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Présente ECLATS DE RIM

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Présente

ECLATS DE RIM’

Année 2018-2019

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Partenaire : Institution Saint-Charles

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A vous lecteurs

Vous venez d’ouvrir un recueil qui vous invite à partager l’amour, la joie, l’espoir mais aussi les doutes, les cris et les douleurs de jeunes, et moins jeunes, de la région viennoise…Seulement se dire et dire ce qu’ils ont en eux et qu’ils murmurent souvent trop bas pour qu’on les entende ! Dessiner des mots et peindre un arc-en-ciel aux couleurs de l’Essentiel, de Valeurs auxquelles ils veulent encore croire : Amour, partage, confiance, tolérance, bonté, espoir…Voici leur credo.

Eclats de rim’ est le premier recueil poétique créé par les membres de notre association Rim’Ailleurs fondée il y a un an et qui rassemble une majorité de jeunes de 12 à 26 ans ainsi que quelques « moins jeunes », tous unis par une même passion : l’amour de l’écriture poétique.

Vous trouverez donc ici leurs textes qui dessinent parfois sans concession leur vision du monde et qui crient leur joie, leur colère ou leur révolte devant la société qu’ils découvrent. Comme l’écrit Juliette, « La poésie c’est aussi rugir quand il le faut ».

Rim’ailleurs est une association appelée à se produire pour tenter de poétiser la vie et la ville, souvent bien grises, pour en faire jaillir un petit rayon de soleil.

Ecrits sans prétention, mais écrits jaillis du cœur de chacune et chacun, écrits qui ne sont que les échos de ce que nous n’osons pas toujours exprimer…

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Alors, oui, tournez toutes ces pages qui rassemblent tous les doutes de nos jeunes, ados, lycéens et étudiants, toutes ces voix ados et adultes, qui ont su harmoniser pour eux-mêmes, pour vous tous, sans même le savoir vraiment, un magnifique concerto pour Espoir et Foi en un avenir rayonnant de promesses…

Redevenez ceux que vous étiez et écoutez tout simplement les plumes glisser sur le papier qui s’illumine de leurs mots…

Bonne lecture à tous…

Gislaine Piegay

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UN GRAND MERCI A TOUS : Agathe Molinier

Allan Girard Allison Mira

Anna Zatkowski Simonelli Carla Durand

Carla Fontanay Cécile Deïana Célia Spirkovitch Daphnée Sarmejeanne Denis Daul

Diane Causse Dilan Savas

Eléonore De Camaret Eléonore Perrot-Boussin Elise Côte

Flavio Sylvestre Gislaine Piegay

Hermantine Deloire-Baudouin Jacques Alcelay

Juliette Bossy

Laetitia Régaldo-Lopez Lauryn Freyche

Louisane Maillet

Lucie Balavoine

Ludivine Le Carre

Manon Jourdan

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Marie Dab Mélina Garcin Morgane Grannec Nadine Massolo Olivia Serraille Quentin Faye Sélya Kelle

Vahakni Kaloustian

Vicente Queroz-Macabéo

Xavier Eymard

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À l’encre

A l’encre noire j’écris mes mots, A l’encre noire j’écris mes maux,

Personnels, irrationnels pour tout lâcher et oublier.

A l’encre rose j’écris ce qui est doux, A l’encre rose j’écris ce qui semble fou,

Puérile, infantile pour faire joli, pour faire sourire.

A l’encre verte j’écris mes rêves, A l’encre verte j’écris sans trêve,

Passionnée, engagée, pour un monde meilleur un monde bon.

A l’encre violette j’écris ma peine, A l’encre violette j’écris à peine,

Tristement, absurdement mais peu, pour ne pas devenir égoïste.

A l’encre bleue j’écris mes pleurs, A l’encre bleue j’écris mes peurs, Sans bruit, la nuit, pour les combattre A l’encre blanche j’écris la paix, A l’encre blanche j’écris avec respect,

Distinctement, instinctivement, pour redonner espoir.

Agathe Molinier

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La pluie Il pleut,

Il pleut sur mon corps qui refroidit sous la pluie.

Il pleut.

Il pleut sur mon visage, l’eau ruisselle et il pleut sur mon âme.

Il pleut.

Il pleut, la pluie s’infiltre dans mes vêtements et dans ma vie.

Il pleut sur ma vie.

Ce n’est plus une petite pluie, tout s’intensifie La pluie sur mon être,

Le vent dans mes cheveux, Le brouillard dans mon esprit, Les nuages dans le ciel.

L’eau continue de tomber du ciel manifestement mécontent.

Les nuages en cage enragent en cachant le soleil,

Soleil ardent, brûlant observant tristement ce monde gris.

Gris était le ciel, grise était la terre,

Et je pensais, l’esprit grisé par toute cette pluie.

Alors Ce n’est plus une averse mais un orage sans merci, Une tempête et je suis en son centre.

Les mots volent,

Les paroles frivoles et les promesses partent en fumée.

Les oiseaux cessent de voler, Je stoppe mes pensées frivoles, Et ma vie part en fumée.

Agathe Molinier

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L'arme de vie L'arme de famille La vie de l'âme Et vie de la famille Croque-mort ou pas L'heure n'en n'est pas là Tel un oiseau sans plumes Une famille d'écume Par un geste déplacé La perte de parole Le manque de vérité L'âme s'envole

L'ire, et elle, imaginée, N'est que l'image du réel L'image d'un lointain passé Me fait regretter les années Loin de cette lente heure, Aveuglé par ses mœurs N'avoir qu'un mirage Puis la mort du sage Et s'émousser à crier Le dire du sage en tort

Quand viendra l'heure de la mort Vous en serez désolés

À rester candides Vous en souffrirez

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Et l'âme de la vie S’'en est allée.

Allan Girard

(16)

La télé reste allumée La télé est toujours allumée, Je suis obligée.

Le silence est assourdissant Insupportable, pesant Il souligne ton absence.

C’est la voix perfide et muette de l’espérance Qui s'insinue au fond de moi.

Poison du désespoir.

Si je l'éteins j’entends tout : Les minutes s’écouler Les secondes s’égrainer

Si vite et si lentement pourtant...

J’entends

Le temps passer sans toi, Sans être à toi,

Les respirations volées, L’air asphyxié,

Le temps perdu, Ma Vie enlevée.

La télé reste allumée, Je suis obligée.

Je n’écoute ni ne regarde vraiment.

C’est juste pour ne pas penser, Ne pas voir ton image.

Ton sourire,

Sur ton beau visage.

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La journée c’est facile, Je suis occupée.

Le soir tombé : Impossible Tout me revient...

Tes mains fortes et douces, Tes bras autour de moi, Ton souffle dans mon cou, Ton regard mordant, Tes baisers piquants, Ton parfum envoûtant.

Je ne peux pas.

Je ne peux pas penser à tout ça.

A toi, A nous.

Sinon je m'effondre.

Sinon je tombe.

Je n’ai pas le droit !

Alors pour avancer je m’interdis : Je mets les souvenirs en veille ; Je deviens zombi,

Devant l’écran,

Seule lumière dans ma Nuit.

Allison Mira

(18)

Tout est resté figé

Depuis ce putain de 4 février.

Rien n’a bougé

Depuis qu’on s’est quittés.

Le temps s’est arrêté, J’ai même cessé de respirer.

Je me demande encore Comment c’est arrivé.

C’est à peine si je dors, Je ne fais plus qu’exister.

Je vis en suspens Dans cet appartement, Où tout devait commencer Tout s’est terminé.

“Je dois avancer Pour moi.

Me préoccuper de toi Je ne devrais pas.”

Ils sont mignons Mais ne savent pas.

Comment pourrais-je Quand je crève encore D’amour pour toi ? Ce serait plus simple De te détester.

Plus sain aussi, c’est certain.

Mais voilà ton nom est gravé,

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Dans mon coeur aujourd’hui brisé.

Chaque morceau, Chaque fragment T’espère et t’attend.

Sauve-moi encore une fois, Guéris-moi de toi.

Je t’en supplie, Rends-moi la vie.

Tout est resté figé

Depuis ce putain de dimanche gelé.

Rien n’a bougé

Depuis que tu m’as rendu tes clés.

