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Les artisans du Pérou s engagent pour un commerce plus équitable

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Academic year: 2022

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Les artisans du Pérou s’engagent pour un commerce plus équitable

Bonjour Justine, pourrais-tu nous présenter ton parcours, qui t’a permis d’arriver à ce poste aujourd’hui ?

En 2011, j’ai réalisé un stage de 4 mois auprès d’artisanes dans la région de Puno, sur les bords du Lac Titicaca. Les vêtements traditionnels tissés par ces femmes étaient d’une grande qualité mais ce travail à la main nécessitait un temps considérable et les plus jeunes se désintéressaient peu à peu de l’artisanat. Nous avons donc monté le projet de financer l’achat de machines à tricoter. Et c’est de retour en France, lorsque j’ai réalisé un service civique dans une association de solidarité internationale, que j’ai pu continuer le projet.

J’ai ainsi sollicité un financement de la Ville de Paris…

obtenu ! Et maintenant ça marche ! Les femmes en profitent même pour faire leurs propres vêtements, presque plus rapidement et moins cher que d’acheter du synthétique au marché.

Mariée à un péruvien et cherchant à m’installer à Lima, c’est tout naturellement, lorsque la CIAP-Intercrafts cherchait un nouveau directeur il y a un an, que j’ai postulé.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur la CIAP, Intercrafts et sa vision du commerce équitable ?

La CIAP, c’est une organisation d’artisans qui se développe depuis 1992 afin de promouvoir l’artisanat et l’identité culturelle andine. Ce sont près de 250 artisans, répartis dans 14 associations locales, qui dirigent la structure. La vie démocratique est au cœur du fonctionnement de la CIAP ! Intercrafts est la société exportatrice des produits. La CIAP

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y est l’actionnaire principal afin que le pouvoir reste aux mains des artisans. L’argent que dégage Intercrafts sert aux activités sociales et de formation que propose la CIAP. Le catalogue d’Intercrafts dépasse cette année les 3 000 références et les produits sont distribués dans 15 pays. La France, avec le réseau de commerce équitable Artisans du Monde, est le deuxième importateur des produits de la CIAP (les Etats-Unis sont en tête).

Justine Lamarche © Fair Trade Connection

La consommation dans les pays occidentaux est en berne avec la crise économique, comment cela affecte-t-il la CIAP ?

Depuis 2008, les réseaux spécialisés de commerce équitable et particulièrement l’artisanat sont affectés par la crise. Les gens achètent moins d’objets décoratifs et les associations militantes montées dans les années 70 vieillissent… Les bénévoles et consommateurs sympathisants ne vont pas acheter 15 vases en terre cuite même pour le coté éthique ! Les années de 2005 à 2007 ont été exceptionnelles, dépassant le million de chiffre d’affaire la dernière année. Mais depuis 2008, nous atteignons difficilement les 600 000. Et comme c’est la vente des produits qui permet les actions sociales, les formations et les réunions, elles sont aujourd’hui revues à la baisse. La vie démocratique de l’association a également pris du plomb dans l’aile avec les tensions liées aux finances.

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Quels sont les solutions que vous mettez en place pour parer à ces difficultés ?

Il a fallu composer avec cette baisse d’activité, revoir un peu les investissements. Nous travaillons sur différents projets avec des designers professionnels et des écoles pour être plus innovant et s’adapter à la demande. Nous venons d’ailleurs de sortir une gamme de céramique transparente, utilitaire plus que décorative, pour la cuisine. Avec ce type de produits nous comptons développer de nouveaux partenariats avec des entreprises conventionnelles mais proches des valeurs du commerce équitable. En Amérique du Sud aussi nous souhaitons sensibiliser les entreprises et consommateurs aux achats responsables. Nous participons notamment au Peru Gift Show où de nombreux acheteurs locaux et internationaux seront présents. Une boutique existe déjà à Puno et nous travaillons à en mettre en place une nouvelle à Lima.

Pour conclure, aurais-tu un petit mot à communiquer aux éco- consommateurs bretons ?

