OBSERVATIONS SUR LA CROISSANCE
DES STAPHYLOCOQUES ET LA RÉACTION LEUCOCYTAIRE AU COURS DES PREMIÈRES HEURES
DE LA MAMMITE EXPÉRIMENTALE DE LA BREBIS
Anne LE GALL M. PLOMMET
Station centrale de
J licrobiologie
et Reclrercheslaitières,
Ce!ttre national de Reclzercltes
:ootechrtiqtzes, J OI t Y -e I l-Josas (Seiiie-el-Oise)
SOMMAIRE
On peut suivre l’évolution de la mammite
staphylococcique e h périmentale
de la brebis en étu-diant la
multiplication
bactérienne et la réactionleucocytaire
in aivo paranalyse
d’échantillons successifs de lait.Dans cette étude portant sur 81cas de mammite, on a par ce moven établi : Wles
caractéristiques
de la
multiplication
bactérienne dans la mamelle ; 2°les conditions de déclenchement et les carac-téristiques
de la réactionleucocytaire.
La réaction leucocytaire
apparaît
comme leprincipal
moyen de défense contre l’infection, maisson eflicacité vis-à-vis de la croissance bactérienne ne
dépend
ni de saprécocité
ni du titre des anti- toxines « et fi. Lagravité
de la mammite, mesurée par l’étendue et l’intensité des lésions, est fonc- tion du nombre maximum de germes atteint par la culture in aiao, dela quantité
de laitproduite
partraite, des titres des antitoxines x et [3..
’
- - - -
Lorsqu’on
inocule une dizaine destaphylocoques
dans la mamelle d’une brebisen
lactation,
on provoque dans les 24 heures une infection dont lagravité dépend
dutitre des antitoxines a
et et
de laquantité
de laitproduite
par cette brebis(Piom-
MET
,
I g6o ; Pr,oMM!2,
LEC AH , rg6 3 ). L’évolution
de l’infection estrapide :
en3 6
à
4 8 heures,
le tableauclinique prend
son caractère définitif. Ceci suppose une intensemultiplication
desstaphylocoques
et des défenses peuefficaces,
au moins au cours despremières
heures.Peu de travaux ont été consacrés à la
multiplication
desstaphylocoques
invivo,
au cours de l’infection
aiguë,
en raison de la difficulté d’obtention deprélèvements
successifs
qui
soient réellementreprésentatifs
de l’évolution de la culture(F RAPPIER ,
S ON
EA, rg56 ;
GLADSTONE et GLEXCROSS19 (¡0;
FOSTER et HuTT10 6 0 ).
Dans lamammite
expérimentale
de labrebis,
par contre, onpeut
suivre facilement par desprélèvements
successifs de lait à la fois ledéveloppement
bactérien in situ et la réac- tionleucocytaire
consécutive à l’infection. Nous avons, dans ce travailportant
sur 81
brebis,
1° établi lescaractéristiques
de la croissance desstaphylocoques
dans lamamelle au cours des
3 6
heuresqui
suiventl’inoculation ;
2° étudié les caractèresgénéraux
de la réactionleucocytaire,
enparticulier
le moment et les conditions deson
déclenchement ;
3° montré que l’efficacité de laphagocy-tose
nedépend
ni dela
précocité
de laleucocytose
ni du titre des antitoxines xet ! ; 4 °
montré que lagravité
de l’infectiondépend
du titre des antitoxines x et; 3 , de
laquantité
de laitsécrétée,
du nombre de germes atteint par la culture.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
8r brebis vaccinées ou non, ont été inoculées par
injection
destaphylocoques
dans la mamelle. Les titres desanticorps
résultant de la vaccination(antitoxines
x et ! : .Btx et!t(3)
et la résistance à l’infectionexpérimentale
ont étédéjà rapportés
(r963). De même le matériel et les méthodes décrits dans lespublications précédentes
(1960.iq6 3 )
serontsimplement rappelés
ici.i. - Animaux
Les brebis, de race
Préalpes,
étaient, au moment de l’inoculation, en lactationdepuis
50(± la)jours
et étaient traites, matin et soir,depuis
i !jours. A chaque
traite, on mesurait àl’éprouvette,
la
quantité
de laitproduite
parchaque quartier (Q : production
moyenne duquartier
partraite).
