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La côte d’ivoire dans la première guerre mondiale : état de la recherche pp. 30-37.

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DIABATÉ alassane (2014). La Côte d’ivoire dans la première guerre mondiale : état de la

recherche.

Rev. hist. archéol. afr., GODO GODO, ISSN 18417-5597, N° 25 - 2014

LA CÔTE D’IVOIRE DANS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE : ÉTAT DE LA RECHERCHE

Dr Diabaté Alassane

Enseignant Chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody UFR Sciences de l’Homme et de la Société (Filière Histoire)

Cel : (225) 05 62 05 24 (225) 07 67 75 68 Email : diabatealassane2008@yahoo.fr

RÉSUMÉ :

L’état de la recherche sur le sujet : la Côte d’Ivoire dans la première guerre mondiale, montre que les rares études qui s’y consacrent, abordent plusieurs thématiques : le recrutement, les liens entre la guerre et l’entreprise de conquête de la colonie, entre la guerre et la construction du chemin de fer, la problématique de la colonie de Côte d’Ivoire comme champ de bataille militaire, enfin, les conséquences de la guerre.

Toutefois, des pistes de recherche aussi importantes les unes que les autres pourraient enrichir le sujet.

Mots-clés : Première guerre mondiale-Colonie de Côte d’Ivoire-Recrutement militaire.

ABSTRACT

The state of the search (research) on the subject: Côte d’Ivoire in the World War I, show that the rare studies which dedicate themselves to it, approach several themes : The recruitment, the links between the war and the company of conquest of the colony (summer camp), between the war and the construction of the railroad, the problem of the colony (summer camp) of Côte d’Ivoire as military battlefield, finally, the consequences of the war.

However, avenues of research so important the some that the others could enrich the subject.

Key words: First world war- Colony (Summer camp) of Côte d’Ivoire- Military recruitment.

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INTRODUCTION

Alors que l’Europe en ce mois d’août 2014 commémore le centenaire de la première guerre mondiale, l’Afrique, elle, est comme frappée d’amnésie. Nul évènement sur ce continent ne vient rappeler l’engagement des soldats africains, les tirailleurs, sur les champs de bataille en Métropole. Pourtant, la contribution de l’Afrique dans la Grande Guerre, en hommes en vivres ou en numéraires a été une réalité patente. A titre d’exemple, dans la seule Afrique Occidentale Française (AOF), les chiffres de recrues oscillent entrent 150 000 et 200 000 combattants1. La guerre a même gagné le sol africain avec les attaques des colonies allemandes par les alliés, Français et Anglais et ce, «dans l’objectif… de détruire la capacité offensive de l’Allemagne»2. Le temps de cette commémoration est donc pour nous, l’occasion de revisiter les travaux de recherche ayant trait à la participation de la Côte d’Ivoire dans cette guerre.

Les études sur la Côte d’Ivoire dans la première guerre mondiale sont rares pour ne pas dire inexistantes. En réalité, seulement une d’entre elles, la thèse de doctorat 3e cycle de Domergue Cloarec Danielle intitulée La Côte D’Ivoire de 1912 à 1920.

Influence de la première guerre mondiale sur l’évolution politique, économique et sociale s’est intéressée de façon exclusive à la question. Mais cet ouvrage est introu- vable dans les bibliothèques de Côte d’Ivoire. Nous ne l’avons donc pas consulté.

Par contre, nous avons lu un article de même titre et du même auteur, sans doute le résumé de sa thèse, paru dans les Annales de l’Université d’Abidjan en 1976.

Madame Domergue apparaît donc comme la véritable spécialiste de la recherche sur la Grande Guerre en Côte d’Ivoire.

Outre Domergue, d’autres auteurs, en d’autres circonstances et pour d’autres préoccupations, ont évoqué la guerre 1914-1918 dans la colonie de Côte d’Ivoire. Il s’agit de René-Pierre Anouma, dans son ouvrage : Aux origines de la nation ivoirienne 1893-1946. Vol I : conquêtes coloniales et Aménagements territoriaux 1893-1920, Paris l’Harmattan, 2006, 282p. Il y consacre un chapitre intitulé : la Côte d’Ivoire dans le premier conflit mondial : l’accentuation du Corset colonial; Edmond Maestri, dans sa thèse de 3e cycle, le chemin de fer en Côte d’Ivoire, écrite en 1976, 448p;

Simon Pierre Ekanza et Guy Cangah, la Côte d’Ivoire par les textes : de l’aube de la colonisation à nos jours. Précisons que ces textes proposés par Ekanza et Cangah sont des sources d’archives que ces deux auteurs mettent à notre disposition, non sans au préalable en avoir fait un commentaire; Amon d’Aby François, la Côte d’Ivoire dans la cité Africaine, édité en 1951 par Larose, 206p; Domergue Danielle, une fois de plus, à travers un gouverneur pas comme les autres : Gabriel Angoulvant et enfin, Marc Michel dans un article sur «Les recrutements des tirailleurs en AOF… », paru dans la revue d’Histoire d’Outre-mer où il aborde les recrutements de tirailleurs en AOF pendant la première guerre mondiale et par ricochet, les recrutements dans la colonie de Côte d’Ivoire.

