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ÉTUDE DES RÉGULATEURS DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES AU POINT DE VUE DE LEUR INFLUENCE SUR LE RENDEMENT GLOBAL DES INSTALLATIONS

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La "littérature technique sur les régulateurs des turbines hydrauliques comporte déjà de nombreuses études et, rien qu'en France, on peut citer de les remarquables travaux de MM. Le.auté, Râteau, liouiin, Barbillioii, Garicl, etc., qui s'occupèrent successivement du problème délicat et passionnant de la régulation de la vitesse des turbines.

Dans ces diverses études, bien que le problème ait été abordé dans toute son ampleur, c'est surtout le rôle fondamental du régulateur qui a été étudié, ce rôle étant de maintenir une vitesse régulière de. la turbine, malgré les variations de la puissance qui lui est demandée.

A côté de ce rôle fondamental, le régulateur est investi d'une fonction accessoire, mais nullement négli- geable. Il est chargé, en effet, de régler la puissance de la turbine lorsqu'elle est couplée électriquement ou méca- niquement avec d'autres machines, et de faire développer par cette turbine une fraction convenable de la puis-

sance totale demandée à l'ensemble.

C'est ce problème secondaire, en apparence seulement, qui a été abordé sommairement dans les travaux antérieurs cités plus haut, que nous voudrions approfondir quelque peu au cours de la présente note.

L'importance pratique de ce problème est indispensable ; les régulateurs des turbines d'un réseau étant chargés de répartir entre les diverses usines la demande de puissance de l'ensemble du réseau, il importe qu'ils remplissent ce rôle de la meilleure façon possible, pour assurer le maximum d'utilisation de l'énergie hydraulique des diverses usines.

Dans cette note, nous examinerons successivement trois éléments distincts du problème :

1° Le rôle des régulateurs dans la répartition optimum de la charge d'un réseau entre les diverses usines.

2° Le rôle des régulateurs dans l'utilisation optimum de l'énergie hydraulique des usines n'ayant pus de réserve.

3° Le rôle des régulateurs dans l'utilisation optimum de l'énergie des usines ayant une réserve hydrau- lique.

I. — Rôle des Régulateurs dans la répartition optimum de la charge d'un réseau entre les différentes usines

Rappelons t o u t d ' a b o r d s o m m a i r e m e n t p a r quel mécanisme les régulateurs de vitesse a s s u r e n t la r é p a r t i t i o n de la charge entre les diverses m a c h i n e s d ' u n réseau.

L e régulateur de vitesse d ' u n groupe électrogène a pour but, en première analyse, de régulariser la vitesse de ce groupe. Quand on examine le problème de plus près, on arrive à une définition plus précise : « L e régulateur d ' u n groupe électrogène a pour mission d'établir e n t r e la vitesse de régime et la puissance une relation w (p) appelée caractéristique de statisme ». Cette caracté- ristique s, représentée p a r la fig. 1, doit être t o m b a n t e vers les fortes charges pour assurer la stabilité de la répartition des charges entre des groupes couplés en parallèle, soit électriquement, so.it mécaniquement, e t astreints ainsi à t o u r n e r à des vitesses rigou- reusement correspondantes.

Fig. 1. Fig. 2

Si nous considérons deux groupes couplés en parallèle et si nous représentons leurs deux caractéristiques de statisme S i et S2, (fig. 2), nous pouvons étudier facilement ce qui se passe lorsque la charge t o t a l e varie.

Considérons une vitesse de régime o.vi imposée a u x deux grou- pes p a r la charge du réseau. Nous voyons, d'après la fig. 2, que les deux groupes développent, p o u r cette vitesse, l'un une puissance

Px d, l ' a u t r e une puissance P2 d; la puissance t o t a l e du réseau est alors :

P d = P l d + ? 2 d

P o u r c e t t e puissance t o t a l e du réseau, nous connaissons donc t o u t e s les conditions de m a r c h e des d e u x groupes, leur vitesse c o m m u n e wa e t leurs puissances respectives Px ( I et P2 d.

E n o p é r a n t de m ê m e p o u r d ' a u t r e s vitesses, nous pouvons établir le g r a p h i q u e de la figure 3 qui donne, pour une charge quelconque du réseau, la vitesse c o m m u n e des groupes, ou plus généralement la fréquence du réseau, et la r é p a r t i t i o n de la charge entre les divers groupes.

Si nous supposons que la charge t o t a l e a u g m e n t e de A P , nous v o y o n s que cette a u g m e n t a t i o n de charge se r é p a r t i t sur les deux groupes en d e u x a u g m e n t a t i o n s A Px e t A P2, l a plus petite, étant celle du groupe 2 d o n t la caractéristique de s t a t i s m e S2 est la plus t o m b a n t e .

Fig. 3

L ' é c a r t e n t r e les vitesses de régime e x t r ê m e définies par la caractéristique de s t a t i s m e s'appelle Décrément de Statisme ou encore Décompensation, e t nous p o u v o n s exprimer, le résultat de n o t r e é t u d e de la figure 3, en é n o n ç a n t ce l e m m e :

Les variations de charge d'un réseau se répartissent entre les

Etude des régulateurs de vitesse des turbines hydrauliques au point de vue de leur influence sur le rendement global des installations

P a r C A Y È R E . Ingénieur A. M. et I. E. G., Ingénieur en chef aux Etablissements Neyrct-Bcylier-Piccard-Piclel.

Article published by SHF and available athttp://www.shf-lhb.orgorhttp://dx.doi.org/10.1051/lhb/1924003

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LA HOUILLE BLANCHE

II

divers groupes générateurs de ce réseau en raison inverse de leur décrément de slatisme.

Nous pouvons donc, en faisant varier le d é c r é m e n t de sfatismc d'un groupe, comme cela est p r é v u d a n s les régulateurs modernes, faire varier l ' a p t i t u d e de ce groupe à participer a u x variations de charge du réseau ; u n s t a t i s m e faible lui faisant p r e n d r e une p a r t importante de ces variations de charge, u n statisme i m p o r t a n t lui laissant au contraire une charge à peu près c o n s t a n t e .

Or, dans les diverses usines d ' u n réseau, on p e u t considérer deux catégories d'usines hydrauliques. Les premières sont les usines sans a c c u m u l a t i o n dans lesquelles on dispose d'une puissance h y d r a u l i q u e i n d é p e n d a n t e de la charge du réseau, et (¡ui demande à être utilisée i n t é g r a l e m e n t sous peine d ' ê t r e perdue.

