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PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES EN AFRIQUE LANCEMENT DU RAPPORT 2022

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PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES EN AFRIQUE – LANCEMENT DU RAPPORT 2022

Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement, Accra (Ghana), 25 mai 2022

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Kevin Chika Urama, FAAS

Chef économiste / Vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la gestion des connaissances, Groupe de la Banque

africaine de développement

INTRODUCTION / PROTOCOLE :

1. Dr Akinwumi Adesina, Président du Groupe de la Banque africaine de développement ; Excellence Madame Mia Mottley, Première Ministre de la Barbade ; Excellence M. Ken Ofori Atta, Ministre des Finances de la République du Ghana et Président des Conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement ; Excellence Madame Meryame Kitir, Ministre belge de la Coopération pour le développement / Gouverneure de la BAD pour la Belgique ; Excellence M. Barbel Kofler, Secrétaire parlementaire au Ministère fédéral de la Coopération et du Développement économiques (BMZ) / Gouverneur de la BAD pour l’Allemagne ; Excellence M.

Ernesto Max Tonela, Ministre des Finances / Gouverneur de la BAD pour le Mozambique ; Excellence M. Enoch Godongwana, Ministre des Finances / Gouverneur de la BAD pour l’Afrique du Sud ; Mesdames et Messieurs les gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement, Excellences, distingués invités, Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités

2. Je me félicite de vous présenter aujourd’hui les conclusions principales du rapport 2022 des Perspectives économiques en Afrique de la Banque africaine de développement. Le rapport s’intitule

« Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique ».

3. Le changement climatique est la plus pressante menace existentielle contre le développement de l’Afrique. Au nombre des changements stratégiques les plus durables de notre époque figure l’établissement de politiques à même d’aider les pays à s’adapter aux effets du changement climatique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en continuant de contribuer à la croissance des économies. Y parvenir revient à réaliser l’objectif d’une croissance inclusive qui englobe les trois axes du développement durable, à savoir, les dimensions économique, sociale et environnementale.

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Page 2 de 14 4. L’édition 2022 des Perspectives économiques en Afrique examine comment cela peut se faire en Afrique. Le rapport compte trois chapitres :

a. Le chapitre 1 présente un aperçu de la performance économique de l’Afrique en 2021 et les perspectives du continent en 2022 et 2023.

b. Le chapitre 2 passe en revue les interactions entre la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique.

c. Le chapitre 3 examine les stratégies et les instruments nécessaires pour financer la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique.

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Page 3 de 14 CHAPITRE 1 : PERFORMANCE ET PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES EN AFRIQUE 5. Comme les autres régions du monde, l’Afrique a subi les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 en 2020. Les économies du continent ont cependant fait montre de résilience.

6. Après s’être contracté de 1,6 % en 2020, le produit intérieur brut réel de l’Afrique a augmenté de 6,9 % en 2021.

a. Cette reprise a été soutenue par une amélioration du commerce mondial et la remontée des cours des produits de base, la consommation privée et l’investissement, la reprise des services et de l’activité industrielle, etc.

b. Des plans de relance budgétaire et d’autres interventions stratégiques mis en œuvre par les pays ont également contribué à stimuler la croissance des financements et à atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 en 2021.

c. Permettez-moi de saisir cette occasion pour remercier nos dirigeants, les chefs d’États, les ministères des Finances, les banques centrales, la Commission de l’Union africaine, les centres de lutte contre les maladies en Afrique, le Groupe de la Banque africaine de développement et les partenaires de développement de l’Afrique pour les politiques mises en œuvre dans le cadre de la réponse adoptée pour maîtriser les effets de la COVID-19 sur les citoyens des pays africains.