Toutes les brebis étaient indemnes d’infection et, à 3
exceptions près,
neprésentaient
pas deséquelles
d’inflammation de la mamelle.
2
. - lnoculatio/l
L’inoculation consistait à
injecter
par le canal du trayon dans la mamelle,préalablement
vidéede son lait, o,2ml d’une
suspension
destaphylocoques
contenant entre 8 et 97 cellules. Ce nombre était déterminé par ensemencement surgélose
de 30inoculumsidentiques
et numération des colo- nies(Pto!rME’r,
r96o). Deux souches destaphylocoques
ont été utilisées : la souche 81-26, de typehémolytique o:¡38,
et, sur i2 brebis, la souche ioI-52 dérivée de laprécédente,
de type0 ([3.
Les deuxsouches
produisent
de lacoagulase
libre et de lacoagulase
liée, mais pas defibrinolysine.
Elles appar- tiennent à un même typesérologique
(p-(i )-16) (PILLET et al., r96z).3. - Prf7f:!t!!!h
Des échantillons de
quelques
ml de lait ou de sérosité inflammatoire ont été obtenus par traiteaseptique,
d’une part immédiatement avant l’inoculation(avant
la traite dusoir),
d’autre part 8 h, 12h, 16 h, 20h, 24h et 36 haprès
l’inoculation (avant les traites des 12e, 24eet 36eheures).
4
. - Numération des
staphylocoques
Les numérations ont été faites en ensemençant 0,1 ou 0,2ml de l’échantillon ou de ses dilutions décimales successives sur boîte de
gélose (Tryptose
BloodAgar
Base, additionné de 5 p. 100de sang de mouton) et en incubant 24 h à37 o C.
Les échantillonsprélevés
8 haprès
l’inoculation étaientensemencés sur 3 ou sur 5 boîtes, purs et à la dilution-1. Les autres échantillons étaient ense-
mencés sur 2 boîtes par dilution. On
comptait
ensuite les colonies destaphylocoques,
reconnaissables à
l’hémolyse caractéristique qu’elles
provoquent. En fait, on a presquetoujours
obtenu descultures pures, sauf pour
quelques-uns
des échantillonsprélevés
à la 8eheure,qui
contenaient unpetit
nombre demicrocoques.
Les échantillons des
premières
heures donnent régulièrement des résultats satisfaisants, lesécarts entre les doubles étant inférieurs à 20p. 100. Par contre les échantillons
prélevés
à la 16eheureet au-delà donnent
parfois
des écartsimportants
entre les doubles ou les dilutions successives : ils contiennent en effet desagglomérats
de cellules et de bactéries. Pour obvier à cet Inconvénient,ces échantillons ont été
homogénéisés,
avant numération, paragitation vigoureuse
dans des tubes de dilution contenant des billes de verre. Malgré cetteprécaution,
certaines numérations ont donné des écarts excessifs entre les doubles ; les résultats correspondants ont été considérés comme inuti- lisables. C’estpourquoi
il manque des données correspondant à un ouplusieurs prélèvements
surcertaines brebis.
5
. - B’rsmévations des cellules
infla ll1 l1latoires
Les cellules du lait ont été dénombrées par la méthode de BREED, colorant de NEWMAN, en uti- 7isant une anse calibrée pour le
prélèvement
et l’étalement du lait sur la lame. Les cellules ont étécomptées dans 5 à ,io
champs
(diamètre 0,°7 ou 0,14 mm selon le nombre de cellules parchamp)
afin que ]es résultats soient
reproductibles
à à 20p. 100dans les limites de LIa’ à r.ro’.Le nombre et la nature des cellules contenues dans le lait sont très
caractéristiques
de l’état de la mamelle : dans le lait de brebis, on trouve normalement moins de 50ooo cellules par ml ― cellulesépithéliales
surtout etquelques
rarespolynucléaires
- ce nombre peut atteindre 200 00o à l’occasion depetites perturbations
de la lactation, au sevrage, en cas de rétention parexemple.