Lcv groupes de ces usines devront donc avoir un décrément de sta- /is/ne important (5 à 6 %) afin de m a r c h e r à puissance constante, cette puissance é t a n t d ' a u t r e p a r t ajustée d ' a p r è s la puissance hydraulique de la c h u t e .

Sola. — Nous croyons devoir faire r e m a r q u e r que la présente et ude envisage seulement la r é p a r t i t i o n des v a r i a t i o n s de charge eu régime établi. P e n d a n t les p e r t u r b a t i o n s en effet, la répartition des variations de charge est déterminée p a r d ' a u t r e s éléments, en particulier l'inertie des groupes e t les durées de m a n œ u v r e des régulateurs ; nous n ' a b o r d e r o n s p a s cette question spéciale, nous contentant de la signaler.

Il Rôle des Régulateurs dans l'utilisation optimum de l'énergie hydraulique des usines n'ayant pas de réserve

Dans cette catégorie d'usines, qui c o m p r e n d la p l u p a r t des usines de basses c h u t e s e t u n g r a n d n o m b r e d'usines de chutes moyennes, on dispose d ' u n débit qui doit être e n t i è r e m e n t utilisé dans les t u r b i n e s sous peine d ' ê t r e p e r d u .

Ce débit peut être variable au cours de la journée, p o u r diverses causes dont les principales sont :

Io Les variations de débit des usines situées en a m o n t et possé- dant une réserve, usines qui s o n t amenées à faire les pointes et fonctionnent ainsi à charge variable ;

2° Les diverses servitudes d'irrigation ou de navigation, qui peuvent absorber u n d é b i t variable au cours de la journée ;

3° Les v a r i a t i o n s naturelles du débit des affluents alimentés par des glaciers d o n t le débit d i u r n e est sensiblement supérieur au débit n o c t u r n e ;

Le critérium du f o n c t i o n n e m e n t o p t i m u m d ' u n e telle usine est évidemment d'utiliser t o u l le débit d a n s les t u r b i n e s et d'utiliser

tout le débit avec le m a x i m u m de c h u t e .

Cette double condition se t r o u v e remplie si le niveau a m o n t est maintenu d a n s le voisinage du niveau du déversoir du bar- rage, légèrement au-dessous p o u r éviter t o u t e p e r t e d'eau par ce déversoir, mais t r è s peu au-dessous p o u r n e p a s perdre une fraction de la c h u t e .

H faut donc c o n s t a m m e n t régler le débit absorbé et. la puis- sance développée p a r les turbines p o u r m a i n t e n i r le niveau amont.

;i cette cote, cl cela, d ' u n e p a r t malgré les v a r i a t i o n s du débit de la rivière et d ' a u t r e p a r t malgré, les v a r i a t i o n s de la puissance demandée p a r le réseau.

Le maintien de ce niveau o p t i m u m p e u t être assuré p a r l e per- sonnel de l'usine i n t e r v e n a n t à c h a q u e i n s t a n t p o u r régler conve- nablement la puissance débitée p a r les turbines.

On conçoit facilement q u e ce réglage d e m a n d e de l'attention

e t de l'habileté, e t il y a é v i d e m m e n t i n t é r ê t à le rendre automa- tique, Pour cela, il suffit d'adjoindre a u x régulateurs de l'usine des organes m e t t a n t les mécanismes de répartition des charges

sous la"dépendance du niveau a m o n t . Les régulateurs de vitesse d e v i e n n e n t ainsi des régulateurs de niveau a m o n t , sans cesser d'ailleurs de jouer leur rôle de régulateurs de vitesse.

N o u s allons examiner r a p i d e m e n t les différents t y p e s de régu- l a t e u r s de niveau qui p e u v e n t être adjoints a u x régulateurs de vitesse.

On p e u t considérer deux grandes classes de ces appareils ; c e u x à action directe e t ceux à action indirecte.

A . — RÉGULATEURS D E NIVEAU A ACTION DIRECTE

Le t y p e le plus simple de ces appareils est celui c o u r a m m e n t réalisé dans les basses chutes, lorsque le r é g u l a t e u r se t r o u v e au voisinage i m m é d i a t de la c h a m b r e d'eau.

Fig. 4

U n flotteur, installé dans la c h a m b r e d'eau, suit les variations du niveau a n ï o n t et agit p a r u n système de leviers sur l'organe du régulateur, qui règle la puissance débitée p a r la t u r b i n e sur te réseau (fig. 4).

L e déplacement de cet organe qui, dans la fig. 4, est le point d'articulation de la timonerie du régulateur, se t r a d u i t p a r u n e t r a n s l a t i o n de la caractéristique de statisme S de la t u r b i n e (fig. 5).

N o u s avons représenté dans la fig. 5, d une p a r t la caractéris- t i q u e de statisme S de la t u r b i n e , d ' a u t r e p a r t la caractéristique de s t a t i s m e E de l'ensemble des a u t r e s groupes du réseau. N o u s avons supposé, pour simplifier les raisonnements, que cette caractéristique E est sensiblement horizontale, c'est-à-dire q u e l'ensemble des a u t r e s groupes du réseau a un statisme faible.

Pig- 3 Fig. 6

Avec cette hypothèse simplificatrice, qui revient à dire q u e la fréquence d u réseau est i n d é p e n d a n t e de la charge, on voit p a r la figure 5 que la puissance développée p a r la t u r b i n e d é p e n d u n i q u e m e n t de la position de la caractéristique S de s t a t i s m e . P o u r la position Sl t correspondant au niveau m a x i m u m , la t u r b i n e fonctionne à pleine c h a r g e ; pour la position S2, c o r r e s p o n d a n t a u niveau minimum, la turbine marche à vide.

L e débit de la t u r b i n e passe d o n c de zéro au m a x i m u m , q u a n d le niveau passe de Na à N j (fig. 6).

E x a m i n o n s m a i n t e n a n t ce qui se passe lorsqu'il se p r o d u i t une variation b r u s q u e du débit de la rivière. A u n i n s t a n t initial (fig. 7), le débit de la rivière est Q0, le niveau est N0 e t le débit de la t u r b i n e est qQ — Q0.

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Supposons que le débit de la rivière diminue b r u s q u e m e n t et passe de Q0 à Q', p a r suite d ' u n e baisse de charge d a n s une usine a m o n t p a r exemple. Le niveau va d'abord baisser à une allure :

rfX

~dt

Q„ (Y

Il é t a n t la surface de la nappe d'eau a m o n t , barrage, canal d'amenée, c h a m b r e d'eau.

