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33 Fribourg 1900 : le revers de la médaille

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PRO FRIBOURG Mars 1979 IN F O R M AT IONS

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p. 4 1907 î Promenades dans le nouveau Fribourg avec Georges de Montenach.

18 Evolution et tâtonnements au 19e siècle.

19 Fribourg dans l'inventaire de l'architecture 1900 en Suisse.

20 Gilles Barbey : Dès 1900 à Fribourg, promotion immobilière et prolifération des constructions.

(suite en page 28)

21 Jacques Gubler : Extrait de l'Inventaire : Description topographique INSA des immeubles de Pérolles.

33 Fribourg 1900 : le revers de la médaille.

40 Fribourg 1900 : entamé et menacé !

45 Conclusion : Fribourg 1900, quel avenir ? 46 En bref.

47 Supplément 1er avril.

Photos : p. 21 à 28 : G. Barbey et J. Gubler, Lausanne.

p. 37 î aimablement mis à disposition par Mlle Messerli, Fribourg. p. 41 s Christoph Pulver, p. 48 : René Bersier, Fribourg. Autres documents tirés des archives Pro Fribourg et G. Bourgarel.

A NOS LECTEURS : Si vous n'avez pas encore payé votre abonnement-cotisation de 1979> un bulletin vert est là pour vous lé rappeler. D'avance merci !

Imprimerie Saint-Paul, Fribourg. Tirage : 4'200 exemplaires Photo de couverture : A Pérolles en construction, fête fédé¬

rale de musique.

PRO FRIBOURG Secrétariat : Stalden 14, 1700 Fribourg Cotisation :

donnant droit: l'envoi du bulletin Ordinaire : 18 fr. ; de soutien 30 fr.

Tarif réduit: 12 fr. (étudiants, apprentis, 3e âge) CCP 17-6883 1700 Fribourg

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"Fribourg 1900"

ce pourrait être simplement

une suite d'images retro illustrant la nostalgie du "bon vieux temps"•

Mais quelle réalité se cache derrière ces images ?

Qu'en reste-t'il aujourd'hui ?

Et quelle en est la signification ?

Avant de répondre à ces questions, laissons-nous d'abord guider

par un témoin lucide de son temps : Georges de Montenach.

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Promenades dans le nouveau Fribourg en 1907, avec Georges de Montenach

Cet homme politique fribourgeois, à la fois homme d'action et homme de pensée, fut une des consciences du parti conservateur sous Georges python. D'une culture étendue, indépendant d'esprit, informé des courants sociaux et des questions d'urbanisme et d'architecture, il fut l'un des promoteurs du Heimat¬

schutz. Son principal ouvrage "Pour le visage aimé de la Patrie paru à Lausanne en 1908, est une étude remarquable sur le paysage urbain et dénote une vision prophétique du devenir des villes.

En 1907 et 1908, Georges de Montenach signait dans

"La Liberté" une série d'articles intitulés "Prome¬

nades à travers le nouveau Fribourg". Nous en pu¬

blions des extraits accompagnés de photographies du temps.

...au quartier Saint-Pierre

"Le quartier Saint-Pierre, né pour ainsi dire avec l'Université, n'a reçu d'elle aucune empreinte : tout dans la construction des maisons qui le composent tra¬

hit une période d'hésitation et de tâtonnements, je dirai même de timidité. Par ses caractères généraux, il appartient au régime de la banalité architecturale, qui a sévi pendant toute la seconde partie du XIXe s.

L'ensemble est assez homogène, quoiqu'il n'existe au¬

cune unité réelle entre les bâtiments, auxquels, pour la plupart, il serait assez difficile de trouver un style bien défini. La Confédération est venue élever là un palais de proportions harmonieuses ; je lui re¬

procherai toujours son style étranger emprunté à quel¬

que palazzo florentin et son dôme à la Du Cerceau qui n'a aucune accointance avec les lignes traditionnelles de nos toits : mais ce sont là des détails."

26 juillet 1907

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...à l'avenue de la Gare

"L'Avenue de la Gare aurait pu devenir avec un plan d'ensemble une des plus belles entrées de ville de la Suisse. Tout y était, la largeur, la perspective, la ligne harmonieuse. Mais hélas ï cette voie unique au¬

ra longtemps encore un aspect désordonné, inélégant, et par certains côtés, chétif.

M. Stübben, le célèbre architecte de Cologne, a écrit cette parole profonde : "Chaque rue devrait être traitée comme une individualité", c'est-à-dire, recevoir la parure qui convient à sa situation, non seulement topographique mais sociale, dans la cité, à son orientation économique, à l'espace qu'elle oc¬

cupe, aux relations qu'elle a avec son voisinage.

Mais, pour arriver à ce résultat, il faut prévoir, diriger dans un sens identique les constructions nou¬

velles sans tenir compte de ce qui, dans leur entou¬

rage, est appelé à disparaître. Il fallait élever, à l'Avenue de la Gare, de belles maisons commerciales d'une hauteur égale, d'un aspect uniforme, se tenant les unes aux autres. Je les vois avec de larges et claires arcades qui nous auraient dotés d'un prome¬

noir couvert admirable : Il fallait bâtir à cette place une vraie rue compacte aux lignes précises, au style bien défini.

Espérons qu'on pourra, avec le temps, réaliser en partie ce programme, lorsque certaines demeures qui déparent ce quartier en résurrection seront tombées sous la pioche du démolisseur.

Mais que dès maintenant nos édiles ne laissent plus rien au hasard des circonstances."

27 juillet 1907

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Les immeubles du début de Pérolles

"... leur théorie monotone, leur visage fermé, vieillot et sans attrait nous accueillent avec froideur. Ces revêches personnes ont toute la sécheresse de certains mômiers et à les voir, on comprend que Dalcroze ait chanté î

Il fait un froid solennel de Genève à Neuchâtel.

Je ne voudrais point être désagréable à ceux qui les édifièrent, ... je sais que ces immeu¬

bles, magnifiquement situés, sont très confor¬

tables et très prisés de leurs locataires, mais je crois avoir le droit de déplorer que nos ad¬

ministrations compétentes ne se soient pas mon¬

trées plus exigeantes pour leur structure exté¬

rieure, pour le profil de leurs toits. Tous nos visiteurs ont ces maisons comme première vigion de notre ville, et cette vision n'est point telle qu'on devrait la désirer. Pourquoi n'a- t'on pas compris que certaines constructions qui, dans les environs de la Gare Cornavin à Genève s'harmonisent avec l'ambiance générale,

sont déplacées dans notre Fribourg alluré et pittoresque, où beaucoup de traditions esthéti¬

ques sont encore vivantes ?"

5 août 1907

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au quartier de Pérolles...

"Là, nous trouvons aux prises une foule de courants contradictoires, nous assistons à la rencontre de plusieurs tendances diffici¬

les à accorder ; cet état de choses amène dans l'aspect général une certaine confusion, à tel point qu'un éminent architecte de Zu¬

rich me disait naguère î "Cette avenue est un véritable répertoire de la construction moderne, un échantillonage des mouvements qui se manifestent en architecture."

• • •

Si j1 ai nommé le quartier de Pérolles un

"quartier mixte", ce n'est pas seulement à cause de la diversité des architectures arbo¬

rées par lui, à cause de sa partie populaire et ouvrière près de l'arsenal, mais encore surtout parce qu'on y a accouplé, à mon avis

"sans transition suffisante", trois ordres de choses qui se contrarient : des villas disséminées et élégantes, des bâtisses énor¬

mes à multiples étages, des fabriques et des entrepôts destinés à une exploitation indus¬

trielle.

... le plan primitif était de faire de l'Ave¬

nue de Pérolles une voie extraurbaine compo¬

sée de villas isolées, irrégulièrement dispo¬

sées, noyées dans la verdure. Il n'était pas question alors d'y aligner de hautes maisons, d'y établir une vraie rue comprenant des ma¬

gasins, des cafés."

5 août 1907

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L. B. 4375 Fribourg - L© Quartier de PôroiSes et vue générale

Fribourg. - Péroiles.

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au Gambach...

"Les quartiers de Fribourg où nous avons jusqu'ici porté nos pas, sans être achevés complètement, ont du moins déjà acquis leurs traits essentiels, ce qui nous a permis de fi¬

xer leur physionomie. Au Gambach, il en est autrement : là, nous nous trouvons en face d'un territoire considérable,

appelé à subir encore pendant une longue période d'années de multiples transformations.

... Entre toutes les parties du nouveau Fribourg, celle-ci est sans conteste la mieux comprise, la mieux agencée, la plus homogène ; une direction initiale s'y révèle, et sa croissance future s'annonce ainsi sous les meilleurs aus¬

pices.

