• Aucun résultat trouvé

du Laouret (Floure, Aude):

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "du Laouret (Floure, Aude):"

Copied!
8
0
0

Texte intégral

(1)

ARCHÉOLOGIE ET E NVIRONNEMENT

L'habitat de l'Age du Bronze firial du Laouret (Floure, Aude):

Archéologie et errvlr'ormeruenr

]. Gasco • avec la co llab oration de 1. Caro zza " , S. Fry "', ]. Wainwright ••••, C. Heinz •••••, ].-D. Vigne ••••••

Résum é : L'habitat du Laouret sur la Montagne d'Alaric(entre FloureetMonze,Aude)datedel'Age du Bronzefinalilia.Ilalivrétrèspeu dedonnéesdirectes propres aupalée-en vironnement. Cependantl'étude et le croisement de plusieurs variables archéologiques permette nt de présenter un cad re général et une restitution descomposantes essentielles dupaysage aux environsdel'an mille avantJ.-c.

I. LE LAO URET, UN HAM EAU DE LA MONTAG NE D'ALARIC

En Lan guedoc occidental, le site du Laouret (Floure,Aude) est un habitat de hauteur daté de la fin de l'Age du Bron ze, placé par le radiocarbon e entre 1200 et950 avantJ-c. Ilse trouve sur un petit massif calcai re détaché de la Montagn e d'Alaric.

Plusieurs terrasses emboîtées le composent. Elles dominent le Bassin de l'Aude,sur sa face nord, aux environs de 310mètres. Elles forment un belvédère privilégié des Corbières Septe n trio na les ; la vue offerte y est exceptionnelle.

Nosfouilles conduites entre 1983 et 1990ont mis en évidence une occupation uniquedu siteàlafin de la période de l'Age du Bronze final(Illa).Trois plate- formes ontété occupées pardes constructionsde bois aux ossatures de poteaux calées au sol parquelques pierres. La terrasseLA2 a livréles restesd'une maison et de son annexe qui sont les premiers bâtiment s complets connuspour cette périodedans le sud de la

France. Les plans des constructions et la répartition conservée des vestiges ontpermisd'étudierl'organisa- tion interne d'un habitat et d'un grenier.Ces petits bâtiments pouvaient probablement abriter une famille élargiede7à 15personnes. On peut estimer que les deux autres terrasses (LA4 et peut-être LAI) ont pu abriter un groupe similaire. La durée de vie des constructionsen bois,pourrait dépasser les8à 15 ans des maison s contemporaines des milieux palustres (lacs suisses et français), et atteindre probablement, sans forteréparation,une période del'ordrede25à50 ans,soitune ou deux générations.Les données issues de l'étude du mobilier (inventaire céramique et lithi- que, étude faunistique, approche quantit ative des capacités de stockage, etc.) portent l'interprétation danslemême sens. LeLaouret est donc,semble-t-il,à considérer comme un hame au,fort d'une à trois familles élargies , regroupant de dix à cinquante personnes au maximum, ayant vécues sur place pendant untemps de20à 50 anstout auplus,

Il. LE S DI FFIC ULTÉS À RE STITUER L' ENVIRO NNEMENT DU SITE

La resti t ut io n du paysag e ct des donné e s paléo-environn ementales au sens la rge du terme, a été un des objectifs de la fouille puis de la pré- paration de lapublication du site (Gasco,Carozza, Fry , Wai nw right, 1993). Pourt ant, le s données environn em ent ales, d'ori gin e bio-végétales, sont

..ChargéderechercheUMR 150 du Cr-.-m;. Centre d'Anthropologie/EHESS.56rueduTaur 31000Toulouse

**Centred'Anthropologie/EHESS.

***A.R.P.A.Associatio nderecherche surlesterroirsProtohistoriqu es desPays Albigeois.

.... DepartmentofGeography,King's Collège ofLondon(U.K.).

... Laboratoire de Paléo bota niq ue de l'UniversitédeMontpellier,UA327du CNRS.

... Laboratoired'anatomiecomparée du Muséumd'HistoireNaturelle,URA 1415 du CNRS.

(2)

Archéologieen Languedoc, n'' 19, 1995

Droite atreinte en2heuresdemarche

BASSEPLAINE

DEl'AUDE COlLINESETVAUONS AVMffS·

MONTS MASSIFS

ETPlATEAUX

l"':"-'::~:,-<lhumide 1::::-,'-::1humide

r r 1le rrass e ~mosaïque

Ldcaêcneuse ~

b;:,}/Unj

draùlèe

m

:=::-::- ?: humides

<:. .::~.

