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2002-11 135

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Academic year: 2021

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135 Trimestriel 2002-11

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LA SOLITUDE DE L'AVANT-GARDE

En date du 7 avril, le journal «LE MONDE» publiait un sondage révélateur sur l'indécision des électeurs face au premier tour de l'élec¬ tion présidentielle. Sur 23 critères de choix, le thème de l'insécurité caracolait en tête avec 72 % de citations, alors que la lanterne rouge était tenue par la politique culturelle avec 9 %. A la question, quels critères influen¬ ceront leur choix de candidat? A nouveau, c'était l'insécurité avec 49 % qui restait en tête, et la culture en queue avec 3 %... Prophétique, n'est-ce pas? Au soir du scrutin, le gros balèze fort en gueule propulsé sur le devant de la scène, en fut la démonstration. Il pouvait asséner ses vérités premières et citer au passage la Suisse en exemple: pour son repli sur soi, pour sa méfiance envers l'Europe, pour sa politique restrictive face aux immi¬ grés et aux sans-papiers. Et cet antisémite proclamait, goguenard face aux journalistes israéliens, son admiration pour Sharon. Ces deux vieillards va-t-en-guerre ont un vécu pro¬ che : de la kasbah d'Alger à celle de Naplouse,

c'est kif-kif ! Et Sharon ne fait-il pas l'unité de son peuple, ashkénazes et sépharades, laïcs et ultra-orthodoxes, juifs fallachas, yéménites ou russes, unis dans un même élan : terreur contre terreur, haine contre haine, peur contre peur? Alors, la culture dans tout cela ?

Face aux certitudes obtuses, la culture ne fait que brandir un miroir dérisoire: elle ne peut que répondre par un questionnement. Ques¬ tionnement dérangeant, importun parfois, important toujours. Les artistes sont le reflet de notre société, avec souvent une longueur d'avance. Le travail mené dix ans durant par FRI-ART et Michel Ritter avec rigueur et sans complaisance, a élargi le champ de vision d'un public restreint mais fervent. La promotion de Michel à la tête du Centre culturel suisse de Paris vient couronner un effort soutenu dans la précarité et un climat ingrat. Nous lui don¬ nons la parole en hommage mérité et pour que FRI-ART dure et perdure.

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F RI-ART: UNE AVENTURE

Fri-Art 81 Roman Signer Sablier sur 4 étages

Fri-Art est une belle et passionnante aventure que j'ai vécue à Fribourg avec quelques ami(e)s. Tout a commencé par Fri-Art 81.

A la fin des années 70, après avoir dirigé la Galerie RB avec Bruno Baeriswyl pendant plus de 6 ans, je suis parti à New York pour un séjour d'études, qu'une bourse de deux mille francs du canton de Fribourg a rendu possible. C'est là qu'a germé l'idée de «Fri-Art 81». Dès mon retour, j'ai fait part de ce projet à quelques ami(e)s. Geneviève Renevey, Jean- Claude Charrez, Charles Descloux, Michel Gremaud, Hans-Christoph von Imhoff, Paul Jacquat, Jean Pythoud, Jacques Schouwey, Jacques Sidler et Walter Tschopp formèrent avec moi une équipe enthousiaste pour sa réalisation.

C'est ainsi que, né du vide en 1979, Fri-Art pro¬ pose, pour la commémoration du 500s anni¬ versaire de l'entrée de Fribourg dans la Confé¬ dération, un ambitieux projet: «Fri-Art 81», une exposition d'art contemporain présentant

pour la première fois en Suisse des travaux réalisés «in situ». Plus de soixante artistes suisses et étrangers participèrent à cette manifestation, réalisée dans l'enceinte de l'ancien séminaire diocésain. Elle connut un grand succès, répercuté bien au-delà de nos frontières.

