Intégration des femmes dans le secteur commercial moderne en Mauritanie

(1)

NATIONS mIlES

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL

COMMISSION ECONOIIHQl.:E POUR UAFRIQUE

I!WTEGl? ATIO"l DEg FEMMRS nANS ToF ~ECTEnli

C:)MM",'l.CIAL MODERN!'. EN MAlJki'i"ANlE'

Distr.: GENERAI,E E/ECA/TRADE/92121 14 decembre 1992

• Cette etude a €ite menee par un consulta.nt. Les vues expri mees da.ns cette etude ne refletent pas necessairement les vues du secretariat de la CEA.

(2)

I. INTRODUCTION

1. La Republique lamique de Mauritanie compte une population de 1 864 236 habitants dont 50.5 pour cent de femmes et 49.5 pour cent d'hommes. L'indice synthetique de fecondite est de 6,5 enfants tandis que Ie taux d'analphabetes est de 61 pour cent. C'est un pays desertique

au

les terres cultivees n'occupent que 0,3 pour cent de la superficie.

2. Le secteur rural reste Ie secteur Ie plus important de l'economie nationale. Soixante-cinq pour cent de la population active vivent principalement des activites du secteur rural. Ce mode de vie est complique par les cycles de secheresse qui frappent Ie pays et qui conduisent souvent

a

un exode massif des jeunes ruraux vers les villes. Le taux d'urbanisation est ainsi de 39,6 pour cent tandis que la proportion de la population concentree dans les quatre principales vi lIes du pays (Nouakchott, Novadhibou, Kaedi et Kiffa) est de 27,5 pour cent. Comme dans beaucoup d'autres pays en developpement, ces exodes concernent beaucoup plus les jeunes hommes ruraux qui laissent ainsi derriere eux des campagnes presque uniquement habitees de femmes devant s'adonner

a

des activites de sUbsistance pour entretenir leurs familIes.

3. s'interesse justement

a

^la contribution des femmes mauritaniennes au developpement de leur pays, plus precisement leur

integration au secteur commercial. Pour cerner ce sujet, il sera question d'analyser dans un premier chapitre Ie statut de la femme mauritanienne dans sa societe. Le deuxieme chapitre s'interessera

a

l'integration de la femme dans Ie secteur commercial en Mauritanie, tandis que Ie dernier chapitre sera cons acre aux conclusions et recommandations pour une meilleure integration de la femme mauritanienne dans Ie secteur commercial.

11. STATuS VE LA F'EHME EN H",U',:LTANIE

4. Pour mieux comprendre la problematique de l'integration de la femme mauritanienne dans Ie secteur commercial, il convient d'abord d'analyser Ie cadre institutionnel dans lequel elle est appelee

a

operer, voir les obstacles et eventuellement les facilites que ce cadre lui offre.

A. situation matrimoniale

5. La Mauritanie est un pays caracterise par une forte instabi- lite des mariages par rapport aux pays voisins tels que Ie Maroc, l'Algerie et Ie Senegal. Une enquete nationale sur la fecondite conduite en 1981 a revele que 37,2 pour cent des premiers mariages etaient rompus par divorce. En outre, Ie recensement general de la population mene en 1988 a montre que Ie nombre de femmes divorcees au veuves etait impressionnant par rapport

a

celui des hommes comme Ie traduit Ie tableau suivant.

(3)

E/ECA/TRADE/92/21 Page 2

Tableau 1

Repartition de la gogulati®-LIO ans et glus) gar sexe et par situation rnatrimoniale

situation Hommes ⁱ^I Femmes

I

_Total ?ourcentage matrinoniale

I ^I

ⁱ ^Hommes ^Fen-^mes

celibataire 324 272

I

213 924

I

536 196 60.2 39.8 Harie 266 975 310 564 577 539 46.2 53.8 Divorce 13 586 68 194 81 780 ⁱ 16.6 83.4 Veuf

J

^{4 978} ^{49 571} ^{54 549}

I

09.1 90.9 Non determine 4 010 4 240 ⁱ 3 250 43.6 51.4

i Total

I

^{613 821}

^I

⁶⁴⁶ ⁴⁹³^I¹ ^{260 314} _I ^48.7 ^51.3

Source .

.

Recensement de 1988, Vol.I.