_ drainéS

lm

hum~es

B = asse

U

enso leillés

o1

Fig.1- Les grandesunitésphysiographiquesde la Montagned'Alaric autour du siteduLaou ret(cartej. Gasco,réalisationC.Reynes) .

rédui tes au Laouret. En effet, les ch arbons de bois découverts, et déterminables , atteignent seulement la centaine de taxons, et certains peuve nt même être suspectés d'anachronismes ; quelques uns d'entre eux ont été datés par le radiocarbone (C14) et se sont avérés être plus an cie n s ; et d'autres étaient en fait actue ls. L'exp licationde ces pollutions réside en la très faib le protection strati- grap hique du gisement. La couche du Bro nz e fi- nal, très dense à l'e mplacement des bâtiments, est unique ; elle est installée sur le rocher calcaire ; seuls quelques centimètres de sols humiques et une maigre végétation masquent actuellement le s vestiges.Pour la même raison, la collecte des pol- lens n'a pu être réalisée. Les recherch es de micro - faune comme de malacofaune n'ont pas non plus abouti, probablement en parti e à cause de pro blè- mes de conservation (la fonte tap honomique a été importante ,ce qui minimise d'ailleurs la place des

64

vestiges de petitgibier) .

La restitution env iro n ne me n ta le a donc été conduite avecla collaborationde 1.Carozza,S.Fry, C.

Heinz,J.-D. Vigne, et J. Wainwright en recherchan t à travers d'autres indicateurs, des implications palée- écologiques qui autorisaient des thèses sur les milieux ou les paysages fréque ntés parles hommesdu Laourer.

ill. L'APPORT LIMITÉ DE L'ANTHRACO- LOGIE DU LAODRET DANS LE CONTEXTE BIOGÉOGRAPHIQUE DU MIDI MÉDITÉ- RANNÉEN

Labiogéographiedes sitesde l'Age du bronze final et l'actuellen'ont pas significativement changé depuis le Néolithique. La forte dégradation des paysages régionaux est connue (Vernet, 1972, 1988) . Depuis plus d'un millénaire,l'impactdela déforestationdue à la mise en cultu re ou au pacage des troupeaux a

(3)

perturbé totalement l'évolution naturelle du couvert végétaldu Sub-Boréal. Ce processus de dégradat ion est devenu irréversible au cours de l'Age du Bronze, tant en Languedoc ou dans les Pyrénées que dans le Massif central.A l'Abri de Font-Juvénal (Conques-sur- Orbiel,Aude) celasetraduit par l'extensiondu buis et du chêne vert.Il en est de même sur les Causses du Larzac, dès le début du Sub-boréal. Ilexiste alors des taillisbroussailleux aux abords des sites. Cette action humaine marque les fluctuations enregistrées à l'Abri de Fon t-Juvén al (Conques-sur-Orbiel, Aude) où les campagno ls des cha mps, adaptés à un climat assez frais et moins humide qu'à l'Atlantique, sont alors nom breu x : les mulots, les lérots et les loirs enva- hissent les abords du site, selon l'avancée ou le recul des champs etdes espaces déboisés .

Lacroissance du hêtre à Mauguio et Canet a été ainsi attribuée à la pression anthro pique (Planchais, 1982), et les autres espêces typiques de la dégrada- tion s'obse rvent souvent. Les chênesverts, comme le buis d'une manière différente, soulignent la fort e présence humaineàUna ng(Var).En fait,toutconduit àpenser que le paysage du Laouret est au cours du Bronze final très dégra dé. Quelques données proviennent de sites peu éloignés géographiquement et grossièrement contemporains. Ils indiquent dans le bassin de l'Aude la poursuite d'une phase à chê nes verts et le caractère particulierde la plaine alluviale où le chêne pubescent persiste. Les rés ultats des

ARBUSTES

LELAOURET

analyses anthracologiques (unecentainede charbons) du site de Médor, à Ornaisons, pour le Bron ze final Illb établit la liste de taxons suivants : chênes verts, kermès et caduc (60 % réunis), arbousie r, filaire, frêne, bruyère (Vernet, 1989).ACarsac(Carcassonne) pour une période compa rable, on trouv e (pour 42

charbons) la présence de chênes verts et de chênes caducs ; les analyses polliniques de 2 échantillons (450 pollens) indiquent l'importan ce du tilleul, des herbes, et des céréa les ; les ormes, les frênes, les chênes caducs sont en faible nombre, comme toutes les espèces arbo rées (e ntre 10 et 12 %) (Ve rne t et Kraus-Margret, 1986 ; Firmin, 1986). Les rés ultats anthracologiques du Laouret (60 charbo ns) donnent Quercus iIlex-coccijera, Pbillyrea sp. et Arbutus unedo, et en plu s égale men t, mais moins sûrs ch ronolog iq u e ment (63 ch arbons), Quercus cf.

pubescens et Taxus baccara (I taxon) (C. Heinz, 1993).Ils sont doncconformesauxdonnéesconnues.

