a q u a t r i è m e guerre n'aurait pas d û éclater dans le Proche- assez des chars, des avions, des fusées, des bombes, de la souf- france, de la mort. II ne faut pas, i l ne faut plus faire la guerre.
Dans la partie du continent à laquelle la France appartient, on l'a, enfin, compris. Nous avons peine à imaginer q u ' à une date qui remonte à moins de trente-cinq ans un pays comme le n ô t r e connaissait en Europe les horreurs des combats. Prendre l'initia- tive de l'attaque, commettre un acte d'agression n'est pas admis- sible. La guerre ne paye pas, ne doit pas payer. Par la négocia- tion, par elle seule, il convient de r é s o u d r e les p r o b l è m e s q u i se posent entre les Etats. Par le d é s a r m e m e n t , par l u i seul, nous parviendrons à vivre dans un monde o ù ne domineront plus la rivalité et la haine. Il est temps que, dans un sursaut, la conscience humaine se révolte et qu'en r é s u l t e un bouleversement dans nos conceptions, dans nos m œ u r s , dans nos jugements. Aucun peuple ne doit plus s'agrandir, s'enrichir, s'imposer par la victoire des armes. Sinon, compte tenu des moyens de destruction qui augmen- tent à toute heure, où irions-nous ? On ne peut que r é p r o u v e r l'ini- tiative que les gouvernements du Caire et de Damas ont prise le 6 octobre. Ils n'avaient pas à se lancer dans la guerre. Où s'arrê- tera-t-elle ? Et déjà, au moment où j ' é c r i s , si tôt a p r è s le d é b u t d u conflit, que de pertes, que de deuils, que d ' a t r o c i t é s !
Mais cette q u a t r i è m e guerre n'était-elle pas la suite inévitable de la t r o i s i è m e ? Une bataille a p r è s une bataille. Devant l'Assemblée nationale, le 19 juin, M . Michel Jobert d é c l a r a i t : « La situation qui se perpétue au Proche-Orient recèle toutes les conditions nécessai- res à un drame majeur et celui-ci peut à tout moment se déclen- cher. » Comment était-il permis de supposer que les pays vaincus en moins d'une semaine i l y a six ans t o l é r e r a i e n t indéfiniment, s'ils se sentaient capables de d é m o n t r e r qui ils é t a i e n t devenus, l'humi- liation de leur d é r o u t e ? Comment se résigneraient-ils à l'abandon de territoires, le Sinaï, le Golan, sur lesquels, au fur et à mesure F R A N Ç O I S S E Y D O U X
suffisaient. Nous en avons
L A P O L I T I Q U E E X T É R I E U R E 385 que le temps s'écoulait, l'adversaire affermissait toujours davan- tage son emprise et qui, finalement, dans l a p e n s é e de l a plupart, resteraient en sa possession ! L a prescription jouait contre eux.
A tarder trop ils risquaient de ne jamais se relever de l a honte de leur défaite militaire, politique, morale, de p a r a î t r e accepter e u x - m ê m e s qu'elle se t r a d u i s î t par des amputations territoriales q u i en soulignaient l'ampleur et la gravité. L a r é a c t i o n des Egyp- tiens et des Syriens, l'effort qu'ils ont accompli pour se ravitailler en armes, pour apprendre à s'en servir, les talents que leurs chefs ont révélés sur le double plan de l a s t r a t é g i e et de l a tac- tique ne pouvaient, quelles que dussent ê t r e l a d u r é e et l'issue des batailles, que susciter l ' é t o n n e m e n t universel. Etonnement pour les I s r a é l i e n s les premiers qui n'ignoraient pas les p r é p a r a t i f s des Arabes mais qui, en laissant ceux-ci, cette fois, commencer les opé- rations, n ' é t a i e n t pas fâchés de d é m o n t r e r combien ils avaient été justifiés a n t é r i e u r e m e n t à prendre les devants. S'ils avaient p u pré- voir la force et le dynamisme de leurs adversaires, auraient-ils attendu ? E n les avertissant au d é b u t du mois de j u i n 1967, le g é n é r a l de Gaulle savait que n i eux n i les Arabes ne seraient finalement les vrais vainqueurs.
