituants ou d’unemigration identique
de deux constituants parélectrophorèse
ou encore dans la méthodechimique employée
par AscHA!!!rr$uxGet DREWRY
( 1959 )
d’uneséparation incomplète
et du caractère arbitraire du coeffi- cient servant àmultiplier
la teneur en azote pour obtenir la teneur enprotéines.
Dans l’établissement de ces
pourcentages
il n’est pas tenucompte
desprotéines
mineures du lactosérum comme la
protéine
rouge, lesprotéines
de la membrane desglobules
gras et divers enzymesqui
constituent au total environ i à 2 p. 100. Parmices
protéines
en faibleproportion,
certainespeuvent jouer
un rôleimportant,
parexemple
en inhibant la croissance de certainsmicroorganismes
dans le lait(lactope- roxydase d’après
WRiGHT etTRAMER, 195 8)
ou enpermettant
une vérification du traitement du lait par la chaleur(phosphatase alcaline.)
Nous avons classé les
protéines
du lactosérum enquatre
groupes, la division entre les deuxpremiers
est fondée sur le fractionnement desprotéines
du lait par les sels neutres, fractionnement leplus
anciennement utilisé. Nous avons ensuite réuni dans un troisième groupe lesprotéoses peptones
et dans unquatrième
lesconstituants
protéiques
mineurs du lait.Les albumines
correspondent
auxprotéines
solubles àpH
neutre en solutiondemi saturée en sulfate d’ammonium ou en solution saturée de
sulfate
demagnésium.
On les
distinguait
autrefois sous le nom de lactalbumine et PEDERSEN( 193 6)
avaitdécelé par
ultracentrifugation
les constituantsce, et
y. Le constituant Ka étéappelé oc-lactalbumine,
leconstituant a
a étéappelé
par PEDERSENlactoglobuline
en rai-son de sa faible solubilité en solution saline diluée au
point isoélectrique
et c’est.CA NNAN
,
PALMER et KIBRICK( 1942 ) qui proposèrent
del’appeler p-lactoglobuline.
Le troisième constituant est la sérum albumine
identique
à celle du sang. ASCHAF-F’!NBURG et DREWRY
( I g57), distinguent,
enplus,
deux autres constituants mineursqui
enélectrophorèse,
nemigrent
ni avecl’«-lactalbumine,
ni avec la sérum albu- mine. Ceciexplique
les teneursplus
faibles en albumines autres que la!-lactoglo-
buline obtenues par LARSONet ROLLERI
(Igj!) comparées
à celles d’ASCHAFFENBUROEet DREWRY
( 1959 ) (tabl. i).
Les
globulines, appelées
aussilactoglobulines,
sont insolubles àpH
neutre ensolution de sulfate d’ammonium à demi saturation ou dans le sulfate de
magnésium
saturé. Elles ont été divisées par CROwTH!x et RAISTRICK
( 191 6)
eneuglobulines (insolubles
dans l’eau distillée aupoint isoélectrique)
etpseudoglobulines (solubles
dans les mêmes
conditions).
Cette fractionglobuline
est essentiellement constituée par lesimmuno-globulines.
Enfin les
protéoses peptones
sont constituées par un ensemble mal connu deglycoprotéines
solubles dans l’acidetrichloracétique à 4
p. 100.Pour chacun des constituants nous
indiquerons
les méthodes deséparation
etnous donnerons très
rapidement quelques propriétés caractéristiques permettant
l’identification. Pour certains constituants nous étudierons les méthodes dedosage proposées.
I. - I,ES ALBUMINES
II. - LA
!-LACTOGLOBULINE
La
p-lactoglobuline
est un constituantprotéique majeur
desprotéines
du lacto-sérum
(tabl. I )
et elle a donné lieu à de nombreux travaux dont TILLEY( 19 6 0 )
a fait une revue extensive. C’est une des rares
proteines
dulait,
avec l’«-lactal-bumine, préparée
à l’état cristalliséqu’il
soitpossible
de doserspécifiquement.
Elleest
synthétisée
parl’organisme
sous deux formes au moins A et B contrôlées parun seul
gène d’après
AscIIAx!!NBURG et DxEwxy( I957 )b. L’individu hétérozygote produit
unmélange
dep-lactoglobuline
A et B(environ
60 p. 100 de A et 40 p.100 de B
d’après
AscIIAxx!NBUxG et DREWRY( I955 ).