IV. LA MODÉLISATION PALÉOÉCOLOGI- QUE ET L'ESTIMATION DE L'HUMIDITÉ DES TERRES

Lefinage du hameau devait constituer un milieu attractif qui a pe r mis l'installation d'une petite population. Sa présence est liée à l'exploitation d'un espacespatialeme nt limité par unetopographieforte.

Au Laouret,). Wainwright a tent é de mettre en

H ERBACEES

LA BRETONNE

P ré cipitation s nor ma les

...

d en s ité <18 00 \cg 1 ha 0

>2 20 0 kg 1 h a _

d e ns it é >1 550 kg 1 ha _

<115 0 \cg 1 ha 0

Sé che re s s e 50 % de préci pitation den s ité <2000 kg 1 h a c:=J

>1775 kg

1 ha _

de ns ité ) 1 625

kg

1 ha -

<1 40 0 k!11 ha 0

Fig. 2- Résultatssimplifiésde lamodélisation despaysagesvégétauxsurlabasetopographiquedu"site catchment"présentéssurune coupe est-ouest de la Montagne d'Alaric.Les croissances végétales sontdonnées en Kilogramme de végétaux par hectare sous

conditionsde précipitations normales ct desécheresseQ.Gascod'aprèsJ.WainwrighO.

(4)

Archéologieen Languedoc, n'' 19, 1995

évidence par un calcul mathématique (reposant sur des notionsdeprobabilités) lescompo santes géogra- phiques du milieu naturel d'alors . Le moyen était d'estimer les possibilités d'utilisation des terres du finage (site -catch rnen t) par une modélisation de l'humidité des terres selon différents scénari os de pluie etde voirson incidence surlapoussée végéta- le, soit d'arbustes , soit d'herbacé es . C'est auss i recon stituer le résultat de l'érosion (enlèvements et dépôts des sédiments) en se basant sur un modèle mathématique calculé à partir des données réelles actuelles, spatiales et climatique s. L'originalité de la méthode est bien de considérer la croissance de la végétation et so n rôle de frein à l'érosion et de s'inté resse r égaleme nt à la périod e critique de la recon quête végétale afin de montre r les situations danslesque llesladégradation sédimentaire archéolo- gique peutse produire.

Par une approche historiqu e précise , R.

Dugra nd (Dugrand, 196 4) a montré que le s terres les plus profondes des garrigues langu edo- ciennes, abandonnées aprè s avoir été cultivées, étaient envah ies par la chênaie ver te en 70 à 80 ans .Cesdonnées histo riqu es indique nt cependant qu'il existe une période sensible de 5 à 10 années, avant que la végétation ne puisse retenir les sols, et rétablir la stabilité de l'é cosystème. La viole nce des pluie s mé d iter rané en nes peut en effet durant ce temps détruire les premiers hori- zons humiques. La formation de regosols , dé pla- cés ou miné ralisé s, ralentit alors la colo nisati on végé ta le et engendre de nouvelles co nd it io ns propices àl'ér osion.

La méthode tbéorique utilisée par J. Wainwright rep ose sur des paramètres calculés à partir de la séquence des précipitations actuelles. Elle permet de simuler des cycl e s plu viométriques mensuels , saison niers et annuels. Les paramètres concernant la végétation provienne nt du modèle de Thornes ( 988), qui prend en com p te la divisi on de la végétation dégradée endeuxparties,

- les herbacée s, qui poussent vite mais sont limitéesparla biomasse desautres espèces,

-et les arbustes, dont la croissance est plus lente et freinéepar le degré hygrométriquefaibledu sol.

Lemodèle climatique est appliqué à la topogra- phie informatisée du finage, le "site catchment" du Laoure t, qui a été défini à partir de la carte au 1/2 5000. Un maillage avec des unités de surface de 200 m de côté a été soumisà untraitement informa- tique desimulation . Les expériencesmontrent que la végé ta tio n semi-natur elle du site catch me n t du Laouret n'est pas trop sens ible aux change men ts climatiques, par rappo rtaux autres zones méditer-

66

ranéennes (Thornes, 1991). Lesconditionsde l'humi- dité de la terre sont assez flexibles pour supporter desvariationsde courte et de moyenne durée.

Les différe nces significatives apparaissent au niveau de la répartition des espèces végétales. Selon le modèl e de compétition utilisée , les zon es d'arbustes devaient se tenir dans les plaines et aux bas des versants alors que les concentrations de pâtures pouvaient être sur le plateau. Actuellement, l'image dupaysage est inverse; les arbresetarbustes croissent sur le plateau et les espaces lib res sont danslesvallées.

