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PERCEPTIONS AND ADAPTATION STRATEGIES OF PRODUCERS OF RAINFED AND VEGETABLE CROPS IN THE CONTEXT OF CLIMATE CHANGE IN NIKKI IN BENIN

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RÉSUMÉ

Le changement climatique constitue un défi majeur pour l’agriculture au Bénin. Cette étude conduite dans la commune de Nikki a pour objectif de rechercher des stratégies d’adaptation mises en œuvre par les producteurs des cultures maraîchères et pluviales, en vue d’atténuer les effets du changement climatique. Les données ont été collectées à tra- vers l’observation participante, les discussions par focus groups et l’interview de 240 chefs de ménages. Les données ont été traitées avec le logiciel Statistical Package for Social Sciences (SPSS) version 17.0. Les résultats montrent que les producteurs perçoivent le changement du climat à travers la variabilité des précipitations, de la température et un savoir traditionnel. Les principaux impacts du changement climatique sur les cultures maraîchères sont la perte des superficies cultivées, la baisse des rendements, la baisse de la disponibilité en eau pendant la saison sèche et l’assèchement des cultures. Les principaux impacts du changement climatique sur les cultures pluviales sont l’érosion des sols, l’augmentation du nombre de semis, la prolifération des ravageurs et la baisse des rendements. Les options d’adaptation prioritaires pour les cultures maraîchères sont les variétés résistantes à la chaleur, les puits plus profonds et le désensablement des mares. Les variétés de semences à cycle court, la modification du calendrier de semis et l’utilisation des produits phytosanitaires constituent les options prioritaires pour les cultures pluviales.

Mots-clés : Bénin, Changement climatique, Cultures maraîchères, Cultures pluviales, Stratégies d’adaptation

ABSTRACT

Climate change is a major challenge for agriculture in Benin. The aim of this study, carried out in the com- mune of Nikki, is to find adaptation strategies implemented by producers of vegetable and rain-fed crops, in order to mitigate the effects of climate change. The data were collected through participant observation, focus group discussions and the interview of 240 household heads. The data were processed with Statistical Package for Social Sciences (SPSS) version 17.0. The results show that producers perceive climate change through the variability of precipitation, temperature and traditional knowledge. The main impacts of climate change on vegetable crops are the loss of cultivated areas, lower yields, lower water availability during the dry season and drying up of crops. The main impacts of climate change on rain-fed crops are soil erosion, increased planting, proliferation of pests and lower yields. Priority adaptation options for vegetable crops are heat-resistant varieties, deeper wells and the desensitization of ponds. The use of short-cycle seed variet- ies, changing sowing schedule and the increased use of inputs are the priority options for rain-fed crops.

PERCEPTIONS ET STRATÉGIES D’ADAPTATION DES PRODUCTEURS DES CULTURES PLUVIALES ET MARAÎCHÈRES DANS LE CONTEXTE

DU CHANGEMENT CLIMATIQUE À NIKKI AU BÉNIN

PERCEPTIONS AND ADAPTATION STRATEGIES OF PRODUCERS OF RAINFED AND VEGETABLE CROPS IN THE CONTEXT OF CLIMATE

CHANGE IN NIKKI IN BENIN

Moussa KONE Maître-Assistant moussakci@yahoo.fr Olouwafèmi Clarisse AFOUDA

Etudiante

afoudaclarisse1@gmail.com

Université Félix Houphouët-Boigny, Cocody-Abidjan, Côte d’Ivoire

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INTRODUCTION

Le changement climatique constitue une menace majeure pour l’environnement et le développement agricole mondial (GIEC, 2007, p. 2). En Afrique de l’ouest, le changement climatique se manifeste par une mauvaise distribution spatio-temporelle des précipitations, des inondations, des poches de sécheresse de plus en plus fréquentes et une augmentation des températures (I. Mindri et al., 2017, p. 1). Ces modifications sont supposées dépasser les limites de la capacité d’adaptation des agriculteurs aux conditions changeantes.