Dans le laitdes brebis
guéries
d’une infection, - même très ancienne -, il existe toujours un nombreplus
important
de cellules,jusqu’à
!oo ooo par ml comprenant uneproportion
depolynucléaires comprise
entre
20et 5o p. 100du nombre total de cellules. Enpériode d’infection, les
cellules du lait sont tou-jours
très nombreuses et laproportion
despolynucléaires
atteint engénéral
go à 95p. 100. Sur lescourbes
représentant
les variations du nombre de cellules au cours de l’infection, les résultats des numérations faites avant le début de la réactionleucocytaire (R.L.)
ne sont pasfigurés :
ainsi lescourbes
représentent pratiquement
la variation du nombre deleucocvtes.
Compte tenu de ces don- nées, nous avons défini le début de la réactionleucocytaire
comme le moment où le nombre total de cellules atteint 250000. Il a été établi avec une bonneprécision
àpartir
des courbesreprésentant
les numérations successives
(tig.
l ilS).6. -- Gravité des mammites
Les mammites ont été classées en 6
degrés cliniques
selonl’importance
de la lésion tellequ’elle apparaît
à la 48eheure. Les degrés i et 2correspondent
à des mammiteslégères,
évoluantsoit vers une focalisation de l’infection (r), soit vers une extension
progressive
(2) ; lesdegrés
3 et 4correspondent
à des mammites graves, affectant l’état général des brebis, et donnant une inflamma-tion de la mamelle, moyenne
( 3 )
ou intense (4) ; lesdegrés
et 6correspondent
il des mammites très graves, avecgangrène
localisée à unepartie
de la mamelle( 5 )
ou affectant la totalité del’organe
(h).7
. - Ce que
représente
l’échantillonA
première
vue, l’échantillon de lait semblerait représenter une culture microbienne évoluantsous un volume variable : l’inoculation ayant été faite immédiatement
après
une traite, le volume de la culture augmente au fur et à mesure de la sécrétion de laitjusqu’à
la traite suivante, r 2 heuresaprès
l’inoculation.’
On doit
cependant rappeler
les deux faits suivants : 1° il reste dans la mamelleaprès
la traiteune
quantité
de lait de l’ordre de 20p. 100 de celle recueillie à la traite ; ce lait contenu dans lesacini s’écoule aussitôt vers le sinus
galactophore
de sorte que celui-ci, dont lacapacité
est de l’ordre de z5p. 100du volume d’une traite, seremplit
trèsrapidement,
dans les heuresqui
suivent la traite(R ICORDE
.#tT,
!i.2!RTI,’;FT, DENAMUR, 1963) ; z° la culture microbienne reste localisée, dans une 1>re- mièrephase
de l’infection, au sinus et aux gros canauxgalactophores.
Les échantillons de Ikt 8eet de la T 2e heures représentent donc, en fait, une culture microbienne à volume sensiblement constant.Après
la traite de la zze heure unegrande partie
de la culture est éliminée,puis remplacée progressivement
par du milieu neuf ; la 2ephase
de l’infection sedéveloppe
alors, la culture s’éten- dant auxpetits
canaux, aux acini pour atteindre enfin le tissu sécrétoire lui-mime.La 2e
phase
sedistingue cliniquement
de lapremière
parl’interruption
de la sécrétion etl’appa-
rition d’exsudat inflammatoire dans le lait. Le passage d’une
phase
à l’autre atoujours
lieuaprès
la rzeheure, en général entre la i6e heure et la zoeheure
après
l’inoculation.Les échantillons prélevés
pendant
lapremière
phase, parce qu’ils viennent d’une culture enmilieu
liquide,
sont assezreprésentatifs
de cette culture(quelques
résultats aberrants sont dusvraisemblablement à une
répartition irrégulière
des germes dans lesinus).
Les échantillonsprélevés
pendant la ze
phase
n’ont pas la mêmesignification.