7. Tournons nos regards vers l’avenir : La croissance moyenne de l’Afrique devrait baisser à 4,1 % en 2022 et 2023. Cela tient aux incertitudes liées à de faibles taux de vaccination contre la COVID-19, au coût sans cesse croissant des effets du changement climatique et à la volatilité enregistrée sur les marchés financiers internationaux en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

8. La redémarrage et les perspectives de croissance varient considérablement suivant les régions et les groupes de pays en Afrique.

a. L’Afrique du Nord a enregistré le taux de croissance le plus élevé, passant d’une baisse de 1,3 % en 2020 à une hausse estimée à 11,7 % en 2021. Sa croissance devrait tomber à 4,5 % en 2022.

b. Les régions de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est ont toutes renoué avec une croissance positive en 2021 avec perspectives stables en 2022 et 2023.

i. Après une contraction de 0,6 % en 2020, l’Afrique de l’Ouest a affiché 4,3 % de croissance en 2021, laquelle devrait se stabiliser au-dessus de 4 % en 2022 et 2023. La croissance en Afrique de l’Ouest a été principalement tirée par le Nigeria, la plus vaste économie de la région.

ii. L’Afrique de l’Est a obtenu 4,8 % de croissance en 2021, contre 1,5 % en 2020 et devrait se stabiliser à 4,7 % en 2022. Cette région a été la plus résiliente de toutes, ce pour les raisons décrites dans le rapport.

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Page 4 de 14 iii. Avec 3,4 % de croissance en 2021 contre un recul de 0,5 % en 2020, l’Afrique centrale devrait se stabiliser autour de 4,7 % en 2022 en raison d’une augmentation anticipée des exportations de pétrole et de produits de base autres que le pétrole.

c. L’Afrique australe qui aura été la région la plus durement frappée par la pandémie de COVID-19, avec une contraction de 6 % en 2020, a enregistré une solide croissance de 4,2 % en 2021. Cette tendance devrait s’inverser, baissant à 2,5 % en 2022, à mesure que s’estompent les effets de la relance budgétaire.

9. En termes de caractéristiques économiques, les économies qui reposent sur le tourisme ont enregistré la reprise la plus forte, passant d’un recul de 12,7 % en 2020 à une croissance de 4,4 % en 2021, avec perspective stable en 2022 et 2023. Ce rebondissement tient largement au succès des programmes de vaccination contre la COVID-19 et à l’assouplissement des restrictions imposées aux déplacements.

a. Les pays exportateurs de pétrole ont enregistré des taux de croissance élevés estimés à 8,1 % en 2021, à l’image d’une relance robuste en Algérie et au Nigeria et d’une amélioration des effets de base en Libye (177,3 % de croissance en 2021).

b. Estimée à 5,8 % en 2021, la croissance dans les économies à forte intensité de ressources a été dopée par une hausse de la production industrielle et agricole, par la poursuite des dépenses publiques liées aux projets d’infrastructure et par une croissance soutenue dans les secteurs du tourisme et des échanges inter-régionaux.

c. La croissance moyenne dans les pays africains à revenu moyen a suivi en grande partie la tendance de la croissance moyenne sur le continent.

d. On estime à 4,5 % en 2021 la croissance des autres pays à forte intensité de ressources qui dépendent principalement des métaux et des ressources minérales ; ces pays devraient progresser de 3,3 % en 2022.

10. Le rapport fournit davantage d’informations sur les principaux moteurs de croissance et sur les variations observées par régions et par caractéristiques économiques.

Sur les fondamentaux macroéconomiques et les défis à relever :

11. En règle générale, les fondamentaux macroéconomiques – notamment le solde du compte courant et le solde budgétaire – se sont améliorés dans la majorité des pays en 2021. Mais des défis considérables demeurent.

12. Plus précisément, la dette souveraine reste une menace pour une reprise durable malgré les récentes initiatives d’allégement de dette.

a. Estimée à 71,4 % du PIB en 2020, la dette souveraine de l’Afrique devrait se stabiliser autour de 70 % du PIB en 2022, restant supérieure à ses niveaux d’avant la pandémie à court terme et à moyen terme.

