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Problèmes d'archéologie développementale en Afrique
AYMERIC NSANGOU, Jacques De Limbepe
Abstract Compte-rendu de lecture
AYMERIC NSANGOU, Jacques De Limbepe. Problèmes d'archéologie développementale en Afrique. Journal des Africanistes , 2019, vol. 89, no. 1, p. 191-192
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:127439
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Tome 89Fascicule 1
2019
Tome 89Fascicule 1
ISBN 978-2-908948-49-3 20 €
ISSN 0399-03-46
Éric JOLLY Ethnologie de sauvegarde et colonisation : les engagements de Marcel Griaule
Christian SEIGNOBOS Le « dieu de Lam », prophète millénariste (Nord Cameroun et Tchad méridional, 1927 à 1930) Jean BOUTRAIS Cures salées, cures natronées
pastorales en savanes centrafricaines Françoise
UGOCHUKWU Chinua Achebe et l’igbo : le message d’Aka Weta Hervé MAUPEU,
Yvan DROZ Minijupes et citoyenneté au Kenya
MÉLANGES Comptes rendus Ouvrages reçus Errata
DIRECTEUR DE RÉDACTION Luc Pecquet
COMITÉ DE RÉDACTION
Catherine Baroin, Elara Bertho, Julien Bondaz, Jean Boutrais, Andrea Ceriana Mayneri, Barbara Cooper, Marie Daugey,
Christian Dupuy, Jean-Baptiste Eczet, Marie-Luce Gélard, Françoise Le Guennec-Coppens, Suzanne Lallemand, Olivier Langlois, Élodie Razy, Christian Seignobos, Maria Teixeira, Fabio Viti COMITÉ SCIENTIFIQUE
Alfred Adler, Serge Bahuchet, Karin Barber, Thomas Basset,
Mohamed-Hocine Benkheira, Abdulaye-Bara Diop, Odile Journet-Diallo, Susan Keech McIntosh, Lluís Mallart Guimerà, Habib Saidi
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION Luc Pecquet
RESPONSABLES DES COMPTES RENDUS Julien Bondaz, Marie-Luce Gélard, Luc Pecquet RELECTURE
Anne-Laure Blusseau MISE EN PAGES Blandine Favier
Journal des africanistes
TOME 89 - FASCICULE 1
COMPTES RENDUS
aillet Cyrille, Cressier Patrice, Gilotte Sophie (dir.), avec la collaboration de Yann Callot, Karyn Mercier et Yves Montmessin, 2017, Sedrata. Histoire et archéologie d’un carrefour du Sahara médiéval à la lumière des archives inédites de Marguerite van Berchem, Madrid, Casa de Velázquez, 497 p. + 5 f. de dépl., par Jean-Louis Triaud.
arnaud Robert, 2016, Le Roman vrai de Tabi. Journal d’une expédition en pays dogon (18 septembre – 26 décembre 1920), texte établi par André Brocher, introduction et notes de Francis Simonis, Aix-en-Provence, AMAROM, Amis des archives d’outre-mer, 272 p., par Cécile Van den Avenne.
faye Ousseynou, 2017, Dakar et ses cultures. Un siècle de changements d’une ville coloniale, Paris, L’Harmattan, « Études africaines. Série Histoire », 416 p., par Jean Copans.
GaHunGu Céline, 2019, Sony Labou Tansi. Naissance d’un écrivain, Paris, CNRS Éditions, « Planète libre », 288 p., par Alice Desquilbet.
GutHerz Xavier (dir.), 2017, Asa Koma. Site néolithique dans le bassin du Gobaad (République de Djibouti), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée,
« Mondes anciens », 276 p., par Christian Dupuy.
marliaC Alain, 2016, Problèmes d’archéologie développementale en Afrique, Paris, L’Harmattan, 216 p., par Jacques Aymeric Nsangou.
nixon Sam (ed.), 2017, Essouk-Tadmekka. An Early Islamic Trans-Saharan Market Town. Journal of African Archaeology, « Monograph Series » 12, 424 p., par Christian Dupuy.
tornay Serge, 2017, Ethnographie des Fusils jaunes, Éthiopie [4 vol.], I. 1970- 1971 ; II. 1972-1973 ; III. mars-juillet 1973 ; IV. août-novembre 1973, Paris, Sépia, 232 p., 240 p., 320 p., 356 p., par Philippe David.
uGoCHukwu Françoise, 2015, Bribes d’une vie nigériane. Mémoires d’une transformation identitaire, Paris, L’Harmattan, 240 p., par Jean Derive.
vilella Roland, 2016, La Sentinelle de fer. Mémoires du bagne de Nosy Lava (Madagascar), Paris, Plon, « Terre humaine », cartes, photographies h.-t., fac- similés, 288 p., par Noël J. Gueunier et Jean-Paul Alain.
volper Julien (dir.), 2018, Art sans pareil. Objets merveilleux du musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, Africa museum (MRAC) et Philippe de Moerloose, 176 p., par Philippe Charlier.
COMPTES RENDUS 191
Les abondantes données rassemblées dans cet ouvrage montrent que les fouilles menées avec persévérance dans un secteur restreint de la Corne de l’Afrique, l’Asa Koma et ses alentours, ont porté leurs fruits. Puisse le programme franco- djiboutien d’archéologie, initié dans les années 1980, se poursuivre encore longtemps et continuer ainsi à produire régulièrement de nouveaux fruits !
