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Ce chapitre s ouvre, comme tous les autres, par un reportage de la collection Parole d ados : J voulais pas mourir, juste me tuer.

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Si l’adolescence pubertaire peut- être riche en névroses, il faut souligner tout d’abord, rappelle Michel Fize (1) que « cet âge de la vie n’a l’exclusivité d’aucun de ces syndromes, ensuite que ces états sont souvent déjà ins- tallés dans l’enfance et qu’ils se poursuivront quelquefois au- delà de l’adolescence. » L’adolescence, précise Marcel Rufo (2) est une période douloureuse en soi car elle « représente une perte de la pensée magique de l’enfance, des illusions sur soi, et sur le monde. Il faut apprendre à accepter ses propres limites et se résoudre à être toujours un peu moins glorieux que ce que l’on avait imaginé. On comprend alors pourquoi l’adolescence consti- tue un terrain favorable à l’apparition de troubles psychiques.

(…). Mais un grand nombre de ces troubles, parfois spectacu- laires se révéleront transitoires ».

C’est avec le même esprit que David Le Breton développe son article sur les conduites à risques des jeunes et donne une ana- lyse pointue du film Thirteen. Un entretien de Parole donnée, Conduites à risques à l’adolescence : acte de passage est aussi consacré au sociologue, sur ce thème.

La question du lien avec sa propre histoire et ses parents est discutée dans Enjeux de la séparation à l’adolescence, collection parole.

Ce chapitre s’ouvre, comme tous les autres, par un reportage de la collection Parole d’ados : J’voulais pas mourir, juste me tuer.

(1) « Les adolescents ». Collection Idées reçues Michel Fize, Le cavalier bleu, 2009. - (2)La vie en désordre. Voyage en adolescence ». Marcel Rufo, Éditions Anne Carrière , 2007.

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Le sujet en est le suicide ou ses tentatives, comme forme d’ex- pression radicale qui malheureusement peut être fatale. Témoi- gnages de jeunes en cure, d’un côté, dans un centre de soins à Bordeaux dirigé par le psychiatre Xavier Pommereau qui rend compte, ensuite, de sa pratique dans Mourir pour exister, collec- tion Parole donnée.

Tabou amènera une dimension réflexive sur le suicide prémédité en images par un jeune adulte. Une construction documentaire sans voyeurisme de la jeune réalisatrice qui nous fera toucher le narcissisme pathologique conduisant à sa perte. Tandis que La dernière tentation recadre le propos par des interventions pluri- disciplinaires éclairant sur les causes possibles d’un tel acte.

Philippe Van Meerbeeck (3), psychiatre, le constate aussi « le sui- cide est la cause principale de mort chez les jeunes entre 15 et 25 ans, après les accidents de la route (…) »

La fiction offre aussi un regard sur ce thème avec Le jeune Wer- ther ou Virgin suicides et le suicide collectif. Et encore Elephant qui, comme le dit P. Van Meerbeeck, « est très impressionnant, il n’y a ni histoire, ni explication psychologique. C’est comme un symptôme, la cruauté à l’état brut. Il faut faire l’effort de le voir pour s’ouvrir à la question du suicide des adolescents. »

Jeux interdits dévoile des jeux pratiqués par des jeunes qui met- tent en danger leur propre vie, en recherchant une forme de plai- sir extrême. La violence sur soi encore avec Dans ma peau, ou vis-à-vis de l’autre dans Enfant et l’adolescent violents, Collec- tion Parole donnée est discutée.

Les questions d’estime de soi, de confiance en soi se font par- ticulièrement cruciales mais peuvent aussi s’exprimer de façon pathologique par des troubles alimentaires (Alice ou la vie en

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noir et blanc, Duel en 2 voix, Quand l’adolescence fait mal, L’ obésité : nous risquons gros, Precious).

Les dépendances (alcool, tabac) sans qu’elles en soient l’apa- nage, se mettent souvent en place à l’adolescence (Alcool : le tabou français, Arme de destruction massive, La cigarette, faut qu’on en parle !, Rencontre de l’adolescent avec le cannabis, Ré- ponses d’adultes aux comportements addictifs des jeunes, Collec- tion Parole donnée)

Le handicap qu’il atteigne l’adolescent lui-même dans Foutue adolescence ou un membre de la fratrie dans Le regard des autres & Parle avec moi, collection Parole d’ados, influence son rapport à soi et au monde.

L’identité sexuelle se cherche ou s’affirme dans Comment le dire à sa mère ?, Collection Parole d’ados.

L’univers familial peut être anxiogène voire pathogène, un sujet traité légèrement dans La tête de maman, où une adolescente va tenter de guérir sa mère d’une dépression.

Les adolescents d’aujourd’hui sont nés avec le sida et donc avec son corollaire : l’impératif de prévention. Dans Face au sida, nous écoutons des témoignages sur les 30 dernières années par des médecins et des personnes atteintes.

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Conduites à risque et mal de vivre des jeunes générations

David Le Breton (1)

Les conduites à risque ou la mise en danger de sa vie Le terme de conduites à risque est un mot valise englobant une série de comportements disparates mettant symboliquement ou réellement l’existence en danger. Leur trait commun consiste dans l’exposition délibérée du jeune au risque de se blesser ou de mourir, d’altérer son avenir personnel, ou de mettre sa santé en péril : défis, tentatives de suicide, fugues, errances, alcoolisa- tions, toxicomanies, troubles alimentaires, vitesse sur les routes, violences, relations sexuelles non protégées, refus de poursuivre un traitement médical vital, etc. Les conduites à risque ne se ré- duisent pas à un jeu symbolique avec l’éventualité de mourir ou de se heurter violemment au monde, elles s’accomplissent aussi parfois dans la discrétion mais elles mettent en danger les po- tentialités du jeune, elles altèrent ses possibilités d’intégration sociale, et elles aboutissent parfois, comme dans l’errance, la

« défonce » ou l’adhésion à une secte, à la démission identitaire.

Certaines, inscrites dans la durée, deviennent un mode de vie (toxicomanie, troubles alimentaires…), d’autres marquent un passage à l’acte ou une tentative unique liée aux circonstances (tentatives de suicide, fugues, etc.)

La propension à l’agir qui caractérise cet âge est liée à l’inachève-

(1) « David Le Breton est Professeur de sociologie à l’université Marc Bloch de Strasbourg. Membre de l’Institut Universitaire de France. Membre du laboratoire URA-CNRS « Cultures et sociétés en Europe ». Auteur notamment de En souffrance. Adolescence et entrée dans la vie (Métailié), La peau et la trace. Sur les blessures de soi (Métailié), La saveur du monde. Une anthropologie des sens (Métailié), Anthropologie du corps et modernité (PUF, Quadrige).

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ment des processus identitaires, à la difficulté de mobiliser en soi des ressources de sens permettant d’affronter les écueils sur un autre mode. L’agir est une tentative d’échapper à l’impuissance, à la difficulté de se penser, même s’il est parfois lourd de consé- quences. Le corps prend le relais de la parole informulable.

Chez les filles les conduites à risque prennent des formes discrètes, silencieuses, corporalisées (troubles alimentaires, tentatives de suicide, scarifications, plaintes somatiques…), là où chez les garçons elles relèvent de l’agir et impliquent une confrontation au monde souvent sous le regard des pairs (délinquance, violence, vitesse sur les routes, toxicomanies, alcoolisation…). Elles touchent des jeunes de tous les milieux, même si leur comportement dépend aussi de leur condition sociale. Un jeune de milieu populaire mal dans sa peau sera plus enclin à la petite délinquance ou à une démonstration de virilité sur la route ou avec les filles qu’un jeune de milieu privilégié qui aura par exemple un accès plus facile aux drogues.

La souffrance d’un adolescent est un abîme, elle est sans commune mesure avec celle d’un adulte qui dispose d’une expérience suffisante pour relativiser les épreuves traversées en sachant que le temps en désamorce l’acuité. Il est souvent à fleur de peau, et ses réactions sans demi-mesure, sans recul. Un conflit avec ses parents ou ses amis, une rupture amoureuse, une déception, ont pour lui les allures d’un drame sans recours.