Privilégiez l’artisanat traditionnel au HighTech !

Avec le commerce équitable vous vous assurez que la personne qui a fait le produit est payée justement et améliore ses conditions de vie. Les artisans de la CIAP (pour 75% des femmes) ont tous réussi à construire leur maison en dur et tous leurs enfants vont à l’école…

N’hésitez pas à nous contacter pour nous poser vos questions!

Retrouvez les produits de la CIAP dans les magasins Artisans du monde de Bretagne, à St-Malo, St-Brieuc, Rennes, Nantes, S t - N a z a i r e e t s u r i n t e r n e t : www.boutique-artisans-du-monde.com/

Plus d’infos sur CIAP-Intercrafts : www.intercraftsperu.com

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Pour soutenir au mieux l’intérêt de ses membres artisans, la CIAP regroupe aujourd’hui plusieurs branches d’activités dont Pachamama pour le développement du tourisme solidaire et la COOPAC (Cooperative d’épargne et de crédit) permettant aux groupes de base d’accéder au crédit.

Nous avons rencontré, Rafael Jahuiro, le directeur de l’agence de Puno (près du lac Titicaca), qui a pu nous présenter le fonctionnement de cette agence d’épargne solidaire.

La COOPAC a été créée il y une douzaine d’années, afin de combler l’absence d’un système de crédit accessible aux plus démunis. Les artisans, membres de la CIAP, peuvent bénéficier de micro-prêts afin de financer l’achat des matières premières nécessaires à la production de l’artisanat et échapper aux usuriers. Couplés à des formations de gestion, c’est une solution efficace pour promouvoir l’entrepreneuriat social. Elle a récemment ouvert ses portes aux micro- entrepreneurs et particuliers. À l’Agence de Puno, la plus importante du pays, il y a près de 2 000 sociétaires épargnants qui permettent à de nombreuses associations d’artisans ou à des entrepreneurs individuels de bénéficier d’un apport, en moyenne entre 300 et 1000 euros, pour lancer ou relancer leur activité. Tout comme ses consœurs, elle est gérée de manière démocratique par ses membres.

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Efecto Pedal, pédalez pour regarder!

À partir d’une idée originale de proposer la diffusion sur grand écran et en plein air de films et documentaires nationaux, l’entreprise a développé des projets de cinéma itinérant en Uruguay et en Amérique du Sud. Et depuis quelques mois, ils proposent aux spectateurs de pédaler pour générer l’électricité nécessaire au fonctionnement des installations.

C’est un succès continental ! Et un exemple d’entreprise 100 % socialement responsable.

– Bonjour Diego, est-ce que tu pourrais te présenter et nous en dire un peu plus sur Efecto Coral et le projet Efecto Cine?

Je m’appelle Diego, j’ai 34 ans et une formation en communication audiovisuelle en Uruguay. Lors de mes premières expériences professionnelles, j’ai eu l’occasion de participer à des tournages de films documentaires et de longs métrages.

Puis j’ai intégré une entreprise audiovisuelle (Coral Cine) en tant que producteur. Il y a trois ans, j’ai pris la direction de l’un des projets de l’entreprise, Efecto Cine.

– Efecto Cine, qu’est ce que c’est ?

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Ce projet consiste à diffuser des documentaires et des films en Uruguay sur des thèmes variés. Il faut savoir qu’il n’existe pas de tradition du cinéma ici. Les gens n’ont pas l’habitude d’y aller et les salles sont dans un état vétuste.

C’est aussi un pays très centralisé sur sa capitale, Montevideo. Avec notre première tournée, « La Matinale », nous avons pris le parti d’apporter dans tout le pays un cinéma de haute qualité et gratuit. Il nous a fallu intégrer la donnée du transport : lors d’une tournée, on remballe le matériel tous les soirs dans une camionnette pour le ressortir le lendemain. Il nous a fallu recruter une équipe compétente et dynamique. Et bien sûr, trouver des moyens financiers. La tournée a été primée meilleur projet Latino Américain durant 2 années consécutives. Efecto Cine s’est renforcé de ce succès et a aujourd’hui une proposition de 80 films.