Il s'est révélé, lors de «Fri-Art 81», que la majorité du public fribourgeois découvrait pour la première fois l'art de son époque. Dès 1982, nous déposons un projet pour la création d'un centre d'art contemporain permanent à Fribourg auprès des autorités cantonales et communales. Fri-Art poursuit alors ses activi¬ tés dans une vitrine du centre ville. Ce lieu atypique permettait de rendre l'art contempo¬ rain accessible à un large public, étant donné que les œuvres étaient visibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. A ce moment-là, Martha Wilson, directrice de Franklin Furnace, où j'avais réalisé une exposi¬ tion personnelle lors de mon séjour à New York, nous invita à organiser une exposition d'artistes

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Fri-Art 81 Josef Felix Müller 3 Nächte 3 Bilder Les 3 toiles furent sai¬ sies et firent l'objet d'un procès qui aboutit au tribunal des droits de l'homme à Strasbourg.

suisses. A deux, avec Paul Jacquat, nous avons préparé cet important projet. «Fri-Art made in Switzerland» explosa dans la ville et investit cinq hauts lieux de la création new yorkaise: Franklin Furnace, The Clocktower, The Kitchen, La Marna Etc. et The Collective for Living Cinema, et pendant plus d'un mois, Fri-Art fut très présent dans la «grande pomme». Ce fut une expérience inoubliable.

senter les travaux de plus de 250 artistes. Bien que le bâtiment convienne parfaitement à ses activités, Fri-Art attend toujours la fin des rénovations promises par la ville et des bureaux plus fonctionnels. Cependant, pour un rayonnement plus large auprès du public fribourgeois, il se trouve un peu en «périphé¬ rie» et un lieu tel que l'ancienne gare de Fribourg serait idéal.

En novembre 1990, après des années de lutte et de persévérance, et bénéficiant en dernière instance d'un soutien populaire, l'Association Fri-Art, regroupant quelques artistes et ama¬ teurs d'art de la région, inaugure le Centre d'Art Contemporain aux Petites-Rames 22, dans les anciens locaux de l'asile de nuit mis à disposition par la ville de Fribourg. Grâce au soutien financier des pouvoirs publics (2h du budget) et de sponsors privés et donateurs, nous avons pu réaliser 59 expositions et pré-

Après avoir assuré la programmation artisti¬ que des projets de Fri-Art, j'ai été nommé à la direction du centre d'art contemporain. J'en ai assumé la programmation artistique et la direction administrative dès ses débuts. Mais il est certain qu'une telle institution ne pour¬ rait exister sans l'appui d'une équipe. J'ai été épaulé durant toutes ces années par Eliane Laubscher, le graphiste René Walker, le comité, l'Association Fri-Art et son président Philippe Guex, l'Association des Ami(e)s et son prési-

Fri-Art made in Switzerland, New-York, 1985 Meret Oppenheim au Clocktower Vitrine Fri-Art Montage de l'exposition Herzog & de Meuron, 1993

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dent Jean-Baptiste de Weck et la Fondation Fri-Art, présidée par Michel Pfulg. C'est avec l'aide assidue de nombreuses personnes béné¬ voles, de commerçants, d'entreprises et de services publics communaux et cantonaux que je suis parvenu à réaliser le programme de Fri-Art. Je les en remercie.

Je tiens à remercier tout particulièrement M. Jean-Pierre Paillard à qui je dois énormément. Si j'ai pu présenter à Fribourg, dès leur appa¬ rition, des travaux vidéo, c'est grâce à lui. Et il aide, depuis des années, de nombreux artistes et institutions culturelles fribourgeoises à concrétiser leurs projets dans le domaine de la vidéo et du son.

Parmi les diverses «tracasseries» politico-finan- cières subies durant ces nombreuses années, certains signes font oublier le pire. Par exemple, cette personne anonyme qui, depuis bientôt

quatre ans, nous fait parvenir régulièrement des dons de cinq à dix francs. Dix à quinze fois par an, des «petits messages» de soutien et d'en¬ couragement, essentiels pour notre survie morale. Je tiens à remercier chaleureuse¬ ment cette personne que je ne connais pas. A Fribourg, j'ai côtoyé des personnalités très intéressantes du monde de l'art: Gabrielle Gawrysiak, Bruno Baeriswyl, Jacques Schouwey, Christoph Bauer, Beda Hefti, Gérard Bourgarel, Klaus Hersche, Jean- Christophe Aeby, Max Jendly, Jacques Sidler, Olivier Suter, Jürg Stenzl, Franz Treichler, Jacques Thévoz, Jean Pythoud, Jean Tinguely, Eliane Laubscher, Emile Angeloz et bien d'au¬ tres. Si Fribourg a «bougé» et continue de «bouger», c'est grâce à elles.

