J
OURNAL DE
T
HÉORIE DES
N
OMBRES DE
B
ORDEAUX
J
ILALI
A
SSIM
Analogues étales de la p-tour des corps de classes
Journal de Théorie des Nombres de Bordeaux, tome 15, n
o3 (2003),
p. 651-663.
<http://www.numdam.org/item?id=JTNB_2003__15_3_651_0>
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Analogues
étales de
la
des
corps
de classes
par JILALI ASSIM
RÉSUMÉ. Nous construisons un
analogue
"tordu" de la p-tour decorps de classes d’un corps de nombres
(p
un nombrepremier)
etétudions ses liens avec la théorie d’Iwasawa. Le résultat
principal
donne un critère du type Golod et Shafarevich pour que la tour
"tordue" soit infinie.
ABSTRACT. We construct a "twisted"
analog
of thep-class
fieldtower of a number field
(p
aprime
number)
andstudy
itsconnec-tion with Iwasawa
theory.
The main resultgives
a criterion for the "twisted" tower to be infinité in thestyle
of Golod andShafare-vich.
1. Introduction
Soit F un corps de
nombres,
d’anneau des entiersOF,
et soitCl F
legroupe des classes de F. On sait que
Cl F peut
être réalisé comme le groupede Galois d’une extension abélienne de F :
Gal (HF/F),
oùHF
est le corps de Hilbert de
F,
c’est-à-dire l’extension abélienne non ramifiéemaximale de F. On sait aussi
(théorème
de l’idéalprincipal)
queCl F
ca-pitule
en entier dans i. e. quel’homomorphisme
naturel induit parl’extension des idéaux de F à
HF
est nul. Unproblème qui
en découlena-turellement est l’étude de la finitude de la tour des corps de classes de
F,
F =
Fo
CFl
C ... c Fn C ... C F°° :=Un>o
Fn,
où,
pour tout n >1,
Fn est le corps de Hilbert de
Fn-1.
Ceproblème
a été résolu par Golod etShafarevich
([GS])
qui
ont montré l’existence de corps de nombres F pourlesquels
la tour des corps est infinie.Fixons maintenant un
nombre
premier
p etadoptons,
comme Golod etShafarevich,
lepoint
de vuep-adique. Supposons
(pour simplifier)
que Fcontient le groupe p2p des racines
2p-ièmes
de l’unité. SoitAF
lap-partie
du groupe desp-classes
de F. En théoried’Iwasawa,
on connait desanalogues
"tordus" deAF :
ce sont les modulesXoo(1)r , 1
E Z(pour
les définitionsde
Xoo,
r,...,
voir le début duparagraphe
2).
1)
Si i =0,
estconjecturalement
fini(conjecture
deGross)
et l’ona un
homomorphisme
canonique
AF
dont le noyau est contrôlégrâce
à la suite exacte de Sinnott([Si]
5 - 6,
voir aussi[J]).
Dans la théoriedu corps de classes
p-adique
de Jaulent(cf
[J]),
ce groupe estappelé
"groupe
des classes
logarithmiques"
car ilpeut
être contrôlé par une certainefonc-tion
logarithme p-adique
(le
logarithme
des valeurs absoluesp-adiques).
2)
Si i#
0,
il est bien connu(voir
e.g.[S])
quea)
pour i
>1,
n’est autre que le noyau sauvage étale de F([Ko],
[N2])
dont la finitude est bien connuegrâce
aux résultats de Borel sur lafinitude des groupes de K-théorie
algébrique
K2iOF.
Pour i =1,
la conjec-ture deQuillen-Lichtenbaum
étant vraie(cf
[T]),
estisomorphe
à lapartie
p-primaire
du noyau sauvage dansK2.
b)
pour i
-1,
estconjecturalement
fini(Greenberg,
Schnei-der,..)
et l’ondispose
de résultatspartiels, grâce
au"miroir",
sur lafini-tude de
X,,.(i)r (cf [S]
5 -9).