On peut désormais, formuler l'hypothè se que, durant l'occupation initiale du Laouret, lcs fonds de vallée étaient relativement boisés, et le plateau un peu moins. Une des raiso ns de l'installation au Laouret des arrivants a donc été peut -ê tre de disposer de pâtures à proximité de l'habitat, autant que de zones de chasse . Il y aurait eu alors des sour ces alimentaires complémentaires et immédia- tes : mais on peut, dans ce cadre,imaginer que les fonds de vallée aien t pu être localemen t déb oisés pour la culture des céréales. Sous un tel climat, on estime que l'humidité typique des fonds de vallée décroît jusq u 'à 0,12 m ent re avril et juill et en su p p os an t que l'humidité simu lé e avec une couverture presque totaled'herbe,est identique pour lescéréales.

V. LES DONNÉES FAUNISTIQUES

Riches au total de près de 8000 restes dont 1826 déterminés et d'une grande diversité des espèces (plus de 21 pour les grands mammifères),les faunes des terra sses du Laouret ont permis à J.-D. Vigne d'approcher les notions de bioc é n ose s et de paysages des en virons du site. Les hommes du Laouret pratiqua ient en effet la chasse de manière très active (40à70% de lamasse de viande suppo- sée consommée sur le site). Or, les implications paléo-écologiques de la grande faune sauvage ne sont pas à négliger (Vigne, 1991a). L'ab sence des restes de petits vertébrés, notamment les micro s mammifères, a déjà été signalée . Elle résulte de la dégradation taphonomique des vestiges osseu x du Laouret , cette fonte est due à laconjonction d'une fortefragmentation des restes, une corrosion active) etsurtout une attaque par lescarnivores.

].-D. Vigneargumente en se référant aux données co n nues dans des régions à faible pression anthropique (Blondel,1986; Vigne, 1991a,456-460).

Deux grands types de milieux dominants peuvent être proposés ,

- les forêts claires , les lisières ou taill is sont

(5)

signaléspar leloup ,lelapin,le cerf,l'aurochset,de manière moinspermanente,lesanglier etle chamois.

Ce paysage est le mieux représenté avec 36% des espèces représentées soit plus de 90 % des restes d'espèces sauvages déterminées.

-Les forêtsplus profondes seraient indiquées par l'ours, le blairea u, le lynx et, secondairement, le sanglier.Cepaysage regroupe 21 %desespèces et4 à 8%desrestesdetaxonssauvages.

Trois autres milieux moins fréquentés par les chasseurs appa ra isse n t égaleme nt, bien qu'ils puissentêtresous-évalués à cause des problèmes de conservation des restesétudiés:

- les terres montagnardes seraient désignées pat le bouquetinetl'isard,cette dernièreespèceétantpeusûre.

- les terres des milieux ouvertsseraient marquées par le lièvre, espèce typique, et peut-être l'aurochs quidevait cependantdéjàse réfugier danslesforêts.

- les berges des cours d'eau ou des étangs et mares(Marseillette) sont marquéesparle castor et la cistude.

Les paysages forestiers denses (forte taille des sangliers et des cerfs) apparaissent donc comme les lieux privilégiés d'acquisition du gibier des paysans du Laouret, même si cela ne traduitpas explicite- mentlepaysage environnantle site.

A l'inverse les espaces ouverts éta ient probablement utilisés pour l'élevage qui apportait entre 30 et 60 % de la via nde consommée au Iaouret. Le boeufétait le principal animal à viande, comme probablemen t dans la plupart des sites contemporains du Midide la France (Vigne, 1991).

L'animal était d'une taille compa ra ble à ses contemporainsdu bassin del'Aude.Maissescourbes d'abattage indiquent un net retard dansl'accessionà la maturité pondérale de cesanimaux.On endéduit

ETANG

sangllenl

..

..

....

k~::SM~!:~) :$:8

D

-"

agro.paSlOral

o

1

Fig.3 - Essaidereprésentationdesterroirscynégétiques surlamontagned'Alaricd'aprèslesdonnéesphysiographiques et lalistedes espècesanimalesétabliesparJ.-D.Vigne.

(6)

Archéologieen Languedoc, n'' 19, 1995

que lestroup eaux étaient entretenus sur la montagne d'Alaric, dans un faible périmètre autou r du site du Laouret, sans rec ours aux éventuel s pâturage s éloignésdela basse vallée de l'Aude.

