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[Compte rendu de :] Le dialogue interreligieux : histoire et avenir / Jean-Claude Basset. - Paris : Ed. du Cerf, 1996

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[Compte rendu de :] Le dialogue interreligieux : histoire et avenir / Jean-Claude Basset. - Paris : Ed. du Cerf, 1996

ASKANI, Hans-Christoph

ASKANI, Hans-Christoph. [Compte rendu de :] Le dialogue interreligieux : histoire et avenir / Jean-Claude Basset. - Paris : Ed. du Cerf, 1996. Positions luthériennes , 2001, vol. 49, no. 2, p. 189-191

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:120660

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Positions

luthériennes

Théologie- Histoire- Spiritualité 49e année - No 2

Avril-Juin 2001

Revue trimestrielle publiée avec le concours du Centre national du livre

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BIBLIOGRAPHIE 189

J.-C. Basset, Le dialogue interreligieux. Histoire et avenir, Paris : Cerf, 1996, 503 pages. ISBN 2-204-05407-0, 195 FF.

La thèse de J.-C. Basset est à la fois une entreprise historique et systéma- tique. D'un côté il se demande que veut dire et que peut dire « Dialogue interreligieux », quels en sont les présupposés nécessaires, les défis actuels, les enjeux, les conditions ... D'un autre côté, il présente une histoire des dia- logues assez détaillée et bien commentée, depuis 1893 jusqu'à un passé récent. Une des questions les plus importantes et intéressantes concernant le dialogue entre les religions est celle de sa méthode (étroitement liée à sa possibilité). Cette même question méthodologique revient mutatis mutandis pour ce qui regarde une recherche sur ce dialogue. Dans sa préface C. Geffré caractérise - en reprenant des réflexions de l'a. - cette méthodolo- gie. B. n'élabore ni une «théologie des religions» qui part d'une perspec- tive chrétienne, ni une « histoire comparée des religions » qui se fonde sur une attitude neutre opérant « une épochè quant à la relation personnelle du croyant à sa tradition religieuse >> (Il). En différence avec ces deux approches, celui qui veut étudier le dialogue interreligieux, parce qu'il ne se trouve pas en no man's land et parce qu'il ne part pas d'une des religions en question qui lui servirait de critère, doit adopter lui-même une << attitude de dialogue>>. De même, «l'historien du dialogue interreligieux ne peut mettre entre parenthèses la référence à l'absolu, qui est inhérente à toute tradition religieuse. Il va donc prendre en compte la dimension absolue de la foi des fidèles qui se réclament de telle ou telle croyance. >> (Il). Pour Je dire en un mot, le théoriticien doit prendre au sérieux les implications spécifiques de chaque tradition religieuse, mais il doit le faire sans être lui-même impliqué.

Il doit savoir ce que veut dire être engagé dans une « croyance >>, sans pour autant prendre sa propre « croyance >> comme critère. Tâche pas facile.

Dans les trois premiers chapitres l'a. développe ce que veut dire« dia- logue>> et « approche dialogique>>. Ayant parcouru rapidement l'histoire de la philosophie, B. s'appuie surtout sur M. Buber dans sa compréhen- sion du dialogue: « 'Je m'accomplis au contact du Tu; en devenant Je, je dis Tu. Toute vie est rencontre.' >> (20). B. tire deux renseignements fon- damentaux de la philosophie dialogique de Buber : a) le rapport entre séparation et franchissement (en d'autres termes: pour qu'il y ait une vraie relation entre deux, il faut la distance); b) «l'importance de l'écoute attentive qui doit accompagner la parole>> (23). L'a. systématise ces deux éléments en cinq points : 1) rencontre de personnes, 2) échange de paroles, 3) réciprocité, 4) altérité et 5) enjeu (cf. 23). Nous ne nous intéressons à ces cinq points que dans la mesure où ils aboutissent à une caractéristique du dialogue interreligieux. ad 1) «Le dialogue est une ren- contre de personnes et non une comparaison d'idées ou une confrontation de systèmes. C'est le propre du dialogue que de prendre en compte les individus, leur histoire et leur devenir ... >> (23). ad 3) «Il n'y a pas de dialogue sans réciprocité, même si celle-ci n'est que rarement pleine et entière ... le dialogue interreligieux exige une réciprocité sans restriction. >> (ibd.). ad 4) «À la base du dialogue, il y a la différence ou l'altérité, reconnue comme fondement de l'espace interpersonnel et possi- bilité d'ouverture et de devenir, et non comme source d'aliénation.>>

(23s.). Si on applique ces éléments au dialogue interreligieux, on peut le

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définir comme « échange de paroles et écoute réciproque engageant sur un pied d'égalité des croyants de différentes traditions religieuses» (27).

Après la partie historique, l'a. reprend dans la 2' partie (systématique) des moments constitutifs d'un dialogue interreligieux; d'abord son contexte dans un monde caractérisé par la sécularisation et le pluralisme qui joue sur tous les plans : philosophique, culturel, moral, religieux ... D'une certaine manière, toutes les religions se trouvent dans la même situation et devant les mêmes exigences et mises en questions. La 2' partie comporte aussi une « typologie du dialogue » et un chapitre très intéressant dans lequel B. donne la parole à trois « témoins du dialogue » appartenant à des religions différentes (hindouïsme, bouddhisme et judaïsme).

