R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
G. M ORLAT
Sur le dimensionnement des diverses parties d’un ouvrage
Revue de statistique appliquée, tome 1, n
o3-4 (1953), p. 113-117
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SUR LE DIMENSIONNEMENT
DES DIVERSES PARTIES D’UN OUVRAGE
par
G. MORLAT
Ingénieur à l’Electricité de FranceLe
problème
abordé ici est d’uneportée
trèsgénérale,
mais le cas de l’harmonisation entre lesexigences
fixées pour lesperformances
des turbineshydrauliques,
d’unepart,
des ouvrages degénie
civil(galeries),
d’autrepart,
en constitue une illustrationparticulièrement frappante.
On
envisagera
deuxparties
A et B d’un ouvragequi
doivent fonctionner en série et être cons-truites
indépendamment
l’une de l’autre. Pour chacuned’elles,
on se fixe dans leprojet
une certainetaille
qui
commande leprix
deréalisation,
mais lapuissance réelle,
une foisl’ouvrage
construit,sera différente de celle
qu’on peut
déduire par le calcul de la taille duprojet,
en raison d’aléas divers.La
puissance
réelle del’ouvrage
seraégale
au minimum despuissances
réelles des deuxparties
A et B. Peut-on résoudre à
priori
leproblème
de l’harmonisation des taillesthéoriques à
donner dans leprojet
aux deux organesenvisagés ?
LOI DE
PROBABILITÉ
DE LA PUISSANCERÉELLE.
Pour des
caractéristiques
fixées desprojets
de A etB,
lespuissances
réelles seront des variablesaléatoires,
X et Yrespectivement,
de lois deprobabilité :
les densités de
probabilité correspondantes
étant notées f(x)
et 9(y).
Pour uneépreuve portant
sur le
couple
de ces deuxvariables,
nousappellerons
Z le minimum de X et Y. Sa loi deprobabilité
a pour densité :
comme on le constatera immédiatement par
application
desrègles
desprobabilités
totales et des pro- babilitéscomposées.
VALEUR MOYENNE DU MINIMUM DANS LE CAS DE LOIS NORMALES.
Nous supposerons maintenant que les lois F
(x)
et G(y)
sont normales, de moyennes respec- tives A etB,
d’écartsquadratiques
réduits 0(et (3
Nous supposerons ensuitequ’on
ne s’intéressequ’à
la valeur moyenne deZ,
cequi apparaîtra parfaitement justifié chaque
foisqu’on
aura à cons-truire un assez
grand
nombred’ouvrages
danslesquels
onappliquera
lesrègles
que nous cherchonsmaintenant à établir. Le loi des
grands
nombres nous autorise alors à définir unoptimum
n’inté-ressant que
l’espérance mathématique
de Z. ,Dans le cas
gaussien
que nousenvisagerons
ici, cetteespérance mathématique
vaut :en
posant
Ce résultat est obtenu par la considération simultanée des variables
en
remarquant
queor, la moyenne du module d’une variable
gaussienne (m, 03C3)
estégale à
DéFINITION
DE L’OPTIMUMÉCONOMIQUE.
Le
prix
del’ouvrage
constitué par les deuxparties
A et B étant de la forme UJ(A)
+p(B).
on trouvera, que l’on veuille
maximiser 03B6
àprix fixé,
ou minimiser leprix à 03B6
fixé - ou encore,ce
qui
revient formellement au même, rendre maximum un « enrichissement» défini par une expres- sion dutype H 03B6-03C9(A) - 03C1(B),
la condition ci-dessous :PAet prêtant
lesprix marginaux.
-
Cette
équation,
d’uneimportance fondamentale,
est la condition d’harmonie entre les tailles fixées pour les deuxparties
A et B del’ouvrage (sous
réserve de vérifier une condition du secondordre,
bienentendu).
CONDITION D’OPTIMUM
LORSQUE
LES DISPERSIONS SONT CONSTANTES.La condition ci-dessus conduit à des résultats
particulièrement simples lorsqu’on envisage
des lois normales à
écarts-types
constants.On trouvera alors :
en
posant
On a donc la condition
CONDITION DU SECOND ORDRE.
Dans le cas
particulier envisagé
ici, l’étude des conditions de second ordre montre que la réso- lution del’équation (1)
fournittoujours
unoptimum.
On a en effet :EXEMPLE D’APPLICATION
NUMÉRIQUE.
Supposons
que lesprix marginaux pAet p soient
dans lerapport
de 1 à 4, on trouveradans la table
indiquée plus haut,
nous lisons :c’est-à-dire que si nous prenons le cas d’une turbine A et d’une
galerie B,
en admettant convention- nellement B =100,
0( == 2,(3 = 10,
nous trouverons A == 108,58,
c’est-à-dire que lapuissance projetée
de la turbine, devrait excéder celle de lagalerie
deprès
de 9%. Chaque
fois que lesprix marginaux
serontégaux,
on devraprendre
des tailles A et Bégales.