Efecto Cine c’est du cinéma en plein air. Nous installons un écran gonflable, un son digital, et projetons. Mais au-delà de ça, c’est un moment collectif unique. Nous voyons le cinéma comme un agent de sociabilisation, et comme un moyen d’inciter les gens à se penser en société. Comme tous les arts, le cinéma a le pouvoir de faire réfléchir et débattre. Le cinéma uruguayen a proposé plusieurs films et documentaires ces dernières années sur des sujets compliqués pour le pays, qui abordent la dictature notamment. Nous permettons donc à la population de les voir, découvrir son passé et de s’approprier son territoire et son histoire. Certains des spectateurs touchés n’avaient jamais été au cinéma, alors que des films avaient été tournés dans leur village. Grâce aux films projetés, nous abordons des sujets comme la gestion des déchets, de l’eau, le droit des femmes, les transports doux, etc. Un des objectifs du projet est de faire participer les gens. Nous voulons qu’ils se sentent en confiance pour qu’ils puissent donner leur avis.

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Diego Parodi, directeur de Effecto Pedal

– Et quand est né Efecto Pedal ?

Il s’agit d’un moyen de diffuser Efecto Cine. Tout est né d’un mélange entre la curiosité et le sentiment de responsabilité.

Je suis très préoccupé par le sentiment d’amélioration du bien-être social et environnemental en Uruguay. Il y a de plus en plus de voiture et il me semble qu’il faut résister avant d’en arriver au « tout-voiture ». Je suis préoccupé par le fait qu’ici, à Montevideo qui est une petite capitale (1,5 million d’habitants), les gens prennent spontanément leur voiture pour faire une course qu’ils pourraient faire à pied.

En plus de se préoccuper de savoir où la garer, s’ils ne vont pas se la faire voler, ou avoir un accident, ils perdent le contact avec des choses simples, comme l’air pur, le soleil, le fait de croiser un voisin dans la rue. Je ne veux pas juger les gens, mais les pousser à réfléchir. J’aime bien l’image du vent de face qui est nécessaire à l’avion au moment de son atterrissage ; je souhaite que l’on soit ce contre-courant nécessaire au développement de la société.

Plusieurs initiatives m’ont interpellé, comme celle d’un groupe de rock mexicain qui ont organisé une tournée de 8000 km à vélo, en transportant leur matériel et en invitant le public à pédaler pour générer l’énergie nécessaire à leurs concerts. Ou encore Electric Pedals, cette entreprise anglaise qui utilise des vélos pour faire fonctionner toutes sortes d’installations électriques. Apres avoir rencontré le

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directeur de cette entreprise, je lui ai dit qu’on aimerait générer l’électricité suffisante pour nos projections. Il fallait aussi que les vélos soient accessibles à n’importe quelle personne : enfants, adultes, et même personnes âgées.

Nous avons donc calculé le nombre de vélos nécessaires pour que cela fonctionne, la durée de pédalage et nous avons lancé Efecto Pedal, avec 10 vélos, 10 emplacements pour ceux qui viennent avec leur vélo, et 1 système de pédales manuelles.

Nous sommes devenus les premiers du continent à faire une tournée de cinéma avec cet équipement.

– Est-ce que ça a marché, cette idée de faire pédaler des personnes pendant qu’elles regardent un film ?

C’était notre grand doute. Et finalement, les gens se sont vraiment pris au jeu. Dès que nous commençons à installer le matériel, les gens n’attendent pas que l’écran soit en place et demandent à monter sur les vélos, même si nous leur expliquons que nous ne pouvons pas stocker l’énergie. Quand le film commence, tout s’autogère avec une grande fluidité. Les volontaires montent sur les vélos, pédalent, et quand ils en ont assez ils descendent et passent le relais à ceux qui attendent derrière. On a installé un voyant lumineux qui leur indique s’ils produisent assez d’énergie ou non. Les gens qui pédalent ne voient en général pas passer le temps. Et quand le film s’arrêtent, ils sont applaudis par les spectateurs, et s’auto-applaudissent car c’est une vraie fierté pour eux d’avoir participé.