Glob alem ent le système d'élevage était orga nisé autour d'une production porcine dome stiq ue intensive, réalisée à proximité des habitations. Celte base était largement complétée par trois élevage s mixtes plus extensifs : viande et lait pour les bovins et les ca p riné s, via nde et force motrice pour le cheval. Il estprob ableque ces apports compe nsaien t d'éventuell esmauva ises productionsporcinesou des chassesmalheureuses.

Des observatio ns archéozoolo giques largement dév eloppée s par ].-0. Vigne émerge l'image d'un système éco no m ique comp le xe, à laq u elle contribu ent, à parts à peu près égales, les produits d'un élevage diversifié etbiengéré, et desressources cynégétiquespuisées dans un proche environnement particulièrement riche.Tout se passe comme si les groupes humains du Laouret avai ent résolu le s difficultés inhé re ntes à leur implant ati on sur ce difficile versant sep te n trio n a l de l'Alari c, en construisant un systè me d'approvisionnement tenant compte à la fois de leurs caractéristiques culturelles (chasse, cons ommation du cheval, viande de boeuf et de porc), de la situation des resso urces locales (réservoir cynégéti qu e, production moin s assurée qu'en plaine ou en vallée), et peut-être auss i des relation s (po uvoi r, échange...) entretenues avec les autres communaut ésde lamême micro-région .

VI. ANALYSE S PHYSIOGRAPHIQUES ET TERRITORIALES

Le perchement d'un site est fréqu emm ent perçu comme une donnée négative quant au développe- me n t agr o -p ast oral. Les atouts de la Montagne d'Alaric sont pourtant évidents : bonne accessibilité par le versant sud, perméabilité topographique du milieu facilitant les cheminements (le ch e val domestique éta nt le principal animal de tra it au Laouret ), cinq points d'eau à moins d'un quart d'heure de marche du Laouret, dont une source permanente à fort débit, plus de 180 hecta res de terres agricoles sur le plateau caillouteux (exploitée s jusqu'au début du siècle), enfin un abond ant couvert forestier en plaine favorisant l'existence de réservoirs cynég étiques.

Les cinq grandes unité s physiographiqu es qui composent "espace des cheminements d'une heure autour du site (ce qui correspond à l'extrémité occidentale de l'Alaric) se subdivisent en neufsous- ensembles. Leurs grandes différences tienn ent aux

68

naturesvariéesdes roches et des sols,auxversants et àl'expositionaux vents.Ils constituent une mosaïque cohérent e de terroirs très favorables au développe- ment d'une agro-économie pastorale utilisant les ressources distinctes du milieu.Le finage du Laouret appartient don c à un modèle qui regroupe desespa- ces àcontraste accusé associant des aires variées : massif, talus, plaines, et bords de cours d'eau ou airespalustres.

Cette conception est en fait ancienne .La plupart des'sites de plein air de p uis le Cha lco lithiq ue et jusqu'au BronzeIlIa-IlIbdu bassin del'Audesont sur des reli ef s de petites colli nes , ou des terrasses alluvi ales ancie n n es. Ils appartienn ent à des emplacement s de piémont. Le Laouret se trouve en faiten quelque sorte à l'autre extrémité du finage de ces sites, vers le haut. Lesystème d'occupation de l'espace privilégie dans tous les cas les espaces en retrait de la plaine ; certains sont parfois masqués.

Toutes ces données traduisent bien à leu r manière les traits des paysag es des Corbi ères, dont l'Alaric occidentalest un bon exemple.

Sans minimiser les dynamiques du développe- me nt soc ial et culturel qu i ont pu de tout temps modifier les schémas d'occupation de l'espace, le corollaire à l'installation temporaire des hommes sur des hauteurs - libérant les espaces agricoles et s'approchant des cond itions les meilleur es pour une activité d'él e vage - pourrait être l'ép u ise m e nt cyclique des sols les moins bien exposés. Plus de 57 %des sites des Corbières inventoriés récemme nt par y. Solier ont une durée d'occupation courte, environ 27 % ont une durée de deu x à quatre siècles ;15%enfin seuleme nt des sites des Corbières ont étéoccupés pendantprèsd'un demi-millénaireet au-delà.

Les éta b lisse me n ts humains an té rie u rs ou postérie ur s de l'Alaric ont été pratiqu em ent tous install és en périphérie du plateau éve rsé, sur ses flancs les plus favorables (sud) ou dans les deux grandes combes traversant la montagne.Ilsutilisaient les mêmes terroirs que le Laouret, la contrainte des moyensdetransport etlacombinaison deslieux étant alors suffisantes ou plus fortes qu'une quelconque simplenotion decentralitéde l'habitat.

