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Histoire de la pensée économique 2014-2015 Session 1 Corrigé Question 1 (4 points)

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Texte intégral

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H istoire de la pensée économique 2014-2015 S ession 1

Corrigé

Question 1 (4 points)

Quelle hypothèse sur la nature monnaie est-elle nécessaire pour que la loi des débouchés de Jean-Baptiste Say fonctionne? Pourquoi cette hypothèse est-elle nécessaire?

Remarque La question ne portait pas sur la loi des débouchés mais sur la nature de la monnaie; toute réponse qui ne parle que de la loi de Say (sans jamais parler de monnaie) est hors-sujet.

Réponse

Voici les éléments qui devaient figurer dans la réponse 0. la loi de Say: pas nécessaire mais souhaitable

1. L’hypothèse nécessaire: la monnaie doit être neutre ou doit être considérée comme un voile (c’est-à-dire que la monnaie n’est pas détenue pour elle-même mais simplement comme intermédiaire des échanges)

2. L’explication (la 2ndepartie de la question,pourquoi cette hypothèse est nécessaire):

• Si la monnaie est un simple intermédiaire des échanges, elle ne peut jouer un rôle actif (et donc, perturbateur) sur l’économie réelle. Elle ne peut pas être mise (provisoirement) de côté, c’est-à-dire thésaurisée.

• Dans ce cas, il n’y a pas de fuite dans l’économie; toute la monnaie est utilisée pour la consommation ou l’épargne (attention, l’épargne est évidemment possible; toute épargne est utilisée et permet l’investissement)

Question 2 (8 points) Commentez la citation suivante:

“[L’économie politique] s’intéresse à l’[homme] exclusivement comme à un être qui désire posséder des richesses, et qui est capable de juger l’efficacité comparative des moyens d’arriver à cette fin. Elle fait entièrement abstraction de tout autre passion ou motif humain ; hormis ceux qui peuvent être conçus comme s’opposant perpétuellement au désir de richesse, c’est-à-dire, l’aversion pour le travail, et le désir de la jouissance présente de plaisirs coûteux.” (John Stuart Mill)

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Remarques (de forme) Il s’agissait de faire un commentaire– ce dont j’ai parlé en cours et pour lequel j’ai donné des corrigés en ligne. Ilnes’agissait doncpasde réciter son cours autour de Mill ou de l’économie politique ou de tout autre mot-clé de la citation.

Ilnefallaitpasvous contenter de paraphraser la citation – par exemple, en écrivant: dans la première phrase, Mill dit ceci et dans la seconde phrase Mill dit cela, etc.

Donc, il fallait partir de la citation, la remettre dans son contexte, enrichir la citation avec des remarques personnelles montrant que vous avez 1) compris la citation et 2) compris le cours. Donc, laformeétait particulièrement importante pour obtenir une bonne note à cette question. En d’autres termes, il s’agit ni plus ni moins que d’un commentaire sous une forme habituelle et très standard.

Enfin, quand je dis que je souhaite avoir une “introduction”, un “développement” et une

“conclusion”, évidemment, cela veut dire la chose suivante: l’introduction doit introduire ou présenter ce qui va être dit dans le commentaire; il faut dire en introduction ce qui est utile pour la suite du commentaire.

Remarques (de fond) Cette citation devait s’interpréter uniquement d’une façon: en référence à la méthodologie de Mill. L’hypothèse du “désir de richesse” est fait par Mill pour justifier le fait que l’économie politique puisse être considérée comme une science. Elle utilise cette hypothèse pour pouvoir faire des propositions. Elle évacue toute autre considération pour la même raison.

En outre, il est difficile de considérer que cette citation soit une critique ou un reproche contre l’économie politique. Si vous y voyez une critique, il faut l’expliquer et dire que c’est votre interprétation. Sinon, il n’était pas possible de dire que “cette citation montre que Mill critique l’économie politique”. La “richesse” dont parle Mill est une richesse individuelle (il ne semble pas possible de tirer de cette citation que le terme de “richesse” ait un sens “collectif”).