Avec Efecto Pedal, les gens passent un bon moment, ils voient un spectacle gratuit en compagnie de leurs voisins. C’est quand même mieux que de rester enfermé chez soi !

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– En quoi Efecto Pedal est une entreprise éco-responsable ?

Tout d’abord, depuis un an, nous plantons des arbres. Nous nous disions que c’était bien de produire notre propre énergie, mais que nous ne pouvions pas se dire écologiquement neutres car nous générions de la pollution en faisant nos déplacements en camionnette. Nous avons donc décidé de comptabiliser notre impact carbone – qui est de 12-13 tonnes de CO2 émis pour une tournée en Uruguay – et de planter des arbres pour compenser cette pollution. De plus, avant chaque projection, une personnalité locale responsable de la question e

nvironnementale fait un discours et s’engage à planter un arbre.

– Quels sont les développements futurs et nouveaux projets que vous prévoyez de réaliser ?

Nous avons des projets plein nos tiroirs ! Depuis peu, nous avons commencé à projeter dans d’autres pays. Nous rentrons des Etats-Unis, où nous avons montré le film « Bikes versus Cars » devant 500 personnes au festival du Film et de la Musique d’Austin, au Texas. Imaginez, dans la capitale du pétrole, nous avons fait pédaler des spectateurs ! Et s’ils ne pédalaient pas, l’écran s’écroulait.

Nous avons aussi été au Chili le mois dernier, et nous prévoyons d’aller en Argentine, en Équateur et en Colombie.

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Nous aimerions montrer les mêmes films dans tous ces pays, pour créer un lien entre eux. Et nous continuerons aussi à promouvoir le vélo. Même si nous devons aller dans le mur avec le pétrole, faisons au moins ensemble un tour à vélo avant !

Pour en savoir plus sur Efecto Cine :

https://www.youtube.com/watch?v=Wn5TVJq-BmY

http://www.efectocine.com

Sylvie et Bastien ont franchi

le cap de s’installer en

Uruguay

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A la rencontre des indiens Mapuches du Chili en lutte pour récuperer leurs terres

Sur les pas de Marion Leriche, en volontariat pour la coopération entre le Finistère et Chiloé au Chili

Le blog de Johanna et Antoine :

https://onpartalaventure.wordpress.com/

Pour en savoir plus sur l’Uruguay : La page Wikipedia sur le pays

A la rencontre des indiens Mapuches du Chili en lutte pour récuperer leurs terres

En prenant contact avec l’association Ingalan Bro An Alre avant notre départ, nous ne connaissions que peu de chose sur l’existence des indiens Mapuches.

Accompagnés de Gurvan Nicol, co-président d’Ingalan Bro An Alre, et de Patricio Rivera-Millapan, observateur international des droits des peuples originels pour les Nations-Unies, nous avons pu rencontrer quelques unes de

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ces communautés amérindiennes du Sud du Chili et de l’Argentine.

La lutte des indiens Mapuches pour récupérer leurs terres

Les violences policières semblent courantes au Chili et sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits humains. Parmi les populations visées, outre les étudiants dont les manifestations sont durement réprimées, les peuples originels subissent le recours a la force par la police.

Les Mapuches, littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun (langue mapuche), réputés pour leur vaillance, ainsi que pour l’amour de leurs terres, forment aujourd’hui encore la communauté la plus importante du Chili. Leur territoire est divise en deux, entre la partie chilienne où ils seraient plus d’un million et argentine avec quelques 200 milles Mapuches.

