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Apports et perspectives d’évolution des indicateurs qualité de l’hémoculture

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Academic year: 2022

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doi:10.1684/abc.2019.1450

Pour citer cet article : Cardot Martin E, Martinucci P, Limousin L, Cahen P, Farfour E, Vasse M, Mathonnet D. Apports et perspectives d’évolution des indicateurs qualité

Apports et perspectives d’évolution

des indicateurs qualité de l’hémoculture

Contribution and evolution of blood culture quality indicators

Emilie Cardot Martin Pierre Martinucci Lucie Limousin Pierre Cahen Eric Farfour Marc Vasse Damien Mathonnet

Laboratoire de biologie médicale, Hôpital Foch, Suresnes, France

Article rec¸u le 27 février 2019, accept ´e le 07 mai 2019

Résumé. Le suivi d’indicateurs qualité, associé à une analyse de risque détaillée, permet de valider le processus de l’hémoculture automatisée. Nous rapportons la méthodologie du suivi pendant 5 ans de 5 indicateurs au labora- toire de biologie médicale de l’hôpital Foch : volume de remplissage des flacons d’hémoculture, proportion de contamination, proportion de flacons positifs par automate et étuve, proportion des espèces bactériennes retrouvées et proportion de faux positifs analytiques. Les objectifs que nous nous sommes fixés pour chaque indicateur sont atteints à l’exception des volumes de remplissage des flacons d’hémocultures. L’analyse de ces résultats nous amène à discuter de l’évolution des indicateurs qualité et plus particulièrement la gestion de leur non-conformité, leur périodicité, leur pertinence ainsi que la nécessité d’affiner leurs résultats pour mener des actions ciblées.

Mots clés : indicateurs, qualité, hémoculture

Abstract. The monitoring of quality indicators, combined with a detailed risk analysis, validates the process of automated blood culture. Here we report the methodology of 5 years monitoring for 5 indicators at the Biology Department of Foch Hospital: volume sampled, proportion of contaminants, proportion of positive blood cultures in each instrument and drawer, epidemiological indicator and proportion of false-positive instrument signals. The results obtained were outside the expected target for the volume sampled and were acceptable for the other indicators. The analysis of these results leads us to discuss the evolution of quality indicators and more particularly the implementation of corrective measures, their periodicity, their relevance as well as the need to refine their results to carry out targeted actions.

Key words: indicators, quality, blood culture

Le prélèvement d’hémoculture est indispensable dans la prise en charge d’un sepsis. Selon le contexte clinique, il permet d’affirmer la présence de bactéries ou levures dans le sang, de rechercher l’étiologie d’une endocardite infectieuse, d’orienter la recherche d’un foyer infectieux indéterminé et d’apporter une aide à la conduite du traite- ment antibiotique ou antifongique [1].

Les systèmes automatisés récents les plus utilisés dans les laboratoires de biologie médicale sont les automates Bactec (Beckton-Dickinson, USA) et BactAlert/Virtuo (bioMé-

rieux, France). Bien que les milieux de cultures utilisés dans ces deux automates soient sensiblement différents, ils révèlent avec des performances comparables, la présence de micro-organismes en mesurant le CO2libéré par ces der- niers [2]. L’amélioration de la composition des milieux a nettement amélioré les performances de la technique il y a maintenant plus de 15 ans [3, 4]. Actuellement la sensibi- lité de l’hémoculture dépend de 4 paramètres : le volume de sang mis en culture, le délai d’acheminement, la fertilité du milieu et l’algorithme de détection de l’automate [5].

Les indicateurs qualités, associés à une analyse de risque approfondie, permettent au biologiste de vérifier les étapes clefs de l’ensemble du processus de l’hémoculture auto- matisée selon la norme Afnor ISO 15189 version 2012

Correspondance :E. Cardot Martin

<e.cardot@hopital-foch.org>

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et le document du Cofrac SH REF02 rev 05, référentiel d’accréditation obligatoire pour les laboratoires de biologie médicale [6, 7]. En effet, certains indicateurs se substituent au passage de contrôles internes de qualité et sont un moyen pertinent et original de maîtrise des risques analytiques en comparaison à d’autres examens de biologie médicale [8]. Plusieurs indicateurs de suivi des hémocultures sont proposés dans le Quamic [8].

