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Ginette Pinéda : témoignage

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Academic year: 2022

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Ginette Pinéda : témoignage

Ginette Pinéda, Christian Galant, Mustapha Aliouat

To cite this version:

Ginette Pinéda, Christian Galant, Mustapha Aliouat. Ginette Pinéda : témoignage. Archorales :

chercheurs en forêts, 16, Editions INRA, 196 p., 2015, Archorales, 9782738013712. �hal-02801683�

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ARCHORALES n° 16 >CHERCHEURS EN FORÊT 140

PRÉNOM NOM

Je suis née le 27 juin 1942. J’ai passé mon enfance à la campagne en Charente, dans une famille assez pauvre mais qui m’a permis quand même de faire des études. Après mon certificat d’études, je suis allée au lycée technique pour apprendre le métier de secrétariat.

Vos parents étaient-ils agriculteurs ? Non, pas du tout. Mon père travaillait comme ouvrier dans un chai de cognac.

Ma mère travaillait dans les vignes, le revenu était bas et nous étions cinq enfants à la maison.

Comme je voulais travailler, et que mes parents m’ont obligée à faire des études, je ne savais pas trop que choisir. Donc, je me suis décidée à apprendre le métier de secrétaire tout à fait par hasard.

J’étais relativement bonne en secréta- riat et j’ai fait aussi un peu de compta- bilité, ce qui m’a amenée à passer un brevet commercial - dont je n’ai obtenu que la première partie - et un CAP de sténodactylo.

À 19 ans, j’étais prête pour le marché du travail. J’ai été recrutée pour un rem- placement de trois mois à la société Larsen, puis à la société Camus, où je suis restée un an et demi (janvier 1962

à juillet 1963). Ensuite, je suis partie au Maroc, ayant fait la connaissance de mon époux en Charente lors de son service militaire.

Vous voilà partie en août 1963 au Maroc. Aviez-vous déjà voyagé ? Pas du tout. Ce fut une grande aventure ! J’ai trouvé assez facilement un emploi dans la société Esso Maroc. Nous nous sommes mariés en 1963 et nous avons eu une fille en 1965.

Nous étions tous deux sous contrat de travail à l’époque et mon mari a décidé, qu’avec un enfant et sans situation stable, nous devions regagner la France.

En 1966, vous revoilà en métropole et en recherche d’emploi.

Connaissiez-vous l’Inra ?

Non, je ne connaissais rien de l’Institut.

Nous sommes arrivés en Avignon sans emploi. Nous avons décidé de partir à Bordeaux, où nous sommes arrivés en 1966. Sur les conseils de l’oncle de mon mari (chauffeur de la navette du person- nel de Bordeaux à l’Inra de Pierroton), j’ai postulé pour un emploi de secrétariat. Il

GINETTE

PINÉDA

L e domaine de Pierroton vu du côté

« administratif », sobre évocation des premiers temps de l’unité expérimentale par Ginette Pinéda, gestionnaire de l’unité.

Houpier de hêtre. © Inra - H. Cochard

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ARCHORALES n° 16 >CHERCHEURS EN FORÊT 141

GINETTE PINÉDA

rattachement administratif et comp- table au centre de Bordeaux.

Lors du rattachement administratif et comptable au centre de Bordeaux, mon travail a changé : j’ai été en charge de la gestion des budgets de recherche tout en continuant à faire le lien avec les services comptables de Bordeaux pour toutes les factures et pièces comptables. J’ai tra- vaillé ainsi dix-sept ans avec M. Arbez en binôme avec Mme Antoniazzi. Je n’avais plus ce travail de responsabilité financière.

Vous êtes contemporaine de l’amélioration du site.

De 1967 à 2003, vous avez vu les transformations.

Au départ, tous les services étaient regroupés au château : scientifiques, techniques, administratifs. Il y avait même la cantine, la cuisine. Tout se pas- sait là. Aux alentours, il n’y avait que le garage. Tout le reste, c’était des grands arbres centenaires.

Les logements de fonction ont été construits en 1970, en même temps que la cantine et les chambres de stagiaires.

Nous étions 21. Tous les ouvriers qui tra- vaillaient sur le site de Pierroton man- geaient là, les personnels de bureaux et les scientifiques aussi. Il y avait des savait que deux postes seraient ouverts au

secrétariat. Le directeur, M. Guinaudeau, nous a fait passer un examen ayant pour sujet la sylviculture, je ne savais pas ce que c’était. La station de recherches forestières a été ouverte en 1966.

J’ai été recrutée en main-d’œuvre occa- sionnelle sur le poste de Mme Guillem en disponibilité. J’ai commencé ainsi le 1er janvier 1967 en catégorie 5D, sur ce poste permanent en tant que rempla- çante. Nous étions tous contractuels à l’époque.

Les postes de régisseur de Mme Boulbria, de comptable de Mlle Jouanel se libérant et le retour de Mme Guillem ont fait que M. Guinaudeau m’a convoquée dans son bureau et m’a dit : « Mme Pinéda, j’ai confiance en vous, le seul poste si vous voulez rester, c’est le poste de régis- seur ». Je suis tombée de haut parce que moi, secrétaire, je n’étais pas comptable.