Demeurerait-elle limitée aux Etats qui se battent, que l a guerre du Proche-Orient n'en r e v ê t i r a i t pas moins des dimensions q u i d é p a s s e n t de loin leurs frontières. D e r r i è r e eux, les encourageant, les aidant, deux mondes sont en p r é s e n c e : celui des Arabes et celui des Juifs. D'un côté, des Etats, souvent d é s u n i s , mais qu'une com- mune aversion rapproche. D'une telle r é c o n c i l i a t i o n l'Irak et la Syrie ont d o n n é l'exemple. Ils constituent une r é s e r v e en hom- mes, en richesses, en influence, en subtilité, une menace crois- sante, une interrogation redoutable. De l'autre côté, une puis- sance inaccessible, incalculable, i m p o n d é r a b l e , r é p a n d u e à l'in- t é r i e u r des pays e u x - m ê m e s , dans leurs gouvernements, leur admi- nistration, leur s y s t è m e bancaire, y disposant f r é q u e m m e n t des leviers de commande, rompue à la propagande, habile à confondre sa cause et celle de l'Etat d ' I s r a ë l . Dans la partie q u i se joue i l s'agit du heurt de deux traditions, de deux religions, de deux races..Chacun p a r m i nous fait son choix et se prononce h é l a s ! dans l'émotivité.
Je n'en veux pour preuve que l'indignation qu'avait générale- ment p r o v o q u é e l'attitude du chancelier d'Autriche B r u n o K r e i s k y qui, placé par deux fedayin devant l'alternative de s'incliner devant leurs exigences ou d'exposer à la mort les quatre otages qu'ils d é t e n a i e n t , s'était refusé à leur faire c o u r i r ce risque. L ' i n - cident é t a i t a n t é r i e u r à l'ouverture des h o s t i l i t é s dans le Proche- Orient. Depuis lors des p r é o c c u p a t i o n s plus vastes ont surgi.
LA REVUE N° 11 5
I l n'en est pas moins symptomatique. J'ignore si M . K r e i s k y a eu tort ou raison. Sans doute aurait-il été j u g é s é v è r e m e n t si, du fait de sa r é s i s t a n c e totale aux terroristes palestiniens, les otages avaient é t é a s s a s s i n é s . Mais on ne s'est pas beaucoup ar- r ê t é à ce détail. De l'avis quasi unanime, si l'on excepte la m a j o r i t é de l'opinion dans son propre pays, le chancelier avait t é m o i g n é d'une faiblesse d é p l o r a b l e . Savait-on qui i l é t a i t , quelle é t a i t son origine, quelle conduite i l avait o b s e r v é e pendant les a n n é e s tragi- ques ? Comprenait-on bien que les Juifs, qui par dizaines de m i l - liers avaient t r a v e r s é l'Autriche, sur la route les menant de Russie à J é r u s a l e m , ou y avaient m ê m e s é j o u r n é , ne se voyaient pas non plus d é s o r m a i s fermer la porte, mais que leur passage é t a i t seu- lement s u b o r d o n n é à certaines conditions ? Savait-on que le lieu de transit, le c h â t e a u de Schoennau, r e p r é s e n t a i t une sorte d'en- clave extra-territoriale, o ù le gouvernement de Vienne n ' e x e r ç a i t aucune a u t o r i t é et dont le c a r a c t è r e particulier ne pouvait qu'inci- ter les fedayin à récidiver, cette fois en portant un grand coup qui serait dommageable à la s é c u r i t é et à la n e u t r a l i t é autrichien- nes ? On a plus simplement r a p p e l é , i c i et là, que, en 1938, l'Au- triche s'était livrée à Adolf H i t l e r et qu'elle ne réagissait pas mieux aujourd'hui qu'elle n'avait, alors, réagi. Quelle m é c o n n a i s s a n c e , sinon du p a s s é , du moins du p r é s e n t !