On sait à ce propos la « futilité », souvent évoquée par les adultes, des « motifs » qui amènent à une tentative de suicide par exemple. Forme d’adulto-centrisme qui échoue à comprendre la subjectivité du jeune.

Les conduites à risque sont d’abord des tentatives douloureuses de ritualiser le passage à l’âge d’homme. Recherches de limites jamais données ou insuffisamment étayées, ce sont des formes de résistance contre la violence issue d’une famille (manque d’amour, rejet, indifférence, indisponibilité, conflits, maltraitance, abus sexuels, violences physiques, ou au contraire : surprotec-

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tion, indifférenciation) et/ou de la société (compétition généra- lisée, précarité, exclusion, etc.). Interrogation douloureuse sur le sens de l’existence, ce sont des manières de forcer le passage en brisant le mur d’impuissance. Les conduites à risque témoignent d’une pathologie du temps, de l’impossibilité de franchir le pas- sage, elles le manifestent de manière évidente dans les addic- tions ou simplement les répétitions de mise en danger de soi, l’emprisonnement dans un temps circulaire. Mais simultanément elles témoignent de la tentative de s’en extraire, de gagner du temps pour ne pas mourir, pour continuer encore à vivre.

Et le temps est le premier remède des souffrances adolescentes.

Quatre chemins de compréhension

Quatre figures anthropologiques se croisent, selon nous, dans les conduites à risque des jeunes, elles ne s’excluent pas les unes des autres, mais s’enchevêtrent : ordalie, sacrifice, blancheur, dépen- dance (2) et affrontement.

L’ordalie est une manière de jouer le tout pour le tout et de se livrer à une épreuve personnelle pour tester une légitimité à vivre que le jeune n’éprouve pas encore car le lien social a été im- puissant à lui donner. Il interroge symboliquement la mort pour garantir son existence par le fait de survivre. Toutes les conduites à risque des jeunes ont une tonalité ordalique. L’exposition au danger vise à expulser l’intolérable pour trouver l’apaisement.

Échapper à la mort peut induire le retour à une vie plus heureuse.

Survivre redéfinit radicalement le sens de l’existence. Si l’enraci- nement dans l’existence n’est pas étayé sur un goût de vivre suf- fisant, il reste à braconner le sens en se mettant en danger ou en

(2) Nous les avons longuement décrites notamment dans l’ouvrage En souffrance. Adolescence et entrée dans la vie (Le Breton, 2007).

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situation difficile pour trouver enfin les limites qui manquent et surtout tester sa légitimité personnelle. Le film de Nicholas Ray, Rebel without a cause (La fureur de vivre) (1955) montre un jeu or- dalique à travers un défi en voiture qui consiste à s’arrêter au plus proche d’une falaise.

Le sacrifice joue la partie pour le tout. Le jeune sacrifie une part de soi pour sauver l’essentiel. Ainsi par exemple des scarifi- cations ou de diverses formes d’addic-

tion comme la toxicomanie, l’anorexie.

Le film de Marina de Van, Dans ma peau (2002) montre ainsi la plongée d’une jeune femme qui s’entaille et glisse peu à peu dans la psychose. Plus loin nous analysons un autre film, Thirteen, où les scarifications sont mises en scène sur un mode plus ordinaire chez des ado- lescentes en détresse (3) .

La blancheur est l’effacement

de soi dans la disparition des contraintes d’identité, la volonté de ne plus être soi, de n’être personne. On la rencontre notam- ment dans l’errance, l’adhésion à une secte ou la recherche de la « défonce » à travers l’alcool, la drogue ou d’autres produits.

Recherche du coma et non plus de sensations. Agnès Varda a signé l’un des grands films sur ce thème : Sans toi ni loi (1985) avec une bouleversante Sandrine Bonnaire ou sur d’autres registres : La vie rêvée des anges (1997) d’Eric Zonca ou Into the Wild (2007) de Sean Penn.

L’affrontement est une confrontation brutale aux autres à travers violences, incivilités, délinquances, l’affrontement est une fuite en avant en se cognant contre le monde à défaut de

(3) Dans un roman policier : Mort sur la route (Métailié, 2007), j’ai raconté l’histoire d’une poignée d’adolescents perdus dans cette blancheur, cette volonté de disparaître de soi.

Dans ma peau - VD0803

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limites de sens bien intégrées et heu- reuses, elle est un corps à corps perma- nent avec le monde. En 1955 avec The Blackboard Jungle (Graine de violence) R. Brooks abordait la question de la violence dans une classe où un ensei- gnant affronte une poignée de jeunes meurtris et à fleur de peau.

La dépendance et le rapport au temps

La dépendance est une autre figure qui consiste à remplacer la complexité du monde par une ligne d’orientation qui absorbe tout le temps (anorexie, toxicomane, etc.) De nombreux films ont été tournés autour de ces thématiques à commencer par Pa- nic in Needle Park (Panique à Needle Parc

(1971) de Jerry Schatzberg autour de la drogue ; Under the skin de Carine Adler (2003) est une plongée douloureuse dans une sexualité destructrice après le deuil d’une mère. Éric Zonca dans Le pe- tit voleur (1998), un film à fleur de peau, a montré la tentation de la délinquance chez un jeune homme.

Les conduites à risque sont des rites in-

times de contrebande visant à fabriquer du sens pour pouvoir continuer à vivre. Elles marquent l’altération du goût de vivre d’une partie de la jeunesse contemporaine. Le sentiment d’être devant un mur infranchissable, un présent qui n’en finit jamais.

Les conduites à risque sont des tentatives de s’arracher à l’impuis- sance pour devenir à nouveau acteur de son existence, même

The blackboard jungle - VG5730

Under the skin - VU4833

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en en payant le prix (logique de sacrifice). Acte de passage plus souvent que passage à l’acte. Les conduites à risque sont une recherche de butée, en se faisant mal, en s’écorchant, en se co- gnant contre les arêtes du réel en éprouvant le contrecorps de la toxicomanie, de l’alcoolisation, ou de l’anorexie, de la boulimie…

Il s’agit de fabriquer une douleur qui endigue provisoirement la souffrance. Une douleur délibérée, et donc contrôlable, s’oppose à une souffrance qui dévore tout sur son passage. À l’incertitude des relations, l’individu préfère le rapport régulier à un objet qui oriente totalement son existence, mais qu’il a le sentiment de maîtriser à volonté et éternellement. D’où les relations d’emprise du jeune envers certains objets : drogue, alcool, nourriture, etc., grâce auxquels il décide à sa guise des états de son corps quitte à transformer son entourage en pure utilité et à ne rien investir d’autre. À l’insaisissable de soi et du monde, il oppose le concret du corps. Les relations d’emprise sont une forme de contrôle exer- cé sur la vie quotidienne face à la turbulence du monde. Le jeune reproduit sans cesse une relation particulière à un objet ou à une sensation qui lui procure enfin, fut-ce pour un instant, l’impres- sion furtive de s’appartenir et d’être encore ancré au monde.

Le jeune et la représentation de la vie/la mort Lors de la jeunesse les moments de souffrance ne sont pas compa- rables à ceux qui se jouent à l’âge d’homme. L’adolescent ne dis- pose pas d’une histoire de vie autorisant la mise à distance, le recul critique et la relativisation des événements pénibles. Il les prend de plein fouet, sans expérience pour les amortir. Sa souffrance est un abîme qui explique la radicalité de ses comportements. La pos- sibilité de se déprendre des circonstances pénibles est plus facile pour l’adulte. Il vit l’instant comme un abîme qui l’engloutit. Mais s’il trouve un point d’appui pour rebondir, il se retrouve pleinement en prise sur son existence. Il est toujours débordant de virtualités

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selon les rencontres réelles ou symboliques qui sont les siennes.