Les trois indicateurs pré-analytiques proposés sont le volume de remplissage par flacon ou par patient, le délai d’introduction des flacons d’hémocultures dans l’automate d’hémoculture et la proportion de contamination (faux positifs diagnostiqués). Le suivi du volume de sang par flacon ou par patient et le délai d’introduction des fla- cons dans l’automate sont des indicateurs pertinents car les paramètres vérifiés conditionnent directement la sensi- bilité diagnostique [8-10]. Ils se substituent à l’évaluation de la sensibilité diagnostique par le biologiste sur site, impossible en raison de l’absence degold standard(statut inconnu des patients bactériémiques/non bactériémiques) [8]. Concernant le remplissage des flacons d’hémoculture, il est recommandé d’ensemencer 4 à 6 flacons correctement remplis (8 à 10 mL par flacon) et prélevés en une ou plu- sieurs ponctions par 24 heures pour obtenir un volume total minimal de 40 mL [2-4]. La qualification de tout échan- tillon avant réalisation de l’analyse est obligatoire. Ainsi, un commentaire concernant le risque encouru en cas de volume très insuffisant doit être noté sur les résultats. La vérifica- tion du volume de sang de chaque flacon avant incubation est parfois difficile à mettre en place. En effet, l’absence de sang ou les très faibles volumes sont facilement détectables avec les graduations des flacons, les autres cas nécessitent une pesée des flacons, difficilement réalisable en pratique.

Ces difficultés montrent l’intérêt de suivre également un indicateur a posteriori. Différentes techniques de mesure du volume sont proposées par le Quamic et sont plus ou moins faciles à mettre en œuvre sous forme d’audits ponctuels ou d’un suivi systématisé (indicateur) : pesée de chaque flacon, vérification visuelle au moyen d’abaque de chaque flacon ou extraction de données automates. Concernant la proportion de contamination, le Quamic propose de faire un rapport entre le nombre de flacons prélevés à micro-organismes contaminants sur le nombre de flacons totaux.

Les indicateurs concernant les performances analytiques sont la proportion de flacons positifs par compartiment de l’appareil et l’indicateur d’épidémiologie (proportion des espèces retrouvées). Ces indicateurs permettent de mettre en évidence une anomalie analytique des flacons ou de l’automate dans les conditions d’utilisation du laboratoire.

Les performances analytiques ne sont pas suivies au moyen de contrôles internes de qualité peu pertinents (ne vérifie qu’une alvéole de l’automate) et non recommandés [8].

Le suivi de ces deux indicateurs est cependant complété

par la participation à une évaluation externe de qualité à minima annuelle [8]. Un troisième indicateur analytique est proposé et vise à mesurer la proportion de faux positifs ana- lytiques (spécificité analytique). Il correspond au suivi des flacons déclarés à tort par l’automate comme contenant des micro-organismes. Ces faux positifs sont souvent liés à un remplissage excessif des flacons ou à une hyperleucocytose.

L’indicateur post-analytique recommandé par le Quamic concerne la vérification de la communication appropriée des résultats aux prescripteurs [8].

Le suivi de ces indicateurs au laboratoire soulève plusieurs questions concernant la méthodologie à utiliser, les cibles et la périodicité de recueil à fixer, l’organisation de la commu- nication des résultats ainsi que l’amélioration continue de ces indicateurs. À ce jour, il n’existe pas d’article traitant de ces nouvelles questions dans la littérature.

