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Les déterminants de la participation et quelques effets sur le vote de gauche

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Les déterminants de la participation et quelques effets sur le vote de gauche

TAWFIK, Amal, HORBER, Eugen

Abstract

Ce chapitre examine les déterminants de la participation et leur évolution entre 1971 et 2007.

L'élaboration d'une typologie des citoyens permet d'affiner la compréhension des formes que peuvent prendre l'abstention. De manière subsidiaire, l'évaluation d'un éventuel profit pour les partis de gauche d'une mobilisation des abstentionnistes est menée pour les quatre dernières élections fédérales. Les résultats confirment l'influence des déterminants classiques de la participation. Les citoyens les mieux intégrés socialement et ceux qui disposent de ressources individuelles tendent davantage à participer qu'à s'abstenir, à être des citoyens modèles plutôt que des abstentionnistes endurcis. De tous les déterminants de la participation,l'identification partisane est, aujourd'hui comme dans les années 1970, le plus discriminant. Cependant, on observe une évolution des effets de certains déterminants de la participation entre 1971 et 2007. Le gender gap diminue sans disparaître complètement. Le pouvoir explicatif de l'état civil s'est également affaibli. En revanche, l'âge exerce une influence [...]

TAWFIK, Amal, HORBER, Eugen. Les déterminants de la participation et quelques effets sur le vote de gauche. In: Nicolet, S. et P. Sciarini. Le destin électoral de la gauche. Le vote socialiste et vert en Suisse . Genève : Georg, 2010. p. 47-87

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:24197

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Résumé.  Ce chapitre examine les déterminants de la participation et leur  évolution entre 1971 et 2007. L’élaboration d’une typologie des citoyens  permet d’affiner la compréhension des formes que peuvent prendre l’abs- tention. De manière subsidiaire, l’évaluation d’un éventuel profit pour les  partis de gauche d’une mobilisation des abstentionnistes est menée pour  les quatre dernières élections fédérales. Les résultats confirment l’influence  des déterminants classiques de la participation. Les citoyens les mieux inté- grés socialement et ceux qui disposent de ressources individuelles tendent  davantage à participer qu’à s’abstenir, à être des citoyens modèles plutôt que  des abstentionnistes endurcis. De tous les déterminants de la participation,  l’identification partisane est, aujourd’hui comme dans les années 1970, le plus  discriminant. Cependant, on observe une évolution des effets de certains  déterminants de la participation entre 1971 et 2007. Le gender gap diminue  sans disparaître complètement. Le pouvoir explicatif de l’état civil s’est éga- lement affaibli. En revanche, l’âge exerce une influence croissante sur la par- ticipation, ce qui indique que le rapport à la politique des jeunes générations  a évolué. Cet effet croissant de l’âge suggère l’existence d’un generation gap. 

La comparaison du choix partisan des votants à celui des abstentionnistes  montre que les partis de gauche n’auraient pas systématiquement profité  d’une mobilisation des abstentionnistes lors des quatre dernières élections  fédérales. Les grands perdants auraient été les partis de la droite modérée. 

Par contre, l’UDC aurait significativement augmenté son score lors des trois  dernières élections, si les abstentionnistes avaient voté.

Les déterminants de la participation et quelques effets sur le vote de gauche

aMal taWFiK eUGene horBer

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Introduction 1

Dans la deuxième moitié du XXe siècle et dans la plupart des démocraties occidentales, on observe, à des rythmes différents, une diminution du taux de participation aux élections législa- tives. La Suisse ne fait pas exception. Elle se distingue même par un niveau de participation politique très bas en compa- raison internationale (Freitag, 1996 ; Franklin, 2004). Si toutes les formes de démocratie impliquent une participation des citoyens, la démocratie directe suisse est à cet égard plus exigeante que la plupart des autres démocraties. A côté des élections (fédérales, cantonales et communales, voire judiciaires pour certains can- tons comme Genève), les citoyens suisses doivent se prononcer en moyenne quatre fois par année sur plusieurs objets fédéraux, cantonaux ou communaux (initiatives et/ou référendums) 2.

Les transformations socio-structurelles de ces der- nières décennies qui auraient pu produire des effets positifs sur la participation, comme l’augmentation générale du niveau de formation, la diminution des emplois non qualifiés ou le vieillissement de la population, n’ont pas endigué la montée de l’abstention. Dans ce contexte, la problématique de l’abs- tention prend toute son acuité. L’abstentionnisme apparaît dès lors comme un symptôme de dysfonctionnement du système démocratique et comme un problème politique, dans la mesure où il met en question la représentativité des élus et la légiti- mité des institutions politiques 3. Un haut niveau d’abstention

1 Nous remercions Pascal Sciarini pour sa relecture et ses commentaires avisés.

2 Le système de démocratie directe suisse implique que les élections n’ont pas tout à fait la même valeur et le même poids que celles des démocraties repré- sentatives. Les instruments de la démocratie directe – l’initiative et le réfé- rendum – permettent aux citoyens suisses de désavouer le Parlement lors des multiples votations, sans pour autant remettre en question sa légitimité. Ces instruments limitent la marge de manœuvre du Parlement (Kriesi, 1998a) et relativisent, par conséquent, l’importance des élections.