Une autre donnée explique aussi la profusion des conduites radicales à ce moment de la vie. L’adolescent ne dispose pas encore d’une représentation de la mort comme fait tragique et irréversible. Il demeure dans l’ambivalence, dans le « je sais bien mais quand même », « je sais que la mort existe mais pas pour moi car j’ai une autre étoffe que les autres, moi je suis spécial ».

Il ne se sent pas concerné. D’où d’ailleurs son désarroi quand il est confronté à la mort d’un proche et que le refoulé fait bru- talement retour. Plus que l’adulte encore il se sent immortel ou plutôt a-mortel. L’adolescence est aussi un passage, une limina- rité à franchir. Dans les sociétés humaines toute liminarité est périlleuse, elle implique un statut ambigu, indécis, qui succède et prélude à une situation plus précise.

Les mêmes symptômes à quinze ou à quarante ans n’ont ni le même statut ni le même pronostic. L’adolescence est un temps d’obsolescence du sentiment d’identité, de remaniement tant qu’un centre de gravité n’est pas établi en soi, tant que la quête n’a pas abouti. La résolution des tensions est rapide et inatten- due, ou bien elle prend du temps, mais elle trouve une issue favo- rable. Surprenante est alors la capacité d’oubli ou de rebond. Les modes de défense d’un adolescent n’ont pas la gravité de ceux d’un adulte. Contrairement en cela à des hommes ou des femmes plus âgés, les adolescent(e)s sont encore dans un passage plein de virtualités, avec un sentiment d’identité labile, le recours à des formes de résistance qui paraissent radicales n’est pas nécessai- rement une promesse de pathologie, mais une forme d’ajuste- ment personnel et temporaire à une situation de menace.

Les conduites à risque ou les scarifications touchent essentielle- ment des adolescent(e)s « ordinaires » qui ne souffrent d’aucune pathologie, au sens psychiatrique du terme, mais de meurtrissures réelles ou imaginaires de leur existence. Elles sont un recours an- thropologique pour s’opposer à cette souffrance et se préserver.

Il est malaisé de les identifier comme « pathologiques » sinon au

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sens étymologique du pathos, c’est-à-dire de la souffrance qui les imprègne, et de « logiques » de comportements qui relèvent de l’anthropos. Les circonstances ne laissent pas le choix des moyens pour s’en sortir. Mais surtout les conduites à risque ou les attaques au corps constituent dans le même mouvement une résistance contre une violence sourde qui se situe en amont dans une confi- guration familiale ou sociale. Le comportement se dresse contre l’affect douloureux en lui opposant son cran d’arrêt.

Les souffrances adolescentes sont puissantes, mais réversibles.

Elles surprennent parfois par leur résolution rapide alors qu’elles semblaient aller vers le pire, de même d’ailleurs que l’eau dor- mante recèle parfois de douloureux réveils pour l’entourage n’ayant pas perçu l’étendue d’une détresse soigneusement dissi- mulée par le jeune. Dans l’immense majorité des cas elles ne du- rent qu’un moment, elles sont abandonnées au fil du temps. Elles participent de manière courante à la nécessité de l’accommode- ment au monde, elles se guérissent à travers les expériences suc- cessives du jeune qui prend peu à peu ses marques.

Thirteen

Je m’arrête plus longuement sur un film qui me parait l’un des documents forts sur la jeunesse contemporaine. Thirteen (2002) est le premier long métrage de Catherine Hardwicke, sur un scénario qu’elle a co-écrit avec l’une des jeunes comédiennes, Nikki Reed, qui a vécu elle-même cette transformation avant de prendre du recul. Dans la distribution

on trouve notamment une formidable Thirteen - VT3513

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Holly Hunter dans le rôle d’une mère aimante et dépassée par le comportement de sa fille. Thirteen est une plongée sans conces- sion dans l’univers de la Girl culture wasp (white, anglo-saxon, protestant). Le film suit la métamorphose de Tracy, qui joue avec sa poupée Barbie et ses ours en peluche avant de brusquement se transformer en quelques semaines en une adolescente hantée par son look, ses piercings, la fête, les garçons. Le déclic vient sans doute des sourires ironiques qu’elle essayait dans son lycée et de la réflexion de l’une de ses condisciples au lycée qui se moque d’elle en désignant ses chaussettes « Elle sort de la crèche, celle là ! ». Insulte suprême qui amènera le soir même Tracy a jeté à la poubelle non seulement ses chaussettes, mais aussi toute sa panoplie de petite fille.

Tracy reproche à sa mère sa condition modeste, sa générosité qui l’amène à donner son temps sans compter, à ouvrir sa maison pour accueillir des proches. Elle ne tolère pas sa relation amou- reuse avec un homme qui sort de prison, ancien toxicomane tou- jours prêt à rechuter. Tracy se transforme après avoir réussi à se lier d’amitié avec Evie, la fille sans doute la plus populaire de son lycée, rebelle, insolente, sexy, ultra-chic. Elle cherche à attirer l’attention de cette fille indifférente et moqueuse à son égard. La relation se noue un jour où Tracy surprend Evie et une amie à elle à voler de petits objets de maquillage dans un magasin. Tracy parvient dans les minutes qui suivent à subtiliser le portefeuille d’une femme as- sise sur un banc en grande conversation sur son cellulaire. Tracy revient triomphante auprès des deux filles qui l’accueillent avec jubilation en découvrant une belle somme qui servira à l’achat de vêtements et de chaussures. Dès lors sous l’égide d’Evie, Tracy se transforme, change son look, passe des heures à se maquiller ou à choisir ses vêtements, se tatoue, adopte des piercings à la langue et au nombril, entre doucement dans le cycle de la drogue, elle de- vient populaire auprès des garçons, vit dans l’exaltation à chaque sonnerie de portable, tandis que ses relations à sa mère, qui ne comprend rien à la transformation de sa fille, se dégradent.

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Le film raconte l’histoire de deux filles en pleine détresse qui cher- chent passionnément une reconnaissance absente de leur vie quotidienne. Le père de Tracy, remarié avec des enfants, n’est ja- mais disponible pour venir la voir, et quand il vient il ne peut s’em- pêcher de répondre en permanence lorsque son portable sonne, incapable d’écouter sa fille en pleine détresse. Quand à Evie, ses parents sont morts, et elle vit avec une tante toxicomane et indis- ponible. Elle n’a de chance d’exister que par son look et l’attirance qu’elle provoque chez les garçons. Elle ne cesse de manipuler les gens qui l’entourent, même ceux qu’elle aime, sacrifiant d’ailleurs pour finir son amitié avec Tracy, à défaut d’avoir intégré les codes pour se situer dans la réciprocité avec les autres. Dans une scène clé, alors que le père de Tracy vient de dire maladroitement son indisponibilité face à Tracy et qu’il se dirige vers sa voiture, il croise son fils qui le complimente sur sa voiture (alors qu’il ne paie pas la pension alimentaire à son ancienne compagne). Il tente un instant de renouer l’ancienne complicité avec son fils sans y parvenir. Tan- dis que ce dernier lui dit combien Tracy va mal, il s’emporte et de- mande qu’on lui explique enfin « où est le problème ! ». Désengagé, il part en colère, n’ayant aucunement compris la détresse de sa fille,.

De même dans les premières scènes de Elephant de Gus Van Sant, le fils demande à son père alcoolique qui louvoie sur la route en accrochant d’autres voitures et en affleurant les piétons et les cy- clistes de lui céder le volant. Arrivé au

lycée de Colombine, le fils lui demande que son frère revienne le chercher « Mais où est le putain de problème ? », dit le père devant son fils que l’on retrouvera plus tard les larmes aux yeux.

Le cinéma américain de ces der- nières années de Mystic River (2003) de Clint Eastwood à Ken Park (2002) de Larry Clarke n’est pas tendre

pour les pères dont le détache- Mystic river - VM9011

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ment est souvent mis en lien avec la détresse de leurs enfants.

La fureur de vivre de N. Ray montrait également les carences de la paternité. Dans Thirteen, le père absent et indifférent de Tracy fait écho à celui disparu d’Evie, élevée par sa tante.