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Page 5 de 14 b. L’Initiative de suspension du service de la dette a permis de réaliser des économies d’environ 13 milliards de dollars. En outre, l’émission de 33,2 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) par le FMI au bénéfice des pays africains a contribué à atténuer les pressions sur la liquidité en 2021.

c. Mais ces initiatives temporaires d’allégement de la dette n’ont pas enrayé les facteurs de vulnérabilité croissante de la dette dans les pays africains. En février 2022, 23 pays africains étaient en situation de surendettement ou étaient exposés à un risque considérable de surendettement. Seize présentaient un niveau de risque élevé et sept étaient déjà en situation de surendettement.

d. En outre, la consolidation budgétaire consécutive à la pandémie, le resserrement de la politique monétaire dans les économies avancées et la récente appréciation du dollar américain ont conduit à une hausse des prix à l'importation. Ces facteurs ont également entraîné un service de la dette extérieure plus coûteux et un risque accru d’instabilité financière dans les pays africains.

13. Actuellement, la hausse de l’inflation des prix à la consommation et les effets de répercutions de la baisse des taux de change constituent d’importants facteurs défavorables pour la position budgétaire des pays à court terme et à moyen terme. Cela est particulièrement le cas pour les pays importateurs nets de produits de base.

Sur le financement de la reprise économique et les objectifs de réduction de la pauvreté : 14. Selon les estimations du rapport, les pays africains ont besoin d’environ 432 milliards de dollars pour faire face aux impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 et pour soutenir la reprise économique en 2022 et 2023, sans compter la nécessité de plus d’une décennie pour rattraper le retard accusé par rapport aux objectifs de lutte contre la pauvreté d’avant la COVID- 19.

15. La pandémie de COVID-19 a contraint environ 29 millions d’Africains à l’extrême pauvreté en 2021, comparativement aux projections antérieures à la pandémie, et 30 millions de personnes supplémentaires devraient tomber dans l’extrême pauvreté en 2022 et 2023.

16. Si la guerre entre la Russie et l’Ukraine persiste, 1,8 million d’Africains supplémentaires pourraient se retrouver dans l’extrême pauvreté en 2022, et 2,1 millions supplémentaires devraient les y suivre en 2023.

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Page 6 de 14 CHAPITRE 2 : RÉSILIENCE CLIMATIQUE ET TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

JUSTE EN AFRIQUE

17. Dans ce chapitre, le rapport examine les thèmes de la résilience climatique et d’une transition énergétique juste, ainsi que leurs implications pour la croissance inclusive et le développement durable en Afrique.

18. Tout d’abord, nous avons examiné la vulnérabilité climatique, l’état de préparation et la résilience dans les pays :

19. L’Afrique est la deuxième région du monde la plus vulnérable au climat.

20. Le continent est également celui le moins préparé au changement climatique.

21. L’Afrique est en outre la région la moins résiliente au monde face au changement climatique.

22. Les régions de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe sont les moins vulnérables et présentent une meilleure préparation au changement climatique que les autres régions du continent.

Elles ont également obtenu plus de financement et d’investissements climatiques que les autres régions et ont des structures économiques différentes par rapport aux autres régions. Cela laisse penser que la vulnérabilité climatique et l’accès au financement climatique entretiennent une certaine corrélation avec la structure économique des pays.

Sur les impacts socioéconomiques du changement climatique

23. Le rapport indique que de 1986 à 2015, l’Afrique a perdu entre 5 % et 15 % de son PIB par habitant en raison du changement climatique.

24. Cela s’ajoute à l’augmentation de la mortalité, des conflits provoqués par le climat et des déplacements humains, des migrations, entre autres impacts observés sur le continent.

25. Des investissements ciblés importants sont nécessaires pour renforcer la résilience climatique en Afrique, mais les avantages et les co-avantages de la résilience climatique sont bien plus élevés que les coûts. Cela constitue, à mon avis, la raison principale pour laquelle l’Afrique doit investir massivement dans la réalisation de l’objectif de la résilience climatique.

Justice climatique, transition juste et objectifs de développement durable (ODD) :

26. L’accès universel aux services énergétiques est un objectif clé du développement durable.

Cet accès est également un facteur clé dans la réalisation d’autres ODD, y compris les objectifs en rapport avec le climat.

