D. SAUVANT - J.P. DULPHY
Brigitte MICHALET-DOREAU
INRA - INA - PG
Station de Nutrition et Alimentation 16, rue Claude-Bernard
75231 Paris Cedex 05
*INRA Station de Nutrition des Herbivores
Theix 63122
Saint-Genès-Champanelle
Le concept d’indice
de fibrosité des aliments des ruminants
La fibrosité de la ration de l’animal ruminant est
unecaractéristique
connue
depuis longtemps
enraison de
sesimplications pathologiques et zootechniques. L’évolution de l’élevage, des vaches laitières
enparticulier,
se
traduit par
unepréoccupation de plus
enplus fréquente de la fibrosité des rations bien qu’aucune
mesureobjective et standardisée n’existe pour la caractériser. Dans
cecontexte, il
aparu utile de faire le point de la
connaissance
surle concept de fibrosité et des conséquences pratiques
à
entirer.
L’impact
des quotas laitiers setraduit,
enFrance
plus
que dans les autres pays de la CEE, par un accroissement des niveaux individuels deproduction
laitière desvaches,
associé à une baisse de leur nombre(CNIEL 1989).
Une telleévolution nécessite non seulement d’améliorer la
précision
des différentssystèmes
d’unités«
hygiéniques » (Journet 1988)
aptes à minimi-ser les
risques pathologiques
individuels et à mieuxpérenniser
lecapital
animal individuel.L’augmentation
despotentiels
deproduction
est
accompagnée
par un apport accru de four- ragesjeunes
et/ou hachés et d’aliments concentrés et, de cefait,
une baisse de fibrosité de la ration. Lafibrosité, classiquement
consi-dérée comme un indicateur
important
de lavaleur
hygiénique
d’une ration(Journet 1988),
aune
signification concrète ;
par contre, il est actuellement difficile de l’associer à des carac-téristiques
facilement mesurables en routine dans des conditions de laboratoirepuisqu’elle dépend
notamment de la taille desparticules
alimentaires et de la teneur en
parois
cellulaires des alimentsingérés.
Ce faitexplique
l’insuffi-sance des critères tels que la
proportion
defourrages
ou la teneur en cellulose brute ou enparois
cellulaires d’unrégime, qui
sontparfois
utilisés comme critère
unique
d’estimation de la fibrosité.1 / Définition et signification physiologique de l’indice de fibrosité
Devant l’absence de critères
analytiques
per- tinentsappliqués
auxaliments,
des recherchesse sont orientées vers la mesure in vivo de para- mètres traduisant le travail masticatoire de l’animal.
1.
1
/ Définition
Balch
(1971)
aproposé
d’utiliser la durée de mastication(= ingestion
+rumination)
pour caractériser la nature et surtout laprésentation physique
d’un aliment ou d’une ration. Ce concept a étérepris
par Sudweeks et al(1979, 1981) qui
ontcombiné,
selon différentes pro-portions,
des alimentsgrossiers
et des concen-trés de nature variée pour définir une échelle de durées de
mastications/kilogramme
dematière sèche
ingérée (MSI)
d’aliment. Cette durée de mastication estgénéralement appelée
Indice de Fibrosité
(IF).
Leconcept
d’IF aégale-
ment été
repris
parNorgaard (1983)
etappliqué
dans les tables danoises de valeurs des ali- ments. Sur la base des valeurs d’Indice de Fibrosité
(IFi)
d’un ensemble d’aliments i, il estRésumé
_________________________L’indice de fibrosité
(IF)
des aliments et des rations estégal
aux duréesd’inges-
tion et de rumination par
kg
de matière sèche(mn/kg MS).
Une baisse de la valeur IF d’unrégime
se traduit par une moindre motricité ruminale et sécrétionsalivaire,
elle est en outre associée à une baisse de tauxbutyreux
du lait et à unaccroissement des
risques
depathologie digestive.
Les valeurs IF des aliments s’échelonnent suivant unlarge
éventail(0
à 250mn/kg MS).