6. Ce tableau montre qu/il ya cinq fois plus de femmes divorcees qu d/hommes, tandis que la proportion de femmes veuves est dix fois celIe des homnes. En outre, il apparait que 9,3 pour cent de la population de plus de 10 ans est constituee de femmes divorcees ou veuves. En ajoutant a celles-la Ie nombre de femmes celibataires independantes (qui ne vivent sous la tutelle ni de leurs parents ni de personne d'autre), il y a lieu de dire que la Mauritanie compte un nombre relativement .Heve de femmes chefs de menage qui, au moins theoriquement, ant Ie meme status que les hommes au niveau socio-economique. Mais encore faut-il voir si oui au non la societe leur reconnai t ce status. Ceci fait I' objet du point suivant.

B. status juridique

I . A l'1nstar de beaucoup d'autres pays, la Mauritanie a adopte

bon nOMbre d/instruments juridiques dans Ie sens d'encourager la prise de conscience de la particularite de la place de la femme dans la societe. Sur un autre plan, cela satisfaisait Ie besoin d/adaptation du Status traditionnel de la femme mauritanienne aux besoins de la vie moderne, une lacune que Ie systeme juridique colonial n'avait su combler. Des dispositions ayant trait notamment a la non-discrimination entre hommes et femmes ont ete adoptees.

8. A titre d'exemple, on peut citer l'Article 43 du Livre V du code du travail qui ne prevoit aucune situation discriminatoire quant

a

1/ acces

aI'

emploi. Mieux encore, l ' Article 20 du meme Livre V du Code du Travail reprime toute discrimination, notamment fondee sur Ie sexe. D' autres dispositions protegent la femme, notamment la femMe enceinte. Entre autres, on peut citer l'Article 47 du Chapitre v, Titre II du Livre II du Code du Travail, qui

(4)

interdit "d'enployer des femmes enceintes

a

des travaux excedant leurs forces ou qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils sont effectues, sont susceptibles de porter atteinte

a

leur sante ou

a

leur integrite physique, ou de blesser leur morali te". II en est de meme de l ' Article 14 du Chapi tre IV des memes Titre et Livre qui dispose que "les femmes ne peuvent etre employees

a

un travail effectif de plus de huit heures par jour coupe par un ou plusieurs repos dont la duree ne peut etre inferieure

a

une heure et pendant lesquels Ie travail est interdit".

9. Dans Ie domaine commercial, il convient de souligner que si la loi ne fait aucune discrimination entre hommes et femmes, elle ne donne non plus aux femmes aucun avant age particulier. La femme doi t satisfaire aux memes conditions que l ' homme pour acceder

a

l'activite commerciale, que cette derniere soit du domaine du petit commerce ou de I 'import-export.

10. Conme dans beaucoup d'autres pays africains, la femme mauritanienne est avant tout une "menagere" qui doit en premier lieu s'occuper des travaux nenagers non remuneres. Elle dolt avant tout s'occuper de la preparation des repas, prendre soin de ses enfants, assurer la proprete de la naison, etc . . . . Sur Ie plan financier, elle est en general dependante de son marl qui entre- prend des act i vi tes remuneratr ices de revenus (emplai salar ie, commerce au autres). Neanmoins comme souligne precedenment, la femme celibataire doit pouvoir assurer sa propre survie et/ou celIe de sa famille et se retrouve obligee d'entreprendre quelque activite remuneratrice de revenu pour entretenir sa famille. Dans ce cas, elle a un status economique comparable

a

celui de l'homme.

_.~'-'-" ~.L.3L1IICLlon enc:re status econcmique de la femme et celui de l'homme s'estompe peu

a

peu suite

a

1 'integration progressive de la femme dans la vie moderne. Ainsi de plus en plus de femmes mauri taniennes vont a I ' eco' ,obtiennent des diplomes, s' integrent dans Ie secteur economique :oderne et deviennent de plus en plUS flnancierement independantes. Ainsi trouve-t-on actuellement en Mauritanie des femmes dans l'administration, Ie commerce, l'indus-

trie, etc. qui ont bien reussi et n'ont rien

a

envier aux hommes.

C'est de cette integration de la femme mauritanienne dans l'activite economique, en particulier Ie secteur conmercial, dont

~raitera Ie Chapitre suivant.

III. INTEGRATION DE LA FEMME MAURITANIENNE DANS LE SECTEUR COMMERCIAL

12. L'evolution de la societe, des moeurs, des contraintes de la vie noderne font que la femme mauritanienne sort de plus en plus de ses fonctions traditionnelles de "menagere" pour embrasser des

(5)

EjECAjTRADEj92j21 Page 4

activites qui furent pendant tres longtemps reservees aux hommes.