1- Marc Michel, «Les recrutements de tirailleurs en AOF pendant la première guerre mondiale : essai de bilan statistique », Revue française d›Histoire d›Outre-mer numéro 221, 1973, P.644.

2- Simon-Pierre Ekanza, L’Afrique au temps des Blancs, 1880-1935, Abidjan, Cerap, 2006, P.93.

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Mais que révèlent tous ces travaux sur la Côte d’Ivoire dans la première guerre mondiale?

Pour y répondre nous avons dégagé de nos lectures les différents centres d’inté- rêts suivants : le recrutement, les liens entre l’entreprise de conquête du territoire et la guerre qui survient, les relations entre la guerre et la construction du chemin de fer, la colonie de Côte d’Ivoire théâtre des opérations militaires, les conséquences socio-économiques de la guerre en Côte d’Ivoire.

I- LES RECRUTEMENTS

Pourquoi la Métropole en vient à solliciter des militaires africains pour la première guerre mondiale? A cette question, Domergue et Anouma essaient de nous apporter des réponses. Domergue explique que ce sont «les énormes pertes humaines» dès le début de la guerre qui firent naitre l’idée d’un appel à l’Empire.3 Anouma est on ne peut plus clair : il évoque «un besoin urgent en hommes après les hécatombes enregistrées suite à la déroute des troupes françaises sur les champs de bataille de Champagne en février et septembre 1915, d’Artois en mai-juin 1915»4.

Concernant les recrutements militaires proprement dit, Domergue, Ekanza et Anouma utilisent la même expression de «chasse à l’homme» pour qualifier les enrôlements, les incorporations d’indigènes au sein des unités dénommées «Bataillons des Tirailleurs Sénégalais» (BTS) en vue de leur participation à la guerre. Institués en AOF par les décrets de 1904 et 1912, ces Bataillons de Tirailleurs Sénégalais avaient pour rôle non seulement la conquête des colonies mais aussi leur défense.

C’est la mise en œuvre de l’idée de la «Force noire» ou de l’armée noire préconisée par les généraux Longueau et Mangin.

L’impression de chasse à l’homme pour le recrutement des tirailleurs en Côte d’Ivoire est surtout perceptible à travers les directives prises par les gouverneurs de la colonie.

Par exemple, dans une directive de mars 1918, reproduite dans l’ouvrage d’Ekanza et Cangah, le gouverneur Antonetti enjoint « au chef du service de douanes de… donner des instructions au personnel européen et indigène de ce cadre pour qu’il prête son concours au moment des opérations de recrutement et notamment pour qu’il exerce une surveillance étroite sur les indigènes de 18 à 35 ans qui tenteraient de franchir le barrage frontalier». Il s’agit particulièrement des indigènes des cercles de la Côte et notamment celui des lagunes qui, selon Antonetti, «n’avait presque rien donné jusqu’ici»5.

Cette opinion du gouverneur Antonetti sur les indigènes des cercles de la Côte est également exprimée dans l’ouvrage d’Amon d’Aby. Ce dernier justifie le refus de la conscription militaire des indigènes des régions forestières (cercles de la

3- Par Empire, il faut entendre ici, la France et ses colonies d’Afrique et d’Asie. L’expression Empire est usitée parfois dans les journaux et les médias pour proclamer la grandeur de la France au regard de ses possessions territoriales coloniales. Elle n’est pas un Empire avec à sa tête un Empereur. Constitutionnellement, la France est sous la troisième République (1870-1875 à 1940).

4- René-Pierre Anouma, Aux origines de la Nation ivoirienne 1893-1946. Vol I : Conquêtes coloniales et Aménage- ments territoriaux 1893-1920, Paris, l’Harmattan, 2006, P.166.