3 Il existe cependant différentes manières d’associer la participation politique à la démocratie (Wernli, 2001). Held a dégagé quatre modèles de démocratie qui ont chacun une conception de la participation des citoyens : le modèle de l’éli- tisme compétitif, le modèle de la démocratie légale, le modèle du pluralisme et le modèle participatif (Held, 1987). C’est surtout dans le modèle participatif et, dans une moindre mesure, dans le modèle du pluralisme que l’abstentionnisme est considéré comme un dysfonctionnement du système politique.

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traduit une coupure de plus en plus grande entre les citoyens et le monde politique 4. Subileau (1997) parle d’un désenchante- ment démocratique qui favoriserait la montée du cynisme face à la politique. Dans le même ordre d’idée, Joye et Papadopoulos (1994) considèrent que l’augmentation de l’abstentionnisme serait, en Suisse, le symptôme d’une désillusion progressive face aux partis politiques. Les multiples conséquences de l’abs- tention sur le fonctionnement de la démocratie accroissent tou- jours un peu plus le besoin de comprendre ce phénomène.

L’analyse des déterminants sociaux et politiques de la participation a une longue tradition de recherche. Depuis les travaux pionniers de Lazarsfeld et al. (1968, [1944]), les études sur la participation politique se sont accumulées et diversifiées.

Le développement de l’instabilité électorale et de la volatilité des électeurs a favorisé l’élaboration de nouvelles approches théoriques. Trois modèles explicatifs caractérisent les recherches sur le comportement électoral. Le premier modèle qualifié de sociologique est associé aux travaux de Lazarsfeld et de son équipe (1968, [1944]). Selon ce modèle, la participa- tion s’explique par des facteurs socio-structurels (le niveau de formation, le revenu, la catégorie socioprofessionnelle, le sexe, l’intégration sociale, l’âge, le lieu d’habitation). Une faible insertion sociale engendre un déficit d’intégration politique, ce qui favorise l’abstentionnisme. Le deuxième modèle met l’accent sur des facteurs socio-psychologiques en considérant que la participation est guidée par la perception et les attitudes des électeurs plus que par leur position sociale (Campbell et al., 1954, 1960). Le paramètre-clef dans la décision de parti- ciper est l’identification partisane – qui se définit comme un attachement affectif et durable transmis par les parents, ren- forcée par le milieu social et professionnel ; on rejoint ici le modèle précédent. Dans cette perspective, le déclin de l’iden- tification partisane favoriserait l’abstentionnisme. Le troisième

4 L’abstentionnisme peut traduire une apathie et un déficit de compétences poli- tiques, ou prendre la forme d’un comportement contestataire. Il ne faut toutefois pas surestimer ce type de comportement : seule une petite part des abstention- nistes endurcis peut être caractérisée par des convictions idéologiques affir- mées qui s’expriment par un refus systématique de participer au jeu politique (Gaxie, 2007).

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modèle explicatif, qualifié d’économique, renvoie aux théories du choix rationnel (Downs, 1957). Il applique au comportement électoral le paradigme utilitariste tiré de l’économie classique.

Le citoyen participe s’il a un intérêt personnel et égoïste à le faire. C’est un calcul coûts-bénéfices qui détermine la décision de participer. L’analyse classique des déterminations sociales s’est ainsi vue concurrencée par celle portant sur le type de scrutin et son enjeu, sur l’offre électorale et sur la conjoncture (Franklin et al., 1992).

Ces trois modèles ont suscité de nombreux travaux qui ont cherché à mettre en évidence les différents facteurs influençant le niveau de participation. Schématiquement, on peut dire que ces travaux distinguent quatre grands types de facteurs explicatifs : les ressources individuelles, les compé- tences et attitudes politiques, l’intégration sociale, l’évaluation du système politique. Les résultats de ces travaux indiquent que les votants se distinguent des abstentionnistes tant au niveau de leurs caractéristiques socio-économiques (niveau de formation, revenu, classe sociale) et socio-démographiques (âge, sexe) qu’à celui de leurs rapports avec la politique (les comportements, les attitudes et les motivations).

De nombreux travaux ont analysé les déterminants sociaux et politiques de la participation en Suisse. Les diffé- rences de participation entre les hommes et les femmes, quali- fiées de gender gap (le fossé des sexes), a donné lieu à trois types de facteurs explicatifs : les différences d’intégration sociale des hommes et des femmes, la persistance de la division tradition- nelle des rôles qui cantonne les femmes dans l’espace privé et domestique et les facteurs institutionnels comme l’attribution tardive du droit de vote et d’éligibilité aux femmes (Sciarini et al., 2001). Cette attribution tardive des droits politiques a engendré un déficit de socialisation politique qui produit des attitudes politiques peu enclines à la participation (Wernli, 2001 ; Engeli et al., 2006). L’inégalité de socialisation politique peut néanmoins être compensée, du moins pour certaines catégories de femmes, par des ressources individuelles comme un haut niveau de formation (Ballmer-Cao et Sgier, 1998).

L’influence de l’âge sur la participation renvoie à plu- sieurs types d’effets (Brunner, 1998, 2002 ; Sciarini et al., 2001 ;

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Wernli, 2001 ; Kriesi, 2005). Le vieillissement biologique et psychologique favorise la participation du fait de l’accumu- lation de l’expérience politique, du moins jusqu’à un certain seuil (le quatrième âge). Un changement de position dans le parcours de vie influence indirectement le comportement politique, via d’autres variables comme l’état civil, le revenu, l’insertion dans le monde du travail ou son retrait. Enfin, l’appartenance générationnelle (ou à une cohorte), du fait de l’intériorisation de valeurs, de normes et d’une vision du monde rattachées à des événements ou à une période histo- rique, façonne les comportements politiques. Par exemple, le sens du devoir civique encore présent chez les plus anciennes générations s’est fortement étiolé, voire a carrément disparu chez les plus jeunes.

