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LA FAMILLE EN VENDEE

par

Gérard-François DUMONT

Professeur à l'Université de Paris-Sorbonne 1990

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EN GUISE D'EXERGUE

VENDEE

Terre de traditions et de mesure, d'honneur et de sacrifices, de beauté et de créations,

concepteur d'avenir en toutes occasions, Vendée,

penses-tu à la survie de tes richesses par la continuité de chaîne

que doivent constituer tes enfants ?

Claude PEPRATX, poète français né en 1926, ami de Gérard-François DUMONT, a rédigé spécialement ce poème pour ce rapport.

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AVANT - PROPOS

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L'esprit humain aime s'accrocher à des certitudes. Elles lui donnent l'impression d'avoir des connaissances et tiennent souvent lieu de savoir critique. On connaît la légende de l'anglais débarquant à Calais et voyant une française rousse. Il en conclut que toutes les françaises sont rousses. De même, beaucoup croient que les Maghrébins sont des arabes alors qu'une grande partie d'entre eux sont des berbères. Aussi, beaucoup s'imaginent que toutes les Algériennes sont soumises au principe du port du voile qui n'a jamais existé en Kabylie.

Dans l'évolution des structures familiales, nous aimons aussi nous accrocher à des représentations, même lorsqu'elles sont dépassées. L'imagerie populaire - et même parfois dans des milieux considérés comme instruits - croit que les bretonnes sont fécondes, que les "mamas" italiennes sont particulièrement fécondes, alors que l'Italie a décroché la lanterne rouge de la fécondité en 1987. En France, la baisse de la fécondité entamée avec la première rupture de 1964, puis aggravée avec l'entrée dans l'hiver démographique en 1974, a pu sembler épargner quelques régions de l'ex-croissant fertile. Avec un indice de fécondité de 2,27 enfants par femme, la région Pays de la Loire tient en 1975 le ruban bleu de la fécondité. Certes, la région Nord-Pas-de-Calais atteint un chiffre légèrement supérieur (2,29) mais l'on sait que cela est lié à la présence de populations de nationalités ou

d'ascendances étrangères dont la fécondité est plus élevée que celle des Français.

Dans un pays bénéficiant des conditions sanitaires actuelles de la France, il faut une fécondité de 210 enfants pour 100 femmes pour assurer le simple remplacement des générations.

Quatre autres régions de la métropole atteignent alors ce seuil en 1975, la Picardie avec 2,14, la Bretagne avec 2,12, la Basse- Normandie avec 2,11 et la Franche-Comté avec 2,10.

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Avec 2,34 enfants par femme en 1975, la Vendée semble dans une situation satisfaisante par rapport aux autres départements français. Elle fait partie de la minorité des départements français qui ne sont pas - pas encore - entrés dans l'hiver démographique. Certes sa fécondité a baissé de 23 % de 1968 à 1975, mais c'est moins que la moyenne de la France métropolitaine dont la fécondité a diminué de 25 % passant de 2,58 en 1968 à 1,93 en 1975. La Vendée fait donc partie de ces quelques départements qui semblent maintenir l'existence du croissant fertile, cet espace géographique reliant l'Ouest à l'Est en passant par le Nord et formant la France féconde, en contrepoint du reste du pays moins fécond.

Au début des années 80, il ressort d'entretiens avec des personnes exerçant des responsabilités dans la région des Pays de la Loire que l'hiver démographique français n'est pas véritablement un sujet de préoccupation pour eux puisque cette région n'y est pas entrée.

Pour prolonger la réflexion de Jean YOLE qui présentait la Vendée comme une oasis, une impression peut encore prédominer en 1975. Au regard de la fécondité, c'est-à-dire de cet indicateur qui est le véritable baromètre d'évolution des sociétés, l'expression "Paris et le désert français" est excessive. Car il y a au moins une oasis où la natalité demeure notable ; cette oasis, ce sont les Pays de la Loire et notamment la Vendée.

C'était faire preuve d'un bel optimisme que de croire que

certains départements allaient rester à l'écart des considérables mutations démographiques et sociologiques des années 1970. C'était privilégier le souci de conserver de belles certitudes sur l'imperméabilité de l'Ouest aux changements de société. C'était méconnaître le mécanisme implacable que nous avons dénommé la seconde révolution démographique et qui permet d'expliquer les

différences de datation dans l'évolution de la fécondité, en Suède comme en Espagne en passant par les différents pays de l'Europe. A la décharge de ceux qui ne parvenaient à percevoir que les faits allaient évoluer, il convient de préciser que les données statistiques étaient et sont parfois limitées.

