SÉANCE DU 10 NoVÉMDnË 1805,
3.3âpeul lui
imprimer
le milieu dans lequel elle vit etde
la connaissancede
Tétatdans
lequel doivent être recueillis les échantillons destinés a l'herbier.Dans
ladeuxième
partie, j'aiexaminé
les diverses questions se rattachantintimement
à la récolte, à la préparation, à la conservation et à l'étude desplantes
pour
l'herbier, et j'ai dit aussi quelquesmots
sur les soins adonner
5 celles destinées à la culture.La
troisième partiecomprend
l'étude des diverses stations des plantes, et,«
après cet
examen^
j'ai passéen
revue les familles de plantes françaisesphané-
rogameset
cryptogames,en
m'atlachantde
préférence à indiquer l'habitat, lemode
de végétation et l'époque de floraison et de fructification des esj)èce3qui les constituent.
r
Des
plans d'herborisations forment le sujet de la quatrième partie.Sans parler ici
de mes
collcgnes et amis, qui tn'ont fourni avec autantde
bienveillance
que
de désintéresseiiiont des renseignements inédits sur lesrégîoils qu'ils ont explorées, et
que
j'ai spécialement remerciésdans
les pre- mières pages demon
livre, je doisbeaucoup
aux publications de la Société botanique,aux comptes
rendus de ses sessions, qui ont tant contribué déjà à répandre la connaissance des plantes françaises. C'est ainsique
les rapportsde M
.M. A. Mailard, P. Mares, J.-E.Planchon
(env.de
Montpellier);ïim-
1
bal-LagraTc (Pyrénées); J.-B. Verlot (env.
de
Grenoble);W.
de Schœnefeld,F^. Soubeiran (Hautes-Alpes);
Lecoq
(Auvergne);Marmottan,
Cosson, Al.Jamain, E. Fournier
(bords du Rhin
et Vosges); Al.Jamain
(env. de Cherbourg); E. Fournier, Lloyd, A.Bourgault-Ducoudray,
Bureau, Viaud- Grand-Marais,Dufour
(env.de
Nantes et Noirmoutier); Clavaud, EllyDurîeu de
Maisonncuve, Lespinasse (env. de Bordeaux);Théveneau,
N.Doûmet,
Maugeret, J.-E. Planchon, S.
de
Salve (env.de
Béziers etde Narbonne) m'ont
offert les renseignements à la fois les plus sûrs et les plus intéressants.Je suis
heureux
d'offrir ici h ces botanistesémiaentslc
témoignageque
leurs travaux
m'ont
bien facilité cette dernière partiede mon œuvre
; à laSociété botanique, ce
modeste
souvenirde
ses cordiales réunions.Je vous prie d'agréer, elc
B.
Verlot.
M. Duchartre
faità
laSociété
NOTE SUR LE CHASSELAS PANACHÉ, par 11.
P. DCCIIARTRE.
' Il est
une
sorte de Vigiie fortremarquable
parce qu'elle réunit sur sesfruits la coloration
eu
violet très-foncé qui caractérise les raisins vulgairementqualifiés
de
noirs, et la couleur blancheou
légèrement vcrtlàtre des raisinsappelés blancs; cette Vigne est
connue
sous lenom de
Chasselaspanaché,
i\[iirappelle à la fois la catégorie
de
variétés à laquelle elle appartient et la pana-\
334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
chure
qu'offregénéralemenl
lapeau de
son fruitou
son épicarpe.Ayant eu
occasion cPen observer cetle
année un
pied vigoureux, très-développé, quiportait
un grand nombre de
grappes, j'aipu
constater parmoi-même
lescurieuses partîculariiés qu'il offrait et
que
jedemande
à la Société la périmission
de
lui signaler.Ce
piedde
Cbasselaspanaché
existe àMeudon
(Seine- et-Oise) dans lapropriété de
M.
Millet. Disposéen
treille à côtéde nombreuses
Vignes qui appartiennent à la variétéconnue
sous lenom de
Chasselasde
Fontaine-bleau, il concourt, avec celles-ci, 5 la garniture
d'une
haute etgrande
ton^nelle cintrée.