Le temps s’est écoulé

Mais je suis toujours en apnée.

La poussière s’accumule, La poubelle a débordé.

La chambre je n’y dors plus, Je vis sur le canapé.

Je mange quand mes jambes Ne peuvent plus me porter Mais plus rien n’a de goût.

Tout me dégoûte.

Rien ne réussit à combler

Ce trou immense dans ma poitrine, Ce vide atroce dans ma vie

Que tu as laissés,

En partant sans te retourner.

Allison Mira

(20)

Je voudrais une heure, Juste une heure avec toi.

On ira sur un banc, Un banc face au néant.

Là où l'immensité du ciel Tombe dans celle de l'océan.

Là où les bleus sont peints Sur une toile éternelle.

J'ai tant de choses à te dire...

Mais une heure devrait suffire.

Je ne t’ai pas dit au revoir, Je suis partie sans un regard.

Pour laisser intacts mes souvenirs Ne garder que ton rire.

Je ne le regrette pas.

Mais lâche était mon choix, Egoïste d’autres diront.

Et ils auront sûrement raison.

Juste une heure,

On la volerait au temps.

Je te dirais tout ce que j'ai tu.

Je t'avouerais tout ce qui me tue.

Je lâcherais mes tourments.

Je te demanderais pardon aussi, Pardon d'être partie

Au moment où tu quittais nos vies.

Je l'ai fait pour moi, Pas contre toi.

Pour enterrer mon chagrin, J’ai dû taire le tien.

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Juste une heure, Je t’en prie…

Tu devrais savoir, Comme je suis désolée...

Désolée de ne pas avoir eu le cran, De te parler de ton vivant.

De t'expliquer avec mon cœur d'enfant, Que tu comptais tant.

Je n'ai pas su.

Je n'ai pas pu.

Je voudrais juste une heure ...

J’ai tant à te dire,

Et je ne peux que l’écrire.

Alors rejoins-moi.

Sur le banc face au néant.

Là où l'immensité du ciel Tombe dans celle de l'océan.

Là où les bleus sont peints Sur une toile éternelle.

Que je te dise enfin, Combien je t’aime parrain.

Allison Mira

(22)

La route de la mort

En prison rien ne reste seuls les souvenirs persistent, Des souvenirs marquants,

Voire même choquants,

Ce souvenir si particulier hante des millions de gens, Il roule vers le droit chemin,

Dans leur voiture il respire, Il admire,

La route qu’il avale, Car bientôt l’hôpital,

Puis d’un coup tout s’accélère, Voilà qu’un lièvre traverse, Il donne un coup de volant,

La voiture d’en face tourne et tourne et d’un coup

« stop »,

Tout se répète dans chaque tête,

Les sirènes apparaissent bleues, rouges, rouges, bleues, Tout se confond, et le vide apparaît,

Deux jours après une nouvelle, Un mort dans l’accident, Elle avait trois mois,

On entendit hurlements de douleur, tout se confond, et le vide apparaît,

Deux jours après une nouvelle, Un mort dans l’accident, Elle avait trois mois,

On entendit un hurlement de douleur raisonnée, Personne ne peut plus l’arrêter,

Ses pleurs, ses cris,

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Résonne dans chaque tête, Sans qu’il s’arrête,

Des mois plus tard les barreaux, Une pièce sombre,

Une âme qui meurt à chaque seconde, Assis sur le sol une fenêtre, une couchette, Voilà le nouveau palace,

Un mort sur la conscience, Le silence,

Alors en prison rien ne reste seuls les souvenirs persistent Anna Zatkowski Simonelli

(24)

La ville Le jour elle est vivante,

Elle bouge, elle invente,

Elle devient de plus en plus forte, Fortifiée, puissante,

On la perfectionne, On l’améliore,

À tort et à travers on la transforme, On la traverse,

On la ruine,

On ne se rend même plus compte qu’elle est là, On la pourrit, la détruit,

La nuit tout est sombre, Drogue, alcool,

Elles font le plus vieux métier du monde, Sans elles viols, tristesse, meurtre,

Car chez les psychopathes il n’y a que ça de vrai, Vraie envie,

Vraie colère, Vraie tristesse,

Alors chaque nuit elles font leurs affaires leur train-train quotidien,

Je les appelle les vendeuses de bonheur, On peut la comparer à une femme, Sombre, féroce mais aussi forte est belle Anna Zatkowski Simonelli

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Toi !

Elle nous quitte pour le froid, Les ténèbres,

Le désarroi,

Les pompes funèbres, Tant de larmes versées, Le silence à raisonner,

Je me suis raisonnée : encore exister, Malgré les regrets,

Je ne puis te reparler,

Avancer, sans m’accabler, semble être une réalité impossible à accéder,

Pourtant je dois continuer à vivre, Je n’ai pu mourir à ta place, Je suis peut-être ivre, Essayer de te parler, Sentir ton odeur, Te câliner

Ne plus en voir défiler l’heure, Me manque,

Je n’ai qu’un seul refus, Le bon ? Je ne sais pas,

Un remède ? qu’il fasse oublier, Virevolter,

Danser, S’amuser.

Après tant de regrets, Tu te fais enlever seule, Dans ta chambre, Le froid t’a attrapée, S’est emparé de toi,

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Tu m’as appelée, suppliée de venir te réconforter, Je n’ai pu venir…

J’étais trop occupée, Tu parles…

Des excuses-bateau qui ne résistent plus à l’eau de mes larmes

J’ai appris la nouvelle bien plus tard, J’ai même pensé à te rejoindre, Impossible à surmonter, J’ai dû commencer à t’effacer, Pour avancer,

Sans pour autant tout oublier Anna Zatkowski Simonelli

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Dehors

Ce paysage que j’aime regarder, Les feuilles trembler,

Les oiseaux chanter, Quand le soleil se couche,

Je vois le vent faire frémir les arbres, Le silence,

J’entends les fourmis marcher, Les maisons craquer,

Ah quel beau paysage qui me fait me balader, me transporter,

Le ciel d’un bleu-foncé immaculé, semble m’attirer, Alors je plonge dans ce ciel,

Je nage entre les nuages,

Et quand la tempête arrive, cette couleur bleu-foncé qui m’avait attirée,

Vire maintenant au noir Un éclair vient me frapper, Et me fait me réveiller,

Finalement je suis dans mon lit, J’ai l’odeur des pots d’échappement, Un ciel gris de pollution,

Mon monde parfait s’écroule au fur et à mesure que le temps passe.

Anna Zatkowski Simonelli

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Chère âme-sœur,

Je t’écris pour te dire que tout va bien !

Le monde se déchire, les mères pleurent le soir, les enfants s’écorchent les bras et les hommes, eux, doivent rester forts.

Les amoureux n’ont plus de papillons et les plus âgés sont les plus seuls, ironie du sort.

Ceci n’est pas un plaidoyer, j’ai déjà usé trop d’encre.

J’aimerais qu’on s’en aille. Loin de tout ça. Emmène-moi dans un lieu où les Hommes vivent heureux, s’aiment quelques soient leurs différences, où les enfants sont innocents et bien élevés, les femmes respectées et les adolescents confiants.

Emmène-moi dans l’eldorado, promis je ne m’en lasserais jamais ! Les larmes ont beaucoup coulé mais il est l’heure d’arrêter. Mes valises sont prêtes. Des mots m’ont blessée.

Des regards ont heurté la personne fragile que j’étais. Des moqueries m’ont assommée. Je veux pouvoir respirer dans un monde où l’air est doux et sucré. Je veux pouvoir tomber amoureuse dans un monde fait de sincérité, enfanter dans un monde en sécurité, travailler pour gagner en maturité et enfin, m’épanouir. Une nouvelle terre où l’argent ne serait que papier et acier. On gagnerait au mérite, échangerait, parlerait à cœur ouvert. Je veux des milliards de choses mais qu’est-ce qu’on peut m’offrir ? Je ne veux plus d’apparence, de superficiel, je ne veux plus de jugements, plus de regrets, je ne veux plus être pointée du doigt quand je tombe, quand j’échoue, je ne veux plus de souffrances, nous méritons tous le bonheur.

