HAL Id: jpa-00232179
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Submitted on 1 Jan 1983
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Simulation laser d’impacts de particules de très grande
vitesse
J.-P. Bibring, F. Cottet, M. Hallouin, Y. Langevin, J.-P. Romain
To cite this version:
Simulation laser
d’impacts
de
particules
de très
grande
vitesse
J.-P.
Bibring,
F. Cottet(*),
M. Hallouin(*),
Y.Langevin
et J.-P. Romain(*)
Laboratoire René-Bernas, 91406 Orsay, France
(*) E.N.S.M.A., 86034 Poitiers et GRECO I.L.M., Ecole Polytechnique, 91128 Palaiseau, France
(Re~u le 10 decembre 1982, uccepte le 17 junvier 1983)
Résumé. 2014 Le laser au néodyme du GRECO I.L.M. délivrant des
impulsions
de l’ordre de 100 J enquelques
ns, nous apermis
de simuler desimpacts
de micrométéorites silicatées dequelques
dixièmesde 03BCg, de vitesse
comprise
entre 5 et 45km/s,
sur une cible d’aluminium. Les cratèresproduits
dans la cible sonthémisphériques,
et le rapportKm,
de la masseéjectée
sur la masse de laparticule
incidentesimulée, varie avec la vitesse
d’impact
Vp
selon la loiKm
= 1,17V1,52p.
Abstract. 2014 Silicated micrometeorites
(mass :
1/10
03BCg)impacting
aluminium target are simulated with aneodyme pulsed
laser,producing
a maximum laserpulse
energy of 100 in a few ns. The simulat-ed micrometeorites velocities are in the range of 5 km/s-45km/s;
the mass loss ratio,Km,
is relatedto
particle velocity
Vp
by Km
= 1.17V1.52p.
ClassificationPhysics Abstracts 52.40H - 62.50
1. Introduction. - Les vehicules
spatiaux
subissent desimpacts
de micrometeorites dontla vitesse
peut
atteindre 80km/s
et dont la masse se trouve essentiellement dans le domaine10- 5
a
10 - 10
g[ 1, 2].
C’est enparticulier
le cas des futures sondesqui
vont realiser un survol a moins de20 000 km de la comete de
Halley,
lors de sonprochain
passage auperihelie
en 1986.Qu’il
s’agisse
de seproteger
contre cesimpacts
ou de les utiliser pour en deduire certainesproprietes
des
grains
cometaires,
des simulations en laboratoire sont necessaires. Lesdispositifs
experi-mentaux actuels ne
permettent
pas d’atteindre des vitesses aussigrandes.
Lesgrains
dequel-ques micrometres sont acceleres au
plus
a unevingtaine
dekm/s.
L’utilisation d’un laserpulse
de hautepuissance
pour simuler lesimpacts
degrains, proposee
par Pirri[3]
et Nebolsine[4],
pourrait
permettre
d’explorer
le domaine des vitessessuperieures
a 30km/s.
Nous avonseffec-tue des tirs laser sur des cibles
d’aluminium,
a 1’aide du laser aneodyme
de hauteenergie
duGRECO I.L.M. a
Palaiseau,
afin de simulerl’impact
d’une micrometeorite silicatee sur unblin-dage
d’aluminium. Le domained’energie
accessible et la focalisation de ce laser nous ontpermis
d’atteindre des vitesses simulées de 5 a 45
km/s
pour desparticules
d’une masse de l’ordre du dixieme de Ilg.2. Modete de simulation par laser
pulsé
d’unimpact
departicule
degrande
vitesse. - Unimpact
laser,
tout comme unimpact
departicule
degrande
vitesse,
délivre a la surface de la cible uneL-190 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
grande quantite
de mouvement et unegrande
quantite d’energie
en un temps extremement court.Une onde de choc de
grande
amplitude
(entre
quelques
centaines de kb etplusieurs
Mb)
se propage alors dans la cible ets’y
amortitprogressivement.
Selon lapression
maximale atteintelocalement,
le materiau sevolatilise,
fond ou sefracture,
cequi
provoque la formation d’un cratereautour du
point d’impact.
Le
principe
de la simulation consiste a definir lescaracteristiques
d’uneimpulsion
laser(durée t
deI’impulsion
ami-hauteur,
energie
totaleE,
diametre D de la tachefocale)
induisant dans la cible une onde de choc similaire a celleproduite
par unprojectile
de diametreDp,
delongueur
Lp
(dans
le cas d’unprojectile cylindrique),
de masseMp
et de vitesseVp
donnees. Si les deux processus creent deschamps
d’ecoulement et depression identiques,
les deformations resultantes de lacible,
et enparticulier
les dimensions ducratere,
seront elles aussiidentiques [5].