27. La consommation d’énergie est fortement corrélée à la croissance du PIB. En d’autres termes, restreindre l’accès des pays à l’énergie revient à limiter leur progrès social et économique.

28. En Afrique, la faible consommation d’électricité par habitant (550 kWh) par rapport aux autres régions limite considérablement la production économique et la transformation structurelle des économies du continent.

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Page 7 de 14 29. Comme le montre le rapport, les transitions énergétiques évoluent progressivement au fil du temps, souvent sur plusieurs décennies, définies par les technologies, les incitations de marché, les changements de politique et le comportement des consommateurs.

30. Le gaz naturel a servi de combustible de transition au cours de la période, permettant aux pays de réduire progressivement le charbon dans la composition énergétique, et ce de manière rentable.

31. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial a augmenté depuis les années 1980, mais reste une part infime du bouquet énergétique de l’ensemble des régions, la plus élevée étant celle de l’Union européenne où elle a atteint 23 % en 2019.

32. Comparé à celui des autres régions, le bouquet énergétique de l’Afrique a une intensité de carbone inférieure. La part du charbon dans cette composition énergétique a diminué progressivement, passant de 54 % à 29 % entre 1985 et 2020. On observe des transitions similaires aux États-Unis et dans l’Union européenne. Dans d’autres régions, la part du charbon reste très élevée.

33. Les transitions énergétiques justes exigent une responsabilité commune mais différenciée pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique :

a. Environ 85 % du « budget carbone mondial » est déjà épuisé. Le rapport a examiné les contributions aux émissions dues au forçage climatique de toutes les régions du monde et la manière dont le solde du budget carbone du globe pourrait être alloué équitablement pour atteindre les objectifs de zéro émission nette d’ici 2050.

b. La part historique de l’Afrique dans les émissions mondiales est inférieure à 3 %, avec une empreinte carbone moyenne par habitant de 0,95 tonne d’équivalent CO2. Cette valeur est bien inférieure aux 2,0 tonnes d’équivalent C02 nécessaires pour atteindre l’objectif de la transition vers une contribution nette zéro. Cela signifie que l’Afrique dispose encore d’une certaine marge de manœuvre dans le budget carbone mondial.

34. Le rapport estime que si l’on tient compte des émissions historiques, le crédit carbone de l’Afrique – calculé au coût social actuel du carbone – pourrait atteindre 4,8 billions de milliards d’ici 2050. Payé annuellement, cela pourrait atteindre 173 milliards de dollars par an de 2022 à 2050.

35. Ce montant est presque 10 fois plus élevé que les 18,3 milliards de dollars par an de financement climatique mondial reçu par l’Afrique de 2016 à 2019.

36. Une transition énergétique juste exige donc que les pays africains exploitent les opportunités offertes par les technologies et les marchés mondiaux à croissance verte qui connaissent une expansion rapide.

a. L’Afrique possède des avantages concurrentiels uniques dans plusieurs secteurs de croissance verte : matériaux, composants, produits et services ; elle doit les exploiter pour tirer parti de la transition verte.

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Page 8 de 14 b. Les énergies renouvelables et les systèmes d’énergie décentralisés sont essentiels pour un accès rapide à l’énergie et doivent être conçus conjointement avec l’expansion des réseaux.

37. Les changements de politique à l’échelle mondiale, la technologie et les tendances du marché suggèrent que la poursuite des investissements dans les énergies fossiles présente des risques importants d’épuisement des actifs au cours des prochaines décennies.

38. Par conséquent, bien que l’Afrique doive maintenir un mix énergétique équilibré pour gérer la sécurité énergétique à court terme, des investissements rapides permettant d’exploiter les opportunités immenses qu’offrent les secteurs de croissance verte seront essentiels pour assurer la compétitivité du continent à moyen et long terme.

39. Le potentiel de ressources de l’Afrique offre au continent des possibilités uniques de jouer un rôle directeur dans plusieurs secteurs du développement vert.