On pouvait éventuellement dire que cette citation fait écho à la rationalité des individus chez les économistes néo-classiques (parce qu’il y a la mise en oeuvre de moyens pour atteindre une fin) mais c’est très exagéré et anachronique; donc toute remarque de ce type doit être accompagnée de précautions.

Il me paraît difficile de considérer que cette citation a une dimension utilitariste ... d’une part, comme je l’ai dit en cours, l’utilitarisme a une dimension sociale, collective (qui repose sur l’agrégation des utilités individuelles) et d’autre part, parce que l’utilité résulte d’une balance entre les plaisirs et les peines. Or, dans la citation, la seule référence aux motivations individuelles est une référence à la “richesse”.

De même, une référence à la “sympathie” était délicate (cf. second commentaire possible).

J’ai tenu compte des efforts de construction et des efforts d’essayer de tirer quelque chose de cette phrase en allant au-delà des mots de Mill. Mais il y avait un élément central de réponse qui devait être impérativement dans la réponse pour que celle-ci soit juste

Enfin,remarque finale, ces deux commentaires sont des exemples. Il n’était pas nécessaire que le commentaire soit aussi développé ni aussi détaillé.

Commentaires possibles

Premier commentaire possible

Dans cette citation, l’économiste classique anglais John Stuart Mill fait la distinction entre 2 types de motifs d’action: le “désir de posséder des richesses” et les “autre[s] passion[s]” et souligne que l’“économie politique” ne “s’intéresse” qu’aux comportements humains motivés par le premier type de motif. Pourquoi une telle distinction? Pourquoi “réduire” l’économie politique seulement à ces actions?

(3)

La réponse vient de la conception que Mill a de la science et la méthode: partir de l’hypothèse que les hommes “désirent posséder des richesses” est la seule façon de considérer que l’économie politique soit une science. Nous verrons d’abord comment Mill définit une science et nous verrons ensuite en quoi limiter l’économie politique aux actions motivées par le “désir de posséder des richesses” permet de dire que l’économie est une science.

1) Qu’est-ce qu’une science?1 Pour parler de science, il faut une dimension empirique une théorie scientifique doit être jugée par rapport aux faits (cela lui vient de Comte, pour qui il avait une grande admiration). Mais il n’y a pas qu’une seule manière d’aborder les faits et donc pas qu’une seule méthode scientifique. Mill défend l’idée qu’il en existe 2 et donc défend l’idée qu’il existe 2 méthodes scientifiques.

La méthodea posterioriest une forme de raisonnement inductif qui consiste à inférer des conclusions générales à partir de faits particuliers. Elle se distingue de la méthodea prioriqui est mixte, à la fois inductive et déductive. Il s’agit de partir d’hypothèses, qui sont elles-mêmes obtenues par induction mais pas par induction à partir de l’objet en question. Ensuite, des propositions concernant l’objet en question sont déduites, dans un second temps, à partir de ces hypothèses.

2) L’économie comme science:2 L’économie ne peut pas suivre la méthode a posteriori pour 2 raisons. Premièrement, les données empiriques accessibles en économie sont tirées d’observations et ne sont pas des données expérimentales. Cela implique que l’on ne peut pas s’appuyer sur l’expérimentation pour démêler les relations causales. Deuxièmement, les phénomènes économiques sont complexes i.e. ils mettent en jeu un très grand nombre de facteurs hétérogènes, et donc, on ne peut espérer extraire des relations de causalité ou des régu- larités robustes des observations. Donc, en l’absence du contrôle conféré par l’expérimentation, l’économie ne peut suivre que la seconde méthode, la méthode a priori. Il faut faire une hypothèse (partie inductive de la démarche) et en déduire des propositions.