Mais, dans toute cette aventure il y a la «cerise sur le gâteau», la rencontre avec les artistes.

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Imaginez tous ces travaux artistiques comme des fenêtres qui s'ouvrent sur des paysages chaque fois différents et nous font découvrir le «monde» qui nous entoure. Les créateurs et gardiens de ces «espaces» nous invitent à les visiter en leur compagnie. Ils nous guident et nous signalent les détails que nous aurions de la peine à découvrir par nous-même. J'ai absolument besoin de cette «nourriture de l'esprit» pour vivre.

Je remets la direction de Fri-Art entre les mains de Sarah Zürcher, choisie par un comité élargi parmi une trentaine de candidatures, et lui souhaite une aventure aussi belle et enri¬ chissante que celle que j'y ai vécue. Je vous invite à poursuivre votre soutien à Fri-Art financièrement, mais surtout moralement. Votre participation active aux manifestations proposées est un encouragement pour conti¬ nuer la recherche et la présentation des mul¬

tiples tendances artistiques actuelles, ainsi que pour stimuler la créativité des artistes fri- bourgeois.

Je quitte Fribourg, un nouveau challenge m'attend à Paris au Centre culturel suisse. C'est le moment idéal pour «bouger» et abor¬ der d'autres défis, d'autres enjeux artistiques, d'autres publics.

Je vous invite toutes et tous à visiter le Centre culturel suisse, au 32 et 38 de la rue des Francs-Bourgeois, lors de votre prochain passage dans la ville lumière.

Dans cette attente, à bientôt à Fri-Art.

Michel Ritter

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Lettre ouverte

Monsieur le Préfet Nicolas Deiss,

Monsieur le Conseiller communal Jean Bourgknecht, Monsieur le Délégué culturel Markus Baumer,

Je tiens à vous remercier chaleureusement pour le message de félicitations que vous m'avez adressé à la suite de ma nomination à la direction du Centre culturel suisse de Paris, qui a suscité de nombreux messages spontanés de la part de personnalités diverses et de la population fribourgeoise. Pendant plus de trente ans, j'ai fait ce qui me semblait nécessaire et utile à Fribourg. Sans attendre de reconnaissance et avec les modestes moyens mis à ma disposition, j'ai apporté une information touchant le domaine des arts visuels contemporains et essayé d'en transmettre le sens. Je saisis cette occasion pour vous faire part de quelques réflexions sur la situation actuelle et l'avenir de la scène culturelle fribourgeoise, qui se trouve dans une phase très importante et délicate. Le projet de réalisation simultanée d'un théâtre et d'un centre de création scénique contem¬ porain est essentiel pour Fribourg et son développement culturel, mais représente des investissements importants pour notre collectivité. Il s'agit de trouver 6,2 millions par année (amortissement et fonctionnement) pour ces deux infrastructures, plus 1,6 millions qui manquent encore actuellement pour la diffusion des autres disciplines artistiques et le financement des institutions culturelles existantes. Ces dernières sont pour la plupart à bout de souffle en raison de leur lutte continuelle et de leur situation financière précaire. Ce montant, indispensable pour assurer leur survie, a été articulé il y a plusieurs années déjà par les milieux culturels fribourgeois et par l'entremise de l'association Phare. La ville et l'agglomé¬ ration ont ignoré cet appel.