Pour i =-1,
la finitude de estéquivalente
à laconjecture
deLeopoldt.
Par
analogie
avec le corps declasses,
onpeut
alors se poser lesproblèmes
suivants :
i)
réaliser comme groupe de Galois d’une extension abélienne deF,
ii)
construire etétudier,
pour(i, p)
fixé,
l’analogue
dela p-tour
des corps de classes de F enremplaçant AF
par et ainsi de suiteinductive-ment.
Pour i
~
0,
on ne sait pas réaliser comme groupe de Galois d’uneextension abélienne de F.
Cependant,
en étendant suffisamment le corps debase,
Jaulent et Soriano([JS])
ont construit une extensioncanonique
de Foù
(Xoo )r
est le groupe de Galois d’une extension abélienne d’unétage
(bien
déterminé)
de laZp-extension
cyclotomique
de F. On va doncconstruire,
enimitant
[JS],
cequ’on
pourrait
appeler
la"(p,
i)-tour
des classes étales" de F(appellation
suggérée
parT.Nguyen
Quang
Do) :
Dans cetteterminologie
la tour "localementcyclotomique"
de[JS]
est la(p, o)-tour
des classes étales. Il est alors facile dedonner,
à l’aide de la théoried’Iwasawa,
des critères definitude et d’infinitude de la
"(p, i)-tour
des classes élales" . De tels critèresont
cependant
l’inconvénient de ne pas se lire directement sur le corps debase F. Le résultat
principal
de cet article donne un critère d’infinitude àla Golod-Shafarevich
(théorème 3)
de la"(p, i)-tour
des classes élales" . Ilserait
également
intéressant de donner un critère de finitude. Notons quenotre critère est
identique
à celui de[JS],
maisqu’il s’obtient,
peut
être,
plus
facilement
grâce
essentiellement à la trivialitécohomologique
des racines del’unité
(lemme
deTate).
L’idée des calculscohomologiques
remonte bien sûr à[GS].
2. Construction de la tour tordue Fixons d’abord
quelques
notations :p : un nombre
premier.
F : un corps de nombres contenant le groupe p2p des racines
2p-ièmes
del’unité.
r2 : le nombre de
places complexes
de F.FC : la
Zp-extension
cyclotomique
deF,
de groupe de Galois F crZp.
Loo
=Lo (F) :
lapro-p-extension
maximale deF~, décomposant
totalementtoutes les
places
de FI.L~ = L~ (F) :
l’extension abélienne maximale de FI contenue dansLoo.
Xoo
le groupe de Galois deL~ (F)
sur FI.Si A est un groupe abélien et m est un entier
positif,
notonsmA
le noyau de lamultiplication
par m etA/m le
conoyau.désignera
lapartie
p-primaire
de A et A* le dual dePontryagin
de A. Enfin si i EZ,
et G est ungroupe
opérant
sur A par(g, a)
eg(a)
pourtout g
E G et tout a EA,
etsur up., le G-module
A(z) (le
ième tordu à la Tate deA)
est défini commeétant le module A muni de la nouvelle action : où x est le caractère
cyclotomique.
Fixons maintenant un entier i > 1 et notons le noyau sauvage étale de F :
Rappelons
que c’est le noyau del’homomorphisme
de localisationoù pour tout v
p,
Fv
est lecomplété
de F en v(le
nombrepremier
p nefigure
donc pas dans lanotation).