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Avant les années 80, la connaissance des indices de fécondité par région, par département, voire par ville dans les périodes situées entre deux années de recensement de la population reste absente des publications les plus courantes. Ce n'est qu'après le recensement de 1982 que certaines Directions Régionales de l'INSEE ont commencé à calculer de tels indices de fécondité à partir de modèles, suivant en cela la voie tracée dès la fin des années 70 par l'Association pour la Recherche et l'information Démographiques (A.P.R.D.).(I)

C'est grâce à cette amélioration statistique qu'il est possible de préciser l'année où la Vendée, à son tour, a franchi le seuil de 2,1 enfants par femme : 1983, neuf ans après la France.

Cette année correspond d'ailleurs pour la France à la troisième rupture : généralisation de la sous-fécondité à toutes les régions, pourcentage de moins de vingt ans inférieur au plus bas taux jamais connu dans l'histoire de France. Ce que nous avons appelé la troisième rupture, postérieure à la première rupture (le début de la baisse de fécondité en 1964) et à la seconde (l'entrée dans l'hiver démographique en 1974), est passée inaperçue des médias.

Comme la fécondité, les autres indices de l'évolution des structures familiales vont en Vendée suivre la même pente.

Prendre la mesure de cette évolution est essentiel pour bien la comprendre : ce sera l'objet du premier chapitre. Le diagnostic doit également concerner tout l'environnement institutionnel et associatif de la famille. Chacun sait bien en effet que chaque famille vendéenne ne vit pas en autarcie mais qu'elle s'inscrit dans un système social complexe fait d'une mosaïque d'acteurs.

La connaissance du contexte et des évolutions est impérative avant de préciser les fondements d'une politique familiale départementale qui fera l'objet d'un troisième chapitre.

(1) Cf. notamment Gérard-François DUMONT et Jean LEGRAND, L'année démographique 1978 en France, Editions de l'A.P.R.D., Paris, février 1979, et Département des Etudes de l'A.P.R.D, La démographie de la France en 1980 et la population urbaine, février 1981.

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CHAPITRE I :

L'EVOLUTION DE LA FAMILLE

EN VENDEE : LE VRAI CHANGEMENT

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En janvier 1981, les Cahiers Nantais publient une étude sur le changement social et culturel dans le canton de Saint- Fulgent. Le Directeur de cette revue, Jean RENARD, titre le dernier article avec une belle formule ramassée et apparemment antinomique : "Tout bouge et rien ne change". »

L'Histoire, effectivement, apprend que la Vendée n'a jamais été une province figée, immobile. Son patrimoine culturel, malgré les destructions des guerres, montre combien sa culture a été création et mouvement. Son essor économique de l'après-guerre est la preuve d'un esprit particulièrement entreprenant.

Le début du titre de l'article "tout bouge" peut donc s'appliquer à la Vendée. Mais la seconde proposition "rien ne change" colle-t-elle à la réalité vendéenne ? Jusqu'en 1968, le bilan migratoire de la Vendée est demeuré constamment négatif. Un retournement se constate en 1968 et perdure depuis : la Vendée "importe" désormais plus d'hommes qu'elle n'en "exporte". Qu'est-ce qui a pu provoquer ce changement ? Car la Vendée n'avait aucun des atouts généralement reconnus comme impératifs du développement économique : ni chemins de fer électrifiés, ni routes rapides, ni aéroport important, ni localisation commode, ni enseignement supérieur, ni ressources particulières dans le sous-sol,... Son avenir "théorique" devait être l'exode rural vers les métropoles urbaines.

Pour que le bilan migratoire devienne constamment

positif après 1968, il a bien fallu que beaucoup de choses changent,

et qu'en particulier un essor industriel remarquable réponde à l'inévitable diminution de la population agricole. Cette entrée dans le monde industriel s'est effectuée à une vitesse rapide, preuve de la capacité d'adaptation des Vendéens. L'essor économique de la Vendée n'est le fruit d'aucun avantage concurrentiel, mais ne peut s'expliquer que par les caractéristiques qualitatives et quantitatives de sa population.