Le manque de clairvoyance en matière culturelle des responsables politiques a conduit autrefois à la démolition du théâtre I.ivio*. Des millions ont ensuite été investis pour des projets de théâtres, de salles de concert et autres lieux culturels. L'abandon du projet de l'«anti-musée Tinguely» à La Verrerie fut une erreur magistrale. Réalisé, il aurait pu créer à lui seul un pôle artistique international pour le canton de Fribourg et la Suisse entière. Pour tout autre domaine que la culture (génie civil, aménagement, informatique, logistique, etc.), les politiques s'entourent d'experts et se réfèrent aux avis des spécialistes. Encore s'agit-il de choisir les bons.

Les milieux culturels attendent depuis plusieurs années les jours meilleurs qu'on ne cesse de leur promettre. La création de la Commission cultu¬ relle de la Ville de Fribourg devait résoudre tous les problèmes, il n'en fut rien. En raison des difficultés financières de la ville et après une coupe dans toutes les subventions, l'idée d'une Commission culturelle intercommunale (CCI) s'imposa. Elle aussi devait résoudre tous les problèmes liés au financement des activités culturelles, les résultats se font attendre encore aujourd'hui. Les institutions culturelles sont priées de patienter quelques années. La CCI a voulu auparavant définir les grandes lignes d'une politique culturelle régionale et a étudié un système d'attribution des subventions basé sur des critères applicables à tous. Bien que le concept de base soit louable, le contenu des critères n'a jamais été analysé à fond. Pire, ces critères ont été «appliqués» par des personnes qui se sont permises de juger le travail accompli pendant des années, sans avoir une connais¬ sance approfondie du domaine artistique et des dossiers et en se référant à des questionnaires qui ne contenaient que des chiffres. Quel gâchis! Appliqué une seule fois, ce système de critères a provoqué la diminution de la subvention de certaines institutions durant plusieurs années. Selon les calculs effectués par le groupe de travail de la CCI, Fri-Art aurait dû subir une réduction de 60% de sa subvention! Son travail a donc été jugé nul par les soi-disant «spécialistes» de ladite commission. Heureusement, la CCI a décidé de réduire de 20% «seulement» la subvention afin de ne pas mettre en danger l'institution. Depuis 1999, Fri-Art a perdu le tiers des subventions octroyées lors de sa création par la ville et les communes du Grand'Fribourg et, à l'heure actuelle, ce montant initial n'a toujours pas été retrouvé. Ce, malgré le fait que Fri-Art ait demandé un audit en 2000 et que le rapport rendu par les experts mentionne que la gestion du Centre d'Art Contemporain est professionnelle et que sa programmation est l'une des plus originales en Suisse.

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Aujourd'hui, k situation ne s'est toujours pas améliorée. Une nouvelle association de communes - dont la création a été amorcée il y a 5 ans - devait réunir environ 60 communes de la région et permettre d'augmenter de Fr. 800000.-, pour atteindre 2 millions, le montant à disposition pour les subventions culturelles (1,2 millions en 2001). Il n'est pas inutile de rappeler 1a situation actuelle: seules sept communes se sont engagées à ce jour dans la nouvelle association, ce qui représente une augmentation de Fr. 200000.-. C'est bien, mais combien de temps les milieux culturels devront-ils encore attendre une réelle amélioration de leurs conditions de travail ?

Le concept d'une association de communes est juste et servira à long terme au financement de la culture. Mais comme par le passé, aucune solution intermédiaire n'a été pensée et mise en place.

En ce qui concerne les institutions culturelles existantes, l'investissement de 1,6 millions dont je parlais plus haut serait à répartir entre la nouvelle association des communes et la ville de Fribourg qui devrait alors jouer son rôle de capitale. C'est pourquoi j'espère que la proposition que j'ai déposée au Conseil général, d'augmenter progressivement le budget culturel de la Ville de Fribourg pour arriver à la fin de cette législature à une augmentation totale de Fr. 750000.-, sera acceptée par le Conseil communal. Si cet investissement urgent n'est pas accordé, cela pourrait provoquer la perte d'un «patrimoine culturel existant» très important.

Avant d'entreprendre tout nouveau projet culturel, il paraît nécessaire de résoudre ce problème financier et de consolider les infrastructures existantes (Fri-Art, Fri-Son, Spirale, Belluard, Festival de Films, Festival de musiques sacrées, ...).