Dans cet article, nous développerons la méthodologie et les résultats de 5 différents indicateurs de l’hémoculture réalisés de janvier 2014 à décembre 2018 sur 2 automates Bactec FX (BD, USA) dans le secteur de bactériolo- gie du laboratoire de biologie médicale de l’hôpital Foch (Suresnes, France). Le laboratoire polyvalent de biolo- gie medicale prend en charge annuellement 27 000 paires d’hémoculture provenant de services hospitaliers variés : urgences, services de médecine et chirurgie (médecine interne, urologie, néphrologie, chirurgie digestive, pneu- mologie, gynécologie, obstétrique, neurologie, oncologie, pédiatrie) et réanimation. Le laboratoire est accrédité Cofrac selon la norme NF EN ISO 15189 pour la tech- nique de détection automatisée de micro-organismes dans le sang depuis juillet 2016. Nous proposerons également des perspectives d’évolution de ces indicateurs.

Méthodologie

Volume de remplissage des flacons d’hémoculture Le volume de remplissage des flacons d’hémoculture est un paramètre critique [5]. Le programme Epicenter des auto- mates Bactec FX (BD, USA) permet de suivre le volume de remplissage moyen des flacons d’hémocultures grâce au module BVM (blood volume monitoring). Le module BVM calcule la quantité de CO2par hématie circulante en l’absence de bactéries à partir des flacons aérobies négatifs [11]. La cible attendue correspond aux données du fournis- seur BD : 8 à 10 mL pour un flacon adulte. La périodicité de recueil est trimestrielle.

Proportion de contamination (faux positifs)

De janvier 2014 à décembre 2017, la proportion de contami- nation préanalytique a été évaluée à partir d’une extraction du système informatique de laboratoire (SIL) du nombre

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de flacons positifs à S. epidermidis de manière isolée par rapport au nombre de flacons totaux. L’extraction était trimestrielle. À partir de janvier 2018, l’indicateur a évolué vers l’extraction à partir du SIL d’un commen- taire d’interprétation noté par le biologiste sur le résultat du patient « Conclusion : contamination probable. À confronter au contexte clinique ». L’extraction est devenue semestrielle et avec analyse des données par service cli- nique. La cible fixée était une détection<3 % de l’ensemble des flacons [12].

Proportion de flacons positifs par étuve

Le programme Epicenter des BactecFX (BD, USA) permet de réaliser l’extraction du pourcentage de flacons positifs par tiroir de chaque automate. La cible à atteindre était d’obtenir un taux de positivité différent de 0 la première année, elle a ensuite été fixée à la moyenne ±3 écarts- types des recueils par étuve de la première année de suivi soit 8,8 ± 4,5 % des alvéoles. La périodicité de recueil était trimestrielle. Le suivi de cet indicateur a été réalisé de janvier 2017 à décembre 2018 car l’extraction à partir de l’automate n’était pas possible avant janvier 2017.

Proportion des espèces bactériennes retrouvées (épidémiologie)

Le pourcentage des principales espèces bactériennes patho- gènes aérobies et anaérobies (E. coli, P. aeruginosa, S.

aureus et Bacteroides fragilis) a été calculé à partir du système informatique du laboratoire (SIL). La cible fixée arbitrairement par le laboratoire est l’obtention d’une varia- tion inférieure à 25 % par rapport à l’année n-1 des espèces bactériennes. La périodicité de ce recueil était annuelle.

Proportion de faux positifs analytiques

La détection d’un faux positif est tracée dans le SIL par le technicien et le biologiste lors de la validation des résultats.

Il est donc possible d’extraire la proportion de flacons faux positifs à partir du SIL. La cible est fixée à un pourcentage de faux positif inférieur à 1 % des flacons [13, 14]. La périodicité de cet indicateur a été trimestrielle en 2015 et 2016 puis semestrielle en 2017 et 2018.

Délai d’introduction et vérification de la communication des résultats

Ils ne sont pas suivis par des indicateurs dans notre labo- ratoire mais font l’objet de revues internes ponctuelles (au maximum annuelles) et ne seront pas développés dans cet exposé.

La restitution des résultats des indicateurs qualité est sys- tématiquement effectuée en revue de processus ainsi qu’en revue de direction annuelle.