D’autres effets (contextuels et institutionnels) comme le pourcentage de catholiques dans un canton, le vote obligatoire ou la compétition partisane influencent également la partici- pation (Wernli, 2001 ; Buhlmann et Freitag, 2006). L’intensité de la campagne, contrôlée par les élites et les partis politiques, peut jouer un rôle positif dans la participation des citoyens comme l’a montré Kriesi (2005) pour les votations.

L’objectif de ce chapitre  est d’examiner les facteurs expliquant la participation politique et leur évolution. Pour affiner notre compréhension de la participation électorale et des formes que peuvent prendre l’abstention, les perspec- tives et angles d’analyse seront diversifiés. Dans une première partie, nous adopterons une perspective temporelle pour prendre la mesure de l’évolution des déterminants sociaux et politiques de la participation aux élections du Conseil national entre 1971 et 2007. Dans la deuxième partie, nous élaborerons une typologie de la participation qui distingue quatre groupes de citoyens, puis nous chercherons à mettre en évidence, pour l’élection fédérale de 2007, les caractéristiques sociales et poli- tiques qui les différencient. Dans la dernière partie, nous cher- cherons à évaluer si une mobilisation des abstentionnistes lors des quatre dernières élections fédérales aurait profité aux partis de gauche. A cette fin, nous procéderons à la compa- raison du choix partisan des abstentionnistes et de celui des votants pour les élections fédérales de 1995, 1999, 2003 et 2007.

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Les analyses reposent sur des données d’enquêtes issues du fichier cumulé de données des études électorales suisses couvrant la période 1971-2007 5, à l’exception de la première section où nous avons utilisé les données de participation aux élections et votations fédérales publiées par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Dans la mesure du possible, nous avons fait un effort pour restituer les résultats de manière la plus accessible et lisible que possible. Le lecteur intéressé par des considérations méthodologiques peut se référer aux notes de bas de page et aux annexes, où il trouvera également des résul- tats plus détaillés.

L’évolution de la participation et de ses déterminants

La variation du taux de participation entre 1919 et 2007

Avant de s’intéresser aux déterminants de la participation et à leur évolution dans le temps, nous allons observer la forme générale de la courbe de participation politique en Suisse. Le graphique 1 montre l’évolution du taux de participation aux élections du Conseil national entre 1919 et 2007. A titre de com- paraison, nous avons projeté la courbe de participation aux votations fédérales pour cette même période 6. La baisse régu- lière du taux de participation aux élections du Conseil national s’est amorcée après les élections de 1935 où il culminait alors à presque 80 %. Dans les années 1970, le niveau de participation

5 Ce fichier cumulé de données est composé de neuf enquêtes électorales suisses.

Pour plus de détails, voir le site : http ://www.selects.ch/home.asp ?lang=fr 6 La courbe de participation aux votations a été lissée par médianes mobiles. Le lissage de la série des taux de participation aux votations met en évidence les tendances de l’évolution de la participation, tout en éliminant les taux atypiques pour une période donnée. Comme il s’agit de comparer les taux de participation aux élections et aux votations, un lisseur d’une longueur de 4 a été choisi. Pour obtenir la tendance en chaque point de la courbe, on calcule la médiane d’une période comprenant quatre années. Pour chaque année, nous avons pris le taux annuel moyen de participation.

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baisse fortement, en partie en raison de l’extension des droits politiques aux femmes (1971). Après un recul constant de la participation jusqu’en 1995, où il atteint son niveau le plus bas jamais enregistré en Suisse avec 42,2 %, le taux de participa- tion aux élections fédérales augmente légèrement.

La participation aux votations fédérales est nettement plus fluctuante car elle est beaucoup plus sensible au contexte politique et économique, mais également aux enjeux du scrutin 7. Dans le premier tiers du XXe siècle, la participation aux votations fédérales a considérablement augmenté, malgré une baisse qui a accompagné la crise économique de 1929. Le milieu des années 1930 s’est caractérisé par une forte partici- pation. Par la suite, la tendance est à la diminution de la par- ticipation avec quelques petites fluctuations. Jusqu’au milieu

7 Le taux de participation aux votations peut considérablement varier. Par exemple, il était de 31 % pour le scrutin du 3 mars 1991 qui comprenait, entre autres, le projet d’abaisser le droit de vote et d’éligibilité de 20 ans à 18 ans, et de 78 % pour le vote sur l’Espace économique européen (EEE).

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19191922 19251928

19311935 19391943

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19631967 19711975

19791983 19871991

19951999 20032007 30

90

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Graphique 1. Evolution de la participation aux élections du Conseil national et aux votations populaires fédérales entre 1919 et 2007 (%)

Données : OFS.

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des années 1980, l’écart entre les courbes de participation était grand, les élections fédérales mobilisant davantage les citoyens que les votations. Depuis le début des années 1970, cet écart s’est progressivement réduit. A partir de 1987, les courbes de participation convergent.

