M´ emoire de Master 2 :
Relations entre Perception Globale et Composition de S´equences Sonores
Aymeric DEVERGIE
Etudiant en Master 2 Informatique, sp´ ecialit´ e SAR, parcours ATIAM
Universit´ e Pierre et Marie Curie, Jussieu, Paris VI
Laboratoire d’accueil : IRCAM, Paris Equipe : Perception et Design Sonore
Responsable : Patrick SUSINI
Mars / Septembre 2006
R´ esum´ e
Peu de travaux consacr´ es ` a l’´ etude perceptive de s´ equences de sons de l’environnement tiennent compte des effets de la m´ emoire auditive ` a court terme. Ce rapport pr´ esente une
´ etude de l’influence de ces effets sur le jugement global de s´ equences sonores. Pour ´ etudier ces effets, nous proposons aux sujets des s´ equences compos´ ees de trois cat´ egories de sons : Trafic, Parc et Pr´ esence humaine. A la fin de chaque s´ equence, nous pr´ esentons un label correspondant ` a l’une des cat´ egories. Le sujet doit r´ epondre le plus rapidement possible ` a la question : ”Est-ce que le mot ´ evoque correctement la s´ equence ?”. Nous mesurons des temps de r´ eponse. Le jugement global porte sur l’ensemble de la s´ equence. Il n’est pas demand´ e aux sujets de tenir compte uniquement des derniers ´ el´ ements entendus mais de la totalit´ e de la s´ equence pour construire leur jugement. En analysant les donn´ ees, nous ´ evaluons l’effet de la position de la cat´ egorie cible sur le temps de r´ eponse. Nous d´ emontrons que le jugement global d´ epend de la r´ ecence de la cat´ egorie cible. Plus la cible est r´ ecente, plus le taux de r´ eponse ”oui” est ´ elev´ e et plus le temps de r´ eponse est court.
Ces r´ esultats sont en accord avec les ´ etudes men´ ees sur la m´ emoire auditive des sons
verbaux et non verbaux. Nous observons, d’autre part, des diff´ erences de taux et temps
de r´ eponse en fonction des cat´ egories de sons. Les r´ esultats montrent un net avantage de
m´ emorisation pour les sons humains. Pour chaque cat´ egorie, le temps de r´ eponse ´ evolue
diff´ eremment en fonction de la position temporelle de celle-ci dans la s´ equence.
Remerciements
Je tiens ` a remercier :
Patrick SUSINI pour m’avoir accueilli dans son ´ equipe, et ´ egalement pour m’avoir pro- pos´ e un sujet de stage aussi passionnant. Merci pour son d´ evouement et son soutient.
Olivier HOUIX et Nicolas MISDARIIS pour les conseils avis´ es, et leurs r´ eflexions pertinentes.
Toute l’´ equipe Perception et Design Sonore pour sa bonne humeur intarissable, avec une mention sp´ eciale pour Julien T.
Merci ` a tous pour votre sens de la communication et du partage. L’´ echange de point
de vues au cours des r´ eunions d’´ equipe s’est av´ er´ e extrˆ emement constructif et motivant.
Introduction
Le travail rapport´ e ici se d´ eroule dans le cadre de recherches concernant la percep- tion de s´ equences sonores men´ ees dans l’´ equipe Perception et Design sonore ` a l’IRCAM.
Cette ´ equipe, cr´ ee en 1999, s’int´ eresse ` a la perception auditive de stimuli non verbaux.
L’une de ses missions consiste ` a ´ evaluer les processus cognitifs intervenant dans la per- ception auditive. Nous nous int´ eressons ici ` a l’influence de la composition temporelle sur le jugement global de s´ equences compos´ ees de sons de l’environnement. Cette th´ ematique f´ ed` ere deux axes de recherches. Le premier axe concerne la repr´ esentation cognitive des sons de l’environnement en termes de cat´ egories s´ emantiques. Le second axe de recherche, qui est d’avantage le point central de cette ´ etude, s’int´ eresse aux effets de la m´ emoire dans le cas de la perception globale d’une s´ equence sonore.