Ainsi 1a femme mauritanienne est presente dans la quasi-totalite des secteurs d' acti vi te de l ' economie nationale, meme si cette presence est encore loin d' egaler celIe des hommes. Ainsi, 1a femme mauritanienne est presente dans 1 'agriculture, la chasse, la peche, l'industrie, l'artisanat, le batiment, les services, l ' administration, Ie commerce, etc.. II convient d' analyser d'abord les facteurs qui ont favorise cette integration avant de passer

a

l'analyse specifique du secteur commercial.

TIr.l FACTEURS AYANT FAVORISE L'INTEGRATION DES FEMMES DANS LA VIE PROFESSIONNELLE MODERNE

13. Le facteur essentiel

a

1a base de l'integration de la femme dans la vie professionnelle moderne en Mauritanie est l'acces

a

l'education. D'apres Ie recensement de 1988, il y avait 56 871 etudiantes sur un total de 150 225 etudiants. Deux etudiants sur cinq

a

peu pres etaient donc des femmes. En outre, Ie taux de scolarisation des filles de 6

a

14 ans est passe de 13 pour cent

a

34,5 pour cent entre 1977 et 1988; ce qui est un progres tres important. Ces femmes, une fois leurs etudes terminees, peuvent occuper des postes aussi importants que les porteteuilles ministe- riels, meme si la grande partie des activites

a

tous les niveaux restent tou jours entre les mains des hommes. A cote de l ' ameliora- tion de l'education des femmes, il taut egalement ajouter Ie fait que Ie cadre juridique s'est notablement ameliore, ~tamment dans Ie domaine de l ' emploi, ou certaines pratiques discrim.:.natoires ont ete clairement condamnees et interdites. En outre, les differents mouvements feministes qui se sont developpes dans Ie monde ces dernieres annees ont certainement eu un impact tres important sur 1a prise de conscience de ce que doit etre Ie role de la femme mauritanienne dans la societe moderne.

;,~ i ~ ~ (.:ornmen"L CE::.U: .. ~ est-1J. concreL1SfS; dans la rec.li t€.: '? Le tableau SUlvant essaie de repondre a cette question en montrant 1a repartition de la population (de plus de 10 ans) par profession et par sexe.

(6)

II

"

ii

Tableau"

Repa~lon de la population mauritanienne rIO ans et plus) par profession principale et par sexe

I

^Sexe

_:

^~⁰

Profession principale ^, Total Femmes

Hommes Femmes ⁱ Techniciens et assimi-

les 15 346 4 127 19 473 21

Directeurs et assimiles 1040 80 1 120 07 Employes de Bureau 7081 3056 10 ^1"~^~

,

30 Employes de commerce 50 207 15 799 66 006 24 Employes restaurant et

hotel 12 051 10 246

!

22 297 46

Employes agriculture

(elevage, agriculture, ^r

peche, foretl etc. ) 170 999 50 779 ⁱ 221778 23 Production et moyens de

transport 48 267 13 901 62 129 22

Non declares 29 488 8 951 38 438 23 _i

Chomeur" (jamais

I

travaii~e) 67 958 51 932 ⁱ 119890 i 43 i

i

I I

i

I

Ensemble

J

⁴⁰²⁴³⁷^Iⁱ ¹⁵⁸⁸⁷⁰ⁱ ⁵⁶¹³⁰⁷ ³⁹ⁱ

source: Recensement de 1988, Vol. I.

~es femmes sont peu representees dans la direction des affaires. La rubrique directeurs et assimiles represente Ie taux Ie plus faible de femmes (7 pour cent);

La population feminine qui est de l'ordre de 50.5 pour cent de 1a population totale, n'est majoritaire dans aucune des rubriques du tableau. La meilleure representation des femmes se retrouve dans Ie secteur de l'hotellerie et restauration (46 pour cent);

La proportion des femmes "chomeurs" est assez inquietante. C'est Ie taux Ie plus important du tableau apres la rubrique "employes restaurant et hotel". Pour ce qui est de la participation des femmes dans Ie secteur commercial, la section suivante y est consacree.

(7)

III.2. INTEGRATION DE LA FEMME DANS LE SECTEUR COMMERCIAL 16. Comme ce fut Ie cas dans d'autres secteurs de la vie professionnelle moderne, I'integration de "a femme mauritanienne dans Ie secteur commercial a ete :a consequence des differents facteurs esquisses

a

la section precedente. Cette integration recouvre deux aspects differents ,

a

savoir l'integration dans Ie secteur commercial informel et l'integration dans Ie secteur commercial formel. 11 convient de preciser que Ie terme commercial recouvre ici aussi bien les activites purement commerciales qu'artisanaies et industrielles.