Sa
lige, épaisse d'environ O'^jOG à sa base, s'élève à6 mètre?
de hauteur
et présente, à droite et à gauche, plusieurs brasou
cordons hori- zontaux,de longueur
inégale. Ceux-ci portaient cette année, sur les diversespousses
ou sarments
quien
étaient provenus, tantôtuniquement
des raisinsnoirs plus
ou moins
panachés, et tantôt des sarmentsnombreux,
à raisins blancs, ^ans lemoindre mélange
de raisins noirs, ni panachés.Une
descrip-tion circonsKiriciée
me semble
nécessairepour donner une
idée exactede
cesmélanges. ^
A
3 mètres environ au-dessusdn
sol se trouventdeux cordons presque
op-posés dont rinfériour portait
uniquement
des raisins noirs, plusou moins
pana-chés de blanc, tandis
que
le supérieur, longde
près de 3 mètres, était chargéde nombreuses
grappes blanches sans lemoindre mélange de
noir. Les cordons,au nombre
de huit, qui se trouvent sur le restede
lalongueur
de la tigedroite, portaient en
majeure
parlie des raisins noirs panachés; mais l'un d'eux:présentait
un mélange remarquable de
l'une et l'autre naturede
grappes. Iloffrait successivement, à partir
de
sa base et dansune
longueurd'envuwi h
mètres: 1°un
petitsarment
avecune grappe
blanche; 2**un sarment
àdeux
{jrappes presque entièrement noires,mêlées seulement d'un
petit noni-bre
de
grainspanachés
de blanc ; 3°deux
saripenis portant trois grappes blanches sansmélange;
4° quatreou
chiqsarments
à raisins noirs pana-chés; 5°
deux
sarments à raisins noirspanachés;
6**deux
sarments à raisinsblancs; 7^ quatre
sarments
à grappes noires panachées; 8°un sarmèRl
por-tant
une
grappe blanche; 9° enfin cinq sarments 5 grappes noires pana-chées. Ainsi le
mélange
des raisins .noirs et des raisinspanachés
s'y étaitfait
de
lamanière
la plus complète,de
telle sorteque
cecordon
de Vigneconstituait
un
intermédiaireremarquable
entre celui dont j'ai déjà parlé,comme
n^ayantdonné que
des raisins blancs, et ceux, aunombre de
sept, quiavaient produit des raisins noirs
panachés
sansmélange
de blancs/Dans chaque grappe
considéréeen
particulier, le blanc et le noir semon-
traient répartis de manières très-diverses. Sauvent, dans
un
raisin essen-tiellement noir, se trouvaient entremêlés des grains tout à fait blancs.
Quelquefois ces grains étaient dispersés ça et là, sur divers points; mais
plus ordinairement, ils formaient des
groupes
situés surtout à rçxtrémitéde
;SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1865. 335
la grappe. Il en résnllait
que
celle-ci était parfois àpeu
près moitié blancheet moitié noire.
Quant aux
grains/ lesdeux
couleurs, blanche et noire,y
étaient distribuées
de
uîanièrcsfort diverses et dans presque toutes lesprpporriions possibles. Celte diversité de répartition des
deux
couleursne
semblait sou^T.