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Âme-soeur, vois clair dans ma réalité. Je ne baisse pas les bras, je n’abandonne pas. Écoute-moi, je reviendrai, je me retire pour mieux revenir, plus forte et plus sereine.

Sois fort en attendant mon retour. À bientôt Carla Durand

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Tu me donnes envie de danser jusqu’à ce que mon corps s’épuise, envie de crier à gorge déployée que le monde est beau juste ce qu’il faut, envie de rire à en avoir des crampes, envie de courir à travers les champs jusqu’à ce qu’on me confonde même avec le blé, envie de sauter, valser, ramper, tomber, accélérer sans jamais ralentir je m’abandonne à ton rythme entraînant,

Ata voix

À ton corps enivrant A ta chevelure À ton sourire

À ton regard m’observant À ton déhanché envoûtant

Je veux que ces quelques minutes durent des heures, et que ces heures se consument telles des minutes J’extériorise, je lâche, je libère, je me détache, me relâche, et me fâche

L’adrénaline est ma drogue et toi tu es mon essentiel Katy tu rends ma vie plus belle

Carla Durand

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Le soleil brûlant consume nos corps D’enfants aimant

Et le sable vulnérable et confortable Balaye bruyamment

Chaque instant, Eau salée au goût à mer, Senteur particulière

Foule abondante, abasourdissante Au regard sévère

Rêvant de mer et d’océan Le temps passe inlassablement Les choses changent inévitablement Mais ton regard, paisiblement Veille sur moi en attendant Carla Durand

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Qu’il est triste de nous voir assises là, devant la beauté de la nuit qui nous touche du doigt. Mais je m’en rends compte ; tu es belle, ce soir. Tellement belle.

Regarde comme je tremble ; ce n’est pas le froid, juste le bonheur de me voir auprès de toi. Parfois, tu sais, le temps c’est compliqué. Je ne sais rien de ce qui m’attend, mais ce soir, pour la première fois depuis des années, je veux croire aux contes de fée.

De temps en temps je m’écroule sous le coup des échecs, c’est vrai. De temps en temps je pleure, parce que je n’y arrive pas et que tout ce qui est beau, je ne le vois pas. Mais le bonheur, l’air de rien, c’est si simple. C’est dans les sourires et l’enfance qu’on se rend réellement compte qu’exister est une jouissance. Laisse-moi être une princesse et redevenir la gamine que j’ai toujours été.

Même si c’est dur et qu’on tombe souvent, je ferai semblant de croire au prince charmant. Me laisser aller, juste un instant. Le temps d’une danse qui deviendra des heures, le temps de revivre et d’être une enfant pleine de joie et de peur. Laisse-moi enfiler la robe dont je rêvais depuis longtemps, être la reine d’un monde imaginaire et dépourvu de temps. Laisse-moi vivre. Sourire le temps d’un après-midi d’été, et tourner, tourner sans jamais m’arrêter, en te serrant fort, en te croquant à pleine dent.

Oui, je t’aime. Je ne te le dis jamais, je le sais, mais j’aimerais te prouver à quel point ta laideur peut devenir la plus extraordinaire des merveilles en ce monde con et tellement cruel. Loin du présent, loin de l’argent, c’est le futur inconnu dont on rêvait dans un passé encore tellement présent.

Je sais que je fais des erreurs, je sais que j’ai péché, je sais que j’ai eu peur. Je sais que j’ai aimé autant que j’ai détesté

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et que j’ai tué par de simples paroles que je n’ai jamais pensées. Je sais que je suis impure, je sais que je suis faible autant que je suis dure. Je sais que je ne suis qu’humaine, et que mes actes ne changeront jamais rien à ce monde impitoyable et plein de haine. Mais le tragique et les histoires compliquées, j’en suis fatiguée. La beauté, au final, ce n’est pas si dur à décrire, encore faut-il y croire de temps à autre. C’est tellement simple de tomber, de chuter sur des acquis mal interprétés et d’attendre stupidement qu’on vienne nous relever.

Alors je te le redis encore, je t’aime. Tu es belle, tu es merveilleuse. Et lorsque tu souris, le seul fait de voir que tu brûles dans mes yeux me suffit pour savoir qu’un jour tout ira mieux. Tu es exceptionnelle, un cadeau tombé du ciel. Je te le redis, encore et encore comme s’il fallait que le répète pour me persuader qu’il n’y a plus de haine. Vie, je t’aime.

Carla Fontanay

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Un flocon de neige. Un deuxième, un dixième, puis une centaine. Le temps passe. Assise à ma fenêtre, je ne compte pas les heures, je ne vois plus les minutes qui défilent en silence, je me suis écroulée en plein milieu de la danse. Droguée à la caféine, à la nicotine, à la routine.

J’essaye de m’accrocher, c’est tout ce que je peux avouer.

Mes yeux sont creux. Remplis de toi et vides à la fois. Un jean déchiré, une vieille feuille de papier et des mots en abrégés. C’est tout, c’est tout c’que t’as laissé. Ce sont mes derniers souvenirs de toi, les dernières images, les plus douloureuses, les plus creuses. J’en crève, mais je t’attends.

Un degré de moins, un frisson de plus ; encore une heure perdue à regarder le paysage gelé, à penser au froid en même temps qu’à tes yeux glacés. Ils étaient beaux, avant.

Ils étranglaient le temps, ils défiaient les heures ; et même si je ne l’admets que trop tard, en eux je n’avais plus peur.

Plus le temps passe, plus tu te rapproches à l’intérieur. Tu m’étouffes, tu me noies dans le sang de ton propre cœur puis tu t’effaces comme un souvenir ancien d’un temps où il n’y avait plus d’heures. Je donnerais tout pour t’effleurer la main, sentir ton pouls en même temps que le mien et t’entendre dire que tout ira bien. Je donnerais tout pour revoir ton visage. Ton visage d’ange, mon Dieu qu’il me hante, j’en crève, j’en meurs, ça se décale, je fane et je plane, en moi ça hurle, ça brûle, ça se bouscule et je m’enflamme, je m’étale, putain ça fait tellement mal.

Un autre flocon à travers la fenêtre. Innocent, seul, tellement attirant. Vide aussi, certainement. Et je vois le ruisseau d’en face se geler au fur et à mesure que je sens mon corps se figer. La douleur monte, elle est puissante, dévorante, captivante et malgré tout, trop pesante. Une

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rose qui se ferme, un cœur qui se gèle. Un monde repeint de blanc, un vide trop présent ; une main qui se crispe, une douleur infinie, des larmes qui tâchent les joues et un pouls qui ralentit. J’en peux plus, les jours passent et tu ne reviens plus, tu t’effaces sans retenue, ça me brise, ça s’évase, c’est une seconde de plus dans une case ; un mal- être, une tache, une goutte en trop pour briser le vase. J’ai mal, je m’écroule.

Triste hiver, le blanc de cette journée ne sera pas blanc de pureté ; et les roses enneigées ne pourront que faner. Triste vie, triste vérité. Une neige souveraine qui dirigera la pulsion dans mes veines de sa chaleur malsaine. J’ai peur, je dois l’avouer. Je veux que l’on voie sur mes joues empourprées ma chaleur humaine continuer de lutter ; que l’on sente dans ma voix une dernière once de moralité.

Que l’on prenne ma main en me suppliant de me battre pour continuer, et que l’on me laisse m’éteindre dans l’attente d’un retour qui ne sera jamais réalisé. Tu ne reviendras pas, je le sens. Il faudra simplement du temps, mais malgré tout, moi je t’attends.

C’est un soir de pleine lune, un soir enneigé qui rappelle que l’hiver a tout tué. C’est un deuil qui se fait, c’est un hiver parfait. Une nuit magnifique, un futur inconnu et des airs de classique. Viens à moi, je t’attends, j’en crève et j’en hurle depuis trop longtemps ; viens, enlève mes foutues chaînes, viens, remets en cause ma peine pour ne pas me forcer à m’écrouler devant ma sanction de prisonnière accusée. Je n’ai rien fait, je peux le prouver, mon seul crime immoral et contesté fut celui de t’aimer.

