A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
J EAN M OULIN -O LLAGNIER
Théorème ergodique presque sous-additif et convergence en moyenne de l’information
Annales de l’I. H. P., section B, tome 19, n
o3 (1983), p. 257-266
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Théorème ergodique presque sous-additif
et convergence
enmoyenne de l’information
Jean MOULIN-OLLAGNIER
Departement de Mathematiques, Universite Paris-Nord,
Avenue J. B. Clement, 93430 Villetaneuse Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. XIX, n° 3-1983, p. 257-266.
Section B : Calcul des Probabilités et Statistique.
ABSTRACT. - We
give
there theproof
of a newergodic theorem,
thatwe called almost subadditive
ergodic
theorem. That allows a newproof
of the result of Kieffer about the
generalization
of Shannon-McMillan’s theorem to the action of an amenable group on aprobability
space.Our
proof
is verysimple :
weonly
use Holder’sinequality
and the sub- additiveergodic
theorem.RESUME. - Nous
presentons
ici un nouveau theoremeergodique qui
permet la demonstration elementaire du theoreme de Shannon et McMillan pour l’action d’un groupe
moyennable
de transformations d’un espaceprobabilise.
Le domaine des theoremes
ergodiques
connait en ce moment desprogres significatifs
avec lageneralisation
multidimensionnelle du theoreme deKingman
par M.Ackoglu
et U.Krengel
ou 1’etude des theoremes ergo-diques
sous-additifs dansL2
par Y. Derriennic et U.Krengel,
pour ne citer que des travaux très recents.Le
probleme
de lageneralisation
du theoreme de Shannon et McMillana ete etudie par J.
Fritz,
J. P.Thouvenot,
Y. Katznelson et B.Weiss,
etNguyen
Xuan Xahn.J. C. Kieffer a donne la solution
complete
dans son article de 1975. Maisce travail est relativement
long :
Kieffer y utilise notamment la convergence presque sure de l’information conditionnelle.Annales de l’lnstitut Henri Poincaré-Section B-Vol. XIX, 0020-2347/1983 257 5 5.00
~ Gauthier-Villars
258 J. MOULIN-OLLAGNIER
Notre demonstration est bien
plus simple ;
mis a part le theoremeergodique
presquesous-additif,
elle ne repose que surFinegalite
de Holder.Nous obtenons dans la derniere
partie
la convergence en normeLi de
l’information conditionnelle moyenne.
I.
RAPPELS, DEFINITIONS,
ENONCE
DURESULTAT
PRINCIPALSysteme dynamique :
nousappelons
icisysteme dynamique
un espaceprobabilise (X, ~, /l)
surlequel agit
un groupe G par des transformations bimesurablespreservant
la mesure.Partition : une
partition
P est un ensemble fini ou denombrable d’ele- ments de mesure non nulle de la tribuA,
deux a deuxdisjoints
etde reunion
X,
aux ensembles de mesure nullepres.
Si A est unepartie
finie du groupe
G,
la bornesuperieure
despartitions images reciproques
de lapartition
P par les transformationsTg, où g
decritA,
est notee
PA.
Information : l’information
I(Q)
relative a lapartition Q
est la fonctionmesurable
positive
definie parOn
appelle entropie
de lapartition Q
et on noteH(Q) l’intégrale
deI(Q).
Dans la
suite,
on fixe unepartition
Pd’entropie
finie et on noteIA
lafonction
I(PA) ; d’après
la sous-additivité del’entropie,
la fonctionposi-
tive
IA
estintégrable
pour toutepartie
finie A de G.Nous établissons dans ce travail le résultat suivant :
THEOREME. Si le groupe G de
transformations
del’espace
estmoyennable
et
infini, l’information moyenne A 1-1 IA
relative a unepartition f’cxee P, d’entropie finie,
converge en normeLl
selon lefiltre
moyennant vers un element invariant deLi(X, A, p) ;
cette limite est la borneinférieure
desespérances conditionnelles A 1- 1 .
par rapport a la sous-tribu Y des événelnents invariants.Demonstration. La preuve de ce résultat repose sur le théorème ergo-
dique
presque sous-additif(théorème 2)
que nous établissons dans la troisièmepartie.
Des troishypotheses
de cethéorème,
seule la presqueAnnales de l’Institut Henri Poincaré-Section B
THEOREME ERGODIQUE PRESQUE SOUS-ADDITIF 259
sous-additivité n’est pas
immediate ;
nous consacrons la deuxièmepartie
à sa demonstration
(théorème 1).
