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UNE INTRODUCTION A L'ECONOMIE POLITIQUE
9. LES INTERVENTIONS DE L'ETAT
par
Pierre SALAMA, Jacques VALIER
JANVIER 1275
Iff!llRODUCTION
REPRODUCTION/ ~7
4·
page 1
LES INTERVENTIONS DE L'ETAT
1 • '. ~-.:. '
1. ·-Contr-a;ir·emént à ce qu'affirment ·les idéologues bourgeois et les réfurmistes• de toutes è'atégori:es,-1.' Etat n'est pas un instrument .·- neutre. ·C'est · avec le développement-du ·mode de production • 6à.pi t~iste
que 11 Etat essaiera d 1 apparaître pour le· contraire de ce qu'il est •. Il sera nécessaire· à la· boù.:rgeoiSie de,-présenter 1' Età.t comme· un :ins.,...
trliment neutre au-dessus· de·s .classes~ · Cette apparence ·de neutralité, est la cond•i tion indispensè.'ble pour que 1' Etat.. soit le lieu où les conflits -de-' classes puissent être dévoyés, momentanément résolus~ au profit de• la bourgeoisie (cf. ·les évènèmÈmts de mai-juin ·~968 en Franoo). ..
Les réformistes de tous ge~r~s ·'ont · égalem-en-t intérêit à présen- ter l'Etat d? cette manière. Pour eux, l'Etat est neutre en tant que
. . . ' : . - .j·j . . . .. '!
teL Seule l'utilisatiëm de l'Etat n'est pas ueutre. 'Dès lors, la perspective· stratégique est clai.re : il-s'agit pour ia classe ouvrière
. . ,. ..:· _, . ·j .' ., .. : . . ...
non pas de ·detruire
f•
Etat· bourgeois, mais de s1 Em emparer •. ·:_.;_ .:·--- . ... . ~:
_, . . . . i~:
.fait-, ·1 i~bsence
de' n'eutralitê. de' 1t'Etat se manifeste aussi bien sur le plan idéologique .et~po:litÎ.que que sm''le plan, ) . :
... i .·L
Sur les plans idéologique et politique, deux points fondamen- taux sont à noter :
1
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A. L'Etat est l'instrument privilégié utilisé pa.r la bourgeoisie pour maintenir la. division de la dociété en deux classes,
\3:t.
dÇ>_nc .J~L'-.:.maintien du salariat. Notons d'ailleurs que la constitution de l'Etat bourgeois étant _fon<?ti.on de l'_utilisation que la
.
. . . -bol)I'geoisie veut en . . . . faire, il aP.Pa+ait .clairement que , 1;1ous n'avons pas .là. un_ j,.nstr~entneutre, utilisable_ par la classe ouvr:i,è;re CO!ll!I}e _par 1~._ bourgeoi~ie •. L'Etat est ·donc-inséré dan.s le mouvement général ,de la _lutte_ de_ classes, en ,!llême temps. qu'il en est la.sanction jw;idique. Si, à um l!lOmentdon- né, la classe ouvrière a su établir un rapport de fo±ces qui ],ui est favorable, l'Etat pourra le sanctionner juridiquement par un
• ! .
certa:i,n nombre de lois sociales. Cette sanction sera
.d.. '
aill_eurs. un moyen pour pré~:?erv.er et permettre de repr9duire ce qui est fendamental le système d'exploitation. En effet, elle sera l'un des éléments q~i.:
. ... ..
permettront de donner l'illusion à la classe ouvrière que l'Etat- rela- tivement a~~onome - est un instrument neutre.