Au moment de jeter les bases d'une politique culturelle régionale, il est important aussi de se soucier de l'environnement que l'on offre aux projets artistiques présentés à Fribourg. La culture recouvre un ensemble de disciplines artistiques reliant le passé au présent et préparant au futur, formant un tout cohérent et dynamique. Son approche commence à l'école dès le plus jeune âge, une cellule pédagogique facilitant son accès doit être mise en place dans notre canton dans un futur proche.

Fribourg a cette capacité de se faire remarquer loin à la ronde et d'être un lieu de référence sur la scène artistique nationale, et même internationale, par la créativité, l'originalité et la diversité de sa scène culturelle. Elle le doit à quelques individus qui, à eux seuls, ont réussi à créer un vrai pôle de création artistique reconnu extra-muros, mais trop souvent ignoré ici.

Fri-Art est très heureux que le syndic de Fribourg, Monsieur Dominique de Buman, l'ait honoré trois fois de sa présence, mais espère pouvoir compter à l'avenir sur une participation un peu plus assidue des milieux politiques aux manifestations organisées afin de montrer publiquement leur intérêt pour la vie culturelle fribourgeoise.

Monsieur le Préfet, Monsieur le Conseiller communal, Monsieur le Délégué culturel, vous avez entre vos mains un «capital» artistique de premier ordre, prenez-en soin. Essayez de le «conserver» car il est très précieux.

Ces remarques et réflexions (peut-être un peu longues, mais résumant trente ans de lutte) ne sont pas une leçon de bonne conduite en matière culturelle mais un propos généreux pour une ville et des personnes que je considère. Elles sont adressées à l'ensemble de la classe dirigeante, avec le vœu que Fribourg donne les moyens aux créateurs de prendre des risques et de s'investir et qu'elle devienne le pôle artistique auquel elle peut prétendre au centre de la Suisse.

Merci pour votre confiance et votre soutien qui m'ont permis de réaliser ce projet magnifique: la création d'un centre d'art contemporain ouvert sur Fribourg et sur le monde.

8 Michel Ritter

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RUE, LA PLUS PETITE VILLE D'EUROPE

FONDER L'AVENIR SUR LES TRÉSORS DU PASSÉ

Sur son promontoire, la ville de Rue hisse son passé au regard des promeneurs. Le château et de nombreux bâtiments au passé glorieux témoignent d'un tissu urbain passionnant à redécouvrir (PRO FRIBOURG n°122). Les habitants de cette bourgade doivent saisir une occasion unique: l'achat par la commune de la mai¬ son de la Chapellenie poserait la première pierre d'un développement touristique. Craintifs et frileux, certains souhaiteraient se passer de ce développement! Le passé glo¬ rieux de la petite commune, dont les habitants sont fiers, est délaissé et méconnu. Éloignée des grands centres urbains, la ville de Rue ne connaîtra pourtant jamais leur développement économique. Pas d'usines, plus de poste, de gendarmerie, de commerces: les seules per¬ spectives à l'horizon sont le cadre idyllique, le charme, la beauté des lieux et des paysages et la richesse du patrimoine bâti. Tandis qu'une formidable rappropriation du passé est à l'œu¬ vre un peu partout, tout se passe comme si ce proche passé et son potentiel de développe¬

ment n'avaient, aux yeux des opposants qu'une valeur symbolique et sentimentale dont ils ne savent que faire.

Il y a quelques années, le Conseil communal avait publié une brochure touristique et des cartes postales. Très rapidement, de nombreux visiteurs la commandèrent, parcourant les quelques itinéraires balisés avec grand intérêt. Preuve était faite ! La demande, en terme d'éco¬ nomie touristique, était réelle. Les calculs des économistes en matière d'investissements touristiques et culturels sont d'ailleurs élo¬ quents: chaque franc investi est pourvoyeur de retombées économiques inestimables. Il est impératif de se projeter dans l'avenir, en termes concrets: acquérons ce bâtiment afin d'y concrétiser un projet touristique d'enver¬ gure, afin d'y aménager une place de jeux pour les enfants, afin de restaurer le petit oratoire qui se trouve au pied du château, afin de fon¬ der l'avenir sur les trésors du passé !