Les simulations du GIEC montrent que les communautés pauvres seront les plus vulnérables du fait de leurs capacités d’adaptation limitées et de leur grande dépendance des ressources à forte sensibilité cli- matique telles que les ressources en eau et les systèmes de production agricoles (D. Agossou et al., 2012, p. 566). Au Bénin, le diagnostic des effets du changement climatique révèle que les zones agro-écologiques du centre et du nord du pays sont les plus vulnérables (E. D. Yaï et al., 2014, pp. 1-5). La recrudescence des fortes pluies a entraîné la destruction de 25 000 ha de cultures vivrières et 1 204 ha de champs de coton en 2007. Au total, 53 674 producteurs ont été touchés par cette catastrophe à l’origine des dégâts estimés à 9,4 milliards de FCFA (E. D. Yaï et al., 2014, pp. 1-5). En plus, la crise alimentaire enregistrée de la fin de 2007 jusqu’au début de l’année 2008 a aggravé l’insécurité alimentaire. Plus de 78 % de la population rurale ont été touchés par cette crise (LARES, 2011, p 18).

Nikki est l’une des communes du Bénin les plus touchées par les effets du changement climatique. Cette commune est caractérisée par une diminution des précipitations et une hausse des températures depuis environ deux décennies. Les manifestations du changement climatique entrainent la perte des superficies cultivables par inondation, la baisse de la perméabilité et de la fertilité des sols (Yai et al., 2014, p. 2). Tous ces problèmes ont des conséquences sur les cultures à dominance pluviale et sur la sécurité alimentaire.

Un tel contexte d’incertitude amène à s’intéresser de manière plus approfondie aux efforts d’adaptation plus efficaces et durables des producteurs agricoles. Dans ce contexte, plusieurs questions structurent cet article, notamment quels sont les impacts du changement climatique sur les cultures pluviales et maraî- chères ? Comment les producteurs agricoles perçoivent-ils le changement climatique ? Quels sont les efforts d’adaptation faits par les cultivateurs ? Les objectifs sont d’analyser les impacts du changement climatique sur des cultures pluviales et maraîchères, d’examiner les perceptions des producteurs agricoles et d’identifier les stratégies d’adaptation mises en œuvre par les producteurs dans les domaines du maraîchage et de la culture pluviale. La présente étude a été conduite dans la commune de Nikki au nord du Bénin.

1. PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE ET DU SITE DE RECHERCHE

La présente étude a été conduite dans la zone agro-écologique du nord du Bénin (Figure 1). Au Bénin, l’agriculture constitue l’activité principale de près de 70% de la population active et contribue au Produit Intérieur Brut (PIB) à hauteur de 36 % (R. Dimon, 2008, p. 58). La zone agro-écologique du nord du Bénin, est majoritairement composée d’une population active, pratiquant la culture pluviale et maraîchère. Cette zone a enregistré beaucoup d’effets néfastes des perturbations climatiques, ces dernières années (MEPN, 2008, p.55).

La commune de Nikki a été sélectionnée comme site de recherche parce qu’elle est l’une des communes les plus touchées par les effets du changement climatique depuis environ deux décennies. En effet, la hausse des températures et la baisse des précipitations constatées dans la commune entrainent le non-respect des calendriers et la baisse des rendements agricoles (M. Nouhou Koutcha, 2012, p. 45). La commune de Nikki est située au Nord-Est du Bénin dans le département du Borgou entre les latitudes 9°37’ et 10°15’ Nord et les longitudes 2°46’ et 3°36’ (Figure 1).

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Figure 1 : Situation géographique de la commune de Nikki au Bénin Source : Institut de Géographie Nationale du Bénin (IGN), 2019

La commune de Nikki s’étend sur une superficie de 3 171 km² répartie en sept arrondissements : Nikki, Biro, Gnonkourakali, Ouénou, Sèrékalé, Suya et Tasso. Elle est située sur un relief très peu accidenté com- posé de plaines et de collines (E. Totin, 2004, p. 4). Les principaux types de sols sont les sols ferrugineux tropicaux, très profonds, perméables et poreux (A. Roch, 2006, p. 40). Ils sont particulièrement propices à la culture du coton et sont sensibles à l’érosion (R. Abdoulaye, 2017, p. 9).

Le climat de la commune de Nikki est de type soudano-guinéen qui se caractérise par une seule saison de pluies (avril à octobre) et une seule saison sèche (novembre à mars). Les moyennes annuelles des préci- pitations oscillent entre 1 000 et 1 200 mm. La température varie entre 27°c et 35°c (E. D. Yaïet al., 2014, pp.

1-5). L’insuffisance des pluies a une forte influence sur la production agricole (E. D. Yaï et al., 2014, p. 36).