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Page 9 de 14 CHAPITRE 3 : FINANCER LA RÉSILIENCE CLIMATIQUE ET UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE JUSTE EN AFRIQUE : STRATÉGIES ET INSTRUMENTS

40. Le rapport constate que la structure, le flux et l’ampleur du financement climatique mondial actuel reflètent l’architecture financière mondiale actuelle, ce qui accentue la difficulté pour les pays africains les plus vulnérables d’exploiter efficacement les possibilités de résilience climatique.

41. Premièrement, la structure est compliquée et définie de manière approximative, avec des sources, des instruments, des canaux et des mécanismes de financement multiples et en évolution rapide.

a. Plusieurs instruments de financement du développement sont donc de plus en plus utilisés comme financement de l’action climatique en Afrique.

b. Par exemple, les instruments de la dette constituaient les deux tiers de l’ensemble du financement climatique reçu par les pays africains au cours de la période 2011-2019.

Environ 33 % de cette proportion étaient constitués de ressources non concessionnelles.

c. Cela soulève des inquiétudes quant à l’accroissement des sources de vulnérabilité liées à la dette en Afrique et aux compromis potentiels avec d’autres engagements et mécanismes de financement des ODD.

d. Il est impératif de définir plus clairement les besoins, de mieux coordonner et d’harmoniser les exigences en matière de financement de l’action climatique.

e. Les engagements concernant le financement climatique doivent être constitués d’engagement nouveaux et de suppléments d’engagements. Ils ne devraient pas remplacer les engagements pris au titre des ODD, notamment ceux en faveur de l’éradication de la pauvreté.

42. Deuxièmement, les flux actuels de financement climatique ne sont pas en cohérence avec la vulnérabilité et le risque climatiques.

a. Le rapport constate que le financement climatique est généralement mobilisé pour les pays les plus résilients et les moins vulnérables.

b. En outre, plusieurs facteurs limitent les flux de financement climatique en direction de l’Afrique : un secteur financier insuffisamment développé, des organisations opérant en silo, des mandats concurrentiels et une faible capacité de développement de projets.

c. Cette association à effets préjudiciables entre la finance climatique et la résilience et la vulnérabilité climatiques des pays est la source d’une mauvaise allocation des ressources.

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Page 10 de 14 43. Troisièmement, l’ampleur actuelle du financement climatique ne cadre pas avec les contributions déterminées au niveau national (CDN) et les besoins de financement des ODD en Afrique.

a. Pour mettre en œuvre de manière adéquate ses CDN, l’Afrique aura besoin d’un financement climatique cumulé pouvant atteindre 1,6 billion de dollars entre 2020 et 2030. Cela donne une moyenne de 128 milliards de dollars EU par an durant la période.

b. Actuellement, l’Afrique reçoit environ 18,3 milliards de dollars par an en financement mondial au bénéfice de l’action climatique.

c. Il s’en suit un écart moyen de financement climatique de 108 milliards de dollars par an pendant la période.

d. Au rythme actuel, les contributions déterminées au niveau national conditionnelles de l’Afrique n’aboutiront pas. Pour la stabilité mondiale, les implications de ne pas réaliser les CDN en Afrique sont évidentes : les objectifs climatiques mondiaux ne seront pas atteints.

RECOMMANDATIONS PRATIQUES :

Pour répondre aux quatre défis qui se posent, les gouvernements nationaux, les institutions de financement du développement et la communauté internationale doivent envisager plusieurs choix de politiques :

Pour les gouvernements nationaux :

44. La coordination des politiques s’impose : Les pays doivent coordonner leurs politiques monétaires et fiscales pour maîtriser l’inflation tout en préservant la reprise économique et en protégeant les personnes vulnérables. Par ailleurs, il y a lieu de promouvoir des mesures politiques visant à réduire l’inflation importée.

45. Renforcer les chaînes de valeur régionales : L’Afrique doit établir et renforcer des chaînes de valeur régionales dans des secteurs clés afin de réduire sa dépendance à l’égard de l’extérieur. Après la pandémie de COVID-19 et face aux conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine, cette recommandation n’appelle pas d’explication.

