• Aucun résultat trouvé

QUATRE ESSAIS SUR L’ECONOMIE POLITIQUE DE LA RENTE DE RESSOURCES NATURELLES DANS LES ETATS AFRICAINS

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "QUATRE ESSAIS SUR L’ECONOMIE POLITIQUE DE LA RENTE DE RESSOURCES NATURELLES DANS LES ETATS AFRICAINS"

Copied!
203
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: tel-02558805

https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-02558805

Submitted on 29 Apr 2020

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

QUATRE ESSAIS SUR L’ECONOMIE POLITIQUE

DE LA RENTE DE RESSOURCES NATURELLES

DANS LES ETATS AFRICAINS

Kabwe Dr

To cite this version:

Kabwe Dr. QUATRE ESSAIS SUR L’ECONOMIE POLITIQUE DE LA RENTE DE RESSOURCES NATURELLES DANS LES ETATS AFRICAINS. Économie et finance quantitative [q-fin]. Université de Dschang-Cameroun; Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, 2018. Français. �tel-02558805�

(2)

THESE

Présentée et soutenue publiquement en vue de l’obtention du

Doctorat/PhD en Sciences Economiques Option : Economie Publique

Par

KABWE OMOYI Fanny

Matricule CM-UDS-15SEG1014

Titulaire d’un Master/DEA –NPTCI en Economie Appliquée

Sous les codirections de :

M. le Professeur AVOM Désiré (Université de Dschang-Cameroun) M. le Professeur MABI MULUMBA Evariste (Université de Kinshasa-RDC)

Décembre 2018 REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX-TRAVAIL-PATRIE *********** UNIVERSITE DE DSCHANG *********** ECOLE DOCTORALE REPUBLIC OF CAMEROON PEACE-WORK-FATHERLAND *********** UNIVERSITY OF DSCHANG ************

POST GRADUATE SCHOOL

QUATRE ESSAIS SUR L’ECONOMIE POLITIQUE DE LA

RENTE DE RESSOURCES NATURELLES DANS LES

ETATS AFRICAINS

DSCHANG SCHOOL OF ECONOMICS AND MANAGEMENT (DSEM) Laboratoire de Recherches en Economie Fondamentale et Appliquée (LAREFA)

Membre du Jury :

M. TSAFACK NANFOSSO Roger M. MIAMO Clovis

M. MOHAMMADOU NOUROU M. NGUENDA ANYA Saturnin M. AVOM Désiré

M. MABI MULUMBA Evariste

Président Rapporteur Rapporteur Rapporteur Directeur Codirecteur

Professeur, Université de Dschang

Maitre de Conférences, Université de Dschang Maitre de Conférences, Université de Maroua Maitre de conférences, Université de Douala Professeur, Université de Dschang

(3)

DECLARATION D’AUTHENCITE DU TRAVAIL

KABWE OMOYI Fanny déclare par la présente que le travail présenté dans cette thèse est original, sauf indication contraire dans le travail. Aucune partie n'a été soumise pour un autre diplôme, où que ce soit.

(4)

CERTIFICATION

KABWE OMOYI Fanny, étudiante de troisième cycle au département de l’Analyse et Politique économique et inscrit au matricule N ° Matricule CM-UDS-15SEG1014 a rempli de manière satisfaisante les exigences pour les travaux de cours et de recherche pour le diplôme de Docteur en Economie. Le travail présenté dans cette thèse est original et n'a pas été soumis en tout ou en partie pour un diplôme ou grade dans une autre université.

--- Pr. AVOM Désiré Pr. MABI MULUMBA EVARISTE

Superviseur 1 Superviseur 2

--- --- Docteur NKENFACK Hilaire

(5)

1

L’Université de Dschang n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette thèse. Ces opinions sont considérées comme propres à l’auteur.

(6)

2

INTRODUCTION GENERALE ... 10

CHAPITRE I : RESSOURCES NATURELLES : UN DETERMINANT DE LA LONGEVITE AU POUVOIR DANS LES PAYS AFRICAINS ... 33

Section 1. Les déterminants de la longévité au pouvoir des chefs d’Etats africains : une revue de littérature……….. ... 36

Section 2. Etude des cas et présentation des données et variables d’analyse ... 38

Section 3. Analyse des modèles de durée au pouvoir de chef d’Etat ... 42

Section 4. Présentation des résultats d’estimation et Interprétations économiques ... 53

CHAPITRE II : LA RENTE DE RESSOURCES, FRAGMENTATION ET STABILITE POLITIQUE EN AFRIQUE…….. ... 66

Section 1. Relation rente de ressources naturelles et fragmentation ... 70

Section 2. Analyse de la fragmentation et les implications de la stabilité politique en Afrique………. ... 76

Section 3. Etude des variables, de données et de la présentation des résultats empiriques ... 80

Section 4. Interprétations économiques et perspectives ... 91

CHAPITRE III : LA RENTE MINIERE, UN FACTEUR AMPLIFICATEUR DES CONFLITS FRONTALIERS EN RDC……….97

Section 1. Economie politique des guerres civiles ... 99

Section 2. Causes et motivations de la guerre civile en RDC ... 111

Section 3. Démarche méthodologique : Modèle et opérationnalisation des variables ... 117

Section 4. Présentation des résultats d’estimation et interprétation économique... 119

CHAPITRE IV : L’INSTABILITE MACROECONOMIQUE EN RDC : UNE CONSEQUENCE DE L’ABONDANCE DES RESSOURCES ET DE TYPE DE REGIME POLITIQUE……… ... 128

Section 1. Comment les conséquences du type de régime politique et de l’abondance des ressources naturelles expliquent-elles l’instabilité macroéconomique ? ... 132

Section 2. Instabilité macroéconomique et type de régime politique en RDC : quelques faits stylisés……… ... 141

Section 3. Spécification du modèle économétrique et présentation des résultats empiriques 150 Section 4. Interprétations économiques et implications politiques ... 154

CONCLUSION GENERALE ... 161

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 169

ANNEXES………. ... 186

SOMMAIRE

(7)

3 A mon époux Docteur ESSOMME Innocent et mon fils ESSOMME Ezéchiel

(8)

4 Nous remercions particulièrement notre directeur et codirecteur de thèse, les Profes-seurs AVOM Désiré et MABI MULUMBA Evariste pour l’encadrement, l’attention et le sou-tien dont nous avons bénéficié tout au long de ces années de thèse. Leurs disponibilités, leurs conseils et orientations, en nous laissant une certaine autonomie ont été déterminants pour la rédaction de cette thèse. Leurs implications actives et constantes pour financer cette dernière m’ont permis d’avoir de bonnes conditions de travail pendant ces années qui y ont été consa-crées.

Nous remercions les Professeurs MIAMO Clovis, NGUENDA ANYA, MOHAM-MADOU NOUROU qui ont accepté de rapporter cette thèse. Nous remercions le Professeur TSAFACK NANFOSSO Roger d’avoir accepté présider le jury de cette thèse.

Nous exprimons également notre profonde gratitude envers tout le corps professoral de l’Université de Dschang et de l’Université de Kinshasa (RD Congo). Nous remercions vive-ment les Docteurs MIGNAMISSI Dieudonné, NGUENA Christian, TOTOUOM Luc Armand pour nous avoir aidés dans une relecture minutieuse de ce manuscrit, malgré leurs nombreuses occupations. Nous avons beaucoup appris en travaillant à leurs côtés et en lisant leurs travaux.

Nous souhaitons également remercier tout le personnel administratif de l’Université de Dschang, en particulier Maman Fanny, Tata Laure et Madame Simo. Depuis notre arrivée au Cameroun jusqu’à ce moment précis, le chemin parcouru a été long, pénible et le quotidien parfois difficile. Mais, grâce au soutien multiforme de la communauté scientifique et universi-taire, nous avons pu relever ce défi. Nous adressons par ailleurs nos remerciements à nos col-lègues de l’Université de Kinshasa et amis de l’Université de Dschang. Nous pensons particu-lièrement à Farel BOUHEM et Adalbert MELINGUI et à tous ceux dont les contributions ont été utiles pour la réalisation de cette thèse.