B. De façon plus générale, p9urquoi peut-on parler d'une relative autonomie de 11 Etat ? La·' bourgeoisie -.
.
comme toute classe domiriante. .- présente ses propres intérêts c'omm~ 1.' int.érêt 'général 'de Ïa société.Pour y parvenir, ellé
~st
.donc obligée demasque~
l'existenc-e de ses propres ~ntérêts derrièr~- 1' ~ntérêt ~énéral. Elle n~ peu~ réussir qu'en se si tuant au ni veau idéologique, car c'est pr.écisémÊmt 11 idéologie qui masque la nature profonde des rapports sociaux. C'est en c' e sens qu'on peut parler de l'autonomie relati7e de l'Etat..... ·.: ..
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En
même temps, l'Etat étant l'instrument de la classe bourgeoise prise dans' son ensemble, il s' ens'ui t qu'îl est le. lieu ot
B;· ~bi·t'r~~t '
l:es conflits entrelé~
différenteFICOU~hes
de
ia:
boUrgeoisie, et qu'il peut 'êtreame~é
à 'imposer à uriepartie de la clas:Je des so-lutions.
6o~form:es à
1' intérêt poli tique de:J 1 ens~mble~ d,e la c_las~se. En d' autre_s termes,. nous savonsqu~ . . la ,domination poli tiqu~ de la bo~geoisie' est :fondée - en
.. ·. .. ,. ·-: :" ~- . ' . . ·. . '
d~rnière instance-:~ sur 11 accumulation progressive du 6ap:ltal,
'--i~~uel~e · ~mpl·i~u~
11élifili~r.;tion
d'une partie de lab~urgeo isie.
}viais la ,c;I.asse bour~eoise reçoit sa ~é~_timité poli tiqne des
~ '. . . . . .
électionR - q~'-elle a créés - et donc a besoir. de 1' appui poli tique
~ , . ,· ... . ; . . . '~ f"j •' .. '• . ·. ;
des CO!lches qu'elle se devrajt d'éliminer. L'Etat, en composant,
. ~ ' . .... . ~. . :.:. ·:; . ' ·' . - '
p_eut résoUdre J>rovisoirement cett~ ~~n'tr~diction •
.,#: ;· •. · .. · . . . ;. : •. · .. • ,·
Il est possiblE>, à partir de là, de préciser la ·riature
·des inte':rventions économi'ques de 1' Etat bourgeois.
Dès la formation du capitalisme, la bourgeoisie nais-
s~nt~
essaie d'utiliser l'Etat afin d.e ·consolider sa position de.,, .', . .
cl'ass~. Cette utilisation · a pris. plusieU.rs :formes qui ~o'nt-·des .. -. -
:f~U:rn; i t~es · _de ~ · ~erre
(ex~mple "L_ e Cr~~sàt, ie~ textile~/
etci.),
. cr,éauion de mariuf.actures '(ir Ètat, prot'ectionnisme, ié'gislat~ion
.• • • 1 • •
"sangm~aire" c'o~~-re
.les' paysans, . juàqui~u finanoe~~nt -e~ .
à'" la réali~ati.ond'
e:x:Pédi tians c~loniale~~ manifestation du caractère• • • ,1 ~-- • : • • .... • -~ •• • • 1 : ••
imm,édiatement ~ondial de 1' acoumula>tion du eapi_tal.
. :: ,.,.. . ~ ·. . '.f i '
·· ~.;_:f .i:.•·:_:.~:·~· ... ~·~c·i·.-.~J-·t: ·-:c;.!:~~·~·~ ... '.î.-·:·:~;·l:·, ... · .···
Par la ou~te1 l'Etat est toujours intervenu, sous des
J~•t ·; :;:.· ·.... ! . ,· . ·~ . \ t -~~·;,~~ ):.~ ... :::..:.. [.~;~~· . -· ., .:.: .. : ..
:formes diverses.
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Mais. c 1 eit ·surtout après la crise des années 1930, et depuis la s·econde au'erre' mondiale, que les interventions ébono- miques de" 1 ,·Et~t bourge~is vont prendre une ampleUr inégalée
..
et des formes qualitives nouvelles.