Pour moi c’était un grand mot ! Je lui ai dit : « Je ne suis pas capable de faire une chose pareille ! Faire la paie des ouvriers du jour au lendemain ! » Ce à quoi, il m’a répondu : « C’est cela ou rien du tout ».

J’ai assumé, avec beaucoup de diffi- cultés. Je n’étais pas prête pour un tel poste à ce moment-là, et en plus c’était une certaine responsabilité parce qu’à l’époque, le régisseur payait tous les ouvriers qui étaient à la station. Nous étions rattachés au centre de Nancy, ce qui n’était pas simple. J’étais toute seule à Pierroton, livrée à moi-même. Je suis partie une semaine à Nancy. On m’a fait faire le tour des services à mon retour.

J’ai été inscrite à la Cour des comptes et j’ai débuté mon travail de régisseur.

Je faisais les paies, réglais toutes les coti- sations patronales. En même temps, je faisais des états de frais de déplace- ment, je ne faisais plus de secrétariat à ce moment-là. Je commençais la ges- tion. Il m’arrivait de faire de la frappe : quand M. Guinaudeau avait un besoin en sténodactylo, il me dictait une lettre.

C’est dans ces circonstances que je suis passée en catégorie 4D rectifiant de fait une erreur faite lors de mon recrute- ment. J’étais en contact avec les ser- vices de l’Urssaf et de l’Ircantec. On employait des personnels des Pyrénées,

des Landes, beaucoup d’occasionnels.

J’avais cette main-d’œuvre à payer et à gérer au niveau des cotisations.

Avec cette responsabilité financière, j’avais un coffre-fort, il fallait récupé- rer les fonds à Bordeaux avec des véri- fications sérieuses. Tant que la station de recherches forestières a fait partie de l’Inra de Nancy, je me suis occupée de la paie des ouvriers, le paiement des factures jusqu’à 500 Francs, tout cela jusqu’à notre rattachement au centre Inra de Bordeaux.

En 1974, vous avez changé de chef hiérarchique : M. Lemoine.

Quand M. Guinaudeau est parti, la station a été scindée en trois parties : le laboratoire d’amélioration, le labo- ratoire de sylviculture et le domaine.

J’ai été mise sous la responsabilité de M. Lemoine lors de cette scission. Nous n’étions pas nombreux à l’époque. La réorganisation des services a entraîné beaucoup de changements, dont ma réaffectation. À l’arrivée de M. Arbez, directeur du laboratoire d’améliora- tion après quelques mois, j’ai été affec- tée dans son service. Je suis passée à ce moment-là 3D. Chaque laboratoire avait son secrétariat et la gestion était concentrée à mon niveau jusqu’au Propos recueillis par

CHRISTIAN GALANT et MOUSTAPHA ALIOUAT

Pierroton, 27 juin 2013

© Inra

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En dehors des moments de tristesse que vous ressentez parce que vous étiez isolée et que la tâche était dure, y a-t-il eu des moments très heureux dans ces locaux, ou des moments plus douloureux ? Avez- vous souvenir de faits marquants ? Les moments difficiles sont ceux que je vous ai évoqués tout à l’heure. Les petits cloisonnements. L’atmosphère

était bon enfant quand même, tout le monde se connaissait ! C’était une grande famille. Ce château, s’il pouvait parler, il aurait beaucoup à raconter ! Dans l’ensemble, il y avait une bonne ambiance entre collègues. Au rez-de chaussée, une grande salle servait de laboratoire où l’extraction des graines

de pin maritime s’effectuait en tapant sur les cônes. Ces graines étaient triées et conservées dans des bocaux en verre.

C’était très rudimentaire. La cantine, les chambres des stagiaires et les loge- ments de fonction ont été construits en 1970, ont suivi beaucoup plus tard la construction des Pyramides et celle de la Pagode.

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© Inra - C. Slagmulder

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Effectivement, si on repart au début des années 1967 on avait une vision plus pratique de la recherche : on voyait pousser les plants en pépinières, on a suivi de près aussi la chenille proces- sionnaire pour laquelle a été trouvé un traitement. Je serais très ennuyée pour parler des autres thématiques scienti- fiques et de l’évolution de la recherche.

D’autres personnes sont-elles venues rejoindre l’équipe administrative ?

Deux personnes sont venues à Pierroton, mais peu de temps, pour renforcer le secrétariat de direction/amélioration et le service du personnel. Elles sont restées un an ou deux.

On a fait le tour de votre période professionnelle. Regrettez-vous l’ambiance des cognacs ou des sociétés de pétrole ?

Non, pas du tout ! Dans le cognac, j’étais débutante et multiservices, l’époque n’était pas gaie. En revanche, j’ai gardé de bons souvenirs dans mon expérience professionnelle au Maroc. Malgré des moments difficiles, j’ai trouvé à l’Inra une ambiance familiale pendant un grand nombre d’années.