C’est un hiver parfait, c’est une nuit fantastique. Viens, reviens à moi, prends-moi dans tes bras, je t’en supplie, embrasse-moi, aime-moi comme tu n’as jamais aimé,

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serre-ma main dans la tienne et respire plus fort comme tu n’as jamais existé. Mon amour je rêve, je rêve de ton souffle chaud dans mon cou, je rêve de sentir ton cœur se compresser à la seule entente de la chanson que je t’avais chantée. Non, arrête. Arrête de me torturer. Tu avais juré que tout serait comme si tu n’avais jamais existé, mais putain tu es là, tu m’entoures de tous les côtés, tu me cernes et tu m’enfermes ; tu es de partout, tout est noir, j’en deviens dingue, mon cœur vient briser les miroirs, ils me hantent, ils m’avalent, putain, ça fait mal…

Je t’ai tout donné. Tout. Je me suis sacrifiée, je t’ai aimée comme ce soir j’aime sentir le froid me tuer. Au fond, ma passion pour ton charme, c’était peut-être ta meilleure arme. Parce que je n’attends qu’une chose, c’est qu’on m’achève. Qu’on me frappe, qu’on me tire dans un coup plein de haine et qu’on saigne mes veines, qu’on me noie et qu’on me brise la tête entre les barreaux de ma cage dorée pour ne jamais te donner le plaisir de te faire croire que c’est toi qui me feras crever.

C’est un hiver parfait, un hiver dont je ne veux pas me rappeler. Un jean déchiré, un cœur lacéré et quelques mots d’amour à oublier. C’est tout, c’est tout c’que t’as laissé.

A ta vision je ne suis plus une personne que tu connaissais bien, mais à moi, l’hiver m’appartient. Ne joue pas avec le feu ; le feu de la neige, le feu du vent qui souffle sans cesse, arrête de t’amuser. Sais-tu pourquoi j’aime l’hiver ? Je hais ce qui brûle. Parce qu’on fond, mon cœur est comme le briquet que tu viens d’allumer ; si tu enlèves le doigt, moi je pars en fumée.

Carla Fontanay

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Ici et maintenant

Je suis ailleurs comme tout le temps Ici et maintenant vos mots font écho

Ici et maintenant je comprends la simplicité du tempo Ici et maintenant les traces de votre parole ont fait place Ici et maintenant le cerveau s’abandonne

Ici et maintenant tout résonne en désordre Ici et maintenant deux mots qui concordent

Ici et maintenant vos mots touchent la corde sensible la corde fragile la corde de l’indicible

Je ne suis moi ni ici ni ailleurs

Je suis cet effacement de l’âme, ce désencombrement de l’esprit

Je suis ici et maintenant pour vivre là-bas plus tard Je ne vis que de futur dans un présent qui se fout du passé

Je suis ce que je ne veux pas être ce que je regrette Je manque de ce que je pense être

Je suis ce que vous voyez, ce que vous ignorez, ce que votre cerveau a d’imagé, d’imaginé

Je suis dans la nuit cet acte manqué Un corps qui rit sur une danse endiablée Je suis ce que le monde ne comprend pas

Et je ne suis jamais au bon endroit ni au bon moment Je suis en décalage et je suis un doublage de ma propre page

(39)

Je suis ici et maintenant comme à chaque tournant Je suis ici là où personne ne veut être

Je suis maintenant quand personne n’en a envie d’être Je suis ici et maintenant

Je suis comme bien souvent ici et ailleurs Cécile Deiana

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Le corps balancé par les vagues Les cheveux agglutinés par le sable Elle rêve,

Coincée dans sa bouteille

Elle tente de rompre la boucle temporelle

Miroir de la moisissure humaine Depuis les décombres naît une falaise Vertigineuse et attirante

Réconfortante et aguicheuse

Hurlement

Le noir, le vide les veines gonflées Un cerveau étriqué et malmené La coque du navire s’étale Sur le rivage brûlant

Hululement

Lune couleur papier abîmé

Illuminée par les étoiles intrusives Fontaine d’espoir et de mirages

La pluie poudreuse irrigue la mélancolie

Hurlement

La force intérieure s’échappe Énergie absorbée et insultée Cœur foudroyé par l’ivresse Implosion de tristesse

(41)

Hululement

Crépitement sinistre Corps contre corps Les mots s’esquissent

Pour se transformer en parodie

Hurlement

Du vent qui expire dans nos tympans Du père vaillant et impuissant Du cœur qui ne sait plus où se situer Du monde qui peut se disloquer Cécile Deiana

(42)

Écrire sur les mots

Vous me demandez d’écrire sur les mots ? Mais ce sont les mots qui nous décrivent Nous dépendons des mots

Les mots eux sont libres

Les mots sont chantés, criés, racontés, susurrés, écrits Les mots font de nous ce que nous sommes

Ça ne se dit pas ? Et pourtant

Les mots que tu choisis de dire Et à qui tu décides de les dire Prends garde

Avec les mots tu hais Avec les mots tu aimes

Les mots crus, les mots doux, les jeux de mots, les mots d’amour

Avec les mots tu t’exprimes

Avec les mots tu dis tout haut ce que tu penses tout bas Certains t’échappent

Certains sont choisis

Certains te mettent en colère Certains te font du bien

Les mots sont des outils de destruction comme de reconstruction

Tu le sais, les mots sont faits de lettres Et c’est à toi de choisir à qui tu les envoies Célia Spirkovitch

(43)

Cancer Pourquoi ?

Pourquoi tu t’acharnes ?

Prendre une personne chère à mon cœur ne t’as pas suffi ?

Tu voudrais en prendre une deuxième ? Sache que cette fois tu ne l’auras pas.

La première fois tu as gagné

Tu étais trop rapide, trop puissant, trop destructeur Détecté trop tard tu ne l’as pas lâchée

Elle s’est battue, avait la rage de vaincre

Mais tu la voulais, tu as redoublé d’efforts et tu as vaincu Mais pas cette fois, ça ne se passera pas comme ça Tu ne voleras pas les moments que j’ai encore à partager avec elle

Cette fois on t’a pris de court Je sais que tu es déstabilisé

Détecté un peu par hasard, pas de chance pour toi Tu n’es encore qu’adolescent

Mais déjà trop gourmand à mon goût Tu n’as pas honte ?

Tu agis en douce, tu détruis de l’intérieur

Sans aucun scrupule, tu bouffes petit à petit les gens Tu prends une vie mais tu en brises tellement plus Mais écoute-moi bien

Elle aussi se battra, elle aussi aura la rage de vaincre Et elle, elle réussira à te terrasser

À te réduire en poussière

Tu ne seras plus qu’un mauvais souvenir Cette fois, cancer, nous te mettrons à genoux Célia Spirkovitch

(44)

Parfois je rêve Parfois je Rêve

Je Rêve d’un monde meilleur

Un monde sans toutes ces guerres qui ravagent peuples et cœurs

Un monde sans tous ces mensonges, sans tous ces secrets Un monde sans manipulation

Un monde sans maladie, sans pauvreté Un monde… un monde impossible Incompatible avec la nature de l’homme Cruelle et sanguinaire

Ravageuse et sans pitié Je Rêve d’une vie plus douce Sans problèmes, sans prises de têtes Sans pression sociale

Sans jugement Je Rêve d’être libre De partir

De m’évader

De laisser mes rêves me guider, s’entremêler, se mélanger

Pour former un amas d’espoir et de convictions Et former un but, une liste d’ambitions

Célia Spirkovitch

(45)
(46)

Paradoxe

Vous tous qui me voyez sans âme et sans paroles,

N'entendez de mon cœur qu'un murmure, qu'un tombeau.

Pourriez-vous écouter ne serait-ce qu'un instant La douce mélancolie qui embrase mon sang ? Tel un roc je me dresse sous les vents et la pluie, Dans ma terreur, je blesse, les gens pleurent et je crie, Je souffre à leur égal, je souffre pour un "oui",

Je souffre dans cette ombre qu'en mon antre, je chéris.

J'aimerais juste un jour retrouver la lumière, J'aimerais juste un jour briser tous leurs "critères", J'aimerais pour une fois, ensemble les trouver, Malgré mes paradoxes j'ai besoin d'être aimée.

Le marcheur de l’ombre Il n'avait peur de personne, Il n'avait peur de rien

Sans cauchemars ni démons, Sans amour ni chagrin.