La commune de Nikki est très disséquée par les cours d’eau naturels et quelques retenues d’eau (E.

Totin, 2004, p. 3). La végétation est composée de savanes boisées, savanes arborées, savanes arbustives, et de forêts claires par endroits. Mais l’action de l’homme a fait naitre une végétation « humanisée » (S.

Orou Onka, 2014, p. 30).

La croissance de la population de la commune a connu une évolution fulgurante ces 10 dernières années, passant de 99 251 en 2002 à 151 232 en 2012 (RGPH 4, 2013, p. 28). Cette population est composée de plusieurs groupes ethniques, notamment les Baribas, Peulh, Dendi, Yoruba, Otamari et Fon. Les niveaux de production de la commune de Nikki dans celle nationale annuelle représentent plus de 45 % pour le coton, 20 % pour le maïs, 15 % pour le sorgho (E. D. Yaï et al., 2014, p. 25). L’élevage (15 %) et le commerce (4%) sont des activités moins prépondérantes (A. Arouna et al., 2011, p. 13).

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2. MÉTHODOLOGIE

La démarche méthodologique utilisée pour mieux comprendre les perceptions des populations locales du changement climatique et les stratégies qu’elles développent, est une combinaison d’approches quali- tative et quantitative.

2.1. DONNEES COLLECTEES

Les deux cultures pluviales sélectionnées sont le coton et le maïs à cause de leur grande importance économique et, du fait qu’ils disposent de calendriers agricoles spécifiques (E. Totin, 2004, p. 4). Le chou, la carotte, la tomate, le piment, l’oignon sont les cultures maraîchères sélectionnées, parce qu’elles sont destinées à l’alimentation de la population locale et à la commercialisation dans les villes voisines.

Les données concernant les impacts du changement climatique sur les cultures maraîchères et pluviales sont relatives aux variables impactées : les semences utilisées, le cycle des cultures, la croissance des cultures, les problèmes phytosanitaires, les rendements des cultures et la disponibilité en eau. La perception des agriculteurs sur la hausse de la température, le démarrage tardif des pluies, les inondations, la baisse du cumul pluviométrique et la sècheresse a été recueillie. Les données relatives à la stratégie d’adaptation des paysans concernent leurs efforts pour faire face aux effets de l’inondation, au démarrage tardif de la pluie, à la sécheresse, à la hausse de la température, aux problèmes phytosanitaires, aux problèmes de disponibilité en eau et au faible rendement des cultures.

2.2. ECHANTILLON DE COLLECTE DES DONNÉES

Les enquêtes de terrain ont été conduites dans quatre arrondissements sur les sept de la commune : Nikki, Gnonkourakali, Sèrékalé et Suya. Ils ont été sélectionnés sur la base de leurs productions agricoles très élevées dans la zone d’étude, contrairement aux trois autres arrondissements qui sont beaucoup plus urbanisés.

Un échantillon de 240 exploitants agricoles a été enquêté. L’échantillonnage a été effectué en tenant compte du type de culture et de la catégorisation des producteurs. Le critère de catégorisation des producteurs est le nombre de charrues possédées et utilisées. Les producteurs ont été regroupés en trois catégories : (i) les petits producteurs sont ceux qui n’ont pas de charrue ; (ii) les producteurs moyens sont ceux qui ont une seule charrue ; (iii) les grands producteurs sont ceux qui ont deux ou plusieurs charrues.

L’échantillonnage a été fait à partir de la liste des chefs d’exploitation de chaque localité. Les producteurs sélectionnés sont des chefs d’exploitation ayant au moins 50 ans d’âge. Cette barrière d’âge s’explique par le fait de vouloir remonter à 30 ans en arrière à travers les questions à poser pour analyser les faits liés au changement climatique.

2.3. COLLECTE DES DONNÉES

Les données ont été collectées à travers l’observation participante, la discussion par focus group et l’enquête par questionnaire. L’observation participante a permis d’observer les impacts des inondations, de la sécheresse et de la hausse des températures sur les semences, du démarrage tardif des pluies sur les cultures, de la destruction des cultures par des insectes nuisibles. Elle a permis également d’observer les stratégies que les producteurs développent pour faire face à chaque impact climatique. Des entretiens ont été effectués sous la forme de discussions en groupes. Au total, par arrondissement, deux focus groups de dix hommes et un focus group de dix femmes ont été organisés.