Au Chili, les Mapuches sont les seuls à avoir résisté aux Incas, puis aux conquistadores espagnols. Mais leur histoire est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir luttés pendant de nombreuses années contre les envahisseurs européens, l’arrivée au pouvoir du président Allende ne leur laissera que peu de répit. La dictature de Pinochet sonne bientôt la reprise des répressions et des agressions que subissent les Mapuches. En 2009, le Chili signe l’article 169 de l’Organisation Internationale du Travail, avec pour obligation de consulter les peuples originels avant tout projet sur leurs terres. Malheureusement, cette signature ne semble pas déboucher sur des mesures concrètes, et aucune concertation n’a lieu avec les populations concernées.

Leur vaste territoire est régulièrement grignoté par des firmes minières, forestières, pétrolières et des grands projets d’infrastructure. Outre leurs terres, c’est aussi des écosystèmes entiers, pourtant ressources du Chili, qui sont mis à mal. Ici, comme bien trop souvent, la course à la

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croissance prime sur l’environnement et le social.

Ce qui frappe, en rencontrant des Mapuches, c’est leur détermination, leur proximité avec la nature et leur volonté de vivre en paix. Ceci reflète l’incohérence avec l’image que les médias renvoient de ce peuple et que nombre de chiliens ont fini par prendre pour vrai. Les Mapuches sont en effet décrits comme des terroristes qui n’hésiteraient pas à mettre le feu à des forets, agresseraient civils et force de l’ordre, etc.

Juana, une vie à lutter pour sa terre

Longko Juana Calfunao de la communauté Juan Paillalaf est un personnage emblématique de la lutte Mapuche. Il y a une dizaine d’années, lors d’une manifestation contre un projet de route qui menaçait les terres de cette communauté, Juana et toute sa famille, y compris sa mère de 71 ans et plusieurs jeunes enfants, sont arrêtés sans ménagement. Juana, alors enceinte, perd son bébé compte tenu des nombreux coups qu’elle reçoit. Les carabineros (police chilienne) détruisent tout dans leur maison, aspergeant de javel la nourriture, déchirants les rideaux et les vêtements… ils ont tout perdus ! Traduit en justice, Juana est accusé de rébellion contre les forces de l’ordre. Excédée lors du procès elle en vient aux mains contre le juge qui lui inflige 4 ans et demi de prison.

La route ne s’est finalement pas faite mais un nouveau projet menace la communauté : la construction d’un barrage électrique en amont de la rivière passant sur leurs terres.

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Aujourd’hui, c’est une femme révoltée qui veut faire de son cas (loin d’être isolé) un témoignage politique. Elle parle avec force et conviction et se battra toute sa vie pour défendre les droits de son peuple.

Nous avons rencontré d’autres mapuches lourdement condamnés, comme Emilio Berkhof, parfois même sans preuves tangibles.

L’organisation des communautés

Il y a plus de 360 communautés Mapuches qui s’autogèrent entièrement ! C’est à la fois leur force et leur faiblesse.

Cette organisation a notamment surpris les conquistadors espagnols habitués à couper la tête du chef-unique pour gagner la guerre. Les mapuches n’ont pas un grand chef mais près de 3 6 0 . M a i s l e u r s d i v i s i o n s e t l e u r é l o i g n e m e n t géographique leur porte aussi préjudice.

Au sein d’une communauté il y a tout de même des rôles définis :

Le Longko est le chef de la communauté formée de plusieurs familles. Il ou elle est désigné(e) par filiation. Il est en charge des tâches administratives et de la bonne organisation au sein de la communauté.

Le Werkén est l’homme de confiance et messager personnel du Longko, qui facilite les relations et les alliances entre les familles de la communauté. C’est en général lui qui gère la communication extérieur.

Le Machi est le guérisseur traditionnel et le chef spirituelle garant du savoir de la communauté. Il joue un rôle significatif dans la culture Mapuche. Les femmes sont plus généralement machis que les hommes.

Le drapeau Mapuche, symbole de la lutte d’un peuple

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Le drapeau Mapuche a été dessiné au tout début des années 1990, impulsé notamment par Longko Juana Calfunao (que nous avons eu la chance de rencontrer) et avec la participation de plus de 350 Mapuches.