Résultats

Volume de remplissage des flacons d’hémoculture Le volume moyen de remplissage par flacon initialement de 3,2 ± 2,0 mL au premier trimestre 2014 est passé à 5,0±3,9 mL au quatrième trimestre 2015, suite à diverses actions menées auprès des services cliniques. Le volume de remplissage est ensuite resté stable à 5,0 ± 4,2 mL par flacon (dernier trimestre 2018) (figure 1). Les résul- tats étant en dehors des recommandations fournisseurs, une non-conformité a été tracée en 2014 et des actions sont menées en continu.

Proportion de contamination (faux positifs)

L’ensemble des résultats a été conforme sur la période étu- diée quels que soient les modalités de recueil de données nS. epidemidis/n totaux ou commentaires d’interprétation concernant la contamination inscrits sur le compte-rendu par le biologiste. L’extraction par service clinique montre une disparité importante des résultats entre les différents services cliniques, la moyenne du 2esemestre 2018 est 1,3

±1,1 (<3 %). Parmi 33 services cliniques, un seul service clinique dépasse la cible de 3 % avec une proportion de 4,7 %.

Proportion de flacons positifs par étuve

L’ensemble des recueils ont été conformes sur la période étudiée (8,8±4,5 %) (figure 2). L’analyse de l’ensemble des résultats montre que les variations observées à l’intérieur de la cible sont les mêmes sur les deux automates BactecFx du laboratoire et pourraient plutôt être interpré- tées comme étant liées à des variations d’épidémiologie ou, moins probable, à des variations liées à la qualité des flacons d’hémoculture. De plus, les points les plus faibles et éloi- gnés de la moyenne (B1/TC au 2etrimestre 2017 et B1/TB au 3etrimestre 2017) sont isolés.

Proportion des espèces retrouvées (épidémiologie)

Les résultats obtenus n’ont pas mis en évidence de problème analytique (figure 3). Deux espèces bactériennes ont eu des variations isolées>25 % (S. aureusentre 2014 et 2015 et P. aeruginosa entre 2017 et 2018) retenues comme étant des variations épidémiologiques et non analytiques.

Faux positifs analytiques

De janvier 2015 à décembre 2018, l’ensemble des résultats obtenus ont été dans la cible de l’indicateur (<1 %). La moyenne de l’ensemble des recueils est 0,22±0,15 % de flacons faux positifs.

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Discussion et perspectives

Maîtrise du processus hémoculture

Les indicateurs ont montré des résultats conformes sauf pour le volume de remplissage. Cependant, l’augmentation de la moyenne de remplissage observée entre 2014 et 2016 montre que les actions réalisées auprès des prescripteurs ont amélioré le volume de remplissage des flacons prélevés et par conséquent la sensibilité analytique. Ces résultats sug- gèrent que l’indicateur du volume de remplissage permet de détecter une amélioration importante à l’échelle d’un établissement. Une stagnation du volume de remplissage moyen est observée entre 2016 et 2018. Des actions sont réalisées régulièrement dans le but d’atteindre la cible de 8 à 10 mL par flacon. Les pourcentages de flacons positifs par étuve sont comparables à ceux rapportés dans la littérature : 5 à 13 % selon les études [15, 16].

Cible des indicateurs

La cible de certains indicateurs (volume de remplissage, proportion de contamination) est facilement définie par des données fournisseurs ou bibliographiques [12]. Pour le suivi de l’épidémiologie et le pourcentage de flacon par étuve, l’interprétation des résultats et la fixation d’une cible sont délicates car dépendant de l’épidémiologie locale. Nous proposons de commencer le suivi de l’indicateur avec des cibles larges et de prévoir de redéfinir la cible annuellement en fonction des résultats obtenus et des données bibliogra- phiques (veille documentaire).