46. Investir dans les technologies vertes : Investir à grande échelle dans les énergies renouvelables et les technologies vertes tout en maintenant un mix énergétique équilibré pour soutenir l’industrialisation et la transformation structurelle. La transition verte offre à l’Afrique l’occasion de revoir son approche de la transformation industrielle. Avec la prédominance des ressources minérales au service du développement vert en Afrique, le continent a l’occasion de jouer un rôle de chef de file du développement et du déploiement de technologies vertes plutôt que d’intervenir aux niveaux inférieurs de la chaîne de valeur qui enferme les pays dans la catégorie des pays à faible revenu.

47. Renforcer la capacité institutionnelle pour la transition verte : Investir dans le développement des capacités institutionnelles pour la transition verte, ainsi que dans la réforme des

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Page 11 de 14 réglementations et des politiques qui favorisent l’efficacité énergétique et permettent de créer des emplois pour les jeunes et les femmes dans des secteurs clés.

48. Financement innovant et mécanismes de stabilité financière : Étendre et approfondir l’utilisation d’instruments de financement innovants tels que les obligations et les prêts verts, les obligations et les prêts de développement durable ou les obligations et les prêts liés au développement durable, les swaps dette-climat, la finance mixte, des marchés du carbone plus efficaces et affichant de meilleurs prix, le réalignement de subventions à effets préjudiciables et d’autres instruments fiscaux progressifs. Développer des mécanismes de stabilité financière pour protéger les économies des futurs chocs climatiques.

Communauté internationale :

49. Honorer les engagements en matière de financement climatique : Les pays développés devraient honorer leur engagement de mettre 100 milliards de dollars par an à la disposition des pays en développement pour soutenir l’action climatique, en tant que ressources nouvelles et supplémentaires. Si l’on réfléchit en termes de ce qui est dû en dettes carbone à l’Afrique (4,8 billions de dollars), de ce qui est nécessaire pour mettre en œuvre les contributions déterminées au niveau national (1,6 billion de dollars d’ici 2030) et de ce qui est actuellement reçu chaque année (18,3 milliards de dollars), il est évident que la situation n’appelle pas d’explication. Il convient de rappeler que 80 % des contributions déterminées au niveau national convenues par les gouvernements africains conformément à l’Accord de Paris sur le climat en 2015 dépendaient des flux de financement climatique extérieur reçus par les pays. Cela signifie que les pays africains devraient recevoir au moins 1,28 billion de dollars de financement climatique extérieur pour être en mesure d’atteindre les objectifs des CDN. Cela fait partie de la responsabilité commune mais différenciée d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux, sans lesquels l’Afrique n’atteindra pas les cibles de CDN visées.

50. Pour faire face à la crise imminente de la dette en Afrique, il est nécessaire d’étendre l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) afin de permettre aux pays de disposer d’un espace budgétaire temporaire qui leur permettra de faire face aux coûts persistants de la reprise post- COVID-19, notamment ceux de la vaccination (432 milliards de dollars entre 2020 et 2022), d’absorber les chocs exogènes supplémentaires causés par le conflit russo-ukrainien, d’accélérer la mise en œuvre du Cadre commun du G20 en assurant la clarté des procédures et des délais ; en plus de permettre aux pays en développement qui le souhaitent de réaffecter les ressources qu’ils ont reçues dans le cadre des droits de tirage spéciaux (DTS) alloués par le FMI aux pays africains afin de mobiliser les ressources budgétaires urgentes nécessaires pour s’attaquer aux quatre défis à relever. L’acheminement de ces ressources par l’intermédiaire du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et du Fonds africain de développement (FAD) sera très bénéfique pour toutes les parties. Cela permettra à la Banque de faire jouer l’effet de levier afin de mobiliser des ressources supplémentaires, soit jusqu’à quatre fois les volumes reçus, ce à l’effet d’accélérer le financement du développement à des taux concessionnels pour les pays.