Enfin, nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance et nos remerciements à nos parents, KABWE KABOMBO wa MWABI André et LUHATA ADI’OMBA Marie-Louise pour leur amour, leur soutien indéfectible durant toutes ces longues années d’études. Nous re-mercions nos frères et sœurs qui nous ont toujours accordé sans aucune réserve leur soutien moral, très important dans les moments de doute et de découragement. En particulier, nous remercions Orlinda KABWE et Rebecca KABWE pour leur attention. Nous tenons aussi à sa-luer la mémoire de notre grand-père, LUHATA Jean. Nous témoignons enfin notre profonde gratitude à nos oncles et tantes, Pasteur Gilbert LUHATA, Maman Thérèse NGALULA, Ma-man Fanny ILUNGA, MaMa-man Laurette et Tante Pauline.

(9)

5 AFDL BAD BM COMESA CEA CEEAC CEPGL CIRGL CPIA ELF FEC FRPC FMI FPR FAR ACP IDH IGRG IFS LRA MPLA ONU OIF OMC OHADA PIB PIR RCD RDC SADC SUR UA UDEAC UNITA WDI WGI GECAMINES OKIMO SOMINKI UNESCO

Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo Banque africaine de développement

Banque mondiale

Common Market for Eastern and Southern Africa Communauté Economique Africaine

Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale Communauté économique des Pays des Grands Lacs Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs Country Policy and Institutional

Ethno Linguistic Fractionalization Facilité Elargie de Crédit

Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance Fonds monétaire International

Font patriotique Rwandais Forces armées Rwandais

Groupe des Etats d’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique Indice de développement humain

International country Risk Guide International Financial statistique L’insurrection de l’Armée

Mouvement populaire de libération Organisation des Nations-Unies

Organisation internationale de la francophonie Organisation Mondiale du Commerce

Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires Produit Intérieur Brut

Programme Intérimaire Renforcé

Rassemblement Congolais pour la Démocratie République démocratique du Congo

Southern African Development Community Seemingly unrelated regression

Union Africaine

Union Douanière et Economique de l’Afrique Centrale Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola World Development Indicators

World Government Indicators Générale des carrières des mines Office des mines d'or de kilo- moto Société Minière du Kivu

United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

(10)

6 Tableau 1. Quelques exemples de nombre d'exercice au pouvoir de chef d'Etat en Afrique

centrale ... 19

Tableau 2.Test Log-rank pour égalité des fonctions de survie... 49

Tableau 3. Test de Wilcoxon (Breslow) pour égalité des fonctions de survie ... 49

Tableau 4. Résultats d’estimation sur les déterminants de la longévité au pouvoir ... 54

Tableau 5. Impact de la rente pétrolière sur la longévité au pouvoir ... 58

Tableau 6. Impact de la rente minière sur la longévité au pouvoir ... 58

Tableau 7. Impact du capital humain sur la longévité au pouvoir ... 59

Tableau 8. Les facteurs déterminants la longévité au pouvoir en Afrique ... 60

Tableau 9. Relation rente de ressources et instabilité politique en Afrique (1991-2015) ... 83

Tableau 10. La stabilité politique dans un contexte de diversité ethnolinguistique ... 84

Tableau 11. Relation entre fragmentation et type de régime politique ... 85

Tableau 12. Tableau de prédiction : Logit sur la variable dépendante guerres civiles ... 86

Tableau 13. Tableau de prédiction : Logit sur la variable dépendante stabilité politique ... 86

Tableau 14. Hétérogénéités observées dans l’équation de la stabilité politique ... 89

Tableau 15. Hétérogénéités observées dans l’équation de la guerre civile ... 90

Tableau 16. Guerres de ressources et quelques résultats empiriques ... 108

Tableau 17. Ressources naturelles de la RDC ... 112

Tableau 18. Résultats d’estimations : les facteurs de conflits frontaliers ... 119

Tableau 19. Rôle des conflits frontaliers dans la réforme démocratique en RDC ... 121

Tableau 20. Equations de la performance économique ... 152

Tableau 21. Vérification de robustesse : équation de la performance économique ... 153

(11)

7

Figure 1. Abondance des ressources naturelles et PIB par habitant (en USD) ... 12

Figure 2. Part (%) de chaque région dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale ... 13

Figure 3. Exportations totales par sous-région, 2011-2013 ... 14

Figure 4. Taux de croissance du PIB réel en Afrique (2010-2014) ... 15

Figure 5. Balance des paiements courants par groupement économique, 2010-2014 (en pourcentage du PIB) ... 16

Figure 6. Analyse comparative de la dépense publique en éducation (en % du PIB) entre l'Afrique du Sud et le Cameroun ... 20

Figure 7: Analyse comparative de la dépense publique en éducation (en % du PIB) entre l'Afrique du Sud et la RDC ... 20

Figure 8. Distribution des conflits par région et par type d’intensité, 2015 ... 22

Figure 9. Croissance économique dans un contexte des crises politiques en RDC ... 25

Figure 10. L’estimateur de Kaplan-Meier pour les pays pétrolier et non pétrolier ... 44

Figure 11. L’estimateur de Kaplan-Meier pour les pays miniers et non miniers ... 45

Figure 12. L’estimateur de Kaplan-Meier pour les pays ayant un fort niveau éducatif et faible niveau éducatif ... 46

Figure 13. La fonction hasard pour les pays pétrolier et non pétrolier ... 47

Figure 14. La fonction hasard pour les pays miniers et non miniers... 48

Figure 15. La fonction hasard pour les pays plus éduqués et moins éduqués ... 48

Figure 16. Test graphique de spécification pour la régression Lognormal ... 57

Figure 17. Test graphique de spécification pour la régression exponentielle ... 61

Figure 18. Test graphique de spécification pour la régression Weibull ... 61

Figure 19. Test graphique de Nelson-Aalen du hasard intégré de ces résidus Cox-Snell contre eux-mêmes ... 62

Figure 20. Croissance par sous-région (2010-2014) ... 67

Figure 21. Relation stabilité politique et fragmentation ethnique en Afrique ... 78

Figure 22. Relation stabilité politique et fragmentation linguistique et religieuse ... 79

Figure 23. Commerce de la République démocratique du Congo avec ses voisins ... 116

Figure 24. Dépenses en santé publique (% du total des dépenses publiques) ... 117

Figure 25. Contribution au budget de l’Etat ... 142

Figure 26. Production du cuivre et du cobalt (en tonnes métriques) ... 144

Figure 27. Croissance du PIB réel en RDC et en Afrique subsaharienne (en pourcentage) .. 145

Figure 28. PIB par habitant en République démocratique du Congo et indice international du prix du cuivre, entre 1960 et 1996 ... 146

Figure 29: Sélection d’indicateurs macroéconomiques en RDC, entre 1990 et 2015 ... 147

Figure 30. Revenus générés par le secteur extractif ... 148

Figure 31. Croissance par habitant du PIB selon une sélection de pays postconflit ... 149

LISTE DES FIGURES

(12)

8 -Résumé-

L’objectif principal de cette recherche est de montrer comment l’abondance des ressources na-turelles crée des dysfonctionnements économique et politique à partir de quelques exemples de pays africains. Cette étude s’articule autour de quatre essais. Le premier essai examine empiri-quement sur 36 pays africains, les déterminants de la longévité au pouvoir. Le deuxième essai analyse l’effet de la fragmentation dans 45 pays africains, en mettant un accent particulier sur la stabilité politique. Le troisième essai traite l’effet des conflits frontaliers en menant une étude empirique sur la RDC et ses neufs pays voisins. Finalement, le quatrième essai porte sur les effets macroéconomiques du type de régime politique en RDC. Nous mobilisons plusieurs types d’économétrie et sources de données adaptés à chacune des situations évoquées. Nous parve-nons aux principaux résultats suivants : (1) la dépendance vis-à-vis du pétrole et de minerais impacte positivement la longévité au pouvoir en Afrique, et le capital humain réduit la chance d’un chef d’Etat africain de rester longtemps au pouvoir. (2) la fragmentation impacte négati-vement la stabilité politique. (3) la rente issue des ressources minières accroît les conflits fron-taliers en RDC (4) Les conséquences du type de régime politique et l’abondance des ressources naturelles augmentent l’instabilité macroéconomique en RDC. Nous suggérons que la promo-tion du secteur éducatif doit être au cœur des stratégies des pouvoirs publics et donc en faire une priorité et le renforcement des règles constitutionnelles concernant les élections.