L’évolution des déterminants sociaux de la participation

Nous allons maintenant examiner l’évolution des détermi- nants sociaux de la participation ces dernières décennies (un tableau détaillé présentant les résultats des analyses relatives aux déterminants sociaux de la participation est disponible en annexe 1 tableau A.1) 8. Un facteur explicatif classique de la participation est le sexe. L’élection de 1971 correspond à la pre- mière élection fédérale à laquelle les femmes ont pu prendre part. Elles se sont d’ailleurs largement moins mobilisées que les hommes, ce qui s’explique, entre autres, par un déficit de socialisation politique. Par la suite l’écart de participation entre les hommes et les femmes a diminué sans toutefois se résorber entièrement. Concernant l’effet de l’âge, en 1971, les jeunes (18-34 ans) et les personnes âgées (65 ans et plus) pré- sentent un niveau de participation peu ou prou identique, mais inférieur de plus de 10 points de pourcentage à celui des 35-64 ans. Entre 1975 et 1995, la participation des jeunes diminue constamment, puis elle remonte progressivement les élections suivantes (le taux est de 34 % en 2007). Cette légère progres- sion amorcée dès 1995 ne permet pas de combler le déficit de participation par rapport aux autres classes d’âge. Le niveau de participation des 35-64 ans se fixe, dès 1979, entre 46 % et 52 %.

Celui des personnes âgées a dépassé, dès 1979, celui des 35-64 ans pour se stabiliser entre 51 % et 62 %.

La prise en compte séparée de l’effet de l’âge et du sexe masque des effets importants d’interactions entre ces deux variables qui jouent sur le niveau de participation. Le

8 Les données des enquêtes électorales ont été pondérées pour corriger la sur-/

ou sous-représentation cantonale et la participation.

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1971 1975 1979 1987 1991 1995 1999 2003 2007 1971 1975 1979 1987 1991 1995 1999 2003 2007 20

30 40 50 60 70 80 Femmes Hommes

18-34 ans

18-34 ans 35-64 ans

35-64 ans 65 ans et +

65 ans et +

graphique 2 montre l’évolution des taux de participation selon leur âge pour les hommes et les femmes. Entre 1971 et 2007, les hommes de 35 à 64 ans et de 65 ans et plus affichent un taux de participation supérieur aux autres catégories de citoyens.

Ce taux n’est d’ailleurs jamais descendu en-dessous de 52 %.

Chez les femmes, en 1971, les 35-64 ans présentent un taux de participation supérieur à ceux des 18-34 ans et des 65 ans et plus, respectivement de 9 et de 15 points de pourcentage. L’effet d’âge sur la participation illustre, dans le cas des femmes, un effet générationnel : les 35-64 ans représentent, en 1971, la caté- gorie de citoyennes la plus mobilisée dans la lutte pour l’ac- quisition du droit de vote et d’éligibilité des femmes. Par la suite, le niveau de participation des femmes de 65 ans et plus augmente progressivement pour dépasser, dès 1995, celui des femmes de 35-64 ans. Cette augmentation n’est pas étonnante dans la mesure où les femmes âgées de 35 à 64 ans en 1971 vieillissent pour constituer petit à petit la catégorie des 65 ans et plus. Le taux de participation des jeunes femmes (18-34 ans) diminue constamment jusqu’en 1999, puis il augmente légère- ment lors des deux dernières élections. Depuis l’élection de 1979, les jeunes femmes constituent la catégorie qui affiche le niveau de participation le plus bas aux élections fédérales.

Quant aux jeunes hommes, leur niveau de participation a for- tement diminué entre 1971 et 1995 pour remonter lentement

Données : fichier cumulé de données des études électorales suisses 1971-2007.

Graphique 2. Evolution du taux de participation selon l’âge entre 1971 et 2007 pour les hommes et les femmes (%)

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1971 1975 1979 1987 1991 1995 1999 2003 2007 1971 1975 1979 1987 1991 1995 1999 2003 2007 20

30 40 50 60 70 80 90 Femmes Hommes

moyen

moyen supérieur

supérieur inférieur

inférieur

ces trois dernières élections, tout en restant supérieur à celui des jeunes femmes.

Le niveau de participation varie également selon le niveau de formation : plus ce niveau est élevé, plus les citoyens participent. L’écart entre les niveaux de formation est resté à peu près stable entre 1971 et 2007. La prise en considération du niveau de formation et du sexe (cf. graphique 3) indique que les effets sont plus complexes qu’il n’y paraît. Aux élec- tions de 1971, 1975 et 1991, le taux de participation des femmes possédant un niveau de formation supérieur dépasse d’en- viron neuf points de pourcentage celui de leurs homologues masculins. Ces écarts en faveur des femmes les mieux for- mées suggèrent à nouveau un effet générationnel. En 1971 et 1975, cette catégorie de citoyennes s’est fortement mobilisée car elle représentait une catégorie de femmes actives dans la revendication de l’égalité des droits politiques et sociaux.

En 1991, la brusque augmentation de la participation de cette catégorie de femmes pourrait s’expliquer par la première grève nationale des femmes le 14 juin – jour du dixième anni- versaire de l’acceptation de l’article constitutionnel sur l’éga- lité des droits – qui a eu pour effet de fortement mobiliser les femmes dotée d’un fort capital culturel. Ces résultats confir- ment l’hypothèse de Ballmer-Cao et Sgier (1998) quant à un possible comblement du retard de socialisation politique des

Données : fichier cumulé de données des études électorales suisses 1971-2007. 

Graphique 3. Evolution du taux de participation selon le niveau de formation entre 1971 et 2007 pour les hommes et les femmes (%)

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femmes possédant des ressources individuelles, comme un niveau de formation supérieur 9.

