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Antoine Blondin et les alcools, vingt ans plus tard

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

13 juillet 2011

actualité, info

en marge

Question : existe-t-il un organis me,  une institution, des sages qui ob- servent l’évolution des regards  portés sur les substances fortement  susceptibles d’induire des addic- tions ? Faute d’être en mesure de  fournir une réponse, nous en som- mes réduits à des observations  personnelles et parcellaires ; des  observations complétées, il est  vrai, par l’évolution objective des  textes de loi de santé publique,  promulgués dans ce domaine. Se- lon l’époque et les substances, le  législateur œuvre ici sur deux  fronts : celui de la prohibition ra- dicale et celui de l’incitation à la  réduction de la consommation  (par voie tarifaire et/ou publici- taire). C’est tout particulièrement  vrai pour le tabac et l’alcool dont  il est tenu pour acquis qu’il nous  faut vivre avec et que toute prohi- bition serait un remède pire que  les fléaux sanitaires dont ils sont  la cause.

Et force est bien de constater que  les actions législatives (et le dis- cours pédagogique qui souvent  les accompagne) ne sont pas sans  jouer un rôle dans l’évolution de 

la perception de ces substan ces,  de leur consommation et de leurs  consommateurs. Le phénomène  est particulièrement marquant  pour ce qui est des produits déri- vés du tabac. Il y a moins d’un  demi-siècle tout ou presque était  permis. Puis vint la vulgarisation  du discours de plus en plus audi- ble sur la corrélation entre tabac  et pathologies cancéreuses d’une  part ; entre tabac et addiction de  l’autre. L’industrie crut pouvoir  avancer l’argument de la liberté  réciproque du fumeur et du non- fumeur. C’était compter sans  l’émergence du concept – égale- ment rapidement vulgarisé – de  tabagisme passif.

Aujourd’hui, du moins dans les  pays occidentaux, l’adolescence  (cette période initiatique de la prise  de risque) passée, la proportion  de fumeurs fiers de l’être est devenue  insignifiante. Tous les consomma- teurs ou presque se disent victimes  de leur dépendance, aimeraient  en finir une fois pour toute et  échouent très souvent dans leurs  tentatives de sevrage. Et tous ou  presque reconnaissent qu’il est de 

leur devoir de ne pas imposer  l’inhalation de leurs volutes à leur  entourage. 

Voilà, si l’on peut dire, pour le ta- bac. Les choses sont infiniment  plus complexes pour ce qui est  des alcools et de leur ambivalen ce. 

Pour autant, il semble également  que la situation évolue sur ce front. 

Après bien des résistances – éma- nant pour l’essentiel des filières  industrielles directement concer- nées – l’opinion publique en est  venue à accepter le principe selon  lequel les boissons alcooliques  peuvent induire une dépendance  chez certains consommateurs. 

L’alcoolique d’hier, coupable de  son vice, peut plus aisément être  accepté comme un malade de l’al- cool devant, autant que possible,  être considéré comme tel et aidé  par la collectivité tout en partici- pant volontairement à sa prise en  charge. Aucun angélisme ici. Ce  ne sont bien évidemment là que  de grandes tendances qui ne  sauraient masquer un cortège  d’exceptions. 

Mais dans ce paysage mouvant,  un récent et petit ouvrage 1 nous  fournit un symptôme éclairant de  ce que peut être l’évolution de la  perception de l’alcool et de sa con-

sommation débarrassée de toute  forme de modération. Cet ouvrage  est publié à l’occasion des vingt  ans de la mort d’Antoine Blondin. 

On ne résumera pas ici en quel ques  lignes l’œuvre de cet écrivain fran- çais (1922-1991) qui passa une  bonne partie de son existence à  user de masques ; sans jamais  oublier, très tôt et très souvent,  ceux – nombreux et variés – que  peut fournir la consommation de  boissons alcooliques. Du moins  est-ce l’image qui demeure de  l’auteur de L’Europe buissonnière,  des Enfants du bon Dieu ou de  L’Humeur vagabonde. 