En effet, les travaux men´ es dans le domaine de la m´ emoire auditive avec des sons verbaux mettent en ´ evidence une limitation temporelle ` a court terme concernant la r´ etention d’informations ; limitation aussi bien au niveau des m´ ecanismes (boucle phono- logique) qu’au niveau sensoriel (m´ emoire ´ echo¨ıque). Par cons´ equent, la courbe de rappel g´ en´ eralement obtenue pour des sons verbaux a une forme de ”U” indiquant un bon rap- pel pour les premiers (effet de primaut´ e) et les derniers (effet de r´ ecence) ´ el´ ements de la liste. L’avantage pour les derniers ´ el´ ements est un effet essentiellement observ´ e lors d’une pr´ esentation auditive. En 2005, P. Guelton et al. ont mis en ´ evidence des effets similaires pour les listes de sons de l’environnement, avec cependant une capacit´ e de r´ etention accrue par rapport aux sons verbaux. D’autre part, P. Susini et al., en 2002, ont montr´ e que le jugement global en sonie d’un son pur de 1 kHz non stationnaire sur quelques dizaines de secondes d´ epend de la position temporelle des variations du niveau sonore. Dans ce cas, les mod` eles classiques de mesure de la sonie ´ echouent pour rendre compte de la sonie globale. Il apparaˆıt donc naturel de s’interroger sur l’influence de la m´ emoire ` a court terme sur la perception d’une s´ equence temporelle. Notre objectif, ` a travers cette ´ etude, est de prendre en compte les effets de m´ emoire auditive pour analy- ser les processus perceptifs mis en jeu lors d’une tˆ ache consistant ` a ´ evaluer l’impression globale d’une s´ equence sonore.
Nous dresserons, dans le chapitre 1, un ´ etat de l’art concernant la perception de
s´ equences sonores, la structure et les m´ ecanismes de la m´ emoire. Nous aborderons ´ egale-
ment les effets de la m´ emoire sur la perception auditive. Nous d´ etaillerons, ensuite, dans
le chapitre 2, l’exp´ erience proprement dite. Nous discuterons ` a partir des r´ esultats de
iv
l’influence de l’organisation temporelle sur le jugement global de s´ equences de sons de
l’environnement. Pour finir, nous aborderons, dans le chapitre 4 les perspectives envi-
sag´ ees pour poursuivre dans cet axe de recherche.
Table des mati` eres
Introduction iii
1 Etat de l’art 1
1.1 Perception de s´ equences sonores . . . . 1
1.1.1 S´ equences de sons purs et sons verbaux . . . . 1
1.1.2 S´ equences de sons de l’environnement . . . . 2
1.2 Effets de la m´ emoire sur la perception globale . . . . 4
1.2.1 Pr´ esentation succincte de la m´ emoire . . . . 4
1.2.2 Manifestations de la m´ emoire ` a court terme : R´ ecence et Primaut´ e 7 1.2.3 Effets inh´ erents au protocole exp´ erimental . . . . 9
2 Exp´ erience 11 2.1 Pr´ esentation . . . . 11
2.1.1 Rappel des objectifs . . . . 11
2.1.2 Protocole . . . . 11
2.1.3 Mesure du temps de r´ eaction . . . . 12
2.2 S´ election et description du Mat´ eriau sonore . . . . 13
2.2.1 Extraction d’une base de sons existante . . . . 13
2.2.2 Cat´ egorisation des sources sonores . . . . 14
2.2.3 D´ efinition et ajustement du niveau sonore . . . . 18
2.3 Mat´ eriel . . . . 20
2.4 Stimuli . . . . 21
2.4.1 Sons utilis´ es . . . . 21
2.4.2 Organisation temporelle des s´ equences . . . . 21
2.4.3 Mots cibles . . . . 21
2.4.4 Bruit de fond . . . . 23
2.5 Proc´ edure . . . . 23
2.6 Sujets . . . . 25
2.7 R´ esultats . . . . 25