Un autre facteur explicatif de la participation est l’état civil qui renvoie à la fois à la position dans le cycle de vie et à une forme d’intégration sociale (Sciarini et al., 2001). Les citoyens mariés affichent systématiquement un niveau de par- ticipation supérieur à celui des autres citoyens. Ce résultat n’est pas surprenant dans la mesure où le mariage est un vecteur d’intégration sociale. Les célibataires et les séparés/divorcés ont, en général, des niveaux de participation similaires 10.

Les différences de participation entre les confessions reli- gieuses ne sont significatives que pour 1991, 2003 et 2007. Lors de ces élections, les protestants et les catholiques ont affiché un niveau de participation supérieur à celui des autres confes- sions et des sans confession. Cet écart s’explique par le rôle joué par les deux confessions religieuses dominantes en Suisse dans le processus politique. Pour bien comprendre leur rôle, il faut rappeler que la laïcité n’existe pas au niveau fédéral et que seuls deux cantons (Genève et Neuchâtel) ont inscrit dans leur constitution le principe de laïcité (séparation de l’église et de l’Etat). L’effet de la confession religieuse sur la participa- tion s’explique par le développement d’un sentiment d’appar- tenance à une communauté de croyants, et plus largement à des normes, valeurs et des modes de vie qu’il s’agit de sauve- garder et de perpétuer. En ce qui concerne la pratique religieuse, les pratiquants participent systématiquement plus que les non pratiquants avec des écarts oscillant entre 4 et 14 points de pourcentage selon les années. Par son rôle d’intégration à la communauté et son effet mobilisateur, la pratique religieuse favorise la participation politique.

La participation varie également entre les classes sociales.

La classe des services  –  les nouvelles classes moyennes

9 Cela dit, le pourcentage de femmes qui possèdent une formation supérieure est extrêmement faible : elles sont seulement 1,8 % en dans l’enquête de 1971, 2,2 % dans celle de 1975 et 4,5 % dans celle de 1991. Ces pourcentages correspon- dent d’ailleurs peu ou prou à ceux des recensements fédéraux de la population de 1970 et de 1990.

10 Excepté en 1971 où l’écart en faveur des célibataires était de 20 points de pourcentage.

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salariées – et les indépendants 11 ont un niveau de participa- tion supérieur à celui des travailleurs (employés et ouvriers) qualifiés et non qualifiés. Jusqu’en 1975, les travailleurs quali- fiés se distinguaient nettement des travailleurs non qualifiés avec un taux de participation supérieur à 50 %. Par la suite, ils se sont progressivement démobilisés pour finir par ne plus se démarquer des travailleurs non qualifiés. Cette forte progres- sion de l’abstention chez les travailleurs qualifiés est à relier, d’une part, à l’affaiblissement des processus de mobilisation comme la diminution de l’appartenance syndicale et partisane, et, d’autre part, à des facteurs non politiques comme la pré- carisation des conditions de travail et l’augmentation du chô- mage. Les travailleurs qualifiés, mais surtout les travailleurs non qualifiés, sont les « perdants » du processus de modernisa- tion (Kriesi, 1998a, 1998b), ce qui expliquerait leur démobilisa- tion et, par conséquent, la progression de l’abstention.

L’évolution des déterminants politiques de la participation

Les caractéristiques sociales ne sont pas les seuls déterminants de la participation. D’autres déterminants que l’on qualifie de politiques influencent aussi le choix de participer ou de s’abs- tenir. Le rapport qu’entretiennent les citoyens avec la poli- tique joue sur leur propension à participer (un tableau détaillé présentant les résultats des analyses relatives aux détermi- nants politiques de la participation est disponible en annexe 1 tableau A.1). Les citoyens qui manifestent un intérêt pour la politique participent beaucoup plus que les autres : en 1971, les premiers sont 76 % à participer contre 44 % des seconds. Au fil des élections, l’écart entre ces deux catégories de citoyens augmente progressivement pour atteindre 47 points de pour- centage en 2007. Une part minoritaire mais néanmoins impor- tante de citoyens qui ne manifeste pas d’intérêt à l’égard de la politique vote. Comment expliquer ce paradoxe ? Il peut

11 La classe des indépendants est composée des professions libérales, des employeurs et des petits indépendants avec ou sans employés.

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s’expliquer par le sens de la tradition et le sentiment du devoir civique (Gaxie, 1978 ; Blais, 2000) ou par la perspective de récolter des bénéfices de signalement (Funk, 2006). Plusieurs études ont d’ailleurs montré que ce sentiment est plus fort chez les anciennes générations. Nos résultats confirment cet effet générationnel (cf. annexe 1 tableau A.2). En 1971, parmi les citoyens pas intéressés par la politique, les 18-34 ans affichent un taux de participation similaire à celui des 65 ans et plus. A cette époque, le sentiment du devoir civique était encore rela- tivement développé chez tous les citoyens. Il s’appuyait sur une pluralité de processus de mobilisation politique ou non poli- tique comme le contrôle social de la famille et de la commu- nauté (affaibli ces dernières décennies par l’augmentation du nombre de familles monoparentales et de personnes vivant seules ainsi que par le processus d’urbanisation), l’apparte- nance aux syndicats et aux partis (en nette diminution) ou la pratique religieuse. C’est à partir de 1979 que l’écart se creuse entre la jeune et l’ancienne générations pas intéressées par la politique. Depuis cette date, cette dernière présente un taux de participation supérieur de 10 à 27 points de pourcentage de participation à celui de la jeune génération.