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D'autres départements, ruraux comme la Vendée au début des années 60, ne sont pas parvenus à un tel développement.

Ce sont les mêmes dont la fécondité a diminué précocement. La réussite de la Vendée ne peut s'expliquer que par les spécificités de sa population, baignée dans des valeurs de travail et de liberté.

Liberté de l'agriculteur travaillant dans son champ du Bocage, isolé par les haies. Liberté du Plainaud qui peut se livrer à la plénitude du regard. Liberté du Maraîchin seul propriétaire après Dieu de ce Marais inaccessible par la route pendant la période hivernale. Liberté qui n'était cependant pas indépendante des contraintes de la nature.

Autre facteur incitant au développement, l'existence d'une population importante. Dans leur étude sur Chaîlans, deux géographes écrivaient en 1975 : "II convient d'insister sur le fait que la nécessité de fournir des emplois aux générations d'après- guerre... a été un puissant stimulant à l'initiative des entrepreneurs locaux" (1)

"Tout bouge et rien ne change" était un titre paradoxal.

Mais il n'est pas conforme à la réalité. Le monde évolue, la France évolue, la Vendée aussi, au coeur même d'un des changements qui opère le plus lentement : les données familiales.

Après avoir rappelé le contexte général de ce changement, nous en prendrons la mesure en essayant d'utiliser des instruments différenciés. Les données quantitatives ne sont que le reflet de réalités plus profondes qu'il conviendra ensuite d'approfondir.

L'évolution de la famille est également dépendante d'un contexte national même si l'environnement médiatique local semble moins négatif.

(1) Pierre-Henri EMANGARD, Pierre LIMOUZIN, Challans, Cité industrielle et commerciale, La Roche sur Yon, C.E.A.S. Vendée, 1975.

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1 - Les caractéristiques de la Vendée

Il est difficile d'analyser l'évolution de la famille sans présenter son contexte général. Département peu dense (76 habitants au km2 en 1990 (1), 27 % de moins que la moyenne française), la Vendée est caractérisée par un habitat dispersé ; elle est très faiblement urbanisée. C'est un département rural, le terme rural signifiant à la fois une agriculture importante et une forte présence d'établissements industriels à la campagne.

Un habitat dispersé

Selon les premiers résultats du recensement de 1990 la Vendée a 509 500 habitants sur 6.721 km2 (2) . Le canton des Sables d'Olonne, le plus peuplé des 31 cantons du département de la Vendée, a moins de 40 000 habitants et ne représente donc que 7,6% de la population du département. Outre ce canton, trois autres ont entre 30 et 40 000 habitants. Sept cantons ont entre 20 000 et 30 000 habitants. Dix entre 10 000 et 20 000 et dix moins de 10 000. Ces chiffres mettent bien en évidence l'absence de cantons démographiquement dominateurs.

Le caractère dispersé de l'habitat se confirme lorsqu'on examine les cantons séparément. Certes, des chefs-lieux de cantons sont passés de l'état de gros-bourgs commerciaux et industriels à celui de petites villes. Mais la croissance de ces chefs-lieux s'est faite dans des proportions limitées, et guère au détriment des autres communes des cantons. Tout s'est passé comme si le Vendéen avait refusé toute forme d'habitat concentré.

Même si les communes limitrophes des principales villes ont généralement davantage bénéficié du développement des villes que les autres en application du phénomène bien connu de périurbanisation. Les variations de densité entre les cantons (de 40 à Palluau à 240 aux Sables d'Olonne) ne dément pas le caractère diffus de l'habitat.

(1) Rappelons cependant que la densité est une moyenne, avec les réserves qu'il convient de formuler sur son interprétation.

(2) 6.721 est le chiffre indiqué dans le Bottin administratif, mais le dictionnaire Robert 2 donne le chiffre de 6.971. Quant au livre Regard sur l'économie vendéenne, il utilise le chiffre de 6.720 mais indique 6.270 dans sa présentation générale p. 17, en raison d'une erreur d'impression.

