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Revue Médicale Suisse–
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22 juin 2011actualité, info
lu pour vous
Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU (Jean.Perdrix@chuv.hospvd.ch)
Les bêtabloquants sont favo- rables dans le traitement de la BPCO !
Encore un dogme qui vacille…
Les maladies cardiovasculaires et la broncho- pathie chronique obstructive (BPCO), liées au tabagisme, coexistent souvent. En dépit des données prouvant le bénéfice des b−bloquants dans le traitement de l’hypertension, des co- ronaropathies et de l’insuffisance cardiaque, les médecins sont souvent réticents à les prescrire en cas de BPCO, dans la crainte historique d’une exacerbation du broncho- spasme. Mais certaines données ont depuis lors démontré que cet effet était inexistant, au moins pour les b−bloquants cardiosélec- tifs. Cette étude a examiné cette question dans le cadre d’une large cohorte rétrospec- tive écossaise. Elle a inclus 5977 patients BPCO âgés de plus de 50 ans (âge moyen 69 ans), suivis en moyenne 4,35 ans, stratifiés selon les différents groupes thérapeuti ques (stéroïde inhalé w b2 stimulant w tiotropium) avec ou sans b−bloquants (88% cardiosélec- tifs). Dans les résultats, les auteurs notent une mortalité globale diminuée de 22% dans le groupe b-bloquant, l’ajout de cette molé- cule ayant un effet positif dans tous les groupes de traitement, vraisemblablement lié à la morbi-mortalité cardiovasculaire. De manière moins attendue, ils ont également mis en évidence une tendance à une amélio- ration des événements pulmonaires dans le groupe b−bloquant (indépendamment de la cardiosélectivité), avec une diminution des traitements stéroï des systémiques et des hospitalisations pour décom pensation respi- ratoire, sans aucune altération de la fonction pulmonaire. Les auteurs con cluent que les b−bloquants réduisent la mortalité globale et les exacerbations de BPCO sans altération de la fonction pulmonaire.
Commentaire : un traitement bêtastimulant et bêtabloquant combiné peut a priori sembler être d’une logique surprenante et les méca- nismes liés aux effets positifs respiratoires sont encore peu clairs. Les faits semblent toutefois assez nets et on peut vraisembla- blement conclure de ces données qu’il n’y a pas de raison de craindre l’emploi des b−blo- quants pour leurs effets pulmonaires et que les patients semblent plutôt au contraire avoir tout à y gagner !
Dr Jean Perdrix Policlinique médicale universitaire Lausanne Short PM, et al. Effect of b blockers in treatment of chronic obstructive pulmonary disease : A retro- spective cohort study. BMJ 2011;342:d2549.
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