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NAISSANCE DES ÉTATS AFRICAINS

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Academic year: 2022

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NAISSANCE DES ÉTATS AFRICAINS

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Photo de couverture Indépendance de la Mauritanie, 1960.

Ph @ Keystone Mise en page Pierre Clavère

ISBN 2-203-61026-3

Dépôt légal : octobre 1996 ; D. 1996/0053/364

Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou une reproduction par quelque procédé que ce soit, photographie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines

prévues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d'auteur.

@ 1 9 9 6 Casterman - Giunti Gruppo Editoriale, Firenze.

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H É L È N E D ' A L M E I A - T O P O R

NAISSANCE DES ÉTATS AFRICAINS

X X E S I È C L E

(6)

AVANT-PROPOS 8 Chapitre 1 LES VOIES MULTIPLES DE L'ÉMANCIPATION 10 Des naissances prévisibles mais redoutées des métropoles 11 De l'autonomie aux indépendances : des naissances programmées 16

Des naissances difficiles 24

Des naissances tardives : l'indépendance contre des Etats africains 29 Documents

. L'Afrique vers 1945 (carte) 13

. Le cas de l'Afrique du Sud 20

. Kenyatta : les fondements culturels de l'émancipation 23

. Les Pieds-Noirs 28

. L'Ethiopie : premier Etat de l'Afrique contemporaine 33

Chapitre 2 L'INTANGIBILITÉ DES FRONTIÈRES 34

Des relations internationales élargies 36

L'Afrique : un enjeu pour les grandes puissances 44 Entre souveraineté nationale et unité africaine 46

Des dissensions entre Etats 52

Documents

t Les indépendances (carte) 37

t L'ONU, une tribune pour la décolonisation 38 t Le panafricanisme 47

t La charte de l'Organisation de l'unité africaine 48

Chapitre 3 POUR UNE COHÉSION NATIONALE 54

L'histoire légitimante 55

Une symbolique d'appartenance 59

Des personnages charismatiques 67

Former et encadrer les citoyens 69

Documents

N Pour une réhabilitation de l'histoire des Africains 56 N Le sport, facteur de cohésion nationale 63 N Le rôle de l'école 70

M La scolarisation primaire (1965) (carte) 73

(7)

Chapitre 4 VERS DES RÉGIMES FORTS 76

Un peuple : un chef, un parti... 77

Des régimes répressifs 86

Documents

N L'ethnicité, un sujet historiographique 78 M Les coups d'Etat (carte) 81

M Les fournisseurs d'armes à l'Afrique 82 M Les atteintes aux droits de l'homme 88

Chapitre 5 FACTEURS DE DYNAMISME, BLOCAGES STRUCTURELS 94

Des handicaps au départ 95

Plus ou moins d'Etat, mais un Etat toujours présent 102

Des résultats mitigés 108

Documents

. La question de l'industrialisation 101 . L'endettement (1970) (carte) 105 . Données économiques 109

. La disponibilité calorique (1965-1985) (carte) 113 . L'évolution des habitudes de consommation 114

CONCLUSION 116

Annexes

BIBLIOGRAPHIE 119

CHRONOLOGIE 122

INDEX DES NOMS DE PERSONNES CITÉES 126

(8)

L

e continent africain n'a pas atten- du le XXe siècle pour connaître des formations étatiques : son passé est tissé par l'histoire d'empires, de royaumes, de cités-Etats. Tou- tefois, leurs territoires n'avaient pas les configurations des Etats contemporains dont le présent ouvrage étu- die la naissance. Ces derniers sont issus du partage de l'Afrique que les Européens effectuèrent dans les trois dernières décennies du XIXe siècle. Ils sont donc, à peu d'exceptions près (l'Ethiopie, le Libéria), héritiers de la colonisation européenne. De ce fait, l'Etat y a généra- lement précédé la Nation, l'adéquation étant rare...