Puis il y eut la tempête, le pardon, la pitié, Puis il y eut la traîtrise qui s'empare et qui tait.

Les larmes qui coulèrent, Larmes rouges, larmes de fer Dans un cœur déchiré, Pour cette âme, abîmée.

Oui, il n'avait peur de personne, Il n'avait peur de rien

Sans la haine, le départ et ce sang sur ses mains.

Que pouvait-il donc craindre en sa pureté, son écrin ? C'était avant l'amour, cet amour assassin.

Daphnée Sarmejeanne

(47)

La poésie

Ce n'est que l'art des mots, que le chant d'un enfant Ce n'est qu'une simple phrase, plus légère qu'un oiseau C'est un vœu éternel, un cadeau, un présent

Le cri d'une hirondelle dans le ciel, très haut Elle enveloppe mon cœur d'un voile d'or et de soie Et pendant mon sommeil, elle me montre la voie.

L'araignée

Au loin dans les ténèbres je l'entends approcher Une fille de la lumière mais enfant mal-aimée

De partout sur sa route les hommes pleurent et la fuient La laissant pauvre et seule dans le voile de la nuit.

Sa vie ne tient qu'à un fil, une corde de soie Un simple brin d'amour sur la toile de l'espoir.

Daphnée Sarmejeanne

(48)

Où sont nos rêves ?

Que sont mes rêves devenus ? Ceux de l’enfance

Dans l’adolescence, perdus, Vaincus par la souffrance D’un parent disparu

Dont le visage ne sera plus…

Les rêves sont à tout âge Fabriqués par la vie On les porte en bagages.

Une fois réussis,

On s’en crée de nouveaux Pour vivre encore un peu Ceux-là sont neufs et beaux Ils se lisent dans les yeux Et durent le temps des fleurs En bouquet de senteur.

Souvent la réalité Abrège nos pensées Et l’on met sous le tapis Nos rêves les plus jolis On les retrouve plus tard Ils prennent le dessus Deviennent notre phare Dans nos têtes, s’insinuent, Et rien n’arrête l’homme Que nous sommes devenus Ils sont comme la gomme Des illusions déçues !

Chaque matin, à chaque heure

(49)

Inventez votre bonheur Pour qu’au jugement dernier Vous rêviez d’éternité…

Denis Daul

(50)

Le temps

Le temps passe, le temps va, Ce qui fut sera

Impitoyablement, Mais je reste vivant En donnant de mon temps Pour emplir d’autres temps.

Celui du futur emplissant Mon présent impitoyablement En jetant au brasier

Celui du temps passé…

Et d’exquises esquisses Se rajoutent à ma liste Des envies de ma vie, Buvant jusqu’à la lie Les halos d’hallali

Qui, vers le port emportent Toutes les amours mortes.

Les minutes, les secondes Me fabriquent le monde De lumières en lueurs Jusqu’en ma demeure Et quand viendra mon heure Ne croyez pas au leurre Il sera pour moi temps De partir de ce temps...

Denis Daul

(51)

Que sera demain ? Le début, ou la fin ??

Sur le mois de mai, il neige Il faut qu’on se dépêche Pour redonner au ciel Ses couleurs naturelles Il faut changer le décor Car que seront nos corps Si l’on vit de nostalgie D’un passé qui pourrit Pour un rêve qui s’achève D’autres rêves à venir En faisant refleurir L’éden d’Adam et Eve

Notre monde est à ré-inventer Loin des landes de bitume Et loin des amertumes Qu’il nous faut enterrer Unissons nos colères Soyons tous solidaires Magnifions notre terre Avant que de nous taire Pour ne pas voir la fin Il nous faut un début

Commencer, n’est pas un but Ce n’est que le chemin….

Denis Daul

(52)

Le vent caressait doucement la plaine, faisant onduler légèrement les hautes herbes encore vertes malgré l’automne avancé. Une pluie fine tombait, lentement, tandis que le léger clapotis des gouttes d’eau retentissait paisiblement au milieu de cette étendue.

Ils se trouvaient là. Face à face, leur regard perdu dans les yeux l’un de l’autre. Aucun des deux ne parlait, et pourtant ils partageaient enfin de l’un à l’autre tout ce qu’ils avaient ressenti, caché et vécu ces quatre dernières années. Ils pouvaient enfin profiter du contact visuel qui leur avait été bien trop longtemps interdit, et chacun se retrouvait en l’autre une nouvelle fois, une première fois depuis qu’ils s’étaient effacés de la vie de chacun d’eux.

La voix du plus jeune finit par briser le silence paisible, s’élevant telle une douce brise :

« Tu es vivant. »

Leurs cœurs battaient à l’unisson, comme s’ils n’en possédaient qu’un seul pour eux deux.

Délicatement, leurs mains vinrent caresser la joue de l’autre, puis s’aventurèrent maladroitement dans leurs chevelures tandis qu’ils se collaient l’un à l’autre. Leurs respirations se mêlaient, leurs regards se liaient, refusant de se quitter ne serait-ce qu’un instant.

Plus jamais. Plus jamais ils ne se laisseraient partir loin l’un de l’autre.

Le grand brun colla son front contre celui de son cadet, posant tendrement ses mains contre ses joues pour finalement déclarer en fixant les yeux bleutés de l’autre :

« Oui. Je suis vivant. Et je ne repars plus. » Diane Causse

(53)
(54)

Mon cœur est verrouillé sous un arbre où des étoiles sont accrochées. J'ai mêlé des larmes et des sourires aux cheveux de cet arbre ivre. Ivre d'amour. De toujours. J'ai enfermé mes rêves dans la sève. Tout en noir et blanc, j'ai remplacé les couleurs par des odeurs. Je ne voyais plus de vert mais je sentais son odeur dans l'air. Le silence des couleurs frémissait sous ma peau. Seule la foudre apaisait mes maux. La foudre écorche l'arbre, écorche mon cœur.

Libère les papillons, les perles et les heures. Mes rêves envolés, l'espoir enterré, je ne pouvais que vivre en légèreté. Mais ils reviennent. L'espoir reste toujours ancré quelque part. Il nous laisse éveiller chaque soir. Enchaîné par les rêves évaporés qui s'écoulent sous forme de pluie sur nos corps endurcis. Je ne sais pas trop s'ils veulent nous libérer ou nous emprisonner. Alors je vais sous un autre arbre pour cacher de nouvelles douleurs, de nouvelles odeurs, un nouveau cœur. L'espoir reste confiné dans les branches, les rêves dans la sève, force et fragilité. J'attends la prochaine foudre pour me réveiller.

Dilan Savas

(55)

Il est minuit passé.

Il est trop tard.

Sauf orage profond et fatidique Sauf enfer brûlant et désespoir Je suis à toi.

Que tu le veuilles, ou pas, Je suis à toi.

Je suis jalouse, tu sais,

De toutes ces étoiles qui t’observent De tous ces mots qui t’appartiennent.

Je suis la solitude, parfois,

Seule face à tout ce qui t’entoure, Seule à t’envelopper de tout mon amour.

Seule.

Mais seulement à toi.

Je suis à toi.

Je suis liée, dangereusement, Silencieusement

A ton cœur charmant.

Je suis la nuit mélancolique, Sombre mais rassurante, Triste mais rayonnante.

Je suis le pardon amoureux,

(56)

Pardonne-moi, d’être toujours là à vouloir me coller à toi.

Pardonne-moi d’inventer ces étoiles qui ne verraient que toi.

Mais je suis à toi, C’est pour ça.

Je suis à toi.

Je suis là, calme,

Dans le murmure du soleil, Dans la tendresse du sommeil.

Je suis la colère hystérique,

Dans cette pluie qui abat les murmures, Entre les lignes où règnent les ratures.

Mais pardonne-moi,

Il y a une raison à tout cela, C’est que tu le veuilles, ou pas, Je suis à toi.

Dilan Savas

(57)

Les derniers mots d’une terre blessée Je me veux.

Perdue, j’ai besoin de moi.

Moi avec moi.

Je me veux.

Être seule.

En tête à tête avec moi.

Moi est vide, qui est-il ? Loin des regards avides, Je me veux.

Me retrouver, qui suis-je ? J’ai bu.