Le Gambach ne possède pas de rues à maisons soudées les unes aux autres, mais seulement des avenues spacieuses, le long desquelles s'échelonnent des villas isolées, ayant chacune leur cachet et leur caractère. Quoique de types différents, elles ont cependant toutes un air de famille : ne formant pas entre elles de contrastes trop violents, elles fondent leurs lignes et leurs silhouettes en un dé¬

cor harmonieux et pittoresque.

On a su jusqu'à présent éviter ici la lourde faute com¬

mise à Pérolles. Les maisons du Gambach, en effet, se tien¬

nent à une hauteur moyenne et raisonnable, et c'est à ce fait, soyons-en persuadés, que leur agglomération doit ce charme intime qui, à première vue, saisit le visiteur.

... A propos du quartier de Pérolles, nous avons montré à la suite de quels avatars le "modem style" avait pénétré chez nous, ce qu'il nous avait apporté ; nous avons suivi les lentes transformations qui le ramenaient, en matière de décoration et d'architecture, vers les formes de notre art national et local.

Cette évolution est au Gambach tout à fait apparente ; et certaines habitations, qui y sont vraiment "nôtres" par une foule de leurs détails, deviendraient tout à fait "de chez nous" si elles restaient plus simples, si elles n'é¬

taient chargées de trop de lucarnes, de trop d'auvents, de trop de péristyles, si elles avaient des lignes plus nettes et plus pures."

21 mars 1908

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Fribourg ■ Le Quartier de Gambach

518 FRIBOURG - Le Gambach, Salesianum et Ecole réformés»

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Aux «Carrières» à Beauregard...

"... un véritable tohu-bohu de maisons, dont l'apparence modeste ne choquerait pas, si ce pâté de bâtiments avait un semblant d'organi¬

sation. Mais hélas, il n'en est rien : partout des ruelles irrégulières et étroites, tracées à la diable et qui, souvent, n'aboutissent qu'à des courettes fermées. Les constructions

inégales sont tournées dans tous les sens : elles se volent les unes aux autres l'air, la lumière, le soleil. Des masures, des hangars faits de matériaux innommables, déchets de toutes les démolitions, relient parfois les demeures entre elles.

... on se demande comment il est possible que, dans un milieu neuf, - je dis "neuf", car ces constructions n'ont pas vingt ans - on ait pu accumuler tant de fautes contre les règles les plus élémentaires, violer toutes les lois qui président aux aménagements urbains les plus ordinaires.

... les défectuosités nombreuses et attristan¬

tes que j'ai constatées dans la partie ouvriè¬

re du quartier Beauregard n'auraient pas pu se produire si nos autorités avaient été armées d'un règlement défensif détaillé.

... des pâtés de maisons, comme celui des "Car¬

rières" devraient en bonne justice être démolis à peine achevés."

3 octobre 1907

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A défaut de documents anciens (et pour cause), voici le quartier des "Carrières" de nos jours.

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A la rue Grimoux, les deux maisons décrites par Montenach...

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et au quartier d'Alt

"Pas n'est besoin de beaucoup d'érudition esthétique pour analyser l'agglomération qui est en gestation au Pré d'Alt. Certaines de ses maisons ont, dans leur simplicité, un cachet qui n'est point déplaisant.

Combien je les préfère avec leurs façades unies, leurs toits joliment découpés, à tant d'autres demeu¬

res prétentieuses qui se boursouflent de balcons et se chamarrent de corciches ! Tenez, justement là, tout près du ravin où les détritus s'amoncellent, deux constructions s'élèvent en face l'une de 1'autrej l'une ne cherche à plaire que par ses lignes s elle est bien campée ; sa silhouette n'est pas sans finesse}

rien en elle n'accroche l'oeil d'une manière choquante et désagréable. Mais l'autre, quel bonbon ! Elle est parée comme une châsse de tout ce que l'architecture courante contient de guirlandes, de rosaces et de car¬

touches, et cependant, jugez vous-même et comparez.

Dites-nous laquelle des deux est la plus belle, de celle qui se contente seulement d'affirmer clairement ce qu'elle veut être, ou de l'autre, qui cherche à nous éblouir de son ornementation frivole, inutile et fausse¬

ment luxueuse ?

Le quartier d'Alt finit là, au bord du Grabsal.

Fribourg est destiné à trouver toujours un Grabsal sous ses pas, à la grande joie des ménagères qui viennent vider là les déchets de leur cuisine, à la joie non moins grande des chiens et des chats qui trouvent là leur paradis.

De ce ravin, que veut-on en faire ? Le combler, ce serait ensevelir les derniers vestiges du rempart si gracieusement sinueux, qui, du moins ici, devrait être respecté, car il forme pour les voyageurs qui arrivent de Berne à Fribourg un tableau charmant et fort goûté.

C'est une erreur que cette rage niveleuse qui remblaie tout ; il faudrait savoir profiter adroitement de tous les vallonnements que la nature nous a prodigués, en faire des oasis de verdure et de fraîcheur, assouplir les voies qui les rencontrent."

Georges de Montenach

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Evolution et tâtonnements au XIXe siècle

Le. 19e siècle est une longue pério¬

de de dépression pour Fribourg qui, en 1847, atteint le creux de la vague lors de la malencontreuse aventure du Sonderbund. Mais c'est pourtant bien à cette époque que.se façonne le Fri¬

bourg moderne.

Ce siècle est inclus entre deux da¬

tes, l803 et 1889, qui marquent l'a¬

pogée de deux "hommes forts".

En I8O3, Louis d'Affry est le pre¬

mier Landamann de la Suisse et Fri¬

bourg en est la quasi capitale •.fa¬

çon Vichy. Car la Suisse de l'Acte de Médiation est un protectorat français et d'Affry est désigné par Bonaparte.

Cela ne durera guère.

En 1889, c'est la fondation de l'U¬

niversité, oeuvre maîtresse de Georges Python, qui fera de Fribourg la capi¬

tale intellectuelle de la Suisse ca¬

tholique. Et cela dure encore.

Entre ces deux pôles, ce ne sera qu'une suite de tâtonnements, le plus souvent à contre temps et à contre courant.

Les lendemains des guerres napoléon niennes sont difficiles. Suite à la disette de I8l6-l8l7, le gouvernement conservateur du temps se débarrasse des bouches inutiles en favorisant leur expatriation au Brésil. En 1830, contre-coup des événements français, un régime plus libéral est mis en pla¬

ce. Il verra la réalisation exemplaire du Pont suspendu, solution audacieuse financée par une souscription privée.

La montée du radicalisme anticléri¬

cal et centralisàteur va cependant effrayer les Fribourgeois qui rejoin¬

dront le camp des séparatistes catho¬

liques conservateurs, pour se retrou¬

ver au lendemain de la guerre du Son- derbund dans le camp des vaincus.

Le régime radical imposé par la force va tenter d'apporter des ré¬

formes à l1encontre d'une opinion publique traumatisée.

Les radicaux veulent mettre Fri¬

bourg au diapason d'une Suisse "mo¬

derne" et la faire sortir de son isolement. Le chemin de fer y con¬

tribuera. Mais toute une mentalité doit être changée. Un projet de grande école donnerait à Fribourg l'esprit "national et fédéral" et serait le contrepoids de l'influ¬

ence passée des Jésuites et la com¬

pensation matérielle de leur départ et de la fermeture du Pensionnat.

Mais l'école polytechnique souhai¬

tée s'installera à Zurich.

Les projets des radicaux seront finalement réalisés par leurs ad¬

versaires qui reprennent le pouvoir en 1956.

Fribourg va enfin sortir de son corset de remparts médiévaux dans lequel s'entasse le double de la population d'origine et oÛ le pau¬

périsme fait des ravages.

Une tentative d'industrialisation en grand amène la création sur le plateau de Pérolles d'une scierie, d'une usine d'engrais, d'une fonde¬

rie et d'une fabrique de wagons. La force motrice est fournie par un bar¬

rage sur la Sarine. Le promoteur en est Guillaume Ritter, lequel s'avère meilleur brasseur d'idées que bras¬

seur d'affaires. Son entreprise fera faillite.

Mais déjà la relève s'annonce.

Georges Python fonde l'Université et la fabrique de wagons devient bâti¬

ment de faculté. Fribourg ne sera pas ville industrielle mais cité de l'es¬

prit. D'esprit conservateur, s'entend.