Les trois condi-tions a satisfaire sont les suivantes :1)
lapression
initiale P induite parI’impulsion
laser doit etreegale
a celleengendree
parI’impact
duprojectile,
2)
le diametre D de la tache focale doit etreegal
au diametreDp
duprojectile,
3)
la durée t del’impulsion
doit etre telle que laquantite
de mouvement transferee parl’impact
laser a la cible soitegale
a laquantite
de mouvement duprojectile :
ou po est la densite initiale du
projectile.
Pour une vitesse
Vp
donnee,
lapression
de choc P induite a la surface de la cible se deduitdes courbes de
Hugoniot
des materiaux constitutifs de la cible et duprojectile.
Dans le cas ou ces materiaux sontidentiques,
le choc etantsuppose
monodimensionnelplan,
lapression
P s’obtienta partir
de la relation :ofi a et b sont les coefficients de la relation lineaire entre vitesse de choc u et vitesse materielle u. :
Dans le cas de
1’aluminium,
cette linearitepersiste jusqu’a
despressions
tres elevees[6],
les coefficients a et bayant
pour valeur5,386
km . s-’
et1,339
respectivement.
Nous considererons que1’impact
d’une micrometeorite silicatee sur une cible d’aluminiumpeut
etre assimile a celui d’unprojectile
d’aluminium,
les densités etantcomparables,
et les courbes deHugoniot
etant voisines a hautepression.
Dans le cas des tirs laser que nous avons
effectués,
uneepaisseur
de matiere de l’ordre du ~mest transformee en un
plasma
dense. Laplus grande partie
de1’energie
laser est transformee enenergie thermique
duplasma.
Celui-ci entre enexpansion
agrande
vitesse,
et soumet la cible a unepression
Papproximativement
constantependant
la duree de1’impulsion,
et liee au fluxincident du
laser,
I. Cettepression
peut
etre deduite par une relationtheorique P(I), qui
donnede bons resultats pour les flux
compris
entre1012
et1015
W/cm2
[7] :
P etant
exprime
enMb,
et I enW/cm2,
et arepresentant
le tauxd’absorption, qui depend
lui-meme de /[8] :
il varie de - 80%
pour I =10~ W . cm- 2
a -50 % pour
I =10~ W . cm- 2.
Cette relation constitue vraisemblablement une limitesuperieure,
car elle ne tient pascompte
deseffets
bidimensionnels,
importants
dans le casd’impulsions « longues » (quelques
ns)
et tres foca-lisees(
100 gm).
par un tir laser de
duree t,
d’energie
totale E,
et dont la tache focale a un diametre D sont évaluées de la maniere suivante :- le diametre
Dp
duprojectile
est assimile aD,
-
pour determiner la vitesse
Vp,
nous calculons tout d’abord lapression
P a 1’aide de la relation(4),
le flux I etantegal
a4~/(rctD ~),
Onpeut
alors deduireVp
apartir
de la relation(2),
-
Lp
s’obtient alors aisement apartir
de la relation(1).
Lp
etantexprimee
en micrometres.La
figure
1 donne le flux incident I et la duree del’impulsion
laser t en fonction de la vitesseV p
de la
particule
que l’on desiresimuler,
celle-ci ayant un diametreDp
de 90 Jlm et unelongueur
Lp
de 90 ~m ou de 45 pm.
Fig. 1. - Flux incident I et duree t a mi-hauteur de
l’impulsion
laser en fonction de la vitesseVp
de la par-ticule simulee, celle-ci ayant un diametre de 90 nm et unelongueur
de 90 um ou 45 um.[Laser
requirements forhypervelocity impact
simulation with a 90 J.1m laser beamdiameter.]
3. Résultats
experimentaux.
- Le laser utiliseest le laser I.L.M. de Fecole
polytechnique.
11s’agit
d’un laser auneodyme
capable
de delivrer desimpulsions
deplus
de 100 J a unelongueur
d’onde de
1,06
~m. Le diametre de la tache focale est determine eninterposant
une série de filtresde densite
optique
croissante,
cequi
permet d’etablir larepartition
de1’energie deposee
dans leplan
focal. Laprecision
sur la mesure de D est de 10%.
Ce diametre était de 90 Jlm pour uneserie de tirs
d’energie
60 Jpendant
2,5
ns, alorsqu’il atteignait
110 ~m pour une serie de tirsd’energie
15 Jpendant
4 ns. Nous avons doncadopte
ces deux valeurs deD,
qui correspondent
a la focalisation
maximale,
pour les tirs a « haute » et « basse »energie respectivement.
Nousavons
egalement
effectuéquelques
tirsdéfocalisés,
le diametre de la tache focale etant alors deL-192 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
Tableau I. Resultats
experimentaux
sur une cibleepaisse
en aluminium.[Experimental
results on thick aluminiumtarget.]