Mots clés : Rentes de ressources naturelles ; Longévité au pouvoir ; Conflits frontaliers, Ré-gime politique, Instabilité macroéconomique, Fragmentation, Stabilité politique.

(13)

9

-Abstract-

The main objective of this research is to show how the abundance of natural resources creates economic and political dysfunctions as ilustrated by African countries. This study is based on four essays. The first essay examines empirically about 36 African countries, the de-terminants of longevity in power. The second essay analyzes the effect of fragmentation in 45 African countries, with particular emphasis on political stability. The third essay deals with the effect of border disputes by conducting an empirical study of the DRC and its nine neighboring countries. Finally, the fourth essay focuses on the macroeconomic effects of the type of political regime in the DRC. We use several types of econometrics and data sources adapted to each of the situations mentioned. We achieve the following key results: (1) dependence on oil and mi-nerals positively impacts longevity in power in Africa, and human capital reduces the chances for an African head of state to stay long in power. (2) fragmentation negatively impacts political stability. (3) the mining resource rents increase border conflicts in the DRC (4) The conse-quences of the type of political regime and the abundance of natural resources increase the macroeconomic instability in the DRC.We suggest that the promotion of the education sector should be at the heart of government strategies and therefore a priority and the strengthening of constitutional rules regarding elections.

Key words: Natural resource rents; Longevity in power; African states; Border Conflicts, Po-litical Regime, Macroeconomic Instability, Fragmentation, PoPo-litical Stability, DRC, ECCAS, SADC, COMESA and CEPGL.

(14)

10 Robinson et al. (2006, p.447) : « …les incitations politiques que les dotations de ressources génèrent, constituent la clé de compréhension si elles sont ou non une malédiction… ».

(15)

11

1. Contexte de l’étude

Depuis les décennies 1950, les études de la dépendance vis-à-vis des ressources et le développement prouvent que les exportations des minerais et de pétrole sont à l’origine des explications de la malédiction des matières premières (Ross, 1999 ; Sachs et Warner, 1995). Cette dernière désigne une situation dans laquelle un pays dispose d’un secteur des ressources naturelles tourné vers l’exportation, qui génère de substantielles recettes publiques mais qui, paradoxalement, engendre la stagnation économique et l’instabilité politique.

Toutefois, il existe des exemples bien connus de pays dans lesquels cette abondance s’accompagne de mauvaises performances macroéconomiques et d’un creusement des inégali-tés sociales. Le Nigeria est un important exportateur de pétrole depuis 1965. Il tire de ce secteur des recettes qui ont été multipliées par dix en 35 ans, mais son revenu par habitant stagne depuis l’indépendance nationale, en 1960, faisant du Nigeria l’un des 15 pays les plus pauvres au monde (Nations Unies, 2007). D’autres exportateurs des matières premières, tels que l’Iran, le Venezuela, la Libye, l’Iraq, le Koweït et le Qatar, ont, eux aussi, affiché une croissance négative ces dernières décennies (voir, Nations Unies, 2007).

Par contre, le Botswana est parvenu à vaincre la malédiction des ressources. Quarante pour cent de son produit intérieur brut (PIB) proviennent des diamants. Ce pays se classe à la seconde place en Afrique pour les dépenses publiques consacrées à l’éducation et enregistre la croissance la plus élevée au monde depuis 1965 (Sala-i-Martin et Subramanian, 2003 ; Van der Ploeg, 2007).

Avant le premier choc pétrolier, survenu dans les années 1970, les pays d’Afrique riches en pétrole bénéficiaient généralement de conditions macroéconomiques favorables : des taux croissance économique positifs, l’inflation modérée et des déficits budgétaires et la dette extérieure soutenable, de compte courant excédentaire. Les politiques visaient à utiliser le pé-trole au profit du développement économique et social, ainsi qu’à encourager la diversification économique. Ces objectifs n’ont malheureusement pas été atteints : des déséquilibres écono-miques ont provoqué une grave crise lorsque les cours du pétrole se sont effondrés dans les années 1980, et ces cours sont restés bas pendant plus d’une décennie (Fond monétaire Inter-national, 2006). Ce fut aussi le cas pour la plupart des exportations d’autres minéraux (métaux et non-métaux), sauf pour quelques pays, tels que le Botswana.

(16)

12 La sous-performance des pays riches en ressources d’Afrique a été souvent opposée au développement des pays pauvres en ressources à titre illustratif. Le graphique 1 montre que au cours de la fin du 19ème et du début du 20ème siècles, les deux groupes ont des niveaux de développement différents (PIB par habitant). Depuis 2000, les pays aux ressources abondantes sont plus riches (en termes de recettes, de PIB et de PIB par habitant) que ceux pauvrement dotés.

Figure 1. Abondance des ressources naturelles et PIB par habitant (en USD)

Source : Banque Africaine de développement, 2007.

De ce qui précède, les pays africains n’ont pas suivi le modèle de développement ob-servé dans d’autres pays en développement. En Asie par exemple, le secteur manufacturier n’a fait qu’augmenter bien avant la hausse des prix des matières premières. En Afrique, par contre, le secteur manufacturier continue de représenter une part du PIB moindre que celle observée au début des années 1970 (figure 2). Les exportations de matières premières se limitent souvent aux produits primaires. Il s’agit là d’un problème, dans la mesure où les ressources naturelles ont tendance à ne pas être renouvelables et ne constituent pas forcément un facteur potentiel pour le développement. Le graphique 2 ci-dessous montre que l’Afrique est la région du monde dont la part dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale est la plus faible. Cette part a très peu évolué dans le temps et se situe à seulement 1,6% en 2014 pendant que celle de la région d’Asie et du Pacifique était en hausse constante.

(17)

13 Figure 2. Part (%) de chaque région dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale

Source : adapté d’UNIDO (2016)

Dans ce qui suit, nous présentons tout d’abord, l’importance de l’abondance des res-sources naturelles dans les pays africains producteurs en rapport avec leurs performances éco-nomiques. Ensuite, nous revenons sur l’essentiel de la littérature sur la richesse en ressources naturelles et les performances économiques, institutionnelles et politiques en Afrique. Enfin, nous présenterons une synthèse de la littérature de la malédiction des matières premières en Afrique.

En effet, deux grands groupes d’arguments concourent dans la littérature à l’explica-tion de la thèse de la malédicl’explica-tion des ressources naturelles. Des facteurs économiques et poli-tiques ont été identifiés dans la littérature. Le premier groupe d’arguments explique la malédic-tion par des interacmalédic-tions exclusivement économiques (par exemple l’effet dépense et mouve-ment du modèle dutch disease). Le second groupe d’argumouve-ments postule que la malédiction n’est pas seulement d’origine économique mais elle peut également être politique.

(18)

14 1.1. Dépendance vis-à-vis des ressources naturelles et performances écono-miques dans les Etats africains

Les ressources naturelles dominent l’économie de nombreux pays Africains, car l’une des principales sources de recettes publiques et de richesse nationale. Nous examinerons en détail sur cette troisième figure la part des produits de base en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord. La part des exportations minérales est plus importante dans les deux régions d’Afrique.

Figure 3. Exportations totales par sous-région, 2011-2013

Source : Banque mondiale, 2016

Globalement, la part des matières premières dans les exportations de l’Afrique subsa-harienne est passée de 57 % entre 1990–1999 et à 76 % entre 2010–2014 (figure 3). Cette même situation a été observée néanmoins en Afrique du Nord (Banque mondiale, 2015).

La figure 4 illustre cette place de plus en plus importante des exportations pétrolières de l’Afrique dans le taux de croissance du PIB réel. En effet, la croissance est passée de 9,9 % en 2012 à 4,7 % en 2013, puis de 6,5% en 2015 (cfr figure 4). Malgré la chute des cours pétro-liers, les pays exportateurs de pétrole ont continué d’enregistrer de bons résultats avec une croissance de 3,5 %. Quant aux pays importateurs de pétrole et riches en ressources minérales ils ont réalisé respectivement des taux de croissance de 3,5 et 3 %.

(19)

15 Figure 4. Taux de croissance du PIB réel en Afrique (2010-2014)

Source : Nations Unies (2014).