La culture des pairs supplante celle des pères, la transmission s’efface devant l’imitation. Il faut dès lors être à la hauteur du re- gard des autres, ceux de sa classe d’âge, même s’il faut pour cela se battre avec ses parents. L’une des terreurs des cours de récréa- tion des collèges ou des lycées est de passer pour un « bouffon. » L’estime de soi ne vient plus de l’adhésion à des valeurs unanimes structurant le lien social, elle ne s’alimente plus dans le miroir des aînés mais dans celui des pairs. La disparition des grands récits, l’autonomie de l’individu, la fragmentation du lien social, dépla- cent le foyer de l’estime de soi vers le regard des autres les plus proches, non plus les parents dont l’amour est acquis, mais celui impitoyable des pairs dont le jugement s’énonce moins sur un mode moral que dans la coïncidence ou non à des modèles am- biants et provisoires du groupe. Le jeune devient d’autant plus dépendant de l’opinion des autres que les valeurs qui structurent son rapport au monde sont toujours changeantes et liées essen- tiellement à l’univers de la consommation. L’adolescent quel- conque trouve son héros dans un autre adolescent quelconque.

Cet engouement pour la consommation et l’éclatement des systèmes symboliques, rendent difficile la transmission aux jeunes générations des repères susceptibles de fonder cultu- rellement et socialement le sentiment personnel de sa valeur propre d’individu. Le passage propice et incontestable vers l’âge d’homme n’est pas octroyé d’emblée par la naissance et le fait de grandir. Les chemins ne sont plus tout tracés, aucun lendemain qui chante n’est plus promis par une quelconque idéologie.

Tracy s’entaille régulièrement à chaque fois qu’elle est confrontée à une frustration, notamment dans sa relation douloureuse à son père. Un monde qui ne se donne plus d’emblée à la volonté est

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intolérable, et il faut se purger de la violence de l’émotion res- sentie. Si la peau est une voie de salut pour les uns, elle est pour les autres l’écran insupportable qui les empêche d’exister sans avoir à rendre compte, et maintient une tension intolérable. D’où le surgissement d’autres marques corporelles touchant surtout les adolescentes dans un geste de refus : les incisions délibérées dans un contexte de souffrance personnelle.

Geste polysémique (4) , dont l’une des significations est le refus inconscient d’être enfermé dans un corps toujours en représen- tation, assigné à une identité insupportable face à un monde où l’on ne se reconnaît pas. Les incisions sont une volonté de s’arra- cher à un corps qui épingle à soi, de se dépouiller d’une peau qui colle douloureusement au regard des autres. Tentative symbo- lique de briser l’image. Biffure de soi comme on raye une phrase malencontreuse. Le corps est en trop et il enferme en soi à la ma- nière d’une prison d’identité. Et Tracy se cherche encore enfant, pas encore femme, prisonnière d’un entre-deux insupportable.

La dernière scène est très forte, quand la mère de Tracy découvre, sur la dénonciation d’Evie, que sa fille s’entaille. Scène intense, superbement jouée et filmée, où la tutrice d’Evie dénonce Tracy comme « folle » emportant avec elle Evie, en pleine dérive et que l’on pressent désormais sans autre avenir que le crescendo de la drogue. La mère de Tracy serre sa fille contre elle, sans la lâcher, lui disant qu’elle l’aime malgré ce qu’elle s’est fait. Les deux femmes s’allongent sur le lit, Tracy toujours dans les bras de sa mère. Elle est contenue, elle retrouve peu à peu ses limites, elle s’endort.

(4) Pour une approche spécifique des scarifications, David Le Breton, La peau et la trace. Sur les blessures de soi, Paris, Métailié, 2003

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Thirteen est à mes yeux l’un des grands films sur l’adolescence, à la fois témoignage sociologique et œuvre de création, avec des comédiens à fleur de peau. Une caméra sensible qui épouse les mouvements des personnages sans s’y perdre, en sachant aussi calmer le jeu.

Films abordés dans cet article

- La fureur de vivre de Nicholas Ray - VF7501

- Dans ma peau de Marina de Van - VD0803

- Sans toi ni loi d’Agnès Varda - VS0871(VHS) - La vie rêvée des anges d’Eric Zonka - VV2944

- Into the wild de Sean Penn - VI0132

- Graine de violence de Richard Brooks - VG5730

- Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg - VP0241

- Under the skin de Carine Adler - VU4833

- Le petit voleur d’Eric Zonka - VX2005

- Thirteen de Catherine Hardwicke - VT3513

- Elephant de Gus van Sant - VE3035

- Mystic River de Clint Eastwood - VM9011

- Ken park de Larry Clark - VK1996

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La sélection, documentaires et fictions

J’voulais pas mourir, juste me tuer

Collection « Parole d’ados » - 30’

2006 ; Marie Mandy ; Belgique, France ; Luna Blue Film ; TN4161

Documentaire à vocation pédagogique sur le mal-être et la tentative de suicide d’adolescents. Témoignages. Interview de X. Pommereau du Centre Jean Abadie du CHU de Bordeaux.

Contenu

Pour lutter contre le tabou qui entoure encore trop souvent la mort volontaire des jeunes, six ados -de 14 à 18 ans- témoignent.

Plusieurs d’entre eux se sont scarifiés, lançant, par ce geste muti- lateur, un premier appel à l’aide. Puis ils ont fait une TS (tentative de suicide). Ils expriment leur mal-être et parlent du fil ténu qui sépare la vie de la mort. Ils déplorent la rupture de communi- cation avec leur entourage, la solitude, l’impression de ne servir à rien, d’être mal aimés. Ils disent combien ils voulaient en finir avec la souffrance plutôt qu’avec leur existence. Ils évoquent aussi l’importance de la parole et leur attachement à la vie, et dénoncent enfin le tabou qui entoure le suicide, et dont on s’occupe si peu en milieu scolaire.

Pour appréhender ce sujet délicat, qu’elle affronte de face, la réa- lisatrice a choisi de filmer la vie, la renaissance, les rires.

Pour évoquer ce voyage aux frontières de la mort, elle a filmé les témoignages des jeunes dans la clarté des tons pastels afin de

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créer des images mentales très évocatrices et parler de la mort en filmant une vie.

Objectifs

- Montrer le témoignage d’adolescents ayant fait une TS (tentative de suicide)

- Faire comprendre l’importance de la parole, de la communi- cation

- Aider à décoder certains comportements dépressifs ou d’auto-mutilation chez les ados

Appréciation

Au travers de dialogues entre eux ou avec un thérapeute, le documentaire donne essentiellement la parole aux jeunes qui viennent de réaliser une tentative de suicide ou qui se sont mu- tilés. Grâce à leurs témoignages, la musique, un mur à textes et un poème, démarre une réflexion sur le pourquoi de ce passage à l’acte et sur l’importance de pouvoir se confier et pourtant la nécessité d’y arriver pour s’en sortir. Ils parlent de leur sentiment de solitude, de leur difficulté à communiquer et du tabou que re- présente le suicide à l’école. Certainement pas exhaustif sur cette problématique, ce documentaire, dont la recherche esthétique est à souligner, peut servir de point de départ à un débat avec des adolescents.

À partir du 2e cycle du Secondaire

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Mourir pour exister

Collection Parole donnée - 40’

2004 ; Anthéa ; France ; TN5969

Un entretien avec Xavier Pommereau, psy- chiatre, chef de service au Pôle aquitain de l’adolescence. Centre Abadie du CHU de Bordeaux. Animé par Cécile Neffati, psy- chologue clinicienne, membre d’Anthéa.

L’adolescence est un âge de construction

identitaire. Celui ou celle qui éprouve le sentiment de « non exis- ter » peut penser au suicide. En finir avec la souffrance, reprendre la main sur les difficultés, couper avec des représentations intolé- rables, « dis-paraître » en se débarrassant du corps propre et deve- nir un pur esprit capable d’occuper à jamais la mémoire de ceux qui restent. En somme mourir pour exister, terrible paradoxe qui im- pose à tout professionnel en charge d’adolescents en mal-être de les aider à temps à trouver, ici et maintenant, une identité tolérable.