Les lecteurs familiers des suites de Følner et
qui
serontpeut-être
étonnéspar l’utilisation du filtre
moyennant
et des fonctions de défaut d’invariance trouveront lesrappels
nécessaires enquelques lignes
au début de la troi- sièmepartie.
II.
PRESQUE SOUS-ADDITIVITÉ
DE L’INFORMATIONLe résultat de cette deuxième
partie
est le théorème suivant.THEOREME l. Soit
(X, A,
/1,G)
unsystème dynamique
et P unepartition d’entropie finie
de X.Alors,
pour toutepartie finie
non vide A de G et toutedecomposition
acoefficients positifs
de l’indicatrice deA, 1 A
= oules
parties Ai
ne sontégalement
pasvides,
on a lamajoration
ce
qui
contrôle ledéfaut
de sous-additivité del’information.
Comme nous l’avons dit
plus haut,
lapartie
P est fixée et nous la sous- entendons dans la notationIA
=I(PA).
Demonstration. - La difference
IA -
est constante surchaque
atome de la
partition PA
et l’on aou
A;(a) designe
l’atome de lapartition PAt qui
contient a.Lorsqu’un
reel x estsuperieur
ouegal
a1,
onpeut majorer
sonloga-
rithme par x, ce
qui permet
lamajoration
de lapartie positive
de la diffe-rence étudiée.
ou la somme est etendue au sous-ensemble
p~
des atomes dePA
pourVol. XIX, n° 3-1983.
260 J. MOULIN-OLLAGNIER
lesquels
lelogarithme
estpositif
ou nul. On obtientalors,
enintegrant
et en
ajoutant
des termespositifs,
lamajoration
ou la somme
porte
sans restriction sur tous les atomes dePA.
Il reste donc a
etablir,
pour toutepartie
finie A de G et toutedecompo-
sition a coefficients
positifs lA
=majoration
par 1 del’expression
ce que nous demontrons par recurrence sur le cardinal de la
partie
A.Le resultat est clairement vrai
lorsque
A est reduit a unpoint.
Nousdistinguons
alors unpoint
g de A et notons B lecomplementaire de {g }
dans A. En
regroupant
les atomes dePA
contenus dans lememe
atome dePB,
la sommeprécédente
s’ecritLa somme des
coefficients
desparties A~ contenant g
estegale
a 1et l’on peut
appliquer 1’inegalite
de Holder pourmajorer
les crochetsLa reunion des
A~{a),
ofB(a)
=b,
n’est rien d’autre que ofB~
estla
partie B n A j
de B."B"’
n
On
majore
ainsil’expression initiale ~
para~PA i
ou les
Bi
=Ain
B verifient1B
=La derniere
expression
est inferieure ouegale
a1,
parhypothese
derecurrence,
d’ou le resultat annonce.Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section B
THEOREME ERGODIQUE PRESQUE SOUS-ADDITIF 261
III.
THEOREME ERGODIQUE PRESQUE
SOUS-ADDITIFRappelons d’abord,
sansdemonstration, quelques
resultats sur le filtremoyennant
d’un groupemoyennable ;
on pourra trouver desdéveloppe-
ments de ce
sujet
parexemple
dans(6).
a)
Soit G un groupe etff(G)
l’ensemble de sesparties
finies.Etant
donnée une
partie
finie D deG,
ondésigne
par mD la fonction reelle surff(G)
definie parOn note
e)
l’ensemble desparties
finies non vides de G telles queI A I
soit inferieur a e.Lorsque
le groupe G estmoyennable,
et c’est la la substance du resultat deF0lner,
tous les ensemblese)
sont nonvides ;
ils constituent alors une base d’unfiltre,
que l’onappelle moyennant
et que l’on note ~ dans la suite.b)
Pour unepartie
finie B deG,
ondesigne
parOB
la fonction sur~ (G)
ainsi definie
La limite selon le filtre
moyennant
durapport OB(A)/ ~ I A I
est nulle.c)
Pour toutepartie
finie K deG,
la limite selon le filtremoyennant
durapport |KA| 1/1 A I
estégale
à 1..’
d)
Si le groupemoyennable
G estinfini,
le cardinal tend vers l’infiniselon le filtre moyennant.
Nous pouvons main tenant énoncer le théorème
ergodique
presque sous-additif.THEOREME 2. Soit p,
G)
unsystème dynamique
oic le groupe G detransformations
bimesurablespréservant
la mesure estmoyennable
etinfini.