La(3-lactoglobuline
A diffèreen
particulier
de la[3-lactoglobuline
B par laprésence
d’un acideaspartique
et d’unevaline à la
place
d’unglycocolle
et d’une alanined’après
PIEz et al.( 19 6 1 )
cequi
luiconfère une
plus grande
mobilitéélectrophorétique
etpermet
de lesséparer
l’une del’autre
(A S C HA FFE NBUR G
et DREWRY 1955, ; PIEz et al.I g6 I ),
Une!-lactoglobuline
C a été récemment
signalée (BELL, 19 6 2 ).
III
. -
Séparation
La méthode de
préparation
de PAUMER( 1934 )
modifiéeplus
tard parCE CIL
et OGSTON
( 1949 )
a été souvent utilisée. Une méthodeplus simple
a étéproposée
par AscHAxx!NBURG et DREWRY
( I957 )a.
Les deuxtechniques
ont été schématisées dans le tableau 2d’après T ILLEY ( I g6o).
Si la méthode deC ECIL
et OGSTON estplus longue
et d’un rendementmoindre,
elleprésente l’avantage
de ne pas nécessiter l’addition d’acide ou de basequi risque
d’entraîner une dénaturationpartielle d’après
PEDERSEN
(Ig36)
et LINDERSTROM LANG etJACO B SEN (1941).
Lapréparation
deCEC
IL et OGSTON est
immunologiquement homogène d’après
VonG U G LER ,
BEINet Von MURALT
(1959).
D’après
ASCHAFFENBURG et DREWRY( 1957 )a
laquantité
dep-lactoglobuline
cristallisée obtenue est de 1,3 à 1,5
g/litre, quantité qu’il
convient de comparer à la teneur totale du lait en(3-lactoglobuline,
soit 2,4 à 3,2g/litre (d’après JE NN E SS
et at.
( 195 6),
ROLLERI, I,ARSON et TOUCHBERRY( 195 6)
et ASCHAFFENBURG et DRE-WRY
(Ig59))!
Pour
préparer
lap-lactoglobuline
A ou B il suffit d’effectuer lapréparation
àpartir
du laitprovenant
d’individushomozygotes
A ou B. PIEZ et al.( 19 6 1 )
ontséparé
les deux(3-lactoglobulines
àpartir
d’unmélange
desdeux,
par chromato-graphie
sur D.E.A.E.-cellulose.112
. -
Identification
La
p-lactoglobuline
fut lapremière protéine
du lait à êtrepréparée
à l’état cris- tallisé par PAUMER( I g 34 ).
Lemélange
de,8-lactoglobuline
A et B cristallise dans lesystème orthorhombique cependant
que la(3-lactoglobuline
Bseule,
cristallise spon- tanément dans lesystème monoclinique
et l’ensemencement en cristaux orthorhom-biques
est nécessaire pourqu’elle
cristallise dans cesystème.
Outre lapropriété
decristalliser facilement la
!-lactoglobuline
a été identifiée par sa mobilité électro-phorétique
enphase liquide (y
=-5,I1 en tampon véronal pH 8,4 P/2
= o,I,d’après
M C MEE
KIN
( 1954 ))
et ellecorrespond
au constituant no6 de I,axsoN et ROLLERI( 1955 ).
Elle
correspond également
auconstituant observé
par PEDERSEN( 193 6)a
dont laconstante de sédimentation
S 2o
estégale
à2 ,8
àpH
5d’après
OGSTON et ToMBS(
1957
).
Parélectrophorèse
surpapier
àtempérature
ordinaire entampon
véronalpH 8,6
ASCHAFFENBURG et DREWRY( 1955 ) séparent
lesp-lactoglobulines
A et Bainsi que PIEz et al.
( 19 6 1 )
parchromatographie
sur D.E.A.E.-cellulose àpH 5,8
à
5 °C.
Le coefficient d’extinction de la(3-lactoglobuline
A ou B à27 8
my entampon
acétatepH
5,3f 1 2
= 0,1 estE 1 In!!nl = o, 9 6 d’après
TOWNEND et al.( 19 6 0 ).
113
. -
Dosage
Nous décrirons deux
méthodes,
l’unechimique
l’autreimmunochimique,
toutesdeux dosant les 2 formes A et B de
!-lactoglobuline.
m3i. - Méthode de
dosage chimique.