Tout brûle.

Mes mots brûlent.

J’ai mal, juste là.

Mes cœurs en cendre.

Les larmes montent.

Je pleure.

Je veux vomir.

Tout brûle.

Comment vivre ? Faut-il être ivre ? Une goutte de plus.

Un pas vers l’ivresse.

(58)

Loin de la sécheresse.

Il s’effondre devant moi.

Il me regarde.

Il me supplie.

Une goutte de plus.

Insuffisant.

Les étoiles se cachent.

L’humain s’arrache.

Il me regarde toujours.

Il ne peut vivre que d’amour.

Il veut vivre pour moi.

Une goutte.

Insuffisant. Terne. Inutile. Pathétique.

Ne me brûle pas !

Il crie. Il me regarde. Abasourdi.

J’ai bu.

Faut-il être ivre pour écrire ? J’écris aujourd’hui.

Les étoiles ne me regardent plus.

Je suis seule.

Je parle dans le vide.

Est-ce l’ivresse ? La tristesse ?

(59)

Le ciel se referme sur mes yeux.

La fumée parfume nos cieux.

Dans le noir, il s’écroule.

Il était debout.

Maintenant à genoux.

Il me regarde.

Une autre goutte.

Inutile.

J’avance.

Cauchemars.

Autre pas.

Tout est noir.

Je tombe avec lui.

Ne me regardez plus. C’est fini.

Poignardée dans le cœur. Je tombe.

Un dernier regard. Un au revoir.

Au soleil, à l’univers, à tout ce qui m’entoure.

Je tombe chaque jour.

Mais aujourd’hui, je brûle.

Humain, tu m’as tuée.

Je suis invivable.

(60)

Les nuages me supplient de rester. Mais je ne veux plus.

Je ne veux plus caresser l’humanité. Les gouttes s’écoulent le long de mon cœur meurtri.

Je veux être seule.

Laissez-moi.

Dilan Savas

(61)
(62)

Vingt-deux heures aux premières loges La symphonie du soir souffle ses harmonies Entre les soupirs et les ronflements du feuillage

Dans la marée automobile qui foule et refoule ses vagues motorisées

Et rien ne répond sinon ce coureur sur le sable des villes Sinon ce hors-bord et ses éclatants pneumatiques

Et les quiets citadins dans leurs paillotes urbaines Dès lors le spectre visible se confine en moi

Ainsi que dans les mains d’un bon ingénieur du son Qui fouille la soierie des plages audio pour en extraire et en arranger la quintessence

Autrement dit

Le noir l’obscur noir des illusions romanesques Bleu le bleu des sensations ruptures flamboyantes 1870

Bleu l’oméga de l’ivresse poétique

Vert sombre et camaïeu des vers des renaissances mystérieuses

Enfin le sépia des daguerréotypes

Léonore De Camaret

(63)

(64)

Dans son atelier La poupée articulée Prend la poussière

Et cherche un peu de lumière Sculptée avec soin

Dans les mains douces du menuiser Elle est pendue là toute mortifiée Les yeux plongés dans le lointain Elle est belle

Mais personne ne le voit Elle est celle

Dont on rêve le soir Son teint ébène Ses cheveux foncés Sa robe en soie grisée En voilà une reine

Prisonnière dans son corps vide, en chêne Une posture puis une autre, et tient Un fil qui soudain s’emmêle La marionnette devient Vile haine

Ses yeux de verre D’un bleu profond Reflètent les travers

Du monde dans lequel nous passons

(65)

Marionnettiste

Où sont passés les émotions Les couleurs et les sons

Ta marionnette porte tant de cicatrices Pendue par tous ces fils

La poupée docile

Voit sans ses yeux défiler

Les mois passés avec le menuisier Chérie et aimée

Maintenant exilée

Dans le monde dur et infâme Des hommes qui souillent les âmes

Ainsi sont Sans son

Les tristes marionnettes Ainsi sont

Sans son

Trois petits tours épuisés faneront

Élise Côte

(66)

Je rêve de m’envoler. Si loin et si haut que tout serait plus beau.

J’ai découvert un univers dans lequel je flotte, légère en pesanteur. Pour pouvoir le voir et y être je gratte. Je ne gratte pas la guitare, je ne gratte pas la terre où bien le sol, moi je gratte le papier. Mon papier. J’y gratte mes rêves, mes sentiments, mes envies, mes peurs et toutes sortes de choses. Je noirci ce papier auparavant vierge, si blanc, si innocent. Innocent des tonnes de pensées qui me suivent depuis toujours. Toujours les mêmes en boucles.

Boucles enivrantes, légères et parfois pesantes. Les lettres, elles, sont si belles posées, alignées sur cette feuille blanche teinte de neige. La froideur du papier disparaît peu à peu, réchauffée par le frottement de mon stylo.

Mais pourquoi écrire ? Pour s’exprimer voyons ! Pour penser sur la feuille ce qui ne sort pas de la bouche.

Bouche figée quand il ne faudrait pas. Alors pas à pas je m’ouvre. M’ouvre au monde, à moi-même et surtout à mes rêves. Je déballe mille et une folies, toutes venues frôler mon esprit. Et au lieu de couler dans le silence, je m’envole dans l’écriture. Écriture parfois douce parfois amère.

Mais je ne fais pas qu’écrire, je rime, je poétise.

Poétise les peurs pour les rendre meilleures. Poétise les complexes pour les rendre perplexes. Je rime les abîmes de mon esprit. Je rime la vie, les envies. Je rime pour la victime. La victime meurtrie qui ne peut écrire ses pensées sur un petit bout de papier. Je rime le paroxysme de mes rêves. Rêves inaccessibles pourtant si proches sur ce support éclatant. J’aime écrire comme le supporter aime son sport, comme l’artiste aime ses outils. Outils

(67)

utiles au quotidien. Quotient dans lequel les lettres, les mots, les rimes, la poésie sont mes outils.

Voilà pourquoi moi j’écris. Pour toutes ses belles raisons et tellement d’autres encore. Encore d’autres d’idée qui viendront s’ajouter à ce texte. Texte écrit sous les étoiles d’une nuit aux teintes noires. Noir de lettres et de rêves qui s’envolent vers elle.

Élise Côte

(68)

Mémoire

Dure, dure, toi qui es éphémère Douce, légère, fine pluie Tombe tombe petite bruine Diffuse ta mélodie passagère Emporte toutes ces pensées amères Que le monde ne cesse de fuir L’eau ruisselle sur les pavés Le long des trottoirs municipaux Les passants sont pressés

Les rêves prennent l’eau Que le monde est beau ! Minuit vient de sonner

Les lampadaires sont allumés

Les larmes du ciel ne cessent de couler Et les bateaux sont prêts à amarrer

Que tout le monde soit prêt pour embarquer La pluie déferle

La mer rugit Le vent se rebelle Les Hommes sont punis Les éléments nous rejettent Que le monde est démuni ! Les vêtements prennent l’eau

Les bateaux sombrent dans les abîmes Le froid transverse les manteaux Les cœurs se serrent dans les poitrines

(69)

Que le monde est sublime ! L’orage est passé

Il a tout effacé

Les peurs, les malheurs, les erreurs Il ne reste plus que les auteurs Pour raconter le fait

Que le monde est imparfait

Élise Côte

(70)

WEIMAR ET MUNICH

Mon âme est une fontaine d’une ville de Bade- Wurtemberg, dont les aspérités et les divinités de stuc renvoient le clavecin et l’orgue des églises sur des pignons simples et rose pâle comme le luthéranisme de Weimar.

En son sein, entre les spirales d’écume que surplombe Ouranos castrat, des elfes et des nymphes se baignent et nagent à la cadence des schlager et des « Gesundheit ! » de l’Oktoberfest.

Et très souvent, alors que la cité se meut dans cette droite et gracieuse ivresse, un diamant aux propriétés mécaniques d’une plume vient osciller au deçà des eaux de cette paisible fontaine que baigne l’atmosphère baroque. Dans sa trajectoire en arabesque et dans son mouvement uniformément accéléré, le joyau aux airs de Lieder solidifiés reflète tour à tour les accents lyriques et triomphants de Bayreuth, les orgues de Leipzig festonnés de fioriture auditive et de chœurs mélancoliques, les anachorètes d’Iéna dont le fief suggère encore les fantômes à la recherche de l’unité perdue, la caserne militaire de Ludwigsburg où dès 1785 Schiller rescupltait le marbre des palais d’un port de bras franc et fougueux, enfin le Rhin qui passant par Bonn envoie la 9e Symphonie en réponse à ces appels à joie et à la liberté.