La question de la Nation est actuellement au cœur des préoccupations de maints spécialistes des scien- ces humaines et sociales. L'éclatement de l'URSS, les guerres en Tchétchénie et dans l'ex-Yougoslavie ont montré que l'Europe n'est pas à l'abri des soubre- sauts "ethniques" dont on a longtemps attribué une quasi-exclusivité au continent africain. De l'autre côté de l'Atlantique, les Etats-Unis doivent eux aussi compter avec leurs minorités, ce que souligne, entre autres, la politique des quotas imposée au recrutement du per- sonnel dans divers secteurs. Le débat a été relancé en France par les politiques restreignant l'immigration et l'octroi de la nationalité. Les études se multiplient donc.

L'Afrique n'y apparaît qu'à travers quelques exemples généralement obsolètes, la littérature généraliste se contentant trop souvent, lorsqu'il s'agit de ce continent, d'une historiographie de longtemps dépassée.

(9)

Or, l'Afrique est, depuis plus de trois décennies, un laboratoire où se construisent des nations, offrant aux chercheurs des terrains susceptibles d'alimenter leurs réflexions. Toutefois, quelles que soient leur origine et leur spécialité, les Africanistes, formés à la mentalité occidentale, ont souvent abordé la question en estimant a priori qu'il existait une hiérarchie dans les sentiments d'appartenance identitaire et que l'idée nationale s'y plaçait au sommet. "Réhabiliter" l'Afrique longtemps méconnue, sinon méprisée, et particulièrement l'Afrique noire, consistait donc à valoriser les signes de cohésion nationale et, par voie de conséquence, à minimiser les formes jugées rétrogrades qui étaient censées l'affai- blir. Un nombre important d'études se sont attachées à relever les éléments qui transcendaient les divisions, ce dont a d'ailleurs bénéficié la connaissance du con- tinent. Dès lors ont été discutés, voire proscrits, les termes de tribalisme, ethnicité, régionalisme... voca- bulaire chargé de préjugés négatifs à l'égard duquel l'ostracisme se justifiait pleinement mais qui n'en sup- primait pas l'existence.

Cette problématique, fortement développée jusque dans les années 80, s'est heurtée aux réalités qui s'ex- priment par des massacres, des génocides violents ou

"pacifiques" consistant à laisser s'éteindre des popu- lations "rebelles" en ne leur livrant ni vivres ni médica- ments, à l'instar de certaines communautés nomades dans les pays sahéliens touchés par la sécheresse dans la décennie 1970, ou bien en Ethiopie en 1984. Force est alors de s'interroger sur la vitalité des référents iden- titaires, d'autant que l'Occident en vient à reconnaître l'existence d'ethnies en son sein, tout en continuant d'ailleurs à défendre la hiérarchisation antérieure et à lier l'existence de la démocratie à celle de la nation.

Recourir à l'histoire, étudier les conditions dans les- quelles les Etats africains se sont constitués, nous pa- raît être une démarche susceptible d'éclairer les rap- ports complexes entre les divers sentiments d'appar- tenance identitaire des Africains et leur évolution en fonction du contexte local et international. Il en ressort une diversité de situation dont la prise en compte con- tribuera peut-être à modifier le point de vue souvent réducteur que l'on porte sur ce continent.

(10)

Chapitre 1

LES VOIES MULTIPLES

DE L '

(11)

L A NAISSANCE DES ÉTATS AFRICAINS S'EST EFFECTUÉE SUR PLU- SIEURS DÉCENNIES. NÉGOCIÉES O U OBTENUES DANS LA GUERRE, LES INDÉPENDANCES N'ONT GÉNÉRALEMENT PAS ENTRAÎNÉ DE RUPTURE AVEC LES ANCIENNES PUISSANCES COLONIALES.

L

a période dite de décolonisation a débuté dès avant la Seconde Guerre mondiale avec l'indépen- dance de l'Egypte (1922-1936);

elle s'est prolongée jusqu'aux an- nées 1990 et ne serait pas encore terminée si l'on prend en compte la revendication du Maroc sur l'ancien Sahara occidental, aujourd'hui République arabe sah- raouie démocratique (RASD).