G. Bourgarel

(19)

19

Fribourg et l'inventaire

de l'architecture 1900 en Suisse

Un inventaire de l'architecture de la période 1850-1920 est entrepris dans notre pays sous le patronage de la Société Suisse d'Histoire de l'Art. L'or¬

ganisme créé à cet effet, l'INSA (Inventar der neueren Schweizer Architektur) a pour objet de recueillir les données élémentaires d'une histoire de l'ar¬

chitecture suisse du 19© siècle et du premier quart du 20e siècle» Son plan de publication comporte un volume iconographique et typologique, un volume descriptif et topographique, un dictionnaire des architectes et un volume sur la morphologie urbaine. Les travaux de recherche sont effectués grâce à un subside du Fonds national suisse de la recherche scientifique.

Cet inventaire vient à son heure car il recouvre les quartiers et les immeu¬

bles les plus méconnus, les moins protégés et donc les plus menacés par la va¬

gue de démolitions. Sa parution est prévue à partir de 1980, mais son utilité se fait sentir dès à présent, à Fribourg, du fait de l'élaboration du plan d'aménagement. Trop de démolitions ont été faites par ignorance feinte ou réelle, telles celles de la pharmacie Cuony à l'avenue de la Gare ou le maga¬

sin "A la Ville de Paris" à la rue de Lausanne..Aussi remercions-nous les res¬

ponsables de l'inventaire en Suisse romande, Messieurs Gilles Barbey et Jacques Gubler, d'avoir dès maintenant mis le fruit de leurs travaux à disposition.

Dans leur introduction, ils décri¬

vent ainsi le développement de Pérol- les aux approches de 1900 :

"L'implantation à Pérolles en 1895 de la faculté des sciences dans l'an¬

cienne caserne militaire, elle-même aménagée en I88O dans l'usine de wa¬

gons désaffectée, illustre la straté¬

gie de réformes sociales entreprises par Georges Python. Lier la création d'une université scientifique au dé¬

veloppement des établissements indus¬

triels voisins de la ligne de chemin de fer, tout en se réservant à proxi¬

mité immédiate des terrains pour l'é¬

dification d'un quartier d'habitation destiné aux "cadres" techniques et professions libérales, résume le pro¬

jet réalisé entre 1895 et 1905* Nou¬

velle avenue généreusement dimensio- née à l'exemple des villes étrangè¬

res, le.boulevard de Pérolles cons¬

truit entre 1897 et 1900 relie la gare à la faculté des sciences en di¬

visant le plateau des Charmettes en zones résidentielle et industrielle.

Le relief aplani du terrain obtenu

après comblement des ravins des Pi- lettes et de Pérolles favorise l'a¬

daptation d'une trame orthogonale des rues déterminant des îlots à bâtir sur le modèle de la couronne.

Le boulevard de Pérolles sera pro¬

gressivement bordé de constructions de cinq à six étages élevées dans la tradition des maisons de rapport parisiennes, témoignage du caractère progressiste d'une promotion immobi¬

lière adaptée aux exigences d'une nouvelle élite sociale. Antithèse du bourg médiéval voué à la stagna¬

tion entre ses murs vieillis, Pérol¬

les incarne la vitalité d'une socié¬

té en devenir par la dimension ample de ses rues et l'aspect urbain de ses immeubles. Le boulevard de Pé¬

rolles constitue du reste le prolon¬

gement logique du principal axe ur¬

bain reliant la ville moyenne à la ville haute, contribuant ainsi à un nouveau déplacement du centre des affaires au voisinage de la gare du chemin de fer."

(20)

et prolifération des constructions L'extension des quartiers périphé¬

riques répond à vine nouvelle demande résidentielle, conséquence du renfor¬

cement des activités marchandes, ban¬

caires et pédagogiques, et marque la séparation accrue entre les zones de production et d'habitation.

Tandis que l'urbanisation rapide du plateau de Pérolles, adéquatement desservi par le chemin de fer, a pour résultat de nouvelles implanta¬

tions industrielles au Champ des Ci¬

bles, les coteaux du Gambach et du Schönberg se qualifient pour l'habi¬

tation des classes aisées grâce à leur orientation favorable et leur proximité du centre.

Le quartier de villas du Gambach occupe un ancien domaine de l'Hôpi¬

tal racheté par la Commune. Il fait l'objet en 1893 d'un premier plan de lotissement dressé par l'archi¬

tecte Adolphe Fraisse et bientôt suivi d'un deuxième projet de parcel- lement établi en 1898 par 1'ingénieur Rodolphe de Week (voir plans en page 28).

Au tracé orthogonal d'avenues se coupant à angle droit du plan Fraisse est opposée la voirie sinueuse du plan de Heck, mieux adaptée à la to¬

pographie inclinée du terrain.

Les implantations prévisibles des constructions figurant sur le dessin du premier ont l'inconvénient majeur que les bâtiments construits en amont de l'avenue ne disposeraient d'un jardin qu'à 1'arrière de la propriété.

En définitive, on préférera à ces pro¬

jets un nouveau compromis qui assurera la desserte du Gambach à partir d'un réseau d'artères convergeant vers Beauregard. Le spectacle rythmé et diversifié des habitations égrenées le long des avenues traduit à la fois la régularité du découpage parcellaire

et le consensus résidentiel de la population. Les villas, dont certai¬

nes comprennent deux ou trois appar¬

tements superposés, obéissent à une consigne de bienfacture architectu¬

rale, gage de la notabilité de ses occupants, professeurs d'univeesité ou directeurs de sociétés.

A l'extrémité nord-est du Gambach, la cité-jardin de laFédération ou¬

vrière fribourgeoise aligne ses dou- zes maisons sur deux rangs, en of¬

frant un exemple importé à Fribourg en 1924 d'un type d'habitat semi- collectif répandu en Suisse alémani¬

que : le "Reihenhaus" de deux ou quatre unités. La cohabitation des ménages à portée d'un jardin potager individuel correspond à la restaura¬

tion de la famille et de la propri¬

été recommandée par Georges de Montenach, dont le nom est attaché à l'avenue limitrophe du quartier.

L'égalitarisrae préside à l'ordre spatial de la cité-jardin.

Au sud-ouest du Gambach, le quar¬

tier prolétaire de Beauregard — Monséjour incarne en revanche la mainmise des entrepreneurs du bâti¬

ment sur des terrains qu'ils "met¬

tent en valeur" en l'absence dè plan. Dédale de ruelles donnant accès aux constructions artisanales et aux logements ouvriers, le quar¬

tier de la Carrière se caractérise néanmoins par une relative unité immobilière, résultat de l'initiati¬

ve des entrepreneurs-propriétaires- constructeurs, qui cherchent à éta¬

blir leur personnel à portée immé¬

diate des chantiers.

La pauvreté typologique des loge¬

ments édifiés à Monséjour obéit ce¬

pendant à quelques règles d'excep¬

tion de provenance apparemment lo¬

cale* / (suite en p. 29)

(21)

21

Jacques Gubler:

Description topographique INSA des immeubles de Pérolles

Pérolles, boulevard de

Création urbanistique majeure des années 1895-1900. "Le boulevard de Pérolles, cette magnifique avenue de 25 m de largeur, qui relie les bâtiments universitaires, l'école des Arts et Métiers et la station laitière à la ville, a été construit ces dernières années par l'admi¬

nistration des Ponts et Chaussées" (F. BROILLET, Album SIA, 1901), p. 21. Cet axe de plus d' 1 km est dicté par le décentrement de la faculté des sciences, ouverte en I896. Projeté en 1895» construit de 1897 à 1900, le boulevard de Pérolles prend la valeur d'une vraie "zone d'extension", son urbanisation se poursuivant jusqu'à la fin des années trente. Cette artère traverse deux ravins. Les travaux de remblais sont difficiles en rai¬

son des mouvements du sous-sol et du peu de soin appor¬

té à l'écoulement des eaux. Effondrement du remblai amont des Pilettes en 1902. Une bonne partie des immeu¬

bles sont fondés sur pilotis. Par endroits, l'image ur¬

baine de Pérolles pourrait rappeler la réalisation con¬

temporaine du boulevard Carl Vogt à Genève. Mais, à Pérolles, les ravins ont commandé à l'est deux zones non bâties qui ouvrent des échappées vers l'horizon du Bourg. L'ouverture du boulevard entraine, dès l'année 1898, l'étude d'un système d'îlots formant square tant en amont qu'en aval. Seul le quadrillage routier se conforme finalement à ce projet, particulièrement lisi¬

ble dans le secteur de l'ancien Champ des Cibles. Une ségrégation s'opère entre l'aval résidentiel, hospita¬

ler et scolaire du boulevard et son amont industriel, artisanal et ouvrier. Bibl. BTSR XXIX (1903) P« 186.

E. CHATTON, Vieux Fg (1973) P« 6l, 86-87.

Pérolles No 7 - Garage automobile de Pérolles, 1923 (aut.) Béda Hefti, ing. pour L. Baudère. Appareil de

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EDIL 76 (1923).