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2.4. TRAITEMENT DES DONNEES

Les données ont été dépouillées et traitées. Le logiciel Statistical Package for Social Sciences (SPSS) version 17.0 a été utilisé pour le traitement statistique des données tandis que le tableur Excel a permis de réaliser les tableaux et les graphiques. Le logiciel de cartographie ArcGIS version 10.1 a été utilisé pour réaliser la carte. Le logiciel Microsoft Word a permis de faire la saisie et le traitement de texte. Le traitement des données et l’analyse des informations ont permis d’aboutir aux résultats ci-dessous.

3. RÉSULTATS

3.1. IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES CULTURES PLUVIALES ET MARAÎCHÈRES

3.1.1. Impacts du changement climatique sur les cultures pluviales

Les résultats indiquent que le manque d’eau pour la culture du maïs empêche la germination des semences.

En plus, pendant la croissance du maïs, le manque d’eau est un facteur limitant de son développement et ses feuilles s’assèchent. D’autre part, l’excès d’eau pour la production du maïs entraine le jaunissement de ses feuilles. La hausse de la température est favorable à l’apparition des chenilles qui détruisent les jeunes plantes et perforent les feuilles du maïs. Selon les personnes enquêtées, le manque d’eau, l’excès en eau et la hausse de la température sont à l’origine de la mauvaise qualité des produits récoltés.

Le coton est une culture très exigeante et sensible (B. A. Monteny et al., 1969, p. 6). La majorité des producteurs enquêtés affirme que le manque d’eau sur un champ de coton pendant la période de floraison et de la formation des capsules, empêche l’ouverture des capsules (B. A. Monteny et al., 1969, p. 9). Par contre, l’excès de pluies sur un temps court provoque des inondations sur les parcelles de coton situées dans les bas-fonds. Pour les champs de coton situés sur le versant, l’excès de pluies érode les sols, entrainant des pertes à la récolte. En plus, la hausse des températures et le démarrage tardif de la saison pluvieuse sont à l’origine de la prolifération des insectes, tels que les Heliothisarmigeria qui détruisent les cotonniers.

3.1.2. Impacts du changement climatique sur les cultures maraîchères

Les cultures maraîchères telles que la carotte, la tomate, les choux, les feuilles de laitues, et l’oignon ont des besoins élevés en eau (400-700 mm) et préfèrent des températures douces (20 à 30°C) pour leurs croissances (O. C. Afouda, 2019, p. 49). Par exemple, l’itinéraire technique du piment recommande qu’en saison sèche, il faut 20 litres d’eau par jour et par m2 (L. Fondio, 2009, p. 3). Les maraîchers enquêtés indiquent que le manque d’eau pour la culture de tomate et du piment par exemple entraîne l’assèchement des feuilles et une baisse de rendement. D’autre part, selon eux, l’excès de pluies sur une période courte dans des bas-fonds provoque une forte inondation et une perte de récoltes.

Les maraîchers indiquent que les baisses de rendement observées au niveau des choux et des feuilles de laitues sont dues à la prolifération et aux fortes attaques des insectes ravageurs. La baisse de rende- ment constatée au niveau de l’oignon et de la carotte est due au manque d’eau et à la forte température.

Après l’examen des impacts du changement climatique sur le maïs, le coton et les cultures maraîchères, la présente étude a investigué les perceptions du changement climatique des producteurs agricoles.

3.2. PERCEPTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE DES PRODUCTEURS

Concernant la perception paysanne sur l’évolution du climat, presque toutes les personnes interviewées (100% à Gnonkourakali, 95% à Sèrékalé, 93% à Nikki) indiquent que le climat de la région a changé (Tableau I).

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Tableau I : Perception paysanne (%) sur l’évolution du climat

Localités Le climat a changé Le climat n’a pas changé Je ne sais pas

Nikki 93 2 5

Gnonkourakali 100 0 0

Sèrèkalé 95 2 3

Source : Enquête de terrain, 2017

La population paysanne perçoit le changement du climat à travers la variabilité des précipitations. Un taux de 72% de la population enquêtée à Nikki estime que la variabilité des pluies s’est accrue actuellement contre 95% à Gnonkourakali et 81% à Sèrékalé (Tableau II).