L'histoire des accessions à l'indépendance est com- plexe parce que son déroulement a mis en œuvre une multiplicité de paramètres inhérents d'une part à l'évolution des relations entre les métropoles et leurs colonies, d'autre part à celle des rapports de force à l'intérieur de chacun des deux ensembles, le tout se déroulant dans un contexte mondial lui-même en mou- vement. Aussi les voies de l'émancipation ont-elles été particulières à chaque Etat africain. Elles s'inscrivent dans un cadre chronologique dont les étapes sont déter- minées à la fois par des événements internationaux et par des questions locales.

Des naissances prévisibles mais redoutées par les métropoles

La Seconde Guerre mondiale a constitué un moment déterminant pour le monde colonisé à cause de l'aide active qu'il a apportée aux Alliés. Au lendemain du con- flit, l'environnement international était donc favorable

« au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » et les deux Grands disposés à soutenir des mouvements qui

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l'indépendance de la Libye, ancienne possession italienne, ouvre l'ère de la décolo- nisation en Afrique. La résolution 289 des Nations unies, votée le 21 décembre 1949, prévoit que ce territoire deviendrait un Etat souverain avant le 1er janvier 1952. D'ici là, une Assemblée nationale serait élue pour élabo- rer une constitution et mettre en place un gouvernement.

Sur le document ci-contre, le roi Idriss, auquel l'Assemblée natio- nale avait offert la couronne (5 décembre 1950) effectue sa première visite à Tripoli, le 19 mai 1951. Quelques mois plus tard, le 24 décembre 1951, il proclamera l'indépendance de son pays.

Ph @ Keystone

(12)

En Urundi et au Ruanda, ' territoires sous tutelle de l'ONU administrés par la Belgique, les premières élections nationales au suffrage universel direct ont eu lieu respectivement les 18 et 25 septembre 1961.

Une commission de trois membres, assistée d'une équipe de 35 personnes originaires de 21 pays, était chargée par les Nations unies de superviser les opérations. Ici, une file de votants au poste de Mpanda (Urundi — futur Burundi).

Chaque candidat est identifié par un symbole (une banane, un épi de maïs, etc.) et éventuel- lement par sa photographie.

Ph @ Keystone

pourraient, le cas échéant, accroître leur prééminence dans le monde. L'ONU constituait, en la matière, une tri- bune où pouvaient être présentées les revendications des peuples colonisés, en particulier par la voix des pays qui rejoignaient l'organisation mondiale à mesure qu'ils devenaient indépendants. Ce fut elle, d'ailleurs, qui présida à la constitution de la Libye en Etat sou- verain en 1951, l'Italie ayant renoncé à ses droits sur cette ancienne colonie en 1947. En outre, elle avait le contrôle éminent des territoires sous tutelle comme le Ruanda-Urundi.

Pour leur part, les pays colonisateurs restaient atta- chés à leur empire, mais l'indépendance de l'Inde avait montré, dès 1947, qu'une évolution se dessinait. Quel- ques années plus tard, à la conférence de Bandoeng, en 1955, la proclamation d'une solidarité entre les pays anciennement dépendants et ceux qui l'étaient encore avait constitué un véritable "coup de tonnerre", présage des indépendances à venir. En fait, les métropoles réagirent différemment: le Portugal et la Belgique pour- suivirent leur politique d'assujettissement sans envi- sager d'accorder une représentation africaine dans les organes de décision, même si cette dernière avait favo- risé au Congo belge la création d'une classe "d'évo-

(13)

K

Kadhafi (Muammar Moham- mad) 45, 4 6

Kasavubu (Joseph) 89, 90 Kaunda (Kenneth) 69, 83 Keino 63

Keita (Modibo) 19

Kenyatta (Kamau Johnstone, dit Jomo) 14, 21, 22, 23, 55, 62, 65, 67, 69 Kérékou (Mathieu) 53 Kibaki (Mwai) 55