Du point de vue systématique, la partie la plus dense est la « Conclusion», dans laquelle B. fait «quarante propositions », sortes de thèses avec explications. Je veux en donner quelques exemples :

Proposition 12) «Dans la mesure où le dialogue interreligieux implique une prise en compte de la pluralité religieuse, il est lié à un changement radical de compréhension de soi et de l'univers religieux, de la part des croyants et de leurs communautés.» (420). Proposition 4) «De l'expérience du dialogue interreligieux découle une approche dialogique de la foi des croyants, complémentaire des autres approches universitaires du phénomène religieux : historique, anthropologique, sociologique, psychologique et phé- noménologique.» (412). Proposition 15) «La généralisation du pluralisme social, culturel, idéologique et religieux rend de plus en plus aléatoire la prétention à détenir le monopole de la vérité. » ( 422). Proposition 17)

«Lorsqu'il va au-delà d'un échange poli, le dialogue interreligieux s'accom- pagne d'une nouvelle définition du rapport entre l'absolu et le relatif au sein de chaque tradition religieuse; dans le sens d'un déplacement de l'absolu de la sphère humaine à la réalité ultime. » (424). S'enchaîne directement la thèse 18) «Pour être fructueux, le dialogue interreligieux implique une claire distinction entre l'adhésion, l'engagement personnel et dynamique gu' est la foi d'une part, et, de 1' autre, la tradition érigée en doctrine, ensemble de propositions organisées en système et objet de croyance».

Et l'explication de la thèse: « ... la foi est la qualité humaine le mieux par- tagée et en même temps la plus personnelle et la plus intérieure, donc la moins aisément saissisable. D'autre part la doctrine est une expression, figée, de l'intelligence de la foi ... Sur le plan de la doctrine, le dialogue ne peut guère aller au-delà de la comparaison ou de la confrontation où chacun est amené à camper sur ses positions. Au contraire, le dialogue vise à ren- contrer l'autre sur le plan de ses convictions les plus profondes, sur le plan de la foi qui donne un sens à sa vie et à sa vision du monde. C'est à ce niveau, et à ce niveau seulement, que se produit la relation entre le 'Je' et le 'Tu' du dialogue bubérien » (425s.).

Ayant lu le livre, qui est éclairant et précieux sous beaucoup d'aspects, on n'a pas seulement l'impression que le dialogue interreligieux est aujour- d'hui quelque chose qui s'impose, mais on se demande bien plus comment on a pu être pendant des siècles et des millénaires si naïf de ne pas avoir commencé ce dialogue. En fait, le dialogue interreligieux a quelque chose de suggestif. Il apparaît, à juste titre, comme nécessaire devant les défis que rencontre aujourd'hui l'humanité, çles défis face auxquels nous sommes dans une responsabilité commune. Ce dialogue est-il pourtant une réalité ?

BIBLIOGRAPHIE 191

Et, pour être plus modeste, comment penser sa possibilité ? Les différentes religions sentent-elles le besoin de s'ouvrir l'une à l'autre? Ou leurs adhé- rents? Ou plutôt quelques spécialistes? Le dialogue interreligieux tel qu'il est décrit ici, présuppose une « base commune » (p. 417, passim). Quelle est cette base commune? Selon l'a., la foi (425, cf. 407, passim). Pourquoi pas ? dirons-nous, nous autres chrétiens ! Un bouddhiste pourtant, un hin- dou, d'une autre manière un Juif, aurait-il proposé cela? En d'autres termes, une base commune existe-t-elle vraiment? Si oui, quelle est cette base? Comment l'appeler? Et cette distinction entre «l'engagement per- sonnel et dynamique ... et ... la tradition érigée en doctrine ... (425), n'est-ce pas une caricature? Un engagement pur sans tous ses «accessoires» (rites, symboles, croyances, pratiques, lois, interdictions ... ) que serait-il ? N'y a-t-il pas dans cette distinction comme d'ailleurs dans l'affirmation d'une base commune une sorte de «théo-fondamentalisme» ? Dieu est ce qu'il est, la foi est ce qu'elle est, et tout le reste nous sert à communiquer, à nous ouvrir, à nous transformer. Mais si Dieu n'était pas ce qu'il est? Si la foi n'était pas un engagement pur, mais fondamentalement impur, c'est-à-dire si elle était liée profondément aux traditions, à un imaginaire, à une pratique, à des textes par exemple? Et si la foi n'était même pas le mot juste pour caractériser les autres religions ? Et si les autres religions avec lesquelles nous sommes en dialogue interreligieux, comme nous 1' appelons, n'appliquaient pas à elles-mêmes le mot« religion>>?

Et - la question semble être provocatrice, mais elle est très naïve et très innocente - pourquoi me devrais-je «transformer>>, transformer (et même

«radicalement>> !) ma «perception du monde et de la réalité>> (cf. 421), pourquoi devrais-je changer radicalement le « modèle de compréhension de moi>> en rencontrant par exemple un hindou ; et un Juif, pourquoi devrait-il faire la même chose en rencontrant un chrétien ; et ainsi de suite ? Je suis navré, je ne le vois pas.

Dans quel ciel se trouve ce Dieu qui n'est pas touché par la particularité de telle ou telle façon de le vénérer et de lui adhérer ? Dans aucun ciel, serait la réponse du « Dialogue interreligieux >> ; Dieu est au-delà de tout ciel, il est« l'absolu>> (424). Mais dans quelle religion Dieu est-il l'absolu? Hans-Christoph ASKANI

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