L’extensionprogressive
de l’infection, lesvariations de volume de la culture, l’intervention des leucocytes ne permettent pas de considérer dans tous les cas l’échantillon comme une
image
exacte du processus infectieux. Si, dans les mammitesgraves, à extension
rapide,
l’échantillon est encore au début assezreprésentatif
de l’ensemble du fover infectieux, il n’en est certainement par la suite qu’une image trèsimparfaite.
Dans les mammiteslégères, l’inflauunation restant localisée à une fraction de la mamelle, l’échantillon
représente
unedilution de la culture dans du lait normal.
8. - Taux de ci,oiçs(i;zce (R) et temps de latence (t) apparents
Seloii les données précédentes, on peut considérer que la culture in vivo évolue à volume sensi- blemcnt constant, entre la 8eet la T 2eheures. On peut par
conséquent
calculer àpartir
des numé-ration, de 8 h
(V!),
de iz h( Y12 )
et en fonction de l’inoculum(y o )
le taux de croissance et la durée du temps de latence. Ces calculs supposent : 1° que l’onnéglige
laphase
intermédiaire, 2° que laphase exponentielle soit atteinte au
point
8 h, 3! que les nombres Y8 et y,2 soient connus avec uneprécision suffisante.
En
règle générale,
on a admis que la condition 2étaitremplie quand
lavaleur y 8
étaitsupérieure
à 100
puisque
celasupposait
unemultiplication
par 100 au moins de l’inoculum ; on a admis aussi que n&dquo; et >’12étaient connus, compte tenu des résultats des numérations, avec uneprécision
de ± 20p. 100. 1 tans ces conditions on a calculé 43valeurs de R
(R calculé)
et ç! valeurs de 1(t calculé).
L’erreursur les déterminations de R et de t résulte : 10de l’erreur sur les mesures de y8et )’12’ 2° de l’erreur
sur la mesure de yo ; cette dernière varie avec
l’importance
de l’inoculum(plus
il est petit,plus
l’erreur sur sa mesure est
grande)
et de l’estimation du volurne du sinusgalactophore.
En prenantune erreur sur l’inoculum
égale
à 2foisl’écart-type
de la distribution des inoculums dénombrés surboîte, et une erreur sur le volume du sinus égale à ± la p. 100
(v
= 0,25Q !
0,10Q)
on a calculél’erreur : 10 sur R : elle est
égale,
en valeur absolue à ± o,1 _5, 20sur t :elle
est inférieure à i h, saufdans 6 cas se rapportant à un très
petit
inoculum où elle est alorscomprise
entre i h et 2 h.1 >ans le cas où y8 < 100
germeslml,
les conditions énoncées plus haut ne sont pasremplies.
Il était alors inutile de faire des calculs
précis
àpartir
de donnéesapproximatives.
On nepouvait
pa;, pour autant,
rejeter
les résultatscorrespondants, qui
représententjustement
des cas où laphase
de latence est
particulièrement longue.
Apartir
des données existantes(Y!, Y12 )
on a fait alors uneestimation
graphique
de R (8 valeurs) ; pourt (iz valeurs),
on l’a estimé en se basant sur lepoint
Y12et en prenant arbitrairement R = 2afin d’éviter l’introduction d’une relation artificielle entre ces valeurs de R et de t. Les résultats
correspondants
sontdésignés
par R et 1 estimés.Les figures 1, 3 et 4
expliquent schématiquement
les modes de calcul et d’estimation de 1 : le segment AUreprésente
t « calculé »à partir
de R « calculé etdey 8
et yo ; le segment CI représentet a estimé à
à partir dey, a
etyoavec R = z. Le fait que les calculs et estimations de R et de t étaient basés sur un certain nombred’hypothèses,
nous a conduits àdésigner
12 et t sous le nom de tauxde croissance et temps de latence apparents.
9
. - Ji esure de
l’efficacité de
laphagocytose
Pour mesurer l’efficacité de la
phagocytose, plusieurs
critères étaient utilisables. Il nous a semble que le critère leplus
intéressant était de mesurer l’activitéglobale
de laphagocytose
sur la croissance bactérienne. Cette activité a été estimée par la valeur de R’, valeuréquivalente
au taux de croissance(aux
variations du volume de la cultureprès)
mesuréeaprès
la R.L. R’ a été calculé sur un intervalle de 4h, le nombre de germes aux points(R.L.)
et(R.L.