A. Integration dans Ie secteur commercial informel

17. Le secteur commercial informel peut etre compris comme etant, dans l'acception generale qui est empruntee au Bureau International du Travail (BIT), constitue d'un ensemble d'activites economiques caracterisees par une relative facilite d'entree, une dependance sur les res sources internes, une propriete familiale, une gamme tres limi tee d' acti vi tes, une intensi te en main-d' oeuvre, une dependance sur les aptitudes acquises en dehors du systeme formel de formation, et un marche non reglemente et competitif '. La definition suivante est plus explicite que la precedente et s'app1ique fort bien au secteur informel en Mauritanie: c/est un secteur pri vilegie pour les acti vi tes generatrices de revenus, fragmente, oriente vers des activites heterogenes ou homogenes dans de petites et moyennes entreprises qui sont obscures, invisib1es, mais

a

meme d'alimenter toute une economie souterraine, dont les ressources peuvent etre canalisees vers des activites de deve10ppement ^{2 .}

18. L'observation de 1a societe mauritanienne

a

la 1umiere de ces deux definitions revele que Ie secteur informal ^{' f} est asse, de\i!2, ..;ppe. .'lal.l1eur:eusement:, des e'CudE:!s ~peci:s. iques sl,;,r la

participatlon des femmes dans ce secteur sont inexistantes

a

ce jour (une enquete est en train d'etre conduite dans les quatre principales villes du pays). Cependant, il n'est pas difficile de remarquer qu'll y a un taux eleve de femmes operant dans ce secteur notamment dans des activites de commercialisation, de vente au detail de produits alimentaires, dans les activites agricoles, etc.

En observant donc de pres Ie secteur informel mauritanien, on remarque que les femmes sont plus actives dans Ie petit commerce.

Pour s'en convaincre, il suffit de visiter les echalandages sur diffe" nts marches, en particulier Ie grand marche de Nouakchott.

Integration of Women in the Modern Business Sector, Both Formal and Informal E/ECA/TRADE/90 /16, p. 8, la traduction est notre.

Ibidem, p. 8 (notre propre traduction).

(8)

s'i1 est estime que les femmes constituent la majorite des travailleurs engages dans les activites du secteur informel, 1e manque d'informations precises ne permet malheureusement pas une analyse approfondie de l ' integration de la femme mauri tanienne dans ce secteur.

B. Integration dans Ie secteur commercial formel

19. Le recensement de la population de 1988 ainsi que Ie recensement des activites commerciales, artisanales et industrielles ~ Nouakchott mene en 1985 par la direction de la statistique et de la comptabilite national (DSCN) fournissent quelques informations sur l'integration des femmes dans Ie secteur commercial :ormel. Le recensement de 1985 ne tenait en consideration que des unites situees dans la ville de Nouakchott et employant moins de 20 personnes. II revela que sur 17 209 personnes employees, 4032 soit 23,4 pour cent etaient des femmes reparties comme dans Ie tableau suivant.

::rableau ,,-2

Repartition des emplois du secteur commercial

a

Nouakchott

Branche Total ! _i _9,, F effil7leS

! !

!

I

^Hommes ^Femmes

I

I Industrie 114 5 119 4. 2

I,

Artisanat 2912 106 3018 ¹

_."

^'" _I

Commerce 7519 3740 11259 _I 33.2 _i'

'-'r:;." ^~

.-

^'J

"

,

-

I

Declares 12 ⁷ 19 36.8

I

Total 13 177 4 032 17 209 23.4

Source: DSCN.

20. Ce tableau montre que parmi les 4 branches specifiees, les

f~mmes sont les plus actives dans Ie commerce ou elles representent 3.,2 pour cent de l'effectif total. Dne analyse plus poussee montre que la plupart de ces unites commerciales ne comptent qU'une seule personne ayant

a

la fois Ie status d'employe et de patron de son unite. Ainsi, la branche commerce compte, sur son total d'employes, 77,5 pour cent de patrons. si l'on prend globalement toutes les quatre branches, la proportion femmes patrons sur Ie nombre total de femmes employees et hommes patrons sur Ie nombre

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total d'hommes employes est respectivement de 94 et 64,6 pour cent.

Cela signifie que les femmes sont presque uniquement presentes dans les petites activites individuelles.