De haut en bas, on retrouve les couleurs bleu (pour le ciel), vert (pour la terre, littéralement le terme Mapuche désigne le

« peuple de la terre ») et rouge (pour dénoncer les arrestations et les assassinats). Au centre, le ñimin, est l’instrument spirituel des Mapuches.

Ce drapeau, qui flotte fièrement dans certaines campagnes c h i l i e n n e s , d é n o n c e l a l u t t e d ’ u n p e u p l e p o u r l a reconnaissance de leurs terres et de sa culture, et rappelle aussi qu’il préfère mourir debout que vivre à genoux.

Durant toutes les manifestations (pour la terre, pour l’eau, pour demander une assemblée constituante, etc.) aucun drapeau chilien ne flotte au dessus de la foule. Seuls les drapeaux Mapuches ou d’autres communautés sont de rigueur, ou encore le drapeau chilien avec l’étoile vers le bas en signe de protestation.

Pour en savoir plus :

L e s i t e d ’ I n g a l a n B r o a n A l r e : http://www.ingalan.org/013-groupes-locaux/014-bro-an-alr e-pays-d-auray/

Qu’est ce que la convention 169 par Survival France : http://www.survivalfrance.org/campagnes/169

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Pour suivre les aventures d’Antoine et Johanna, visitez leur blog : https://onpartalaventure.wordpress.com/

A la rencontre des indiens Mapuches du Chili en lutte pour récuperer leurs terres

En prenant contact avec l’association Ingalan Bro An Alre avant notre départ, nous ne connaissions que peu de chose sur l’existence des indiens Mapuches.

Accompagnés de Gurvan Nicol, co-président d’Ingalan Bro An Alre, et de Patricio Rivera-Millapan, observateur international des droits des peuples originels pour les Nations-Unies, nous avons pu rencontrer quelques unes de ces communautés amérindiennes du Sud du Chili et de l’Argentine.

La lutte des indiens Mapuches pour récupérer leurs terres

Les violences policières semblent courantes au Chili et sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits humains. Parmi les populations visées, outre les étudiants dont les manifestations sont durement réprimées, les peuples originels subissent le recours a la force par la police.

Les Mapuches, littéralement « Peuple de la terre » en

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mapudungun (langue mapuche), réputés pour leur vaillance, ainsi que pour l’amour de leurs terres, forment aujourd’hui encore la communauté la plus importante du Chili. Leur territoire est divise en deux, entre la partie chilienne où ils seraient plus d’un million et argentine avec quelques 200 milles Mapuches.

Au Chili, les Mapuches sont les seuls à avoir résisté aux Incas, puis aux conquistadores espagnols. Mais leur histoire est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir luttés pendant de nombreuses années contre les envahisseurs européens, l’arrivée au pouvoir du président Allende ne leur laissera que peu de répit. La dictature de Pinochet sonne bientôt la reprise des répressions et des agressions que subissent les Mapuches. En 2009, le Chili signe l’article 169 de l’Organisation Internationale du Travail, avec pour obligation de consulter les peuples originels avant tout projet sur leurs terres. Malheureusement, cette signature ne semble pas déboucher sur des mesures concrètes, et aucune concertation n’a lieu avec les populations concernées.

Leur vaste territoire est régulièrement grignoté par des firmes minières, forestières, pétrolières et des grands projets d’infrastructure. Outre leurs terres, c’est aussi des écosystèmes entiers, pourtant ressources du Chili, qui sont mis à mal. Ici, comme bien trop souvent, la course à la croissance prime sur l’environnement et le social.

Ce qui frappe, en rencontrant des Mapuches, c’est leur détermination, leur proximité avec la nature et leur volonté de vivre en paix. Ceci reflète l’incohérence avec l’image que les médias renvoient de ce peuple et que nombre de chiliens ont fini par prendre pour vrai. Les Mapuches sont en effet décrits comme des terroristes qui n’hésiteraient pas à mettre le feu à des forets, agresseraient civils et force de l’ordre, etc.