mise qu'à
deux
lois générales, assez importantes toutefoispour que
je doiveV r
les faire ressortir : 1° les
deux
couleurs ne se fondaient jamais, mais le noir conservait toute son intensité et le blanc toute sa pureté, jusqu'à la limitecommune;
2" la coloration était toujours dirigée longitudinalement, c'est-à-dire
du sommet
à la basedu
grain.Toutes
les figures de raisins panachésque
j'ai
eu
occasionde
voir représentent lapanachure
des grains soumise à cesdeux mêmes
lois.Dans
le Chasselaspanaché que
j'ai observé, lemême
grain£lait assez souvent moitié noir et moitié blanc; ailleurs, les quatre quarts
dç
sa surface étaient allernalivement blancs et noirs,
ou
bien les trois quartsjetaient noirs et le dernier quart blanc,
ou
réciproquement ; parfoismême un
simple fuseau étroit était tracé en blanc sur
un
fond noir,ou
en noir surun
fond blanc; ailleurs enfin,
on
y remarquait donombreux
fuseaux inégaux enlargeur, et alternativement blancs
ou
noirs, distribuésde
manières diverses.En réûumé, deux
types, l'un blanc, l'autre noir, s'étant unispour former
la singulière sorte
de Vigne
qui fournit le sujet de cette note,on
les y voitw
se dessiner isolément l'un et l'autre, c'est-à-dire se séparer, se disjoindre à
des degrés trfs-divers, tantôt sur
un
seul etmême
grain, dans toutes les pro-portions possibles, tantôt dans
une même
grappe, qui offre alorsun mélange
degrains blancs et
de
grains noirs, tantôt sur les divers sarments nés en différentspoints d'un Riéuie bras
ou
cordon,âe
sorteque chacun
d'eux porte,ou
seule-ment
des raisins blancs, ou exclusivement des raisins noirs panachés; tantôt enfin sur les divers cordonsou
bras d'unmôme
pied, d'où il résulte qu'ilpeut exister des cordons
ne
portantque
dos raisins blancs, et d'autres surlesquels
on
n'observeque
des raisins noîjs, plusou moins
panachés. Il y adonc
làune
progression continue, dans laquelle le type blanc paraît gagnertoujours
du
terrain, tandisque
le noir en perd proportionnellement.Lorsque
le
premier en
estvenu
à coloreren
entier, soit les grappes d'un sarment,soit
même
toutes celles d'unmùmc
brasou
cordon, le derniersemble
avoirdisparu définitivement, et l'on n'en voit plus
de
traces,du moins
sur le piedde
Vigneque
j'ai eu occasion d'examiner. ïl paraîtmême que
le type noirpeut disparaître sur
un
pied tout entier; ainsi je tiens deM
Bouclier, pré-rsidenl
du comité
d'arboriculturede
la Société impériale et centrale d'horli-cuUure, que, dans son jardin,
une
treillede
Chasselaspanaché
qui produisaitdes grappes panachées depuis
une
quinzaine d'années, ii'en a plusdonné que de
blanchesen
1865.De même,
SitnonRoxas
Clémente, dans sonouvrage
sur les variétés
de
Vignes cultivées en Andalousie, dit (p.262 de
la traduc-tion par
de
Caumelsj, à proposde
laVigne
à raisins panachés, qu'ilnomme
Mollar cano
: «Des
chefsde
vignerons habiles assurent avoir observé de?^
ri
â36 Société cotaNIquè de frâncê.
souches vieilles, qui étaient blanches, ayant été noires
dans
leur jeunesse. «Quelle origine peut-on supposer
au mélange de deux
couleurs dansun
raisin?
Dans
l'état actuelde
la science, je croîsque
la fécondation croisée estle seul
phénomène qu'on
puisse regardercomme
ayant été capablede
pro-duire ce curieux résultat.
En
outre, les belles expériencesde M. Naudin nous
ont appris que, lorsquedeux
types ont été unis dansun
hybrideou un
métis, ils
peuvent
subirune
séparation,une
disjonction,comme
dit ce bota-niste^ qui les
montre
se dessinantFun
à côtéde
Tautre,de manière
à produireles
rapprochements
les plus singuliers, les bigarrures les plus étranges.Il
me semble donc
qu'onne
peut attribuer qu'à la fécondation d'uneVigne
'à raisins blancs par
une
5 raisins noirs^ou réciproquement,
la productionde
celles à grappes bicolores,
de quelque manière que
les couleurs y soient dis-tribuées. Sans doute la nature a pris des précautions admirables
pour
assurerla fécondation
du
pistil de laVigne
par le pollende
lamôme
fleur; mais,pour
être difficile, la fécondation croisée n'est certainement pas impossible,f
cl, par conséquent, elle peut avoir lieu sur
quelques
fleurs,ou même
surquelques grappes ; or,
pour donner
naissance àun
méiis, il ne faut pas autre chose, h la rigueur^qu'une
fleur sur laquelle le croisement réussisse etamène
la production d'une
bonne
graine hybridée.En
effet, la Vigne étant habi- tuellement multipliée par boutures et marcottes, qui conservent 1rs carac-tères,
même
fugaces, des plantes, le seul pied qui proviendrade
lagermina-
tion
de
cetteunique
graine hybridée deviendra bîcniot lasouche
d'unnom-
bre presque indéfini d'autres pieds semblables à lui.