Tableau II : Proportions des paysans (%) s’exprimant sur la variabilité des précipitations

Localité Variabilité accrue Variabilité non accrue

Nikki 72 28

Gnonkourakali 95 5

Sèrèkalé 81 19

Source : Enquête de terrain, 2017

Les populations locales perçoivent le changement climatique à travers un savoir traditionnel qui leur permet d’identifier le début et la fin de la saison des pluies. Les populations locales identifient le début de la saison des pluies grâce au sens du vent Ouest-Est et à la venue des cigognes. Ils reconnaissent la fin de la saison pluvieuse à l’aide du sens du vent Est-Ouest et de l’apparition des papillons. Les paysans s’attendent à une bonne saison pluvieuse, lorsqu’elles constatent une bonne fructification de Boscia senegalensis et de Balanites aegyptiaca. Les enquêtés indiquent qu’une séquence sèche de 20 jours après le semis, ainsi qu’un départ hâtif des cigognes présagent une mauvaise saison des pluies. L’indicateur local de persistance de la sécheresse est le tarissement précoce des mares et cours d’eau au fil des années.

La perception des paysans sur l’évolution du climat transparaît également dans les adages, les chansons et les dictons. Par exemple, « Nangoura » signifie pluie de bétail ; « Houindobougoura » signifie pluie de chance et « Goura sonpiii » veut dire pluie à contre goutte ; « Goura sanoudiroudibissoussa » signifie « c’est la période des pluies pourtant le toit des maisons est encore sale ». « Gourousonpii » signifie pluies à contre goutte avec lever du soleil. Ce vocable caractérise les pluies légères qui tombent malgré l’ensoleillement.

Selon les agriculteurs, elles sont plus fréquentes ces deux dernières décennies.

Au total, les paysans de la commune de Nikki perçoivent très bien le changement climatique qui a lieu. Ils utilisent différentes stratégies pour s’adapter.

3.3. STRATEGIES D’ADAPTATION POUR FAIRE FACE AUX IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Pour limiter les effets induits par le changement climatique, les producteurs agricoles développent des stratégies, notamment l’adaptation technique, l’adaptation stratégique et l’adaptation institutionnelle.

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3.3.1. L’adaptation technique

L’adaptation technique est l’ensemble des techniques que les cultivateurs utilisent pour résoudre les problèmes liés aux effets néfastes du changement climatique sur les cultures. Elle se manifeste par l’inten- sification de l’utilisation des intrants dans les champs de maïs, coton et dans les cultures maraîchères. La prolifération et la forte attaque des insectes ravageurs tels que les Aphiscrassivora, les Megaburothrips et les Heliothisarmigeria sur les cotonniers et le maïs obligent les paysans à une forte utilisation des insecticides tels que l’endosulfan pour le traitement des plants.

D’autres types d’adaptation technique sont les semis précoces sans labour puis sarclobuttage, les semis échelonnés et les semis répétés. Le premier consiste à semer de manière précoce sur des parcelles net- toyées, mais non labourées et dont les anciens sillons sont utilisés, afin de tirer profit des premières pluies du mois de mai. Les semis échelonnés consistent à semer à différentes décades la même culture sur des parcelles différentes. Environ 95% des producteurs enquêtés effectuent des semis échelonnés pour le coton et le maïs. Les semis répétés consistent à semer plusieurs fois la même variété de culture dans un même champ, au cours de la même saison culturale dans le but de remplacer des plants fanés. Cette pratique est souvent observée pour les cultures du maïs et du coton.

3.3.2. Adaptation stratégique

L’adaptation stratégique consiste à exercer un autre métier pour se procurer de l’argent, suite aux condi- tions défavorables du climat pour la pratique des activités agricoles, en attendant le démarrage de la saison pluvieuse. Dans la commune de Nikki, les petits producteurs et les producteurs moyens s’adonnent aux activités d’élevage de volailles, de la pêche, de la vente du bois de chauffe, de fabrication de charbon de bois et à leur vente. Les grands producteurs pratiquent majoritairement l’élevage des bœufs, des moutons et des chèvres qu’ils vendent. D’autres producteurs optent pour l’exode rural. Au regard du niveau élevé de la vulnérabilité des paysans, l’Etat apporte son aide dans les périodes défavorables du climat à travers les institutions.