Cette baisse de niveau agit, par l'intermédiaire du flotteur et du régulateur, sur le débit q de la turbine.

s t a i .

D a n s certaines installations, la distance entre la chambre, d'eau et la salle des machines empêche d'utiliser une tvinglerio. méca- nique p o u r relier le flotteur au r é g u l a t e u r de vitesse ; on peut alors employer divers systèmes de transmission, p a r exemple la Iransmission pneumatique, fig. 8, e t la transmission éleclro-maqné.

tique, fig. 9.

A un i n s t a n t quelconque, la loi de variation du niveau a m o n t est donnée p a r :

</X Q' — h dl ~

Prenons comme origine des niveaux le niveau m i n i m u m N2, il vient (voir fig. 6) :

X d'où

'/ — 7max

dN Q! ch

N, N dt 0 O X i équation qui a d m e t pour solution générale

<?m;ix Au tcrn])s / = 0, on a

'/max

Qmax ï m a x

Au temps / == on a

X . X,

_Q1

9ma\- N '

Ce qui m o n t r e que le niveau p a r t de la valeur X0 correspondant au débit initial, pour suivre une loi exponentielle de variation en fonction du t e m p s et se rapprocher du niveau N ' correspon- d a n t au nouveau débit, et l'atteindre au bout d'un temps théo- r i q u e m e n t infini, et p r a t i q u e m e n t d ' a u t a n t plus court que qmax est plus g r a n d et que Q et N \ sont plus petits.

On voit ainsi que le fonctionnement d'un régulateur de niveau à action directe est tout à fait stable et que le passage d'un niveau de régime à un autre se fait sans oscillations.

.11 est du reste intéressant de remarquer qu'il y a analogie complète entre les équations de fonctionnement d'un régulateur de niveau à action directe e t les équations qui p e r m e t t e n t d'étu- dier, en régime troublé, le fonctionnement d'un groupe électrogène, muni d'un régulateur de, vitesse à action directe.

La surface il de la retenue a m o n t tient la place du m o m e n t d'inertie, le niveau joue le rôle de la vitesse, les débits de la rivière e t de la t u r b i n e j o u e n t le rôle du couple m o t e u r e t du couple résistant dans les équations de la régulation de vitesse.

D a n s la première, il n ' y a p l u s ' d e flolteur; un p e t i t compres- seur d'air A refoule de l'air dans une canalisation dont une e x t r é m i t é débouche en B dans la c h a m b r e d'eau, et l'autre extré- mité est reliée en C à un m a n o m è t r e agissant sur le régulateur de vitesse, p o u r déplacer la caractéristique de stafisme,

La pression de l'air dans la canalisation dépend du niveau dans la c h a m b r é d'eau, car elle est sensiblement égale à la bailleur de l'eau au-dessus d u p o i n t d'évacuation B de la canalisation. Les indications du m a n o m è t r e s u i v e n t donc e x a c t e m e n t les variations du niveau a m o n t , et il y a encore une. relation bien définie entre, ce niveau et la position de la caractéristique de slatismc du régu- lateur.

l-'ii:. 9

D a n s la transmission électromagnétique (fig. 9), Je même ré- s u l t a t est obtenu en faisant agir un flotteur C placé d a n s la cham- bre d'eau sur un r h é o s t a t R r é g l a n t l'intensité du courant d'un électro-aimant A m o n t é sur le régulateur. D a n s la figure 9, nous a v o n s représenté cet électro sur la tige cpii relie la timonerie à la s o u p a p e de distribution. Cette fige est extensible, ehVuuul à se c o n t r a c t e r sous l'action de l'électro A e t à s'allonger sous l'action d ' u n ressort a n t a g o n i s t e B . Q u a n d le niveau moule,il diminue la résistance du r h é o s t a t , l'intensité d a n s l'électro a u g m e n t e , ce qui a u g m e n t e l'effort de l'électro e t raccourci1' la tige de s o u p a p e . Cette manœuvre, a p o u r effet de remonter la caractéristique de statisme et de faire o u v r i r la turbino.

B . — RÉGULATEURS D E N I V E A U A ACTION INDIRECTE

Les systèmes de régulateurs de niveau à action directe quenoas venons d'étudier sont a v a n t a g e u x , à cause de, leur simpliol*

e t de leur stabilité de f o n c t i o n n e m e n t .

Ils o n t c e p e n d a n t certains i n c o n v é n i e n t s , généralement tôle- rables, mais qui p e u v e n t parfois être g ê n a n t s .

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LA HOUILLE BLANCHE

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1« Nous avons supposé, d a n s l'étude précédente, que la fré- quence du réseau n e v a r i a i t p a s e t n o u s sommes arrivés à conclure que le. n i v e a u a m o n t d é p e n d a i t u n i q u e m e n t du débit.

En réalité, si la fréquence du réseau varie, le réglage du sys- tème se trouve modifié. Cela oblige à tolérer des variations do niveau r e l a t i v e m e n t i m p o r t a n t e s , q u i p e u v e n t être gênantes si l'on a besoin d ' u n réglage précis du n i v e a u , c o m m e cela peut être le cas pour certaines servitudes de n a v i g a t i o n ou d'irrigation.

2° Pour des raisons de construction et de réalisation des méca- nismes, le déréglage de la caractéristique de s t a t i s m e p a r le flot- teur est généralement limité à u n e v a l e u r assez faible, 4 à 5 % de la vitesse. Si donc le réseau s u b i t u n e forte surcharge produi- sant une baisse de vitesse de plus de 5 % , l'action du flotteur se trouve insuffisante pour empêcher la t u r b i n e d'ouvrir en grand, et il peut en résulter une baisse considérable du niveau amont.

Dans certains cas, cette p a r t i c u l a r i t é est a v a n t a g e u s e , le bief amont s e r v a n t alors de réserve p o u r passer les fortes pointes, et la turbine, a b s o r b a n t ainsi m o m e n t a n é m e n t u n d é b i t supérieur à celui de la rivière, ce q u i n e p o u r r a i t avoir lieu si le régulateur de niveau r e s t a i t en action.

Dans d ' a u t r e s cas, au contraire, c e t t e baisse de niveau est inadmissible.

On p e u t alors avoir i n t é r ê t à employer u n r é g u l a t e u r de niveau à action indirecte, plus délicat comme fonctionnement, mais permettant de réaliser u n réglage de niveau plus précis et indé- pendant de la fréquence du niveau.