Périodicité des indicateurs

Lors de la mise en place d’un indicateur, il faut définir convenablement la périodicité de recueil pour éviter de réa-

liser des analyses de résultats inutiles. La périodicité doit être adaptée à la fréquence des actions liées et à la périodi- cité de la communication des résultats. Le Quamic propose une périodicité trimestrielle pour la proportion de flacons positifs par étuve, annuelle pour le suivi de la diversité des espèces retrouvées [8]. Notre expérience montre que cette périodicité est adaptée. En effet, ces deux indicateurs valident les performances analytiques de l’automate et sont complémentaires tant en termes de type de données que de périodicité. Pour la proportion de flacons positifs par étuve, l’extraction aisée et rapide à partir de l’automate permet un relevé trimestriel. Nos résultats montrent que pour ces deux indicateurs, les résultats sont conformes et ne donnent pas lieu à des actions fréquentes, ce qui est compatible avec la périodicité annuelle de l’indicateur épidémiologie. Pour les autres indicateurs, le Quamic laisse le libre choix de la fréquence d’évaluation [8]. Pour l’indicateur de suivi du volume de sang par flacon, la cible attendue (8 à 10 mL par flacon) est difficile à atteindre. Il est donc intéressant d’avoir des données actualisées pour pouvoir mener les différentes actions possibles : publication des résultats sur le manuel de prélèvement, formation des infirmiers en partenariat avec l’équipe opérationnelle d’hygiène, information des méde- cins (réunions, emails), information des chefs de service lors des signatures de contrats, etc. La communication régu- lière des résultats dans le laboratoire (plusieurs fois par an en revue de processus et en revue de direction) doit être effectuée et permet une prestation de conseil homogène des techniciens et biologistes auprès des préleveurs. De plus, l’extraction informatique des données est aisée à partir du programme Epicenter des BactecFX (BD, USA). La pério- dicité trimestrielle de cet indicateur est donc adaptée. Pour le taux de contamination et les faux positifs analytiques, nous proposons de débuter par un recueil trimestriel et en cas de résultats conformes réaliser un recueil semestriel.

0

T1/2014T2/2014T3/2014T4/2014T1/2015T2/2015T3/2015T4/2015T1/2016T2/2016T3/2016T4/2016T1/2017T2/2017T3/2017T4/2017T1/2018T2/2018T3/2018T4/2018 1

2 3 4 5 6 7 8 9 10

Moyenne des volumes de remplissage (mL)

Trimestre

moyenne

Figure 1.Évolution du volume de remplissage des flacons d’hémoculture. Le volume moyen de remplissage initialement de 3,2±2,0 mL par flacon (trimestre 1, 2014) a augmenté pour atteindre la valeur de 5,0±4,2 mL (trimestre 4, 2018).

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0.00%

2.00%

4.00%

6.00%

8.00%

10.00%

12.00%

14.00%

T4/2018 T3/2018 T2/2018 T1/2018 T4/2017 T3/2017 T2/2017 T1/2017

Pourcentage de positivité (%)

Trimestre/Année

B1-TA B1-TB B1-TC B1-TD B2-TA B2-TB B2-TC B2-TD

Figure 2.Pourcentage de positivité par automate et par tiroir. Les pourcentages de positivité par automate (B1 et B2) et par tiroir (TA, TB, TC et TD) sont tous dans la cible définie par le laboratoire 8,8±4,5 %.

0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50

2014 2015 2016 2017 2018

% positivité par flacon

% E. coli

% P. aeruginosa

% S. aureus

% B. fragilis

Figure 3.Evolution de la proportion des principales espèces bactériennes. Cette figure représente l’évolution du pourcentage des princi- pales espèces bactériennes pathogènes en fonction des années.

Pertinence des indicateurs

L’indicateur d’épidémiologie annuel montre des résultats conformes mais difficiles à interpréter soulevant la ques- tion de la détection possible d’un problème analytique avec cet indicateur. En effet, une diminution de l’ensemble des espèces bactériennes orienterait vers un problème auto- mate. Cependant, si cette diminution est très importante, le problème analytique serait probablement détecté dans la pratique courante ; si cette diminution est minime elle est alors difficilement discernable d’une variation épidé- miologique locale. Pour le suivi d’un problème automate, cet indicateur n’apporte finalement rien par rapport à l’indicateur trimestriel du pourcentage de flacons positifs par automate et par étuve. Cependant, des résultats montrant

une diminution isolée d’une espèce bactérienne aérobie (Pseudomonas aeruginosa) ou anaérobie (Bacteroides fra- gilis) orienteraient vers une anomalie d’un des deux types de flacons d’hémoculture, situation dans laquelle l’indicateur pourrait avoir un intérêt. En ce qui concerne la qualité des milieux des flacons d’hémoculture, l’indicateur pour- rait être amélioré par l’extraction de souches bactériennes fragiles telles que Neisseria meningitis ou Streptococcus pneumoniae.Cependant l’incidence des bactériémies avec de telles souches est probablement trop faible pour une extraction annuelle de données.