5- Guy Kangah, Simon-Pierre Ekanza, La Côte d’Ivoire par les textes : de l’aube de la colonisation à nos jours,

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Côte, de l’Ouest et du Centre) par le fait que ces régions ont des populations «peu belliqueuses» contrairement à celles des régions ou des cercles du Nord. Là, les populations qu’il qualifie de «guerrières» ont accueilli avec une certaine satisfaction la nouvelle de la déclaration de la guerre. La preuve, «il y eut affluence de volontaires dans les bureaux de recrutement. Ces hommes qui ignoraient tout des conditions dans lesquelles ils allaient se battre… ne voyaient qu’une chose : du butin à amasser en grande quantité»6. Mais combien étaient-ils, ces guerriers volontaires? A cette question Amon d’Aby ne répond pas.

Pourtant Anouma et Domergue nous apprennent que le recrutement en Côte d’Ivoire a fait plus d’appelés que de volontaires. A titre d’exemple, dans les cercles dits vaillants, guerriers du Nord, on n’a pu avoir dans celui de Kong que 22 volontaires sur les 150 recrues, 5 sur 70 pour le cercle de Touba, 4 sur 71 dans le Ouorodougou.

Aussi curieux que cela puisse paraître, Angoulvant, le père de la conquête de la colonie par la «manière forte» comprenait et justifiait cette désaffection des Africains pour le recrutement militaire donc pour la conscription. Voilà ce qu’il en disait à l’adresse de ses supérieurs hiérarchiques : «on ne peut vraiment demander à des gens qui ne se battent pas comme nous qu’on envoie mourir pour leurs vainqueurs d’hier et leurs maîtres actuels et de demain, de manifester de l’enthousiasme et de l’empressement (au recrutement)»7.

Tous les auteurs font état de ce que 12000 émigrés Agni traversent la frontière Est pour s’installer en Gold Coast de décembre 1916 à janvier 1917. Le même phé- nomène s’observa à la frontière Ouest vers le Liberia. Quand ils n’arrivaient pas à fuir le recrutement militaire, les indigènes exprimaient leur refus en se faisant enrôler comme manœuvres sur les chantiers, en se mutilant une partie du corps ou même en se suicidant.

Malgré tout, en Côte d’Ivoire, il y a eu, d’après Domergue, Anouma et Marc Michel, six recrutements militaires de septembre 1914 à novembre 1918. Ces recrutements ont permis de lever d’après Domergue 22 944 tirailleurs, 22 270 selon Marc Michel, 23000 environ selon Anouma. Marc Michel indique que sur les 22 270 recrues, la région de la Côte a fourni 2023 soldats, 8435 pour la région du centre, la région de l’ouest 5172 et 6589 pour celle du Nord.

Le lieu de rassemblement des recrues, étaient les camps militaires de Bouaké et de Dimbokro. De là, elles étaient convoyées sur Dakar aux camps de Tiaroye et de Rufisque d’où elles embarquaient pour la France.

La colonie de Côte d’Ivoire avec le chiffre d’environ 23 000 hommes a été en AOF la première pourvoyeuse de soldats à la Métropole, selon Anouma. Marc Michel lui, désigne plutôt la Guinée avec 30 204 hommes. Où est la vérité? La vérité pourrait tout simplement se trouver dans les difficultés liées au recensement de la population comme le dit si bien Marc Michel.

6- François Amon D’Aby, La Côte d’Ivoire dans la cité africaine, Paris, Larose, 1951, P.38.

7- Danielle Domergue, «Un gouverneur pas comme les autres : Gabriel Angoulvant», Annales de l›Université d›Abidjan, Série I Histoire, numéro 11, 1983, P.239.

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II- LES LIENS ENTRE LA GUERRE ET L’ENTREPRISE DE CONQUÊTE DE LA COLONIE.

La première guerre mondiale intervient dans le contexte de la pacification de la colonie de Côte d’Ivoire. Le débat qui pourrait avoir cours, c’est celui de la simultanéité des actions de la pacification de la colonie et celles de la contribution à la guerre. Entre 1914 et 1915, l’effort de guerre ne semble nullement entraver l’entreprise de conquête de la colonie. En mai 1915, Angoulvant affirme avoir achevé la conquête du territoire, ce que Domergue semble nuancer, parlant de suspension de la conquête du fait de la Grande Guerre. Anouma précise que la conquête est en cours durant la période de la première guerre mondiale. Pour Maestri, il existe une «relative tranquillité que peut expliquer la présence française diminuée et rendue discrète par la mobilisation»8.

En réalité, les grandes résistances sont vaincues mais il reste des poches de contesta- tion à l’ordre français dans la colonie. La preuve, en 1918 après la cessation des hostilités, la pacification de la colonie reprend et aboutit à la soumission du pays Lobi en 1920.

Si Angoulvant met un point d’honneur à faire appliquer la décision de conscription militaire obligatoire au bénéfice du conflit mondial, il n’hésite pas aussi à dénoncer cette demande sans cesse répétée de levées de troupes voulue et souhaitée par la Métropole.