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Un département faiblement urbanisé

Au plan des chiffres, on pourrait penser que la Vendée, suivant la norme générale des années 1950-60, s'est beaucoup urbanisée et qu'elle est désormais faiblement rurale. Ce n'est pas le cas, même si cette analyse dépend des instruments de mesure retenus. La France a pour habitude d'appeler urbaines toutes les communes qui passent le cap des 2 000 habitants, ce qui est un seuil fort discutable. Le critère de 30 000 habitants retenu électoralement depuis la loi de 1985 sur le cumul des mandats serait sans doute mieux adapté. Malgré tout, le seuil des 2 000 habitants donne encore à la Vendée une population rurale majoritaire, représentant 52,6 010 des habitants au recensement de 1982. Nous sommes loin de la moyenne nationale (27 %), même si la baisse de la population dite rurale a été importante : 85,1 010 au recensement de 1936, 77,8 en 1954, 61,0 en 1968 et 53,7 010 en 1975. Il conviendra de noter la faible évolution de 1975 à 1982 (moins 1,1).

La Vendée n'a pas de grande ville(1).

La préfecture - La Roche-sur-Yon - avec 48 500 habitants en 1990, est la septième ville des Pays de la Loire par sa population et totalise moins de 10 010 de la population du département. Par analogie avec certains départements peuplés, certains décrivent en Vendée un phénomène de péri-urbanisation, c'est-à-dire de croissance démographique des communes entourant une grande ville. Et il est vrai que l'on constate l'augmentation de la population de communes proches des communes les plus peuplées. Le terme paraît cependant mal adapté à la Vendée car la péri-urbanisation suppose d'abord une urbanisation.

(1) Elle entretient cependant des relations avec des grandes villes : Nantes pour l'université ou Cholet pour l'économie, même si le Nord-Est Vendéen est en lui-même une réalité économique.

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La difficulté de l'emploi du terme se confirme également lorsqu'un auteur(1) parle d'une "péri-urbanisation diffuse" à propos du littoral. La contradiction entre les termes -

"péri" définissant un espace géographique précis, "diffus"

définissant un espace géographique imprécis - souligne à nouveau la difficulté de définir l'évolution vendéenne car elle est dans une certaine mesure atypique par rapport à d'autres départements en raison de l'importance du tissu rural.

Une carte des densités des différents cantons montre une dispersion des cantons les plus peuplés même si le Sud du département connaît l'évolution démographique la moins favorable.

Une importante agriculture

Département rural, à l'habitat dispersé, la Vendée reste aussi un important département agricole.

Certes, l'agriculture ne représente plus, comme en 1954, une forte moitié de la population active (58,6 %). Le nombre total des exploitations agricoles est passé de 42 754 en 1955 à 17 204 en 1988 selon les résultats du recensement agricole (2).

Plus de la moitié du département (58 % de la surface agricole utilisée) est tenue par des exploitations de cinquante hectares et plus. La part de la population agricole familiale dans la population totale départementale est passée de 32 % en 1970 à 20 % en 1979 et 13 010 en 1988.

(1) Bernard Geoffroy, "Evolution des structures démographiques vendéennes", Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, 1988, 135e année, la Roche-sur-Yon.

(2) Recensement agricole 1988 - Vendée - principaux résultats, SCEES - INSEE, novembre 1989.

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Pour mesurer le maintien de l'importance que tient l'agriculture dans le département, nous avons recherché un critère peu utilisé, le pourcentage de la population rattachée au système de protection sociale des agriculteurs, la Mutualité Sociale Agricole (M.S.A.). Certes, celle-ci comptabilise des actifs, leurs ayants droit et des retraités, mais c'est également le cas dans d'autres départements.

Les données indiquent, au 1er janvier 1989, 100 418 vendéens affiliés à la M.S.A. contre 349 897 au régime général pour une population totale de 511 612. Le solde se répartit entre les autres régimes : TNS ( Travailleurs Non Salariés - 39 717), marins (10 165), militaires (5 529), SNCF (4 091), mines (1 039), RATP (463) et Banque de France ( 293). (1)

En pourcentage, les affiliés M.S.A. représentent donc 19,63 010 de la population, ce qui place la Vendée au 19e rang des départements français pour les personnes relevant du régime agricole. Comme dans les 18 précédents, ce sont parfois des départements ayant un secteur secondaire peu important, comme la Creuse ou la Lozère, ce chiffre confirme bien l'importance agricole de la Vendée.