Dans l’état actuel des connaissancespubliées,
leconcept
d’IFpeut
être utilisé commeindicateur,
mais il ne peut pas être considéré comme une unité d’alimentation.
théoriquement possible
decalculer,
parpondé-
ration, la valeur de l’IFr durégime (IFr)
les regroupant :avec :
pi = Proportion
de MS durégime
occu-pée
par l’aliment i(5° pi = 1)
MAST = Durée de mastication
(mn/j)
MSli =
Quantité
de matière sècheingérée
de l’aliment i(kg/j). ).
Cette méthode suppose l’additivité des durées de mastication des différents
ingré-
dients d’unrégime.
Cettehypothèse
est discu-tée
plus
loin.1.
2 / Signification physiologique
Les incidences
pathologiques (acidose,
para-kératose, fourbure,
abcès dufoie...)
associées à des rations insuffisamment fibreuses ont étéfréquemment évoquées depuis plusieurs
décen-nies. Ce n’est que
plus
récemment que l’IF a été mis en relation avec différentescaractéristiques physiologiques
ouzootechniques :
- la durée
journalière
de mastication(MAST) qui
est unparamètre
déterminant del’impor-
tance du travail de réduction de la taille des
particules.
AinsiNorgaard (1981)
a établi unerelation entre la MAST
(mn/j)
et l’indice de fibrosité(IF, mn/kg MS)
MAST = 404 + 9,12 IF - 0,0245 IFZ2
La non linéarité entre IF et MAST avait
déjà
été observée par
Dulphy
et al(1979)
sur mou-tons, elle
traduit,
au moins enpartie
l’existence d’une limite maximale de la MAST. Par contre, àpartir
de mesures effectuées sur des vachesen lactation
ingérant
des rations mixtes(tableau 1),
nous n’avons pas obtenu d’effetquadratique significatif
MAST = 316,3 + 10,77 IF(n
= 50, R = 0,81, ETR = 79,6mn)
Ces deux relations
indiquent
que la durée de mastication s’accroît en moyenne d’environ 10mn/j lorsque
l’IF augmente de 1mn/kg
MS.- la
fréquence
des contractions ruminales(tableau 2). Norgaard (M81)
a calculé une rela-tion moyenne
qui
associe la motricité ruminale(MR, contractions/mn)
et la durée de mastica- tion(MAST, mn/j)
MR = 0,77 + 0,001 MAST
- la comminution des
particules qui
condi-tionne leur passage dans la suite du tube
diges-
tif
(Ulyatt
et al 1984, Baumont1988).
- le transit des contenus
digestifs.
Les résultatsde Woodford et al
(1986)
et de Woodford etMurphy (1988,
tableau3) indiquent
que le tauxde renouvellement des
particules
et duliquide
du réticulo-rumen diminue
significativement lorsque
lesfourrages
de la ration sont finementhachés ou
remplacés
par despellets.
Ces résul-tats sont à
rapprocher
de ceux de Poncet et a](1987)
montrant que le taux de renouvellement ruminal du foin et du concentré d’une ration estplus
lentlorsque
laproportion
d’alimentsconcentrés augmente.
- la sécrétion salivaire. Cette sécrétion est conti-
nue et
présente
une valeur basale au cours durepos de 20 à 70
ml/mn.
Elle s’intensifielarge-
ment
pendant l’ingestion (150
à 200ml/mn)
etsurtout la rumination
(250
à 300ml/mn,
Erd-man
1988).
Enconséquence,
la durée de masti- cation est le déterminant essentiel des varia- tions desquantités
de salive entrant dans le réticulo-rumen.Norgaard (1983)
a d’ailleursproposé
une relation entre la sécrétion salivaire(SS, 1/j)
et la duréejournalière
de mastication(MAST, mn/j)
SS = 30 + 0,20 MAST
D’après
cetterelation,
la sécrétion salivaire basale est de 21ml/mn
et devientégale
à 200La
fibrosité
d’une ration est associée àun ensemble de
caractéristiques physiologiques importantes du
ruminant. t.
ml/mn,
enpériode
de mastication. Cet apport de salivejoue
un rôleindispensable
dans lebon déroulement de la
digestion
dans le réti-culo-rumen :
a par la fourniture des substances tampons
qui
tendent à maintenir lepH
à l’intérieur d’une fourchette de valeurs permettant un bon déve-loppement
desmicro-organismes (tableau
3 etErdman
1988),
a par sa relation avec le renouvellement de la
phase liquide
du rumen(tableau 3).