+ 4h) étant obtenu parinterpolation.
RÉSULTATS
I. - Croissance des
staphylocoques
dans la mamelleCompte
tenu des donnéesimprécises
oumanquantes,
les résultats obtenus sur8
1 brebis inoculées ont
permis
de tracer 68 courbesreprésentant
les variations du nombre destaphylocoques
dans lamamelle,
et de calculer ou d’estimer 51 valeurs de R et5 6
valeurs de t. Sur l’une des 3 brebisprésentant
desséquelles
d’inflammation la croissance desstaphylocoques
a débuté!8
heuresaprès l’inoculation,
au-delà de lapériode
d’observation.a)
Caractèresgénéraux
de la croissance.Les courbes obtenues
présentent,
entreelles,
degrandes différences ;
onpeut,
pourschématiser,
les classer en huittypes principaux (fig.
i à5)
selon laposition
du
point m (nombre
maximal degermes)
et selon lapente
de la courbe au-delà de m.Le tableau i
rapporte
ces éléments ainsi que le nombre de courbes pourchaque type :
m est situé entre les valeurs 1.10.5 et 6.io9
germes /ml
et entre lespoints
12h et3 6
h.Au-delà du
point
m, les courbesprésentent
soit une stabilisation du nombre de germes(type A, B, D),
soit une diminution nette(types E, F, G, H)
suivie elle-même d’une stabilisation à un niveau inférieur au maximum(H)
ou d’une nouvellemultiplica-
tion
(fig. 5).
Sur certaines courbes
(fig.
i,4 )
onpeut
voir une inflexion de lapente après
12 hrésultant de l’élimination d’une
partie
de la culture par la traite. Nous avons vérifié que letype
de la courbe nedépend
pas deQ.
Il y a une certaine relation entre letype
de courbe et lagravité
des mammites(tabl. 2 ).
b) Tem!s
de Latenceapparent (t).
Les
56
valeurs de t calculées ou estimées sontcomprises
entre o et 10(±
iheure),
avec une moyenne de 3,1 heures
(fig. 6).
Nous n’avons pas mis en évidence de rela- tions entre t d’unepart
et d’autrepart :
10Q
et )’0; 2°Atoc, At!
et les différentes vaccinationsauxquelles
les brebis avaient étésoumises ;
3° ni et letype
de la courbe.Le
premier
de ces troispoints
est conforme à ce que l’onpouvait
attendre parcomparaison
avec une culture in vitvo. Le secondpoint
montre que les vaccinationsn’apportent
pas au milieu de culture deschangements susceptibles
de modifier letemps
de latence. Le troisièmepoint enfin,
montre que l’évolution de la croissance in vivo estindépendante
dutemps
de latence.Il faut
cependant
remarquer que la variabilité de t,plus grande
que cellequ’on
obtient in vitro dans les conditions
comparables, suggère
l’existence d’un mécanisme d’inhibition. Le fait que deux ou trois brebis ayant desséquelles
d’inflammation de la mamelle au moment de l’inoculation aientprésenté
destemps
de latencelongs (6 h)
ouexceptionnels ( 4 S h) peut
faire penserqu’une phagocytose précoce
n’est pasétrangère
à cephénomène ;
iln’y
acependant
pas de relation sur l’ensemble des animaux entre t et le nombre de cellulesprésentes
dans le lait avant l’inoculation.c)
Taux de croissanceapparent (R).
Les
51 valeurs
de R calculées ou estimées sontcomprises
entre i et 3(± 0 , 15 ) (fig. 6)
avec une moyenne de1 ,8
soit untemps
degénération
de 33 minutes. Cesvaleurs, comparables
à celles que l’onpeut
obtenir invitro, suggèrent
quel’organisme n’oppose
aucune défense efficace contre l’infection à ce stade de la croissance(avant
la
R.L.).