21. Pour ce qui est grandes entreprises, entreprises suivantes:

de la presence des femmes-patrons dans les il a ete recense six femmes chefs des une entreprise de fabrication de perles

a

partir des matieres premieres locales. Elle emploie 12 femmes salariees et a un investissement global de 45 000 000

eM

(ou 424 528 dollars EU);

une entreprise de pasteurisation du lait de vache et de chamelles. Elle emploie sept travailleurs permanents avec un investissement de 2 000 000 UM (ou 18 868 dollars

EG) ;

une entreprise d'armature, dont une femme a herite de son pere armateur. L'entreprise, basee

a

Nouadhibou (ville industrielle du pays) est geree par cette heritiere depuis 10 ans;

un restaurant de tres haute reputation qui va bientot s'agrandir en hotel de 30 chambres, 4 suites, une salle de conferences, un restaurant et un salon de the;

une entreprise touristique situee au bord de la mer, un endroit ideal pour les villegiateurs.

22. D'autres activites OU les femmes se sont montrees tres actives en Mauritanie sont les activites cooperatives pour la production et la commercialisation. C' est ] e CO"CO'l!:"S "ie r~irGODst"5tjC~S q\.!~ 6.

:di: q~~ JES temlu~S maurltan:ennes se lancent dans ces activit~s:

A un certain moment, la secheresse qui a frappe Ie pays a decime le betail et a serieusement 1 imi te la production agricole. Les hommes se sont refugies vers les villes

a

la recherche d'emplois remuneres. Comme les femmes etaient res tees seules dans les campagnes avec leurs famil1es qu/elles devaient faire vivre, elles devaient trouver des acti vi tes lucrati VeS pour pouvoir sUbvenir aux besoins fondamentaux de leurs families respectives. Elles se sont done organisees autour des activites agro-pastorales et/ou pastorales sous forme de cooperatives.

23. A titre d'exemple, Ie groupement feminin maraicher de Garack regroupe 300 femmes. II possede deux motopompes pour irriguer les deux terrains de 13,5 ha et 3 :la respecti vement. Chaque femme exp10ite sa propre parcelle et doit verser 20 pour cent du fruit de la vente de sa production

a

1a caisse commune de 1a cooperative.

La cooperative expedie sur 1e r.larche de Nouakchott en moyenne 1 700 kg de legumes deux

a

huit fois par mois. La cooperative a ainsi

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vendu 38 774 I.;:g; 45 449 kg et 23 467,25 kg de legumes respectivement en 1989, 1990 et 1991 pour 3 582 530 UM; 1 756 193 UI>! et 669 006 ~H respectivement. !:-es legumes les plus prodults sont les aubergines, Ie gombo, Ie bissap ou oseille de Guinee, Ie

jaxatu, les choux, les tomates et :es oignons et salades.

24. Quant aux 24 regroupements feminins maraichers de Kaedi, ils comptent 2 364 membres exploitant 330 550 m2, chaque femme membre exploitant sa parcelle. Pour la campagne 1990-91, il a ete estime que chaque femme cultivait un jardin de 58 m2 en moyenne d~nt la production etait autoconsommee en partie et l/autre partie vendue.

La partie vendue et ce2.1e autoconsommee varient d'exploitation en exploitation. Dans tous les cas, Ie revenu monetaire tire de ces exploitations reste faible mais quand-meme significatif.

25. Ce tour d/horizon sur l'integration de la femme mauritanienne dans Ie secteur in:orwel et formel, avec tous les developpements qui ont precede ce chapitre, montrent bien que si des progres ont ete realises notamment au pOlnt de ~ue juridique quant a l'integration des femmes dans les activites professionnelles modernes, beaucoup de contraintes restent toujours dressees et ^~s voies de solutions doi vent etre explorees. Le chapi tre sui L.nt developpe les contraintes majeures

a

l./integration des femmes dans le secteur commercial moderne et propose des voies de solutions pour les surmonter.