La démarche d’accréditation de l’hémoculture et plus particulièrement le suivi d’indicateur doivent toujours s’appliquer à apporter un bénéfice aux patients [17]. Nous pensons qu’il doit être possible d’évaluer l’intérêt du suivi

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Tableau 1. Argumentation pour l’arrêt du suivi d’un indicateur.

Argumentation pour l’arrêt du suivi d’un indicateur (à intégrer dans une analyse de risque)

Résultats conformes>3 ans

Absence d’action à mener en lien avec l’indicateur Remplacement possible par une revue des pratiques (audit ponctuel)

Remplacement possible par une alarme automate ou SIL Remplacement possible par trac¸abilité sous forme de non-conformité si occurrence de survenue faible

d’un indicateur à travers la réalisation d’une analyse de risque et de pouvoir, si l’indicateur n’est plus pertinent ou peut être remplacé, arrêter son suivi. Ainsi dans un contexte d’amélioration continue et d’évolution des pra- tiques, le biologiste aura la possibilité de suivre et de mener des actions concernant d’autres étapes clefs de l’ensemble du processus hémoculture telles que, par exemple, la valida- tion analytique de nouvelles techniques réalisées sur flacon d’hémoculture positif et l’homogénéisation de la prestation de conseil [17, 18]. Nous proposons des arguments à forma- liser dans une analyse de risque permettant d’arrêter le suivi d’un indicateur qualité dans le tableau 1. Ces arguments permettent de conserver une maîtrise des risques élevée malgré l’arrêt de l’indicateur.

Affiner les indicateurs pour mettre en place des actions ciblées

La réalisation d’actions de formations non ciblées auprès des services cliniques est généralement complexe et fasti- dieuse et ne permet pas toujours d’obtenir une amélioration des résultats de l’indicateur qualité. Mieux cibler les actions auprès des préleveurs ou des services cliniques ne respec- tant pas les recommandations pré-analytiques permettrait d’obtenir de meilleurs résultats et cela nécessite d’améliorer la finesse des résultats obtenus avec les indicateurs. En ce qui concerne le volume de remplissage, nous effectuons une extraction du volume moyen de remplissage des fla- cons rec¸us par le laboratoire, et notre indicateur doit évoluer pour nous permettre d’obtenir un volume moyen par service clinique (nécessite une connexion du SIL aux automates d’hémoculture). L’automate Virtuo (Biomérieux, France) permet une estimation du volume de sang prélevé par flacon par une détection photométrique du niveau de liquide [19].

Dans l’attente de ces évolutions techniques sur l’ensemble des automates commercialisés, il est possible de réaliser un audit interne ponctuel en pesant les flacons d’hémoculture et ainsi d’avoir des données par patient pour compléter les données de notre indicateur. Il sera également intéres- sant de comparer les données de volumes de remplissage extraites par la même technique de différents établissements