Elle est due essentiellement à AscHnxx!rrsuRG et DREWRY
( 1959 )
et consisteà
précipiter
au cours d’unepremière phase
toutes lesprotéines
dulait,
àl’exception
des
albumines,
enajoutant
20 ± 1 g de sulfate de sodiumanhydre
à 100ml de lait.Le filtrat est amené ensuite à
pH
2 par addition d’acidechlorhydrique,
seules lap-lactoglobuline
et les substances azotées nonprotéiques
restent en solution(A SCHAF -
!!NBURG et DREWRY
( 1957 )a.
De l’azote du filtrat(dosé
parKjEi,DAH!.<),
on déduitl’azote non
protéique (azote
solubleaprès précipitation
desprotéines
du lait par l’acidetrichloracétique
à 12 p. 100 de concentrationfinale).
Les résultats obtenus(tabl. i)
sont très semblables sinonidentiques
à ceux de LARSON etGILLESPIE (
1957
)
obtenus en mesurant la surface dupic
observé au cours del’électrophorèse
des
protéines
solubles selon leprocédé
de TISELIUS.II32
. - Méthode de
dosage immunochimique.
Elle a été mise au
point
par LARSON et TwaROG( 19 6 1 ) d’après
latechnique
d’O
UDIN
( 194 8).
Elle consiste à superposer à une couche degélose mélangée
à unsérum
anti-!-lactoglobuline,
une solution contenant 15 à 70y/ml
dep-lactoglobuline
dans un
petit
tube de 2 mm de diamètre intérieur et d’environ 10 cm delong.
Lasolution de
p-lactoglobuline
diffuse dans lagélose
etprécipite
au contact desanticorps :
on mesure au
pied
à coulisse la distance Dqui sépare
l’interface(solution
dep-lacto- globuline
etgélose)
du front duprécipité
au bout d’untemps
T( 24 , 4 8
ou 72h).
Lesauteurs ont montré
qu’il
y avait une relation linéaire entre lerapport D/VT et le
logarithme
de la concentration enp-lactoglobuline.
Une courbe étalon est tracée àpartir
dequantités
connues de!-lactoglobuline.
Laprécision,
± 10p. ioo, est de l’ordre de celle que l’on obtient pour la mesure des concentrations par la méthoded’électrophorèse
selon TisFLius. Elle est moins bonne que la méthodechimique
maiscette méthode est très
spécifique,
très sensible et surtout ellepermet
de doser lag-lactoglobuline
dans des milieux trèscomplexes
contenant de nombreuses autres pro- téinesparmi lesquelles
la!-lactoglobuline
nefigure
que dans laproportion 1/10 0 00 . Après
concentration parlyophilisation
il estpossible
de doserjusqu’à
0,5Y/ ml
de
p-lactoglobuline
mais laprécision
est moins bonne : + 20p. 100.Cette
technique
a l’inconvénient dedépendre
de lapréparation
d’unanti-sérum,
réactifbiologique long
àpréparer
et variable àchaque préparation :
d’où la nécessitéde refaire la courbe étalon pour
chaque
sérum et mêmechaque préparation
degélose.
Au cours de l’immunisation il faut utiliser un
antigène
trèspurifié,
LARSON et TWA-RO
G
( 19 6 1 )
ont recristallisé 8 fois lap-lactoglobuline.
II33. - Conclusion.
La méthode d’AsCHAFFENBURG et DREWRY
(r 959 )
nous semble être cellequi s’ap- plique
le mieux aulait,
car elle estplus précise
etplus
commoded’emploi.
Latechnique
de LARSON et TWAROG
( 19 6 1 )
se montreparticulièrement
utilelorsque
les concen-trations en
p-lactoglobuline
sont très faibles et que lesdosages
doivent se faire àpartir
de milieuxcomplexes
tels que parexemple
lesbroyats
de culture de tissus mammaires ou encore lesfromages,
lesproduits
alimentaires à base depoudre
delait,
etc.A divers
titres,
lap-lactoglobuline présente
descaractéristiques
intéressantes.Elle est
responsable
de lamajorité
desgroupements
SH libresqui
existent dans le lait. Ellepossède
en commun avec la sérum albumine lapropriété
de former descomplexes
avec de nombreux métaux. Lap-lactoglobuline
A sepolymérise
en di-mère et tétramère dans la zone de
pH
3,7à 5,3
alors que lap-lactoglobuline
B restesous forme monomère ou dimère. Les deux formes de
3-lactoglobuline peuvent
s’associer entre elles(T IM AsHEFFet 1’owNEND I9 6 I a)
et àpH
< 3,7 se dissocier en deux sous-unités noninterchangeables (T IMASH EF F
et TowN!ND( I9 6 I )b
etTowN!ND,
K IDD
y et TIMASH!Fx
19 6 1 ).