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marliaC Alain, 2016, Problèmes d’archéologie développementale en Afrique, Paris, L’Harmattan, 216 p.
par Jacques Aymeric Nsangou
Sur un continent où l’intervention scientifique et technique occidentale encourage les disciplines des sciences « dures », supposées pouvoir agir sur les situations désastreuses qu’il connaît, quelle est la place de l’archéologie ? À travers sept points de réflexion, Alain Marliac, archéologue et membre de l’IRD, ne se contente pas de répondre à cette question, il met également la discipline au centre des interactions entre développeurs et développés. En se servant des réflexions qu’il a menées durant des années, il parle de son expérience au sein de cet institut (ex-Orstom) et de ses interrogations sans réponses.
L’archéologie est une discipline aux données souvent spectaculaires, nécessitant d’importants fonds financiers, mais dont les résultats sont plus interprétatifs qu’explicatifs. Passant par une introspection, l’auteur questionne d’abord le processus de construction, de légitimation et d’idéologisation des savoirs, en insistant sur le formatage de la pensée, qui induit une vision du développement sous l’angle de l’idéologie dominante dite « moderne ». Passé ce premier point, il aborde, dans les trois sujets suivants, les usages des résultats archéologiques.
En Afrique, cette archéologie intervient de plus en plus dans la construction des identités. Identité cachée ou ignorée, l’auteur conclut en se positionnant contre l’utilisation des produits archéologiques à des fins de réclamation identitaire. La discussion sur l’identité débouche sur celle concernant le passé, et l’archéologie se révèle alors comme une discipline servant à construire un passé modernisé. Cette autre construction est un conflit entre le WSK (Western Scientific Knowledge), tout-puissant car « scientifique », et les autres formes de savoir rassemblées dans le panier du TK (Traditional Knowledge), incapable de jauger son adversaire.
C’est aussi la confrontation entre « La Science » et les sçavoirs5 traditionnels,
5. Orthographe du mot savoir au xvie siècle. Selon Marliac, « La Science » classe les savoirs traditionnels au même rang que les opinions, les idéologies, les pensées archaïques, les religions, les mythologies, les normes et l’intégrisme.
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opposition présente et prégnante aussi bien dans les articles que dans les discours.
Le conflit ne se pose pourtant pas pour les peuples concernés, car ceux-ci « utilisent et associent sans aucune angoisse, des mots qui dérivent de concepts nés dans des domaines différemment ordonnés ». D’où les cas de modernisation du passé qui permettent à certains peuples de se revendiquer une filiation avec Lucy !
Marliac a rassemblé, dans cet ouvrage, le fruit de différentes communications développées et présentées dans des colloques ou dans des articles. Le déclic qui l’a conduit à l’anthropologie du savoir lui est venu à la fois du désintérêt des peuples qu’il étudiait, mais aussi, et malheureusement, de celui de sa hiérarchie.
Avec simplicité et parfois humour, l’auteur a exploité sa longue expérience de terrain, tout en s’abreuvant à la source de différents philosophes du savoir pour prendre le contre-pied des approches scientifiques. Ces regards scientifiques, loin d’être innocents, signifient généralement exclusion de tout autre regard.
Nous lisons également dans cet ouvrage une autre histoire de la discipline qui se base sur l’objet (ostensif et/ou performatif) et l’approche qu’en ont les deux principaux acteurs : l’observateur et l’observé. Différents problèmes se posent alors, notamment celui de la traduction des savoirs d’une langue à une autre.
Cette difficulté est aussi partie intégrante de la collaboration entre développeurs et développés, devant conduire, dans l’idéal, à un dialogue interdisciplinaire. Cette interdisciplinarité, tant vantée dans les discours scientifiques, est cependant très peu pratiquée sur le terrain.
Sur un continent où le « développement » est au centre de tous les discours, la publication d’Alain Marliac vient rappeler qu’il est nécessaire de s’interroger sur le sens de ce mot, afin que développeurs et développés soient au même diapason. Les premiers doivent, bon gré mal gré, questionner les connaissances qu’ils produisent et tenir compte des conceptions des seconds. Un tel dialogue est nécessaire afin que les productions scientifiques produites soient effectivement assimilables et utilisables au quotidien par les développés. Dans sa vision globale, l’ouvrage ne prend malheureusement pas en compte la vision des « nouveaux développeurs » de l’Afrique que sont les Asiatiques et principalement les Chinois.
Ce manquement est peut-être dû au fait que l’auteur, pendant qu’il exerçait encore sur le continent, n’a pas particulièrement travaillé avec ces disciples de l’Eastern Science. Enfin, au-delà du cadre de la discipline archéologique, cette publication peut être très utile si elle est accessible aux décideurs africains, qui négocient généralement les termes de la collaboration avec les développeurs venus d’ailleurs.
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Tome 89Fascicule 1
2019
Tome 89Fascicule 1
ISBN 978-2-908948-49-3 20 €
ISSN 0399-03-46
Éric JOLLY Ethnologie de sauvegarde et colonisation : les engagements de Marcel Griaule
Christian SEIGNOBOS Le « dieu de Lam », prophète millénariste (Nord Cameroun et Tchad méridional, 1927 à 1930) Jean BOUTRAIS Cures salées, cures natronées
pastorales en savanes centrafricaines Françoise
UGOCHUKWU Chinua Achebe et l’igbo : le message d’Aka Weta Hervé MAUPEU,
Yvan DROZ Minijupes et citoyenneté au Kenya
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