VII. LE LAOURET UN HAMEAU PARMI D'AUTRES LIEUX D'HABITAT

La position dominante du site du Laouret,et son caractère nettementretranché,aconduit-dès l'origine des découvertes à évoquer à proposdu Laouret une hypothèse de site protégé, ou de refuge annonçant en cela des attitudes huma ines assez répandues au

(7)

co urs de l'Agedu Fer régional. Cette lecture desfaits est sans doute à nuancer. Simê me cette hypothèse prévalait,il n'en restera it pas moinsque le site offrait de fortes potentialités de développement et qu'il aura it pu être cho isi pour cela ; il combinait des atou ts indénia bl e s : ceux de la haut eur (vue, protection) et ceux d'une centralité forte (l'Alaric), dans un assemblage de terroirs nécessaires tranchés et différ en ts. Cet espace s'es t avéré aux cours des âges un lieu propice au peuplemen t.

La complémentarité des zones périphériqu es à la monta gn e et au sit e comportant un pot enti el agricole , de pâturage, et de chasse , const itue sans doute un facte ur im po rtant dans le cho ix du site.

Néanmoins, sans irrigation ou autre moyen pour garder l'humid ité du sol, te l que le s terrasse s, l'ag ricul tu re ne prom etta it que des rendements médiocres et parfois mêmes catas trophiq ues. Cette dernière situation est démontrée non seulement par l'analyse des probab ilités de périodes sèch es, mais aussi par les an a lys es historiq u e s de s défi cits chroniques eneau danslarégion .

Du point de vue climatique, les gens du Laouret éta ie nt donc dépe n da n ts de l'él eva ge (et de la chasse) comme mode de productio n ; l'agriculture auta rci q u e pouvait être pratiq u é e co m me un complément alimentaire nécessaire mais insuffisant.

Il est clair que se uls les écha nges avec les autres populations de la plaine (rappelons la proximité du grand site de rassemblement de Carsac, mais aussi Médor,etc.) pou vaient assurer les équilibres alimen- taires traditionnels des paysans protohistoriques. Le Laouret ne pouvait être un hameauisolé.

BIBLIOGR APHIE

A!\D ERSO NR1. et MAASA. (1971) - A Simulation of Irr igation Systems. TechnicalBulletin, 1431, USDA ARS,Wash ington De.

AMBERT P.(1988)- L'éro sionéolienne périglaciaire dans le Sud-Est de la Fran ce , Géolog ie Alpin e, Mem.H.S., n014,pp 227-234,ill.

AMBERT P. (1992) - L'é t u d e des dépressi on s marécageusesdu bassin de l'Aude, Temps etespace danslebassin del'Aude du Néolithiqueàl'Agedu Fer. Rapport intermédiaire UPR 289 CNRS, SDA, ATP Grands travaux d'Archéologie métropolitaine, 18 p.,7fig.

BATEMAN G. et alii (1986) - Les carnivores et les édentés .Equ inox, Oxford,152 p.,i1l.

BARBAZA M. (1982) - L'aude préhisto r iq u e, Atacina,9,Carcassonn e, 123 p.

BURT001M.(976)- Tons les mamm ifères d'Europe en couleurs. Elsev ier Séquo ia, Bruxelles, 256 p.,

350ill.

CO STE N., GU/LAINE

J.

et REVEL J.-e. (988) - Archéologie et Péd ologie,Essai de reconnaissance des territoi res d'e xploitati on au to u r de s site s néolithiq ues,B.S.PF., Paris, t. 85, 10-12, pp 390- 411, 17fig,

DAGET P.(1980)- Un élément actuel de la caracté- risation du monde méditerranéen : le Climat. In Colloque de la FondationEmbergersur La Miseen Place, L'Evoluti on et la Caractérisation de la Flore et de la Végétation Circu m mé d ite rr a né e nn es, Natu ra lia Monspelliens ia,Hors Série,101-26.

DELANO SMITHe. ( 979) - WesternMediterranean Europe.Academie Press,Lond res.

FIR.\lIN G.(1986) - Analyses Polliniq uesdu Sitede Carsac . In J. Guilaine, G. Rancoule ,J. Vaquer,M. Passelac,].-D. Vigne, et al. dirs . Carsac. Une Agglomération Protohistorique en Languedoc, 213- 5,CASR, Toulo use.

GABRIELK.R et NEUMANNJ. (962) - A Markov Chain Model for Daily RainfallOccurrence at Tel Aviv.Quarterlvjournal of the RoyalMeteorological Society, 88, 90-5.

GASCO

J.

( 982)- Le pays-mémoire,territoire de la pré h is to ire en bas-Languedoc, Géop oi nt, 82, Group e Dup ont Un iversités de Genève et Lausann e ,pp 117-122.