Fig. 2. -
Microphotographies
de cratères formés par desimpacts
laserd’energie
croissante dans une feuille d’aluminium de 1 mmd’epaisseur.
Les cibles etaient constituees d’une feuille d’aluminium d’une
epaisseur
de 1 mm.Pour
chaque impact
laser,
nous avons mesure parmicroscopie optique
le diametreDc
et laprofondeur Pc
du cratereforme,
cequi
nous apermis
d’evaluer la masseMc expulsee
du cratere. Pourchaque
tir,
nous avons determine lescaracteristiques
Dp, Lp,
et donc la masseMp
dupro-jectile
simule(suppose
de densite2,7)
ainsi que sa vitesseVp.
L’ensemble des donnees obtenues est
presente
sur le tableau I. On constate tout d’abord queles cratères formes sont
quasi hémisphériques,
dans tout le domained’encrgie explore.
Cette formecorrespond
bien a celleprevue
si l’onde de choc formee sedissipe
dans un milieuhomogène.
En secondlieu,
ces cratèrespresentent
leplus
souvent des collerettesqui
peuvent atteindreplu-sieurs dizaines de ~m de haut
(voir Fig. 2).
Laprofondeur
des crateres a été mesuree apartir
du niveau de reference constitue par la face avant de la cible a 1’exterieur de cette collerette.Si l’on admet la validite du modele que nous avons
utilise,
ces tirs nous ont ainsipermis
de simuler desimpacts
departicules
d’une taille de ~ 100 ~m,jusqu’a
des vitesses de 45km/s.
Cescaracteristiques
sont trèssuperieures
auxpossibilites
des meilleurs canons aparticules
actuels,
et d’un ordre de
grandeur proche
des vitessesd’impact
sur lesengins spatiaux ( jusqu’a
80km/s
dans le cas de la sonde
VEGA).
4. Discussion. - On admet en
general qu’il
y a invariance d’echelle dans le processus deformation d’un cratere dans un materiau
homogène,
c’est-a-direqu’un
projectile
de memevitesse,
et de dimensions doubles d’un autre
projectile, produira
un cratere dont les dimensions sont elles aussi doublees. Nous avons donc calcule lerapport
Km =
M~/Mp,
qui
ne devraitdependre
quede la vitesse
d’impact
Vp.
La variation deKm
avec la vitesse simuleeVp est
representee
sur lafigure
3. Uneapproximation
lineaire dans les coordonnees(log
(Km),
log
(Vp))
permet d’obtenir la relation :On remarque que
rexposant
de la vitesse est inferieur a 2 pour ces tresgrandes
vitesses : la masseejectee
croit donc moins vite que1’energie cinetique.
L’extrapolation
a une vitessed’impact
de 80km/s
donne les resultats suivants : une masseMp
de
projectile
devraitéjecter
une masse 910 foisplus grande ;
pour une micrometeorite d’une taille de 100 ~m, celacorrespondrait
a un craterehemispherique
d’uneprofondeur
de 610 ~m.Fig. 3. - Variation de
Km,
rapport de la masseéjectée
du cratere a la masse duprojectile
simule, en fonctionde la vitesse
d’impact
simulee.L-194 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
La
correspondance
entre les crateres que nous avons observes et lescaracteristiques
des micro-meteoritesqui
pourraient
en former de semblables doit apresent
etre confirmee. Eneffet,
ellerepose sur un modele
simple, qui
ne rend pas totalement compte de lacomplexite
des processuslies a l’interaction
laser-matiere,
et auximpacts
a tresgrande
vitesse.L’etape
suivante va ainsiconsister a calibrer les resultats
correspondant
au domaine des faibles vitesses(10
a 20km/s),
accessible avec les canons a
poussiere
existants,
tel celui du Max Planck Institiit aHeidelberg.
On
pourrait
alorspreciser
le coefficient constant de la relation(6)
qui
relie la masseejectee
a la vitesse de laparticule
incidente.Remerciements. - Nous tenons à remercier E. Fabre et toute
l’équipe
du laser du GRECO I.L.M.qui
ont rendu cesexperiences possibles,
ainsi que R. Pellat pour ses encouragements etses conseils.
Bibliographie
[1]
EICHELBERGER, P. J., GEHRING, J. W., Am. Rocket Soc. 32 (1962) 1583.[2]
BURTON, W. M., XXIV COSPAR Symposium N° 6 Impact Processesof solid
Bodies, Ottawa(1982).
[3]
PIRRI, A. N.,Phys.
Fluids 20 (1977) 221.[4]
NEBOLSINE, P. E., AIAA 14th Aerospace Sciences Meeting,Washington,
D.C. (1976).[5]
RINEY, T. D., inHigh Velocity
Impact Phenomena, R. Kinslow éditeur (Academic Press, New York)1970, p. 157.