Un secondaire diffus

La baisse de la population active agricole se retrouve dans la hausse des secteurs secondaire et tertiaire. Les emplois industriels sont passés de 19,8 % des emplois en 1954 à 38,4 010 en 1982, soit un quasi-doublement. Les emplois du tertiaire ont plus que doublé, en passant de 21,7 010 en 1954 à 43,9 010 en 1982, un pourcentage cependant inférieur à celui de la France qui était de 57,5 010 au recensement de 1982 (celui de 1990 n'ayant pas encore livré ses résultats).

(1) C.N.A.M., La population protégée par le régime général, décembre 1989, note dactylographiée.

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Cette proportion plus importante d'actifs dans le secteur de l'industrie - la France est à 34,2 010 - n'est pas le fruit de grosses concentrations industrielles mais d'une industrie diffuse. Les grosses unités sont peu nombreuses. Il y a beaucoup de petits établissements installés dans les zones rurales même si le Sud-Vendée est moins bien loti. La frontière entre l'industrie et l'artisanat, en dehors des définitions juridiques ou économiques courantes, n'est pas toujours évidente, l'entreprise industrielle pouvant être le résultat d'un artisanat développé et l'artisanat fournir la base d'une future industrialisation.

Pêche et tourisme

On n'aurait garde d'oublier deux activités importantes dont l'une est exclusivement liée à la mer : la pêche emploie directement près de 2 000 marins dans quatre ports et est source de nombreux emplois induits que l'on peut estimer à plus de 6 000.

Le tourisme est un secteur considérable, puisqu'on estime à 2 millions le nombre des touristes accueillis par an, ce qui place la Vendée (depuis 1985) comme deuxième département touristique après le Var.

Une autre caractéristique essentielle en Vendée concerne la vie associative.

Une vie associative dynamique

L'entr'aide, l'échange de services, semblent érigés en tradition en Vendée. Le bénévolat est une vertu fort développée. Il semble notamment équilibrer ce que l'absence de services urbains, c'est-à-dire de ville, pourrait avoir de dommageable pour la vie de tous les jours.

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Ainsi, les Fédérations Départementales des Associations Familiales Rurales ont recréé en 1986 le cinéma à la campagne ou cinéma itinérant, et ce service a beaucoup d'adeptes, malgré la télévision.

Le dynamisme des associations qui gèrent ainsi les services les plus divers est un pilier de la vie vendéenne. Il contribue, en dépit des difficultés rencontrées qui sont propres à toute vie sociale - problèmes de recrutement, problèmes financiers, problèmes d'animation, problèmes liés à des conflits de personne - à multiplier les lieux d'exercice de la solidarité.

La famille vendéenne vit donc dans ce contexte de ce que l'on pourrait appeler le "miracle vendéen", par rapport aux départements français placés de la même façon en 1950, mais qui n'ont pas su trouver les moyens d'un tel développement.

Dans le même temps, comment a évolué la famille en Vendée ? Différents chiffres vont permettre de le préciser.

2 - L'évolution de la famille dans les chiffres Lorsqu'on se contente d'observer le premier chiffre qui permet de prendre la mesure d'une population, celui de son effectif, l'évolution vendéenne n'apparaît pas défavorable. Pourtant, l'hiver démographique vendéen est bel et bien arrivé. Cela se constate notamment par la baisse du nombre des jeunes. D'autres données permettent d'apprécier l'importance de la diminution des familles et la croissance de ce qu'on appelle les "familles monoparentales".

Quant à l'état sanitaire de la Vendée, il est satisfaisant. Il convient enfin de se demander si la fécondité moyenne de la Vendée n'est pas le résultat d'une fécondité élevée dans certaines parties du département et basse dans d'autres.

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Une évolution apparemment positive à nuancer Le premier regard enregistre l'augmentation de la population de Vendée (1) depuis la guerre. Cette augmentation est jusqu'en 1968 exclusivement le fruit d'un solde naturel positif suffisamment important pour compenser un déficit migratoire : la Vendée, aux balbutiements de son industrialisation, continue à perdre des habitants qui vont chercher de meilleures conditions de vie ailleurs. L'histoire de la Vendée depuis que l'on mesure les mouvements migratoires à l'occasion des recensements (milieu du XIXe siècle) jusqu'à 1968 est d'ailleurs l'histoire d'un pays d'émigration. Dès la fin du XIXe siècle et tout particulièrement après la guerre de 1914-18, des vendéens émigreront notamment dans des terres abandonnées de différents départements de France:

la Vienne, la Charente, la Charente-maritime, la Dordogne, le Lot- et-Garonne, le Gers...