Ces interventions e~ü:·quen• l~"atténuatiori de certaines
.... .. \ . . .
contradictions dans le fonctionnement du capi taiis'!le dans les pays capitalistes ·av~ncés, à partir de la ·seconde Guerre mondiale •
. Le capitalisme· ne changéài t ni de nature (il ne peut se caracté-riser
q_ue
par l'·exploi tatiori de la force de travail par le capitalY. ~i de logiqU:e (les contradicti~ns qui ·re régis- sent : chôma;·ga, impérialisme, crises; . s.e manifestaient toujours)' mais le poids spécifique de chacune .de ces contradictions était différent : les crises et le chômage étaient de moindre ampleur qu'avant la Seconde Guerré. mondiale, comme nous 1' avons vu '<fans. .
les chapitres p:i-\~'cédents.
P·a.r ailleurs, de nouvelles formes de contradictions allaient · àpp~:faîtré : exist~rice d' ~e irifl~tion permanente:, "tnême durant' les périodes de récession~ ·~rise du système monétaire intcr-
'natio'n'ai',: '~tc. Ces 'con-+:radictions allaient s'aggraver 'à: partir des
années
19'60.
'Lè r·éhoweau et la reaiontée des luttes ouvrièr'és en Eh.ù-ope oè'ctd'eritüe' niêm·e ('non seulement dans des- pays com~e la France out ,-It~lié, niais a:ussi datls des pays' comme 1 'Allemagne ou la Suède· où ailes avaient ét~ extrêmemerit' faibles depuis·1945) témoignent de l'aggravation des oontradicti:onèidane;.lo-
~onc:tietn=.:eme:tit du oapi talisme, · èn même· -;t\?JtiJps qu'elles viennent encore los exaberber.
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Nous allons, dans ce chapitre, présenter un simple aperçu,. _t~ plus so!ll'Vent A~s.orip.tif' ·: ·.
···-·· .. ·--"··· , .. · : ...... : ... .... ~. :·· ···--··---·-· -· -·· ... ···~ ...... .
· •. · ...... _r; ••. . . ,
.. ___ :.::... ····-·-·-· ·- ·-··-
1. des interventions économiques de l'Etat bourgeois ; 2. des nouvelles formee:i' prises par les contradi.ctions
·.et de leur exaoerbation1/.·
.. j :
• . .
:· .. : -:lQ'.QuÈt•.r.és:ervonS. potir im'· âutre ouvrage· un·e analyse a.pproforidie
u
fpn.Çtionn~ment du. ca.pital:i,.sme d:epuis la Secbnd·e Guèrrè mondiale • .. Nous nëùs contenterons ici de_ décrir~ l ' essentie:l... . )'om.- une p;re!llière :. cr~ tiq'!).(;l, Ç.ependant, de.. la conception · · ·
··stalinienne du capitalisme monopoliste d'Etat (cri tique. du con-
tenu et
· ,non
"pas· de· l' exprësél:ôn, cltii v~ut ·· cêll~ de néo--oapi talisme),cf,~_ . ~~~ . .n~.!? 6 et 7-8 _de Critiql,.les de J:1,é.eononiiê ·politique.
~-. . . .
~- •··. . ... .. . ~ .. '· . .. ' ... ...
l. ,.
:: .