On consi-dère que celui-ci doit être suffisant
( >
8%/h)
pour ne pas
handicaper
laprolifération
micro-bienne,
e par le
recyclage
d’urée dont la teneur dans la salive est liée à celle du sang.e par différents mécanismes intermédiaires
digestifs
etmétaboliques partiellement
connus,l’IF de la ration est relié à la valeur du taux
butyreux (TB)
du lait. Lafigure
1, établie à par- tir de donnéespubliées indique
que, pour des valeurs d’IFr inférieures à 40mn/kg
MS, unerelation
positive systématique
associe lesvaleurs de TB et d’IFr : le TB chute en moyenne de 3
g/1
pour une baisse d’IF de 10mn/kg
MS.2 / Les valeurs d’indice de fibrosité des aliments
et des régimes
2.
1 / Les fourrages
La
figure
2 rapporte les durées de mastica- tion desprincipaux
aliments testés par Sud- weeks et al(1979, 1981).
Cette échelle a étécomplétée
parquelques
valeurs obtenues à l’INRA(Rémond 1978)
ou citées dans la biblio-graphie.
Les valeurs d’IF desfourrages
sont,d’après
cesrésultats,
nettementplus impor-
tantes et
plus dispersées
que celles des ali- ments concentrés. Parconséquent,
la valeurd’IF d’une ration
dépend
enpratique
trèslarge-
ment de sa
proportion
defourrage
et de lavaleur IF de ce dernier.
Il
n’y
aglobalement qu’une
faible relationentre les valeurs IF et les teneurs en cellulose brute
(CB)
desfourrages (figure 3). Cependant, Norgaard (1983)
aproposé
d’utiliser trois rela- tions moyennes entre les valeurs IF et lesteneurs en CB
applicables
à l’intérieur d’unecatégorie
defourrage distinguée
par la taille moyenne de ses brins(tableau
4,figure 3).
Cesrelations attribuent 0,75, 2,25 ou 3 mn de mas-
tication par
kg
de MS et parpoint
p 100 de CB selon lacatégorie
defourrage,
elles sont actuel-lement utilisées dans les tables danoises. La taille des brins n’est
cependant
pas le seul cri- tère déterminant de la valeur IF desfourrages ;
ainsi le traitement à la soude de la
paille
réduitfortement sa durée de mastication par
kg
deMS
(Teller
et al1990).
2.
2 / Les régimes mixtes
A
partir
des données du tableau 1rapportant
des résultats obtenus à l’INRA(Dulphy
nonpublié,
Rémond1978),
ou dans lalittérature,
sur
l’ingestion
et la mastication de vaches lai- tières recevant desrégimes
mixtesingérés
à rai-son de
plus
de 12kg MSI/j,
on a calculé lesparamètres statistiques
des différentes caracté-ristiques d’ingestion,
de mastication et de com-position
des rationsrapportées
au tableau 5.Les niveaux de MSI sont
compris
entre 12,8 et 25,9kg/j
et les valeurs de l’IFr entre 21,0 et 75,2mn/kg
MSI, la teneur en cellulose brute est peu liée à l’IFr durégime ingéré (R
+ + 0,50, P < 0,05, 1,82 mn parpoint
deCB %
MSI)
confirmant ainsi le faible intérêt dece critère
analytique
pour évaluer la fibrosité d’unrégime.
Le tableau 6 des coefficients de corrélation permet de confirmer l’étroitesse des relations entre les critères de durée de mastica- tionpremière, mérycique
ou totaleexprimés
par
jour
ou parkg
MSI. Ces différents critères sontnégativement
etsignificativement
corrélésaux
quantités
de MSI totale ou de concentrésingérées,
et auxproportions
de concentré(PC)
ou de concentré +
pulpes
de betteraves. Enfait,
il est nécessaire de chercher à dissocier dans les relations les effetsspécifiques
des niveauxde MSI et de la
proportion
PCqui
sontsignifi-
cativement corrélés
(R
= + 0,62, P <0,05).
Apartir
de l’ensemble des donnéesrassemblées,
ils ne peuvent pas être dissociés vis-à-vis de leur effet sur la duréequotidienne d’ingestion (DIT, mn / j).