Kodjo Houenou (Marc Tova- lou-Quenum, dit) 47 Krim (Belqâsem) 26 L

Laburthe-Tolra (Philippe) 64 Lamine Ier (Lamine Pacha

Bey) 24, 2 5 Lopès (Henri) 65

Lumumba (Patrice) 24, 68, 89

M

Maga (Hubert) 50 Makana 56

Mahtar M'Bow (Amadou) 70 Mandela (Nelson) 57, 92 Mao Tse-Tung 44 Maran (René) 47 Matos (Norton de) 58 M'ba (Léon) 41 Mbokolo (Elikiah) 78 Ménélik Il 33

Mendès France (Pierre) 23, 2 5

Mengistu (Haïlé Mariam) 32, 33

Mobutu (Sese Seko) 80, 90 Mohammed V (roi) 23, 24, 49 Mollet (Guy) 25

Moshoeshoe 56

Moumie (Félix Roland) 68 Mugabe (Robert) 5 7

N

Nasser (Gamal Abdel) 66, 68

Neto (Agostinho) 28 Nkrumah (Kwamé) 14, 16,

17, 46, 47, 49, 67, 68, 68, 69, 80, 85

Nyerere (Julius) 21, 67, 69, 91, 101, 103

0

Obote (Milton) 23, 52, 53, 83, 87

Ojukwu (Emeka) 91 Olympio (Sylvanus) 69, 79,

79

Omar (El Hadj) 56 Ould Daddah (Moktar) 29 p

Padmore (Georges) 46, 47 Price-Mars (Jean) 47 Prunier (Gérard) 78 R

Rabemananjara 14 Ramamonjy (Raherivelo) 14 Ramanantsoa (général) 84 Rhodes (Cecil) 58 Richards (gouverneur) 16 Robertson (sir James) 1 7 Roosevelt (Franklin Delano)

33

Rouch (Jane) 68 S

Salomon (roi) 33 Samori Touré 56 Senghor (Léopold Sédar)

19, 64, 64, 69, 78, 80, 84

Shaka 56, 56 Smith (lan) 19, 21, 57 Sobhuza Il (roi) 78 Soundiata (empereur) 61

T

Tafawa Balewa (Abubakar) 49

Thompson (Léonard) 20 Toura-Gaba 38

Touré (Sékou) 18, 46, 60, 67, 86

Triboulet 41

Tschombé (Moïse) 41, 89, 89, 90

Tsiranana (Philibert) 84 Tubman (William) 70 U

Um Nyobé (Ruben) 14, 64 V

Van Bilsen 14 Van Riebeeck (Jan) 56 Verwoerd (Hendrick Frensch)

20, 92 W

Wilson (Harold) 91 Wondji (Christophe) 69 Wossen (Asfa) 8 3 y

Yameogo (Maurice) 41, 50

(14)

1 Les conflits du Proche-Orient François Massoulié

2 Mussolini et l'Italie fasciste Marco Palla

3 Mao et la révolution chinoise Yves Chevrier

4 Pancho Villa et la révolution mexicaine Manuel Plana

5 Questions sur la Seconde Guerre mondiale

Marc Ferro 6 L'ère atomique

Roberto Maiocchi 7 La révolution russe

Antonella Salomoni

8 La Première Guerre mondiale Mario Isnenghi

9 Les années folles Annie Goldmann 10 Les enjeux du sport

Stefano Pivato 11 Les Fronts populaires

Janine Mossuz-Lavau et Henri Rey 12 Hitler et le nazisme

Enzo Collotti

14 Le terrorisme international Luigi Bonanate

15 Staline et le stalinisme Alessandro Mongili 16 Les deux Allemagnes

Fabio Bertini et Antonio Missiroli 17 La guerre d'Espagne

Gabriele Ranzato 18 Images et propagande

Fabrice d'Almeida 19 La société des médias

Pepino Ortoleva 20 Intellectuels et politique

Christian Delporte 21 Faire l'Europe

F. Massoulié, G. Gantelet et D. Genton

22 Gandhi et l'Inde Gianni Sofri

23 Les combats des femmes Annie Goldmann

24 La question yougoslave Stefano Bianchini

25 Naissance des États africains Hélène d'Almeida-Topor

Imprimé en Italie par GIUNTI'INDUSTRIE GRAFIGHE S.p.A. — Stabilimento di Prato, juillet 1996

Références

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