Il est bien connu que(voir
e.g.[S])
etpeut
donc être vu commel’analogue
"tordu" du p-groupede
p-classes
deF,
et réalisé comme groupe de Galois d’une extension£oo =
£oo(F)
abélienne et totalementdécomposée
de Mais l’extension n’étant pastoujours abélienne,
lesarguments
ha-bituels de descente nepermettent
pas de réaliser7iétF
comme groupede Galois d’une extension de F. De
plus,
même si l’extension£oo(F) /F
était
abélienne,
le corps obtenudépendrait
du choix du relèvement d’ungénérateur topologique
de r. Pour remédier à cesinconvénients,
nous repre-nons la construction de[JS] (i
=0)
dans la situationqui
nous intéresse(i
>1) :
NotonsF
lecompositum
des corpsFq
oùF,y
est le sous-corps de laissé fixe par unrelèvement y
d’ungénérateur
topologique
de r.Proposition
1. L’extensionF
estgaloisienne
sur F(mais
pas abélienne engénéral).
Notons
également
lespropriétés
suivantes évidentes(mais utiles)
de F :Remarque
2.1. Pour toutrelèvement -y,
F7.Fc =
etF7
fl Fc =F,
F7
est alors uncomplément
de Fc dans F. Enparticulier
(Ê)c =
Remarque
2.2. Si F C E alors£oo(F)
C£oo(E).
Le groupe
s’injecte
dansGal (F/F)
mais ne lui est pasisomorphe
en
général.
En fait le noyau sauvage étale est le groupe de Galois del’ex-tension
F
sur un certainétage
Fno
de laZp-extension
cyclotomique
de F. Plusprécisément
Proposition
2. Si 2i0,
alors[F :
F]
2i1
et doncF
fl Fcpour un certain entier
no >
1.Preuve : Pour la
première affirmation,
il suffit de remarquer que pour toutrelèvement y, on a
[F7 : F] =
’Y 2i etF
contient strictementF7.
Pour la deuxièmeaffirmation,
remarquant
queF
c£oo(F)
et que[F :
F]
>[£oo (F) : Fc]
~,
on voit que F n Fc =Fno,
no >
1.Remarque
2.3. Dans[JS],
on donne une valeurplus précise
de l’entier node la
proposition
2 dans le cas i = 0 :pn°
estl’exposant
deRemarque
2.4. Notonspr l’exposant
p p de7iétF
2i >et,
> P pour tout n > _0,
CI’
n legroupe des
p-classes
deF (ppn).
Il est bien connu queG n
où
Gn -
et n =n(i)
est un entier bien déterminé etdépendant
de i : C’est leplus petit
entier(
r)
tel que~F(~pr )
:=divise i
(cf
e.g[NI]
5 -6,
où la preuve donnée dans le cas i = 1 segénéralise
facilement).
Le noyau sauvage étalepeut
donc être réalisé comme groupede Galois d’une extension
abélienne,
non ramifiée etp-décomposée
F’ de Onpourrait
ainsiprendre
pourF
l’extension enquestion.
Maispour des raisons de canonicité il est
préférable
de considérer laconstruc-tion ci-dessus
inspirée
de~JS~ .
Nous
procédons
maintenant à la construction de la(p, z)-tour
des classes étales de lafaçon
suivante(i
> 1fixé,
et nefigure
pas dans lanotation) :
F~o~
=F,
et pour tout m >0,
=F~~~.
Notons la réunion descorps
F(m),
m > 0. Si est dedegré fini,
nous dirons que la"(p, 1)-tour
des classes élales" est finie.
Sinon,
la tour est infinie.Dans les
paragraphes
qui
suivent,
nous examinerons différentespropriétés
de la
(p, i)-tour
des classes étales. Nous donnerons enparticulier
un critèred’infinitude à la Golod-Shafarevich en utilisant les
propriétés
fonctoriellesdu
K3
d’un corps de nombres.Remarque
2.5. Il est clair que la construction ci-dessus marche pour toutentier i E Z si l’on suppose la finitude
(conjecturale
pour i0)
du moduleTous les résultats que nous énoncerons aux
paragraphes
4 et 5 pouri > 1 sont d’ailleurs valables pour i
quelconque
(modulo
cettefinitude).
3.