Pérolles No 19-21 (et Locarno s.n.) - Bâtiment : com¬

merce, administration et habitation, 1900 (aut.) Ale¬

xandre Bordigoni, arch, à Genève, pour SI de l'avenue des sciences. Ensemble formant l'amorce d'un square.

Pan coupé à l'angle de la rue de Locarno. Expression de notabilité-affirmée dans l'appareil, les moulura- tions et la ferronnerie. Balcon en coursive tout au long du bel-étage: qualité "dynamographique" des fer¬

ronneries. Transformation des combles en 1971* Immeu¬

ble décapité de sa décoration faîtière. EDIL 9 (l900).

Bibl. E. CHATTON, Vieux Fg. (1973) P- 6l, 88-89.

Pérolles No 37 - Villa, 1900 (proj.) 1904-1905 (cons- truite) Léon Hertling, arch, pour Sallin, directeur.

Articulation pittoresque par compénétration de masses - asymétriques. Grammaire néobaroque à consonnances

viennoises. Clôture et portail inspirés de Guimard.

Ferronneries Art Nouveau des serruriers Hertling. '

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Implantée au coude de l'avenue, cette villa ferme la perspective monumentale nord-sud du boulevard, (voir la photo du temps au bas de la page 11).

Pérolles No 39 Bâtiment: commerce, habitation et café de l'Université, 1897 (aut.) Léon Hertling, arch, pour Sallin, propr. Bâtiment vigoureusement texturé. Soubas¬

sement et chaînages de pierre. Maçonnerie de pierre

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artificielle du 1er au 3e étage. Parements en brique de terre cuite. Couverture d'ardoise. Belle polychro¬

mie ocre rouge, ocre jaune. Corniche bleue. Huisseries travaillées. Oriel d'angle couronné d'une tourelle cir¬

culaire. Stores métalliques du serrurier R. Gauger, Zurich. Bureau de poste introduit en 1908, transformé en 1940. Agrandissement du café en 1950. EDIL 86 (l897) Pérolles 57 (et Industrie 2) - Bâtiment, commerce et habitation, vers 1906. Implantation en tête d'îlot.

Urbanité discrète du pan coupé, des oriels et du bel- étage. Réfection lénifiante au début des années 1970.

Pérolles No 71-73 (et Gachoud s.n.) - Bâti- ment: commerce et.ha¬

bitation, 1908 (aut.) Ernest Devolz, arch, pour lui-même.

Gabarit de 3 étages sur rez et comble ha¬

bité. Redondance de la grammaire décora¬

tive et scansion vi¬

goureuse des encadre¬

ments. Effets de tex¬

ture. Parements de brique simulée. Tour¬

nesols sculptés à la console des balcons.

Grandiloquence publi¬

citaire.

EDIL 470 (1908)

Pérolles No 91 (et Charmettes s.n.) - Bâtiment : Com¬

merce et habitation, vers 1900. Pan coupé surmonté d'une tourelle régionaliste. Abondante fenestration.

Implantation en tête d'îlot.

Pérolles No 4~l6 = Rangée de bâtiments : commerce, ad¬

ministration et habitation. Trois sociétés immobilières se partagent l'opération. La SI Pilettes construit les

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no 4-6, le no l6 en 1898-1899 (aut.). La SI L'Avenir construit les no 8-10 en 1904 (aut.). La SI Sarinienne les no 12—14 en 1899 (aut.). Les plans proviennent du bureau Joannes Grosset et Ami Golay de Genève. Démoli en 1959-1960, le no 2 faisait partie de la même opéra¬

tion. Implantation en talus. Gabarit de 4 étages sur rez en bordure du boulevard. Gabarit de 7 niveaux en aval du remblai. Façade représentative sur Pérolles.

(voir photos du temps en page 9) La présence du mezza¬

nine strié suggère une destination tertiaire. Opulence des balcons étroits traités en coursive ou en alter¬

nance. Légères modifications du décor d'une tranche à l'autre. Caractère genevois plus que parisien de l'ima¬

ge. EDIL 43 (1898). EDIL 32 (1899). EDIL 63 (1899).

EDIL 103 (1904). Bibl. E. CHATTON, Vieux Fg (1973) P.

84.

Pérolles No 26 - Bâtiment : commerce et habitation, 1902 (aut.) Alexandre Bordigoni, arch, à Genève, pour SI du bd de Pérolles. Première tranche d'un square resté inachevé. Gabarit de 4 étages sur rez. Urbanité prononcée. Donne le ton par ses bossages, sa couleur et son pan arrondi aux deux nos suivants. EDIL 19 (1902).

Pérolles No 18 - Bâtiment : commerce et habitation, 1933 (aut.) Léonard Dénervaud et Joseph Schaller, arch, pour SI Pérolles 18. Représente la phase 1930 de l'ur¬

banisation du boulevard.

Pérolles No 28 - Bâtiment : commerce et habitation, 1905 (aut.) François Valenti, entrepreneur-architecte.

Soigné dans la saturation ornementale. Encadrements de molasse et parements à l'imitation de la brique de ter¬

re cuite. Attique médiévalisant. Subtilité du jeu des corbeaux supportant 1'avant-toit. Ton dominant rouge en contrepoint du jaune réservé au no 26 et de l'oran¬

gé du no 30. EDIL 182 (1905).

Pérolles No 30 (et Vogt 26) - Bâtiment : commerce, ad- ministration et habitation, 1906 (aut.) François Valen¬

ti, entr./arch. pour lui-même. Termine l'opération en

(26)

point d'orgue. Pan arrondi couronné d'une loggia en

"chemin de ronde".

Registre décoratif éclectique et ita¬

lianisant. Entrée en retrait de la façade. Qualité des huisseries.

Poignées et heur¬

toirs en étain.

Verres biseautés.

Peintures au po¬

choir : motif du griffon.

EDIL 269 (1906).

Pérolles No 38 - Imprimerie Saint-Paul, 1903 (constr.) Frédéric Broillet et Charles-Albert Wulffleff, arch, pour Communauté de l'imprimerie Saint-Paul. Bâtiment implanté perpendiculairement à l'avenue : 2 axes de profondeur. Articulation pittoresque des pignons et des toitures. Planchers, sommiers et colonnes de béton armé exécutés par l'entreprise Girod. Beau portail Art Nou¬

veau du serrurier Edouard Gougain. Bibl. BA VI (l903—

1904) p. 84.

Pérolles No 68 - Académie Sainte-Croix, 1903 (constr.) August Hardegger, arch. Volumétrie massive. Accusation verticaliste des façades par les pilastres d'un ordre colossal éclectique. Théâtralisation particulière de l'angle nord-ouest ; motif de l'arc triomphal traité jusqu'en attique. (voir photo ci-contre et état d'ori¬

gine en p. 44). Planchers de béton armé exécutés par l'entrepreneur Adolphe Fischer-Reydellet. Bibl. BA VI 1903/1904), p. 32.

(27)

27

Pérolles No 70 — Villa, 1895-1900. Une surélévation du début des années 1950 et un avant-corps ont modifié la masse originale de la maison. Traitement soigné de la molasse. Ressaut particulièrement orné : superposition des ordres, cartouche et fronton, masques de faunes.

Ton italianisant.

Pérolles No 72 - Bâtiment industriel, 1870-1872. Ancien¬

ne scierie, l'un des 5 établissements desservis par la force "télédynamique" du projet Ritter. Grande halle de 3 nefs accolée à un avant-corps administratif. Elégance des percements. Devenu garage des T.F. Bibl. E. CHATTON, Vieux Fg (1973) p. 94-95.

(28)

Sif»

DU QUARTIER GAMBACH v nimm im,

1893 '• premier plan de lotissement par l'architecte Adolphe Fraisse

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r * y Quartier Gambach

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1898 : projet de parcellement de l'ingénieur Rodolphe de Week

(29)

Au chemin des Bentelières, une ca¬

serne locative édifiée en 1897 par les frères Fischer entrepreneurs, présente la disposition suivante s un seul appartement par travée et étage, accessible par un escalier intérieur commun ainsi qufune pièce supplémentaire par rapport au loge¬

ment ouvrier traditionnel des années 1900. Une autre particularité du lo¬

gement prolétaire apparaît au chemin du Petit-Chêne 2, où l'immeuble ne comporte qu'une seule pièce dans le sens de la profondeur avec accès la¬

téral des chambres à partir d'un couloir à la manière des comparti¬

ments de chemin de fer. Le souci de réduire la promiscuité du voisinage en plaçant un seul logement par éta¬

ge reflète un compromis local entre la villa individuelle et le bâtiment locatif. Cette disposition se répéte¬

ra fréquemment au quartier d'Alt, secteur urbanisé dès 1897 > où la rue Grimoux est restée artère unique, rassemblant dans ses murs une popu¬

lation d'artisans et de commerçants.