En raison de lagrande
facilité de sapréparation
sousforme
cristallisée,
de nombreux travaux ont été effectués en cequi
concerne l’actiondes enzymes
protéolytiques
sur la{3-lactoglobuline
ou sa dénaturation parchauffage
ou en
présence
d’urée parexemple.
1
2. - L’oc-LACTArBUMINE
C’est assez récemment que GORDON et SEMMETT
( I953 ), GO R DON,
SEMMETT etZI!GI,!ER
( I954 ) publièrent
la méthode depréparation
de l’«-lactalbuminecristallisée,
à la suite des travaux de SVRENSEN et SoRENsEN
( I939 ).
Aussi peu de travaux ont-ils étépubliés
concernant cetteprotéine qui représente
environ 20 p. 100 desprotéines
du lactosérumd’après
LARSON et ROLLERI( 1955 ) (tabl. i).
121
. -
SéParation
Dans le tableau 3 nous avons
reporté
côte à côte les deuxtechniques
deprépa-
ration selon GORDON et al.
( I953
et1954 )
et d’AsCHAFFENBURG et DREWRY( 1957 )a.
Des deux
méthodes,
celle d’AsCHAFFENBURG et DREWRY semble laplus simple
etprésente l’avantage
de conduire à laséparation
de lap-lactoglobuline
et de la sérum albumine dans la même suited’opération.
DA U T R E V A U
X
(196 3 )
aprésenté
récemment une autre méthode depréparation permettant
d’obtenir avec un bon rendement unepréparation purifiée
d’a-lactal- bumine. Cettepréparation
contient encore commeprincipale impureté
de lap-lacto- globuline ;
elle est essentiellement fondée sur un fractionnement par le sulfate d’am-monium, précipitation
àpH
acide et filtration finale surSéphadex.
122
. -
Identification
L’a-lactalbumine correspond
aupic
«d’ultracentrifugation
desprotéines
dulactosérum
d’après
PEDERSEN( I93 6).
Son coefficient de sédimentationS!o
estégale
à 1,75 en
tampon phosphate pH
7,5P/ 2 -
0,2. Sa mobilitéélectrophorétique
entampon véronal pH 8,5
estde-4,2 mais, d’après
LARSONetJE NN ESS ( 1955 ),
la mobilitéest
portée
à -3 ,6
enprésence
des autresprotéines
dulactosérum,
cequi permet
d’identifier lepic
n° 4 del’électrophorèse
selon TISELIUS(cf. fig. i)
à celui de l’IX-lactal-bumine contrairement aux résultats de MCMEEKIN
( I954 ). D’après
AscHAx!!!rBURG etDR!wRY( 1957 )a,
l’«-lactalbumine cristallise sous trois formes différentes. GORDOK et ZIEGI,!R( 1955 )
ont étudié sacomposition
en acides aminés et ont trouvé une forte teneur entryptophane ( 7
p.ioo)
d’où un fort coefficient d’extinction F;1 cm
= 2,ogà 280 my
(I,rssrT Z x y ,
ROLLAND et LASRY( 10 6 0 ).
Sonpouvoir
rotatoireoc D =
-
6 0 ±
2°d’après
Goxnorr et SEMMETT( 1953 )
ne varie pas entrepH 6,8
et 9,7. Elleprésente
un minimum de solubilité entrepH 4 , 1
etq,8 ( 0 , 2
p. 100dans une solution de NaCI 0,05 à 0,1M)
et ceci larapproche
d’uneglobuline
mais elle est insolubleen solution saline concentrée
(NaCl
5 p.100 ) (G ORDON
etSE MM ETT, 1953).