Bien que solide, la croissance récente de l'Afrique reste en deçà de son potentiel et n'a pas réussi à se traduire par la création significative d'emplois ni par le développement écono-mique et social diversifié nécessaire pour réduire la grande pauvreté et les taux d'inégalité ob-servés dans de nombreux pays (Nations, 2014).

La figure 5 désigne les résultats extérieurs contrastés selon la dotation en ressources. Le déficit du compte courant de l’Afrique s’est creusé pour passer de 0,8 % du PIB en 2012 à 1,8 % en 2013, mais devrait légèrement se contracter pour s’établir à 1,7 % en 2014 (figure 5). Dans les pays exportateurs de pétrole, les balances extérieures semblent rester positives, même si elles sont en diminution, mais elles sont négatives et se réduisent dans les pays importateurs de pétrole et les pays riches en minéraux.

Année

(20)

16 Figure 5. Balance des paiements courants par groupement économique, 2010-2014 (en

pourcentage du PIB)

Source : Calculs inspirés de l’EIU (2013).

Ces faits stylisés soulèvent de nombreuses questions. Comme souligné précédemment, deux grands groupes d’arguments concourent dans la littérature à l’explication de la thèse de la malédiction des matières premières. Nous allons démontrer dans les lignes qui suivent, les facteurs économiques et politiques de la malédiction des ressources.

1.2.Les explications de l’économie politique de la rente des ressources naturelles Les premières études sur les ressources naturelles s’intéressent plutôt aux schémas d’extraction optimale des ressources naturelles épuisables (Hotelling, 1931). Les travaux anté-rieurs, qui font suite au premier choc pétrolier, ne s’éloignent pas du cadre d’analyse de Hotel-ling (1931) qui pose l’hypothèse selon laquelle, dans le long terme, la fluctuation de prix des matières premières constituent un handicap pour la croissance économique. Depuis la décolo-nisation, la plupart des pays se sont engagés dans un développement fondé sur l’extraction, la transformation et l’exportation de leurs matières premières (Aknin, 2013). Plusieurs études ont trouvé des explications théoriques différentes. A cet effet, la littérature économique identifie plusieurs mécanismes à travers lesquels la dépendance des matières premières pourrait retarder la croissance.

Le premier mécanisme s’opère à travers la théorie du syndrome hollandais (dutch

di-sease) à savoir la hausse des salaires et des taux de change réels qui aboutit à l’éviction des

secteurs d’exportation et de ceux concurrençant les importations. En effet, la littérature écono-mique présente deux effets dans l’explication de dutch disease : l’effet mouvement et l’effet

(21)

17

dépense. D’une part, l’augmentation des revenus dans le secteur du boom (secteur de ressources

naturelles) entraîne un déplacement du facteur travail, supposé mobile, du secteur hors boom vers le secteur du boom. Ce déplacement conduit à une contraction de la production de ce sec-teur : c’est l’effet mouvement (Corden et Neary, 1982). A noter que ce mouvement de facsec-teurs peut également entraîner une diminution de la production du secteur hors boom, dans ce cas, on se retrouve avec un excès de la demande. Puisque le prix de secteur du boom est déterminé sur le marché international, or celui du secteur hors boom se détermine localement, l’excès de la demande sur l’offre est régulé par une augmentation des prix. Ce qui conduit à une apprécia-tion du taux de change réel.

Les études de Sachs et Warner depuis 1995, ne s’éloignent pas de ce mécanisme. Le

dutch disease est la base d’explication du test empirique de Sachs et Warner (1995) liant la

dépendance en ressources naturelles à la faible croissance économique. En effet, Sachs et War-ner (1997) fait ensuite, une comparaison entre les pays d’Afrique et les Pays en voie de déve-loppement (PED) durant 25 ans et trouvent qu’à moyenne la croissance économique de pays Africains était de 0,8% et par contre les PED était de 1,8%. La faible croissance économique des pays Africains est due de l’abondance des ressources qui affectent négativement la crois-sance (soit -3,26 %, ils trouvent les mêmes conclusions que l’article publié en 1999 portant l’expérience sur l’Amérique latine). Et pensent que si les pays Africains avaient un désavantage en ressource, l’Afrique pouvait croître sa croissance de 4 % par habitant avec de politique ap-propriée.

De même, des études menées par Easterly et al. (1993), Barro et Sala-i-Martin (1997) ont montré que les termes de l'échange sont des déterminants de la croissance économique. Par conséquent, une baisse des termes de l’échange des produits de base peut expliquer en grande partie de la malédiction des ressources naturelles. D’où le deuxième mécanisme faisant réfé-rence à la volatilité (instabilité) des cours des matières premières (Manzano et Rigobon 2006 ; Van der Ploeg, 2007). La volatilité des prix des matières premières est une cause de la faible croissance car elle entraîne des incertitudes et des risques.

Les analyses économiques de la malédiction se concentrent sur la croissance écono-mique comme du principal indicateur. En fait, l’analyse en termes d’économie politique per-met par contre de montrer comment les rentes tirées de l’exploitation des ressources naturelles entrainent l’abandon des activités de production au profit des activités de recherche et de cap-ture de rente (rent-seeking). Elle permet également de montrer comment la disponibilité des

(22)

18 rentes conduit à des incitations politiques perverses, lesquelles amènent les pays à présenter de faibles performances économiques (Omgba, 2010). Spécifiquement, Tornell et Lane (1999) et Mehlum et al. (2006) présentent le déficit institutionnel comme un facteur explicatif de la malédiction ; d'autres auteurs distinguent les indicateurs, y compris la démocratie (Ross, 2001), les conflits armés (Collier et Hoeffler, 2000) et le capital humain (Gylfason, 2001). Il y’a également Leite et Weidmann (2002) qui démontrent que l’abondance en ressources na-turelles est un déterminant majeur de la corruption dans un pays. Ils ne trouvent pas d’effet négatif direct de ressources naturelles sur la croissance mais un effet indirect qui passe à tra-vers la corruption.

Des études empiriques suggèrent que les implications de la thèse de la malédiction des matières premières se distinguent d’un pays à l’autre. L’Afrique connaît sa meilleure op-portunité de croissance depuis le boum des matières premières du milieu des années 70. Dans cette période, la performance économique africaine fut alors bien moins bonne que dans les autres régions en développement (Collier, 2008). L’explication n’est pas que le comportement économique de l’Afrique est fondamentalement différent d’ailleurs, mais plutôt que les dota-tions géographiques y sont distinctes. Le problème est de savoir comment gérer les rentes issues des ressources naturelles dans un contexte de longévité au pouvoir, de diversité ethnique, ainsi que l’instabilité politique et les troubles civils.

1.3. Une synthèse de la littérature de la malédiction des ressources naturelles en Afrique

Plusieurs auteurs développent la thèse de la malédiction des ressources naturelles qui prédisent une relation entre la rentes de ressources et la survie politique, il y’a notamment les travaux de : Andersen et Aslaksen (2013) et Caselli (2006). Il est considéré que la rente de ressources fournie aux dirigeants politiques des fonds pouvant être utilisés pour augmenter leurs chances de survie dans les milieux politiques. Ceci, au travers de différentes formes de mécénat ou de stratégie des dépenses publiques, de réductions d’impôts ou d’oppression politique.

Depuis les années 1980, 70 % des chefs d’Etat ont peu connu d’alternance en Afrique. Plus précisément en Afrique centrale. C’est à partir des années 1990, que le processus de dé-mocratisation a commencé, et l’on n’y trouve plus guère de pays sans multipartisme ni élections formellement compétitives. Entre 2000 et 2009, il y a eu des successions de multipartismes et des élections présidentielles dans 49 des 53 pays du continent. Les exceptions étant démontrées dans les pays comme l’Erythrée, le Swaziland, la Libye et la Somalie. Mais, si l’élection est la

(23)

19 règle, l’alternance n’est pas toujours effective. Une illustration sur un échantillon de pays afri-cains est donnée par le tableau 1. Il montre de longues périodes de pouvoir dans les pays d’Afrique Centrale de 1991 à 2015.