On considère unefamille
d’éléments deL1(X, ,u)
indexéepar les
parties finies
du groupe Gvérifiant
les troishypotheses
suivantes :i)
covariance : pour toutepartie finie
A de G et tout element g du groupe,on a
Tg
=TAg
ouTg
est latransformation correspondant
a g.ii)
presque sous-additivité : il existe une constanteC, positive
ounulle,
telle que, pour toute
decomposition
acoefficients positifs
de toute indicatrice departie finie, 1 A
= on aitiii)
borneinférieure :
la borneinférieure
K sur toutes lesparties finies
non vides du rapport
I A est finie.
Vol. XIX, n° 3-1983.
262 J. MOULIN-OLLAGNIER
Alors,
la moyenneI A I
converge en norme selon lefiltre
moyennant ; lalimite f est
unefonction
invariante sous l’action du groupe G et c’est la borneinférieure
desespérances conditionnelles I A -1.
par rapport a la sous-tribu J des événements invariants.Faisons une remarque avant de passer a la demonstration du theoreme.
Le resultat de convergence reste vrai
(il
devient memetrivial) lorsque
legroupe est
fini,
mais il est facile de construire desexemples
ou la limite n’est pas la borne inferieure desesperances
conditionnelles.Demonstration du théorème.
a)
Montrons d’abord que les moyennes deviennentasymptotiquement
inferieures auxesperances conditionnelles ;
de manière
precise,
si nous fixons unepartie
finieB,
lapartie positive
de la difference
A(A, B)
=fAI E(fB ( ~)/ ~ I B I
tend vers 0 en normeselon le filtre
moyennant.
Considerons,
eneffet,
ladecomposition
a coefficientspositifs
En
appliquant 1’inegalite
de presque sous-additivite aux elementscorrespondants
de lafamille,
il vientEn
separant
leselements g
tels queBg
soit contenu dans A et en utilisantla covariance de la
famille,
nous obtenons lamajoration
Les trois termes du deuxieme membre tendent vers 0 selon le filtre moyennant :
i)
le rapportC/ A I
tend vers 0puisque
le groupemoyennable
G estinfini.
ii)
le deuxieme terme tend vers 0 selon c’estl’application
du théorèmeergodique
en moyenne a lafonction fBI B ].
iii) puisque
lesparties
de B sont en nombrefini,
et la mesure J1invariante,
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section B
THEOREME ERGODIQUE PRESQUE SOUS-ADDITIF 263
il existe une borne commune
r~(B)
aux normes(
cequi permet
demajorer
le troisieme terme par .d’ou la nullite de la limite.
b) Puisque l’espace L 1
estcomplet,
ilsuffit,
pour etablir la convergence selon N des fonctions de vérifier le critere deCauchy.
Soit donc 8 un reel
positif
et B unepartie
finie de G telle queI
soit inférieur a
8/6.
’ .En
appliquant
le resultat deFetape a),
onpeut
trouver unepartie
finie Det un reel
positif 03B4
tels queB)+)
soit inférieur as/6
des que A appar- tient aJtt(D, ~)..
,On a alors la
majoration
del’intégrale
deI
D’ou la minoration de
1’integrale
deA(A, B)
L’integrale
de lapartie negative
deA(A, B)
est doncmajorce
parEI3
etla norme
Li
1 deA(A, B)
par~/2.
Donc, lorsque
les deuxparties
finiesAi
etA2 appartiennent
a5),
on a
et le critere de
Cauchy
est ainsi vérifié.c)
De l’invariance a droite des~~(D, ~),
on deduit immediatement que la limitef est
une fonction invariante.En
passant
a lalimite,
il resulte de1’etape a)
quef est
inferieure ouegale
a toutes les
esperances
conditionnellesE( fA
L’espérance
conditionnelle est unoperateur
contractant deL 1 ; f est
donc la limite selon le filtre ~C et la borne inferieure sur l’ensemble de toutes les
parties
finies non vides desE(fA A .
IV. CONVERGENCE EN MOYENNE DE L’INFORMATION CONDITIONNELLE
Dans
l’espace probabilise (X, .91, ,u),
onappelle
information condition- nelle de lapartition
P parrapport
a la sous-tribu B deA,
la fonction mesurablepositive
definie par _Vol. XIX, n° 3-1983.
264 J. MOULIN-OLLAGNIER
. ou
E(1J designe Fesperance
conditionnelle de la fonctionintegrable la
par rapport a la sous-tribu E3
(la
notation de laprobability
est sous-entendue).