Par contre, les duréesquoti-
diennes de rumination(RUT,
mn /j).
RUT = 615,6 - 5,77 MSI - 187,8 PC
(3) (± 3,66) (± 58,7)
(n
= 50, R = 0,64, ETR68,7)
et de mastication
(MAST,
mn /j)
MAST = 1140,9 - 9,68 MSI - 438,2 PC
(4) (n
-- 50, R = 0,66, ETR =137,5)
sont
significativement
diminuées et defaçon
distincte par un accroissement del’ingestion
deMS et de la
proportion
de concentrés. Il en est de même pour la valeur IFr de la ration : IFr = 104,3 - 2,41 MSI - 0,278 PC(5)
(± 0,41) (± 0,068)
(n
= 50, R = 0,87, ETR= 7,5 mn) D’après
cette relation, la valeur IFr diminue de 2,41 mn(de
1,59 à 3,23mn) lorsque
la MSI augmente de 1kg
et de 2,78 mn(de
1,42 à4,14
mn) lorsque
laproportion
de concentrécroît de 10 %. Une relation inverse entre le niveau de MSI et la valeur IF d’une même ration a
déjà
été observée par Coulon(1981)
etFaverdin
(1985)
sur vaches et parFaichney (1984)
sur moutons. Dans un même ordre derésultats, Dulphy
et al 1979 ontindiqué qu’un
accroissement de 1
kg
de laproduction
laitièrese traduisait par une baisse moyenne de 1 mn
de l’IF du même
régime.
Enréalité,
l’influence du niveau de MSI n’est pas linéaireIF= 205,43-13,45 MSI+ 0,273 MSI!-0,216 PC
(6) (n
= 50, R = 0,90, ETR =6,82)
ce
qui
montre que les valeurs IF d’un même ali-ment ne sont pas constantes et que les IF ne
sont pas des unités additives.
D’après
cette rela- tion, un accroissement de la MSI entraîne unebaisse
marginale
d’IFr variable selon le niveau de MSI considéré : elle estrespectivement
de 6,90, 5,26, 2,53 et =0 mn/kg
MS pour 12, 15, 20 et 25kg
deMSI/j.
Cette relation(6)
permeten outre de s’attendre à une réduction notable de l’éventail des hiérarchies de valeurs IF des aliments
lorsque
le niveau de MSI s’accroît.L’influence du niveau de MSI sur l’IF indi- que que les animaux à haut niveau de
produc-
tion et
d’ingestion mastiquent
moins leursrations
indépendamment
de laproportion
deconcentré,
cequi
va depair
avec des conditionsplus
favorables à l’acidose latente. D’autrepart,
étant donné la relation interindividuelle inverse
qui
associe la durée du transit et la MSI, déter-minée par le niveau de
production
delait, (Sha-
ver et al 1986 ;
Najar
et al1986),
ilapparaît
enconséquence
que la sélectivité de l’orifice réti- culo omasal(Baumont 1988)
doit vraisembla- blement être moindre pour les animaux à niveau élevé deproduction
et de MSI.Deswy-
sen et al
(1984)
ont d’ailleurs observé que laproportion
de grossesparticules
retrouvéesdans les fèces
augmentait
pour un mêmerégime
avec le niveau de MSI.Ces différents résultats montrent
qu’il
estnécessaire de tenir compte du niveau de MSI
pour
pouvoir
comparer les valeurs d’IF et ilparaît
dans ce butopportun
de serapporter
auxcaractéristiques
de l’animal standard du sys- tème des UE(Dulphy
et al1987).
La teneur en
cellulose brute des aliments ou
des
rations n’est que médiocrement liée àson indice de fibrosité.
La
fibrosité d’un régime dépend
d’abord
de laproportion
etde
lafibrosité du fourrage,
mais elleest
également
influencée par le niveau total
d’ingestion
dematière sèche.