Conduites à risques à l’adoles- cence : acte de passage

40’ ; 2004 ; Collection Parole donnée ; Anthéa ; France ; TN5992

Un entretien avec David Le breton, profes- seur de sociologie à l’Université de Stras- bourg et membre de l’Institut de France.

Animé par Françoise Puig, éducatrice spé-

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cialisée, directrice de l’établissement pour adolescents et membre d’Anthéa.

« Les conduites à risque sont pour les jeunes générations en dé- tresse, une forme de résistance. Ce sont des tentatives de vivre et non des tentatives de suicide. Ce sont des appels à vivre, des actes de passage, rarement des pathologies, ce sont des anthropo-lo- giques. Ce sont des jeunes qui ont besoin de passeurs, de compa- gnons de route, d’éducateurs qui leur donne envie de grandir. »

Enjeux de la séparation à l’ado- lescence

45’ ; 2002 ; Collection Parole donnée ; TN5986

Un échange entre Nicole Catheline, pédo- psychiatre et Daniel Marcelli, professeur en pédopsychiatrie.

« Il est courant de parler de séparation pour l’adolescent, mais a-t-il besoin de se séparer ? De leur côté, les parents voient eux aussi avec inquiétude leur adolescent s’éloigner. Ne pas savoir où est son enfant est pour beaucoup de parents une inquiétude difficilement supportable. Si tout être humain a besoin de lien, il a aussi besoin de se sentir parfois séparé, autonome, différencié.

Les liens se sont structurés dans l’enfance, l’autonomie s’élabore à l’adolescence. Dans cette discussion à deux voix, nous abordons les différents enjeux de cette séparation. L’impossibilité d’élaborer la séparation conduit à la pathologie de la dépendance… »

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Alcool : le tabou français

110’ ; 2005 ; Complément d’enquête ; France ; TN1708

Document d´information générale sur la problématique de l´alcool en France : 4 re- portages entrecoupés des commentaires du journaliste et de ses invités spécialistes (du monde médical, politique, de l´entreprise et un ancien alcoolique). Lieux multiples.

Chiffres à l´écran. / Interviews en son direct Contenu

En France, on associe volontiers l´alcool au terroir, à une certaine douceur de vivre, à la fête. Les maladies qui y sont liées sont en général tabou, que ce soit dans le monde du travail, dans celui de la dépendance des jeunes. Au travers de quatre reportages, l´émission propose de dénuer cet écheveau et de voir les causes réelles de ce mutisme inquiétant : l´alcoolisme provoque la mort de 45 000 personnes chaque année dans l´Hexagone.

- 1. La nouvelle défonce : l´alcool chez les jeunes, la généralisation des cocktails et des prémix (20´)

- 2. Voyage au bout de l´enfer : on évalue à deux millions le nombre de personnes malades de l´alcool en France. Comment soigne-t- on l´alcoolisme en France ? (18´)

- 3. Métro-boulot-apéro : comment les entreprises françaises ten- tent-elles aujourd´hui de contrôler la consommation de leurs employés ? (18´)

- 4. Suède, la route de la soif : exemple d´un pays où la vente d´alcool est prohibée et fait l´objet d´un monopole d´état.

Comment les suédois contournent le système, à la lumière de leur entrée en Europe et de la législation européenne. (15´)

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Objectifs

- S’informer sur une nouvelle forme de relation à l’alcool chez les jeunes

- Faire un état des lieux de la problématique liée à l´alcool en France

- Rappeler que l´alcoolisme est bel et bien une maladie, que personne n´est à l´abri (hommes ou femmes de tous milieux sociaux) et qu´elle nécessite un traitement médical et un suivi thérapeutique

- Informer sur les différentes ressources existant pour venir en aide aux personnes souffrant de cette pathologie : hospitali- sation, sevrage, groupes d´entraide, aide psychologique, etc.

- Prendre conscience et mieux comprendre la difficulté de mettre en place une politique de santé et la complexité de la prévention de l´abus de l´alcool tant les enjeux économiques sont énormes pour la société et l´état lui-même

Appréciation

Document bien construit apportant des points de vues variés tant dans les témoignages personnels que dans les interventions d´experts, ce qui donne une vision nuancée des questions trai- tées. Le discours des spécialistes est intéressant et accessible par un large public, rendant la longueur du documentaire tout à fait acceptable. Soulignons cependant que les 4 sujets peuvent être regardés séparément.

L´implication des enjeux économiques et des stratégies com- merciales dans le développement de ce phénomène de société est clairement mise en évidence. On peut cependant regretter l´absence de propositions concrètes pour tenter de le contrer.

Il n´en reste pas moins vrai que ces 4 reportages proposent une analyse éclairée sur le sujet et font de ce documentaire un outil intéressant pour susciter la réflexion personnelle et collective.

À partir du 2e cycle du Secondaire

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Arme de destruction massive

30’ ; 2005 ; Philippe Cornet ; Belgique ; TN0671

Parler du tabac avec les jeunes reste un enjeu important. Le film accompagné du dossier contribue à lancer un débat constructif. L’important est de susciter une prise de conscience du rôle que joue la consommation du tabac dans la vie des jeunes et d’évoquer les alternatives pos- sibles. L’objectif est d’inciter les jeunes à

rester responsables dans la gestion de cette consommation si elle se révèle indispensable.

Le tabagisme des jeunes dépend de facteurs individuels mais aussi plus largement de l’environnement social dans lequel ils évoluent. Les choix individuels ne sont pas aussi libres que les jeunes l’imaginent, ils sont influencés par les stratégies commer- ciales de l’industrie du tabac. Le document part de témoignages de jeunes fumeurs, et vise notamment à casser l’image valori- sante du fumeur en recourant à un ressort traditionnel de la lutte anti-tabac, à savoir mettre concrètement les jeunes en présence des conséquences médicales gravissimes du tabagisme, qui leur sont exposées et montrées par des spécialistes.

À côté de cela, le document vise aussi à la dénormalisation de l’industrie du tabac, dont les mensonges et les manipulations chimiques du produit sont évoqués.

Pour nuancer le propos, le DVD est accompagné d’un livret pé- dagogique réalisé par l’asbl Question Santé en tant que Service communautaire de promotion de la santé. Ce dossier s’appuie sur les réactions d’une cinquantaine de jeunes âgés de 15 à 20 ans, fumeurs et non-fumeurs, à la projection du film.

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La cigarette.

Faut qu’on en parle !

105’; 2008 ; Jill Emery ; Sceren ; France ; TN1631

Document pédagogique rassemblant 75 témoignages de fumeurs, d’anciens fu- meurs, de non-fumeurs et de scientifiques sur la question du tabagisme.

Contenu

Les 75 témoignages de fumeurs, d’anciens fumeurs et de non-fu- meurs de tous âges (adolescents et adultes) ainsi que d’experts du monde de la santé sont répartis en 4 thèmes (Fumer, c’est quoi ? Je vis en société, Les risques du fumeur et l’argent des cigarettes). Ils permettent d’animer des actions de prévention collective auprès des jeunes. Toutes les dimensions de la cigarette sont abordées : les mécanismes de la dépendance, les représentations mentales, l’influence de l’environnement social et affectif, les risques pour la santé mais aussi les plaisirs qu’elle procure à ses utilisateurs.

+ Livret d’accompagnement pédagogique (72 pages) qui propose analyses et pistes d’exploitation.

Outil Coup de cœur sur le site de PIPSa.