L’hypothèse de laquelle il faut faire partir et à partir de laquelle on peut faire des proposi- tions qui seront testées empiriquement est celle faite par Mill sur le “désir de posséder des richesses”. Les comportements “passionnés” ne sont pas stables, pas prévisibles sauf dans un cas particulier (“ceux qui peuvent être conçus comme s’opposant perpétuellement au désir de richesse”). Donc, on ne peut pas faire de propositions empiriquement testables. On peut faire des propositions testables en supposant un “désir de posséder des richesses”, parce que dans ce cas, les hommes adoptent toujours les mêmes types de comportements que l’on peut, dans des terms d’aujourd’hui, qualifier de rationnels parce qu’ils consistent à mettre en œuvre

“des moyens pour arriver à cette fin”. Partir de cette hypothèse, et exclure tout un tas de comportements, est le seul moyen de faire des propositions testables empiriquement.

En conclusion, on peut dire que l’économie peut-être une science, mais une science morale.

Cela ne veut pas dire que Mill ne pensait pas vraiment que les gens étaient “avides de posséder des richesses” mais qu’il fallait faire cette hypothèse pour que l’économie soit une science. On pourrait établir un parallèle avec les développements récents de la science économique qui suivent le même type de raisonnement méthodologique.

1Ce “titre” n’est pas indispensable; je l’ai noté uniquement pour le corrigé.

2Ce “titre” n’est pas indispensable; je l’ai noté uniquement pour le corrigé.

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Second commentaire possible

Remarque Ce second commentaire est donné à titre d’exemple. Il est plus compliqué que le précédent.

Dans cette citation, l’économiste classique anglais John Stuart Mill fait la distinction entre 2 types de motifs d’action: le “désir de posséder des richesses” et les “autre[s] passion[s]” et souligne que l’“économie politique” ne “s’intéresse” qu’aux comportements humains motivés par le premier type de motif. On sait que Mill faisait cette hypothèse parce qu’il considérait que partir de l’hypothèse que les hommes “désirent posséder des richesses” est la seule façon de considérer que l’économie politique soit une science. Nous verrons en quoi limiter l’économie politique aux actions motivées par le “désir de posséder des richesses” permet de dire que l’économie est une science. Mais Mill n’était pas le seul à faire cette distinction. On peut comparer cette perspective avec celle de Smith et la distinction entre “l’intérêt personnel” et la

“sympathie”. Nous verrons ensuite en quoi l’approche de Smith était différente.

1) L’économie comme science:3 Pour parler de science, il faut une dimension empirique une théorie scientifique doit être jugée par rapport aux faits (cela lui vient de Comte, pour qui il avait une grande admiration). Dans le cas de l’économie politique, la seule façon d’aborder les faits et d’utiliser une méthode que Mill appellea priori, à la fois inductive et déductive. Il s’agit de partir d’hypothèses, qui sont elles-mêmes obtenues par induction mais pas par induction à partir de l’objet en question. Ensuite, des propositions concernant l’objet en question sont déduites, dans un second temps, à partir de ces hypothèses. L’économie doit suivre cette méthodea prioriparce qu’elle ne peut pas faire d’expérimentation. Il faut faire une hypothèse (partie inductive de la démarche) et en déduire des propositions.

L’hypothèse de laquelle il faut faire partir et à partir de laquelle on peut faire des proposi- tions qui seront testées empiriquement est celle faite par Mill sur le “désir de posséder des richesses”. Les comportements “passionnés” ne sont pas stables, pas prévisibles sauf dans un cas particulier (“ceux qui peuvent être conçus comme s’opposant perpétuellement au désir de richesse”). Donc, on ne peut pas faire de propositions empiriquement testables. On peut faire des propositions testables en supposant un “désir de posséder des richesses”, parce que dans ce cas, les hommes adoptent toujours les mêmes types de comportements que l’on peut, dans des terms d’aujourd’hui, qualifier de rationnels parce qu’ils consistent à mettre en œuvre

“des moyens pour arriver à cette fin”. Partir de cette hypothèse, et exclure tout un tas de comportements, est le seul moyen de faire des propositions testables empiriquement.