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SECTION I LE ROLE DES INTERVENTIONS DE L'ETAT
A
PARTIR DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE.1. · Depuis une quarantaine d'années, la part des dépenses publi- ques dans la dépense globale a été croissante ï ''êlle est·.· i:lxt:rême- ment importante, représente 20 à 30% de la dépens~ globale, -dans tous les pays capitalistes avancés, et y joue un rôle déoisit • .Aux Etats-Unis, par exemple, les dépenses gouvernementales, qui représentaient seulement 7,4% du produit national en 1903, et 9,8 en 1929, à la veille de la grande crise, augmentent jusqu'à 20% du produit national en 1939r et 30% de nos jours l
Au sein des dépenses publiques, on notera le rôle décisif des dépenses militaires, maintenues à un niveau considé- rable de façon permanente, ce qui est un phénomène sans précédent dans l'histoire du capitalisme (environ 10% de la dépense nationa- le aux U.S.A.). Ces dépenses sont, bien sûr, la source de très importantes commandes aux secteurs clés de l'industrie (éioctroni-
· · ·. · Q:uë, âJroriâlïti: q:ti· ë ~- .~ ~ :r.-· -s -i· ·ii' ~~:· ;~-e-~ci · 1· ~;a~~l ~- ·- ~·ë~ it-~~~~:-si
o'n peùt noter l' . .'
impo_rtan6~:
.. .:. _, __ . 1clu
. r8le ....de-~
dépenses mil-i tai;es : en 1939, le chômage représente 17% de la population active, et lenive~ü a_-~ -, 1~ p:roduct:l~n- ~st
e.ooor'er ·~:r-~:rieur
_à celui atteint on-· ' ,· .: . "' ·,_: ~. :: ' . . .,1 . . .. .; • .r. . • • • • • _. ' .• _·
1929 à.-·±a·-veille de la-c::risë~ Pourtant, de ·1933 à 1939, le's dépen- ses gbuvêrnëmentales ~iviles a~aie~t considérablement augmenté (politique du New Deal). Seul l'accroissement considérable des dépenses militaires à partir de 1939 permettra de ré~orber une partie des chômeurs et de développer la production. N~tons que ces dépenses militaires non seulement sont source de débouchés
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remunérateurs, mais ai.ùisi que· 1' Etat: .bourgeois i'iriance la plus grande part des
àchat~:-' deei ·p~odu:its · - d' armeme~t,
en-p~élev~nt
sè's 'ressources sur
le pouvoi~
d' ' ach~t
dostravàill~lli-s
(par l' im-pôt ou la hausse des prix).'':_ • · '
Enfin, en dehors cies dépenses publiques à proprement parler,: il faut tenir ·compte également dés interventions de l'Etat qui se font par le biais des entreprises nationalisées. L'Etat a pris à-sa charge des secteUl"s de-'-base' souvent non
re~tabl e s.2/.
la classt:. ou\rr-i-ère : par exemple en: France·,. êtl 194S~ Mais 1 1 Etat -bourgeois rtl-étant·pas d.étruit, les ·ent-t-·eprisés·nationalisée:s ont
été utilisées· dans le' sëns des int:érêts de ·la bourgeoisi\3,fiue 1'-!Etàt-'1-éd utilise pour fournir aux monopoles· privés èie 1 ''énergie bu des matières premd.ères à bèn ina.rehé, oui qu.' ils les ren·tabilise, c'est-à-dire mettre en valeur:
le
càp~:tal public.·, , .t, ~ .. •.J .·. · 1 , T . • , ,
Si l'on J'tient com.pte du :secteur' nationalisé., bn peut dire que plus· de 5(~ de·s: inve·stisSeni·ents•,. dans ·les pays. bapi talis- tes avancés, sont contrôlés·par• liEtat bou.:i:'gèois. ~:. ·
. .
' ~ . :. . :: ... . !".; .... ~ .
2.
En
même temps qu'elle devient systématique, l'inter- vention économique de l'Etat s'organise selon un plan et nonplus à tâtons·. ~-•le' capital ;rtwnopoliste, instruit par 1' expérience, sa sertde l'Eta.t,•dàns•.•:sonintérêt•généralj avec l'intention, plus ou moins consciemte, · d'' éviter les cont:;-éiruences-• du c·aractère contra- dic.toir~ de ~on accumulation,· tant: au niveau social avéc le déva- lopp_ement da la lutte des classas qu'
n ·
implique et la-rem:l.se i/Quitte ra.rfoia à ·dénationalisé:r des '3nt:rapriaee qûrll' a.vaiérit- ot ô national-isées parce qu' e;llel? n.'. éta;:ient. pas ret:ttable~,. et. qui le sont clevenuéè : exemple, en 'France, d'urie partie dea tél écommuni-·:·.t.:; '·' Qatioos, d'une partie du logement, e~c• ·
:_,,; / ..