Un autre déterminant de la participation est l’identifica- tion partisane, qui a d’ailleurs fortement décliné entre 1971 et le début des années 2000. Ce déclin n’a toutefois pas modifié l’effet de l’identification partisane sur le niveau de partici- pation. En d’autres termes, l’écart de niveau de participa- tion entre les citoyens qui s’identifient à un parti et les autres citoyens est resté plus ou moins stable ces dernières décen- nies. Aujourd’hui comme en 1971, l’identification partisane conserve un fort effet mobilisateur.

Le déclin de l’identification partisane s’accompagne d’une légère augmentation du sentiment de confiance envers le gouvernement entre 1971 et 2007. Concernant l’effet de la confiance dans le Conseil fédéral sur la participation, les citoyens confiants participent sensiblement plus que les autres. Cet écart de participation a légèrement augmenté jusqu’en 1999 pour ensuite se réduire lors des deux dernières élections. La participation diffère également selon l’auto-positionnement poli- tique. En 1971, on n’observait aucune différence significative

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entre les citoyens qui se positionnaient à gauche, à droite ou au centre. Les élections suivantes se caractérisent par une diminu- tion progressive de la participation des citoyens qui se situent au centre par rapport à ceux qui se positionnent à gauche ou à droite. Quant aux citoyens qui ne se positionnent pas, ils s’abs- tiennent toujours plus que les autres : entre 1971 et 2007, l’écart est resté stable par rapport à ceux qui se situent à droite ou à gauche, mais il s’est légèrement réduit avec ceux qui se posi- tionnent au centre. Une hypothèse peut être avancée pour expliquer la diminution progressive de la participation des citoyens qui se positionnent au centre. En 1971, un auto-posi- tionnement au centre reflétait une position idéologique tran- chée, « centriste », c’est-à-dire située entre la gauche et la droite, alors qu’en 2007, sous l’effet de la multiplication des enquêtes par sondage (qui habitue les citoyens à répondre aux questions et qui développe chez eux une relative familiarité avec l’idée d’auto-positionnement politique), le positionnement au centre est, à côté d’un positionnement idéologique, également devenu une manière de ne pas se positionner. La diminution progres- sive de la proportion des citoyens qui ne se positionnent pas sur l’axe gauche-droite semble confirmer cette interprétation : en 1971, ils sont 44 % contre seulement 7 % en 2007 12.

La comparaison du profil des votants aux élections fédérales de 1971 et de 2007

Après avoir considéré les effets des déterminants de la parti- cipation séparément (certains effets ont été contrôlés par une variable supplémentaire), il nous a semblé nécessaire d’ana- lyser simultanément les déterminants de la participation. Dans cette section, nous allons examiner l’influence simultanée de

12 Les non réponses à une question peuvent être considérées comme « un indi- cateur de distance sociale entre les enquêtés et la question posée » (Combessie, 2007 : 37). La diminution de la proportion de non réponses à la question de l’auto-positionnement politique indique une réduction de cette distance. Mais on peut aussi y déceler une forme de réponse à l’injonction de répondre aux questions posées par les sondeurs, injonction de plus en plus forte à mesure que les sondages se multiplient.

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différents déterminants sociaux et politiques sur la participa- tion aux élections. Nous allons procéder à une comparaison des déterminants de la participation aux élections de 1971 et de 2007, ce qui nous permettra de mieux comprendre l’évo- lution du comportement électoral. Pour comparer ces déter- minants, nous avons utilisé une technique de segmentation automatique qui, à partir d’une liste de variables indépen- dantes, cherche d’abord la variable qui discrimine le plus entre les votants et les abstentionnistes, et ensuite, pour chaque modalité de cette variable, la variable la plus discriminante par rapport à la participation dans la liste de variables indé- pendantes et ainsi de suite, jusqu’à épuisement de la liste ou jusqu’à l’arrêt de la procédure – soit parce qu’on a atteint la taille minimale du groupe, soit parce que le contraste entre les modalités est trop faible (critères d’arrêt).

Cette technique statistique présente les résultats sous la forme d’un arbre hiérarchique qui permet une lecture intuitive.

Elle comporte l’avantage de pouvoir comparer les interactions existantes entre les déterminants socio-politiques et la parti- cipation. L’arbre produit par cette technique permet d’identi- fier des groupes (c’est-à-dire des catégories de citoyens) dont le taux de participation est particulièrement élevé ou particuliè- rement bas. Les nœuds (ou cases) de l’arbre comportent le taux de participation du sous-groupe considéré. Chaque nœud cor- respond à une catégorie particulière de la population dont on peut dresser le profil sociodémographique 13. Nous reprodui- sons les analyses pour les élections de 1971 et de 2007 14.

La variable dépendante (à expliquer) est la participation aux élections fédérales et les variables indépendantes retenues sont : le sexe, l’âge (en 7 catégories), le niveau de formation

13 Cette technique statistique présente l’avantage d’être facile à mettre en œuvre (elle n’implique pas de paramétrages complexes) et de générer des résul- tats lisibles dont l’interprétation ne requière pas de connaissances poussées en statistiques. En revanche, les résultats produits sont sensibles au choix des cri- tères d’arrêt (comme la taille minimale des nœuds parents et terminaux), tout particulièrement pour les variables les moins discriminantes.