GASCOJ.(1995) - Activités et espaces domestiques surunsite protohistorique de la Monta gned'Alaric : le Laouret entre Floure et Mon ze Aude.Bulletinde la Société Scientifiquedel'Audeparaître).

GASCO]. et ACKERMANN B.( 985) - Unsite de plein airdu début de l'Age du Bronze:Laval dela Breton- ne à Monze Aude , Bulletin de la Société d'études scientifiquesdel'Aude,XXX\',pp 49-54,10fig.

GASCO

J .

et CARO ZZA L. (1990) - Terroirs protohistoriques en Lan gued oc occide ntal et en Albigeois,t.babitat et l'occupation du sol à l'Age du Bronze en Europe, Lons-le-Saunier, pré-tirage, pp 18-19.

GASCO J., CAROZZA 1. et WAINWRIGHTJ. (992) - Un petit habitat agricole de l'Age du Bronze ancien en Lag ue d oc oc cidental : Laval de la Breton ne Monze , Aude , Fondem ents cu ltu rels techniques, économiques et socia ux desdébuts de l'Agedu Bronz e, Clermont-Ferrand, pré-tirage, pp 45-47,1 fig.

GAS CO J., CAROZZA 1.., FRY R., FRY S., WAII\'WRIGHTJ (993) - avec la collaboration de P. Ambert, J-R. Bourhis, J-D. Vigne et de P.

Cassignol, A. Delgiovine, E. Delqué, ]. Evin, e.

Foulcher-Massip,J Guilaine,e. Heinz , D.Hindlet , P. Marinval, A. Massip,J. Mazet,J. Raffan el, C.

Reynés. LeLaoure tet la Montagned'Alaricà lafin

(8)

Archéolog ie en Languedoc,n' 19,19 95

de l'Age du Bronze, un hameau abandonné entre Floure et MonzeAude.CASR,Toulouse ,Document multigraphié,650p.,280fig.(à paraître).

GASCO]., VIGNEJ-D.,CAROZZA L.,WAINWRIGHT ]., FRYR.et S.(994)- Le Laouret Floure,Aude, un hameau de la fin de l'Age du Bronze, et ses paysans chasseurs.ActesdesPremièresrencontres méridionalesdePréhistoire récente,Vale nce-sur- Rhône , 3-4Juin 1994,à paraître.

GILES B. (984) - \Vater Ne e d in Provence, Languedoc-Rou sillon Southe rn France.journal of Cltmatology, 4,53-69.

GUILAINE J. (972) - L'Age du Bronz e en Languedoc occiden tal, Roussillon , Ariège, Klincksieck,Paris,460 p.,134fig.,XI pl.

GUILAIKEJ. dir. 0 990 - Pour une Archéologie agraireàlacroisée desSciences del'homme etde laNature,A.Colin, 576p.iIl.

GUlLAINE]., RAKCOGLE G.,VAQUER J, PASSELAC M., VIGN E J-D. et alii (98 6) - Carsac , une agglomèratio n protohistorique en Languedo c , CASR, Toulouse, 302 p.,ill.

HALLIDAY T.R et alii (1983) - Les amphibiens et lesreptil es,Equinox,Oxford,152 p,ill.

HEINZ C. (990) - Dynamique des végétati o ns holo c ènes en mé d iterr an é e nord-occide nt al e d'après l'Anthracoanalyse de sites préhi storiques : méthodologie et paléo-é cologie. Pa léobiolog ie continentale,vol.XVI,n02,Montpellier,212 p.

HEINZ C.( 991)- Upper Pleistocene and Holocene veg etation in the sout h of France and Andorra.

Adaptati ons an d first ruptures : Nex charcoal ana lys is data. Reuieui of Paleobota ny and Palynology, 69 1991, 299-324, Elsevier Science Publishers,Amsterdam.

HIGGS E.S., VITA FIRENZI

c.

(1972) - Prehisto ric Economies, a Terr itorial Approach. Papersin EconomiePrebistory, E. S. Higgs ed., Camb ridge, Cambridge UniversityPress,pp 27-36,4fig. JARMA" M. R., BAILEYG. N. et JARMA?'>I H. ".

( 932) - Ea rly europe a n Agricultu re. Ils foundation and deuelop ment, Cam bridge,

Cambridge UniversityPress.

MACDO"ALD D.W.et alii (1986) - Les rongeu rs, le s inse ctivo re s et les marsu p iaux, Equinox, Oxford,154p.iIl.

PENNAM H.L. ( 963) - Vegetation and Hydrology.

Technical Communication N° 53. Commonwealth Bureau ofSoils,Harp enden .