Il est facile d ' i m a g i n e r u n régulateur de niveau à action indi- recte agissant sur le r é g u l a t e u r de vitesse d ' u n e t u r b i n e . La fig. 10 fournit le. schéma d ' u n tel appareil ; le flotteur A ferme, dans un sens ou dans l ' a u t r e , le circuit d ' u n p e t i t m o t e u r qui règle la hauteur du p o i n t d ' a r t i c u l a t i o n d e la timonerie du ta chyme tre, et par suite la position de la caractéristique de statisme S dans le plan P (voir fig. 5).

1

1

c

1

1

i . V i i y - W W

Fie. 10

Kn raison de la c o n s t i t u t i o n du m é c a n i s m e , la charge de la turbine est a u g m e n t é e p a r le m o t e u r M q u a n d le niveau est au-dessous d ' u n e v a l e u r N0; elle est diminuée q u a n d il est au- dessous d'une a u t r e v a l e u r Nx, q u i diffère de N0 p a r le jeu qu'on doit laisser dans les i n t e r r u p t e u r s , p o u r p e r m e t t r e les ruptures du courant.

II semble à première, v u e q u ' u n tel dispositif doive maintenir automatiquement le n i v e a u a m o n t e n t r e les limites N0 et N,.

Lu réalité, si l'on é t u d i e le problème, de plus près, on constate

(i"'il y a production d'oscillations à longue période, exactement comme dans la régulation indirecte de la vitesse.

L a fig. 10 p e r m e t de se rendre c o m p t e facilement de la p r o d u c - tion de ces oscillations du niveau a m o n t .

E n a, un régime d'équilibre initial Qst t r o u b l é p a r e u n e . b r u s q u e d i m i n u t i o n du débit de la rivière ; le niveau a m o n t baisse aussitôt à une allure donnée p a r :

dN Q' — Q

dt ' Q

(il é t a n t la surface libre du niveau a m o n t ) .

E n b, le niveau a a t t e i n t la v a l e u r Nf, q u i a c t i o n n e le p e t i t m o t e u r M d a n s le sens de la réduction de la charge.

L e débit de la t u r b i n e diminue donc linéairement s u i v a n t u n e ligne q (t) d o n t l'inclinaison dépend de la vitesse du m o t e u r M, vitesse généralement faible. P e n d a n t ce t e m p s , le niveau continue à baisser, m a i s de plus en plus l e n t e m e n t , car la m a n œ u v r e du m o t e u r M diminue l'écart des débits de la rivière et de la turbine- E n c, les deux débits sont égaux, le niveau cesse de baisser, m a i s c o m m e il est t r o p b a s , le m o t e u r M continue à réduire la charge de la t u r b i n e e t le débit de celle-ci continue à diminuer. Il devient ainsi inférieur a u débit de la rivière, et le niveau a m o n t r e m o n t e . E n d, le niveau repasse à la valeur Nf e t le m o t e u r M s'arrête, m a i s c o m m e le débit de la t u r b i n e est à ce m o m e n t devenu infé- rieur à celui de la rivière, le niveau continue à m o n t e r ; en e, il a t t e i n t la v a l e u r N0 e t le flotteur envoie le c o u r a n t d a n s le m o t e u r , pour a u g m e n t e r la charge de la t u r b i n e , et les m ê m e s phases se succèdent en sens inverse.

Il est facile d'étudier p a r l'analyse la loi de v a r i a t i o n de N , mais sans entrer dans ce calcul, on p e u t voir directement, en raison de la symétrie du p h é n o m è n e , q u ' o n se r e t r o u v e en h d a n s la m ê m e situation q u ' e n b, et qu'ainsi les oscillations du niveau seront indéfinies.

P o u r les amortir, il faut employer u n artifice, c o m m e d a n s la régulation indirecte de la vitesse. Cet artifice consiste à a v a n c e r l ' i n s t a n t où se p r o d u i t l ' a r r ê t du m o t e u r M, et à p r o v o q u e r cet a r r ê t légèrement après le m o m e n t où le n i v e a u passe p a r u n m a x i m u m ou u n m i n i m u m .

Il faut donc réaliser ainsi u n e sorte d'asservissement, ce t e r m e é t a n t pris dans le sens q u ' o n lui d o n n e en régulation d e vitesse.

On p e u t envisager u n g r a n d n o m b r e de dispositifs d'asservis- s e m e n t . N o u s en décrirons seulement d e u x qui p a r a i s s e n t i n t é - ressants p a r leur simplicité, e t s u r t o u t p a r le fait q u e leur a c t i o n se d é t r u i t a u t o m a t i q u e m e n t après la p e r t u r b a t i o n , ce q u i assure le réglage à niveau c o n s t a n t .

Fig. 11

D a n s le premier dispositif, r e p r é s e n t é fig. 1 1 , on utilise le principe imaginé p a r M. J . - L . R o u t i n , et utilisé d a n s son régula- t e u r électrique. L a mise en r o u t e du m o t e u r d e réglage p r o v o q u e , s u r l'organe qui déclanche c e t t e mise en r o u t e , une action a n t a g o - niste qui a v a n c e l ' i n s t a n t où sera p r o v o q u é l ' a r r ê t du m o t e u r d e

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réglage. D a n s la fig. 1 1 , q u a n d le flotteur m o n t e , il ferme le. circuit du m o t e u r M d a n s le sens qui p r o v o q u e l ' a u g m e n t a t i o n de la charge de la t u r b i n e ; sur le circuit qui est alors p a r c o u r u p a r le c o u r a n t du m o t e u r , se t r o u v e u n électro-aimant A qui a t t i r e le flotteur vers le bas, a v a n ç a n t ainsi l ' i n s t a n t où sera p r o v o q u é l ' a r r ê t de M. Q u a n d le niveau baisse, c'est l'électro B qui est ali- m e n t é et qui a t t i r e le flotteur vers le h a u t , p r o d u i s a n t le même effet stabilisateur.