III- LES LIENS ENTRE LA GUERRE ET LA CONSTRUCTION DU CHEMIN DE FER.

La construction du chemin de fer débutée en 1904 à Abidjan est suspendue en raison de la première guerre mondiale. En effet, Maestri nous apprend que « le chemin de fer ivoirien n’eut pas la chance du Thiès-Kayes dont les travaux d’avancement furent lentement poursuivies pendant la guerre. Hormis quelques travaux de peu d’importance, le rail ne progressa pas pendant près de six ans en Côte d’Ivoire»9. D’autre part, les défenseurs du prolongement du rail vers l’Est, avec pour tête de ligne Bassam sont désavoués car la guerre à un moment donné, exigeait plutôt la poursuite des travaux vers l’Ouest à partir de Dimbokro; l’Ouest, c’est-à-dire le Libe- ria, étant considéré comme la zone à surveiller du fait de la présence ennemie. Mais ce projet ne fut pas exécuté et la construction de la ligne Abidjan-Bouaké jusqu’aux terres françaises du Nord de la Côte d’Ivoire et Bobo-Dioulasso en Haute-Volta, s’est poursuivie après la guerre.

Grâce au recrutement et à la présence de camps militaires près de la voie ferrée à Bouaké et à Dimbokro, le chemin de fer a reçu une «nouvelle catégorie de voyageurs inconnue avant la guerre». Il s’agit des tirailleurs de Côte d’Ivoire, en partance pour le Sénégal. De façon plus générale, si le conflit mondial a entravé la construction du rail, il n’a pas du tout perturbé les trafics voyageurs et marchandises de la société de chemin de fer, selon Maestri.

8- Edmond Maestri, Le chemin de fer en Côte d’Ivoire, Thèse de doctorat 3ème cycle, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Aix- en- Provence, vol.1, 1976, P.364.

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IV- LA COLONIE, THÉÂTRE DES OPÉRATIONS MILITAIRES?

Y a-t-il eu à proprement parler la «guerre» en Côte d’Ivoire?

Nous répondons non, sans hésiter. Mais les autorités de la colonie, Angoulvant en premier et même celles de la Fédération (AOF) d’après Maestri et Domergue, envi- sageaient de contrôler et d’annexer le Liberia, ce «petit pays» qui accueillait l’ennemi allemand. En effet, l’influence allemande y était forte, avec surtout la présence de maisons de commerce allemandes. En mars 1915, un bateau allemand de la maison

«Woerman» en stationnement sur la rive libérienne du Cavally est enlevé par les Français. Ces derniers, comme empêtrés dans une guerre plus psychologique que réelle, voit d’un mauvais œil en 1915, le mouvement religieux messianique emmené du Libéria par le prophète Harris. Le Harrisme connaît beaucoup de succès sur la Côte et dans les régions forestières en général, c’est-à-dire là où les recrutements militaires sont difficiles. Harris qui prédit la fin de l’ordre colonial français, est vu par les autorités coloniales comme un agent allemand. Il s’en défend en ces termes : « qu’est-ce que je sais sur les Allemands? Quels rapports ont-ils avec moi? Je suis un prophète de la nouvelle loi…. Est-ce que les Noirs peuvent s’asseoir avec les Alle- mands et parler amicalement?»10. Ces propos du prophète Harris, tirés des sources d’archives de l’ouvrage de Ekanza et Cangah n’ont pas rassuré les autorités de la colonie qui l’expulsent de la Côte d’Ivoire en avril 1915. Si la colonie n’a pas vu se dérouler la guerre, elle en a subi tout de même les conséquences.

V- LES CONSÉQUENCES DE LA GUERRE

Elles sont surtout abordées par Anouma et Domergue et comportent plusieurs volets : démographiques, sanitaires, économiques et financières.

Au plan démographique : elles sont difficiles à évaluer en raison de statistiques peu fiables. Néanmoins, on estime à 14 500 environ le nombre de tirailleurs ayant survécu à la guerre sur les 23 000 partis en Métropole. Le recrutement militaire a-t-il influencé le chiffre de populations dans les cercles après la guerre? On n’en est pas certain. Par contre après la guerre, l’état sanitaire des populations dans les cercles est déplorable, le gouverneur général Van Vollenhoven parle de «déchet humain» dans la colonie.