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Juana, une vie à lutter pour sa terre

Longko Juana Calfunao de la communauté Juan Paillalaf est un personnage emblématique de la lutte Mapuche. Il y a une dizaine d’années, lors d’une manifestation contre un projet de route qui menaçait les terres de cette communauté, Juana et toute sa famille, y compris sa mère de 71 ans et plusieurs jeunes enfants, sont arrêtés sans ménagement. Juana, alors enceinte, perd son bébé compte tenu des nombreux coups qu’elle reçoit. Les carabineros (police chilienne) détruisent tout dans leur maison, aspergeant de javel la nourriture, déchirants les rideaux et les vêtements… ils ont tout perdus ! Traduit en justice, Juana est accusé de rébellion contre les forces de l’ordre. Excédée lors du procès elle en vient aux mains contre le juge qui lui inflige 4 ans et demi de prison.

La route ne s’est finalement pas faite mais un nouveau projet menace la communauté : la construction d’un barrage électrique en amont de la rivière passant sur leurs terres.

Aujourd’hui, c’est une femme révoltée qui veut faire de son cas (loin d’être isolé) un témoignage politique. Elle parle avec force et conviction et se battra toute sa vie pour défendre les droits de son peuple.

Nous avons rencontré d’autres mapuches lourdement condamnés, comme Emilio Berkhof, parfois même sans preuves tangibles.

L’organisation des communautés

Il y a plus de 360 communautés Mapuches qui s’autogèrent entièrement ! C’est à la fois leur force et leur faiblesse.

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Cette organisation a notamment surpris les conquistadors espagnols habitués à couper la tête du chef-unique pour gagner la guerre. Les mapuches n’ont pas un grand chef mais près de 3 6 0 . M a i s l e u r s d i v i s i o n s e t l e u r é l o i g n e m e n t géographique leur porte aussi préjudice.

Au sein d’une communauté il y a tout de même des rôles définis :

Le Longko est le chef de la communauté formée de plusieurs familles. Il ou elle est désigné(e) par filiation. Il est en charge des tâches administratives et de la bonne organisation au sein de la communauté.

Le Werkén est l’homme de confiance et messager personnel du Longko, qui facilite les relations et les alliances entre les familles de la communauté. C’est en général lui qui gère la communication extérieur.

Le Machi est le guérisseur traditionnel et le chef spirituelle garant du savoir de la communauté. Il joue un rôle significatif dans la culture Mapuche. Les femmes sont plus généralement machis que les hommes.

Le drapeau Mapuche, symbole de la lutte d’un peuple

Le drapeau Mapuche a été dessiné au tout début des années 1990, impulsé notamment par Longko Juana Calfunao (que nous avons eu la chance de rencontrer) et avec la participation de plus de 350 Mapuches.

De haut en bas, on retrouve les couleurs bleu (pour le ciel), vert (pour la terre, littéralement le terme Mapuche désigne le

« peuple de la terre ») et rouge (pour dénoncer les arrestations et les assassinats). Au centre, le ñimin, est l’instrument spirituel des Mapuches.

Ce drapeau, qui flotte fièrement dans certaines campagnes

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c h i l i e n n e s , d é n o n c e l a l u t t e d ’ u n p e u p l e p o u r l a reconnaissance de leurs terres et de sa culture, et rappelle aussi qu’il préfère mourir debout que vivre à genoux.

Durant toutes les manifestations (pour la terre, pour l’eau, pour demander une assemblée constituante, etc.) aucun drapeau chilien ne flotte au dessus de la foule. Seuls les drapeaux Mapuches ou d’autres communautés sont de rigueur, ou encore le drapeau chilien avec l’étoile vers le bas en signe de protestation.

Pour en savoir plus :

L e s i t e d ’ I n g a l a n B r o a n A l r e : http://www.ingalan.org/013-groupes-locaux/014-bro-an-alr e-pays-d-auray/

Qu’est ce que la convention 169 par Survival France : http://www.survivalfrance.org/campagnes/169

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