IV. CON'I'RAIN'IES ET PROPOSITIONS DE SOLUTIONS POUR UNE !4EILL.EGRE INTEGRATION DE L.A fEHME

DANS L.E SECTECiR COHHERCIAL HODERNE

26. Les progres realises dans i ^Iintegration des femmes dans Ie secteur commercial moderne restent limites. eela est dfi entre aut res ~ 13 nerennit~ ~e certai~~

::...~, ,l....;rnent C_!t;lCner des solutions.

revue les prineipales contraintes.

prc:t1€~:;:::::- i,:uzque.a.L _,,: ',-ju~rcJt

La section qui suit passe en IV.1 contraintes majeures

a

l'integration des femmes au

secteur commercial moderne

27. Pour acceder au secteur commercial moderne et y operer de faQon efficace, il y a des prerequis indispensables d~nt la femme mauritanienne ne dispose pas encore. 11 convient de eiter. entre autres:

A. La formation

28. Des efforts importants ont ete consErltis au niveau de la formation en Mauritanie, surtout la formatio~ des femmes ou Ie taux de scolarisation a ete multiplie par 2,65 entre 1977 et 1988 alors qu/il n'a ete multiplie que par 1,97 chez les hommes. Neanmoins, il ne :aut pas perdre de vue les realites suivantes, qui sont mises

(11)

en ~vidence par les r~sultats du recensement g~n~ral de la

popu~ation de 1988.

( i )

(ii)

( iii)

Niveau

Sur la population estudiantine g1oba1e seu1ement 40 pour cent sont des femmes dans une population scolarisable qui compte 51,4 pour cent de femmes;

La population feminine qui ne frequente pas 1 'ecole constitue 43,1 pour cent de la populaqtion scolarisable totale contre un taux de 36,9 pour cent chez les hommes;

La population feminine reste largement minoritaire aUX

diff~rents niveaux de formation. II est egalement

int~ressant de noter que la proportion de femmes decroit avec la croissance du niveau de formation, passant de 34,7 pour cent au niveau CEPE ~ 5,5 pour cent au niveau Joctorat COD~e Ie montre Ie tableau suivant:

Jableau 4

Repal=ition de la .~pulation (10 ans et plus) sui vant les .... veaux de formation

Hommes ;''''emmes Total ^>6 Femmes formation

Sans 518286 595865 1114151 53,5

diplome

CEPE 17185 9139 26324 34,7

BEPC _I 718" ^~

.

!J88

. ..

ⁱ ^~:)

.

^.,^?^. _- _-

; - - - - ^. .- - ~---.---

BAC

I

¹⁶³¹¹ ⁵⁸¹⁰ ^22121. ^26,3

DEUG ^! 1245 205 1450 14,1

LICENCE 1346 172 1518 11,3

,

MAITRISE 1625 199 1824

I

10,9 ^!

DOCTORAT 361 21 382 5,5

! ^I

MAHADRA 3198 433 3631 ^1:;',9

ENSEMBLE 566746 613 2 J 2 1179978 52 Source: Recensement de 1988, Vol.I.

Ce tableau montre done bien que beaucoup reste

a

faire dans Ie domaine de la formation des femmes.

(12)

B. Le cadre juridico-social

29. si un pas important a ete franchi aU niveau juridique en s'attaquant ~ toutes les dispositions juridiques discri~inatoires.

peu de choses ont change au nlveau du status social de 1a femme.

cette derniere est toujours avant tout consideree comme une

"menagere" dont l'acti~ite essentielle doit plut6t etre celIe de procreer, d ^Ielever ses enfants et de prendre soin de son ~ari.

Ainsi sur 631 290 femmes recensees en 1988 (10 ans et plus), 295 138 ou 46,7 pour cent etaient des "menageres" , contre un chiffre nul pour les hommes. cette conception n' est du reste pas uniquement propre

a

la Mauritanie mais

a

la plupart des pays en '. "ie de developpement. Ainsi remarque-t-on quelquefois que la femme reste marginalisee dans la vie socio-professionnelle, les disposi tions legales qui la protegent etant souvent ignorees ou carrement detournees sous differents pretextes, tels que l'interet general de l'entreprise, les imperatifs lies ~ la production, etc.

30. En outre, beaucoup de prejuges pesent encore sur la femme mauritanienne et entravent tres souvent son activite. En guise d'exemple, l'on peut citer Ie cas '1e la femme proprietaire d'une entreprise de fabricat.ion de perlE qui a du attendre dix ans pour voir la demande d' agrement de son entreprise acceptee par les autorites competentes. Elle a du s'armer d'une patience et une determination exceptionnelles que beaucoup de personnes n'ont pas.

c. Contraintes financieres

31. Pour faire du commerce, il faut avant tout avoir de l'argent.

Or les femmes en Mauritanie comme ailleurs en Afrique sont en general les plus faibles financierement. Le peu de femmes engagees dans les activites commerciales meritant d'etre ainsi qualifiees disposent de capi taux insignif iants. Cela a pour cause> ur· ;naner1JE'

-"'~ - 1. 'CJ_L ~_:.. 0.t. credit. ,':.<t:pl·opr~eEs 121: un(~ g::::-anae jifficulte qU'eprouvent les femmes ~ acceder aux structures de credit existantes. La femme maur i tanienne voulant se lancer dans Ie commerce est obligee d'emprunter des sommes modiques aux membres de sa famille et aux amis, et ne peut done entreprendre qu'une activite d'importance tres limitee. C'est peut-etre ce phenomene qui explique, entre aut res , leur preponderance dans Ie secteur commercial informel.