3.3.3. Adaptation institutionnelle

Pour améliorer les conditions de vies des agriculteurs de cultures pluviales et maraîchères, certaines institutions leurs viennent en aide. Les institutions telles que l’Institut National des Recherches Agricoles au Bénin du Borgou/Alibori (INRAB), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO-Bénin) et le Centre de Formation Continue en Agriculture (CFCA) organisent des formations. Ces instituts renforcent les capacités de production et d’adaptation des paysans. Ils dotent les producteurs de cultures pluviales et maraîchères de motopompes, tuyaux et de charrues. Ils leur fournissent également des produits phytosanitaires pour lutter contre les insectes dévastateurs des cultures. Grâce aux actions de ces instituts, plusieurs sites maraîchers sont dotés de puits bétonnés et de piscines pour faciliter l’irrigation des cultures (Photo 1).

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Photo 1 : Bassin-piscine sur un site maraicher (A) et puits bétonné sur un site maraîcher (B) Source : Enquête de terrain, décembre 2017

L’INRAB, le CFCA et FAO-Bénin fournissent des variétés de semences pluviales pour produire durant la saison des pluies et des semences adaptées à la chaleur pendant les saisons sèches. Ces instituts construisent pour les maraîchers des hangars pour la conservation de l’oignon.

4. DISCUSSION

4.1. PERCEPTIONS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les producteurs de la commune de Nikki perçoivent le changement climatique à travers plusieurs para- mètres (variation des précipitations et des cumuls pluviométriques) et indicateurs (Mouvement des cigognes, tarissement des marres, sens du vent). La présente étude corrobore avec plusieurs recherches antérieures effectuées au Bénin et en Afrique de l’Ouest. En effet, P. C. Gnanglè et al., (2012, p. 139) indiquent qu’au Nord-Bénin les paysans perçoivent également le changement climatique à travers les poches de sèche- resse, le tarissement des marigots et la baisse des rendements des cultures en association avec le karité.

S. Doumbia et M. E. Depieu (2013, p. 4826) montrent que les riziculteurs de la région de Daloa en Côte d’Ivoire appréhendent le changement climatique grâce à l’analyse de la pluviométrie et de la température.

4.2. STRATEGIES D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Pour survivre, les paysans adoptent plusieurs stratégies : l’adoption des variétés à cycle court, la lutte contre les insectes nuisibles, la fertilisation des sols et les aménagements antiérosifs. Ces résultats concordent avec ceux d’I. Amoukou (2009, p. 178) qui a montré que le paillage et le labour à la charrue sont des techniques d’adaptation en cours dans la zone de recherche.

En dépit de tous ces efforts, les nombreuses stratégies ne permettent pas aux producteurs d’efficacement s’adapter aux effets néfastes du changement climatique. Par exemple, certains paysans estiment que les variétés précoces disponibles actuellement ne résistent pas aux longues séquences sèches. Selon l’expérience des maraîchers, les variétés indiquées comme résistantes ne le sont pas en réalité (M. Nouhou Koutcha, 2012, p. 66). Les résultats de la présente étude confirment ainsi celui de S. Okano (2016, p. 39) au Congo et en Centrafrique qui indique que les paysans savent que leurs pratiques endogènes d’adaptation ne sont que des expérimentations compte tenu du degré d’incertitude qui entoure les prévisions sur le changement climatique.

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CONCLUSION

Le but de cette étude a été d’identifier les stratégies d’adaptation efficaces pour limiter les impacts négatifs du changement climatique sur les cultures pluviales et maraîchères. La population locale paysanne perçoit le changement climatique à travers le cumul pluviométrique, la température et la variabilité des précipita- tions. Les adages, les chansons et les dictons liés au climat sont révélateurs de ce changement climatique.

Les stratégies d’adaptation mises en œuvre sont nombreuses. Elles sont classées en trois grandes catégories à savoir les adaptations techniques, les adaptations stratégiques et les adaptations institution- nelles. Les plus prioritaires pour l‘agriculture pluvial sont les cultures à cycle courts, l’abandon du calendrier classique, l’intensification de l’utilisation des intrants et l’appui à l’acquisition des équipements. Celles des cultures maraîchères sont les variétés résistantes à la chaleur, les puits profonds, et les digues.

Au regard de l’analyse des difficultés liées à la mise en œuvre des stratégies d’adaptation, la capacité d’adaptation des producteurs agricoles peut être jugée moyenne. Des solutions plus efficaces et durables doivent y être apportées par les institutions nationales et internationales, publiques et privées.

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