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question de sa. dictature sur le travail par le prolétariat,
qu'a~:
niveau économique1/avec l'exacerbation des crises de surproduction et les bouleversementS". (:failli tes, profits incer- tains) que ces dernières impliquent.L'Etat a ainsi joué'Un rôle important dans le processus de transformation des structures industrielles.
Prenons par exemple le cas de la France. Le dévelop-
' ·-~
pemeni:de l'industrie franç-b.ise a été historiquement càractérisé :Par un gout marqué pour le protectionnisme.· Au XIXè siècle,· tandis
que les entreprises allemandes et anglai.ses se trouvaient déjà fertement engagées dans le commerce international, la bourgeoisie française-obtenait la mise en place de protections douarifèros dif- ficilement franchissables, consacrées-par la loi Meline de 1892. Du traité de commerce avec 11 Angletei-re, qUi rie fut appliqU:é que de
1860
à1870,
jusqu'à l'ouverture du Marché commun, le 1er jan- vier1959,
la bourgeoisie française ne fut jamais "libre-échangiste"Ainsi protégées, les entreprises pUrent subsister en n' évoluant qu'à un rytbiDe moins rapide que ·1euf.s honiologues étrângers.' Entre les deux guerres, elles étaient largement marginales et l eur retard' s'aggravait.
Durant les quinz·e années qui sui virent la
fin ·
de la Seconde Guerre mondiale, ont put observ·er que· touta r eprise de lie:xpansion, en s'accompagnant d'un déficit extérieur élavé et d'une dégradation de la monnaie, aboutissait;. pour la bourgooi- si~, .·~_}_a_ r1~_?(3SSit~' d~ _lll,ett~e __ è_n o~_uv:~~- ~~-p()_li~:i_q~_<? .. ci.é~}._§.:Pion niste.· :L~ causer ~~.:-était ci~i;r·=··:.t~ô~ longtemps :Protégé-e ~,b la conc\ll';ren.ee extérieure;. 1' indus.triË3'
fr~~çaise
était composée d'uni-. . . -·_-, . .: . : •... . . :. ; . , r. . .. : · •.... · ...
tés de production do tè.illè·: î.risufi'isante
et
de f-aible ... comP~ti ti vi t é. i/Il va sans dire que ces deux ni veaux ne sont en aucun•3 façonindépendants l'un de l'autre.
'
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. Durant la même période, une série de plans avai t conduit
à la rénovation des industr;i es de base et tenté d'orienter 1' éëonpmie vers l es rna:i'ché~j.!i!ondiaux. Mai-~s la structure mêw.e
. .
de la r' J;Vè Républi'qu-é ne permettait guè·. . , - •.. ' . . re d'aller loin en ce sens .. ~1 revint au gaulli'sm:e.de tenter d'Împulser les transfor- matü>ns nécessaires pour pe:;-mettre aux secteurs les plus dynami -
que.~:~ du capitalisme-·frartça:is de "rejoindre la tête du peloton"
t " . ·.r.: . -•.
à l'échelle internati.nale. Le plan Pinay-Rueff fut le pr emi er essai en ce sens. En écrassant les. salaires, i l devait permet- tre de dégager les profits nécessaires àune accélération de l'ipvestissemnnt ~ en ).imitant le crédit, il contraignait l es
·-·.
entreprises retard,:_~taires .à ia disparition ~u à la concentra-
ti on. ·.:.,:.
En ;~~tière comtnèrcia:;}-e, De Gaulle joua résolument . ·
.. .