51. Pour aller de l’avant, il y a lieu de revoir la définition et l’architecture du financement climatique mondial afin d’en aligner la structure, le flux et le volume sur les besoins mondiaux de financement climatique des pays. La définition actuelle encourage le changement d’image de marque et des compromis préjudiciables en termes de risque pour les autres objectifs de développement durable, y compris la réduction de la pauvreté, l’accès universel aux services

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Page 12 de 14 énergétiques, etc. ; la structure n’est pas favorable aux pays les plus vulnérables ; le flux de financement est contraire à la tendance de la vulnérabilité et des risques climatiques, et le volume est bien inférieur aux montants nécessaires pour atteindre les cibles des CDN.

Institutions de financement du développement :

52. Un financement plus concessionnel est nécessaire : Accroître le financement concessionnel pour soutenir l’adaptation au changement climatique et une transition énergétique juste dans les pays vulnérables. Conçue en fonction de l’architecture actuelle du financement mondial, l’architecture de financement actuelle exclut les flux de financement climatique vers les pays les plus vulnérables aux chocs climatiques. L’acheminement d’une partie du financement climatique supplémentaire par le biais du Fonds africain de développement (FAD) offre des possibilités d’assurer un meilleur rapport coût-efficacité et d’exercer un effet de levier plus important. C’est dire qu’une reconstitution saine du Fonds africain de développement (FAD) et la possibilité pour le Fonds de tirer parti des ressources du marché des capitaux sont des éléments essentiels pour les pays les plus fragiles d’Afrique à ce stade.

CONCLUSION :

53. Le changement climatique est un problème mondial commun – un problème face auquel les actions d’un agent ne déboucheront pas sur des résultats durables si tous les acteurs n’agissent pas ensemble pour proposer des solutions. C’est un problème qui exige la coopération mondiale et un soutien adéquat pour une résolution durable.

54. Les mesures prises par une région pour atténuer les impacts climatiques ne permettront pas d’obtenir des résultats durables si toutes les régions du monde ne font pas de même. La raison en est simple. Les gaz à effet de serre ne connaissent pas les frontières géographiques. Ils s’accumulent et se mélangent librement dans l’atmosphère et leurs impacts se produisent partout, quelle que soit leur origine. Si l’Afrique ne dispose pas de ressources suffisantes pour mettre en œuvre des mesures climatiques visant à atteindre des objectifs d’émissions nettes zéro, les mesures climatiques prises par l’Europe ou d’autres régions du monde ne permettront pas d’obtenir des résultats durables. Nous ne pouvons pas demander à l’Afrique de s’adapter au changement climatique sans les ressources pour le faire, à savoir les connaissances, la technologie et l’espace budgétaire nécessaires. Comme dans le cas de la COVID-19, si une région du monde ne parvient pas à atteindre ses objectifs de zéro émission nette d’ici 2050, les objectifs mondiaux de développement durable ne seront pas atteints.

55. Une transition énergétique juste exige des systèmes énergétiques africains qu’ils soient conçus de manière à être technologiquement adéquats, à un coût optimal et viables. Elle doit ajouter une valeur maximale à tous les objectifs de développement durable et à l’Agenda 2063 de l’Afrique.

À cet égard, le mix énergétique de l’Afrique doit exploiter des sources d’énergie à charge de base moins polluantes, capables de stimuler l’industrialisation et les transformations structurelles qui favorisent une production et une consommation durables. L’on note que les économies dissocient le progrès économique et social des impacts environnementaux (y compris les émissions de gaz à effet de serre) en améliorant l’efficacité technique et la rentabilité des activités de production et de consommation économiques. Avec un faible niveau de croissance économique, la pauvreté entraîne la dégradation de l’environnement – notamment des émissions de C02 par habitant liées à la production économique, la déforestation, etc. Avec un niveau de croissance économique très élevé, la production excédentaire et la consommation engendrent des externalités similaires. Dans ce

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Page 13 de 14 deuxième cas, l’on parle de croissance oxymoronique qui se caractérise par des niveaux de croissance où les rendements marginaux de la production économique et de la consommation diminuent, créant ainsi davantage d’externalités négatives pour le progrès social et environnemental.