Inégal de surface ainsi que la Rhénanie-Palatinat, voici que le joyau aux sinusoïdes autrefois rythmées par l’ordre des choses fait des pieds de nez à la raison. Ainsi chute-t- il ainsi qu’Icare, et en chutant pénètre mon âme aquatique

(71)

ainsi qu’un souffle chaud et diffus, pour y engendrer des sinus et cosinus ineffables comme les chœurs de Tannhäuser. Les Walkyries venues se prélasser sur la route du Walhalla soupirent alors en cadence comme les ondes viennent chatouiller leurs membres nus, et accompagnent de leur chant l’écoulement souple de l’Hippocrène répandu par les neuf muses.

Et cependant la matière diamant ne peut exister dans nos conditions atmosphériques ; loin des profondeurs de la terre toujours il avance en s’altérant en graphite. Ainsi, mon âme est une fontaine, une fontaine en Bavière, une fontaine qui recueille les larmes amères d’un germanophile qui par amour pour Chopin a visité Varsovie, une fontaine de Weimar recueillant les sanglots longs d’un idéaliste venu pour les lumières des colombages et repartant hanté par l’obscurité du camp de Buchenwald, une fontaine dont les fissures sont les stigmates un tremblement de terre apparu lorsque l’on inaugurait l’hymne en 1933 et que la détresse de Haydn éprouvait les cieux à l’agonie. Et cependant… Si l’une de nos âmes reçoit en ses eaux un Vergissmeinnicht de Iéna, nos âmes deviennent des fontaines où s’abreuvent des roses blanches de Munich. Nos âmes sont ainsi des fontaines qu’entourent les persiennes fermées que percent à peine Richard Wagner mêlé à Django Reinhard et Felix Mendelssohn mêlé à Glenn Miller, des fontaines qu’emplit Winds of Change sur les gravats de Berlin Ouest et où se désaltèrent les casseurs venus de Berlin Est, des fontaines que l’on peut apercevoir à Versailles comme à Herrenchiemsee.

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Nous sommes une fontaine d’où Richard Wagner, armé d’une fleur bleue comme Ofterdingen et criant à l’anarchie de sa voix de baryton spectral, en émergeant, inonde l’Allemagne des autodafés pour enfin aller sur un rond- point jaune composer un opéra mondial pour les victimes de la synagogue de San Diego.

Eléonore Perrot-Boussin

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Pourquoi la poésie ?

Et puis, tu sais toi… Tu la connais la réponse.

Toi qui écris toute la nuit et tout le jour, Qui dit engagé un jour, engagé toujours,

Toi qui restes joyeuse même au milieu de ronces.

Touchants et magnifiques sont tous tes poèmes.

Bouleversante et ravissante est ta voix.

Tu chantes et écris assez souvent ce que tu aimes, Mais aussi pour dénoncer ta société, toi.

Bien sûr que tu sais « pourquoi la poésie », toi.

Tu sais que des gens se sont battus pour ce droit.

Tu parles de tes sentiments, même des lois, D’Orphée à Aragon, ils ont fait comme toi.

Flavio Sylvestre

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Rêves, cauchemars Un rêve, un cauchemar La douceur, l’horreur La confiance, la peur

En vouloir plus, en avoir marre

Malheureusement, un rêve peut vite devenir Un cauchemar effrayant, triste et terrible, mais Le contraire va très rarement se produire, Pour notre plus grand malheur.

Malgré tout, les cauchemars restent rares Et sont souvent répétitifs

Les rêves, nous en faisons toutes les nuits, Mais sans s’en rappeler au réveil.

Le cerveau humain est fait de telle manière A retenir en priorité les mauvaises choses Mais les bonnes choses qu’il retient Le sont pour toute la vie

Flavio Sylvestre

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Brûlure commune Pays divisé,

Habitants partagés.

Tous les samedis dans la rue, C’est la cohue.

Crise politique,

Aux ampleurs dramatiques.

« Macron démission » Crie la manifestation.

Pendant ce temps,

Durant une belle nuit de printemps, Une inattention banale

Provoque un événement fatal.

Un tout petit feu

S’est développé dans le bâtiment silencieux.

Déjà quand le jour s’est levé,

Une grosse partie du bâtiment s’était écroulée Pays divisé,

Notre-Dame brûlée.

Flavio Sylvestre

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Chut...

La ville Qui s'éveille Ouvre ses portes Calfeutrées la nuit

Tous les oiseaux s'ébrouent Dans les arbres frémissants Une immense cacophonie

tente de vaincre les grands silences Orchestre bruyant des larmes qui glissent J'erre dans le petit matin

Fantôme blême des rues Qui crient d'indifférence J'avance fragile

A petits pas Funambule Sans fil Chut...

Dans la ville Qui s'éveille Tout doucement Au rythme des pas Hésitants de la nuit

qui fuit l'ombre des matins D'antan crucifiés à la porte

Close à jamais sur le grand silence Chut... La ville s'éveille et s'étire Les oiseaux soupirent dans les arbres Et me regardent passer

Petite boule triste Lourde et fatiguée De rechercher

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La lumière Qui fut Chut...

La ville Qui s'éveille Ouvre ses portes A toutes les ombres Qui valsent à démesure

Toquent et toquent aux fenêtres Tempo infernal qui grignote L'éblouissement de ce qui fut Chut...

J'écoute Dans la ville La vie s'enfuir

cris des grands blés blonds Houle de la mémoire

Puits sans fond qui se souvient Soleil mutilé au fronton

De l'arbre qui pleure à sa fenêtre Chut...

J'avance Macadam Cri explosé Arbre crucifié Chut...

La ville Qui s'éveille Me rit au nez

(80)

Chut...

Marche Dans la ville Chut...

Silence Chute.

Gislaine Piegay

(81)

La porte s’est refermée.

La fenêtre close laisse un grand trou noir Sur le mur.

Les étoiles sont de petites fleurs crucifiées Au ciel de son lit

Défait.

Son cœur est une pierre Enorme

Qui creuse chaque fois Plus profondément Le vide de sa vie.

Elle ferme les yeux

Les bras allongés le long du corps Offerte au silence revenu

Comme au souffle rauque Des mains qui l’ont meurtrie.

Elle écoute ce silence Monter en elle

Glisser sur sa peau Crier hurler ce silence Sur la margelle de ses lèvres Meurtries

Elles aussi.

Elle ferme les paupières Comme on l’a enfermée Là

Entre ses quatre murs Jaune-sale.

Elle retient son souffle L’enferme en elle Avec le silence Qui hurle

(82)

Ferme ses poings Si petits

Tout petits Crispe ses doigts Si fins

Tout fins

Sur le drap mutilé Et ombre d’elle-même Laisse chavirer

Sur son corps bleui La nuit entière

Qui coule dans sa bouche Dans ses yeux

Dans son âme Et s’abandonne Petite bête blessée Au vide qui frappe A la fenêtre close De son cœur.

La porte s’était refermée.

La fenêtre laisse un grand trou noir Sur le mur.

Les étoiles sont de petites fleurs crucifiées Au ciel de son lit

Défait.

Elle entend les marches craquer.

Le pas traînant

Et lourd qui s’en revient.

La porte s’est ouverte.

Mais personne n’entendit

(83)

Le silence ouvrir Doucement La fenêtre close Et pendre

Dans le grand trou noir De la nuit

Une nouvelle étoile Petite fleur

Crucifiée Au grand ciel Qui pleure.