·-. 'la carte du Marché corrimtil'l, fa'ce à un C.N.P.F. au début hostile, p\Ù.S hésitant, puis favorable ; il ne S1 opposa pas et même
se montra fa.-vorable à une ré4uction des'· -tarifs douaniers plus
rapide que celle qui avait :,été prévue par le traité de Rome.
De même. en ce qui concerne le Kenned.y'Rotind, il accepta une réduction
de
2()% du tarif ~xtérieur' coqùnun à la C.E.E •. •. . .
Les conséquences ne se feron·i·-pas attendre, et l e
..
processus de conceiitrati 91.1 s '.accélérera. L'Etat 1 ui-même y
cvntribuera par
\ln
grand nom.re d'interventions directes, notam-j .. ~ •.
ment avec la mise en oeuvre du Vè pian.
Le Vè plan, puis le VIè plan, :de manière encore -plus nette, préconisaient la constitution ou le renforcement
dans chaque secteur d'un petit nombre d'entreprises eu de groupes de taille internationale. En
1966,
était créé unREPRODUCTION/3.7
4
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C~mi t,é de dével~ppement industrie~_, chargé de préparer les me- sures permettant de réduire les obstacl-es aux "restructurations"
et d'étudier_ les grandes opérations auxquell13s _l'Etat _est particulièremept intéressé. Au vu de ses travaux, 1' Etat ap- porte son aide aux secteurs qu'il juge prioritaires. Cette aide peut être direct~ : facilités financières exceptionnel-
• • • • • 1 •
les ; ou indirect(3 : contrats de recherche, passatipn de
. -~-
.
. .comm~ndes publiques.
_En 1966, également, était lancée.l _a. convehtion Etat-:sidérUI'gie. Aux termes da cet accord, 11 Et
a.t
participait pour un montant de 2,7 milliards de francs à un prât de4,5
milliards à la sidérurgie. Les conséquences immédiates en
furent l'a:-:·:fuaion Usinor.:..Lerraine-Eiscaut et les accords Sidelor- Wendel.
De même, en 196_7, était mis en pl ac~ le "plan- calcul". Dans le cadre de ce plan e1; avec l'aide de' _ l'Etat,
..
la S.E.A., filiale du groupe Schneid_er, et la G.A • .E., filiale
.
,, ,commune de la C.G.E. et de C.F.S., fusionnaient pour donner ,., . .. .. . . . . naissance à la Cempagnie internationale de l'informatique.
--
__
1 L'Etat intervtnt également de manière plus directe par l'int~r~édiaire d~ secteur nationalisé : accords Renault-
---
. . .
Peugeot dans l'automobile,. Charbonnages de France-Auby et Potasses d'Alsace-Office de l'azote dans la chimie, réorgani- sation des entreprises nationalisées de construction aéronau-
. . . ~:
tique,_. etc.
REPRODUCTION/
3 7 4 '·
page 11
Ainsi, on assiste de plus en plus à une intervention de L'Etat favorisant les poli tiques de "groupe" plutôt que
les·
poli ùques èlé. :·i'P~di.rit u. lri~r clair, cela signifie que le proèessus de concentration· .;,t:;ulu par 'ie grand capi'tal et avec·la bénédiction·· de 1 i Etat 's' <:)~iente ve:rs· une :conce~t'r8.·üon
ôonglomérâ.le~{plÙsieur"s· produits)·. c~·
· type'
de' conc~htration donne aux: ca:p·italistes 'une "force dè frappe" firianciêre supé- ri eure.. .
