L A
BOUILLIE
POUR LES CHATS
Contre fortune
bon
cœur, foutre !De
rïniprim^ie de lapet^
Rqsalie^au Palais-Royal.
X
LaJ-V y îf
1790.
LA BOUILLIE
POUR LES CHATS.
Oh
! oui; c’est à pre'sent que je puis direwec
plus de raison
, c^estfoutu :
mon commerce
n’al-lant pas
, javois imagine de
me
faire auteur,non
pascomme
ces feuillistes incendiaires, mais bien
pour
donner duplaisir; car ça toujours ëtëma
cou-tume
dem’
mettre enmouvement
pourça; maisc^estfoutu^v’ia qu’on
me
reproched
Egayerles es- pritsparmon
stileetmes
propos, dit-on , inalhon- nêtes :voyez
donccomm’
cereprocheestmal
fon- dë!Ne
voudroit-on pasque je parlassecomme un
orateur de l’auguste asseniblëe
,
moi
qui suisprêtresse de l’amour ^ et pour un f... de plus ou, de
moins
, faut-il tantfaire debachanal?Bon, qu’on
le fasse ce, reproche à ceux qui se servent de pa-
reilles expressions sans en avoir
comme
nous ac- quis leprivilège.Mais
, foutre ! vouloirnousem-
pêcher de continuer sur le
même
ton, ce seroit vouloir arrêter le soleil dans son cours. Ces foutus jocrisses qui se sont mis dans la tête de changernot’ langage, n’y feront quedeî’eautoute claireJet puisque j’ai trouvéun moyen
de vivre5,(
4
)Uhertêlïbertas;foutre!
comme
dît tres-bîeftJean- Bart ; mais lesmœurs
! lesmœurs
! s’écrientcei colas hypocrites qui sont trop heureuxquand
je daigne leur accorder
mes
faveurs; eh.bien, foutre ! lesmœurs
ne se gâtent pas par les mots,c’estparlesfaits,vraiment/etsinous éprouvonsau- jourd’hui tant de gêne , si nous ne voyons plus venir en foule chez nous ces gourniets de nos
çharmes
, ce sont les faits etnon
lesmots
quien
sont cause ; ainsi voguela galère : nousne
voulons pas déroger à notre maniéré d’être etde
parler.Après
tout, vous qui criez tant sur cette expression, c estfoutu ^ peut-être bienne
l’entendez-vous pas dans son vrai sens Ctstfoutu
^
veutdire, çÿJiQc*est,fini
^
que
tout est dit^
que
c estrasé^qu’on afait de la bouillie pour les chats.Ah
bravo ! allez-vous dire; plus de cestfoutuplus de foutre,
donnez-nous
de bouilliepour
les chats. S’il netientqu’à ç’à,pauvres nig- douilles, vous en aurez et je
me
disposemême
à vous en servir
un
premier plat.Des
auteurs sensés et quisavent trou ver des ex- pédiens qui pourroient vous tirer de peine , se cassent la tête pour vous les faire connoître :mais
bah
î c’est foutu , s’il vous annoncent lebien^ vous dites qu’il veulent vous endormir ,
'vous vouleztout voiren
mal
etvous vous plaisez( 5 )
à vous décourager. . . . cela
me
refout en vérité.Vous
avez couru aprèsun Ami du
Peuple,un
bougre intéressé et gagé de vosennemis qui sousun nom
mielleux ne vous présentoirque du
fiel pour vous aigrir le
cœur
et vous porter au dé- sespoir: vous avez recherché avecempressement un
furet; que dis-je,
un
furet?un
putois dévo- rant , toujours prêt à égorger la probité laplus pureet lavertu la plus signalée, et vous ne vous êtes point apperçu au premier
coup
d’œil qu’il étoit l’infâme émissaire des aristocrates cachés à qui il ne reste plus d’autre ressource que de vousarmer
les uns contre les autres en vous persua- dant que ceux en qui vous avez mis votre con- fiance, sont les premiers à vous tromper.Ah
!foutre! d’après
un
pareil aveuglement de votre^part , c’est alors que les aristocrates peuvent bien dire
, c’est foutu , l’incendie ne tardera pas à s’allumer et notre victoire sera complette , et tout ce
que
vous^ aurez fait, pauvres idiots,
ne
«era plus que dela bouillie
four
leschats, et vous serez vous les aristocruches.Ça
pourroit bienarriver, j’dis, maisnon;
c’esÇ^foutu : je connois des"^lurons qui ont la visiere nette, qui ne se laissent pas aveugler parla pou- dre pernicieuse que ces chiens d’auteurs aristocra- tes s’éfForceat de leur jetter aux
yeux
et ils(6)
fouffriront pas qu’on leur marcîie
impunément
sur les pieds. Suive^s
donc
hardiment leurs pas ^ bougres de lâches, ne vous laissez point ahaitre .plus.de courage, foutre ! Toujours en avant.