- . -- - . -- -
123. -
Dosage
La méthode d’AscaA!xErrsuxG et DREWRY
(rg5g)
ne détermine que la somme :a-lactalbumine + sérum albumine -f- deux constituants mineurs. Seule la mesure
de la surface relative du
pic
observé parélectrophorèse
de TISELIUSpermet
d’évaluer la concentration en «-lactalbumine en tenantcompte
de la remarque de LARSONet
JE NNESS ( 1955 )
concernant l’influence desprotéines
du lactosérum sur la mobilité de 1’«-lactalbumine. Aussi la méthode dedosage immunologique
mise aupoint
par LARSON et HAGÈMAN
( 19 6 3 )
est-elle intéressante. Elleprésente
les mêmes caracté-ristiques
que celles mises aupoint parle
même auteurpour la [3-lactoglobuline (cf. § 1132 ).
124. - Conclusion
L’«-Lactalbuinine,
par son faiblepoids
moléculaire( 1 6 ooo d’après
CORDONet
ZIEGI,!ER,
1955 et WETr,AUxER,19 6 1 )
et sa facilité depréparation
sous formecristalline,
semble uneprotéine
intéressante pourentreprendre
une étude de struc-ture. De
part
et d’autre dupoint isoélectrique,
KI,OSTERGAARDet PASTERNAK( 1957 )
ont observé par
électrophorèse
de TISELIUS une certainehétérogénéité
de 1’«-lac- talbumine cristalliséedépendant
dutampon
utilisé et de la concentration enprotéines.
13. - LA SÉRUM ALBUMINE
Elle ne
représente qu’une
faibleproportion,
4,7 p. 100, desprotéines
du lacto-sérum
(tabl. I )
et elle a les mêmespropriétés
que la sérum albumine du sang(tabl. 4 )
dont elle ne diffère que par soncomportement électrophorétique.
Samobilité
électrophorétique
àpH 8, 4
estlégèrement plus
forte et elle montre,en
tampon
acétatepH
4,0P/ 2
= 0,02, unehétérogénéité plus marquée
que la sérumalbumine du sang
d’après POLIS,
SHMUx!,!x et CUSTER(i 95 o).
Cou!,sov et STEVENS(
1950
)
ont trouvé par contre une identitécomplète
entre les deuxprotéines
en cequi
concerne leurspropriétés antigéniques.
13 1
. -
Séparation
POLIS,
SHMUx!,!R et CUSTER( 1950 )
ontappliqué
au lait la méthodeemployée
pour
séparer
la sérum albumine du sangqui
consiste à effectuer des fractionnementsrépétés
desprotéines
solubles par le sulfate d’ammonium( 2 , 4
à 3,4M)
à différentspH puis
par l’alcool( 10
à 40p.100 )
à bassetempérature.
La cristallisation est amor-cée par addition finale de sulfate d’ammonium en
présence
decaprylate.
132
. -
Identi fccation
La sérum albumine
correspond
aupic
n° 7 observé par I,ARSONet ROLLFRI(1955)
en
électrophorèse
de TISELIUSet de mobilité -6, 7
entampon
véronalpH 8, 4 (fig. 1 ).
Quelques propriétés
ont été rassemblées dans le tableau 4. Ellecorrespond
au com-posant
y de PEDERSEN( 193 6)
de constante de sédimentationS 2o
= 7,1.133
. -
Dosage
Il n’existe pas de méthode de
dosage spécifique
et sa concentration ne nous est connue que parélectrophorèse
selon Tis!r.IUS(tabl. i).
II. - I,ES IMMUNO-GI<OBUUNES
D’après
Rowr,nND( 193 8) a,
lesglobulines
du laitcorrespondent
auxprotéines
du lactosérum
qui
sontprécipitées
par le sulfate demagnésium
saturé. Comme lesglobulines
du sérumsanguin,
elles ont été fractionnées pardialyse
eneuglobulines
et
pseudoglobulines.
Elles sont constituées essentiellementd’immuno-globulines
mises facilement en évidence par leur
propriété
deréagir
avec une substance anti-génique
bien définie.21
. -
Séparation
La méthode de
séparation
desglobulines
du sérumsanguin
a étéappliquée
par E. I,. SMITH( 194 6)
au lait. Elle consiste essentiellement à effectuer uneprécipita-
tion fractionnée des
protéines
solubles du lait par le sulfate d’ammonium en ne retenant que celles solubles entre 30et 40p. IOOde solution saturée de sulfate d’am- monium.Après dialyse
contre l’eau distillée onsépare
leseuglobulines
insolubles(environ
IIOmg/1
de laitécrémé)
despseudoglobulines
solubles(environ
60mg/1
de lait
écrémé).