Iln’y
a pas de relation entre R d’unepart
et d’autrepart :
1°Q.
Notonscependant
que sur les médiocres laitières(Q
< 50ml),
R estcompris
entre 1,2 et1
,7
(4 valeurs) ;
2°Atx, At!
et les différentesvaccinations ;
3° m et letype
de lacourbe.
Ces
constatations,
comme cellesqu’expose
leparagraphe précédent,
montrentque R ne
dépend
pas des facteurscontrôlés,
enparticulier
de la vaccination et que, d’un autrecôté,
R n’a pas d’influence sur l’é!-olution ultérieure de l’infection.Entre les valeurs calculées ou estimées de R, et de 1, il y a une relation nette ; en
particulier
auxphases
de latence lesplus longues correspondent,
en moyenne, destaux de croissance
élevés,
comme si une culture tardive comblait unepartie
de sonretard par une croissance
plus rapide.
Onpeut voir,
parexemple,
sur lafigure
6 que les valeurs estimées de t,qui
sont toutesplus grandes
que 4,correspondent
à desvaleurs estimées de R
généralement supérieures
à la moyenne. Cette relation résulte, selon toutevraisemblance,
d’erreurssystématiques
enplus
ou en moins sur les numé-rations de y,. Erreur par excès
quand
l’échantillonreprésente
non pas une fraction d’une culturehomogène
mais lapartie
laplus dense,
cellequi
est située dans le canal du trayon, au lieu d’inoculation. Erreur pardéfaut,
sur les valeurs dey,les plus basses,
cellesqu’on
obtient par numération sansdilution,
c’est-à-dire sans dissociation desagglutinats
éventuels. Lepremier type
d’erreur doits’appliquer
à 5 ou 6 détermi-nations,
pourlesquelles
la valeur de 1 est peu vraisemblable(t
voisin dezéro).
I,esecond
type
doits’appliquer,
àl’inverse,
aux courbes oit t est anormalementlong.
d)
Nombve maximum de germes(m).
Le nombre maximum de germes est
compris,
selon lesbrebis,
entre 1.10&dquo; et 6. iogermesjml ;
il estindépendant
de R et de t. Iln’y
a pas de relations entre m etQ (toute- fois,
les brebisproduisant
peu de lait(Q
<50 )
ont des valeurs de m inférieures à2
.io’).
Parailleurs,
comme le montre lafigure
10, iii estindépendant
de Atx etA15.
Les relations entre m et la
gravité
des mammites seront étudiéesplus
loin.II. - Réaction
leucocytaire (R.L.) a)
Caractèresgénéraux
de la R.L.La R.L. se traduit par
l’apparition
d’un nombrerapidement
croissant de leuco-cytes (polynucléaires
go p.100 )
dans les échantillons successifs delait ;
cette réactionest très
caractéristique
du début de l’inflammation. I,espolynucléaires
restentprédo-
minants au cours de l’évolution de
l’infection,
maispeuvent présenter
des altérationsplus
ou moinsprononcées,
allantjusqu’à
lalyse complète
dans les cas de mammitegangréneuse ;
leslymphocytes
n’étant paslysés
restent alors les seules cellules dénom- brables. La R.L. seproduit
en moyenne m,2 haprès
le début de la croissance.L’examen des
figures
ià
montre que la R.I,.peut
être suivie : 1° d’une in- flexion de la courbe de croissance(C, F) ;
2° d’un arrêt de la croissance(B, D) ;
3
°
d’une décroissanceprécoce (G, H)
ou tardive(E) ; 4 °
d’aucune modification(A).