Tableau 1. Quelques exemples de nombre d'exercice au pouvoir de chef d'Etat en Afrique centrale Pays Africains 1991-1994 1995-2000 2001-2006 2007-2015 Angola 15 21 27 36 RDC 29 3 6 15 Congo Brazzaville 2 3 9 17 Centrafrique 1 7 3 2 Cameroun 12 18 24 33 Tchad 4 10 16 25 Gabon 27 33 39 6 Guinée équatoriale 15 21 27 36 Burundi 1 4 1 10 Ouganda 9 15 21 30 Rwanda 21 6 6 16

Source : auteure, à partir d’Archigos (2016)

En plus, cette longévité implique de nombreux aspects économiques tant au niveau national que sous régional. Ainsi, on constate que la mobilisation des ressources humaines en Afrique et particulièrement en Afrique centrale s’avère très importante en raison de la pénurie de main d’œuvre observée. Mais surtout, du niveau de développement humain qui est parmi les plus faibles du monde (Nations Unies, 2010). Néanmoins, les marges de progrès restent impor-tantes et potentiellement très rentables, à l’image des succès remportés par des pays tels que l’île Maurice, l’Afrique du Sud ou encore le Botswana. Ces pays ont entrepris depuis longtemps dans le domaine de l’éducation et de la santé des mesures importantes.

Cependant, en dépit d’un investissement public important et comparable à celui du reste de l’Afrique, les pays de l’Afrique centrale souffrent d’un retard en matière d’éducation. Le taux d’alphabétisation de la population bien qu’en nette progression demeure problématique (moins de 80 % de la population de + de 15 ans est alphabétisée) selon le rapport des Nations Unies (2015). Trois des dix pays de l’Afrique centrale présentent des taux d’alphabétisation supérieurs à la moyenne africaine (Cameroun, Gabon et Guinée équatoriale). Par contre, les dépenses publiques d’éducation restent moindres comparativement aux pays de l’Afrique aus-trale (Figure 6 et 7). Les figures 6et 7 analysent les dépenses publiques d’éducations entre les

(24)

20 pays d’Afrique centrale et de l’Afrique australe, tout en considérant l’exemple du Cameroun, la RDC ainsi que l’Afrique du Sud.

Figure 6. Analyse comparative de la dépense publique en éducation (en % du PIB) entre l'Afrique du Sud et le Cameroun

Afrique du Sud Cameroun Source : Banque mondiale (2017)

Figure 7: Analyse comparative de la dépense publique en éducation (en % du PIB) entre l'Afrique du Sud et la RDC

Afrique du Sud Cameroun Source : Banque mondiale (2017)

(25)

21 En revanche, l’espérance de vie reste dans la majorité des cas encore très faible (moins de 55 ans). Les taux de mortalité infantile sont élevés, soit plus de 107 % en Afrique centrale contre 87 % dans le reste de l’Afrique subsaharienne (Nations Unies, 2015). Il en résulte que les pays africains ont en général enregistré, sur longue période, une plus faible croissance ca-ractérisée par des niveaux élevés de pauvreté et d’inégalité. La principale raison est la difficulté pour ces pays à utiliser efficacement leurs richesses minières pour promouvoir le développe-ment.

C’est pourquoi au cours de l’année 2002, la Banque mondiale avait constaté que dans les pays dotés de secteurs miniers faibles (entre 6 et 15% toutes les exportations), le produit intérieur brut (PIB) par habitant a chuté au taux moyen de 0,7%. Dans les pays ayant de secteurs miniers de taille moyenne (entre 15 et 50% des exportations), le PIB par habitant a diminué en moyenne de 1,1% par an. Tandis que dans les pays avec de très grands secteurs miniers (plus de 50% des exportations), le PIB par habitant a chuté de 2,3% par an. En moyenne, ces pays miniers ont vu leur PIB par habitant baisser de 1,15% par an. Une baisse de près de 11% au cours de cette décennie.

Cette situation des faibles performances économiques est la conséquence de la vulné-rabilité de ces Etats à la guerre civile (figure 8). Bien que le nombre de conflits armés dans le monde reste plus bas, c’est au début des années 1970 que l’Afrique a connu une montée inquié-tante des violences civiles (voir par exemple. Addison et al, 2002). En 2004, on assiste à des conflits civils se déroulant en Angola, Burundi, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Nigéria, Soudan et Ouganda (Gleditsch et al, 2002). La figure 8 ci-dessous permet d’avoir une idée du nombre de conflits violents enregistrés dans le monde en 2015. Il montre notamment que le continent afri-cain est la région du monde ayant connu le plus de conflits très violents. Avec 41 conflits de moyenne intensité et 36 conflits de faible intensité enregistrés en 2015, l’Afrique vient respec-tivement en deuxième et troisième position des régions du monde ayant connus le plus de con-flits de moyenne et faible intensité.

(26)

22 Figure 8. Distribution des conflits par région et par type d’intensité, 2015

Source : HIICR (2016)

Généralement, ces conflits sont financés par les revenus de l’exploitation légale ou illégale de ressources naturelles dans un grand nombre de pays à travers les régions. Les études menées par Collier et Hoeffler (2001) et Hegre (2002) ont montré au cours des trois années (entre 1996, 1997 et 1998) qui ont précédé la guerre en République démocratique du Congo (RDC), en République du Congo et au Libéria, la croissance du PIB a été en moyenne respec-tivement de –5,56% ; -1,94% et ; –1,34% (Banque mondiale, 2001).

Ces auteurs trouvent par la suite qu’un pays qui ne dispose d’aucune ressource natu-relle a une probabilité de connaître un conflit civil de seulement 0,5 %. Tandis que, pour un pays dont les ressources naturelles comptent pour plus de 25 % dans le PIB, la probabilité passe à 23 % (Collier et Hoeffler, 2004). Cette comparaison laisse à penser que la majorité des conflits s’explique davantage par l’avidité que par des griefs. Ces guerres civiles affectent également les pays voisins et les Communautés globales. De ce fait, les coûts subis par les autres pays de la région peuvent être aussi importants que ceux subis dans le pays, car les effets de la guerre dépassent les frontières.

Toutefois, si la réduction du risque de conflit est à la fois nécessaire et possible, avant de pouvoir proposer des mesures visant à réduire l'incidence de ce conflit, nous devons com-prendre les raisons de la vulnérabilité des pays. Beaucoup de modèles tentent d’explorer les facteurs qui influent sur le risque de conflit. Collier et Hoeffler (Op.cit.) constatent que trois facteurs sont importants : le niveau de revenu par habitant, le taux de croissance économique et

(27)

23 la dépendance sur les exportations de produits primaires.Il importe de découvrir si les luttes et guerres civiles sont le résultat de griefs, d’un sentiment d’injustice quant à la manière dont un groupe social est traité (discrimination économique systématique, par exemple) ou de l’avidité que peuvent susciter les rentes massives tirées des sources ponctuelles de ressources. Par exemple comme l’illustrent habituellement les cas de l’Angola, du Congo et de la Sierra Leone (Murshed, 2002 ; Olsson et Fors, 2004).

Au-delà des aspects soulevés par Collier et Hoeffler (1998), des centaines d’études universitaires ont abordé cette question. Cependant, Basedau et Wegenast (2013) affirment plu-tôt que la diversité ethnique et les ressources naturelles peuvent constituer le motif et la proba-bilité d'un conflit armé. Ainsi, la rente de ressources constitue un facteur susceptible de faciliter la mobilisation du groupe ethnique en faveur de la rébellion. Comme l’a souligné Amartya Sen (2008), aucune approche culturelle ni économique ne semble suffisante pour expliquer un con-flit violent intra-étatique.

Par ailleurs, La Porta et al. (1999) utilisent deux stratégies pour évaluer les théories politiques : la première stratégie consiste à examiner l'hétérogénéité ethnique dans un pays, ce que plusieurs études récentes ont identifié comme une mesure exogène importante des ten-dances à la redistribution (voir par exemple Alesina, Baqir et Easterly, 1999 ; Easterly et Levine, 1997). La deuxième stratégie, consiste à examiner les systèmes juridiques, qui peuvent être considérés comme des indicateurs du pouvoir relatif de l'Etat vis-à-vis des propriétaires. Pour examiner les théories culturelles, Landes (1999) utilise la religion comme substitut de l’eth-nique, la langue et d’autres caractéristiques1 de la société qui peuvent jouer un rôle déterminant dans la formation du gouvernement. Nous considérons également les appartenances religieuses et linguistiques de la population en tant que déterminants culturels comme hostiles au dévelop-pement institutionnel.