Je
vous^vois cent contreun
, et vous reculeriez-Quel
estdonc
votre crainte foutus peureux?Vous
avez déjà si biencommencé
continuez demême,
foutre!On
vous l’a déjà répété mille fois etje vous le répété encore, c’est de l’union
que dépend
la force, et de la force
que dépend
la victoire ; ne vous chamaillezdonc
pas journel-lement comme
vous le faites pour des riens, vivés dans la sécurité, etcependant soyés tou- joursprêts àvouscogner
quand
l’occasion réxigeri réellement, eh !allez vous dire, cettebougresse làne
raisonne pasmal
,oui,c’est foutu; sonconseilJCSt
bon
: ilne vousrestedonc
qu’alésuivre,sivouspe
voulez pas faire dela bouillie pour les chats.Comme
j’allois portermon
foutu gribouilliage amon imprimeur,
je rencontrai dansmon
esca- lier Jacques l’essoufîé, qui m’apportoitune
nou-veauté qui a pour titre
,je
peux
bien foutremon
avis tout
comme un
autre,ou
raisonnement foit disant éner^quedu
R' P,dom
Jean deDom^
front. Après en avoirprislectureje m’écriai
Révé-
renddom
Jean-foutre,je voudrois bien te con-ijoîrrej tu
veux me
couillouner dans ta feuille^(7)
o5i !
S
je tetenoîs dans ma:cîîarnLreje teîonnerois ^
moi,
car foiure l je suis complaisant»en teins et lieux
, mais aussi dans de ceriaine^
circonstances jai des poignets au boutdes brasqui iont d^une souplesse a toute epreuve, et qui enr joueroient d’un air sur ta foutuemâchoire; je te
demande un
peu qui tu es^ serpent qui jette ton venin sur tout ce qui se présente à toi, qu’est- ce
que
tu entens par une bougre de joberie qui disoit que lecommerce
étoh foutumais
qui avaitpeur
d'en dire la cause, car c’est de
ma
feuilleque tu
veux
parler ,tu ne scaisdonc
pas lire, n’as
tu paJ
vu
l’epigraphe, pointd^argent point de Suisse eh bien, foutre I falloir-il te faire exprès
un commentaire
de ce proverbe pour t’expliquerque
lecommerce
estfoutu,parcequ’iln’y a point d’argent, qu’on ne paye;pas ceux a quil’on doic^
que
le crédit estmort
?&c.
..&c.
maismoi
amon
tour je tedemande
qui est-ce qui ta sibien instruitdes
mal menés
de ceuxque
ru accusécomme un
lâche sans tenommer,
tu escommô
l’anguille de
melun
, tu cries avant que l’onne
t’écorche. Je voudrois bien t’y voir à l’Assemblée tenirla queue de la poêle1 Pauvre benetlafriture
ne
tarderoit pas à être renversée.Et
c’estun
rasde
couillions rôtisdeton espece qui jettentlêmàn
che.après la coignée qui croient tout voir et qui
( 8 )
ne
voient rien.Tu
te plains,bougre d’idiot,que
l’on fait la chasseaux contrebandiers de taba€ ,et l’on fait très-bien) j’en ai pris
marheureusement
trois
ou
quatre prises de cefoutu tabac de con- trebande 5 ilma donné un mal
de têtependant
huit jours! il m’a fait éternuer d’une fotee ame
rompre
le crâne: voisdonc
la belle bougrede
marchandise pour enautoriser lë débit: j’dis;c’est foutu3 puissiezvoUstousën prendretoiettespareilsune
si forte dose que la cervelle vous en pette:après tout ça seroit vous rendreservice car vous êtes si transis de peur
que
ça vous remettroit peut- être dans votre assietteou
votre plat :ah oui) vous êtes malades a n’en pas douter^vous êtes dansun
transport et c’est l’accès déla fievre quivousfait jetter les hautscris;quantamoi
,nom
d’im tonnère ! si je portois culote , le sabre au côté et le casque
en
tête je vous attendrois de pied ferme ces bougres dont vous craignés toute Ja rage' ets’ilfalloit périr, jedirois ; cestfoutuper- rons mais auparavant d’être périe
, j’autois le plaisirdefoutre quelques têtes a bas.
La
belle bou- gre d’avance,me
direz vous, foutus poltrons! tu raisonnes lacomme un
comptoir : eh bien foutre^raisonnnés toujoursde
même
et je vous répons ne vous neferez pas de la bouilliepour
lescka$§' Se trouve che:i^Lacroix^ rue