L'ancienne maison gothique d'une largeur de travée souvent inférieure à 4 mètres entre murs mitoyens, avec son organisation verticale des espa¬

ces du logement aux étages succes- sifs, fait place progressivement à partir du 17e siècle à l'aménagement d'appartements distribués horizonta¬

lement sur.un seul niveau après ra¬

chat de plusieurs maisons contiguës et reconstruction à leur place d'un nouvel immeuble. Par opposition aux normes résidentielles traditionnelles, les nouvelles maisons de rapport édi¬

fiées à Pérolles à partir de 1900 vont tirer parti des situations au carrefour de deux rues, emplacement qui favorisera le déploiement des pièces de réception et de séjour sur deux façades adjacentes avec l'ad¬

jonction éventuelle d'un oriel d'an¬

gle.

Quasi suburbaine comme aux rues du Botzet et Geiler, la villa particu¬

lière ou locative fait figure de ma¬

noir en réduction, son plan abondam¬

ment décroché assurant la diversifi¬

cation des volumes intérieurs et leur dégagement sur un jardin privé.

Du catalogue résidentiel fribour- geois, on ne saurait exclure le cha¬

let fréquemment débité dans une char- penterie de l1Oberland bernois et ma¬

nifeste du ralliement au style helvé¬

tique, comme cet exemple de l'impasse du Bois aux Charmettes, dont la devi¬

se en pignon proclame en dialecte lo¬

cal le refus des influences étrangè¬

res ("fremdi Bauart git's scho z'viel, drum baue ni im Schwyzerstil"). In¬

termédiaires entre l'habitation in¬

dividuelle et collective, les pension¬

nats d'adolescents et les institutions confessionnelles s'abritent dans des gabarits amples où les salles d'étu¬

des voisinent avec les chambres de repos. La pente des terrains influense à son tour la typologie de 1'habita¬

tion en la contraignant à absorber entre ses murs des chutes de niveau qui déterminent l'exhaussement des murs de soutènement offrant parfois appui aux jardins suspendus ou aux balcons.

Les édifices publics fribourgeois sont soumis à l'initiative et la supervision de l'Intendance des bâ¬

timents, qui pratique l'économie des investissements immobiliers en re¬

courant souvent à la modification de la destination des immeubles. La dé¬

monstration est apportée que la même forme architecturale peut satisfaire à diverses fonctions moyennant des réaménagements minimaux, comme en témoigne le projet visant à trans¬

former en 1878 l'église Notre-Dame en bibliothèque cantonale. Le cas de l'usine de wagons (l872), devenue caserne militaire de Pérolles (l880), puis faculté des^sciences (1894) est également une illustration du réem¬

ploi possible des enveloppes de bâ¬

timents à condition qu'elles soient amplement dimensionnées pour permet¬

tre un nouveau cloisonnement des es¬

paces et qu'elles soient munies de vastes baies d'éclairage.

La conversion en 1935 de la fabri¬

que de cartonnages de la Neuveville en asile de nuit ou le cas plus

(30)

Edilité fribourgeoise et pratique architecturale Comme le laisse entendre le négo¬

ciant Edouard Fischer qui lance en 1906 sur sa propriété aux Grand' Places un concours d'architecture pour déterminer 11 image architectu¬

rale des immeubles à y construire, l'affichage publicitaire de la rai¬

son sociale est le mobile dominant dans le choix des références stylis¬

tiques appliquées au traitement des façades (voir photo en p. 42). A la modestie d'une implantation mitoyen¬

ne entre rue et cour, les promoteurs préfèrent habituellement la situa¬

tion plus prestigieuse des édifices aux angles des rues ou aux abords immédiats des places. En dehors de la réglementation sur la police du feu (1872) et du règlement sur les taxes et mutations de bâtiments (l877)> la législation sur les cons¬

tructions à Fribourg apparaît comme relativement libérale. Le nombre des enquêtes publiques à l'Edilité passe de 41 en 1891 à 90 en 1897» pour se stabiliser à une moyenne de 50 jus¬

que vers 1920, avec toutefois une chute à 27 en 1917* Compte tenu de l'importance minime de la majorité des objets, c'est un moindre volume de construction que se partagent les quelques architectes fribourgeois.

Réputé seul représentant de la pro¬

fession vers 1875» Adolphe Fraisse est relayé dans la dernière décennie du siècle par deux bureaux qui acca¬

parent la majeure partie des mandats d'architecture, à savoir ceux de Léon Hertling et de l'association de Frédéric Broillet et Charles-Albert Wulffleff.

Quelques architectes font office de promoteurs comme Charles Winckler- Kummer au quartier d'Alt et Ernest Devolz à Pérolles, tandis que la masse d'autoconstruction dévolue à des entrepreneurs comme Hogg ou Baeriswyl à Beauregard est considé¬

rable. La question des luttes d'in¬

fluence régissant l'attribution des mandats de construction reste obscu¬

re. Les architectes genevois Alexan¬

dre Bordigoni, Joannes Grosset et Ami Golay sont admis à bâtir à Fri¬

bourg dans le cadre de deux ensembles immobiliers au boulevard de Pérolles.

En règle générale, le protectionnisme corporatif demeure vigilant et les séances du groupe fribourgeois de la Société des ingénieurs et architectes témoignent d'une activité importante.

La diversité du catalogue stylis¬

tique des édifices fribourgeois com¬

bine les exemples du rationalisme académique avec les emprunts à l'ar¬

chitecture gothique et à la Renais¬

sance française où Léon Hertling excellera, tandis que les adaptations de l'Art Nouveau p^r les architectes Broillet et Wulffleff verront d'heu¬

reuses illustrations dans l'immeuble No 17-19 de l'avenue du Midi et plus particulièrement dans l'étonnante villa Mayer au Gambach, où sont pré¬

sents des rappels de l'architecture d'Olbrich à Darmstatt.

Avec les premières années du XXe siècle, le style suisse, qui honore notamment les toitures à silhouettes contrastées et l'usage maniéré du bois en façade, gagnera du terrain à Fribourg en se faisant l'écho d'un besoin d'identification architectura¬

le, nationale et locale. L'attache¬

ment au passé médiéval pousse cer¬

tains architectes à ceinturer leurs ouvrages d'un rempart comme' au cime¬

tière de Saint-Léonard (1902) ou aux bains de la Motta (1924), tandis que Hertling se complait à créneler le pignon de l'usine Zaehringia-Sarina (1904)» La gamme relativement res¬

treinte de matériaux de provenance locale comme la molasse, la brique de terre cuite et la tuile permettra

(31)

d'ingénieuses combinaisons tel l'ap¬

pareil mixte brique-pierre utilisé en façade de 1'immeuble rue de Lau¬

sanne No 53 (1896),

Quant aux ferronniers de Fribourg, ils savent imprimer à leurs fers forgés une ornementation spécifique.

Mesures d'embellissement urbain La Société pour le développement

de Fribourg, fondée en 1899» avec Frédéric Broillet comme président et Adolphe Fraisse et Romain de Schaller comme membres, entreprend dès l'origine une action publicitai¬

re en faveur de Fribourg en recou¬

rant à l'affiche illustrée, au guide de voyage, ou en ouvrant un bureau d'information à la rue de Lausanne \ en organisant représentations théâ¬

trales, tableaux patriotiques et kermesses. Les mesures d'embellis¬

sement sont nombreuses et diverses s elles se rapportent à l'aménagement des cheminements pour promeneurs aux abords de la ville, à l'éclairage public des rues, au "mobilier urbain"

(kiosque à musique, fontaines, vo¬

lière) et surtout à l'organisation du traditionnel concours de balcons fleuris qui remporte un succès con¬

sidérable auprès de la population et contribue à relever l'aspect jugé peu attrayant des façades de bâti¬

ments aux quartiers de l'Auge et de la Neuveville. Au centre des préoc¬

cupations de la commission d*embel¬

lissement se retrouve la conviction que l'image de Fribourg tient à cette trilogie : le clocher de Saint- Nicolas, la silhouette du rempart et les orgues de la cathédrale. Dès 1910 les aménagements paysagés des jardins publics vont devoir se prêter progres¬

sivement à une modernisation intempes¬

tive et à un grignotage de surface motivé par l'élargissement des voies de circulation. Cernée de près par les forêts et pâturages, Fribourg- ville manquera d'espaces verts pu¬

blics.