56. Les systèmes d’énergie renouvelable décentralisés sont essentiels pour assurer un accès rapide à l’énergie en Afrique. Les impératifs économiques pour lesquels l’Afrique doit investir dans les secteurs des technologies vertes procèdent de la compétitivité du marché dans le contexte de l’économie verte émergente. Les énormes potentiels de ressources minérales multiples propres à un développement vert en Afrique placent le continent dans un rôle de chef de file de la nouvelle économie verte. Les pays doivent explorer les politiques propices à des flux d’investissement et à l’installation des industries de technologie verte dans les zones de gisements de ressources pertinentes pour offrir des possibilités de création d’emplois, de partage de connaissances et de technologies, d’activités économiques et de réduction de l’empreinte carbone et environnementale des produits verts. Plusieurs choix de politiques pourraient être envisagés : des politiques de contenu local (limitant l’exportation des produits de base en dessous d’un seuil prédéfini de valeur ajoutée), le franchisage (encourageant les conglomérats internationaux à installer leurs industries de transformation au sein des communautés rurales où sont découvertes les matières premières pertinentes) et d’autres incitations fiscales progressives.

57. Un financement climatique important pouvant atteindre 1,6 billion de dollars est nécessaire pour soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique. Cela s’ajoute à 432 milliards de dollars nécessaires pour faire face aux impacts socioéconomiques de la pandémie et pour accompagner la reprise économique en 2022 et 2023. Pour répondre au besoin budgétaire immédiat de reprise au lendemain de la pandémie de COVID-19 et aux impacts inflationnistes liés au conflit entre la Russie et l’Ukraine, et pour parer aux défauts de paiement de la dette, il est urgent de prolonger l’échéance de l’ISSD, de procéder à une mise en œuvre accélérée du Cadre commun et d’acheminer des DTS supplémentaires par l’intermédiaire du Groupe de la Banque africaine de développement à des fins de mobilisation de ressources. Pour s’assurer que les pays les plus vulnérables d’Afrique (pays FAD) ne soient pas laissés pour compte, il est impératif d’entreprendre à une reconstitution conséquente des ressources du Fonds africain de développement et de permettre au FAD d’exercer l’effet de levier de ses ressources sur le marché des capitaux à des fins de rétrocession de prêts aux pays.

58. Les défis sont multiples, les risques sont importants, mais les enseignements tirés de la riposte à la pandémie de COVID-19 montrent que le monde dispose du capital et des instruments politiques voulus, ainsi que des moyens de les déployer rapidement, pour faire face aux vents contraires sur la scène mondiale lorsque la volonté politique de le faire existe.

59. Dans un contexte marqué par des déficits budgétaires croissants ainsi que par la baisse des investissements directs étrangers (IDE), de l’aide publique au développement (APD) et des placements de portefeuille en Afrique, entre janvier 2019 et septembre 2021, les mesures budgétaires mises en œuvre à l’échelle mondiale pour lutter contre les effets de la pandémie de COVID-19 sont estimées à environ 17 billions de dollars EU, soit environ 19 % du PIB mondial et environ cinq (5) fois le PIB de l’Afrique.

60. À l’instar de la COVID-19, le changement climatique est un problème mondial commun et ses effets sur la vie, les moyens de subsistance et le développement durable planétaire sont beaucoup plus importants et plus omniprésents. Un plan d’intervention mondial rapide comparable à celui

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Page 14 de 14 dédié à la pandémie de COVID-19 est nécessaire pour s’attaquer à l’augmentation des effets du changement climatique en Afrique et dans d’autres régions en développement. Le changement climatique n’est plus un événement à risque élevé et à faible probabilité, il s’agit maintenant d’une réalité quotidienne pour l’Afrique qui perd déjà 5 à 15 % de la croissance de son PIB et beaucoup de vies et de moyens de subsistance imputables au changement climatique.

61. Permettez-moi de conclure par une question que chacun d’entre nous doit se poser : que puis-je faire pour éviter une catastrophe climatique afin de sauver notre avenir commun ?

62. Merci

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