14 Les analyses ont également été effectuées pour les autres élections du fichier cumulé 1971-2007. Elles ne seront toutefois pas présentées dans ce chapitre mais elles peuvent être obtenues auprès des auteurs.

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Participation 56.9%

Mar62.3% libataire60.6%

Mar83.3% S’identifie à un parti 70.0% Ne s’identifie pas à un parti 39.2%

Femme 59.5% Aucun29.6%

Droite 63.1%

Gauche/ Centre 54.0%

Homme 79.4%Non mar67.3% Inp./Services 66.7% Autre classe 44.8% lib./Sépar./Divor.22.2%

Mar35.8%

Aucune pratique 76.7%

Pratique religieuse 88.9% Formation inrieure 59.3%

Formation moy./sup.78.9% Confiance dans le CF41.0% Pas confiance CF36.3%

Inp/Trav. non qualif88.9% Travailleur qualif 83.4% Catholique/Aucune 68.9%

Protestant/Autre religion 80.1% Autre classe53.7%

Inpendant 68.4%

Classe des services 93.6% Autre état civil 44.8% Veuf/8.9%

Manquant 17.2%

Femme 37.3%

Homme 49.8% Taux de participation aux élections rales de 1971 CHAID (chi-square AID) Options : Taille minimale des nœuds parents 150, nœuds enfants 50, recodage automatique autorisé. 69,2 % des observations classées correctement. Effectif total : 1893

Figure 1. Profil de la participation aux électionsrales de 1971 ÉPREUVE I ÉP

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(bas, moyen, élevé), l’état civil (marié, célibataire, séparé/

divorcé, veuf), la confession religieuse (catholique, protes- tante, autre confession, sans confession), la pratique religieuse, la taille de la ville, la région linguistique, la classe sociale (indépendants, travailleurs qualifiés, travailleurs non qualifiés, classe des services), l’auto-positionnement politique (gauche, centre, droite), l’identification partisane et la confiance dans le Conseil fédéral 15.

L’arbre de la figure 1 montre les déterminants les plus significatifs de la participation pour l’élection de 1971. La variable la plus discriminante est l’identification partisane. Au deuxième niveau, pour les citoyens qui s’identifient à un parti, le sexe est le facteur le plus discriminant : 79 % des hommes contre 60 % des femmes ont participé à l’élection. Pour ceux qui n’ont pas d’identification partisane, l’auto-positionnement politique sur l’échelle gauche-droite est le facteur le plus déter- minant : on participe plus lorsque l’on se positionne à droite, un peu moins lorsque l’on se situe à gauche ou au centre, et beaucoup moins lorsque l’on ne se positionne pas. Au troi- sième niveau, excepté les citoyens sans identification partisane qui se positionnent à droite, on voit apparaître deux autres déterminants, la classe sociale et surtout l’état civil. Lorsque l’état civil apparaît et quel que soit le sous-groupe considéré, le fait d’être marié favorise la participation. Dans les niveaux suivant, d’autres facteurs apparaissent, mais seulement pour certains sous-groupes.

En 1971, parmi les citoyens sans identification partisane qui ne se positionnent pas sur l’échelle gauche-droite, les veufs sont seulement 9 % à participer, alors que deux catégories de citoyens présentent un taux de participation supérieur à 60 % tout en n’ayant pas d’identification partisane (ceux qui s’auto- positionnent à droite et ceux qui se situent à gauche ou au centre, indépendants ou issus de la classe des services). Parmi

15 Le choix des variables indépendantes est limité aux variables disponibles pour les années 1971 à 2007. Nous n’avons pas retenu l’intérêt pour la politique car l’explication de la participation par l’intérêt des citoyens à l’égard de la politique nous paraît en bonne partie tautologique. La mise en évidence de cet effet n’apporte pas grand chose en termes de compréhension du phénomène de l’abstention.

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Taux de participation aux élections rales de 2007 CHAID (chi-square AID) Options : Taille minimale des nœuds parents 170, enfants 70, recodage automatique autorisé. 68,2 % des observations classées correctement. Effectif total : 4388

Figure 2. Profil de la participation aux élections rales de 2007 ÉPREUVE I ÉP

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les citoyens qui s’identifient à un parti, une seule catégorie affiche un taux de participation inférieur à 50 % (les citoyennes qui ne sont pas mariées, ni célibataires) et une autre présente une très forte participation avec un taux avoisinant les 94 % (ce sont des hommes, mariés, pratiquants, issus de la classe des services).

L’arbre de la figure 2 montre les résultats pour l’élec- tion de 2007. Comme pour les élections de 1971, l’identification partisane est la variable la plus discriminante. Ainsi, ceux qui s’identifient à un parti participent à raison de 70 % contre 37 % des autres citoyens. Au deuxième niveau, l’âge est le facteur le plus discriminant – que l’on s’identifie à un parti ou non. Au troisième niveau, la classe sociale discrimine surtout ceux qui n’ont pas d’identification partisane. D’autres facteurs apparais- sent comme la taille de la ville, la pratique religieuse, la confes- sion religieuse et le niveau de formation, surtout pour ceux qui s’identifient à un parti. Dans les niveaux suivants, plusieurs facteurs émergent, comme la pratique religieuse, la confession religieuse, le sexe et la région linguistique, mais seulement pour certains sous-groupes.