Les
euglobulines
etpseudoglobulines
obtenues sonthomogènes
par électro-phorèse
enphase liquide,
mais ne sont pashomogènes
parultracentrifugation.
K!rryorr,
ANDERSON etJE NN E SS ( 1959 )
ontproposé l’emploi
du rivanol( 2 ethoxy- 6,
9
-diaminoacridine lactate)
mais sans réussir àpréparer
desproduits qui
soienthomogènes
parélectrophorèse.
22
. -
Identification
Les
immuno-globulines
sont caractérisées par leur faible mobilitéélectropho- rétique
entampon
véronalpH 8,6 r/ 2
= 0,1, fL _ -1 ,8
pour leseuglobulines
etfL_ - z,o
pour les pseudoglobulines (M URTHY
etW H iTrrEY, zg58).
Elles ne contiennent pas dephosphore
mais des sucres : 2,5 à 2,9 p. 100d’hexose et i,3p. 100 d’hexosa-mine
(S MITH , 194 6). 7 6
à go p. 100 desimmuno-globulines
sédimentent en unpic
de coefficient de sédimentation
S 21 =
7(P.
M.1 8 0 ooo),
les autresimmuno-globulines
sédimentent en deux
pics (S 2o =
10 etS 21
=20 ).
Ellespeuvent
être identifiées enmettant à
profit
leurpropriété
deréagir
commeanticorps
avec un certainantigène,
réaction
spécifique qui peut
se traduire par uneprécipitation,
uneagglutination,
la fixation du
complément,
etc.23. -
Dosage
D’après
la méthode d’AscxnFF!!rsuRG et DREWRY(ig5g)
la teneur englobu-
lines est obtenue en retranchant des
protéines
noncaséines,
lesprotéoses peptones
et les albumines. Cela revient à faire une différence entre deux chiffres élevés ce
qui
réduit considérablement laprécision
aveclaquelle
la teneur englobulines
dulait
peut
être connue. La méthode de ROWLAND( 193 8)b
conduit à une détermination directe desglobulines,
les chiffres que cet auteur obtient sont manifestementtrop
élevésquand
on les compare à ceux obtenus parélectrophorèse (AscxnFF!!suxG
et DREWRY,
1959 ).
A l’aide de diverses réactions
immunologiques
il estpossible
de déterminer laprésence
de’certainesimmuno-globulines spécifiques
et même de les doser.Lorsque
les animaux sont atteints de
Brucellose,
il suffit demélanger
une solution d’anti-gènes
coloré et le lait : au bout d’un certaintemps
lesanticorps
contenus dans le laitagglutinent l’antigène qui
remonte à la surface sous forme d’undisque
coloré(« Ring
test
n).
Certaines substances du laitappelées
lacténines exercent vis-à-vis deplu-
sieurs
microorganismes
tels que Str.cremoris,
Str. lacta’s ou Str.j!yogenes
une action inhibitrice. Certaines de ces substances sont constituées par desanticorps
ouagglu-
tinines
présents
dans le lait. La concentration du lait enagglutinines
de cetype
est évaluée en déterminant la dilution maximum du laitqui produit
encore uneagglu-
tination ou une inhibition de la croissance de
l’organisme-test (PoxTMnrrrr
etAucr.AiR, 1959 )a.
La détermination de la concentration en
anticorps
conduit à des mesures rela-tives et ne donne pas habituellement la
quantité
en mgd’anticorps présents.
Laconcentration est
exprimée
leplus
souvent en effet par une dilution limite au-delà delaquelle
la réactionspécifique
ne seproduit plus,
elledépend
assezlargement
dutype
de la réactionspécifique employée.
Le
colostrum, qui correspond
à la secrétion des toutpremiers jours
suivants la misebas,
est très concentré enprotéines ( 4
foisplus
que le laitnormal)
etprès
de lamoitié de ces
protéines
sont constituées par desanticorps
ouimmuno-globulines.
Cetteconcentration élevée en
anticorps
fait du colostrum une source de choix pour lespréparer.
Récemment MONTREUIL et al.( 19 6 3 )
ont de nouveau mis àprofit
cettepropriété
pour fractionner et étudier les diversesimmuno-globulines.