En 1909» Amédée Gremaud, le prési¬

dent de la Société fribourgeoise des ingénieurs et architectes, déclare :

"Dans nos constructions, l'architec¬

ture s'est bien améliorée depuis quelques années. De nombreuses mai¬

sons d'habitation et villas ont été exécutées avec goût, dans un style rappelant nos anciennes demeures (..) On a enfin renoncé à la construction de carrés ou de casernes (..) A la campagne on exécute encore des bâti¬

ments sans goût et d'un style douteux ou exotique. On confie généralement l'entreprise des bâtiments à des tâ¬

cherons italiens qui modifient les pians des architectes en introduisant des moulures de menuiseries et des peintures criardes que l'on rencontre sur les façades des pays méridionaux".

Ce bilan évidemment subjectif confirme 1*avènement à Fribourg d'un nouvel or¬

dre des constructions respectant les traditions locales. Le chef-lieu a donc trouvé son identité architectu¬

rale, même si la campagne environnante autorise encore l'émission de nombreu¬

ses fausses notes.

Léon Savary, qui distingue entre le Fribourg "bolze" de la petite vie et le Fribourg "pythoniste" ou interna¬

tional, signale que l'art pictural n'y est point "comme un hôte qu'on honore.

Il est dans tout, il enveloppe tout, il transfigure." L'ensemble des vi¬

traux de joseph Mehoffer à la cathédra¬

le Saint-Nicolas confirme bien cette déclaration par sa richesse figurative et l'éclat de sa coloration, tout en restant un exemple inégalé de l'image¬

rie Art Nouveau appliquée à l'archi¬

tecture. Par ailleurs, la diversité d'inspiration de l'Architecture nou¬

velle à Fribourg repousse tout effet de monotonie par la constante stimulation visuelle qu'elle exerce, annonçant ain¬

si le relèvement économique et social opéré au tournant du siècle.

Gilles Barbey

(32)

Bise Modeste, ingénieur géomètre et directeur de l'enregistrement 1829-1907 Fischer Jcseph, entrepreneur 1829-1908 Perroud Théodore, architecte 1830-1876 Winckler Claude, entrepreneur (père de Charles W.-Kummer, arch.) 1830-1895 Fraisse Adolphe, architecte 1835-1900 Ritter Guillaume, ingénieur 1835-1912 Blaser Samuel, ingénieur et directeur des ponts et chaussées 1838-1904 Gremaud Amédée, ingénxeur et inspecteur général 1841-1912 Brulhart Joseph, ingénieur et directeur de la fonderie 1847-1906 de Schaller Romain, architecte 1848-1935 Gougain Edouard, maître ferronnier 1851—1939 Jungo Charles, architecte 1852-1914 Scheim Ernest, entrepreneur et bibliothécaire SFIA 1853-1923 Broillet Frédéric, architecte et président SFIA 1861-1927 de Week Rodolphe, ingénieur 1861-1927 Valenti François, entrepreneur (quitte Fribourg en 1921) 1862 Fraisse Alexandre, architecte 1864-1896 Girot Maurice, ingénieur et directeur des travaux 1864—1915 Maurer Hans, ingénieur en chef des E.E.F. 1865-1917 Fischer-Reydellet Adolphe, entrepreneur concessionnaire Hennebique 1866-1947 Hertling Léon, architecte et directeur de l'Edilité 1867-1948 Hogg-Mons Hercule, entrepreneur et carrier 1867-1951 Kirsch Vincent, peintre verrier 1869-1938 Lehmann Jean, ingénieur cantonal 1869-1927 Mehoffer Joseph, peintre 1869-1947 de Techtermann Louis, ingénieur agronome 1870-1931 Donzelli Humbert, ingénieur-architecte et professeur 1872

(quitte Fribourg en 1915)

Diener Joseph, architecte 1872 Wulffleff Charles-Albert, architecte (quitte Fribourg vers 1910) 1874 Andrey Alphonse, architecte 1875-1971 Meyer Guido, architecte 1875-1952 Troller Joseph, architecte et professeur 1875-1956 Spielmann Rodolphe, architecte 1877-1931 Devolz Ernest, architecte 1878-1945 Cardinaux Ferdinand, architecte et directeur de l'Edilité 1879-1945 Gougain Ferdinand, maître ferronnier 1880-1948 Keel Charles, ingénieur et professeur (quitte Fribourg en 1909) 1880 Jungo Léon, directeur de l'Edilité et architecte cantonal 1885-1954 Genoud-Eggis Augustin, architecte 1886-1963 Cattani Oscar, peintre et professeur (quitte Fribourg en 1915) 1887 Cuony Albert, architecte 1887-1976 Lateltin Edmond, architecte 1887-1952 Denervaud Léonard, architecte 1889-1955 Schal1er Joseph, architecte 1891-1936 Hertling Adolphe, architecte 1893-1929

(33)

Fribourg 1900:

le revers de la médaille

A l'exception d'un coin de Pérolles

et des douteuses "Carrières" de Beauregard ce "Nouveau Friboûrg"

était accessible aux seules classes aisées

Mais n'était-ce pas le résultat d'une politique délibérée des autorités ?

Nous verrons ensuite

dans quelles conditions "vivaient"

les ouvriers et les gens simples.

Le "bon vieux temps"

ne 1'était pas pour tout le monde •.•

(34)

"Nous avons ici la cité modernisée, avec ses gracieuses villas aux silhouettes variées et multicolores ; en face, les luxueuses maisons à loyer aux balcons sculptés et aux façades richement ornées $ plus loin, le monumental hôtel des Postes. Le contraste avec la ville primitive est abso¬

lu : plus rien qui rappelle les splendides décors moyenâ¬

geux du vieux Fribourg avec ses tourelles, clochetons, mai¬

sons gothiques, etc. ; nous sommes ici en pleine actualité.

Un projet d'aménagement de ce nouveau quartier avait été établi par M. Fraisse, Adolphe, architecte et conseiller communal, en 1888, et, dans ce projet, il était déjà ques¬

tion de la nouvelle route des Alpes qui devait alors abou¬

tir sur les Grand'Places, tandis que le tracé adopté au¬

jourd'hui débouchera à l'angle sud-est du square des Places.

Les terrains affectés aux villas et bordant la nouvelle rue Saint—Pierre, du côté du ravin, furent vendus en mises publiques par la Commune de Fribourg en 1889 et 1890, aux prix de 3 Fr. 50 à 5 Fr. 10 le m2, y compris les ravins."

Frédéric Broillet, architecte, dans l'Album de fête 1901 de la Société Suisse des Ingé¬

nieurs et Architectes.

"L'achat du Gambach par la Commune englobait 344*000 m2 de terrain payé à l'Hôpital 250'000 Fr. Depuis lors 56'000 m2 ont été employés pour des constructions : 37'000 m2 ont été vendus 347*000 Fr. (prix moyen 9 Fr. 40 le m2) et

19'000 m2 ont été cédés gratuitement pour des écoles et au¬

tres oeuvres d'utilité publique.

Il reste encore comme terrain libre au Gambach 287'000 m2 qui reviennent - 1'aménagement du quartier ayant coûté 315'000 Fr., à 2l8'000 Fr."

Liberté du 9 mai 1908 : compte-rendu de la séance du Conseil Général.

EN CLAIR : LA COMMUNE UTILISE ALORS SES TERRAINS ET CEUX DE LA BOURGEOISIE, CREE DE NOUVEAUX QUARTIERS AU BENEFICE DES MILIEUX AISES, EN L'ABSENCE DE TOUTE POLITIQUE SOCIALE ...

(35)
(36)

UNE ENQUETE SUR LES CONDITIONS DE LOGEMENT EST ENTREPRISE DE 1897 A 1903. CE RAPPORT EXPLOSIF NE SERA PAS RENDU PU¬

BLIC, ET POUR CAUSE... CE N'EST QUE LE 18 JUILLET 1908 QUE LA "LIBERTE" EN DONNERA LES GRANDES LIGNES

Fribourg comptait 2147 appartements locatifs occupés par une population de 8626 personnes. A Fribourg, la propor¬

tion de logements occupés par les propriétaires était de 24 %, Les chiffres suivants concernent donc exclusivement 76 % de logements occupés par des locataires (à titre de comparaison, la proportion de logements occupés par des propriétaires était à la même époque de 28 % à Winterthur, 17 % à St Gall, l6 °/o à Zurich et Lucerne, 14 % à Berne).

La proportion des petits logements de 1 et 2 chambres est particulièrement élevée à Fribourg : 65 % contre 55 °/»

à Bâle et Berne, 27 % à Winterthur, 20 °/o à St Gall et 18 % à Zurich.