Pour l’élection de 2007, deux catégories de citoyens présentent un taux de participation inférieur à 50 % malgré leur identification partisane (les 25-34 ans habitant dans des moyennes ou grandes ville et les 35-44 ans, non pratiquants, ni catholiques, ni protestants). Par contre, une catégorie de citoyens qui s’identifient à un parti affiche un taux excep- tionnel de participation (91 %) : les 55-64 ans qui disposent d’une formation supérieure. Parmi les citoyens qui ne s’identi- fient pas à un parti, deux groupes présentent un taux de par- ticipation supérieur à 60 % (les 55-64 ans qui sont issus de la classe des services et les 75 ans et plus qui ne sont pas des tra- vailleurs non qualifiés) et deux autres présentent un niveau de participation extrêmement bas avec un taux ne dépassant pas les 10 % (les 18 à 24 ans, travailleurs qualifiés ou non qua- lifiés, de sexe féminin et les 35 à 44 ans, travailleurs non qua- lifiés ou non qualifiés, qui n’ont pas confiance dans le Conseil fédéral). En 2007, l’effet de l’âge sur la participation n’est pas tout à fait identique selon que l’on s’identifie à un parti ou non.

Parmi les premiers, le taux de participation des 18-24 ans est

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relativement élevé. Il diminue chez les 25-34 ans pour ensuite remonter progressivement chez les 35-44 ans, les 45-54 ans et les 55-64 ans. La participation reste élevée pour les jeunes retraités. Enfin, elle décline légèrement chez les 75 ans et plus.

Parmi les seconds, la participation augmente de manière quasi- linéaire avec l’avancée en âge.

En résumé, depuis les élections de 1971, l’identifica- tion partisane est la variable la plus discriminante. L’âge est devenu, avec le temps, une variable de plus en plus domi- nante, alors qu’elle n’apparaît pas dans l’arbre de 1971 parce que d’autres facteurs sont bien plus importants pour expli- quer la participation. Plusieurs hypothèses peuvent être avan- cées pour expliquer l’importance croissante de l’âge sur la participation. Comme nous l’avons souligné précédemment, l’effet de l’âge peut résulter de l’affaiblissement du sentiment du devoir civique chez les jeunes générations, ce qui provoque une baisse de la participation chez les classes d’âge les plus jeune. On peut également lier le renforcement de cet effet à une modification du rapport à la politique des jeunes géné- rations. Ces dernières seraient de plus en plus rétives au sys- tème partisan traditionnel et, par conséquent, privilégieraient d’autres formes de participation politiques comme les « nou- veaux mouvements sociaux », le militantisme associatif et les manifestations. Une autre piste d’explication impossible à véri- fier empiriquement avec les données utilisées dans ce cha- pitre serait de considérer que la moindre participation des jeunes résulterait de la montée de ce que Castel (1995) qua- lifie d’individualisme négatif, c’est-à-dire la généralisation d’un état caractérisé par un manque de ressources individuelles et de liens stables, qui serait le produit de la précarisation des conditions d’insertion professionnelle et de l’affaiblissement des régulations collectives.

A l’inverse, l’importance de l’état civil et du sexe s’est graduellement atténuée. L’état civil, qui apparaissait au troi- sième niveau en 1971, est une variable qui est devenue de moins en moins explicative, ce qui suggère que les modalités d’intégration sociale ont évolué depuis 1971 où le mariage représentait encore une institution très valorisée et un puis- sant facteur d’intégration sociale. Quant au sexe, en 1971, il

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apparaît au deuxième niveau pour les citoyens qui s’identifient à un parti, alors qu’en 2007 il ne ressort plus qu’au quatrième niveau pour un sous-groupe et au cinquième pour un autre, à côté d’autres variables comme la confession ou la pratique reli- gieuse. L’affaiblissement de l’effet du sexe sur la participation observé entre 1971 et 2007 s’explique vraisemblablement par la diminution des inégalités sociales entre hommes et femmes et par une relative évolution des mentalités. En revanche, le poids de la position de classe s’est un petit peu renforcé entre 1971 et 2007 : la classe sociale apparaît plus souvent en 2007, mais toujours au troisième niveau. La pratique religieuse, la confession religieuse (qui exerce des effets différenciés selon les catégories de citoyens) et le niveau de formation conservent leur pouvoir discriminant, quoique d’importance secondaire.

Enfin, en 1971 comme en 2007, lorsque la variable « confiance dans le Conseil fédéral » apparaît, elle discrimine des catégo- ries de citoyens sans identification partisane.

Une typologie des citoyens

Scrutin après scrutin, la variation du taux de participation, mais également sa diminution, révèle une participation des citoyens de plus en plus sélective, qui reflète elle-même une plus grande instabilité des électeurs (Gaxie, 2007). Cette sélec- tivité résulte de l’influence croissante des enjeux ainsi que de l’affaiblissement du sentiment du devoir civique et de l’identi- fication partisane. L’augmentation de cette participation sélec- tive traduit l’existence de rapports différenciés des citoyens à la politique, ce qui nécessite de distinguer plusieurs groupes de citoyens pour affiner notre compréhension de l’abstention- nisme plutôt que d’opposer simplement les participants aux abstentionnistes. Dans cette partie, nous proposerons, d’abord, une typologie des citoyens. Nous examinerons ensuite le rap- port à la politique des groupes de citoyen qui constituent notre typologie. Enfin, nous différencierons ces groupes de citoyens selon leurs caractéristiques sociodémographiques et socio- économiques à l’aide d’un modèle de régression multinomiale.

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