Cesanticorps jouent
un rôleimportant
dans l’immunitéqu’acquiert
le veau nouveau-né car,contrairement à d’autres
espèces animales,
lesanticorps
de la mère ne traversentpas le
placenta.
Lesimmuno-globulines ingérées
par lejeune
animal sontrapidement
absorbées par les
parois
du tubedigestif.
Cetteabsorption
est facilitée par lapré-
sence d’un inhibiteur de la
trypsine
contenu dans le colostrumqui
évite laprotéo-
lyse
de cesanticorps
avant leurabsorption (I, AS xowsxr
et I,nsxowsxr,195 1).
III. LES
PROTÉOSES
PEPTONESLes
protéoses peptones
ont été définies par Row!,AND( 1937 )
comme les pro- téines du lactosérum nonprécipitées
àpH 4 ,6 après chauffage
à95 °C pendant
30mn mais
précipitées
par l’acidetrichloracétique
à 10p. 100. Elles ont étéappelées
ainsi en raison de leur solubilité dans l’acide
trichloracétique
à 4 p. ioo comme le sont lespremiers produits
dedégradation
desprotéines.
De nombreux travaux enparticulier
ceux de ROWLAND( 1937 ),
LARSON et ROLLERI(1955),
ASCHAFFENBURG et DREWRY( 1959 )
ont montréqu’elles préexistent
dans le lait non chauffé et que par suite elles ne semblent pas être le résultat dedégradation
d’autresprotéines.
Elles constituent un groupe
complexe
etmalgré
un certain nombre de tentatives il n’a pas étépossible
depréparer
des fractionshomogènes.
Toutes lesprotéoses peptones préparées possèdent
en commun lespropriétés
d’être desglycoprotéines
et d’être sensibles à l’action de la
présure (B RUNN E R
etT HOMP SO N , 19 6 1 ).
Nousavons réuni dans ce
chapitre
les différentespréparations
suivantes :protéoses
pep- tonesd’après
ROWLAND( 193 8), protéose
ad’après
ASCHAFFENBURG( 194 6),
consti-tuant 5
d’après JE NN ESS ( 1959 )
et la fractionprotéique
mineure de WEINSTEIV, DUN CA
N et TROUT
(1951).
31. -
Séparation
La méthode de Row!,AND
( 193 8)a, reprise
par BRUNNER et THOMPSON( 19 6 1 )
consiste à
précipiter
la caséine àpH 4 ,6 après chauffage
du lait à95 °C pendant
30 mn. Le filtrat est
dialysé
etlyophilisé.
La
protéose
spréparée
selon AscHA!!r;NBURG( 194 6) représente
lesprotéoses peptones
selon ROWLAND insolubles dans le sulfate d’ammonium à demi saturation.La
préparation
de la fractionprotéique
mineure de WEINSTEIN, DUNCAN et TROUT(ig5i)
est assezanalogue
à celle de laprotéose
6 mais la caséine est éliminée sousforme de
paracaséinate
de calcium insolubleaprès
action de laprésure.
Laprépa-
ration du constituant 5 est résumée dans le tableau 5.
Aucune de ces
préparations
ne sonthomogènes
parultracentrifugation
oupar
électrophorèse (tabl. 6).
32. -
Identification
Les
analyses
faites par BRUNNERet THOMPSON( 19 6 1 )
et THOMPSONet BRUNNER(1959)
sont assezsignificatives
de ce groupe deglycoprotéines
et elles sontindiquées
dans le tableau 6. Les
protéoses peptones
étudiées contiennent toutes duphosphore,
des sucres et pour certaines d’entre elles on a trouvé de l’acide
sialique
en propor- tionsanalogues
à celles observées pour lesglycoprotéines
du sang, cequi
fait penser à une communeorigine.
Un certainpourcentage,
nonnégligeable,
de cesprotéines
sont solubles dans l’acide
trichloracétique
à 12 p. 100 et lepourcentage
très élevé obtenu avec la fractionprotéique
mineures’explique
si l’on considèrequ’elle
doitêtre fortement contaminée par les
produits
dedégradation
des caséines par lapré-
sure solubles dans l’acide
trichloracétique
à 12 p. 100.Après
action de laprésure,
la
proportion
deprotéine
soluble dans l’acidetrichloracétique
à 12 p. 100augmente
pour chacune des fractions de