D a n s le deuxième, dispositif, représenté fig. 12, la course du flotteur est limitée au m i n i m u m nécessaire à la fermeture des circuits du m o t e u r M. L e flotteur c o m p o r t e un c o m p a r t i m e n t s e r v a n t de lest liquide, de poids variable ; ce c o m p a r t i m e n t c o m m u n i q u e avec l'atmosphère p a r u n large t r o u e t avec la c h a m b r e d'eau p a r un p e t i t orifice. E n régime établi, le niveau est le m ê m e dans la c h a m b r e d'eau e t dans le c o m p a r t i m e n t de lest. Si le niveau m o n t e dans la c h a m b r e d'eau, il entraîne d'abord le flotteur, puis, q u a n d celui-ci est a r r ê t é p a r ses butoirs, le niveau continue à m o n t e r dans la c h a m b r e d'eau et m o n t e aussi, mais plus l e n t e m e n t , d a n s le c o m p a r t i m e n t de lest. Q u a n d le niveau r e d e s a nd, le n n eau dans le c c m p a r l i m e n t de lest reste au- dessus du niveau dans la c h a m b r e d ' e a u ; le poids du flotteur se trouve ainsi a u g m e n t é e t l'arrêt du m o t e u r M a lieu a v a n t que le niveau à la c h a m b r e d'eau revienne à la valeur N0.

Fig. 12

L a figure 12 représente les variations de niveau N de la chambre d ' e a u et du niveau n du c o m p a r t i m e n t de lest. La poussée d'Ar- chimède sur l'ensemble du flotteur est N x S ; l'augmentation de poids de lest est n xs ; le r e t o u r du flotteur a donc lieu au m o m e n t où on a H x S = hxs, c'est-à-dire au point e, à un mo- m e n t où le niveau redescend, mais n ' e s t pas encore revenu au niveau normal.

L e premier dispositif d'asservissement crée une avance cons- t a n t e du niveau d ' a r r ê t du m o t e u r sur le niveau normal. Il est donc précieux dans les petites p e r t u r b a t i o n s , car son action est i n d é p e n d a n t e des variations de niveau ; le second dispositif d'asservissement a au contraire une action d ' a u t a n t plus grande que les variations de niveau sont plus i m p o r t a n t e s . On p e u t sans difficulté j u x t a p o s e r les d e u x systèmes, afin d'avoir dans t o u t e s les perturbations un amortissement énergique des oscilla- tions du niveau.

III. — Rôle des régulateurs dans l'utilisation optimum de l'énergie des usines ayant une réserve hydraulique

Ainsi que nous l'avons déjà dit plus h a u t , ces usines sont appe- lées à fournir la p a r t i e variable de la puissance demandée p a r le réseau, la partie constante é t a n t fournie p a r les usines n ' a y a n t p a s de réserve.

Il en résulte que les usines qui nous occupent m a i n t e n a n t , fonctionnent à des charges très variables, ces variations p o u v a n t être i m p o r t a n t e s , rapides, fréquentes et imprévues, ce qui oblige

à laisser en service un n o m b r e i m p o r t a n t de t u r b i n e s qui, à certaines périodes, travaillent à t r è s faible charge.

Ces conditions d'exploitation, particulièrement marquées dans le cas des réseaux de traction, d o n n e n t une i m p o r t a n c e parti- culière à l'obtention d'un bon r e n d e m e n t a u x faibles charges, problème d o n t on p e u t obtenir une solution intéressante en dispo- s a n t convenablement les régulateurs.

A. CONJUGAISON DES DISTRIBUTEURS D A N S LES Tl'RHl,\l-$

A DISTRIBUTEURS MULTIPLES

Le. principe de cette disposition est bien connu, et il est em- ployé depuis l o n g t e m p s dans les turbines d o n t les distributeurs sont réglés à la m a i n . Au lieu de laisser tous les distributeurs o u v e r t s à une faible o u v e r t u r e , p o u r laquelle ils ont tous un mau- vais r e n d e m e n t , il y a a v a n t a g e à n ' e n ouvrir que le moins possible e t à fermer les a u t r e s c o m p l è t e m e n t . Les distributeurs restant en service fonctionnent ainsi à u n e o u v e r t u r e plus grande, et par suite avec un meilleur r e n d e m e n t .

P o u r profiter de ces a v a n t a g e d a n s les t u r b i n e s munies de régulateurs, il suffit de lier les distributeurs a u régulateur par des mécanismes tels qu'ils a s s u r e n t a u t o m a t i q u e m e n t , à toutes les charges, la conjugaison o p t i m u m des injecteurs.

L a première idée qui v i e n t à l'esprit p o u r réaliser c e t t e conju- gaison est d'opérer l ' o u v e r t u r e successive des distributeurs, un certain n o m b r e é t a n t c o m p l è t e m e n t ouverts, u n l ' é t a n t partielle- m e n t , les a u t r e s é t a n t c o m p l è t e m e n t fermés, disposition appliquée, autrefois a u x turbines F o n t a i n e .

On p e u t se d e m a n d e r si cette, conjugaison correspond à l'obten- tion du r e n d e m e n t o p t i m u m ; nous allons à t i t r e d'exemple, rechercher s y s t é m a t i q u e m e n t la meilleure conjugaison des deux injecteurs d'une t u r b i n e P c l t o n double.

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Fig. 13

Considérons la courbe de r e n d e m e n t de la fig. 13 représentant le r e n d e m e n t d'une turbine simple de 100 CV. sous 100 ni. par exemple, en fonction d e la puissance utile, sur l'arbre. Proposons- nous de construire u n e t u r b i n e double en a j o u t a n t sur cette t u r b i n e u n second j e t semblable, agissant sur la m ê m e roue, et étudions c o m m e n t il f a u t conjuguer les d e u x injecteurs,"pour avoir la meilleure courbe de r e n d e m e n t .

N o u s a d m e t t r o n s q u e le f l o t t e m e n t de l'arbre d a n s ses paliers, ainsi q u e le brassage de l'air p a r la roue, absorbe 3 % de la puis- sance m a x i m u m de la t u r b i n e simple, p e r t e que nous supposerons c o n s t a n t e . Cela nous p e r m e t de t r a c e r le g r a p h i q u e de la fig. 1'' qui d o n n e le débit de l'a t u r b i n e simple en fonction de la puis- sance utile sur I'aubage, égale, à la puissance utile sur l'arbre a u g m e n t é e de 30 c h e v a u x .

Q u a n d nous a u r o n s installé un second j e t sur la roue, nous p o u r r o n s a p p l i q u e r à ce j e t le g r a p h i q u e d e l à fig. 14. L a puissance t o t a l e sur l'arbre est alors égale h : P — P , -f- P2 —- 30 CV, 1«

d é b i t t o t a l est égal à Q5 -f Qa.