Les données
expérimentales
du tableau 1permettent
d’autrepart
d’estimer à l’aide du modèled’ajustement (2)
les valeurs IF moyennes des aliments utilisés au sein de cesrations mixtes. Le tableau 7 regroupe les
princi-
paux résultats
obtenus,
il en ressort un « tasse- ment » notable des échelles de valeur IF des ali- ments parrapport
à lafigure
2 : les foins depré
et
l’ensilage
d’herbe se situent, à un extrême,vers 65
mn/kg
MSI et le concentré, àl’opposé,
vers 32
mn/kg
MSI. Ce tassementprovient
enparticulier
de l’influencenégative
et non linéaire du niveau de MSI sur l’IF Lesgrami-
nées
présentent
en moyenne des valeurs IFsupérieures
deplus
de 20 mn à laluzerne,
l’en-silage
de maïs occupant uneposition
intermé- diaire entre les deux. Un effetsignificatif,
lié àla source
expérimentale
et/ou autype
de four-rage ou de
concentré, apparaît
dans la variation résiduelle del’équation
deprévision
desvaleurs IF. Cet effet peut être
également
causépar des différences dans la méthode de mesure
du comportement alimentaire des animaux.
Le même modèle
d’ajustement appliqué
auxindices
d’ingestion (IIN)
et de rumination(IRU) indique
que ces derniers sontglobalement
mieux
expliquées
par les alimentsingérés (tableau 7).
Par contre, mis à part le concentré, les variations des duréesd’ingestion
sontplus importantes
que celles de la rumination. Les données du tableau 7 permettentégalement
deconstater que les différences de valeurs IF moyennes des aliments considérés sont
plus
liées à celles des indices
d’ingestion
que de rumination.2.
3
/ Les aliments concentrés
A notre connaissance, aucune étude n’a
cherché,
à cejour,
àreprendre l’approche
sys-tématique
de Sudmeeks et al(1981)
pour déter- miner les valeurs d’IF des aliments concentrés lesplus
utilisés dans l’alimentation des rumi- nants. En outre, les donnéespubliées
defaçon éparse
sur laquestion
laissentapparaître
des contradictionssusceptibles
d’aboutir à des dif-férences non
négligeables
de valeur d’Indice de Fibrosité d’unrégime
riche en concentrés. Unegrande prudence
doit donc êtreappliquée
dansla
manipulation
de ces valeurs chiffrées.Des preuves
expérimentales
des différences d’IF entre concentrés existent. Ainsi dans untravail réalisé sur moutons, Guérin et
Dulphy (1984)
ont calculé les durées de mastication derégimes
ayant des niveauxd’apport
variablesde maïs
grain
et depulpes
de betteraves. Lareprise
parrégression multiple
des résultats obtenus avec 10régimes
en combinant des niveaux variables de foin et de ces deux ali-ments a
permis
de calculer que la duréequoti-
dienne de mastication s’accroît de :18,1 mn/24h par g de MSI de
foin/kg p&dquo;r’
’’ .4,3 mn/24h par g de MSI de
maïs/kg p&dquo;7 e
2,6
mn/24h
par g de MSI depulpes/kg pli&dquo;
7Le maïs entraînerait donc chez le mouton une durée de mastication
légèrement plus importante
que lapulpe
de betterave en rela- tionpossible
avec desphénomènes
d’interac-tion
digestive plus marqués
pour le maïs.Le tableau 8
rapporte
l’éventail des valeurs d’IFproposées
par Sudweeks et al(1981)
pour les aliments concentrés : de 0 à 37mn/kg
deMSI. Les tables danoises sont moins nuancées
puisqu’elles
attribuent une valeur d’IF de 4 mn/kg
MS à tous les aliments concentrésexcepté
les valeurs de 10mn/kg
MS pour les drêc:hes debrasserie,
25mn/kg
MS pour lespulpes , d’agrumes
et 30mn/kg
MS pour lespulpes
debetteraves
déshydratées,
Ces dernières valeurs sontproches
de celles que l’on obtient pour le concentré(32,7
mn, tableau7)
parl’interpréta-
tion des données du tableau 1.
Rappelons
quel’équation (6) indique
que cette valeur IF moyenne du concentré varie selon le niveau de MSI. Elle est ainsi de 43, 24 et 18mn/kg
MSIpour des niveaux
respectifs
de MSI de 15, 20 et 25kg/j.
Les valeurs IF des différents concentrés
publiées
ont été reliées à la teneurprobable
enparois
cellulaires(INRA 1988)
de ces aliments(figure 4).