Ces différents résultats
peuvent
êtreinterprétés
comme la traduction d’unephago- cytose plus
ou moins efficace. Deux facteursparaissaient
apriori susceptibles
d’avoirune certaine influence sur l’efficacité de la
phagocytose :
iolaprécocité
de la R.I,. ;
2
° la
présence
et le titre desanticorps antitoxiques.
b)
Liaisons entre la croissance bactérienne et la R.L.Entre la R.L. et la croissance
bactérienne,
deuxtypes
de liaisonsréciproques
existent : la croissance induit la R.L.
qui agit
en retourplus
ou moins efficacementsur celle-là. Nous allons
analyser
successivement ces deux liaisons :Si la R.L. a lieu en moyenne m,2 h
après
le début de la croissancebactérienne,
les écarts observés sont
cependant
assezgrands (écart-type 2 ,8)
pour que l’onpuisse
dire que la
précocité
de la R.I,. est très variable selon les animaux. Onpourrait
donc supposer que les différents animaux
répondent plus
ou moinsrapidement
àun même stimulus
représenté
par une culture bactérienne en croissance.Pour vérifier cette
hypothèse
on acomparé
le stade de la croissance bacté- rienne sur les différents animaux dans les heuresprécédant
la R.L. Pourcela,
on asuperposé
les courbes de croissanceaprès
avoir effectué une translation telle quel’origine soit,
pour toutes lescourbes,
le moment de la R.L. Lafigure
7 schématise cetteopération
enreprésentant
d’unepart
les courbes moyennes calculées pour chacun destypes,
d’autrepart
des courbessymbolisant
la moyennegénérale
et ladispersion
des résultats. Cettefigure
montre nettement ceci :pendant
lapériode
de2 à 4 h
qui précède
laR.I,.,
le nombre de germes existant àchaque
instant dans lefoyer
infectieux diffère peu d’une brebis à l’autre. Les moyennes etécarts-types
sont,en
effet,
pour lespoints
2 h, 3 h et 4 h avant la R.L.respectivement :
5,1 ± o,4g ;4,6
± 0,47 ; 4,10 ± 0,49. Les valeurs despoints
situés depart
et d’autre sont nette- mentplus dispersées ;
pour oh,
ih,
5 h avant la R.L.respectivement,
ce sont :5,8
9
±o,6z ;
5,4 ±0 ,68 ; 3 ,6 1
± o,92.La conclusion de cette observation est que la R.L. est déclenchée chez toutes les brebis par un stimulus sensiblement
identique, représenté
par la culture en crois-sance à un stade
donné ;
onpeut
parexemple
dire que la R.L.apparaît
3 ± i heuresaprès
que la culture ait atteint le niveau de 40ooogermes ml.
Néanmoins le nombre de germes au moment de la R.I,. varie dans d’assez
larges
limites
(fig.
7 et8)
pour deux raisons : les taux de croissance sont assez différents d’une courbe àl’autre ;
laphagocytose peut
débuter en fait avant le moment de la R.L. : celle-ci a été définie par un nombre de 25000o cellules parml,
cequi
n’exclutpas la
présence
deleucocytes
efficaces avant ce moment. Onpeut
parexemple
remar-quer sur la
figure
7 que la courbe moyenne detype
G(type
de courbecorrespondant
à une
phagocytose efficace)
s’écarte nettement de la croissance moyenne une et deux heures avant la R.L.Pour étudier les liaisons du 2e
type,
il est intéressant de considérer lerapport
du nombre destaphylocoques
au nombre deleucocytes
à un momentdonné ;
onpeut
facilement concevoir que l’efficacité de laphagocytose puisse
endépendre. Si
on choisit le moment de la R.L., le
rapport
a les valeurs suivantes : moyenne 3,r;moyenne ±
écart-type
0,73 et i3 ; valeurs extrêmes observées o,04 et 100. Lafigure
8 montre clairement
qu’il n’y
a pas de relation entre l’efficacité de laphagocytose
estimée par R’ et le
rapport précédent, exprimé
par le nombre de germes au moment de la R.I,.c)
Relations entre laphagocytose
et lesanticov!s antitoxiques.
La
figure
9 montre que l’efficacité de laphagocytose
n’est pas en relation avecle titre de l’antitoxine 0(. Cette absence de relation a été constatée de la même manière entre R’ et le titre de l’antitoxine
p,
et avec les différentstypes
de vaccination utilisés(corps microbiens,
toxine8)
et aussi avec R etQ.
Ainsi,
les différences d’efficacité de laphagocytose
nepeuvent
êtreexpliquées
ni par une différence de
précocité
de la R.I,. parrapport
à la croissancebactérienne,
ni par une actionleucotoxique
éventuelle des toxines x et3.