PLAI\CHAIS N.(982) - Palynologie Lagunairede l'EtangdeMauguio.Paléoenvironnement végétal et Evolution Anthropique.PollenetSpores,XXIV,93-118.

PLANCHAIS N. et PARRA VERGARA 1. ( 985 ) -

70

Analyses polliniques de sédiments laguna ires et côtie rs en Langu ed oc , en Rou sill on et dans la province de Castellon, Esp agne. Bioclimatologie.

Bulletin de la Société Bota nique Française, ActualitésBotaniques,1984,2/3/4,131,97-105.

REYXOLDSP.J ( 979)- Iron AgeFarm:TheBuiser Expenment.British Museum, Lond res.

SHAWRH.etLAINGD.R 0%6)- Moisturestressand plantresponse.In W.H.Pierre, D.Kirkha m,J Pasek et R Shaw dirs. , Plant Enviro nme nt and Efficient Water Use, 73-80.American Societyof Agronomists, SoilSdenceSocietyofAmerica,Madison.

SOLIERy. ( 992) - L'occupati on des Corbières à l'Agedu Fer.Habitats et mobiliers,DAN.,t.15,pp 327-390,72 fig.,4rab.

mORNESJE. ( 988) - Erosional Equil ibria under Grazing. In J. Bintliff, D. Davidson, et E. Grant dirs ., Conceptual Issues in Enuiron men tal Archëology, 193-210, Edinburgh University Press, Edimbourg .

THORNES].B. (991) - Vegetation and Erosion Interaction. In ].B.Thornes dir., Vegetationand Geomorpbology,John Wiley, Chiches ter.

VAQ UER]. ( 986) - Les fosses de Carsac et la conservation des grainsà l'Age du Fer :hypothè- ses el dé ductions, ln Gu ilaine J , Ran coule G., Vaquer ]., Passelac M., Vigne].-D. et alii, Carsac, une agglomèration protohisto rique en Languedoc, CASR,Toulouse,pp 257-260,1 tabl.

VERNET].-1. (980) - La végétation du Bassin de l'Aud e, entre Pyrénées et Massif Cen tral, au Tardiglaciaire et au Postglaciaire d'après l'Analyse Anthracologiqu e. Reuieuiof Palëob otany and Palyn ology,30,33-55.

VERNET].-L. (1989) - Analyse Anthracologiqu e de la Fo sse Est Ag e du Bronze Fina l IIlb. In J. Guilaine,J Vaq uer,J.Coularou,F.Treinen-Claustre dirs., Ornaisons-Mé dor. Archéologie et Ecologie d'un Site de l'Age de Cuivre, dé l'Age du Bronze etde l'Antiquité Tardive,169.CASR,Toulouse.

VERè'iET J.-1. et KRAUS-.'.lARGRET 1. ( 986) - Analyses Anthracologiques de quelqu es structu res de Carsac. ln ]. Guilaine, G. Rancoule,]. Vaquer, M. Passelac,].-D. Vigne , et al. dirs., Carsac. Une AgglomérationProtohistorique en Languedoc,213- 5,CASR,Toulouse .

VIGNE J.-D. ( 991) - La gra n de faune mamma lienne,miroir du paysage anthropis é 1,ln J Guilaine dir.Pour unearchéologieagraire, A.

Colin,Paris, pp 441-463,12ill.

ZAMMIT J. (98 2) - le dépôt sép u lc r al de la Bourdasse à Prad ellesen Val,Aude,Bulletin de la Soc.d'Et. Sc. de l'Aude, LXXXII,p,17.

Références

Documents relatifs

n Malgré la révision à la hausse des prix des voitures (pour répercuter la dépréciation du dinar), les concessionnaires ont globalement vu leurs marges se

A notre avis, à l’exception de la situation décrite au paragraphe 1 ci-dessus, les états de synthèse cités au premier paragraphe de ce rapport donnent, dans

Les lampes BlueMaxx™ sont des sources d’éclairage utiles pour procéder à des examens fluorescents sur des substances entrant en fluorescence entre 390 et 520 nanomètres

In this case, both S t and the cubic surface have automorphism group S 5 , and S t has type VI in Kondo’s classification of complex Enriques surfaces with finite automorphism

Ville natale de Picasso et d’autres grands peintres, Malaga est aujourd’hui connue comme la « Ville des musées » : elle en compte plus de 40, parmi lesquels des legs importants

[r]

Cette BD que les enfants affectionnent peut ainsi être un levier dans l’apprentissage de la lecture, dans l’éducation à l’image, mais aussi pour aborder des questions

« Les frais de reconstitution des titres de propriété d’immeubles ou de droits immobiliers pour lesquels le droit de propriété du défunt n’a pas été constaté avant son