L
a sympathie que l'on é p r o u v e pour les Etats-Unis ou pour l'U.R.S.S. ne facilite pas non plus l'objectivité. D'une m a n i è r e g é n é r a l e , on est en m ê m e temps a m é r i c a n o p h i l e et pro-israélien, russophile et pro-arabe. I l arrive aussi que tel de mes interlocu- teurs, qui se d é c l a r e é n e r g i q u e m e n t favorable à l'Etat d ' I s r a ë l , s'empresse d'ajouter un correctif : on ne doit pas croire, pour cela, qu'il aime les Juifs ! Serait-ce un péché ? I l n'aime pas les Juifs, mais i l aime encore moins les Musulmans ! Comme je suis, quant à moi, é t r a n g e r à ces antipathies a c c u m u l é e s !Nous en venons f o r c é m e n t à nous demander où l'on en est à Moscou et à Washington, o ù l'on en sera dans les premiers jours du mois de novembre. Tout porte à croire que la Russie et les Etats- Unis ne tenaient pas à transformer un conflit localisé en une guerre généralisée. M ê m e dans la p é r i o d e , encore toute r é c e n t e , o ù ils se dressaient face à face comme les chefs de deux blocs hostiles, o ù ils é t a i e n t directement i m p l i q u é s dans le différend qui les opposait, à B e r l i n , à Cuba, ils ont, au dernier moment, reculé devant le geste décisif qui les aurait e n t r a î n é s dans une lutte a r m é e . Le risque é t a i t moins grave lorsque leur d é s a c c o r d apparaissait complet dans l'épi- sode dramatique que connaissait le sous-continent indien et q u i
LA P O L I T I Q U E E X T É R I E U R E 387 aboutissait à l ' é c l a t e m e n t du Pakistan. Nous étions e n t r é s , en effet, dans l'ère dite d è l a d é t e n t e , une d é t e n t e dont Washington et Moscou surveillaient si soigneusement l'évolution que la d u r e t é et la prolon- gation de la guerre dans la p é n i n s u l e indochinoise ne parvenaient pas à a l t é r e r leurs rapports d'une façon fondamentale. Le bombarde- ment de H a n o i par les A m é r i c a i n s n ' e m p ê c h a i t pas les dirigeants s o v i é t i q u e s d'accueillir le p r é s i d e n t N i x o n à la date p r é v u e .
P r é c i s é m e n t à propos du Proche-Orient, les deux grandes puis- sances ont tenu à définir leur position avec autant de cynisme que de p r é v o y a n c e . Tandis que M . N i x o n et M . Brejnev scellaient leur entente à Washington, le 22 j u i n dernier, par un c o m m u n i q u é qui é t a b l i s s a i t leur p r i m a u t é conjointe dans le r è g l e m e n t des affaires du monde, ils constataient que, sur un point, ils ne r é u s s i s s a i e n t pas à concilier leurs vues. Pas plus que le K r e m l i n n'entendait se d é s o l i d a r i s e r des Arabes, la Maison Blanche ne songeait à retirer
son appui aux I s r a é l i e n s . Dans la c o n f é r e n c e de presse q u ' i l tenait trois jours plus tard, M . Kissinger expliquait que, conscients du danger que la situation dans le Proche-Orient faisait peser sur la paix mondiale, le p r é s i d e n t des Etats-Unis et le s e c r é t a i r e g é n é r a l du parti communiste soviétique avaient pris l a p r é c a u t i o n de dis- tinguer la tension locale et la rivalité des grandes puissances. I l fallait éviter que la p r e m i è r e n'influât avec excès sur l a seconde.
Le monde avait été au seuil de l a guerre lorsque, en 1970, les chars syriens s'étaient p r é c i p i t é s sur l a Jordanie ; à ce danger on ne l'exposerait plus. Quoi qu'il a r r i v â t , A m é r i c a i n s et Russes n'en viendraient pas, entre eux, au pire. Ils ne pouvaient pas admettre que leurs rapports fussent d é t é r i o r é s par les agissements d'autrui sur les bords du Jourdain ou le long du canal de Suez.
Comment ne pas les comprendre ! Le rapprochement qui s'est o p é r é entre les Etats-Unis et l'U.R.S.S. se fonde sur des i n t é r ê t s trop é v i d e n t s , trop c o n s i d é r a b l e s , pour qu'ils ne se soucient pas avant tout d'en m é n a g e r le d é v e l o p p e m e n t . Nous voici, d'ailleurs, n o u s - m ê m e s , dans une large mesure, t r a n q u i l l i s é s . L a guerre mon- diale n'aura pas lieu. Nous ne pouvons é g o ï s t e m e n t que nous en féliciter. Le sort du Proche-Orient n'en est pas, pour autant, plus enviable. P r o t é g é s par les assurances qu'ils ont é c h a n g é e s , Sovié- tiques et A m é r i c a i n s se tiennent pour libres d'aller l o i n dans le con- cours qu'ils fournissent à leurs alliés respectifs. Sous le couvert de leur accord, ils poursuivent, les uns et les autres, leur politique, en faveur, les premiers, des Arabes, les seconds, des I s r a é l i e n s , sans que, pour e u x - m ê m e s , mort s'ensuive. I l y a certes une limite à ne pas d é p a s s e r , une barre à ne pas franchir ; elle semble située suffi- samment haut pour qu'ils n'en soient pas trop i n c o m m o d é s .