Si
l’entropie
de lapartition
P estfinie,
l’information conditionnelle de P parrapport
an’importe quelle
sous-tribu de s~ estintegrable
carson
intégrale
estmajoree
parl’entropie
de P.Nous considerons maintenant l’action d’un groupe
moyennable
G surl’espace probabilise (X, j~, /l)
par des transformations bimesurablespréservant
et nous fixons unepartition d’entropie
finie P.On
appelle
information conditionnelle relative a lapartie
finie A eton note
IA
la fonctionpositive integrable IA
=I(PA
ouPA
est laborne
superieure
despartitions Tg 1(P),
ou g decrit lapartie
A etPA‘
estla tribu
engendree
par lesimages reciproques Tg- 1 (P),
où g décrit lapartie complementaire
de A dans G.Nous montrons dans cette
quatrieme partie
la convergence en normeL1
selon le filtre moyennant de la
moyenne A ~ -1 . 1~.
Nous etablissons pour cela une condition de presque sur-additivite
sur la famille de fonctions condition
plus
faible que lasymetrique
dela condition de presque sous-additivite
ii),
du theoremeergodique.
PROPOSITION 1.
La famille ( IA) vérifie
lacondition
de presque sur- additivité suivante : pour toutedecomposition
acoefficients positifs
de touteindicatrice
1 A
=~~~i .
lapartie negative
de ladifference IA - IAt
aune
intégrale majorée
par la somme descoefficients
de ladecomposition.
Demonstration. - Si R et S sont deux
partitions d’entropie
finie etgg une sous-tribu de
j~,
on vérifiesimplement
la formule d’accroissementEn
appliquant
cette formule a on obtientIl vient alors
ou lii est le
quotient
deii
par le nombre(X/~ 2014 1) qui
est strictementpositif,
a moins que la
decomposition
de1 A
ne soittriviale, auquel
cas le resultatest immediat.
On remarque que
1 A - Ai
est unedecomposition
a coefficientspositifs
de
lA
et que le theoreme 1 demeure vrailorsque
l’on conditionne par rapport a une meme sous-tribu(ici
Annales de l’lnstitut Henri Poincaré-Section B
THÉORÈME ERGODIQUE PRESQUE SOUS-ADDITIF 265
D’ou le resultat annonce
Nous
appelons ff)
cette condition de sous-additivite enpermettant
une constante C en facteur devant la somme des coefficients.
La famille
( - IA)
d’elements deL1(X, .91, J1)
vérifie leshypotheses i)
et
iii)
du theoreme 2 mais la condition de presque sous-additiviteff)
estplus
faible que la conditionii)
du theoreme. Ces conditions sont néan- moins suffisantes pour etablir la convergence en moyenne selon le filtremoyennant.
Ceci faitl’objet
du theoreme suivant.THEOREME 3
(théorème ergodique
presquesous-additf bis).
- Soit( fA)
une
famille
indexée par lesparties finies
de G d’éléments deA, ,u) satisfaisant
les conditions de covariancei)
et de borneinférieure iii)
du théo-rème 2 ainsi
que la
condition de presque sous-additivitéii’)
citéeplus
haut.Alors A ~-1. fA
converge en normeL1
selon lefiltre
moyennant vers un element invariant.Demonstration. - Ce résultat étant
essentiellement
un raffinement du theoremeergodique
presquesous-additif,
nous nous contenterons d’un schema de demonstrationindiquant
les modifications que doivent subir les diversarguments.
a) La
limitesupérieure
selon A de~((JA~.~A2014 B ~ 1. E( fB ~ ~) + )
est inférieure ou
egale
aC. I B 1- 1
au lieu d’etre nulle.Le
C. I A 1- 1
de lamajoration
doit en effet etreremplace
parC. I A 1- 1. I B ’~. {~B~r~A ~ 0}! (
dont la limite estC. I B B- 1.
b)
On choisit B telle que,u( ~ B ~ 1- 1 . fB)
soit inferieur a K +s/10
etC/ I B 1
inférieur a
8/10.
Le theoreme
ergodique
en moyennepermet
de trouver(D, ð)
tel que si Aappartient
a(D, 5),
on aitLa mesure de la
partie negative
de la differenceprecedente
est alorsmajorée
par38/10
et donc sa valeur absolue par58/10.
On vérifie ainsi le critere de
Cauchy.
c)
La limitef est
invariante mais on nepeut plus affirmer,
comme dans le théorème2, qu’elle
soit la borne inferieure desesperances
condi-tionnelles des moyennes.
Vol. XIX, n° 3-1983.
266 J. MOULIN-OLLAGNIER
BIBLIOGRAPHIE
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Zeit. für Wahr., t. 24, 1972, p. 135-137.
(Manuscrit reçu le 1er juillet 1982)
Annales de l’lnstitut Henri Poincaré-Section B