Objectifs

- S’informer sur les processus physiologiques et comporte- mentaux qui mènent au tabagisme

- Analyser les représentations liées au tabagisme (des fumeurs ou non-fumeurs)

- Susciter une réflexion relative à sa consommation tabagique - Prendre conscience des influences inconscientes de l’envi-

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ronnement social et affectif (parents, fratrie, pairs, publicité, industrie du tabac, etc.) sur la dépendance

- Se rendre compte du lobbying intense de l’industrie du tabac et de son influence sur le consommateur de tabac

Appréciation

Les témoignages de fumeurs ou d’ex-fumeurs et de scientifiques qui parlent des différents aspects de la dépendance sont très pertinents, concis et authentiques mais la structure du docu- ment rend la vision un peu difficile et demande une manipu- lation constante. En effet, seul un visionnement en multiples séquences est proposé, les témoignages sont très courts (un peu plus d’1’ parfois moins) et une vision plus continue et plus fluide n’aurait pas été superflue. Cependant, la structure permet d’aborder séparément les différents thèmes, ce qui rend son uti- lisation conseillée dans le cadre d’un débat sur le sujet du taba- gisme. L’ensemble des témoignages fait le tour de la question et aborde également la notion de plaisir et les effets positifs du ta- bac ressentis par les fumeurs.

Remarque : La description physiologique de la dépendance est mal présentée : la nicotine ne crée pas des récepteurs dans le cer- veau. Les récepteurs existent et la nicotine provoque une « tolé- rance » qui oblige à répéter les doses.

Dès le 1er cycle du Secondaire.

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Réponses d’adultes aux com- portements addictifs des jeunes

45’ ; 2005 ; Collection Parole Donnée Anthéa ; France ; TN5970

Un échange entre Michel Defrance, édu- cateur spécialisé, directeur ITES de Clama- géran et Philippe Jeammet, professeur de psychiatrie enfant et adolescent de Paris VI.

Les phénomènes addictifs des jeunes in- terrogent par leur développement. Les processus éducatifs - et plus généralement ceux de la construction de soi - évoluent avec nos représentations. Quelques pistes de réponses sont évoquées à l’attention des adultes, professionnels ou non, déstabilisés par des conduites qui les mettent en cause.

Rencontre de l’adolescent avec le cannabis

45’ ; 2005 ; Collection Parole donnée ; Anthéa ; France ; TN5977

Document d´information spécifique sur l´adolescence et la consommation de cannabis. Interview d´une spécialiste.

Dispositif dépouillé propre à la collection

« Parole donnée » : 2 chaises, une table.

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Contenu

Le cannabis est aujourd’hui un produit de consommation de masse et son usage n’est jamais tout à fait neutre à l’adolescence, période mobilisant les fragilités narcissiques des sujets. Si le pro- duit lui-même ne relève pas des psychotropes dangereux, son usage massif et sa banalisation nous interrogent. Les adolescents en quête de repères, au croisement d’un désir d’autonomie et d´un besoin de dépendance, tentent, derrière cet écran de fu- mée, de combler un « vide » face à leurs questions existentielles.

Appréhender ces questions nécessite d’en analyser les aspects psychiques, voire psychopathologiques.

- Différences sexuelles face à la consommation de cannabis - Cannabis et adolescence

- Cannabis et dépression - Cannabis, un produit paradoxal - Cannabis, ado et société

- Éducation, prévention et répression

- Accompagnement des jeunes consommant du cannabis Intervenants : Un entretien avec Michèle Benhaim, psychologue, psychanalyste, maître de conférence à l´Université de Provence animé par Béatrice Luque, psychologue clinicienne, membre d´Anthéa.

Objectifs

- S´informer sur les différentes formes de consommation du cannabis chez l´adolescent

- Comprendre les significations de la consommation de pro- duit à cet âge charnière

- Prendre conscience que la consommation de cannabis n´est jamais un fait anodin

- S´informer sur l´évolution du produit Appréciation

Compte tenu des limites inhérentes au genre de l´interview, il

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s´agit d´un intéressant jeu de questions/réponses permettant à une psychologue connaissant bien les adolescents de décrire de façon nuancée et sans jugement de valeur la question de la consommation de cannabis. Elle aborde aussi les pathologies ca- chées par la consommation de drogues et l´accompagnement que l´on peut proposer au jeune et à sa famille.

Enseignement supérieur

Duel en 2 voix

26’ ; 2005 ; Catherine Veaux-Logeat ; Canada TN2734

Documentaire d´information générale à vocation informative sur l´anorexie. Alter- nance des interviews avec les images d´un duo chorégraphié (2 femmes) de danse contemporaine : analogie avec l´anorexie/

boulimie. Musique. Son direct. Commen- taires voix off.

Le film a reçu la Mention spéciale du jury, Festival international du film de santé de Liège, ImagéSanté 2006, et le Golden Sheaf Award, catégorie Documentary Science/Medecine, Festival du court-mé- trage de Yorktown, 2006.

Contenu

« Duel en 2 voix » raconte le combat quotidien de trois femmes, trois générations aux prises avec les troubles du comportement alimentaire. L´anorexie-boulimie, maladie complexe qui part de l´intérieur, est un combat quotidien entre le désir de contrôle abso-

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lu du corps et le désir de vivre. Un combat sournois qui se vit dans la solitude et la détresse. Entre la voix qui hurle « mange pas ! » et celle qui supplie, « aime-moi ! », Joanny, Catherine et Annick nous par- lent de cet équilibre recherché et des pièges qui se trouvent sur leur chemin. Mais au-delà des voix qui se répondent en duel chaque jour, il arrive parfois qu´on commence à prendre conscience de la vie qui nous entoure. Ce jour-là, la maladie occupe moins de place.

Intervenants : Trois témoins Joanny Mailhot, Catherine Cardinal et Annick Loupias Jean Wilkins, médecin à l´ Hôpital Sainte-Justine, Université mère-enfant Note : Un feuillet informatif accompagne le titre.

Objectifs

- Prendre connaissance que l´anorexie est une maladie

- Se rendre compte que cette maladie perdure dans le temps même après une longue période de stabilisation de poids - Modifier ses représentations sur l´anorexie

- Énoncer et décrire les étapes qui conduisent à l´anorexie - Prendre connaissance des difficultés rencontrées par les ano-

rexiques dans leurs relations interpersonnelles Appréciation

Guidé par une mise en images très esthétique, le téléspectateur entre dans l´univers mental et affectif de trois personnes ano- rexiques de génération différente. Chacune d´elle se trouve à une étape différente de la maladie. Les témoignages sont appuyés par une analyse psychologique. Le ressenti des personnes est symbo- lisé par un ballet où les deux danseuses d´âge différent représen- tent la dualité (force/faiblesse) de la personnalité de l´anorexique.

Cette mise en scène renforce le respect et l´écoute des témoi- gnages. Le spectateur est amené à modifier ses représentations sur l´anorexie, trop souvent présentée comme la conséquence d´une volonté de correspondre aux diktats de la mode.

Remarque : L´accent canadien des personnes interviewées pour-

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rait ennuyer certaines personnes ou poser des problèmes de compréhension.

À partir du 2e cycle du Secondaire

Alice ou la vie en noir et blanc

15’ ; 2006 ; Jan Roekens ; Belgique ; TN4019

Fiction - court métrage à vocation artistique et pédagogique (images en noir & blanc, in- crustations d’éléments colorés ; gros plans).

Ce court-métrage a reçu le 3e Prix Ex aequo au Festival ImagéSanté 2008, Jury Éduca- tion à la santé.

Contenu

Cette fiction montre la vie et les sentiments d’une jeune fille dans un environnement familial en crise. Mal dans sa peau, Alice se raccroche à l’enfance, lâche prise, contrôle son appétit et s’interdit d’avancer.

Une visite médicale scolaire décèle une anorexie. Grâce à une hospi- talisation, elle parviendra, peut-être, à retrouver l’élan vital.