(6)

LA HOUILLE BLANCHE 15 Nous p o u v o n s construire u n g r a p h i q u e simple (fig. 15), qui

résume les propriétés de la t u r b i n e double ainsi constituée, q u a n d on fait varier Qx e t Q2 de 0 au m a x . N o u s p o r t o n s en ordonnée le débit de l'injccfeur 1, en abcissele d é b i t de l'injccteur 2, e t nous affectons le p o i n t c o r r e s p o n d a n t d ' u n e cote égale à la puissance lotale P — Px + P2 — 30 CV, réalisée avec les deux débits Q1 et 0„. Nous p o u v o n s ainsi t r a c e r des courbes d'égale puissance P .

2° L o r s q u ' u n injecteur est insuffisant p o u r assurer la puissance d e m a n d é e , on a a v a n t a g e à ouvrir les d e u x injecteurs de la m ê m e q u a n t i t é ; le g r a p h i q u e m o n t r e en effet q u e , p o u r une puissance donnée, le m i n i m u m de débit correspond à Qt = Q2.

P a r conséquent, la loi de conjugaison o p t i m u m des injecteurs consiste, n o n p a s à les ouvrir successivement, en laissant le premier g r a n d o u v e r t au-delà de la demi-charge, mais à m a m -

F i g . 11

Nous pouvons également tracer les courbes d'égal débit total Q == Qi + Q2. Ces courbes s o n t dos droites inclinées à 45°. L a comparaison d u réseau de lignes P t o t a l e = C'<? e t Q t o t a l = Cte, nous fixe i m m é d i a t e m e n t sur la combinaison d'injecteurs qui donne le m a x i m u m de r e n d e - mont.

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Fig. 15. — Graphique d o n n a n t la puissance utile d'une turbine Pelton double en fonction des débits Q, et Qâ des deux injecteurs.

Ce graphique de la figure 15 conduit, p o u r u n e t u r b i n e normale, MX conclusions s u i v a n t e s :

1° Tant q u ' u n seul injecteur suffit à assurer la puissance de- mandée à la t u r b i n e , on a a v a n t a g e à n ' o u v r i r q u ' u n injecteur et à laisser l'autre c o m p l è t e m e n t fermé. L e g r a p h i q u e m o n t r e en

c f f e t que, pour P < 1000 CV.le m i n i m u m de débit, pour obtenir

»ne puissance donnée, correspond à : Qx == 0 ou à Q? = 0 ;

Fig. 16

t e n i r u n injecteur c o m p l è t e m e n t fermé p o u r t o u t e charge infé- rieure à la demi-charge, e t à ouvrir les d e u x injecteurs de la m ê m e

q u a n t i t é p o u r t o u t e charge supérieure à la demi-charge.

L a fig. 16 représente les courbes de r e n d e m e n t q u e l'on o b t i e n d r a i t :

1° E n o u v r a n t c o n s t a m m e n t les deux injecteurs de la m ê m e q u a n t i t é , c o m m e on le fait ordinairement dans les t u r b i n e s dou- bles ;

2° E n o u v r a n t successivement les d e u x injecteurs, le premier r e s t a n t g r a n d o u v e r t au-delà de la demi-charge ;

3° E n u t i l i s a n t la loi de conjugaison o p t i m u m q u e nous v e n o n s d'établir.

L a figure 17 m o n t r e c o m m e n t on réalise c e t t e loi de conju- gaison o p t i m u m des injecteurs, en c o m m a n d a n t ceux-ci p a r le r é g u l a t e u r de la t u r b i n e , à l'aide de cames de forme appropriée.

B . — CONJUGAISON D E S RÉGULATEURS D ' U N E CENTRALE V U E D E L'UTILISATION OPTIMUM D E L'ÉNERGIE

Le r a i s o n n e m e n t q u e n o u s a v o n s exposé ci-dessus p o u r u n e t u r b i n e isolée, s'applique avec la m ê m e v a l e u r a u x diverses t u r - bines d ' u n e centrale, s u r t o u t si ces t u r b i n e s s o n t des t u r b i n e s à u n seul injecteur, d o n t le r e n d e m e n t a u x faibles charges n e p e u t p a s être amélioré p a r le dispositif décrit plus h a u t .

Si u n e centrale c o m p r e n a n t trois t u r b i n e s doit m a r c h e r à 1/4 de charge, t o u t en c o n s e r v a n t les trois machines en service p o u r p a r e r a u x surcharges possibles, il y a i n t é r ê t à fermer complète- m e n t les distributeurs de d e u x t u r b i n e s , q u i s o n t alors entraînées p a r leurs a l t e r n a t e u r s f o n c t i o n n a n t en m o t e u r s synchrones, e t à laisser fournir la puissance p a r la troisième t u r b i n e qui, fonction- n a n t alors à 3/4 de charge, a u r a u n t r è s b o n r e n d e m e n t .

On p e u t réaliser ce m o d e de fonctionnement a u moyen d ' u n grand n o m b r e de dispositifs. N o u s en décrirons ci-après seu- l e m e n t d e u x p a r t i c u l i è r e m e n t simples.

(7)

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Fig. 17. — Turbine Pelton à deux injecteurs combinés réalisant le m a x i m u m de rendement.

NOTA. — On p e u t objecter que la puissance nécessaire à l'entraî- n e m e n t des d e u x groupes qui t o u r n e n t à vide est produite par le groupe en charge avec u n b o n r e n d e m e n t , mais se t r o u v e transmise p a r les a l t e r n a t e u r s m a r c h a n t en m o t e u r s synchrones à t r è s faible charge, d o n t le r e n d e m e n t est p a r suite t r è s faible, e t l'opération p e u t p a r a î t r e peu a v a n t a g e u s e .

E n réalité, le r e n d e m e n t à considérer ici p o u r les m o t e u r s synchrones est excellent ; il n ' y a p a s à considérer les pertes mécaniques ou p a r ventilation de l ' a l t e r n a t e u r , ni lés pertes p a r c o u r a n t s d e F o u c a u l t , ni les p e r t e s p a r hystérésis, n i la puissance absorbée p a r l'excitation, car ces pertes d e v r o n t toujours être consenties, quel que soit le mode d ' e n t r a î n e m e n t du groupe, p u i s q u e celui-ci doit rester couplé en parallèle sur le réseau.

L e r e n d e m e n t à considérer ici concerne donc seulement la t r a n s f o r m a t i o n de l'énergie w a t t é e reçue p a r l'alternateur en énergie m é c a n i q u e t r a n s m i s e à l'arbre de la t u r b i n e , et cette t r a n s f o r m a t i o n , affectée seulement p a r les p e r t e s p a r effet Joule e t p a r des pertes secondaires dues à la réaction d'induit, se fait a v e c u n r e n d e m e n t excellent, de l'ordre de 98 à 99 % .