(p, i)-tour
des classes étales et théorie d’IwasawaPour i fixé
(i
>1),
soit la(p, i)-tour
des classesétales,
et soit Gle groupe de Galois sur F de l’extension
Remarquant
que la finitude(resp. l’infinitude)
de la tour des corps estéquivalente
à celle des corps(F~,,,t~)~,
onpeut
donner unpremier
critère de finitude(resp. d’infinitude)
à l’aide de la théorie d’Iwasawa :
Proposition
3. i)
La(p, i)-tour
des classes élales estfinie
si etseulement si est
fini.
Enparticulier,
si la tour estfinie,
alors
X~
estfini.
ii)
La tour estinfinie
si et seulement siGai (Loo (F)/ FC)
estinfini.
Enparticudier,
si l’un des invariants d’Iwasazua attachés au moduleest non
nul,
alors la tour estinfinie.
Preuve : C’est évident.
Exemples :
1)
F =Q(pp)
i)
Si p estrégulier
(i. e
p ne divise pas le nombre de classes deF),
alors= 0 et la tour est finie.
ii)
Si p estirrégulier
(i.e
p divise le nombre de classes deF),
estinfini et la tour est infinie.
2)
SiX~
est finicyclique,
le théorème de Burnside montre queGai (Loo (F) / FC)
a un seulgénérateur,
doncLoo (F)
=Loo (F) ab
et la tour est finie.La
(p, i)-tour
des classes étales est d’autantplus
intéressantequ’elle
est étroitement liée à lapro-p-extension
non ramifiée totalementdécomposée
maximale de FC :Theorème 1.
1)
Si la(p, i) -tour
des classes étales de F estfinie,
alorsRemarque
3.1. Le théorème 1 montre que toutes les"(p, i)-tours
des classes étales" infinies de F coïncident et que si l’une des"(p, i)-tours
des classes étales" de F estfinie,
il en est de même de toutes les autres. On voit alorsque
(lorsque
F contient1t2p)
la finitude(ou l’infinitude)
de la"(p, i)-tour
desclasses étales" est
équivalente
à celle de la tour "localementcyclotomique"
(i
=0)
construite par Jaulent et Soriano dans[JS]
(Si
cette dernière estdéfinie,
i. e. si tous lesétages
de la tour localementcyclotomique
vérifientla
conjecture
deGross).
Remarque
3.2. La"(p, i)-tour
des classes étales" est finiesi,
et seulementsi,
il existe un entier m > 0 tel que = 0 ou, defaçon
équivalente,
1 - 2i
s’il existe un entier m > 0 pour
lequel
Xoo(F(m))
= 0.Remarque
3.3. Notons comme d’habitudeFn
le n-ièmeétage
de laZp-extension
cyclotomique
FI de F. Il est clair que la finitude(resp.
l’infini-tude)
de la tour desF(m)
estéquivalente
à celle desPreuve du théorème :
1)
et le fait que CLoo (F)
dans le cas d’unetour infinie sont évidents. Pour montrer l’inclusion
Loo(F)
dans2),
notons d’abord que contient
L~ (F) :
Lemme 1. Si la
(p, i)-tour
des classes étales d’un corps de nombres Fcontenant J-L2p est
infinie,
alorsL:(F)
CPreuve du lemme : La
proposition
2 montre que contient laZp-extension
cyclotomique
Fc de F. Pourchaque
étage
Fn
de laZp-extension
cyclotomique
deF,
il existe donc un entier m tel queFn
CF(y) .
Nousen déduisons que
£oo(Fn)
C CF(.),
soit CF(~) .
Reste à déterminer D’une
part,
il est clair que CLab F .
D’autrepart,
.00
( )
où pour
0, r n =
D’oùl’égalité
=Laboo(F)
et donc l’inclusionLaboo(F)
CF(,,,,).
-OID 00
Pour achever la preuve du théorème
1,
notons H le groupe de Galoissur Fc de
Loo(F),
et considérons la filtration(complète)
de H à l’aide des Frattini successifs :où pour
chaque
entier n>_
0,
=(Hn)P[Hn,
Hn~ .