32. Un autre facteur aggravant cette precarite financiere des femmes en ~1auritanie est qu'elles re'ont souvent pas toutes 1a latitude de planifier les activites relatives

a

leurs affaires.

Une femme mariee doit en general s'en referer

a

son mari pour ce qui touche aux questions financieres; et comme Ie mari a peu de confiance en les capacites de sa femme de pouvoir manter une affaire et la reussir, il dira souvent "non"

a

toute initiative emanant d'elle. Ce n'est pas pour rien que Ie plus souvent, la

(13)

femme qui reussit relativement bien dans Ie commerce est la femme celibataire.

33. Ces contraintes. ee certainemene beaucoup d'autres qui n'ont pas ete exposees ici. ~eritent une attention partieuli~re. La femme devant devenir un aeteur au meme titre que l'homme dans la vie socio-eeonomique et professionnelle. il convient de s'attaquer sans tarder aux differents blocages qui limitent son apport

a

la societe, et cela pour Ie bien de la communaute dans son ensemble.

La derniere section de cette etude propose quelques reeommandations pouvant aider

a

atteindre cet objectif.

IV.2 Recommandations en vue d'une meilleure integration de Ja femne maurl ::anienne dans Ie secteur socio-eeonomigue moderne 5'D general et dans Ie secteur commercial m.oderne en particul ;~E.!.r

34. Qu'on l'accepte ou non, 1a plus grande contrainte pesant sur l'epanouissement eomplet de la femme atricaine en general et mauritanienne en particulier est la contrainte socio-eulturelle.

Pour la surmonter, il taut aux acteurs de la societe (hommes et femmes) un comportement nouveau 01.1 les homnes divorcent d'avec leurs prejuges tradi tionnels sur la femme. A son tour, eette derniere do it se sentir vraiment l'egale de l'homme en termes de dro mais aussi en ternes d' obligations. Quelques nesures

peuvent contribuer

a

atteindre eet objeetif.

( i )

(11 )

(iii)

I I faut que la Mauritanie renforee son programme de seolarisation avec un accent particulier sur la seolarisation des tilles. Dans ce contexte, des ecoles mixtes 01.1 tilles et gar~ons se retrouvent sur les memes banes doivent etre multipliees pour qu'ils puissant dela

SE' rpprirp (-:'O"TTlptp _{riP l}pnr er'" 1 j 'tp ~3rt-i!- du j'2'~::l0 :0::;"-::

Les programmes de formation, notamment dans les cours de formation civique, doivent insister sur cette egalite entre les deux sexes, en insistant surtout sur Ie fait qu'egalite ne signifie pas equivalence et n'exclut donc pas la difference;

Le gouvernement doit, aut ant que faire se peut, favoriser l'entree des fennes dans l'enseignement superieur 01.1 les ecarts avec les homnes sont les plus criants.

35. Au niveau de l'emploi, des efforts partieul doivent etre consentis pour integrer la femme dans toutes les spheres de la vie professionnelle. On ne peut deja que saluer les efforts jusqu'ici entrepris dans ce sens et qui se sont concretises notamment par la creation du Ministere de la condition feminine, de l'artisanat et du tourisme en 1988 qui est devenu, en 1992, Ie secretariat d'Etat a la condition feminine dirige par une femme. En outre, les

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autorites devraient faire en sorte que les femmes diplomees occupent de plus en plus des postes de responsabilite sur une base prioritaire.

J6. Au niveau juridique, si les dispositlons uiscriminatoires entre hommes et femmes ont ete corrigees, i1 ne fau~ pas s'arreter lao En fait Ie principe de base est d'accepter qu'll y a, dans la pratique, un ecart injustifiable entre droits des hommes et ceux des femmes et qU'il faut reduire coute que coute. Dans ce contexte, la loi doit prevoir des privileges

a

accorder aux femmes dans differents secteurs suivant les besoins qui s'y font sentir.

Ce$la ne doit etre per<;:u par les hommes que comme de simples initiatives de pure justice.