Mais leur répartition en ville est très inégale : l'Auge compte 95 % de logements loués de 1 et 2 chambres, la Neu- veville 88 %, le Bourg 55 1» et les Places 38 %.

Les petits logements de la Basse-Ville sont particuliè¬

rement surpeuplés î

Le quartier de l'Auge compte alors 492 logements loués occupés par I867 personnes : 1000 d'entre elles s'entas¬

sent dans 312 logements d'une seule pièce (soit plus de 3 personnes par pièce habitable), les 867 autres occupent l80 logements, principalement des 2 et 3 pièces, comptant au total 387 chambres (soit plus de 2 personne par chambre en moyenne). Le cas extrême est alors en ville de Fribourg celui d'une famille de 10 personnes (4 adultes et 6 en¬

fants) occupant 1 seule chambre de 27 m2 (volume d'air de 65 m3) disposant d'un W.C. commun avec un autre ménage et d'une cuisine de 5 m2 sur le palier. Loyer annuel : 132 Fr. (A titre de comparaison, la norme admise dans les prisons était de 14 m3 par prisonnier : elle n'était que de la moitié pour les membres de cette famille de la Basse)

(37)

37

UN CONTRASTE EVIDENT :

A l'opposé, le quartier des Places compte sur un total de 672 logements occupés par 2983 locataires, une propor¬

tion inverse de petits logements :

nombre de logements: habitants:

chambres: Places Ville Places Ville

1 79 769 209 2258

2 183 641 692 2685

3 192 359 929 1696

4 81 159 401 778

5 69 115 331

1209

6 + 68 107 421

Total : 672 4986 2983 8626

Les Places comprenant les nouveaux quartiers, on cons¬

tate l'écart des conditions de vie et l'attrait que peu¬

vent exercer sur la population aisée les quartiers neufs de Pérolles. D'autant que si l'on possédait également pour cette époque les données concernant le confort du logement, l'écart serait encore plus grand. Combien de logements en Basse-Ville disposaient alors de l'eau cou¬

rante et de l'électricité ?

Dans le quartier de l'Auge : blanchisseuses au travail.

(38)

et les conséquences humaines Tout l'accroissement de la population au cours de la première moitié du 19e siècle sera "absorbé" dans le mê¬

me volume bâti : la population double en effet, passant de 5'100 en 1799 à 10'509 en i860. Ce n'est que bien après cette date que la construction de nouveaux quartiers ap¬

portera une amélioration des conditions de logement d'une partie de la population. Car en 1910, elle atteindra 20'367 habitants et 3'864 ménages.

Dans les quartiers pauvres de la ville, à la Neuveville ou en l'Auge la population aura triplé de densité pour un nombre inchangé de logements. Une telle évolution ne res¬

tait pas sans conséquences.

Le député Léon Genoud, dans une publication de l'Oeuvre fribourgeoise pour la lutte contre la tuberculose, consta¬

te en juillet 1916 s

"Notre ville et le canton de Fribourg se trouvent à la tête des villes et des cantons suisses pour le nombre des décès d'enfants dans leur tout premier âge. Les statisti¬

ques nous montrent qu'un grand nombre de ces enfants meu¬

rent tuberculeux.

... Nous avons été amenés à rechercher le domicile de ces tuberculeux décédés, et nous avons constaté que cer¬

tains quartiers, certaines rues sont particulièrement éprouvés : la rue des Forgerons, la rue d'Or, la place du Petit-Saint-Jean, la Samaritaine, le Stalden, la Grand' Fontaine, la Neuveville, la Planche-Supérieure et Beaure- gard.

Les vieux quartiers, avec leurs logements bas, sans air, sans lumière ni soleil, les fenêtres souvent bouchées par des vases de fleurs, sont de dangereux repaires pour les bacilles de la tuberculose.

Il y est arrivé ceci : que d'anciennes maisons, très saines par elles-mêmes, construites jadis pour une seule famille, abritent aujourd'hui des familles avec beaucoup d'enfants, occupant un nombre trop restreint de chambres, dont quelques-unes sont parfois sous-louées et où les rè¬

gles les plus élémentaires de l'hygiène sont abandonnées.

Ces maisons sont devenues des foyers de contagion."

(39)

39

La pensée sociale

de Georges de Montenach

Dans "Pour le visage aimé de la Patrie !", paru en 1908 :

"Le grand reproche qu'on fait souvent aux vieux quartiers, pour justifier leur démolition intempestive, c'est qu'ils sont devenus sordides, c'est qu'ils sont des foyers de con¬

tamination.

Ah ! je le crois bien. Mais à qui la faute ? Les coupa¬

bles ce sont ces municipalités routinières et stupides qui, pendant des séries d'années, ont laissé tripler, quadrupler le nombre des habitants de certaines rues, sans jamais s'oc¬

cuper de l'écart qui se produisait tous les jours, entre le contenant et le contenu." (p. 4ll)

"Les misères physiques et morales engendrées par la surpo¬

pulation ont été de telle nature qu'elles devaient forcément produire une réaction contre l'état de fait qui en était la source. La cherté des loyers, l'accaparement, par le commer¬

ce et les affaires, de plusieurs quartiers populeux, arra¬

chèrent violemment à leurs anciennes demeures des centaines de familles qui, éloignées de la partie centrale des villes, durent tout à coup chercher dans leur périphérie un nouvel abri." (p. 429)

"Les quartiers réservés aux populations laborieuses, qui auraient dû être l'objet d'attentions spéciales, à cause de toutes les réactions du logis malsain sur l'ensemble de la cité, furent particulièrement abandonnés à eux-mêmes et à ceux qui, en les construisant, gagnèrent souvent des fortu¬

nes scandaleuses par l'emploi de matériaux inférieurs, par l'entassement des familles dans des locaux trop étroits, par la multiplication de chambres sordides qui n'ont jamais ré¬

pondu un seul instant aux exigences élémentaires de l'hygiè¬

ne et de la morale sociale." (p. 432)

Dans une intervention au Grand Conseil de mai 1899 s

"Nous devons, si la population se développe, donner à la classe ouvrière, dans des maisons que chaque famille puisse peu à peu acquérir, toutes les jouissances possibles ; nous devons aux quartiers populaires des jardins, de la lumière,

l'air pur, des monuments et des fontaines. Nous leur devons des fleurs, des feuillages et des verdures, mettant les rues en fête et les coeurs en joie."

(40)

Fribourg 1900

Le temps n'était pas encore venu d'une politique sociale.

Mais l'essor du Nouveau Fribourg sous Gèorges Python est un fait.

Qu'on s'y réfère ou qu'on le renie, ce passé est le nôtre.

Mais c'est un héritage menacé :

Des destructions cupides ..ou stupides l'ont déjà gravement entamé.

Des pans entiers sont tombés : ainsi au quartier Saint-Pierre,

des immeubles significatifs ont disparu, tel le magasin "A la Ville de Paris"

(avec la bénédiction des Monuments historiques !) ou l'immeuble Fischer à l'avenue de la Gare ..

(41)

A VU^ATI t foi ■

<89 c E. Chiffelle, phot«, Neuchitel 'Fribourg J- T>,ue Sf. Pierre^*

DEMOLI !

^ rue Saint-Pierre

^ A la Ville de Paris rue de Lausanne

(42)

Locations de : #

maisons, domaines, vilias, propriétés, montagnes,

LE PRESTIGE IMMOBILIER OU UN CERTAIN TRIOMPHALISME ! Joseph FISCHER (l829-1908) entrepreneur, construisit la gare de Fribourg, la caserne de Pérolles, la fabrique d'engrais chimi¬

ques, la fabrique de wa¬

gons (future faculté des sciences). En 1889, la construction du quartier Saint-Pierre marqua le couronnement de sa car¬

rière .

Maison Fischer, propriété de l'Age Bureau: dans la Maison.

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Avec l'Eurotel, c'est l'exemple type des carences de l'urbanisme à Fribourg. Un exemple dont les protagonistes n'ont rien d'exemplaire :

La Commune est la responsable en titre : à défaut de conception ou de plan d'urbanisme, elle a laissé faire cette démolition, abandonnant une fois de plus le devenir du centre-ville à l'initiative privée. Mais, en fait

d'"initiative", on aboutit à un conflit d'intérêts privés, bloquant toute l'affaire et limitant pour l'heure le socco pardon, le saccage. Car le projet global, axé sur le pro¬

longement de la rue Saint-Pierre, entraînerait la destruc¬

tion de l'immeuble de la "Suisse", anciennement "Belle Jardinière", l'un des immeubles les plus significatifs et

les mieux restaurés du Fribourg 1900. On ne peut, hélas, compter sur le plan d'aménagement en préparation pour y remédier, car ses concepteurs du "Groupe de travail" ont été comme par hasard choisis parmi les responsables et fonctionnaires de la Commune, gens peu enclins à remettre au cause les décisions de leur propre administration ...