Ainsi donc, ces deux stratégies développées par La Porta et al. (Op.cit.) sera évoqué dans le cas des pays africains. Pour ce faire, une autre piste de recherche plus intéressante est de comparer les effets de la dépendance vis-à-vis des ressources naturelles et le type de régime politique. Wantchekon (1999), en examinant des données relatives à 141 pays entre 1950 et 1990, a constaté qu’une augmentation de 1% de la dépendance aux ressources naturelles,

(28)

24 suré par le ratio des exportations primaires au PIB, a augmenté la probabilité d’avoir un gou-vernement autoritaire de près de 8%. Il a également constaté que les pays riches en ressources naturelles étaient plus susceptibles de connaître des échecs de transitions démocratiques.

Depuis 1991, les pays africains, précisément la République démocratique du Congo (RDC) connait des instabilités au niveau macroéconomique mais sa position stratégique au cœur de l’Afrique et son potentiel en ressources minières la pousse à s’intégrer dans plusieurs communautés économiques régionales notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le marché commun de l’Afrique australe (COMESA), la commu-nauté économique et de développement de l’Afrique australe (SADC).

Par conséquent, le développement et la stabilité économique en République démocra-tique du Congo ont des implications directes pour la région africaine. L’un des principaux avan-tages d’une telle situation stratégique est qu’elle offre de nombreuses possibilités en matière de commerce, et qu’elle permet de transformer le pays en point d’ancrage de l’intégration écono-mique au sein de la sous-région.

En effet, la RDC partage des frontières avec neuf États, le plus grand nombre du con-tinent. Par voie de conséquence, le développement économique et la stabilité économique ont des implications directes pour la région des Grands Lacs et à une échelle plus importante. Puisqu’elle dispose d’importantes ressources naturelles, ces ressources sont inégalement répar-ties d’une région à l’autre. Par exemple, le Katanga représente 70 % de la production de cuivre et de cobalt du pays. Au moment de l’indépendance, la province générait 75 % de la production nationale et finançait 20 % des dépenses du gouvernement (voir Nations Unies, 2015). De la même manière, la région du Kasaï, connut comme « l’état des diamants » dispose de vastes réserves de diamants de qualité gemme et de diamants industriels. Les provinces de l’Est, no-tamment le Kivu, sont dotées d’importantes réserves d’or, de coltan et d’étain. L’abondance en ressources minières a été identifiée comme un facteur et une caractéristique non négligeable des crises politiques (Nations Unies, 2015).

De ce point de vue, le pays a fait face au cas le plus grave de ce que l’on dénomme « malédiction des ressources ». Le figure 9 ci-dessous permet d’avoir une idée de la croissance économique de la RDC dans un environnement des crises politiques.

(29)

25 Figure 9. Croissance économique dans un contexte des crises politiques en RDC

Source : auteure, à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2015)

Ces différents éléments qui se dégagent de la littérature nous conduisent à placer la dépendance à l’égard des matières premières en Afrique au centre de cette étude. En effet, outre le Nigeria qui est l’exemple patent dans la littérature, une première analyse du comportement des pays pétroliers africains montre des corrélations négatives entre performances écono-miques, institutionnelles et politiques, et richesse en pétrole en Afrique.

2. Problématique de recherche

La relation découverte par Sachs et Warner est particulièrement intéressante puisque la plupart des pays africains sont producteurs des matières premières. Au regard de tout ce qui précède, il s’agira dans cette recherche de réexaminer la thèse de la malédiction des matières premières. Autrement dit, la rente de ressources naturelles explique-t-elle les dysfonction-nements économiques et politiques observés dans certains pays africains ? Nous avons choisi de nous intéresser ici à quatre processus sur lesquels la rente de ressources peut interve-nir, de façon plus ou moins complémentaires :

 les ressources naturelles expliquent-t-elles la longévité au pouvoir des chefs d’Etats afri-cains ?

 la rente de ressources et la fragmentation affectent-elles la stabilité politique en Afrique ?

 la rente minière est-elle un facteur amplificateur des conflits frontaliers en RDC ? -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Taux de croissance du PIB réel Taux de croissance de revenu réel par habitant

Crise politique (1997-1998) Première guerre

Assassinat du président et prise du pouvoir

(30)

26  le type de régime politique et l’abondance des ressources naturelles conduisent-ils aux instabilités macroéconomiques en RDC ?

3. Objectifs de l’étude

L’objectif général est de montrer comment l’abondance des ressources naturelles crée des dysfonctionnements économique et politique à partir de quelques exemples de pays afri-cains. De manière spécifique, il s’agira de :

 évaluer les effets des ressources naturelles sur la longévité au pouvoir ;

 évaluer les effets de la rente de ressources et la fragmentation sur la stabilité politique en Afrique ;

 analyser les effets de la rente minière sur les conflits frontaliers en RDC et ;

 examiner les effets du type de régime politique et l’abondance des ressources naturelles sur l’instabilité macroéconomique en RDC.

4. Hypothèse de recherche

La rente issue de ressources naturelles est à l’origine de dysfonctionnement écono-mique et politique des pays africains. Quatre hypothèses de recherche sont à vérifier à savoir :

 la rente de ressources explique positivement la longévité au pouvoir des chefs d’Etat Africains ;

 la rente de ressources et la fragmentation affectent négativement la stabilité politique en Afrique

 la rente minière affecte positivement les conflits frontaliers en RDC et ;

 le type de régime politique et la rente minière augmentent l’instabilité macroécono-mique en RDC.

(31)

27

5. Spécificité et contribution de la thèse

Cette thèse s’inscrit dans la lignée des travaux en économie politique de la malédiction des ressources naturelles. La revue de la littérature ci-haut a pour objectif d’en présenter le détail mais d’en examiner les implications, à savoir :

(i) les techniques d’estimation et l’échantillon sur lequel porte l’analyse de la malédic-tion des ressources naturelles sont à même d’affecter les résultats ;

(ii) depuis les années 90, l’évaluation des performances dans la plupart des pays afri-cains s’effectue dans le cadre d’analyse de la malédiction des ressources naturelles ;

(iii) parmi les ressources naturelles, le pétrole et les minerais sont à l’origine des mau-vaises performances économiques du continent africain ;

(iv) les explications sur les institutions politiques sont pertinentes pour la compréhension de la malédiction des ressources ;

(v) les analyses de la malédiction des ressources portent moins sur la RDC.

Cette recherche s’appuie conjointement sur les travaux de Gylfason (2001) et Andersen et Aslaksen (2013), considérant l’implication de capital naturel sur le capital humain et la longévité au pouvoir de chef d’Etat. En cherchant à concilier les deux théories, cette étude est particulièrement intéressante pour trois raisons principales. Tout d’abord, c’est la prise en compte de la rente pétrolière et la rente minière au lieu et place de la découverte ou de la pro-duction comme souligné par Bhattacharyya et al. (2017) et Andersen et Aslaksen (2013). En-suite, au-delà des effets de la rente pétrolière et la survie politique comme souligné par Omgba (2009), cette étude analyse les effets de capital humain sur la survie politique. Enfin, la prise en compte de la RDC dans l’échantillon, modifie les résultats. En ce sens que la rente minière affecte également la survie politique contrairement aux résultats empiriques évoqués par Om-gba (2009).

Cette étude s’appuie également sur les travaux de Alesina et Perotti (1994, 1992) et Barro (1999), Collier et Hoeffler (1998), Lujala et al. (2005) ainsi que les travaux de Fearon et Laitin (2003) et Acemoglu et al. (2005), considérant l’implication des instabilités politiques et macroéconomiques, aussi bien l’implication du type de régime politique. En effet, les

(32)

observa-28 tions empiriques concluent que les Etats rentiers sont victimes des instabilités politiques et ma-croéconomiques, de régime autoritaire et des conflits armés aussi présentent des mauvaises performances économiques. Les mécanismes sous-jacents restent à l’heure actuelle peu étudiés.