Gislaine Piegay

(84)

Pourquoi ne vois-tu pas qu’elle a mal ? Ses yeux crient

Observe-la

Chacun de ses gestes est un appel à l’aide Elle attend juste que tu l’interprètes Elle a laissé le sang dans le lavabo

N’a pas effacé les traces de son mascara qui a coulé Elle a laissé la porte ouverte, tu n’es jamais entré Son carnet sur son lit était resté ouvert

Elle y décrivait en quelques vers ses mœurs et ses peines Elle n’attendait que ça, que tu le comprennes

Elle ne le supportait plus , il fallait que cela s’arrête Elle alluma une dernière cigarette

Réunit ses cheveux pour en faire une tresse, Enfila sa toilette blanche, celle que tu aimais tant.

Sa perte de poids lui permettait d’enfiler ce vêtement Celui de son enfance.

Vêtue tout de blanc, elle s’avance Elle souligne ses yeux d’un trait noir,

Accroche à son cou son pendentif, une colombe.

Elle caresse l’oiseau de ses doigts tremblants On jurerait voir dans ses yeux une lueur d’espoir Sa cigarette se consume, lui fait sentir la fin Elle écoute cette musique qui lui donnait la foi Elle tente une dernière fois d’y croire

Y ‘met toute sa volonté

Elle espère secrètement que tu vas rentrer Empêchera son geste, se serrera dans tes bras.

Des larmes roulent sur ses joues, elle a peur Tu n’arrives pas et il est l’heure

(85)

La braise ne rougeoie plus , les cendres sont tombées Les secondes s’égrènent

Dans sa bouche un goût amère L’odeur âcre du sang

Une seule certitude sa fin sera dans la dignité Ses poumons la brûlent

Son cœur s’accélère Elle se saisit d’une lame S’allonge sur son lit

Elle tranche ses veines y met toute sa rage Un râle rauque s’échappe de sa mâchoire Elle serre les dents

Du sang s’échappe de son poignet fendu Sang sueur et larmes sont confondus Douleur

Ses veines palpitent, elle pleure Les draps blancs se teignent de rouge Le sang coule

Se propage Elle se sent faible Elle a mal

Elle n’a plus la force de pleurer Elle pense à ceux qu’elle va laisser

Elle prie silencieusement pour leur réussite Elle se sent partir

Elle s’imagine une dernière fois un avenir meilleur Endormie, le visage déformé par la douleur , Ses yeux toujours ouverts semblent vides Un voile terne les a recouverts

Où est passée son étincelle ?

(86)

Elle s’en est allée

Elle tient fort dans sa main un morceau de papier Une lettre pour toi, elle t’y explique tout

Y met tout son amour

Elle la rédige depuis plusieurs jours, cette lettre qui te fait pleurer

Ne la blâme pas

Elle t’aimait plus que tout, elle l’a murmuré lors de son dernier souffle

Hermantine Deloire-Baudouin

(87)
(88)

Ca tient à quoi ?

Quoi que je dise, quoi que je fasse La vie s’en va et tout s’efface Quoi que je pense, quoi que je crie L’amour s’en va, de mal en pis Quoi que tu fasses, quoi que tu dises La vie s’efface, y’a pas de prise

Quoi que l’on sache, quoi que l’on croie Y’a pas de place pour elle et moi

J’ai beau le dire, ou bien le faire Les mots me manquent terriblement Ce sont les actes, oui forcément Qui marquent tout, pourquoi le taire ? J’ai beau l’écrire, ou le chanter J’ai beau le dire ou le clamer Peut-être en rire, ou déchanter L’amour s’en va, décor planté Les mots me manquent, terriblement Les mots s’effacent en un moment Pour un sourire, pour son éclat Tout s’illumine, ça tient à quoi ? Jacques Alcelay

(89)

L’ombre de ton ombre

Je ne suis qu’un vieillard juste au bord de la mort Je ne suis qu’un poète aux cheveux argentés Je suis un survivant aux mots de la mémoire Je suis un vieux fourneau aux plaques déformées Ne suis bon qu’à résoudre les dernières questions Insoluble équation, où tout mot se répond

Improbables pensées du fond du désespoir Éclairs élaborés du fond de ma mémoire Silhouettes perdues dans le désert du temps Espoir évaporé au gré de tes printemps

Dernier mot, dernier geste juste avant de sombrer Dans l’oubli, dans l’absence, funeste destinée Il n’y a plus de printemps, juste un rayon de lune Et puis ton souvenir, juste un pli sur la dune Il n’y a plus d’espoir dans le temps dépassé Plus que des chrysanthèmes sur la pierre déposés

… Et l’ombre de ton ombre sur mon ombre penchée Demain est un ailleurs, bien plus qu’un autre jour Et dans le fol espoir d’un jour te retrouver

Dans ce monde, cet ailleurs, par nos mots réchauffés Dans l’éther, une étoile, sublime destinée

Algorithme stellaire, mécanique quantique Des rayons invisibles, particules étranges Le rayon de la vie a perdu sa clarté

(90)

Puisque l’amour est mort, il faut bien déchanter

Il n’y a plus que des cendres, ou des grains de poussière Quelques belles pensées, diatribes exacerbées

La mort est bien présente, elle m’attend impatiente Je suis sur le chemin, j’arrive, ma bien-aimée ! Jacques Alcelay

(91)
(92)

À quoi sert la poésie ? À découvrir mon être caché Entendre mes pensées emmêlées Voir ma couleur pâle

Toucher du bout des doigts mon mal Ouvrir mon âme au silence

Fermer mes yeux au monde Laisser sortir ma science

Trouver ma voix au milieu des ondes

Je suis...

Je suis celle que je ne connais pas Une âme à découvrir

Qui court sur un fil et qui souhaite rire Je suis celle qui est là

Je suis tous mes rêves inconscients Toutes mes blessures de givre Armée d'un pinceau omniscient J'apprends à être moi, à vivre Invisible dans le vide rayonnant Je resplendis d'envie

Je cherche la vie

En m'envolant avec le vent

Juliette Bossy

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« Sans la musique la vie serait une erreur » Mon cœur suit le tempo

Mon corps est au repos Mes sentiments s'envolent Sur l'amour des paroles Je monte le son

Pour faire taire mes pensées Écouter mon nom

Danser avec simplicité Dans ma tête, je fais silence

Jusqu'à me perdre dans l'imperceptible La musique résonne devenant inaudible Mon être s'affaisse et se lance

Soleil

Astre brûlant, rayonnant, éclatant. Caresse ma peau, l'embrase, change sa couleur et mes humeurs.

S'adoucit en fin de journée, s'éveille lorsque mes yeux s'ouvrent. Son feu éclaire les femmes, découvre les dames, bouleverse les âmes. Je m'expose à sa violence, défie son ardeur, anime mes heures. Mais quand la nuit tombe, noire et lourde, tu ne disparais pas tout à fait. Ta sœur reflète ton être lorsque ton absence se fait trop forte.

Mon corps s'affaisse dans la douceur blanche de l'attente.

Au matin levant, je suis éblouie par ta rougeur sanguine, tes envies écarlates qui brusquent ma peau mate. Tu

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t'envoles, virevoltes et danses dans la brise fraîche pour allumer les vivants, les rendre amusants. Je t'aspire et me vide, enlace ton astre, bascule dans l'infini. J'admire ton rire, ta force ainsi que ton énergie. Tu me sors du lit pour qu'enfin, je vive.

Juliette Bossy

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Dans la tête de

Dans ma tête, dans la tienne, dans la nôtre.

Oui, nous, féministes, humanistes, Utopistes debout.

Assez d'être à genoux,

Je refuse de baisser la tête par peur qu'on me la coupe,

De devoir regarder le sol par peur d'écoper d'un sifflement.

En jean ou en jupe,

Je ne veux plus de cette lutte.

Je veux pouvoir marcher fièrement.

La rue est à toi, à moi, à nous.

Oui, nous, qui rêvons d'un monde meilleur.

Brandis ton bras vers le ciel, Et touche les étoiles

Pour tous les autres qui ne peuvent plus le faire.

Enchaînés par la honte de marcher,

Ils se cachent et s'éloignent des ruelles sombres Quitte à rallonger leur chemin,

De peur de croiser un chien.

Dans ma tête, dans la tienne, dans la nôtre, Oui, nous, féministes, humanistes,

Utopistes, debout !

Que notre rêve devienne réalité Sans crainte pour demain.

Je veux pouvoir marcher fièrement, Claquer les pavés de mes talons Sans l'angoisse d'être escortée.

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