Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche Service de la Faune
District de la Mauricie
Projet d'aménagement faunique dans un ravage d'orignal
par: Jean Vallée, biologiste 20 septembre 1973
Il est certes très important dans l'immédiat de planifier des
projets d'aménagement de l'habitat pour le chevreuil au Québec. D'autre part, il se pratique dans certaines régions des modes d'exploitation forestière (coupe à blanc sur grande superficie) qui ne favorisent nullement l'orignal. Conséquemment, nous avons remarqué à plusieurs reprises dans des ravages situés en périphérie de ces coupes des
augmentations importantes dans le nombre d'occupants. Des inventaires terrestres de ces aires d'hivernement laissaient entrevoir dans plusieurs de ces cas une faible qualité du couvert coniféral.
Suite à ces études, nous avons entrepris dans quelques ravages et ce, à titre expérimental, des travaux visant surtout l'amélioration du couvert résineux, servant d'abri, et dans certains cas, la disponibilité de la nourriture.
Nous avons donc, en collaboration avec le Ministère des Terres et Forêts et Rexfor, conclu un mémoire d'entente avec la Compagnie Internatio- nale de Papier. Ce mémoire nous permettait d'exécuter les travaux mais ne nous accordait pas le droit de couper le bois marchand. De plus, la compagnie a consenti volontiers à ne pas exploiter à cet endroit avant plusieurs années.
De façon à expliciter d'avantage le genre d'aménagement que nous avons effectué, nous décrirons les travaux exécutés dans le ravage du lac Otter.
La quartier hivernal fut localisé sur une montagne qui présente du côté Sud et Ouest, une pente moyenne et du côté Nord et Est, une pente
2.
très abrupte. Les orignaux ayant déjà hiverné plusieurs années à cet endroit, l'habitat avait perdu sa qualité propitiatoire.
Sur le sommet de la montagne, on retrouvait une forêt mélangée
à maturité de densité faible où on avait prélevé les plus belles tiges de bouleau jaune (Betula alleghaniensis), d'érable (Acer sp.) et de pin (Pinus sp.) avec en sous-étage à plusieurs endroits, des flots de feuillu
composés d'essences bâtardes à maturité et des Îlots de résineux au stade de gaulis et de perchis.
Dans les flancs Sud et Ouest de la montagne, nous pouvions trouver des strates de feuillusau stade de perchis dominées par des vétérans et des strates résineuses au stade de perchis. La coupe du résineux et des plus belles tiges de feuillu5ayant été faites à cet endroit.
Dans ces peuplements résiduels, nous avions donc à l'étage supérieur plusieurs gros feuillus de plus ou moins bonne qualité et avec de grandes cimes. En sous-étage, nous retrouvions des essences telles que l'érable à épis (Acer spicatum), l'érable de pennsylvanie (Acer pensylvanicum), l'érable rouge (Acer rubrum), le sorbier d'Amérique (Sorbus americana), le noisettier à long bec (Corylus cornuta), ainsi que le cerisier de pennsylvanie (Prunus pensylvanica) ayant atteint plus de quinze (15) pieds de hauteur.
Sur le sommet de la montagne, nous avons effectué une coupe par trouées, en ayant soin de faire concilier les trouées avec les îlots de résineux. Ces trouées ayant des dimensions de cinquante (50) à cent (100) pieds de diamètre. Ces coupes ont eu pour effet de favoriser
la venue de nouvelles pousses d'essences feuillues ce qui nous apparais- sait primordial à cet endroit.
Dans le flanc, nous avons fait des coupes par bandes d'une centai- ne (100) de pieds de largeur orientées Nord-Sud. Les bandes coupées coïncidant avec les strates feuillues généralement. Ces bandes ne pouvaient pas être coupées à blanc à cause des restrictions du mémoire d'entente avec la Compagnie Internationale de Papier. Nous abattions les gros feuillus de plus ou moins bonne qualité et en Trente temps, nous coupions à ras de sol les cepées rendues hors d'atteinte pour l'orignal.
A l'intérieur du résineux, nous avons effectué du dégagement de semis ainsi que des coupes d'assainissement dans les peuplements plus matures.
Conclusion:
Les résultats que nous avons obtenus sont plus qu'encourageant.
YI:n effet, nous notons une importante régénération en jeunes feuillus d'une part et nous avons amélioré de façon masquée la qualité et la quantité du couvert résineux d'autre part.
3.
Ces travaux étant dispendieux, nous croyons qu'il serait possible
4.
de parvenir à des résultats similaires en obligeant les exploitants
forestiers à se conformer à certaines restrictions ou en leur fournissant des plans d'aménagement pour ces microhabitats.
V'