Avez-vous vu une évolution dans le travail ?

Oui, ce n’était pas du tout la même chose. En 1967, à mes débuts, j’ai parti- cipé à la table de production forestière de M. Lemoine - table de production de massifs forestiers, pour le rendement en bois. Ces calculs n’en finissaient pas ! Nous utilisions les papiers carbones, les stencils et autres matériaux de secré- tariat avant l’arrivée de la micro-infor- matique de bureau. Je suis consciente de l’apport de ces nouvelles technolo- gies dans le monde du secrétariat et de la gestion, gage de facilité et d’efficacité au travail. C’est M. Puga qui m’a don- née l’opportunité de taper à la porte de l’Inra, sinon, je ne serais jamais venue ici, c’est sûr.

ARCHORALES n° 16 >CHERCHEURS EN FORÊT

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GINETTE PINÉDA

moments heureux, il y en a eu beau- coup parce qu’on était une famille et les conflits étaient rares.

Quelques temps avant mon départ à la retraite, pendant deux ans, cela a été ter- rible pour moi. Cette ambiance me man- quait beaucoup. Pourtant, j’étais prête pour partir, car le travail devenait pénible avec les réformes administratives.

En fait, je n’avais pas préparé ma retraite.

Pendant cinq ans, je suis revenue sou- vent à Pierroton. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, j’ai pris du recul. Cela a changé mais je retrouve les anciens étu- diants et thésards avec qui je travaillais et qui sont devenus scientifiques ainsi que des anciens collègues toujours en acti- vité. Donc, je ne suis pas perdue dans ce nouvel environnement professionnel.

Vous avez quitté l’Inra il y a dix ans.

Avec cette évolution des techniques, comment vous étiez-vous approprié l’outil informatique ?

Concernant l’ordinateur, si on n’avait pas eu les logiciels, j’aurais été complète- ment perdue pour les différentes tâches.

Je suivais des formations en compta- bilité chaque fois que l’on changeait de système.

Aujourd’hui, j’ai un ordinateur à la mai- son mais c’est pareil, je reste à mon pre- mier niveau d’utilisatrice ! Je recherche mes messages et j’y réponds, j’exploite mes photos numériques mais on ne peut pas dire que je sois une experte ni une fanatique de l’informatique ! Pas du tout !

Avec la mise en place de la titularisation,

n’avez-vous jamais été tentée de préparer une session de concours ? Non. Ma vie familiale ne me le permet- tait pas, je ne me donnais pas le temps de me plonger dans la préparation d’un concours.

On nous a demandé de faire grève pen- dant trois semaines pour ne pas passer de concours, pour continuer de passer à l’avancement. J’étais déçue que la grève n’aboutisse à aucun résultat. Tous les ans, on nous disait : « Il faut passer un concours sinon vous n’avancerez jamais ».

Cela m’a encore plus démotivée.

Avez-vous l’impression de ne pas avoir eu un développement de carrière important ?

Oui. Dix ans après mon recrutement, je suis passée 3D. C’était un avancement au choix mais j’étais très bien notée, on me disait toujours : « Si vous passiez le concours, ça vous donnerait un plus...»

Je n’ai pas passé de concours, ce qui m’a un peu laissé stagner. Bien-sûr, les avan- cements accélérés m’ont permis d’avoir quand même une carrière correcte mais j’aurais pu finir mieux ! J’ai fini en haut de l’échelon mais je suis partie amère, parce que je n’ai pas eu la satisfaction de passer assistante ingénieure.

J’ai fait une carrière de 36 ans à l’Inra, de 1967 à 2003.

Les dernières années ont-elles été douloureuses ? Pas douloureuses mais difficiles avec le changement de direction et d’affecta- tion. En fait, l’unité de recherche fores- tière était composée de quatre équipes : amélioration, entomologie, écophysio- logie et croissance. Je faisais partie du service administratif pour l’ensemble de ces équipes.

Au moment où je suis partie, nous étions une cinquantaine de personnes.

Ce qui était compliqué, c’est qu’on ne vivait qu’avec les contrats État-Région et budgets de l’Union européenne. Il fallait justifier toutes les dépenses. Et encore, j’ai vu que dernièrement, c’était beaucoup plus drastique.

Il fallait justifier une fois que l’argent était déjà dépensé, on jonglait diffi- cilement avec ces pièces comptables.

Tous les bons de commande passaient aussi par mon intermédiaire, pour les dépenses liées à l’amélioration des plantes. D’autres secrétaires assuraient d’autres services.

Avez-vous des choses

à exprimer concernant l’évolution de la recherche ?

J’ai vécu l’évolution de la recherche au travers des contrats divers, des factures, des bons de commandes, par la multi- plication d’achats de matériels de plus en plus spécifiques (pipettes, produits chimiques...) et techniques des labo- ratoires de plus en plus spécialisées.

Pierroton/secrétariat/amélioration des plantes/comptabilité/

administration/ domaine expérimental

ITEMS

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