E n d ' a u t r e s t e r m e s , on doit fournir au groupe, p o u r t o u r n e r à v i d e :

1° U n e certaine puissance électrique, p o u r l'excitation ; 2° U n e certaine puissance m é c a n i q u e p o u r s u r m o n t e r les frot- t e m e n t s de la v e n t i l a t i o n de la t u r b i n e , d u v o l a n t e t de l'alter- n a t e u r , ainsi que p o u r compenser les p e r t e s p a r c o u r a n t dp Fou- c a u l t e t p a r hystérésis.

Si l'on e m p r u n t e c e t t e puissance m é c a n i q u e à la c h u t e directe- m e n t p a r la t u r b i n e , m a r c h a n t à t r è s faible o u v e r t u r e , on aura un r e n d e m e n t de 25 à 30 % p o u r la t r a n s f o r m a t i o n de l'énergie h y d r a u l i q u e en énergie m é c a n i q u e . Si l'on e m p r u n t e cette puis- sance m é c a n i q u e à la c h u t e p a r l'intermédiaire d ' u n a u t r e groupe m a r c h a n t à charge élevée e t e n t r a î n a n t le groupe à vide, par son a l t e r n a t e u r f o n c t i o n n a n t en m o t e u r synchrone, on a u r a :

R e n d e m e n t de la t u r b i n e à charge élevée R e n d e m e n t d e l ' a l t e r n a t e u r à c h a r g e élevée

R e n d e m e n t de la t r a n s f o r m a t i o n d e l'énergie w a t t é e en énergie m é c a n i q u e d a n s la groupe en pleine c h a r g e . . . ,

Soit en définitive u n r e n d e m e n t de. 8 0 % p o u r la transforma- t i o n indirecte de l'énergie h y d r a u l i q u e en énergie mécaniquej ce qui justifie bien n o t r e assertion.

85%

05%

(8)

LA H O U I L L E B L A N C H E 17

1° DISPOSITION RÉALISANT L'OUVERTURE SUCCESSIVE D E S TURRINES

H suffit de régler les trois régulateurs p o u r que leurs caracté- ristiques de décompensation soient étagées comme le m o n t r e la fig. 18.

Si la charge est inférieure a u 1/3 de la puissance t o t a l e de l'usine, la t u r b i n e I est. seule chargée, les d e u x a u t r e s ont leurs distributeurs c o m p l è t e m e n t fermés.

Pour une charge de l'usine comprise e n t r e 1/3 et 2/3 du m a x i t mum, la t u r b i n e I est o u v e r t e en g r a n d , I I est partiellemen- otiverte, I I I est c o m p l è t e m e n t fermée.

Enfin, pour u n e charge de l'usine compris e n t r e 2/3 et 3/3 "de la pleine charge, les turbines I et I I s o n t ouvertes en g r a n d et lo turbine I I I est o u v e r t e p a r t i e l l e m e n t et assure le réglage.

Cette disposition est é v i d e m m e n t très simple, puisqu'elle ne nécessite l'installation d ' a u c u n organe supplémentaire sur les régulateurs. P a r contre, elle a u n double inconvénient.

Ce dispositif consiste p a r exemple en u n électro-aimant m o n t é d a n s la tige de c o m m a n d e de la soupape de distribution, e t per- m e t t a n t de modifier la longueur de c e t t e tige d'une q u a n t i t é déterminée.

Fig. 18

Tout d ' a b o r d , les turbines n ' o u v r e n t p a s s i m u l t a n é m e n t , mais seulement l'une après l ' a u t r e , ce q u i , d a n s les variations de charge importantes, c o n d u i t à u n e a u g m e n t a t i o n des écarts de vitesse.

Ensuite, les d é c r é m e n t s de statisme. des trois régulateurs s'ajou- tent, et le d é c r é m e n t t o t a l de l'usine, é c a r t e n t r e la m a r c h e à vide et la pleine charge des t r o i s groupes, est au m o i n s . t r o i s fois plus important q u e celui d ' u n g r o u p e seul.

Il y a donc des cas où c e t t e disposition est insuffisante et où il faut employer u n a u t r e dispositif.

2° MÉCANISME ASSURANT LA CONJUGAISON OPTIMUM D E S DIVERS GROUPES D ' U N E CENTRALE

En plus des d e u x défauts q u e n o u s v e n o n s de signaler, la dispo- sition précédente a v a i t l'inconvénient, déjà exposé a u sujet des turbines à plusieurs injecteurs, de n e p a s réaliser la loi de conju- gaison o p t i m u m . Cette loi consiste à ouvrir le m i n i m u m de tur- bines nécessaires p o u r assurer la puissance t o t a l e ; t o u t e s ces turbines doivent ê t r e ouvertes de la m ê m e q u a n t i t é et les autres doivent être c o m p l è t e m e n t fermées.

Le dispositif q u e n o u s allons décrire réalise c e t t e loi. Toutes les turbines ont la m ê m e caractéristique de décompensation, afin de prendre e x a c t e m e n t des charges égales, si on laisse les régulateurs dans leur é t a t n o r m a l .

Les régulateurs s o n t de p l u s m u n i s d ' u n dispositif p e r m e t t a n t d'abaisser leurs caractéristiques de décompensation, parallèlement

& ellWhénle e t d ' u n e q u a n t i t é légèrement supérieure au décré- ment de statisme (fig. 19).

F ° T i

Fig. 19. — Dispositif assurant la conjugaison optimum des divers groupes d'une usine génératrice.

Les circuits des électros sont ouverts ou fermés p a r u n w a t t m è t r e i n d i q u a n t la puissance t o t a l e de la centrale.

Q u a n d la puissance d e m a n d é e à l'usine est inférieure à 1/3 d u m a x i m u m , le w a t t m è t r e envoie du c o u r a n t dans les électros I I et I I I et allonge les tiges de. c o m m a n d e des soupapes de distri- b u t i o n . Les caractéristiques de. décompensation de I I et I I I sont ainsi en S*2 et S '3, e t les d e u x t u r b i n e s I I et I I I sont complète- m e n t fermées, le réglage é t a n t assuré p a r la t u r b i n e I.

Q u a n d la puissance est comprise e n t r e 1/3 et 2/3 du m a x i m u m , le c o u r a n t n ' e s t plus envoyé q u e dans l'électro I I I et la t u r b i n e I I I est c o m p l è t e m e n t fermée. Les turbines I et I I se p a r t a g e n t alors également la charge à fournir.