6. Structure de la thèse

L’économie politique de la rente de ressources naturelles est un processus complexe et multidimensionnel, au cours duquel interagissent de nombreux facteurs : institutionnels (le ré-gime politique, les conflits), économiques (la croissance économique, le capital humain, emploi, etc.) mais aussi la situation géographique et sociolinguistique (Ross, 1999). Dans le cadre de cette recherche, ces caractéristiques sont prises en compte autant que possible, en intégrant des différenciations selon un certain nombre de variables, tant au niveau des pays (niveaux des per-formances économiques, de stabilité politique et de la nature du régime politique) qu’au niveau des régions (minière et pétrolière).

Cette recherche s’inscrit dans cette logique. Son objectif n’est pas de présenter des spécificités africaines dans les études jusque-là menées sur la malédiction de ressources, mais plutôt de mettre en évidence ou d’établir de nouvelles validations empiriques sur les impacts de la rente de ressources en Afrique. Pour y parvenir, notre étude s’articule, par conséquent, autour des quatre chapitres dont les résumés sont les suivants :

Chapitre 1. Ressources naturelles : un déterminant de la longévité au pouvoir dans les pays africains.

Le premier chapitre dresse un état des lieux de la rente de ressources sur la longévité au pouvoir. Ceci dans le but de comprendre les facteurs de la durée au pouvoir des chefs d’Etats Africains et la place qu’occupent aujourd’hui la rente de ressources dans les politiques natio-nales des Etats africains. Comme Andersen et Aslaksen (2013), nous mobilisons un modèle de durée au pouvoir qui peut être paramétrique et non paramétrique et comparerons ces deux types de modèle. De façon complémentaire, nous déterminons, l’estimateur Kaplan-Meier de la fonc-tion de survie et la régression lognormal d’après le critère d’informafonc-tion AIC. La longévité au pouvoir s’appuie sur un certain nombre d’arguments, qu’il est nécessaire d’évoquer, afin de comprendre pourquoi cela est importante pour les politiques, tant au niveau national qu’inter-national.

(33)

29 Se basant sur les données relatives à la durée au pouvoir des chefs d’Etat dans 36 pays africains (Afrique du nord et Afrique sub-saharienne) sur la période 1991-2015, cette étude établit que le pétrole et les minerais sont des déterminants de la longévité dans les Etats afri-cains. Par conséquent, les résultats appuient l'idée plus générale selon laquelle les débouchés des produits de base détournent les pays des activités productives et offrent des incitations à des activités non productives, telles que la recherche de rente, le lobbying ou l'emploi dans le sec-teur public (Collier et Goderis, 2007). Néanmoins, l’attention principale de ce chapitre est sur les conséquences de la qualité de l’éducation sur la longévité au pouvoir. Par manque des don-nées sur la qualité de l’éducation2, nous avons appréciés les variables utilisées par Gylfason (2001) entre autre les dépenses publiques, l’inscription secondaire brute et le taux d’alphabéti-sation. Au demeurant, les ressources naturelles (ou/et les minerais en particulier) génèrent un flux futur de recettes (ou rentes) que le gouvernement ne peut s’approprier que s’il reste au pouvoir. Le gouvernement a donc un intérêt à formuler sa politique économique de façon à s’assurer l’appui des groupes de pressions et lobbies qui peuvent lui garantir le maintien au pouvoir.

La différence la plus frappante entre l’Afrique et les autres régions en développement réside dans la proportion de la population vivant dans les pays enclavés et pauvres en ressources (Collier, 2008). Les sécessions politiques récentes viennent augmenter le nombre de ces pays. La sécession de l’Erythrée a transformé l’Ethiopie en un pays enclavé, aux ressources faibles, et également le Sud-Soudan. En effet, la diversité ethnique représente l’aspect sociopolitique de la géographie africaine, qui est beaucoup plus importante que dans n’importe quelle autre région. Cependant, les diversités ethnique, linguistique et religieuse ne sont pas des facteurs défavorables au développement, mais elle génère des dilemmes difficiles.

Chapitre 2. La rente de ressources, fragmentation et stabilité politique en Afrique

Ce chapitre revient sur un problème que pose la rente issue de ressources naturelles : les fragmentations ethnique, linguistique et religieuse des Etats producteurs. En effet, la littéra-ture récente sur la malédiction des ressources nalittéra-turelles montre qu’à chaque fois les ressources

2 Les décideurs politiques doivent s’intéresser à la qualité de l’éducation, non seulement dans le contexte

d’acqui-sition de connaissances et de développement de compétences, mais également dans le souci d’une concordance avec le développement durable. Ce qui signifie qu’il faut amener l’élève à devenir un citoyen instruit, réfléchi, responsable et actif, capable d’exercer ses habiletés intellectuelles de création, d’analyse et de jugement, tout en lui permettant de s’épanouir, d’exploiter son plein potentiel et de développer sa personnalité. Cette éducation de qualité doit lui permettre de s’insérer véritablement dans son milieu et de contribuer au développement de la société dans laquelle il vit dans toutes ses dimensions. Ce qui n’est pas le cas des pays de l’Afrique centrale.

(34)

30 naturelles sont présentes, une diversité ethnique conduit en réalité à une plus grande propension au conflit intra-Etats (Wegenast et Basedau, 2014). Une plus grande diversité ethnique aug-mente la probabilité que des groupes ethniques politiquement pertinents ou même privés vivent dans des zones où sont stockées de ressources naturelles, résultant en une combinaison de con-flits armés qui se renforcent à des risques.

Ce chapitre est complémentaire à une littérature qui considère les institutions poli-tiques comme exogènes (ou prédéterminées) et étudie leurs effets sur divers résultats écono-miques, entre autres la rente de ressources, la croissance, le capital physique ou humain (Rodrik, 1998 et Persson et Tabellini, 2006 ; Kaufmann et al. 2003). Cependant, il existe peu des preuves empiriques de la relation entre richesses en ressources naturelles et fragmentation en Afrique. Ce chapitre étend l’analyse en testant empiriquement la relation entre richesse en ressources et fragmentation, et en déterminant ses effets sur la stabilité politique. En effet, l’analyse écono-métrique, sur des modèles logits basés sur des données annuelles, pour 45 pays africains de 1991 à 2015, laisse apparaître une relation positive entre la richesse en ressources et la frag-mentation. De l’examen des facteurs explicatifs de la stabilité politique, il ressort que l’effet de diversité ethnique est prépondérant sur l’effet de la stabilité politique.

Autre problème africain, le faible nombre de régimes démocratiques et de violence civile. Même si la démocratie n’est pas toujours nécessaire à la croissance comme en témoigne le succès exceptionnel de la Chine. On observe cependant que la démocratie est importante pour la performance économique lorsque la société a une forte diversité ethnique (Collier, 2008).

En effet, la Chine peut croître sous un régime autocratique, mais en Afrique, autocratie et diversité ethnique constituent un désastre, avec un pouvoir accaparé par des militaires ou minorités ethniques étroites. Une minorité au pouvoir est encline à pratiquer l’auto-redistribu-tion au détriment du bien public que constitue la croissance économique nal’auto-redistribu-tionale. La démo-cratie semblerait ainsi mieux convenir que l’autodémo-cratie aux sociétés à variétés ethniques. Ce-pendant, la coexistence de la démocratie et de la diversité ethnique peut s’avérer difficile. En outre, étant donné que les ressources ne sont pas distribuées uniformément dans le territoire d'un pays et qu'un conflit ne peut affecter que certaines parties du territoire, la recherche récente divise les pays en territoire pour étudier le lien entre les ressources et les conflits.

(35)

31

Chapitre 3. Rente minière, un facteur amplificateur des conflits frontaliers en RDC

Le troisième chapitre examine les conflits frontaliers entre la RDC et les neufs pays voisins. En effet, il est nécessaire de comprendre les effets des conflits dans cette région d’Afrique et de voir dans quelle mesure la rente minière intervient en tant que facteur potentiel.

Comme Lujala et al. (2005), nous estimons des modèles logits basés sur des données annuelles. L’échantillon est composé de la RDC et ses neufs pays voisins. La variable dépen-dante les conflits frontaliers sur la période 1991-2015 correspond à une variable dummy région en conflit crée par nous-même. L’analyse exploite également les informations contenues dans les données de la Banque mondiale (2015), concernant la mesure de la rente minière. Nous estimons des effets séparés du conflit et de la rente minière. Le chapitre consiste alors à identi-fier les facteurs de déclenchement du conflit, afin de permettre à la RDC de prévenir le risque de conflit frontalier.