L'émigration vendéenne est donc un trait caractéristique : elle n'est guère orientée vers les villes pour grossir les rangs des fonctionnaires, des ouvriers et des employés - cas le plus courant des émigrations corses, auvergnates ou creusoises - mais elle se dirige vers d'autres campagnes ; elle est alors une migration inter-régionale à caractère le plus souvent familial. Car "la migration est l'aboutissement d'une stratégie familiale" (2). Il s'agit de permettre à des jeunes foyers dont les moyens de travailler dans l'agriculture sont trop limités en Vendée de trouver ailleurs "leur place au soleil".

(1) Cf. Tableau 1

(2) Jean-Clément MARTIN, Les Vendéens de la Garonne, Ivan DAVY Editeur, 1989, p. 64

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1) LE MOUVEMENT DE LA POPULATION EN VENDEE

Notes : m = moyenne e = estimation

naissances domiciliées : nés vivants

La population est celle donnée par le recensement sauf indication contraire. Les résultats du recensement de 1990 donnent une population (sans double comptes) inférieure à la moyenne 1988 et au chiffre au 1.1.1989 donné par le Bulletin Mensuel de Statistique car la population avait été surestimée pendant la période intercenitaire.

D'ailleurs, un article d'Ouest-France du 5 mars 1990 escomptait le chiffre de 520 000 habitants compte tenu d'un taux de variation annuel de 1,02 % de 1982 à 1990. Mais il n'a été que de 0,67 %, soit 34,3 % de moins.

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Ainsi l'histoire de la population de la V e n d é e e s t i n s é p a r a b l e de l'histoire de s e s familles. L'émigration familiale vers les d é p a r t e m e n t s agricoles du Midi a été estimée à 3 000 p e r s o n n e s par an pour les trente a n n é e s p r é c é d a n t la guerre d e 1914. Les chiffres postérieurs sont difficiles à évaluer. Pour les a n n é e s postérieures à 1945, une fourchette entre 1 500 et 2 000 est a v a n c é e (1).

Si l'on compare avec l'émigration internationale, cette émigration familiale a été b e a u c o u p plus i m p o r t a n t e q u e l'émigration individuelle d e s 414 V e n d é e n s e n g a g é s pour la Nouvelle-France au 17e siècle et d a n s la première moitié du 18e siècle (2).

C'est dans les a n n é e s 60 que la Vendée atteint un stade de d é v e l o p p e m e n t qui va r e n v e r s e r le solde d é f a v o r a b l e d e l'émigration agricole et familiale. Et depuis, la Vendée est d e v e n u e terre d'immigration, le solde migratoire étant positif d e p u i s le r e c e n s e m e n t de 1968. Il est possible que ce solde soit d e v e n u positif q u e l q u e s a n n é e s plus tôt (1965 ?), mais l'insuffisance d e s indicateurs du mouvement migratoire ne permet p a s de le dire.

"Ainsi, trop longtemps terre d'exode, la V e n d é e a pu devenir terre d'accueil" (3). L'immigration revêt deux a s p e c t s .

D'une part, l'essor économique de certaines villes ne se suffit p a s d e s r e s s o u r c e s humaines locales. Il convient d o n c d e faire appel à de la main-d'oeuvre extérieure. Celle-ci aurait pu provenir d'une immigration étrangère comme d a n s d'autres régions de France. Mais en Vendée, ce n'est p a s le cas. Les q u e l q u e s tentatives m e n é e s ça et là pour renforcer la force de travail d e s entreprises par l'apport de populations de nationalités é t r a n g è r e s n'obtiennent guère de résultats. Même d a n s le bâtiment et les travaux publics, s e c t e u r s prisés d a n s d'autres régions par d e s portugais et d e s espagnols, la main-d'oeuvre reste v e n d é e n n e et se développe par d e s immigrations internes du territoire français.

(1) Jean-Clément MARTIN, op. cit., p. 48

(2) Abbé Léon AUGER, Vendéens au Canada aux 17e et 18e siècles, Abbé Léon AUGER Editeur, Les Sables d'Olonne, 1990.