Au plan économique, la politique de ravitaillement de la Métropole en produits alimentaires et matières premières industrielles, engendre une division du travail entre Européens et Africains dans la colonie mais surtout une intensification de la production agricole de palmistes, de riz, de cacao, de café, de bois, de caoutchouc, etc. Cette production est «menée, selon Anouma, par une population traumatisée et considérablement affaiblie par la pacification et les recrutements militaires»11. La politique de ravitaillement a eu pour conséquence directe la perpétuation du travail forcé qui a cours dans la colonie jusqu’en 1946.

10- Guy Kangah, Simon-Pierre Ekanza, Op.cit. , P.110.

11- René-Pierre Anouma, Op.cit., P183.

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Au plan financier, les difficultés financières de la Métropole dues à la guerre amène le gouverneur général de l’AOF à l’affranchir de certaines dépenses qu’elle effectuait pour le compte de ses colonies. Les indigènes sont mis à contribution. Le taux de l’impôt de capitation augmente de même que celui des diverses taxes en vigueur.

EN CONCLUSION, QUE RETENIR DE CES ÉTUDES?

Elles ont, toutes, abordé de façon plus ou moins exhaustive, la question du recru- tement des tirailleurs. Là-dessus, elles nous apprennent qu’il y a eu moins d’engagés volontaires que d’appelés (conscrits) et les recrutements dans l’ensemble, ont été une véritable hantise pour les populations de même que la période 1914-1918, jugée éprouvante pour celles-ci.

Tous ces écrits l’ont été sur la base de la documentation laissée par l’Administration coloniale. La parole n’a pas été donnée aux acteurs africains de cette époque (les recrues et les populations) ou les membres de leur famille ou même à tout sachant.

Il serait bon que les recherches à venir sur la question en tiennent compte. C’est le premier axe de recherche à exploiter. Il est du devoir des chercheurs africains de restituer ce pan de l’histoire à travers les sources orales.

Le deuxième axe de recherche pourrait concerner l’influence de la vision des administrateurs sur les clichés entretenus dans la société ivoirienne d’aujourd’hui par rapport à certains peuples ou ethnies. En effet, le sentiment de peuples belliqueux ou pacifiques ou même pleutres véhiculé dans la société d’aujourd’hui n’a-t-il pas été forgé et logé dans les subconscients par le colonisateur?

Un autre axe de recherche, le troisième, est relatif à la question du pécule ou de la pension des combattants. Question récurrente en ce qui concerne les combattants africains de la seconde guerre mondiale, qu’en est-il des tirailleurs africains ou ivoiriens de la Grande Guerre?

Les fétiches dans la guerre ou l’utilisation de talismans, de gris gris ou tout autre objet de protection de soldats africains dans le premier conflit mondial, ont-ils été une réalité? C’est le quatrième axe de recherche à même de nous intéresser.

Enfin, la problématique de la sincérité de l’Empire français vis-à-vis de ses sujets africains (soldats) allés combattre pour la mère-patrie. Pourquoi la «Force noire» et non la force française à laquelle aurait appartenu sans distinction de race, aussi bien sujets et citoyens français?

Telles sont les quelques pistes de recherche à explorer pour une meilleure connaissance de l’histoire de la Côte d’Ivoire et même de l’Afrique dans la première guerre mondiale.

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BIBLIOGRAPHIE

Danielle Domergue, « La Côte d’Ivoire de 1912 à 1920. Influence de la première guerre mondiale sur l›évolution politique, économique et sociale », Annales de l’Université d’Abidjan, Série I Histoire, vol 1, tome VI, 1976, pp35-60.

Danielle Domergue, « Un gouverneur pas comme les autres : Gabriel Angoulvant », Annales de l’Uni- versité d’Abidjan, Série I Histoire, numéro 11, 1983, pp 231-242.

Edmond Maestri, Le chemin de fer en Côte d’Ivoire, Thèse de doctorat 3ème cycle, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Aix- en- Provence, vol.1, 1976,448p.

François Amon D’Aby, La Côte d’Ivoire dans la cité africaine, Paris, Larose, 1951, 206p.

Guy Kangah, Simon-Pierre Ekanza, La Côte d’Ivoire par les textes : de l’aube de la colonisation à nos jours, Abidjan, Nea, 1978,239p.

Marc Michel, « Les recrutements de tirailleurs en AOF pendant la première guerre mondiale : essai de bilan statistique », Revue française d’Histoire d’Outre-mer numéro 221, 1973, pp 644-647.

René-Pierre Anouma, Aux origines de la Nation ivoirienne 1893-1946. Vol I : Conquêtes coloniales et Aménagements territoriaux 1893-1920, Paris, l’Harmattan, 2006, 282p.

Simon-Pierre Ekanza, L’Afrique au temps des Blancs, 1880-1935, Abidjan, Cerap, 2006, 119p.

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