37. Pour ce qui est des mesures specifiques favorisant une meilleure integration des femmes dans Ie secteur commercial, la Mauritanie pourrait mettre en oeuvre, entre autres, les mesures suivantes:

( i ) (ii)

(iii )

(v)

(vi)

faciliter ~a procedure d'obtention commeryant pour les femmes;

du status de aider les femmes

a

^~trer dans Ie commerce en ceur proposant des pro jets _oets pour etre executes ou tout au moins en aidant celles qui ont des pro jets

a

proposer

a

conduire des etudes de factibilite;

reviser Ie code des investissements pour y prevoir clairement des avantages

a

accorder aux femmes investisseurs. Ces avantages pourraient consister en exonerations fisca1es, droits de douane preferentiels, appui technique, etc.;

f2~!li~c. l'Ec~~s d=s ~enlmes ~ ~d proprle~8, surtou~ l~

propriete terrienne, pour qU'elles puissent en disposer

a

tout moment comme facteur de production:

revoir les mecanismes d'octroi des credits qui prevoient des condi t.ions pref erentie lIes pour 1es demandes emanant des femmes. Cela ne devrai t pas se heurter

a

la resistance des banquiers qui s ^Iinquieteraient pour la securite de leur argent, car parait-il

"a

competences professionnelles et techniques egales, les femmes gereraient mieux que les hommes";

promouvoir les groupements cooperatifs, une forme d'entreprise qui jusque maintenant a reussi aux femmes mauritaniennes. Comme me sure d'accompagnernent, ces meme femmes devraient avoir plus d'acces aux credits agricoles pour mieux rentabiliser ces activites cooperatives;

(15)

ivii) enfin, a cote de ces efforts qui doivent etre entrepris au plan national, il faudrai t developper les rapports sud-sud pour un echange d'experience entre differents pays dans Ie domaine de 1 'integration des femmes dans Ie secteur commercial.

38. Pour assurer une coordination e~ un sulvi efficaces

a

^toutes

ces activite, la Mauritanie devrai~ creer un comite interministeriel charge de suivre de pres la question des femmes sur une base mul tidiscipl inaire. OU oien alors, les autori tes devraient s'assurer que l'actuel secretariat d'Etat

a

la condition feminine remplit cette fonction efficacement. L'objectif global de toutes ces actions sera i t d'integrer les femmes dans Ie processus de developpement non seulement en tant qu'actrices, mais aussi et surtout en tant que beneficiaires du developpement.

CONCLUSION

39. Le processus d'integration de 1a femme au secteur commercial noderne en Mauritanie est un processus global, qui doi t tenir compte de facteurs aussi diversifies que les facteurs socio- culturels, juridiques, economiques, etc. Le point de depart doit etre l'analyse du status de la femme mauritanienne dans sa societe, caracterisee notamment par une conception assez traditionnelle de 1a fe~me qui est vue dans son role de menagere, procreatrice, et confinee dans ses activites d'entretenir et de faire sa famille.

~O. Des efforts certains ont ete deployes pour sortir la femme ::1auritanienne de ce carcan de la societe. On peut citer notamment

~es progres accomplis dans la formation des femmes, la revision des _ois discriminatoires au ni veau de l ' enploi, la creation d' une insti tution minister ielle chargee de sui vre de pres la questior. des

';:-.:~,-t:ties, etc~ Neanmoins( ce serait un leurrq qlle '"!e crCl.r~ 1",E tcut ..:..::. _o.l_ t.-tuur: assurer ).J.ne meilleure integra.tion de 1a femme

nc.c-rl tanienne dans les rouages de la societe moderne. Beaucoup reste

a

faire pour que la femme ne soit plus victime des preJuges de la societe; que Ie comportement ,,:cio-cul turel des gens

a

l ' egard de la femme change; que la :"emne puisse etre libre d'exercer les memes fonctions que l'homme sans discrimination, et qu'elle puisse s'epanouir, sans restrictions, comme une mere et un agent economique accompli.

41. Pour ce faire, des mesures sont proposees Ii la Mauritanie comme elles pourraient l'etre Ii beaucoup d'autres pays en developpement ou la femme se trouve dans une situation simi1aire.

Sans etre exhausti ves, ces mesures portent sur la formation, 1a politique de l'emploi, les politiques institutionnelles, les politiques commerciales et fiscales, etc. Ce n'est qu'en lui accordant la place qu' elle meri te dans la societe que la femme nauri tanienne peut contribuer pleinement

a

la construction de

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1'~difice national, cela pour son propre bien et pour Ie bien de la

societ~ en g~neral.