Les altérations des leu-cocytes
observées au cours de l’infection ne sont d’ailleurs pas en relation avec le titre des antitoxines 0( et!.
Ces altérationsprouvent cependant
que l’actionprinci- pale
desstaphylocoques,
à cestade,
estdirigée
vers lesleucocytes. L’hypothèse
selonlaquelle
l’efficacité dela phagocytose
serait sous ladépendance d’anticorps
antileu-cotoxines non contrôlés
paraît
assez vraisemblable.L’observation,
faite àplusieurs.
reprises
d’unephagocytose
efficace endébut d’infection, puis
cédantbrusquement (par exemple fig 5 ) s’expliquerait
dans cettehypothèse
parl’épuisement
desanticorps
intéressés.
III. - Gravité de
l’infection
La
gravité
del’infection,
définie par l’étendue et l’intensité deslésions,
résultede la croissance bactérienne in vivo : il faut donc s’attendre à trouver une relation directe entre la croissance et la
gravité.
Eneffet,
le coefficient de corrélation entre lagravité,
définie par les 6degrés décrits,
etlog
m estpositif (rm
_ -f- 0,593 etsignificatif (P #
0,01 pour6 3 données).
Nous avions
déjà
montré que lagravité dépend
deAtx,
deAt3
et deQ.
Cettedépendance pouvait
être aussi êtreexprimée
par la corrélation entre chacune de cesdonnées
prise indépendamment
et lagravité.
Les coefficients sont toussignificatifs (1’ ! o,oi)
et ont les valeurs suivantes(données
transformées enlog (x
+i) :
Ces variables :
Q, Atx, At!,
m étantindépendantes
entre elles(fig. io),
onpeut cependant
penser que leur association dans uneéquation
derégression
linéaire mul-tiple
estsusceptible
d’améliorer laprédiction
de lagravité
G. Il est à noter que, si entre Atx etAtp
il existe sur l’ensemble des valeurs une relation due autype
même- del’expérience,
les brebis vaccinées recevant simultanément les toxines x et(3,
àl’intérieur des groupes oc
et3
sontindépendants.
D’autrepart,
s’il existe une certaine relation entre m etQ
sur les brebis faibleslaitières,
ceci ne constitue que de.très. rares.exceptions.
Ayant précédemment
calculél’équation
derégression
linéaire entre G etQ,
!t«, Atp :
nous avons vérifié ce résultat et étudié la liaison entre les résidus
(G-G)
et la nou-velle variable m. I,e coefficient de corrélation obtenu est de -!- 0,52
(P ! 0,01).
L’in- troduction de la nouvelle variable m d ans uneéquation
à4 variables
sejustifie
doncpleinement.
Nous donnons ci-dessous les valeurs des 2
équations
derégression
et des coeffi-cients de corrélation
multiple correspondants.
A titre indicatif nous avons
représenté schématiquement
la distribution des écarts de(G-G)
dans les 2 cas(fig. ii).
Il est clair que mapporte
une améliora- tion de laprédiction par rapport à l’équation (i)
citéprécédemment.
Les coefficients derégression partielle
del’équation ( 2 )
sontsignificatifs.
Ils sont
significatifs (P !
0,05 pourQ
et P ! 0,01 pour na, AtDc-X1p (Test
T2:respectivement 5,8!4 ; m, 59 8 ; 8, 01 8 ; 2f>,o6!).
Onpeut
parconséquent
fairel’hy- pothèse
suivante : lagravité
des lésions est fonction de laquantité
des toxines ceet p produites
et non neutralisées par lesantitoxines ;
laquantité
de toxine est elle-même
proportionnelle
au nombre total de germes existant dans lefoyer infectieux,
ce nombre étant
représenté
par leproduit
m XQ.
Nous admettrons
qu’il
ne faut pas attribuer à uneanalyse
de cetype
une valeurabsolue,
car elle repose audépart
sur certainshypothèses
etapproximations ;
c’estainsi que dans l’estimation de la