Enfin, q u a n d la puissance est comprise entre 2/3 et 3/3 du m a x i m u m , le c o u r a n t est coupé dans t o u s les électros et les trois t u r b i n e s se t r o u v a n t placées d a n s des conditions identiques se p a r t a g e n t également la charge.

On voit que, dans ce dispositif, le d é c r é m e n t de s t a t i s m e de l'usine est j u s t e égal à celui d ' u n groupe. De plus, en cas de charge brusque, le w a t t m è t r e libère t o u s les électros et les trois t u r b i n e s m a n œ u v r e n t s i m u l t a n é m e n t . L e second dispositif décrit n ' a donc a u c u n des inconvénients reprochés au p r e m i e r .

E T U D E D E L'APPLICATION D E LA CONJUGAISON* D E S GROUPES D ' U N E CENTRALE A UN CAS CONCRET

Afin de préciser l'intérêt p r a t i q u e de ce qui précède, nous allons étudier dans un cas concret, le gain de r e n d e m e n t qui pourrait être o b t e n u par une conjugaison convenable des groupés d ' u n e centrale

N o u s considérerons, p o u r fixer les idées, l'usine d ' E g e t des Chemins de fer du Midi, et nous supposerons q u ' à u n e période

(9)

d é t e r m i n é e , les nécessités d'exploitation d u réseau de t r a c t i o n obligent à laisser en service trois t u r b i n e s de 5.000 CY. p o u r p a r e r a u x pointes, alors q u e la puissance m o y e n n e demandée est b e a u c o u p m o i n d r e , 4.000 à 5.000 c h e v a u x p a r exemple.

Les caractéristiques de puissance, de débit et de r e n d e m e n t sont données p a r la fig. 20 q u i résume les essais qiri o n t é t é effectués sur les t u r b i n e s d ' E g c t (Voir D . E y d o u x et P . Lcboucher, R . G. E , juillet 1920).

Ces r é s u l t a t s sont ceux mesurés, sans a u c u n e correction r a m e -

n a n t ces valeurs à une. chute n e t t e c o n s t a n t e , la chute nette mesurée est d'ailleurs portée sur le graphique.

E n considérant les courbes I et I I I de cette figure, donnant le débit et la puissance a u x bornes de l'alternateur, nous pouvons dresser le. t a b l e a u suivant, r é s u m a n t les diverses conditions de fonctionnement des groupes supposés munis d u dispositif précé- d e m m e n t décrit, a s s u r a n t la conjugaison o p t i m u m de ces groupes.

Débit Q,

Débit Q*

Débit Qr,

Débit total

Puissa

P,

ice aux bo

P,

m e s des ait

P.,

»rnntcurs

P total (Rend' global de l'usine j '(Chute brutd 740 m.) ! 1/sec. 1/sec l/sec. l.sec. iCW K W K W K W %

116 0 0 + 220 — 110 — 110 0 0

200 0 0 200 + 880 — 110 — 110 -1- 660 • « % 300 0 0 300 + 1800 —- 110 — 110 + 1580 71,5 400 0 0 400 + 2490 — 110 — 110 + 2270 77 500 0 0 500 + 3 0 8 0 — 110 — 110 + 2860 78 600 0 0 600 + 3 5 1 0 — 110 —- 110 + 3290 76 650 0 0 650 + 3870 — 110 — 110 + 3650 76 325 325 0 650 + 2000 — 0 — 110 + 3890 81,5 350 350 0 700 + 2150 + 2150 — 110 + 4190 81,5 400 400 0 800 + 2490 + 2490 — 110 + 4870 82,5 500 500 0 1000 + 3 0 7 0 + 3070 — 110 + 6030 82 600 600 0 1200 + 3 6 1 0 + 3 6 1 0 —- 110 + 7110 81 650 650 0 1300 + 3870 + 3870 — 110 + 7630 80,5 433 433 433 1300 + 2 6 8 0 + 2 6 8 0 + 2680 + 8040 84 500 500 500 1500 + 3070 + 3070 + 3070 + 9210 84 600 600 600 1800 + 3610 + 3610 + 3 6 1 0 + 10830 81,5 650. 650 650 1950 + 3870 + 3870 + 3 8 7 0 + 11610 81%

L ' e x a m e n d u t a b l e a u m o n t r e q u e le f o n c t i o n n e m e n t d'un slue g r o u p e à pleine o u v e r t u r e , les d e u x a u t r e s é t a n t fermés, est un peu m o i n s a v a n t a g e u x que le f o n c t i o n n e m e n t avec deux groupes à demi-charge, le troisième seul é t a n t fermé. Cela t i e n t a u x pertes de charge dans les conduites (à E g e t c h a q u e t u r b i n e a sa conduite propre) d o n t l ' i m p o r t a n c e a u x grandes o u v e r t u r e diminue sensi- b l e m e n t le r e n d e m e n t global de l'ensemble : conduite, turbine, a l t e r n a t e u r .

Il f a u t donc ici m e t t r e d e u x t u r b i n e s en charge, à p a r t i r de 3.000 K W , e t trois t u r b i n e s à p a r t i r de 6.000 K W , ce q u i est facile, en d i s p o s a n t c o n v e n a b l e m e n t le d i s t r i b u t e u r c o m m a n d é par le w a t t m è t r e q u i assure la conjugaison des groupes.

L a figure 2 1 , r é s u m a n t c e t t e é t u d e , montre que p o u r la m a r c h e à 1/4 de charge, le r e n d e m e n t global de l'installation, q u i est de 62 % avec les trois groupes à 1/4 de charge, serait p o r t é de 6 2 % à 7 8 % p a r u n e conjugaison convenable des charges des groupes, ce qui donnerait u n e économie de :

78 — 62

62 25 %

sur le débit.

Ce r é s u l t a t suffit à m o n t r e r q u e les mécanismes que nous venons d ' é t u d i e r présenteraient un réel i n t é r ê t p r a t i q u e .

CONCLUSION

NOUS a r r ê t e r o n s ici cette é t u d e d a n s laquelle nous avons seule- m e n t voulu fixer quelques problèmes et esquisser r a p i d e m e n t leurs diverses solutions.

N o u s espérons q u e les considérations qui précè- dent, malgré leur caractère u n peu spécial, pourront in téresser les techniciens de la HouillcBlanche et, en a t t i r a n t leur a t t e n t i o n s u r le rôle u n peu méconnu des régulateurs d a n s l ' é c o n o m i e g é n é r a l e d e s réseaux, contribueront à assurer u n e utilisation toujours plus parfaite de nos installations hydro-électrique

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