La
fécondation croisée adonc pu
être l'origine des raisins bicoloresde
toute sorte, et jene
crains pas de direque
tout vient à l'appuide
cette idée.Le
Chasselaspanaché
etune
autre sorteque Kerner
a figurée sous lenom
de
Raisin de Venise et dont les grains sont ovoïdes ;de
plus, les Vignes à rai-+
sins bicolores de toute nature, au
nombre au moins de
quatre sortes diffé-rentes (Muscat bicolore
etAuvernat
bicolore figurés parKerner; Mollarcano
et Mollar
de Grenade
décrits parSimon Uoxas
Clémente), sont,pour
le fruit,ce
que
le CytisusAdami
estpour
les fleurs.De même que
le CylisusAdamî\
hybride issu de la fécondation réciproque des
Cytmis Labumum
et pttrpn-reus,
montre fréquemment dans
sa corolle et son calice des portions qui reproduisent séparésou
disjoints,comme
le ditM. Naudin,
les caractèresde
l'une et
de
l'autre de cesdeux
espèces,de même
les raisins bicolores offrent, l'une à côtéde
l'autre, des portions qui présentent les caractères distinctifsdu
type noir etdu
type blancque
la fécondation croisée avait unis en eux.. J'ai
montré
cesdeux
types se disjoignant et se dessinant par la différencede
coloration de lapeau
des fruits,mais
leur disjonction semontre
aussi parla différence
de
saveurde
ces fruits;en
effet,on
a déjà reconnu, et j'aipu
vérifier l'exactitude
de
cette observation,que
les grains noirs ontune
saveurplus sucrée, plus vineuse, qui les
rend
plus agréables àmanger que
lesSÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1865. 337
blancs, dont la valeur
comme
fruit comestible est très-faible.Les
feuillesaccusent
elles-mêmes
cette disjonction, car, à l'automne, celles dessarments
qui portent des grappes blanches se
panachent de
jaune,comme
celles desChasselas ordinaires à raisins blancs, tandis
que
lesrameaux
quidonnent
des'
raisins noirs, plus
ou moins
panachés, colorent leurs feuilles en rouge à lamême
époque.Si les Vignes à raisins bicolores sont le produit
d'une
fécondation croisée,on
doit s'attendre à ceque
les procédésde
culture qui ont été indiquéscomme
pouvant leurdonner
naissance,ne
produisent pas le résultat qui leur aété attribué.
En
effet, si l'on fait le relevé de ceux dont l'indication est consignée dans les auteurs anciens, et jusqu'à Olivier de Serres,
on
reconnaît sans peinequ'aucun
d'eux ne pourraitdonner
autre choseque
des Vignessem-
blables à celles dont ils auraient cependant
pour
objetde
fondre les caractères.Ce
qu'apprennent, à cet égard, lesdonnées
de la physiologie etde
la culturea été confirnié par l'expérience; car A.
ïhouin,
ayant voulu mettre en pra-tique ces procédés, en a
obtenu
des effets entièrement différents de ceux quileur ont été attribués.
En
outre, certainsde
ces procédés ne donneraientévidemment aucun
résultat, parce qu'ils auraientpour
effet nécessairede
désorganiser
ou
détruire lesbourgeons
qui seuls auraientpu
développer des* T
pousses.
Au
total, ilne
reste, ceme
semble,que
la fécondation croisée à la- quelleon
puisse recourirpour
obtenir les singulières Vignes dont je viensd'entretenir la Société.
M. Kirschleger
dit :Qu'il pourrait citer plusieurs
exemples
à l'appuide
l'opinionque
vientd'exprimer
M.
Duchartre; qu'il n'est pas rare de voir,notamment
dans lesVignes des Vosges, des raisins mi-partis de noir et
de
vert ; qu'enfin leCytisus
Adami,
dont a également parlé iVI. Duchartre, retourne effectivement,soit au C.
Laburnum,
soitau
C.purpureus,
fait qui,du
reste, a été signaléà
Lyon,
en1837,
par IM.Hénon,
et parlui-même en
1839,M. Bronirniart aioute
au'il avaitobservé
leCytisus Adami
1826
que
hybrid
plusieurs endroits, particulièrement à Gisors
etdans
leparc
d'IIar-court,
il avaiten
efîetpu constater
lafréquence du retour (avec
dis-4
C. Laburnum
etpurp
M. de Schœnefeld donne lecture d
qu'il
a reçues de M"" veuve Roussel
;T. XIJ. (StANCEs)