Tout en ne cessant pas de regarder en direction de Washington
afin de se p r é m u n i r contre le faux pas q u i compromettrait les pro- fits qu'ils escomptent de leur c o m p l i c i t é avec l a p r e m i è r e puis- sance, les Russes n'ont aucune envie de décevoir tous ceux q u i , à travers le monde, ne sont que trop enclins à d é n o n c e r leur collusion avec les A m é r i c a i n s , à les s o u p ç o n n e r , à les accuser d ' ê t r e sortis du cours que, p r é c é d e m m e n t , ils avaient suivi. L a conférence qui r é u n i s s a i t r é c e m m e n t à Alger les pays d é n o m m é s non-alignés les a, à cet é g a r d , a l e r t é s . Ils se sont a p e r ç u s de l'éten- due du terrain qu'ils avaient perdu et que les Chinois avaient, en revanche, acquis. Que penserait-on d'eux s'ils ne soutenaient pas l'effort militaire du Caire et de Damas par la parole, par la plume, par l'envoi de leurs armes ! Ne proclamerait-on pas que l a défaite des Arabes serait leur propre défaite !
H a p p é s dans l'engrenage, les Etats-Unis suivent le mouvement.
A leur tour, ils e x p é d i e n t des armements, à I s r a ë l . Sans doute auraient-ils p r é f é r é ne pas s'attirer ainsi le m é c o n t e n t e m e n t des Etats qui produisent le p é t r o l e . Mais i l leur importe de parer au plus p r e s s é q u i est d'assister leur champion. N u l , en outre, ne se défait a i s é m e n t de ses habitudes. L a ligne de d é m a r c a t i o n entre le conflit local et la guerre g é n é r a l e , telle que M . Kissinger la t r a ç a i t , le 25 j u i n , a pu ê t r e r e s p e c t é e . L a r e s p o n s a b i l i t é des gran-
des puissances, avant le conflit, pendant le conflit, n'en est pas, pour cela, dégagée. Elles ne peuvent p r é t e n d r e gagner à la fois sur tous les tableaux. E n agissant comme elles le font, elles portent atteinte à l'esprit de la d é t e n t e , tel que nous le concevons, u n esprit indispen- sable pour que les formules sur lesquelles l'accord pourrait se faire, notamment à la c o n f é r e n c e de Genève sur la s é c u r i t é et l a coopéra- tion e u r o p é e n n e s , ne soient pas p r i v é e s de leur signification.
L
'essentiel est, tout d'abord, l ' a r r ê t des combats. I l faut mettre u n terme à la folie m e u r t r i è r e . I l faut ensuite é l a b o r e r u n r è g l e m e n t de paix, q u i rencontre une approbation q u i ne soit pas d o n n é e du bout des lèvres. C'est, en effet, le r é t a b l i s s e m e n t d'une paix v é r i t a b l e q u i est en cause. Est-ce possible ? Nous nous sommes t r o u v é s autrefois en p r é s e n c e de situations o ù tout arrangement semblait à l'avance c o n d a m n é à l'échec. C'était au temps des dic- tateurs devant l a v o l o n t é et les ambitions de q u i tous devaient plier. Les choses ne sont plus les m ê m e s . Je pense que, si on l'avait voulu, on aurait pu, pendant l a p é r i o d e de six ans q u i a s é p a r é les deux guerres, rechercher plus activement, avec quelque chance de succès, l a solution q u i aurait p r é v e n u la reprise des hosti- lités. A u mois de septembre 1970, dans la Revue, je m ' i n q u i é t a i sL A P O L I T I Q U E E X T É R I E U R E 389 principalement de l'avenir des Palestiniens dont le destin p a r a î t toujours aussi incertain. Mais je m'imaginais, à l'époque, qu'un pas avait été fait vers la paix, à l a suite de l'acceptation par les i n t é r e s s é s , et aussi par la Russie, d'un projet a m é r i c a i n , proche voisin de la r é s o l u t i o n a d o p t é e par le Conseil de s é c u r i t é , le 22 no- vembre 1967. S'il n'avait pas suscité a u s s i t ô t des i n t e r p r é t a t i o n s contradictoires, il aurait pu servir de base pour l'accord. Les ques- tions elles-mêmes qui se posaient n'en restaient pas moins, d'ail- leurs, en suspens. Elles n'ont pas c h a n g é : sur quels territoires o c c u p é s par Israël l'évacuation porterait-elle? Sur tous les terri-
toires? Où fixer les frontières « s û r e s et reconnues » ? Correspon- draient-elles aux lignes d'armistice, telles qu'elles existaient avant la guerre de Six Jours ? Par quels engagements les Etats arabes se lieraient-ils pour assurer le respect de l'existence d ' I s r a ë l ? Com- ment et où p r o c é d e r a i t - o n à la c r é a t i o n de zones d é m i l i t a r i s é e s ? Comment r e c o n n a î t r a i t - o n la pleine l i b e r t é de navigation pour tous dans le golfe d'Akaba, le d é t r o i t de Tiran, le canal de Suez ? Qu'adviendrait-il des réfugiés ? de J é r u s a l e m ?