CONDITION D’OPTIMUM DANS LE CAS DE DISPERSIONS VARIABLES.
Si l’on admet que les
dispersions
exet 6 peuvent
varier avec les taillesprojetées
A et B, lacondition
(0)
écriteplus
haut devientLes nouvelles dérivées introduites se calculent aisément :
f étant la densité de
probabilité
de la loinormale, qu’on
trouvera dans la tabledéjà
citée.La condition
d’optimum
pourra ainsi être calculée sanspeine chaque
foisqu’on
connaitrales fonctions 0( == 0(
(A)
et0
=t3 (B)
définissant lesdispersions.
Si l’on admet enparticulier
que03B1 = 03BB A
et03B2 = 03BC 03B2
(erreurs
relatives constantes sur les tailles desprojets),
la conditiond’optimum
s’écrira :EXEMPLE D’APPLICATION
NUMERIQUE.
La formule écrite ci-dessus
permet
de résoudre tout casnumérique
avec une relative aisance.On
peut
ainsi en déduire que si l’onprend
03B1 = 0,02 A et03B2
= 0,10 B avec k =0,25,
la conditiond’optimum
s’écritOn constate que le résultat diffère assez peu de celui que nous avions obtenu avec des
disper-
sions constantes et, pour
beaucoup d’applications
danslesquelles
les écartspossibles
restent modérés,on pourra se borner à
appliquer
la formule(1)
trouvée dans ce cas.D’ailleurs,
il est facile de voir, sur la relation(2) qui précède,
que la solution de(1)
constituela
partie principale
de la solution de(2)
toutes les fois que l’on considère des valeurspetites
pour 0(et 03B2.
Onpeut
aussi vérifier dans les mêmeshypothèses
les conditions du second ordre.FORMULE
SIMPLIFIÉE
DANS LE CASD’ÉCARTS
TYPESMODÉRÉS.
Si l’on se contente d’une
approximation
honnête, onpeut
encoresimplifier
les formules indi-quées plus
haut.Supposons
que les valeurs relatives desdispersions
(X et(3
nedépassent
pas 15 à 20% et
que l’on aitX > 03BC .
On pourra écrire alors, avec une bonneapproximation :
On voit que l’écart relatif entre les
capacités théoriques
A et B que l’on doitassigner
aux deux organes, soitA,
est tel que : ,10 une taille
plus grande
doit êtreassignée
àl’organe
dont le coûtmarginal
est leplus
bas ;2o l’écart relatif est
proportionnel
à03BB2 + 2
On
peut
pousser encoreplus
loin lasimplification
et admettre avec une bonneapproximation
la formule suivante
(1)
n.
Dans
l’application numérique qui
adéjà
étéenvisQgée,
cette formule conduit à un écart de8, 8 %.
En se bornant
toujours
à des valeurs modérées de03BBet U,
cette formule donnera la valeur deb
avec une
légère
erreur par excèslorsque
lesprix marginaux
seront très différents. Cette erreuratteindra 7
%
si lesprix
sont dans lerapport
de 1 à10,
Il I%
s’ils sont dans lerapport
de 1à
20,
et 20%
s’ils sont dans lerapport
de 1 à 100.HARMONISATION DES FRAIS
D’ÉTUDES.
Lorsqu’il
estpossible
deprévoir
de combien des étudesplus poussées peuvent
réduire lesdispersions « et 9
onpeut
aborder unproblème économique plus général,
danslequel
on chercherait à harmoniser, en mêmetemps
que les taillesthéoriques
des organes, lesbudgets
des études consacréesà chacun d’eux. On sera alors conduit à
envisager,
d’unepart,
le coûtglobal
les termes
6(o()et pf0) représentant
le coût desétudes,
et, d’autrepart,
lacapacité
deproduction probable
L’optimum économique
sera défini par la condition que la combinaison03C0+~03B6 soit
maximumen A, B,
03B1 , 03B2 ,
et les conditionsd’optimum
s’écrirontOn en tire, en
particulier,
dans le casgaussien envisagé,
en tenantcompte
des valeurs des dérivées écritesplus
haut :c’est-à-dire que les coûts
marginaux
admissibles pour les études consacrées àchaque
organe sont dans lerapport
desécarts-types.
C’est là un résultat
qui
conduirapeut-être
rarement à desapplications numériques précises,
mais il montre
pourquoi
on devra admettre - comme le bon sens nous y pousse d’ailleurs - deconsacrer aux études d’un organe des sommes d’autant