SoitLn
le sous-corpsde
{ )
fixé parHn .
Le lemmeprécédent
montre queLi
C 00 C = Il existe alors un entier m tel queLI
Cet donc
L:(L1)
C Utilisant à nouveau le lemmeprécédent,
il vient
L2
CL:(L1)
C ainsi de suite inductivement pour toutn > 0. D’où l’inclusion
Lo (F)
=Un>oLn C
qui
achève la preuve duthéorème 1.
-Notons,
enfin,
le résultat suivant sur le rang du groupe de Galois sur Fde la
{p, i)-tour
des classes étales.Rappelons
que si G est un groupe detype
fini,
le p-rang deG,
noté dans toute la suite est la dimension duFp-espace
vectorielGab/p.
Proposition
4. Soit G le groupe de Galois sur F de la(p, i)-tour
desclasses étales de F. Alors
rgp(G)
= 1 + Ce rang nedépend
pas
de l’entier i.
Nous avons besoin du résultat bien connu suivant
(cf
e.g[JMi]]) :
Lemme 2. Pour tout i E
Z,
= enparti-culier,
nedépend
pas de l’entier i.Preuve du lemme : Fixons un entier i E Z. Soit d le p-rang de Nous avons
Soit y
ungénérateur topologique
de r. Comme F contient p2p,Preuve de la
proposition :
Si la tour estinfinie,
le résultat est uneconséquence
directe du lemmeprécédent
et du théorème 1. Si la tour estfinie,
considérons le sous-corpsLI
de fixé par où H =Gal(Loo(F)/ FC).
NotonsF le
compositum
des sous-corps deL1
fixés par unrelèvement d’un
générateur topologique
de r(c’est
la même constructionque pour le
corps Ê
de laproposition
1 saufqu’on remplace
£oo(F)
parL 1 ) .
Alors,
4. Sur la
capitulation
duKZ
d’un corps de nombresDans ce
paragraphe,
nous traitonsuniquement
le cas du noyau sauvage,i. e. le cas i = 1. Il existe
cependant
unanalogue
étale du théorème 2ci-dessous
(Voir
e.g[KM],
theorem1.2)
et tous les calculs segénéralisent
aunoyau sauvage étale. En
outre,
le p-rang du module nedépend
pasde i e Z
(lemme
2;
rappelons
que F contient cequi
sera suffisantpour la preuve du théorème 3.
Pour toute extension
E/F
de corps denombres,
de groupe de GaloisG,
notons
f :
K2F --~
(K2E)G
l’homomorphisme
de fonctorialité étudié dans[Ka].
Nousrappelons
dans le théorèmequi
suit certains résultats de[Ka]
qui
nous seront utiles pour la suite. Bien que les résultats de loc. cit. soientplus généraux,
nous nouslimitons,
pour nosbesoins,
aux extensions finiesde corps de nombres :
Theorème 2.
flKa] )
SoitE/F
une extensionfinie
de corps de nombresde groupe de Galois G. Alors
i)
ii)
Si,
deplus,
l’extensionE/F
n’est pasrarri2fiée
àl’infini :
iii) (Borel)
K3E
est un groupe abélien de rangfini,
En
plus,
K3E
vérifie
la descentegaloisienne
en tant queG-module,
i. e.(K3E)G
=K3F.
Grosso
modo,
K3E
estl’analogue
"tordu" du groupe des unités de E etest celui de la
partie p-primaire
du groupe desp-classes
de E. Si Lest la
pro-p-extension
non ramifiée maximale deF,
il est bien connu quela
p-partie
du groupe de classes de L est nulle : c’est uneconséquence
duthéorème de l’idéal
principal.