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Espaces publics délaissés

L'image de Fribourg, avec ses vues pitto¬ resques, ses rues pavées, ses places et ses fontaines a fait le tour du monde. Ce patri¬ moine inestimable ne sera-t-il bientôt plus que souvenirs sur cartes anciennes?

Le «Tout à la voiture» des 30 dernières années a laissé des traces. Le manque de culture des édiles et de leurs ingénieurs aura fait le reste. Places défigurées, fontaines déplacées, abus de béton et de bitume, pavés disparus car «plus conformes aux normes routières actuelles» (sic I) : la liste est longue. Il était temps de tirer le signal d'alarme.

La réfection de la rue de la Grand-Fontaine et de la place Nova-Friburgo, la construction d'un mur au Varis ont donné lieu à un bras de fer entre la Ville et Pro Fribourg, arbitré par le pré¬ fet Nicolas Deiss. Ces mauvais projets ont pu être stoppés et d'autres - plus sérieux ? - sont à l'étude.

Si les autorités ont franchi un pas, le chemin sera encore long pour créer une culture des espaces publics, sensibiliser les décideurs, former les architectes, les ingénieurs et les jardiniers.

Avec la Ville, l'heure est à la trêve. Le 6 mars, le Conseil communal s'est engagé à procéder à un inventaire des places et rues pavées situées en zones protégées et à développer un concept général de traitement de ces espaces en collaboration avec les services cantonaux concernés et les associations de protection du patrimoine. Encore faut-il que la

Ville concrétise ses bonnes intentions car trois mois ont passé et rien n'a bougé. Les prochai¬ nes réfections prévues à la Grand-Fontaine où à la Planche supérieure ainsi que le projet de réaménagement de quartier du Bourg servi¬ ront à mesurer sa bonne foi...

Grand Places: Théâtre ou jardin public! Le théâtre est sans conteste l'infrastructure culturelle qui fait le plus défaut à Fribourg depuis que les scènes du Livio et de la rue des Bouchers ont été détruites. Le projet prévu aux Grand Places - résultat d'un concours d'architecture - est une opportunité unique que Pro Fribourg soutient. D'autant plus que ce serait l'occasion de remettre en scène les espaces publics sinistrés du centre ville. Afin d'éviter des dérapages prévisibles, un recours a néanmoins dû être déposé contre la planification inadaptée qui a été mise à l'en¬ quête publique. Au lieu de rendre l'Avenue de la Gare aux piétons, conformément aux pro¬ messes faites depuis 20 ans, ceux-ci seraient invités à fréquenter des sous-sol commerciaux tandis que la voiture resterait reine en surface. Plus dramatique encore: en cas d'échec du théâtre, c'est un bâtiment sans qualité et qua¬ tre fois plus grand, ouvert à des affectations privées, qui pourrait voir le jour sur l'emplace¬ ment prévu ! Adieu places, parcs, jardins et vue sur les Préalpes.

Par son action, Pro Fribourg demande que tous les aspects qui touchent ce secteur fassent l'objet d'une planification commune (circula¬ tion, transports publics, parkings, espaces

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La prise de position complète de Pro Fribourg sur la CUTAF est disponible au secré¬ tariat (026 322 17 40).

publics, zones piétonnes, affectation des sous-sols et des bâtiments...) et que les procé¬ dures soient coordonnées. Affaire à suivre...

Cutaf : et la qualité de vie ?