2) Smith, la sympathie et l’intérêt personnel:4 Adam Smith, un autre économiste important de l’école classique, avait adopté une distinction entre les modes de comportement qui semble similaire à celle de Mill. Il avait défendu l’idée que dans leurs comportements marchands, les individus sont motivés par leur intérêt personnel et pas par la bienveillance. On trouve cette idée dans laRichesse des Nations (1776) et elle est parfaitement résumée par la phrase sur la bienveillance du boucher, du boulanger etc. [ajouter éventuellement citation]. En revanche, et c’est l’idée défendue dans laThéorie des Sentiments Moraux(1759), Smith envisagent tous les comportements motivés par la “sympathie” (ou la “bienveillance”)5.

Il existe toutefois une différence essentielle entre les deux approches. Pour Mill, comme nous l’avons vu précédemment, la distinction est méthodologique; elle permet de faire des hypothèses testables empiriquement. Pour Smith, la distinction semble plutôt relever de l’éthique ou de la morale: sur les marchés, les individus seraient motivés par leur intérêt

3Ce “titre” n’est pas indispensable; je l’ai noté uniquement pour le corrigé.

4Ce “titre” n’est pas indispensable; je l’ai noté uniquement pour le corrigé.

5Ici, une référence à “Das Adam Smith Problem” est possible

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personnel; dans le reste de leurs activités, ils seraient motivés par la sympathie et le souci de l’autre. En outre, le “désir de posséder des richesses” n’est pas obligatoirement la conséquence de la recherche de l’intérêt personnel. Cela peut être motivé par le désir d’aider autrui. Donc, les deux perspectives sont différentes.

En conclusion, cette citation nous explique à quelles conditions, John Stuart Mill considérait que l’économie puisse être considérée comme une science, en l’occurrence une science morale.

Cela le conduisit à réduire les comportements à un seul motif: le “désir de posséder des richesses”. On pourrait établir un parallèle avec les travaux de Smith. Mais, on l’a vu, les perspectives des deux économistes sont différentes.

Question 3 (8 points)

Expliquez comment s’obtient l’équilibre général chez Walras, à la fois d’un point de vue théorique et d’un point de vue « pratique ».

Remarque La question ne portait pas sur Walras ou sur l’équilibre général. Il s’agissait d’une question précise sur la manière dont s’obtientchez Walras cet équilibre. Toute réponse ne consistant qu’à parler de Walras, de l’école de Lausanne, du marginalisme, des 3 branches de l’économie chez Walras, etc. est hors-sujet.

Réponse

Voici les éléments qui devaient figurer dans la réponse.

1. La dimension “théorique” de la question renvoie à l’économie mathématique de Walras (a) L’équilibre général peut être obtenu d’un point de vue “théorique” en représentant

l’économie sous la forme d’un système d’équations (b) éventuellement, nature et type d’équations

(c) Walras pensait avoir démontré l’existence de l’EG en comptant équations et incon- nues et pensait qu’il y avait autant d’inconnues que d’équations

(d) mais il avait négligé 2 problèmes i. présentation des problèmes

ii. qui seront résolus plus tard par Arrow, Debreu et McKenzie.

2. J’ai insisté sur ce point en cours: “pratique” ou “empirique” chez Walras ne concernent pas le monde “réel”mais renvoie à la procédure que Walras avait envisagé pour que l’équilibre dont il pensait avoir démontré l’existence mathématiquement pouvait être atteint théoriquement.

(a) tâtonnement

(b) “crieur de prix” (commissaire priseur)

(c) description de la procédure de tâtonnement (si prix tel queO6=Dalors nouveaux prix etc.

(d) procédure non réelle qui prend place avant l’échange; une fois que l’équilibre est atteint, l’échange est réalisé.

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