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L'Autorité en littérature, Emmanuel Bouju (dir.), Presses Universitaires de Rennes, coll. "Interférences", série "Cahiers du Groupe Phi", 2010. Un vol. de 512 p.

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Texte intégral

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REVUE D’HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE

L’Autorité en littérature, Emmanuel Bouju (dir.), Presses Universitaires de Rennes, coll.

« Interférences », série « Cahiers du Groupe φ », 2010. Un vol. de 512 p.

L’ouvrage collectif dirigé par Emmanuel Bouju est l’aboutissement de la réflexion stimulante sur l’autorité littéraire menée par le Groupe φ (Groupe de recherche en poétique historique et comparée, Université de Rennes 2) depuis 2007. Il s’agissait, comme le précise l’avant-propos, de relever dans une perspective de théorie littéraire le défi lancé par Hannah Arendt dans La Crise de la culture : « En pratique aussi bien qu’en théorie, nous ne sommes plus en mesure de savoir ce que l’autorité est réellement » (p. 8). Les trente-six contributions, réparties en quatre grandes parties comportant elles-mêmes des sous-parties, abordent la question sous des angles très différents. Qu’y a-t-il de commun, en effet, entre l’autorité politique, religieuse, morale, sociale ou familiale (« la crise de l’autorité, susceptible de définir en elle-même et jusqu’à nos jours toute la période moderne », p. 8) et l’« autorité d’auteur », dite aussi « auctorialité » (p. 9), ou entre l’autorité légale, dont le terrain ultime de vérification est le judiciaire, et l’autorité énonciative ou narrative telle qu’elle apparaît à partir de l’examen des structures textuelles ? Cette diversité est revendiquée. Elle permet d’appréhender ce que chaque conception de l’autorité littéraire doit au programme de recherche, voire à l’individualité qui l’a produite. Mais l’ensemble manque un peu de lisibilité. Et pour la théorie littéraire (stricto sensu), les contributions présentent un intérêt inégal.

La première partie de l’ouvrage, « L’auteur sans autorité ? » est à la fois la plus intéressante et la plus problématique de ce point de vue. Elle est consacrée, selon les termes de l’avant-propos, à « la genèse de la crise de l’autorité d’auteur » et à « la promotion compensatoire de l’autorité narrative à laquelle elle conduit aux temps contemporains » (p. 10). Elle contient des articles bien informés et bien problématisés sur les XVIe et XVIIe siècles (Ariane Bayle sur l’imaginaire du livre chez Thomas Nashe, Guiomar Hautcœur sur les stratégies de légitimation de la lecture romanesque, Anne Régent-Susini sur Bossuet). Mais plus on se rapproche des « temps contemporains », plus les problématiques deviennent subtiles (« Il s’agit moins de distinguer l’autorité de l’auteur/du narrateur/du genre roman/du texte roman/dans le roman que de chercher comment, sans se recouvrir complètement elles s’engendrent mutuellement », p. 74). Plus le mélange entre les problèmes suscités par les œuvres littéraires et les problèmes ou les faux-problèmes créés par la théorie est sensible. L’article de Frances Fortier et Andrée Mercier sur l’autorité narrative, présenté par Emmanuel Bouju dans son avant-propos comme « un article central pour l’architecture du volume » (p. 11), innove peu par rapport aux conceptions que la narratologie, classique ou postclassique, nous a habitués à considérer comme naturelles, alors qu’elles sont éminemment historiques (et pourquoi les auteures, pourtant peu avares de références, ignorent-elles un ouvrage aussi important que The Implied Author : Concept and Controversy de Tom Kindt et Hans-Harald Müller [Berlin, De Gruyter, 2006] ?)

Les autres parties (« Figures autorisées et conflits d’autorité », « Politiques de l’autorité », « Gestes d’autorité : histoire, esthétique ») contiennent des essais critiques signés des meilleurs spécialistes (Sophie Rabau, Danielle Perrot-Corpet, Catherine Coquio, entre autres), un article de sociologie littéraire de Gisèle Sapiro, et beaucoup d’autres études de qualité portant sur des sujets variés, des prix littéraires à la pseudonymie, en passant par les « univers partagés ». La dernière sous-partie accueille aussi des contributions sur l’art, le cinéma, la musique, la photographie. Ces articles sont souvent plus intéressants en eux-mêmes que par ce qu’ils apportent à la clarification de la notion d’autorité littéraire. Mais il faut savoir gré à Emmanuel Bouju d’en avoir été l’incitateur. Signalons enfin la publication d’un entretien de Susan Rubin Suleiman avec Jean-Louis Jeannelle, précédé d’une présentation du même auteur sur l’autorité dans l’ensemble de l’œuvre de Susan Suleiman. Ils devraient suffire à éveiller la curiosité des lecteurs pour cet ouvrage.

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