Les résultats montrent que les dotations en ressources minières en RDC augmentent les conflits frontaliers, si l'on suppose que les guerres en RDC proviennent de causes multiples tournant autour de quatre séries de facteurs : économiques, institutionnels, régionaux et géopo-litiques mondiaux. Ces facteurs sont intimement liés et ne peuvent être traités isolément pour la compréhension des causes des conflits, l’élaboration des stratégies de règlement des conflits ou le développement économique. C’est pourquoi, dans ce chapitre, nous analysons l’effet de la rente minière sur les conflits frontaliers dans les sociétés non démocratiques (en considérant le cas de la RDC et ses neufs pays voisins).

Même si les guerres en RDC ont été décrites comme étant des « guerres des ressources », les ressources naturelles ne sont pas la cause directe des conflits. Plutôt les difficultés de stabilisé les institutions politiques et de mettre en place un cadre réglementaire efficace pour la gestion de ressources naturelles qui a rendu le pays vulnérable aux conflits et l’a empêché de tirer pleinement avantage de ses ressources naturelles abondantes. En effet, les institutions ont joué un rôle fondamental dans l’origine et la perpétuation des conflits en RDC. Les institutions crées sous le régime colonial et après l’indépendance ont produit et perpétué des antagonismes au sujet du contrôle de l’État et des ressources naturelles, tout en semant les graines des conflits interrégionaux et interethniques (Nations Unies, 2015). Toutefois, il s’agit d’identifier ces élé-ments par rapport à l’implication de la réforme démocratique et aux évolutions des indicateurs macroéconomiques en RDC.

(36)

32

Chapitre 4. L’instabilité macroéconomique en RDC : une conséquence de l’abon-dance des ressources et de type de régime politique

Le quatrième chapitre montre l’effet de l’abondance des rentes de ressources et de type de régime politique sur l’instabilité macroéconomique de la RD Congo. Dans un premier temps, l’étude envisage une analyse de la situation économique en RDC à travers les indicateurs macroéconomique. Et comme le type de régime politique est susceptible de dépendre du con-texte régional, dans un second temps, nous comparons la RDC dans ses zones d’appartenances économiques africaines (CEEAC, SADC et COMESA).

Nous utilisons deux stratégies pour étudier l’effet causal du régime politique sur les indicateurs macroéconomiques comme soulignés par Acemoglu et al. (2005). La première stra-tégie consiste à contrôler les facteurs spécifiques à chaque pays qui affectent à la fois le revenu et la démocratie en incluant les effets fixes et aléatoires par pays. La seconde stratégie consiste à contourner le problème d’endogénéité relatif à cette approche, en utilisant une régression GMM en différence. Comme Przeworski et Limongi (1993), nous considérons que le contexte économique a une influence significative sur le développement des institutions et pourrait en-traîner la démocratie.

De manière plus globale, la récente reprise de la croissance en RDC est restée en grande partie « invisible » pour la majorité de la population congolaise. L’accélération de la croissance avec des niveaux de vie très faibles, continue à s’aggraver. Avec la dépendance du pays à l’égard des ressources minières, l’économie fait face à des difficultés structurelles, qui se sont aggravées avec les instabilités politiques. Il s’agit notamment la diversité économique, de la disponibilité et de la qualité des infrastructures, du chômage (en particulier chez les jeunes), de la dégradation de l’infrastructure sociale et de la prestation de services et de l’aug-mentation des écarts de revenus et de richesses. Toutefois, les résultats empiriques renseignent que dans plusieurs de ces pays de la zone d’appartenances économiques, la présence de grandes dotations en ressources naturelles a créée l’absence de démocratie. Ces résultats apportent un élément supplémentaire quant au rôle joué par le type de régime politique sur les indicateurs macroéconomiques. En ne prenant en compte que les pays des sous régions auxquelles la RDC fait partie, on constate que, quelle que soit la démocratie ou la dictature, les pays de la CEEAC ont tendance à créer de situation d’absence de démocratie car les politiciens évitent les réformes structurelles et à la place ils entretiennent des politiques d'attentisme afin de limiter les désac-cords avec la population et les autres partis politiques.

(37)

33

CHAPITRE I : RESSOURCES NATURELLES : UN DETERMINANT

(38)

34 Introduction

A partir des années 90, un constat largement partagé s’est formé selon lequel, la sta-bilité au pouvoir de Chefs d’Etat Africain constitue l’un des freins majeurs au développement des économies africaines (PNUD, 2004). Cette situation a des conséquences sur la réalisation de la plupart des droits économiques et sociaux (éducation, santé, logement, emploi rémunéra-teur, etc.). En effet, les pays africains riches en pétrole ou minerais ne consacrent qu’en moyenne 5,41% de leur PIB pour les dépenses de santé et 3,56% pour les dépenses publiques d’éducation (UNESCO, 2016). De plus, cette instabilité amène les Etats à consacrer une part conséquente de leur budget aux dépenses militaires, au détriment des dépenses servant à élever le niveau de développement (école, hôpitaux, transports...) (UNESCO, 2016, idem).

Dès lors, engagés depuis le début des années 90 dans un difficile processus de démo-cratisation, les Etats Africains connaissent de profondes mutations (des systèmes politiques et en particulier le phénomène de la conflictualité et de la violence qu’ils génèrent) qui se dérou-lent dans un contexte de crise sociopolitique plus ou moins grave. Néanmoins, nous assistons à une conflictualité dont les vecteurs explicatifs sont certes divers, mais « il n’en reste pas moins que sa cause principale est le pouvoir politique », notamment, son exercice, ses modes de légi-timation et de production du droit (PNUD, 2004).

Au demeurant, les ressources naturelles (ou/et les minerais en particulier) génèrent un flux futur de recettes (ou rentes) que le gouvernement ne peut s’approprier que s’il reste au pouvoir. Le gouvernement a donc un intérêt à formuler sa politique économique de façon à s’assurer l’appui des groupes de pressions et lobbies qui peuvent lui garantir le maintien au pouvoir. Le critère de choix des décideurs devient alors le profit politique au détriment de l’ef-ficience dynamique3, ce qui se traduit par un cadre de politique économique peu favorable à la croissance (Acemoglu et Robinson, 2001 ; Acemoglu et al. 2004).

3L'efficience économique est communément abordée en mettant en exergue trois types d’efficiences inhérentes à

la définition de ce que l'on appelle «le principe d'efficience économique». C'est trois types sont l'efficience allocative, l'efficience productive, et l'efficience dynamique. (Portuese, 2012)

L’efficience allocative est atteinte lorsque l’équilibre trouvé, en considérant les contraintes, est la meilleure alter-native sur le marché, c’est-à-dire que c’est l’alteralter-native minimisant les coûts de transactions entre acteurs et cor-rélativement maximisant le surplus social. Le surplus total se compose du surplus du consommateur (la différence entre la disposition à acheter et le prix réellement payé) et du surplus du producteur (la différence entre la dispo-sition à vendre et le prix de vente).

Références

Documents relatifs

En plus de cette formation, qui devrait preparer ceux qui participent et participeront aux programmes ERTS aux aspects pratiques de 1»interpretation des images, 1'AID etudiera

Figure 3 : Biosécurité externe des petits (EPfC et EPMC) et grands (EPFC) producteurs porcins Légende : EPfC : élevages porcins faiblement capitalisés, EPMC : élevages

A) Situation géographique des zones de santé de Pawa et wamba : B) Résultats RAPLOA dans les zones de santé de Pawa et Wamba C) Résultats REA dans les zones de

28. Uhe faible partie des exportations africaines des produits de base est couverte par un accord. Ski consequence, avant et pendant les negociations qui se derouleront lors de

[r]

Il a également, en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations unies, exigé aux États membres des Nations unies de s’assurer qu’aucun soutien direct ou indirect (notamment

Les associations congolaises de défense des droits humains, tout comme les mouvements citoyens de jeunes Congolais – particulièrement actifs en RDC, comme La Lucha ou

9 Il s’agit en occurrence des 7 droits précités: « la non-discrimination sexuelle en matière d’embauche, La législation spécifique portant sur le harcèlement sexuel sur le