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La fonction d’Ackermann

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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La fonction d’Ackermann

Référence : Logique mathématique, tome 2.

René Cori , Daniel Lascar . 2011-2012

Historique : Wilhem Ackermann, alors élève de Hilbert, proposa en 1928 un exemple de fonction récursive, non récursive primitive, à trois variables :

A(m, n, p) =mnp=mpn.

C’est en fait une fonction semblable, mais à seulement deux variables, proposée par Rózsa Péter qu’on appelle aujourd’huifonction d’Ackermann.

Définition 1

On définit lafonction d’Ackermannξainsi : – Pour tout entierx,ξ(0, x) = 2x.

– Pour tout entiery,ξ(y,0) = 1.

– Pour tous entiersxet y, ξ(y+ 1, x+ 1) =ξ(y, ξ(y+ 1, x)).

Pour chaque entiern, on noteξn la fonctionx7→ξ(n, x), et on a alors :

ξ0(x) = 2x ξn(0) = 1

ξn(x+ 1) =ξn1n(x))

On voit avec la définition récursive desξn que pour tout entier n, la fonction ξn est primitive récursive (par procédé de récurrence, surn).

En revanche, cela n’implique pas queξest primitive récursive, et d’ailleurs :

Théorème 2

La fonction d’Ackermannξ n’est pas primitive récursive.

Démonstration. On va montrer plein de lemmes techniques pour finalement montrer la fonctionξdomine toutes les fonctions primitives récursives.

Lemme 3

Pour tousnetxentiers,

ξn(x)> x.

Démonstration. Montrons-le par récurrence sur n.

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Soit doncφn la proposition « Pour tout entier x,ξn(x)> x».

– Il est assez clair queφ0.

– Soitnun entier. Supposonsφn1, et montronsφn. Pour cela, faisons une récurrence surx.

Soit doncψx la proposition « ξn(x)> x».

ψ0est toujours clair.

– Soitxun entier. Supposonsψx1 et montronsψx.

On a par définitionξn(x) =ξn1n(x−1)), et donc, parφn1on a ξn(x)> ξn(x−1), c’est-à-dire ξn(x)>ξn(x−1) + 1.

D’aprèsψx1,ξn(x−1)> x−1, d’oùψx

On a doncφn.

Donc, par récurrence, on a le lemme. ♦

Lemme 4

Pour toutn,ξn est strictement croissante.

Démonstration. ξ0=λx.2x, doncξ0 est croissante.

Pourn>1, on a la formuleξn(x+ 1) =ξn1n(x)), et donc par le lemme3,ξn(x+ 1)> ξn(x). ♦

Lemme 5

Pour toutn>1, pour tout entierx, on a :

ξn(x)>ξn1(x).

Démonstration. Par récurrence surx: – Pourx= 0, ouais.

– Pour l’hérédité :

On a vuξn(x)>x+ 1, donc par croissance deξn1, on a

ξn1n(x))>ξn1(x+ 1).

Or par définition,ξn1n(x)) =ξn(x+ 1), d’où le résultat.

Définition 6

On note dans la suiteξnk la fonctionξn itéréekfois.

Lemme 7

Les fonctions ξnk sont strictement croissantes. De plus pour tous entiersm, n, k, h, x: ξnk(x)< ξnk+1(x)

ξnk(x)>x ξnkξnh=ξnk+h Sim6n, ξmk(x)6ξnk(x)

Démonstration. C’est facile par récurrence. ♦

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Définition 8

Soientf : N→Nstrictement croissante, etg : Np→N.

On dit quef domineg si pour tout(x1, . . . , xp)sauf un nombre fini, g(x1, . . . , xp)6f(sup(x1, . . . , xp)).

On pose alors

Cn={g |il existek tel queg soit dominée parξnk}.

On voit facilement que certaines fonctions sont dansC0: les projections, les constantes, la fonction successeur, les fonctions sup, l’addition, la multiplication par un entier.

On remarque aussi queξnCn, et sif, g : Np→Ntellesf(x1, . . . , xp)6g(x1, . . . , xp) pour tout (x1, . . . xp), alorsgCn impliquefCn.

Si on montre que C := S

Cn est stable par composition et récurrence, alors C contiendra donc toutes les fonctions primitives récursives.

Lemme 9

Pour toutn,Cn est clos par composition.

Démonstration. Dans cette preuve, les inégalités seront pour tout uple, sauf un nombre fini.

Soientf1, . . . , fm : Np→Net g : Nm→Ndes fonctions deCn. Montrons queg(f1, . . . , fm) est dansCn aussi.

On a l’existence dek, k1, . . . , km tels que

g(y1, . . . , ym)6ξnk(sup(y1, . . . , ym)) fi(x1, . . . , xp)6ξnki(sup(x1, . . . , xp)) Posonsh= sup(k1, . . . , km).

On a alors par le lemme7:

g(f1(x1, . . . , xp), . . . , fm(x1, . . . , xp))6ξnknh(sup(x1, . . . , xp))),

d’où le résultat avec le lemme7à nouveau. ♦

Lemme 10

Pour tous entiersn, k etx, on a :

ξnk(x)6ξn+1(x+k).

Démonstration. Par récurrence surk.

Lemme 11

Sig : Np→Neth : Np+2 →Nsont dansCn, alorsf définie par récurrence à partir deg ethest dansCn+1.

Démonstration. Comme dans la preuve précédente, les inégalités seront pour tout uple sauf un nombre fini.

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Les hypothèses sont :

g(x1, . . . , xp)6ξkn1(sup(x1, . . . , xp)) h(x1, . . . , xp, y, z)6ξnk2(sup(x1, . . . , xp, y, z))

Montrons par récurrence sury la propriété Φyf(x1, . . . , xp, y)6ξnk1+yk2(sup(x1, . . . , xp, y)) ».

– Φ0est évident.

– Supposons Φy et montrons Φy+1. On a

f(x1, . . . , xp, y+ 1) =h(x1, . . . , xp, y, f(x1, . . . , xp, y)) 6ξkn2(sup(x1, . . . , xp, y, f(x1, . . . , xp, y)))

6ξkn2kn1+yk2(sup(x1, . . . , xp, y))) par le lemme7et hypothèse de récurrence D’où Φy+1, et donc Φy pour touty.

En appliquant le lemme10, on a :

f(x1, . . . , xp, y)6ξn+1(sup(x1. . . , xp, y) +k1+yk2).

La fonctionλx1x2· · ·xpy.ξn+1(sup(x1, . . . , xp, y) +k1+yk2) est composée de fonctions deCn+1, donc estCn+1,

et doncf aussi. ♦

Corollaire 12

C contient toutes les fonctions récursives primitives.

On peut maintenant montrer queξn’est pas primitive récursive.

Sinon,λx.ξ(x,2x) l’est aussi, donc est dansC:

Il existen, k tels que pour toutxsauf un nombre fini,ξ(x,2x)6ξnk(x).

Donc on aξ(x,2x)6ξn+1(x+k) par le lemme10.

De plus, pourxassez grand :

ξn+1(x+k)< ξn+1(2x)

< ξx(2x)

=ξ(x,2x) D’où une contradiction.

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