L'Union de Banques Suisses, quant à elle, se poserait presque en victime.Une victime pas si innocente que cela..

Elle s'est dépêchée de démolir avant que les arrêtés anti¬

surchauffe ne l'en empêchent. Cette politique du fait ac¬

compli n'aura pas été payante. Bras long et idées courtes?

Toujours est-il que l'UBS est bien la seule à pouvoir s'of frir une bévue aussi coûteuse. Mais qui chiffrera jamais le préjudice causé à l'image de la ville ? Ce que les "au¬

mônes" culturelles distribuées ne compensent guère ...

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INCENDIE CRIMINEL A BEAUREGARD Un jeune couple perd tout dans le sinistre

Le feu ravage 2 immeubles:

LA NEGLIGENCE D'OUVRIERS SERAIT LA CAUSE DU SINISTRE LA VILLA SAINT-JEAN EN FEU< Ville de Fribourg

La chute du dollar contraint

le Rosary College à fermer ses portes Grosse propriété disponible

en plein centre-ville

L'Etat n'achètera pas l'immeuble

de l'Académie Sainte-Croix

Editions Louis Burgy, Lausanne. 253 Fribourg — l'Académie Sainte-Croix.

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45

Conclusion

En seulement six mois,

au travers de la presse quotidienne, vous avez ci-contre une suite de ravages, incendies et démolition, et de nouvelles menaces pèsent sur des immeubles bientôt désaffectés.

A ce rythme, le Fribourg 1900 est condamné à disparaître

avec tout le gaspillage que cela implique.

Veut-on que notre ville se continue et reste habitable ?

Ou veut-on délibérément créer la rupture entre le passé et le présent, comme c'est déjà le cas aux Grand1Places ?

Ce choix est encore possible, pour peu de temps .•.

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Le parking du Bourg en sera le test

L'étude du plan d'aménagement, com¬

mencée avec retard, avance lentement.

On en est maintenant à la phase d'exa¬

men par la grande commission du pro¬

jet des plans directeurs.

"Mais la vie continue". Crest pour¬

quoi le parti radical, prenant les de¬

vants sur le Conseil Communal, dit ce que doit être le plan d'investisse¬

ments que cette autorite devrait pré¬

senter prochainement au Conseil géné¬

ral. Pragmatique comme M. de la Pâlice il préconise que la priorité soit don¬

née aux tâches urgentes.

C'est ainsi que quatre objets doi¬

vent être réalisés sans délai : le parking du Bourg, le comptoir et la halle des sports de Pérolles, la pati¬

noire et le théâtre-maison des congrès.

D'autres tâches suivront "qu'il ne faut pas perdre de vue", dont celle du plan d'aménagement. La vie continue donc dans la ligne des sillons tor¬

tueux de la charrue devant les boeufs.

C'est dire que le risque est grand que le plan d'aménagement n'ait de

"directeur" que le nom et qu' il ne soit qu'un instrument d'inventaire et de diagnostic. Inventaire des occasions perdues et diagnostic impuissant des causes du dépérissement de la ville.

Pourtant, il semblait que les choses prenaient tournure. Le concept d'aména¬

gement de mai 1.977» charte contrac¬

tuelle approuvée par le Conseil Commu¬

nal et la grande commission représen¬

tative des divers milieux de la ville, permettait d'espérer que l'ère des dé¬

cisions isolées sans souci de cohésion

était révolue. Mais le concept d'amé¬

nagement n'est l'instrument du dévelop¬

pement harmonieux de la ville que pour autant qu'on l'utilise correctement.

Le parking dû Bourg est un test de la justesse des objectifs et de l'ap¬

plicabilité des principes matériels du concept d'aménagement.

Concept qui préconise entre autres : - Développer un système global des transports homogène et efficace en con¬

formité avec le milieu urbain et son environnement, tout en répondant aux activités qui s'y déroulent. (026) - Favoriser les déplacements des pié¬

tons et les transports en commun (027) - Protéger la vieille ville et son pa¬

trimoine architectural et la revitali¬

ser en conservant sa structure, son ordre parcellaire ainsi que la substan¬

ce et la typologie des bâtiments (014) - Promouvoir une conservation intégrée des ensembles et éléments construits de valeur intrinsèque en leur assurant une fonction vivante dans la ville.

(015) L'analyse du projet de parking du Bourg fait ressortir qu'aucun des ob¬

jectifs énoncés n'est suffisamment res¬

pecté. Mais peut-être n'est-ce pas possible ? Pour le savoir, il est né¬

cessaire que des alternatives soient envisagées. Il y a certainement des alternatives. Encore faut-il les pren¬

dre en considération et faire l'effort de les étudier.

INVITATION

Le vendredi 30 mars 1979 à 20h30 aura lieu à l'H8tel Touring, rue de Lausanne, 1er étage (entrée par l'H6tel), un débat public sur le thème :

LA RENOVATION URBAINE, GOMMENT ? POUR QUI ?

avec la participation de > Gertrude Chablais du Service consultatif des locatai¬

res,' Jean Pythoud architecte, Jean-Pierre Fragnière sociologue, Georges Monney architecte. Le débat sera dirigé par Jean-François Rossier, architecte-urbaniste et est organisé par l'Association fribourgeoise pour une politique sociale du logement.

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"Fini de rigoler !"

(ils sont sonnés)

Les PDC : «Nous ne sommes pas drôles»

C'est ce que le parti démocrate-chrétien a voulu démontrer un soir de Mardi Gras en dénonçant en justice le journal de Carnaval de la Basse-Ville.

On comprend le raisonnement : si "ils" ne sont pas drSles, pourquoi se gausser d'eux ? (Mais est-ce une raison suffisante pour les prendre au sérieux ?).

On s'interroge par contre sur les raisons d'une telle dénonciation : Certains susurrent d'un air entendu que le PDC cherche à se renseigner comment on fait un journal. C'est vrai que c'est leur gros problème ...

D'autres, plus sérieux, pènsent que le PDC n'aime pas beaucoup qu'on mette en vedette certaines opérations immobilières dénoncées par les asso¬

ciations de quartier parce qu'elles provoquent l'exode des familles. Il est vrai que si le PDC avait vine politique à proposer pour les vieux quartiers, cela se saurait ...

Mais que la direction du PDC consacre une séance au "RABABOU" a de quoi faire sourire : a-t'elle jamais consacré autant de temps à l'examen des pro¬

blèmes bien réels de la Basse-Ville ?

Evidemment, on aurait tort de mettre tout le PDC dans le même sac. Le Conseiller Communal Pierre Kaeser par exemple, lors de l'ouverture du Carna¬

val, s'est taillé un franc succès par sa verve et son à—propos, mettant les rieurs de son c8té.

RABAT-JOIES CONTRE RABABOUS :

Ce sont, selon nos renseignements, Jean-François Bourgknecht, Claude Schorderet et Martin Nicoulin qui ont poussé le PDC dans la voie de la cen¬

sure et de l'inquisition. Cela s'explique : tout le monde n'a pas reçu dans son berceau le sens de l'humour ou le sens du ridicule (qui compense parfois l'absence du premier) et une telle attitude peut correspondre à certains traits de caractère, de tempérament ou encore obéir à la logique d'un per¬

sonnage. Ceux-là ne sont certes pas du Parti d'en rire !

Mais ne pensez-vous pas que le PDC aurait mieux à faire ? En se rappelant ce que Georges de Montenach, à qui ce cahier rend hommage, disait de son Parti : "Il ne doit être ni un parti d'ambitions, ni un parti d'intérêts, ni un parti.d'exploitation. Son rôle, c'est le service. Il doit être composé de serviteurs, serviteurs du pouvoir, serviteurs du pays, serviteurs de tous les citoyens ; mais des serviteurs éclairés qui n'obéissent qu'à la justice et ne transigent pas avec leur conscience."

Il ajoutait : "Les principes sacrifiés se vengent."

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Le Fribourg triste et morose des fins de mois, des fins de politique (des fins qui justifient tous les moyens), est en danger !

La fête des Bolzes de l'Auge et de la Neuve- ville risque de contaminer toute la ville ! Les Rababous et leurs pamphlets menacent l'ordre et les gens établis !

Le FDC offre une prime de VINGT FRANCS à qui les dénoncera. * Faîtes votre devoir !

pcc Martin Nicoulin

Voici leur signalement (tous renseignements à communiquer à Police de Sûreté, Inspecteur Bise, téléphone (o37) 21 13 22

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