Les difficultés seront-elles plus grandes encore, demain, qu'elles ne l'étaient, hier ? — L a guerre, hélas ! aura fait son œ u v r e . Je continue, pourtant, à croire qu'elles ne sont pas insurmontables.
Il n'est pas sans importance que les Etats arabes, vaincus en 1967, ne soient plus accablés par le souvenir de leur humiliation. I l n'est pas non plus sans importance que l'Etat d'Israël sache à quoi s'en tenir sur la valeur de ses ennemis. L a solution du conflit peut s'en trouver facilitée, sans que les I s r a é l i e n s aient f o r c é m e n t à souffrir de cette double constatation. D'où que viennent les propo- sitions de nature à en favoriser la recherche, elles ne pourront ê t r e que les bienvenues. Je me demande si, en d é p i t de l a que- relle qu'on l u i fait, surtout à l ' i n t é r i e u r de nos frontières, la France n'est pas en bonne posture pour prendre dans le cadre de l a C o m m u n a u t é e u r o p é e n n e une initiative qui devrait, entre autres suggestions, inclure la réunion d'une conférence au sein de laquelle nous pourrions, compte tenu de notre expérience et de notre indé- pendance, jouer un rôle efficace.
N
ous avons une politique arabe, ce qui ne signifie pas qu'elle soit obligatoirement pro-arabe, mais ce qui indique que nous ne nous d é s i n t é r e s s o n s pas du monde arabe, lui-même c o m p o s é d'Etats nombreux, variés, avec quelques-uns desquels nous avons entretenu, au cours de notre longue histoire, des relations extra- ordinairement é t r o i t e s et qui nous sont unis, dans les do- maines les plus divers, par un ensemble de liens que nous n'avonspas le droit de négliger. A côté d'eux i l y a toute l'Afrique, compre- nant, elle aussi, des pays qui nous sont, le plus souvent, a t t a c h é s , qui prolongent naturellement l'Europe et que les é v é n e m e n t s du Proche-Orient ont conduits, dans les d e r n i è r e s semaines, à adopter des positions que nous avons é g a l e m e n t à c o n s i d é r e r .
J'estime que nous n'en avons pas moins toutes les raisons d'ap- porter à l'Etat d ' I s r a ë l la c o m p r é h e n s i o n qui s'impose. Sa dispari- tion heurterait p r o f o n d é m e n t les consciences. Mais surtout, en u n délai exceptionnellement bref, i l s'est affirmé par sa vigueur et par son courage, comme un é l é m e n t de l'équilibre international. Je ne doute pas que, dans la négociation, le gouvernement français ne contribue à lui procurer les apaisements qui a p p a r a î t r a i e n t lé- gitimes. S u r le flanc de l ' i m m e n s i t é arabe qui, en ce qui la con- cerne, ne cessera jamais d'exister, I s r a ë l , adossé à la mer, a besoin, quant à l u i , de s'assurer contre un avenir devenu pour l u i plus troublant, plus angoissant. L a q u a t r i è m e guerre l'a i m p r e s s i o n n é . Comment la c i n q u i è m e se déroulerait-elle ? Pour l ' e m p ê c h e r nous avons tous à nous p r é p a r e r . Ce n'est pas en consacrant des con- q u ê t e s que nous y r é u s s i r o n s . Hommes politiques et diplomates devront mettre leur imagination en branle pour ajuster les fron- t i è r e s et s'entendre sur les garanties. Sinon... « Oh ! mon sou- verain roi... »
FRANÇOIS S E Y D O U X