hospitaliers (par des contrôles internes externalisés). Cela permettra de savoir si certains établissements parviennent par leurs actions à obtenir des extractions de volume moyen compris entre 8 à 10 mL sans augmentation des faux positifs analytiques. Concernant la proportion de contaminations pré-analytiques, en pratique, un seul flacon positif àStaphy- lococcus non aureus,Corynebacterium spp,Micrococcus spporiente très fortement vers une contamination cutanée du prélèvement [20]. Cependant, lorsqu’il y a plusieurs fla- cons positifs par épisode de prélèvement, chez les patients ayant des dispositifs implantables ou en cas de flacon unique (pédiatrie), seule l’interprétation clinico-biologique après discussion entre le biologiste et le prescripteur permet de trancher entre contamination du prélèvement et bactérié- mie significative. Pour cet indicateur, nous avons donc opté pour le suivi d’un indicateur d’un commentaire ins- crit par le biologiste sur le résultat après interprétation du dossier. Dans ce contexte, la réalisation d’audits ponc- tuels avec confrontation clinico-biologique des résultats peut être également un bon choix. Les résultats globaux de l’indicateur étaient dans la cible ; lorsque l’extraction était réalisée par service nous observions une forte dispa- rité entre service montrant l’importance de l’analyse par service clinique pour mener des actions ciblées. Il serait également intéressant de comparer les données de conta- mination pré-analytique entre établissements de santé ayant des recrutements comparables. Concernant l’indicateur des faux-positifs analytiques, une étude des flacons excessi- vement remplis permet une meilleure interprétation des résultats obtenus. Cette étude est indispensable en cas de résultats non conformes.

Automates et outils informatiques

Les indicateurs permettent de s’assurer de la maîtrise des processus pré-analytiques, analytiques et post-analytiques de l’hémoculture. Effectués de trimestriellement à annuel- lement, ils ne permettent pas une réactivité importante du biologiste en cas de non-conformité. Les fournisseurs pour- raient faire évoluer leur automate en ajoutant des systèmes d’alarme activée en cas de volume de remplissage insuffi- sant ou excessif des flacons par service clinique, ou mieux par patient, permettant au biologiste d’avoir une réactivité instantanée à l’échelle d’un service clinique (action ciblée auprès du personnel) ou d’un patient (possibilité d’envoyer de l’automate au SIL un commentaire concernant le volume très insuffisant ou excessif nécessitant de réitérer le pré- lèvement dans certaines conditions). Pour l’indicateur du taux de positivité par étuve, il serait également préférable à l’avenir d’avoir un système d’alarme en cas d’une diminu- tion du taux de positivité par étuve ou mieux par alvéole.

De même, paramétrer dans le SIL un système d’alarme

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Tableau 2. Proposition d’évolution de la méthodologie des indicateurs qualités.

Indicateurs Propositions d’évolution

Volume de remplissage des flacons d’hémoculture

Extraction automate par service clinique ou par flacon/patient (y compris flacons pédiatriques)

Alarme automate : remplissage insuffisant du flacon Proportion de contamination Extraction SIL par service clinique

Alarme SIL

Proportion de flacons positifs par étuve Extraction automate par alvéole Alarme automate

Proportion des espèces retrouvées (épidémiologie)

Améliorer l’interprétation des résultats et la définition de la cible Alarmes SIL

Faux positifs analytiques Extraction SIL par service clinique Alarmes SIL

Améliorer l’interprétation des données en réalisant une extraction SIL des flacons excessivement remplis

Alarme automate : remplissage excessif du flacon

concernant la proportion de contamination pré-analytique, la proportion de faux positifs analytiques ainsi que des espèces retrouvées pourrait alerter en continu le biologiste (tableau 2).

Dans ce travail, nous avons montré la méthodologie des 5 principaux indicateurs qualité de l’hémoculture de jan- vier 2014 à décembre 2018. Les résultats des indicateurs proportion de contamination, flacons positifs par étuve, pro- portion des espèces bactériennes retrouvées et faux positifs analytiques sont conformes. Cependant pour la proportion de contamination pré-analytique, une extraction par service clinique met en exergue des résultats non conformes pour un service clinique. L’indicateur de suivi du volume de rem- plissage montre des résultats non conformes qui se sont améliorés après réalisation d’actions auprès des préleveurs et prescripteurs. Ces résultats montrent que l’extraction d’un volume de remplissage moyen global permet de mettre en évidence une amélioration des pratiques de prélèvement.

Le biologiste doit réévaluer régulièrement la cible, la pério- dicité et la pertinence clinique de ses indicateurs en fonction des résultats obtenus. Les outils informatiques et les auto- mates doivent évoluer pour faciliter l’obtention et la finesse des résultats ainsi que la réactivité du biologiste en cas de non-conformité sur le processus hémoculture.

Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêts en rapport avec cet article.

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