Objectifs

- Découvrir l’histoire d’une jeune fille anorexique

- Prendre conscience d’une partie du vécu personnel, familial et relationnel sous-jacent à cette maladie

Appréciation

Cette courte fiction aborde quelques aspects du vécu d’une ado- lescente anorexique. Les éléments qui caractérisent la maladie

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s’y trouvent (le déni ; le contrôle de soi ; la recherche de la perfec- tion ; le refus de s’alimenter ; de grandir, des attributs de la fémi- nité ; l’amaigrissement, l’hospitalisation). Cependant, la situation familiale et relationnelle est abordée de manière quelque peu caricaturale et réductrice, ce qui ne laisse pas entrevoir la com- plexité de cette problématique. Néanmoins, l’aspect esthétique et poétique des images a le mérite de dévoiler la souffrance et le travail introspectif que la jeune fille parvient à amorcer progres- sivement. Le jeu des comédiens est très professionnel. Il faut res- ter attentif cependant à la fascination que ces images pourraient exercer sur de jeunes adolescents.

Réserves

Le scénario stigmatise la responsabilité de la mère dans l’émer- gence de ce trouble du comportement, ce qui pourrait renforcer le sentiment de culpabilité de certaines mères. Il ne faut pas voir un lien de cause à effet, entre l’anorexie de la jeune fille et les relations extraconjugales de la mère.

À partir du 3e cycle du Primaire

Quand l’adolescence fait mal

101’ ; 2007 ; Stéphane Krausz ; France ; TN6611

Documentaire à visée informative sur le fonctionnement de la Maison de Solenn à Paris, la Maison des adolescentes dirigée par le psychiatre Marcel Rufo. Alternance de témoignages et d’interviews de spé- cialistes (psychiatre, diététicien, etc.). Réu- nion d’équipe pluridisciplinaire. Son direct.

Commentaires en voix off. Musique.

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Contenu

La maison de Solenn est, depuis 2004, la maison des ados, un hô- pital sans blouse blanche. Il a la capacité d’accueillir 20 jeunes en souffrance pour une hospitalisation de 15 jours à 6 mois. Entouré de verdure et ouvert sur la ville avec de grandes baies vitrées, le bâtiment a été créé en symbiose avec sa vocation, c’est-à- dire qu’il doit bannir tout sentiment d’enfermement en mettant à distance la structure hospitalière. À la fois centre d’informa- tion, de consultation, d’hospitalisation et de recherches, cette Maison est entièrement dédiée aux problèmes des adolescents et des adolescentes. Ce documentaire suit pendant plusieurs mois, le quotidien de 4 d’entre elles (Néphélie, 16 ans, une jeune anorexique ; Sarah, une boulimique venue d’elle-même pour se faire soigner ; Aurélie, 11 ans, atteinte de phobie scolaire et Agathe, une fille dont l’anorexie a freiné la croissance. Ce film montre leur progrès, mais le fonctionnement et le travail d’une équipe pluridisciplinaire dévouée.

www.mda.aphp.fr Objectifs

- Prendre connaissance du projet de la Maison de Solenn au travers de l’histoire de 4 ados

- S’informer sur les pathologies liées à l’adolescence : anorexie, boulimie, phobie scolaire, et de leur prise en charge dans ce centre

- Tenter de comprendre le mécanisme qui peut mener à l’anorexie ainsi que les signes qui indiquent une possible reconstruction Appréciation

Malgré sa longueur, le film est clair et captivant. Il met l’accent moins sur la découverte d’une pathologie (surtout anorexie/boulimie) que sur la manière dont se déroulent l’accompagnement et la prise en charge à la Maison de Solenn au travers de ces 4 jeunes filles. On

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voit pourquoi M. Rufo met l’accent dans le traitement sur les « soins culturels (ateliers de peinture, chant, danse, sophrologie, écriture).

Une radio existe même, dans le bâtiment, une façon de rester ouvert sur le monde. Deux questions subsistent malgré tout : les résultats de ces 4 jeunes semblent positifs, qu’en est-il des autres ? Et vu la du- rée de l’hospitalisation, cette maison a-t-elle la possibilité d’accueillir des cas plus lourds ? Il faut en effet faire attention à ne pas induire de faux espoirs de guérison ou des représentations erronées de ces maladies tant chez les parents que chez les jeunes eux-mêmes.

Remarque : Le caractère privilégié du lieu n’est pas abordé dans le document.

Remarque : conseillé à partir de 10 ans (indiqué au début du do- cumentaire).

À partir du 1er cycle du Secondaire

L’ obésité : nous risquons gros

26’ ; 2005 ; C’est pas sorcier ; France ; TT6603

Si l’obésité n’est pas considérée comme une maladie, les complications qu’elle entraîne provoqueraient cependant 2 millions de décès par an. En France, la proportion d’obèses ne cesse d’augmenter. Si rien ne change, la France devrait atteindre le taux actuel des États-Unis d’ici une vingtaine d’années. Face à cette prise de poids collec- tive annoncée, l’équipe de « C’est pas sor-

cier » nous offre une émission de prévention. Sabine et Jamy nous font découvrir les gestes simples qui pourraient enrayer la tendance.

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Comment les aliments nous apportent-ils l’énergie dont notre corps a besoin ? Pourquoi se met-on à grossir quand on consomme trop d’énergie ? Quels sont les critères qui permet- tent de dire qu’une personne est obèse ? Pourquoi la sédentarité est-elle un facteur majeur d’obésité ? Qu’est-ce qui fait grossir ? Dans quelles parties du corps nos cellules se logent-elles ? Pour- quoi est-il si difficile de revenir en arrière, une fois qu’on a grossi ?

Jeux Interdits

20’ ; 2004 ; Émission Envoyé spécial ; France TT3013

Reportage d´information générale sur des jeux dangereux existant entre jeunes pou- vant entraîner la mort. Interviews face à face. Scènes en extérieur de victimes, de jeunes, de parents.

Contenu

Fin novembre dernier, Quentin, treize ans, est passé à tabac par d’autres élèves dans la cour du collège. Trois jours d’hospi- talisation plus tard, il explique à ses parents ce qui s’est passé : il a été victime d’un nouveau jeu à la mode dans les cours de récréation, le « jeu de la canette ». Pour Christine Carry, ce « jeu de la canette » vient compléter la triste liste des jeux dangereux, conduites à risque de l’adolescence qui peuvent parfois entraî- ner la mort. Christine a perdu, il y a un an, son fils Xavier, dix- sept ans, du « jeu du foulard ». Pour briser la loi du silence et en- clencher une dynamique de prévention, Christine et les parents

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d’enfants décédés de ces jeux stupides se battent et ont fondé une association. Longtemps, pour l’Éducation nationale, le sujet était tabou, il s’agissait de ne pas donner de mauvaises idées aux enfants. Mais depuis l’accumulation d’accidents dramatiques, enseignants et parents réfléchissent peu à peu à des mesures préventives. Pour les familles endeuillées, c’est l’espoir d’éviter d’autres drames.

Intervenants : Jean-Claude Fisher, psychiatre

Objectifs

- Informer sur des jeux anodins à première vue pouvant entraî- ner la mort ou des séquelles graves irréversibles

- Tenter d´expliquer l´attrait de l´adolescent pour ces jeux repoussant les limites

- Rappeler la norme à l´adolescence de la recherche du risque et du goût de la transgression

- Montrer l´importance de la prévention et de permettre aux jeunes d´affronter des situations où le danger est maîtrisé et surveillé

Appréciation

Ce document lève le voile sur un tabou concernant l´existence de jeux dangereux dans les cours de récréation. À l´adolescence, les jeunes aiment braver les interdits. Sur base d´un cri d´alarme de mères ayant perdu leur enfant suite à l´un de ces jeux (du foulard ou de la cannette,...), les journalistes tentent de comprendre à l´aide de plusieurs témoignages quelle est la nature de ces nouveaux défis. Le fil conducteur est clair. La piste des jeux de rôle est abordée comme dimension préventive ainsi que le « Futur antérieur », un centre psy- chiatrique sans blouse blanche où les jeunes qui pratiquent ces jeux suivent une scolarité normale en plus d´un suivi thérapeutique.