(3) Lionel de TINGUY, Livre blanc sur la Vendée et son avenir, deuxième édition, septembre 1977

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Ainsi, le pourcentage de la population étrangère ou d'origine étrangère est faible. Mais il est vrai que l'étranger à la recherche de ressources est attiré à la fois par des zones urbaines, car c'est dans la ville que se présentent le plus de possibilités d'emplois, les plus diverses, et les plus accessibles par les transports en commun. La Vendée, ni urbanisée ni désenclavée, ne pouvait attirer les étrangers qui d'ailleurs, comme les français, méconnaissaient largement le "miracle vendéen".

La première composante de l'immigration est donc une immigration de travail, qui a dans certains cantons conduit à de forts brassages de population.

La seconde composante de l'immigration, dont la part est certainement croissante, bien que les moyens pour la mesurer soient encore pauvres, concerne une population ayant l'âge de la retraite qui vient s'installer le plus souvent sur les cantons côtiers.

Forte d'un taux de natalité encore supérieur au taux de mortalité, et d'une immigration non négligeable, la Vendée enregistre une augmentation de sa population dont l'intensité d'ailleurs faiblit. Cette augmentation n'opère pas par le bas de la pyramide des âges, mais par le haut. La venue de retraités, l'allongement de la durée de vie, associés à l'effet de vitesse acquise si essentiel en démographie, donnent une évolution ascendante à l'effectif de la population de Vendée. Mais cette évolution est un faux semblant : sous une apparence bénéfique, elle ne doit pas faire oublier la progression du vieillissement, la diminution importante des moins de vingt ans, liée à la baisse de la natalité.

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L'hiver démographique vendéen

Au début du XXe siècle, la Vendée enregistre encore chaque année plus de 10 000 naissances dont, il est vrai, une partie est laminée par une mortalité infantile encore importante. Pendant la décennie 1960 et même encore pendant la décennie 1970, le nombre des naissances reste supérieur à 7 000. La dernière année qui affiche un nombre de naissances domiciliées supérieur à 7 000 est l'année 1982. La baisse de 1983 par rapport à 1982 est brutale : -9,4 010 de naissances. Elle correspond exactement à une période de regression dans l'attitude devant la vie, régression correspondant à des décisions peu favorables à l'accueil de l'enfant (réduction du taux des allocations familiales pour les familles nombreuses, loi assimilant tous les avortements à des cas de détresse en les remboursant systématiquement même pour les revenus moyens ou aisés).

Cette baisse brutale de la natalité se traduit également, la même année 1983, par une baisse de la fécondité de 10,2 010 équivalente à celle de la natalité(1).

L'importance considérable de la baisse de la fécondité, soit plus de 40 % en vingt ans (3,04 enfants par femme en 1968, 1,80 en 1988) est partiellement masquée par un pourcentage moindre de la baisse de la natalité : 16,3 % (7 400 naissances domiciliées en 1968, 6 194 en 1988).

Car elle intervient à une époque où l'effectif des générations entre 15 ans et 49 ans est en légère augmentation. Une fécondité qui serait restée stable se serait traduite par une augmentation de la natalité en raison de la légère croissance du nombre de femmes en âge de procréer.

(1) Cf. Tableau 2

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LA FAMILLE EN VENDEE par Gérard-François DUMONT

La réalité de "l'hiver démographique" s'applique désormais, depuis 1983, à la Vendée. Caractérisée principalement par la baisse de fécondité, elle s'accompagne d'autres évolutions ; diminution des mariages, diminution du nombre des familles nombreuses, baisse du nombre des naissances, aggravation du vieillissement,... (Chapitre 1).

Ce phénomène était intervenu pour l'ensemble de la France neuf ans plus tôt, en 1974. Car la Vendée a bénéficié d'un retard en raison de ses caractéristiques propres.

Les évolutions chiffrées s'expliquent par l'analyse sociologique, par des données politiques, et correspondent à un phénomène plus subi que voulu.

L'environnement institutionnel et associatif de la famille est une réalité complexe, dont une typologie peut être dressée au moyen de sept critères de différenciation (Chapitre 2).

Dans ce contexte, sept motivations justifient la mise en place d'une politique familiale pour la Vendée, politique qui vise à cinq finalités (Chapitre 3).

1990, 21x29,7, 173 pages, 25 tableaux, 2 graphiques, 6 illustrations.

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