Pour le grand public français et  francophone, sa notoriété tient  pour partie au fait qu’il abandonna  fréquemment la littérature pour le  journalisme sportif, pratique exer- cée dans les colonnes de L’Equipe :  chaque Tour de France de 1954 à  1982, d’innombrables matchs de  rugby et autant de Jeux Olympi- ques. La pratique de l’écriture dans  ce milieu étonna avant de séduire ;  puis l’homme, ses frasques et ses  ivresses récurrentes entrèrent bien  vite dans la légende. 

«Parce qu’il faut vous dire, il buvait,  l’Antoine. Que dis-je ? Il n’a plus  fait que ça, un jour, écrivit au lende-

Antoine Blondin et les alcools, vingt ans plus tard

revue de presse

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? Des partici­

pants ont dénoncé une condition discriminatoire et contraire au droit à l’autodétermination. Quant à une éven­

tuelle interdiction de percevoir une rémunération, plusieurs parties ont estimé que cela serait «susceptible de nuire à la qualité et au profession­

nalisme des accompagnants au sui­

cide».

Pour Simonetta Sommaruga, une mo­

dification du code pénal pourrait aussi amener des désavantages, comme la légitimation officielle des organisa­

tions d’assistance au suicide, ce qui pourrait avoir un effet incitatif. Les milieux médicaux se sont par ailleurs élevés contre l’idée que l’assistance au suicide devienne une activité mé­

dicale. (…)

Valentine Zubler Le Temps du 30 juin 2011

Un pas vers le diagnostic préimplantatoire

La règle constitutionnelle limitant le nombre d’embryons pouvant être développés in vitro doit être assou­

1 Cormier J, de Lassus S. Blondin : 20 ans déjà ! Monaco : Editions du Rocher 2011.

ISBN 9782268071329 main de sa mort Bertrand Poirot-

Delpech dans les colonnes du  Monde. Cela le rendait parfois mé- chant, au point de lasser ses meil- leurs amis. Il faut comprendre. 

C’était la seule façon qu’il avait  trouvée, l’alcool, de rappeler les  autres et lui-même au devoir d’en  rire, d’en pleurer, de ne pas s’y ré- soudre, en tout cas. Toute sa vie, il  aura fêté le refus de l’inacceptable,  comme on enterre sa vie de garçon. 

Une existence en forme de congé. 

Vous avez le bonjour d’Antoine !  Il ne croyait pas si bien dire. Au  début, cette brouille fondamentale  avec la planète – sauf les amis, la  bière à jeun et quelques bricoles –  ne l’a pas empêché tout à fait  d’écrire.»

Il buvait et il écrivait ; à la régala de. 

Tous voulaient le croire assouvis- sant, en pleine liberté, sa double  passion ; et à ce titre, on ne pouvait  manquer de rire et d’applaudir  celui que l’on n’aurait osé quali- fier d’ivrogne. En 1959, il tenta  pourtant de se faire comprendre. 

C’était avec Un singe en hiver. 

Peine perdue. On trahit pour par- tie le testament en le mettant en  images. La foule ria de plus belle  au spectacle de l’échec retentissant  d’un sevrage. La déchéance tarda. 

Mais en dépit d’amitiés multiples  et d’un quarteron de vrais fidèles,  elle survint. Et vingt ans plus tard  l’ouvrage dont nous parlons ici  vient heureusement nous dire le  chemin parcouru dans la percep- tion de cette addiction. Recueillis  sous la houlette du plus que fidèle  Jean Cormier, les vingt témoigna- ges de très proches (et d’autres  qui le furent moins) illustrent  pleinement l’évolution lente et  progressive des regards. Petit-fils  de l’écri vain, Symbad de Lassus  s’interroge. «Pour devenir l’hom- me et l’écrivain qu’il a été, avait-il  besoin de la boisson ? Pendant  longtemps, par fascination ou par  ignorance, j’ai voulu penser que  non. L’hom me aurait sans doute  été plus apaisé. Nous aussi. Mais  quid de son œuvre ?» Parce qu’elle  touche à la souffrance et à la créati- vité mêlées c’est, bien évidemment,  la plus pénible des questions ; celle  à laquelle nul ne saurait répondre.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

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