Ladisposition
despoints
dans cettefigure
4indique qu’il
n’est paspossible
depré-
voir actuellement
précisément
les valeurs d’IF des aliments concentrés issus d’un traitementphysique comparable
à l’aide d’un critère liéaux constituants
pariétaux. Néanmoins,
il sem-ble que les aliments concentrés riches en
parois
cellulaires
présentent
des valeurs d’IFplus importantes
que les autres, le coefficient deproportionnalité
étant de l’ordre de 5 mn d’IF pour 10 % deparois
cellulaires. A propos de laprévision
des valeurs d’IF des concentrés, il estLes
données
actuellement tdisponibles
ne epermettent
pas de mettre aupoint
unsystème précis
d’indice
de
fibrosité.probable
que destechniques
telles que lamesure du rendement d’un
broyeur
ou del’énergie
nécessaire aubroyage, déjà proposées
il y aplus
de 20 ans pour lesfourrages (Che-
nost
1966), pourraient
fournir des informationssimples,
mais très utiles.3 / Quelle recommandation minimale d’IF ?
La valeur ou le besoin minimal d’IF à retenir pour un type d’animal donné demandent à être
précisés.
Pour la vachelaitière,
la valeur de 30mn/kg
MS a étéproposée
par les chercheurs danois(Norgaard 1986)
sans toutefoispréciser
s’il
s’agissait
d’une limite stricte ou d’un ordre degrandeur.
Lafigure
1plaide
pour ce dernierpoint
de vue car le TB ne révèle pas de « sautde variation
» lorsque
la valeur d’IF d’une ration est inférieure à 40mn/kg
MS. En outre,il serait nécessaire de
préciser
la relation entre la valeur IF durégime
et sesrisques
d’inci- dencepathologiques.
Si une valeur minimale à recommander d’IFr étaitadmise,
les relations(5)
ou(6) permettraient
deconnaître,
pour dif- férents niveauxd’ingestion
de MSI, la valeurmaximale de la
proportion
de concentré à ne pasdépasser
dans lerégime.
D’autre part, aucune recommandation de ce
type n’a encore été faite à notre connaissance pour des ovins et des
caprins
sachant que, pourune même ration, les
petits
ruminants nepré-
sentent pas les mêmes durées de mastication que les bovins
(Embrecht
etDeswysen
1990 ;Dulphy
et al1990). Enfin,
pour une même ration et un même typed’animal,
il convient designaler
l’existence de variations individuellesmarquées (Faverdin 1985) qui
sont, enpartie
au moins, déterminéesgénétiquement (Amouche
et
Desm T ysen 1990).
Ces différents aspects, ainsique d’autres facteurs
susceptibles
d’interféreravec le concept
d’IF,
ont été récemment déve-loppés
par Deboever et al(1990).
4 / Quels inconvénients
a unedurée de mastication excessive ?
Il est assez difficile de cerner des inconvé- nients
spécifiques
d’une durée excessive de mastication. La seuleapproche
réalisée à cepropos nous
paraît
être le travail du groupe de Cornell. Van Soest et al(1984)
ont en effet cher- ché àappliquer
des coefficients de réduction de la valeurénergétique («
discountfactors ») J
individualisés pour
chaque
matièrepremière
pour tenir compte,
d’après
ces auteurs, de ladépression
de la valeur alimentaire avecl’aug-
mentation du niveau
d’ingestion
liée au travailde mastication par son rôle :
- d’accroissement de
l’extra-chaleur,
- d’accélération du transit
permis
par une réductionplus
efficace de la taille desparti-
cules.L’équation
deprédiction proposée
pour obte- nir le coefficient de réduction(CR)
est :CR = 0,033 + 0,132 NDF - 0,033 TDNm
avec NDF : la teneur en
parois
cellulaires(en
% de laMS)
TDNm : la valeur TDN, en
%,
mesuréeà l’entretien.