... Enfin·; les réformes fiscales visant à alléger la fisca-·l i té des sociétés
ét
à fa-to:üèè~ iei3 regi'bupethc:ents' sa· sont mUl tipiiee·s : amortissèmeilts . if~gÏ-è~·aü·s, diminuti4tn â.~s droits~
d'enregistrement frâ.ppant le capital lors· d~ ses mutations, régimes des sociétés immobilières d'investissement, proroga- tion de l'autorisation de déduii-è un
divid~nde
de5%
en rémuné- ration des émissi~ns ·nouvelles -·et . atigmeQtati'on du capital, etc.Ceperidànt, une partié
de des
ptélèvèments a égs.lement servi à· subventionner dès ::~cti'tri tés· retardataires·~ V•ici unbei ·exèniplë dé 1' àUtondrifie·' réi'a.ti
va
de '1' Et~t dont nous avons·parlé~· ·Mais il' -'·apparaît >au.:foùrd' hui; que 1 e ·ae·cieur. le. pl us dynamiq_ué du
capitalisrrf~
0 :fi-"atiçaià. 6o'mm.ènce :à s'opposer vive- mènt ·à ces traris:f'eris qui~'ab.o'uhssaiertt à ·pénalisér i~·s pro- ductions' -ies;-plus 'renté.blefi~· D'Cù
une tendance: à cesser de vou.- ' loir à tout prix sïauver tous 'les sectetir's d'.activité et à lais-ser ·plus· librement joùer
ie·
méc'~'ismed.' e
la ·~pécialisation internationale;· tend~anc'e c~nr'irméd· par les cirientati6ns duVI~ plan.
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Parallèlement, des efi'o;ote ont .été mis en oeuvre pou.r d.,ébudgétiser une part~e des investissements publics
·.·
aboutissant, ·à retirer toute signification aux services publics ((}f. S.,N.G .• F., E.D.F., etc.), et .. conduisant à une augmentation sub.stantielle du_ prix de ceux-ci. (p:+bblème de .. la rentabilité capitaliste).
Les ef:fo;rts __ 9-:4-ygrÀ-nd.-capital et les interventions de L'Etat ont, en définitive,. abouti à un développement très
imp9itan~ d~ .. 1é,l' copcentration, .mail? qui se révèle:en.core insuf- fit;;ant, par rapport aux g.utres. . . ... . pays cap:itaUstes dévèlopp. ' ~ és.
L'Etat favorise donc les concentrà.tions .. du ·capital, mais 9elg. n'est pas toujours 0!-~sé. L' Eta1;, représentant du capital, a du mal à être son serviteur fidèle. Outre le fait, comme nou~_ l'avor:ls vu, qu'il.doit s'assurer une base sociale, notamment au prix de concessions multiples .à l'égard <;ie la
.
. .
' . . . 'J!.eti t~. bourgeoi-sie (commerçants, . etc.} et des .travaill:eurs attei.. ' n.ta par _la mise en place d 1 ur_1e_ telle poli tique*·. 1' Etat
.t~ •• t,,. :. . .
a du mal· à reconnaître ses amis. Ce· qui compose _en effet le grand c~:pi tal est en perpétuel mouvement. ·Les secteurs qui hier.étaient . les plus .•.•.~amiques • 1 ne le sont plus aujourd'hui, ce qui ~-e,_sii.gnifie .pas nécessairement que-leurs moyens de pres- sion !'!ur 11 ~ppareil d'Etat soient amoindris. d'autant~·. De même, prévoir ceux qui, aujourd'·hui minori tair~s, seront demain
les plus dynamiques dans le concert international n 1<'ëst guerre aisé, d'autant que leurs moyens de pression sur l'appareil d'Etat peuvent être insuffisants pour contrecarrer l'inertie
r REPRODUCTION/374 page 13
que représente le capital traditionnel. Adopter une politique économique les favorisant soulève ainEi des difficultés, des clivages au niveau politiqu~ dans les rangs mêmes de labour- geoisie.
Les difficultés sont d'autant plus aiguisées que le cadre national d'une politique économique favorisant le grand capital entre de plus en plus en contradiction avec le caractère de plus en plus international de leur intervention, altrs même que l'existence de l'Etat national est toujours
nécessaire pour "tenir" les classes ouvrières des différents pays.