Pro Fribourg soutient la mise en œuvre d'une politique globale et cohérente des transports au niveau de l'agglomération fribourgeoise. Malheureusement, le projet général de la Cutaf qui a été mis en consultation manque de souffle et d'ambitions. Les prolongations de lignes existantes et l'augmentation des cadences n'arrivent pas à en masquer les carences urbanistiques.

facilités d'accès actuelles et les nombreux parkings existants (26000 places en ville), leur situation ne fait qu'empirer. Les méga-centres commerciaux qui fleurissent à la périphérie et qui n'ont suscité aucune opposition ne sont pas étrangers à ce dramatique déclin. Pour aug¬ menter l'attractivité commerciale et résiden¬ tielle de leur centre-ville, nos voisins (Neuchâtel, Lausanne, Berne...) ont choisi d'étendre large¬ ment leurs zones piétonnes et de créer des zones de rencontre (vitesse limitée à 20 km/h et priorité aux piétons).

Ainsi à quoi sert-il de construire un nouveau pont sur la Sarine si des mesures ne sont pas prises pour améliorer la qualité de vie en ville et assurer une meilleure protection du patri¬ moine exceptionnel de la cité ? Laisser les véhicules accéder au quartier du Bourg par le pont de Zaeringhen (3900 véhicules par jour prévus) pour faire un aller-retour à la Grand-Rue (avec tourner sur route devant la Schweizer¬ halle) est contraire aux buts visés dont le prin¬ cipal est d'assainir la qualité de l'air autour de la cathédrale. Que dire en outre des 6 à 8000 véhicules prévus sur la raide Grand-Fontaine, soit davantage qu'aujourd'hui ?

Dans l'espoir d'améliorer la situation, le com¬ partimentage prévu devrait être également introduit dans le Bourg et en Vieille Ville. A Fribourg, les petits commerces se portent mal et leurs associations se trompent en misant sur un «tout à la voiture» dépassé. Malgré les

Sur le Chemin de St-Jacques

L'un de nos plus beaux cahiers, très vite épuisé, a été celui des «Chemins de Saint- Jacques en terre fribourgeoise» (N° 99 de juin 1993). L'initiateur en était Edouard Egloff, inlassable et fervent chercheur. Il rêvait d'une nouvelle édition, complétée et mise à jour avec le balisage de cet itinéraire historique reprenant vie, A sa mort, la fidé¬ lité de ses proches a permis de mener à terme son projet.

Cette édition posthu¬ me est disponible à notre secrétariat au prix de Fr. 10.-. Ce fascicule illustré de 40 pages est inti¬ tulé «Rayonnement de Saint-Jacques en terre fribourgeoise». Rayonnement de Saint-jacques en terre fribourgeoise

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INVITATION À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE PRO FRIBOURG

jeudi 27 juin 2002 à 20h15

à l'Auberge aux 4 Vents à Granges-Paccot 124 route de Grandfey (accès par ligne de bus St-Léonard, N° 1, arrêt Poya + 5 min. à pied) Ordre du jour

- Rapports d'activité et financier

- Rapport des vérificateurs des comptes - Présentation du programme 2002-2004 - Election du comité et des vérificateurs

des comptes

- Fixation de la cotisation-abonnement 2003 - Divers

A partir de 18h 15 un apéritif et un repas en commun sera servi. Prière de s'inscrire à notre secrétariat:

Stalden 14 - 1700 Fribourg

Tél. : 026 322 17 40 ou 026 424 76 65 Fax: 026 323 23 87

Dès 20h30 une présentation et une discus¬ sion sont prévues sur le projet de théâtre aux Grand Places.

IMPRESSUM PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 Fax: 026 323 23 87 CCP 17-6883-3 ABONNEMENT Ordinaire: Fr. 48.- De soutien : Fr. 80.- Réduit: Fr. 38- (AVS, Etudiants, apprentis) CRÉDITS

Photographies: Couverture 1,2,4, p. 5 - Eliane Laubscher. p.2, 4 - Jacques Sidler p. 9 - Service des biens culturels Impression: Imprimerie MTL Mise en page : C. Luvisotto, Grafix Tirage: 4500 ex. Prix: Fr. 10.- ISSN : 0256-1476

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Belluard Bollwerk International IBBI1 2002 5.7. -13.7.2002 Fribourg / Freiburg

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ISSN 0256-1476 - Fr. 10-

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