Nousdisposons
d’un résultatanalogue
pour lapartie
p-primaire
du noyau sauvage.Rappelons
que pour une extensionE de
F,
Wé E
2 = où la limite inductiveporte
sur toutes les sous-extensions finies K de F contenues dans E et leshomomorphismes
de liaison sont induits parl’application
fonctoriellef .
Proposition
5.Preuve :
Chaque
élément dené (F(,,,,,»
provient,
pardéfinition,
d’unLemme 3. Si K est un corps de
nombres,
tout élément decapi-tule dans la
p-extension
abéliennemaximale,
nonramifiée
etp-décomposée
d’une
p-extension cyclotomique
convenable de K.Preuve du lemme : On sait que
pour n » 0,
où
CI’ n
est le groupe desp-classes
deK(¡Jpn)
etGn =
Comme tout élément d’ordre
p-primaire
decapitule
dans le p-corpsdes
p-classes
de Hilbert deK(ppn )
(théorème
de l’idéalprincipal),
il en estde même de tout élément de
Pour finir la preuve de la
proposition
5,
remarquons que si lades classes étales est finie
(i. e.
s’il existe m > 0 tel queF(m»)
lenoyau sauvage étale de est nul par définition. Si la tour est
infinie,
la
proposition
est uneconséquence
immédiate du lemmeprécédent
et duthéorème 1.
Lorsque
la tour estfinie,
nous avons le résultat suivant sur lacohomologie
de
qui
sera utilisé dans la preuve du théorème 3 :Proposition
6. Soit F un corps de nombres contenant p2p telque la
(p,1
)-tour des classes étales soit
finie,
i. e E := est un corps denombres. Alors
,.-Preuve : Pour tout corps
K,
soit := Notonspn
l’ordrede
M(E)
et G le groupe de Galois de E sur F.Puisque
Xoo
est fini(car
notre tour
l’est),
onpeut
supposer,quitte
àgrimper quelques
étages
dansla
Zp-extension
cyclotomique
deF,
quei)
rn
:=opère
trivialement surXoo,
etii)
p’~
tueXoo.
Il est bien connu, en
effet,
que si M := ~E~ =E(¡Jpoo)
(en
fait M =Loo
dans ce
cas),
alorsHl (MIE, K3 M)
est contenu dans7ïét E,
donc est nul. La suite exactemontre alors que
Hl(E/F,
K3E) -
Hl(M/F,
K3M).
Supposons
alorsvéri-fiés
i)
etii).
D’unepart,
pour tout i > 1(Théorème 2).
D’autrepart
la nullité du noyau sauvage étale de EDans
(4.2),
le module estcohomologiquement
trivial. Eneffet,
l’extension :=F(J.tpn),
étantp-décomposée,
nous avonspour toute
place v
de F au-dessus de p et touteplace
w de Edivisant v,
Ew
= Pour tout i EZ,
nous avons alorsMais ce dernier groupe est nul
grâce
au lemme de Tate sur la trivialitécohomologique
des racines de l’unité pour l’action de(cf
[S]).
Quant
à la trivialitécohomologique
du G-modulep(Ew),
pourles
places v
ne divisant pas p, elle résultesimplement
du fait que l’extensionE/F
n’est pas ramifiée en cesplaces.
Nous déduisons alors de(4.1)
et(4.2)
que :
Ainsi,
pour i =1,
(dualité
pour lacohomologie
des groupesfinis).
Pour finir la preuve, la suite
spectrale
de Hoschchild-Serre et la trivialitéco-homologique
de pour l’action deGn
:=Gal(F(p,pn)/F)
donnentl’isomorphisme
où H =
Gad(E/Fn).
Commeet comme :=
Gal(FC / Fn)
opère
trivialement sur(hypothèse i)),
nous obtenons ,soit
(hypothèse
ii)) ;
d’où1).
Pour
2),
H-1(G, ~u(E)),
lequel
est unquotient
dep(E)
donccyclique.