Ce coefficient de réduction
s’applique
à lavaleur TDN de l’aliment en fonction du niveau de
production (NP)
TDNnp
= TDNm -(NP - 1) (CR
xTDNm/100)
Cette
équation
accorde unpoids dépressif important
à laparoi
cellulaire. L’idéed’appli-
quer des coefficients correcteurs individualisés pour les aliments
paraît
êtreintéressante ; cependant,
les mécanismesévoqués
et les valeursproposées
de CR demandent à êtreexpérimentalement
démontrés.5 / La relation entre les valeurs UE et IF des aliments
Il est
logique
de penserqu’une
relationposi-
tive associe les valeurs d’encombrement
(UE)
etles indices de fibrosité des
fourrages.
Lafigure
5, établie pour
quelques
aliments àpartir
des tables danoises et INRA 1988, confirme le sensde cette
relation,
maispermet également d’ap- précier
son manque deprécision ;
en outre, ilapparaît
que, pour l’ensemble desfourrages
verts
classiques,
la variation d’IF par UEL serait bienplus importante
que ne le laisse penser la relationgénérale (=
450mn / UEL vs =150mn /
UEL).
La relation moyenneapproxima-
tive
IF = 150 UEL - 75
permet
de passer d’une échelle de valeurs à l’autre à condition d’attribuer une valeur fixeaux aliments concentrés
(0,50
< UEL <0,70).
Elle permet, par
exemple,
de vérifier que la recommandation IF > 30mn/kg
MS, citéeplus haut, correspond
à une valeurUEL/kg
MS de laration > 0,70, limite
proposée
parJournet (1988).
Conclusion
L’indice de fibrosité semble être, dans l’état actuel des connaissances, le meilleur critère
synthétique
pour évaluerl’importance
du tra-vail masticatoire d’un ruminant et des
régula-
tions
physiologiques digestives qui
lui sontassociées. Plusieurs essais ont démontré l’in- fluence
prépondérante
desfourrages
sur le tra-vail de mastication nécessité par une ration et
les
quelques
mesuresspécifiques
d’Indice de Fibrosité effectuéesjusqu’alors
permettent d’avoir un ordre d’idée de l’éventail des valeurs IF desprincipaux
aliments. Ondispose
derésultats de mesures de durées de mastication de vaches laitières
placées
dans des conditionsproches
de lapratique.
Les animaux à haut niveau deproduction
etd’ingestion
investi-raient moins de temps à
mastiquer
leur ration,cette tendance est
particulièrement marquée quand
cette durée estexprimée
parkg
de MSI.En
conséquence,
ilapparaît
utile de ne paschoisir les aliments de ces animaux que sur la base de leur concentration en UFL, PDI et UE, mais de chercher à
prendre également
en compte leur valeur IF etpeut-être également
d’autres critères tels que leur
pouvoir
acido-gène intrinsèque (Malestein
et al1984).
Lesdonnées de la littérature permettent
également
de démontrer l’influence de l’IFr sur le TB du lait.
Un autre
acquis important
est la démonstra- tion du fait que la teneur en cellulose brute durégime
ne constitue pas un critère satisfaisant deprédiction
de la durée de mastication des aliments et des rations. Les études lesplus
récentes
publiées
outreAtlantique
ont d’ail-leurs délaissé ce critère au
profit
de la teneuren
paroi cellulaire, appréciée
par le résidu NDF, de la ration.Cependant,
les résultats obtenusavec ce
paramètre
ne sont pas encore suffisam-ment nombreux et concluants pour être inté-
grables
au sein de recommandations.Un
objectif logique
serait de mettre aupoint
un
système d’IF,
l’état actuel des connaissances etl’interprétation
des donnéespubliées
survaches laitières permettent de définir les
princi- pales questions
à aborder dans ce but :- la définition de la
capacité
de mastication des animaux et de ses seuils minimum et maxi- mum,- la définition d’un
protocole
standard demesure
systématique
des IF, basé sur l’utilisa-tion d’un animal de référence en
production (VLS
à 25kg
delait/jour ?),
- la détermination des lois de corrections à
appliquer
pourinterpréter
les données obte-nues avec des animaux ayant des caractéristi- ques différentes du
standard,
-
l’analyse
desphénomènes
d’interactions entre les aliments d’une même ration. Cet aspect et leprécédent
concernent le manque d’additivité des valeurs IF desaliments,
- la
prévision
à l’aide de méthodessimples
etpeu coûteuses des valeurs IF des aliments.
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