À partir du 1er cycle du Secondaire

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L’enfant et l’adolescent violents

45’ ; 1998 ; Collection Parole donnée ; Anthéa ; France ; TN5979

Un entretien avec Jean-Yves Hayez, pé- dopsychiatre à l’Université Catholique de Louvain, animé par Philippe Kinoo, pédo- psychiatre à la faculté de médecine des cliniques universitaires Saint-Luc.

Par leurs comportements dérangeants, parfois destructeurs, en- fants et adolescents violents mettent en difficulté l’adulte, le pa- rent, l’éducateur, le psychologue… Après avoir défini la violence, le document propose des pistes pour accompagner les enfants violents dans l’éducation quotidienne, principalement ceux pla- cés en institution : trouver le sens du comportement violent, y apporter une réponse et par là-même faire passer un message.

Le regard des autres

Collection « Parole d’ados » 30’ ; 2003 ; Marie Mandy ; Belgique, France ; Luna Blue Film ; TJ7632

Documentaire à vocation pédagogique sur le vécu d’adolescents aveugles ou mal- voyants. Témoignages.

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Contenu

« Quel est le comble d’une femme aveugle enceinte ? - D’ac- coucher de jumelles ! » Le ton est donné ! Dans « Le regard des autres », des adolescents aveugles et malvoyants fréquentant l’Institut des jeunes aveugles et amblyopes « Arc-en-ciel » situé à Marseille, parlent des préoccupations de leur âge : s’amuser, plaire, s’habiller, mener leur propre vie. Ils nous expliquent la dif- férence de se faire accepter tel que l’on est, sans devoir cacher son infirmité, qu’il est dur de supporter le regard des autres : le regard pesant de la société, sa compassion, sa pitié, le rejet.

D’autres thèmes moins consensuels sont également présents comme la difficulté à se dégager des surprotections familiales ou les avantages de l’éducation en milieu spécialisé. Ce sont donc les différentes facettes de la vie de ces jeunes qui sont données à voir et à entendre au fil des séquences, sans filtre idéologique, dans leurs diversités et leurs hésitations, entre rires et émotions, toujours à fleur de peau, comme il convient à l’adolescence.

Objectifs

- Sensibiliser au vécu quotidien des adolescents malvoyants - Montrer les similitudes entre adolescents malvoyants ou non - Se rendre compte de l’importance des relations entre voyants

et non voyants Appréciation

Le document est dynamique et positif. Les témoignages d’adoles- cents aveugles et malvoyants vivant en institution offrent une ou- verture sur un monde mal connu et permettent de réfléchir aux attitudes adoptées et appréhension des voyants face au handicap.

Il y a peu d’information médicale, ils nous parlent de leur image, de leur besoin de plaire comme n’importe quel jeune de leur âge.

Des moments très touchants sont filmés, par exemple, les filles qui vont faire des courses ensemble et qui discutent autour d’un

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verre de la vision de leurs parents, des autres et de l’image qu’elles ont d’elles-mêmes à force d’entendre des « horreurs » ; ou encore la volonté de ce garçon qui apprend, avec un éducateur, à se dé- placer seul en rue à l’aide d’une canne blanche pour acquérir de l’autonomie. Ce film est très poignant, les jeunes s’expriment avec force et parlent facilement entre eux, ils sont très matures. Ils ont du recul par rapport à eux-mêmes et beaucoup d’humour.

À partir du 2e cycle du Secondaire

Parle avec moi

Collection « Parole d’ados » 26’ ; 2004 Didier Croo ; Belgique, France Luna Blue Film - TN5923

Documentaire à vocation pédagogique sue la question du handicap vécu dans une fratrie. Témoignages. Vécu quotidien.

Contenu

Le personnage central de cette histoire, c’est celui ou celle (David, Marianne ou Manon) à qui le hasard a imposé un frère ou une sœur handicapé. Alors, pour une fois, c’est de lui ou d’elle dont nous allons surtout parler. Devenir frère ou sœur est déjà une aventure. Alors, avec cet « étrange étranger » qui nous tombe des- sus, l’affaire fraternelle se complique, l’équipée s’avère délicate.

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Objectifs

- Découvrir les relations entre l’enfant handicapé et sa fratrie - Montrer le lien/amour/ambivalence vis-à-vis de son frère/

sœur handicapé(e)

- Sensibiliser le public à la difficulté d’interpréter « la parole » de la personne handicapée qui ne parle pas

Appréciation

Approche originale sur le regard porté et le vécu de deux adoles- cents vis-à-vis du handicap de leur frère ou sœur.

En filmant chacun à leur tour des scènes de vie, ils mettent en avant leur différence de perception du handicap d’un proche, la manière dont ils se situent dans la famille et particulièrement par rapport à leur frère ou sœur handicapé(e). Ils partagent et échan- gent ensuite sur ce qu’ils ont filmé. Chacun s’exprime sur ce qu’il est, ce qu’il vit avec ou ce qu’il rêverait pour son frère ou sa sœur.

Le montage veut montrer que grâce à la tendresse, la tolérance, un véritable attachement peut se construire, même avec des per- sonnes atteintes de handicap profond.

La réalisation est optimiste et ne s’appesantit pas sur les côtés négatifs. Seule remarque, le garçon a parfois tendance à montrer son frère comme un être trop exceptionnel, ce qui ne sonne pas toujours juste et pourrait déranger.

À partir du 2e cycle du Secondaire

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Foutue Adolescence

53’ ; 2006 ; Négar Zoka ; France ; TN4019

Document d’information générale à vocation documentaire sur un lycée français accueillant des jeunes valides et invalides. Images des cours, d’ateliers d’ex- pression, de séances de rééducation, de discussions informelles.

Le document a reçu la mention « Authenti- cité » au Festival ImagéSanté 2008, Jury des Mutualités

Contenu

Dans un lycée de Vaucresson, à l’ouest de Paris, des élèves han- dicapés et une section sport études partagent la même scola- rité, à grand renfort de courses en fauteuil roulant et de petites et grandes histoires entre valides et handicapés. Dans cette am- biance de mixité inhabituelle, le film traque les grandes ques- tions qui travaillent l’adolescence et qui trouvent ici un retentis- sement particulier : Qui suis-je ? Quelle sera ma vie ? Trouverai-je quelqu’un pour m’aimer ?.

Objectifs

- Partager la vie quotidienne d’un lycée français accueillant des adolescents valides et handicapés

- Montrer les préoccupations similaires des jeunes valides et invalides (scolarité, amitiés, premiers émois amoureux, séduction, doutes, découragements, espoirs)

- Montrer les relations possibles entre les jeunes valides et non valides (amitié, amour, solidarité)

- Faire comprendre l’importance de l’encadrement multidiscipli- naire de ces jeunes (sport adapté, ergothérapie, rééducation)

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Appréciation

Ce film nous plonge dans la vie d’un lycée/internat qui accueille des adolescents handicapés physiques et des adolescents valides. Tourné sans commentaire ni voix off, nous les suivons durant une année scolaire en classe, au sport, à l’internat, dans la salle de rééducation. Un peu décousu par instants, ce document plein de sensibilité montre l’importance d’un encadrement sco- laire adapté aux problèmes du handicap mais ancré dans les réa- lités des valides, afin de permettre à ces jeunes de se construire un projet de vie.

Les protagonistes sont attachants. Leur courage et leur authenti- cité sont à souligner, ce qui donne un film qui vaut la peine d’être découvert malgré certaines longueurs et un son en prise directe qui rend les dialogues parfois moins compréhensibles.

À partir du 1er cycle du Secondaire

La dernière tentation

57’ ; Claude Couderc ; Skopia films ; France ; 2009 (en cours d’acquisition)

1er Prix – Festival ImgagéSanté 2010– Jury Santé mentale

Documentaire à visée informative sur le suicide des jeunes. Interviews de spécialistes (psychiatres, sociologue). Témoignages des jeunes.

Contenu

Le suicide des jeunes est en passe de devenir la première cause de mortalité chez les moins de 20 ans. C’est en allant à la rencontre de ces jeunes, en racontant l’histoire de chacun d’eux que nous cherchons à comprendre, à analyser les raisons de ces conduites

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