5. Critère d’infinitude à la Golod-Shafarevich
Le p-rang d’un groupe abélien A de
type
fini,
noté dans toute la suiteTheorème 3. Soit F un corps de nombres contenant tel que
Alors la
(p,i)-tour
des classes étales de F estinfinie.
Corollaire 1. Sous les
hypothèses
du théorème3,
estin-fini.
Remarque
5.1. Le lemme 2 montre que le p-rang du module nedépend
pas de l’entier i E Z. Le théorème 3peut
alors être énoncé(mo-dulo la finitude de pour toutes les
(p, i)-tours
de classes étales(i
EZ).
On a aussi vu que toutes les(p, i)-tours
infinies coïncident. Notrecritère est donc
identique
à celui de Jaulent et Soriano([JS]
th12)
surl’in-finitude de la tour "localement
cyclotomique"
(i
=0).
Nous verrons dans la preuve que le "twist" sesimplifie
parrapport
au cas i = 0grâce
essentielle-ment aux deux constatations suivantes(déjà
utilisées dans la preuve de laproposition
6) :
i)
L’action deGaI (Loo/ FC)
sur les racines de l’unité esttriviale,
d’où lapossibilité
de faire sortir le "twist".ii)
La descente(ou
laco-descente)
se fait biengrâce
au lemme de Tate surla trivialité
cohomologique
deQp/Zp(i),
i~
0,
pour l’action dePreuve du théorème :
Supposons
que sous leshypothèses
duthéorème,
la tour est finie. Notons G le groupe de Galois de E :=
sur
F,
d :=Z/p)
le nombre minimal degénérateurs
de G etr :=
rgpH2(G,
Z/p)
le nombre de relations. Alors(cf
e.g[R]
theorem10) :
(inégalité
deGolod-Shafarevich).
Soitpn
l’ordre du G-modulep(E) =
ppn(E).
Puisque
notre tour estfinie,
onpeut
supposer, comme dans lapreuve de la
proposition 6,
quer~
:=opère
trivialementsur
Xoo,
et quee
tueXoo.
Les suites exactes de G-modulesdonnent par
cohomologie
les suites exactesrespectives
et
D’où
La clef de la preuve va être le calcul de chacun des p-rangs dans le membre
de droite de cette dernière
inégalité.
Nous avons, -et- -, . -. -..
-(ii)
H-2(G, ~Cpn (E)) _
(preuve
de laproposition
6).
En
plus,
d =(proposition
4).
D’où(E))
= d-1.(iii)
Pour nous utilisons encore une fois la suite exacte(4.2),
la trivialitécohomologique
de théorème 222~ :
1 1. 1 1 Il i , , -, i ,. - , ,
Utilisant alors le théorème 2
iii),
il vient :Regroupant
tout cequi
précède,
nous avonsc~ /4
r( 1 +r2 ) ~- (d -1 ) + 1,
soit
d2/4 -
d -(1
+r2)
0 ou encore d 2 +2~/r2 + 2.
Nous obtenonsfinalement,
compte
tenu de laproposition
4,
l’inégalité
rgpliét(F)
1 +2 r2 + 2, qui
contredit leshypothèses
du théorème.Exemple :
Prenons p =3,
F =Q( 3)
et considérons une extensioncyclique
E deF,
dedegré
3 danslaquelle
9 idéauxpremiers
(au moins)
sont ramifiés. La formule des genres pour le noyau sauvage étale
(cf
[KM]
theorem2.11)
montre quesoit 6. Le théorème ci-dessus montre alors que la tour des corps
E(m)
est infinie(6 >
1 +2 r2(E)
+ 2 = 1 +2v’5).
Remerciements. Je tiens à remercier
T.Nguyen
Quang
Doqui
a attiré mon attention sur l’article[JS]
et dont les nombreux conseils m’ontpermis
de mener à bien ce travail.
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Jilali ASSIM
Département de Mathématiques et Informatique
Université Moulay Ismail B.P 4010 Bni M’hamed
Meknès, Maroc