2.7.1 R´ esultats concernant les s´ equences Test . . . . 25
2.7.2 Pourcentage de r´ eponse pour chaque cat´ egorie en fonction de la position temporelle . . . . 26
2.7.3 Temps de r´ eponse pour chaque cat´ egorie cible . . . . 27
TABLE DES MATI ` ERES vi
2.7.4 Pourcentage et Temps de r´ eponse pour la cat´ egorie Traffic . . . . . 28
2.7.5 Discussion des r´ esultats . . . . 29
2.8 Discussion g´ en´ erale . . . . 32
2.8.1 Effet de la m´ emoire . . . . 32
2.8.2 Sons de l’environnement . . . . 33
3 Conclusion 36 4 Perspectives 37 4.1 Exp´ erience de jugement global de s´ equences . . . . 37
4.2 Exp´ eriences de rappel de listes de sons environnementaux . . . . 37
4.3 Exp´ erience de jugement pour chaque cat´ egorie . . . . 38
4.4 Exp´ erience de jugement d’agr´ ement . . . . 38
A Description du bruit de fond 39 A.1 Description du bruit de fond . . . . 39
A.1.1 Int´ erˆ et . . . . 39
A.1.2 Analyse Spectrale . . . . 39
A.1.3 Synth` ese par M´ ethode LPC . . . . 40
B Mat´ eriau sonore 43 B.1 Liste compl` ete des sons extraits de la base de sons . . . . 43
C Ajustement ´ ecologique en sonie 44
Table des figures
1.1 Mod` ele de la M´ emoire S´ emantique selon Collins et al. . . . . 6
1.2 Mod` ele de la M´ emoire S´ emantique par Comparaison d’attributs selon Smith et al. . . . 6
1.3 R´ ecence et Primaut´ e pour une liste d’items verbaux . . . . 7
1.4 R´ ecence et Primaut´ e pour une liste de sons de l’environnement . . . . 8
2.1 D´ eroulement des s´ equences au cours de l’exp´ erience de Jugement global . . . . 11
2.2 Repr´ esentation arbor´ ee de la cat´ egorisation des sons . . . . 16
2.3 Liste des sons du corpus d´ efinitif . . . . 17
2.4 Prototypes retenus par les sujets . . . . 18
2.5 Interface d’ajustement en Sonie sous PsiExp . . . . 19
2.6 Structure temporelle d’une s´ equence ”type” . . . . 22
2.7 Structure temporelle d’une s´ equence ”test” . . . . 22
2.8 Interface Utilisateur pour l’exp´ erience de Jugement Global sous Max/MSP . . . . 24
2.9 Pourcentage de r´ eponse en fonction du type de s´ equence . . . . 25
2.10 Effectif pour chaque cat´ egorie en fonction de la position de la cible . . . . 26
2.11 Temps de r´ eponse en fonction de la cat´ egorie cible . . . . 27
2.12 % de l’effectif pour la cat´ egorie Trafic en fonction des configurations . . . . 28
2.13 Temps de r´ eponse pour la cat´ egorie Trafic en fonction des configurations . . . . 29
A.1 M´ ethode LPC . . . . 40
A.2 Bruit de fond ´ etudi´ e par V. Maffiolo . . . . 41
A.3 Spectre et enveloppe spectrale du bruit de fond analys´ e . . . . 41
A.4 Spectre et Enveloppe spectrale du bruit de fond synth´ etis´ e . . . . 42
C.1 Niveaux ´ ecologique en dB SPL des sons de Pr´ esence Humaine . . . . 44
C.2 Niveaux ´ ecologique en dB SPL des sons de Parc . . . . 45
C.3 Niveaux ´ ecologique en dB SPL des sons de Trafic . . . . 45
Chapitre 1
Etat de l’art
Nous rapportons dans ce chapitre les travaux concernant les deux axes que nous avons d´ egag´ e dans l’introduction ` a savoir la repr´ esentation des sons de l’environnement en cat´ egories s´ emantiques et les effets de la m´ emoire sur la perception de s´ equences sonores. Dans un premier temps, nous pr´ esentons les travaux concernant la perception de s´ equences de sons. Puis, nous abordons un chapitre concernant les effets de la m´ emoire sur la perception de s´ equences sonores.
1.1 Perception de s´ equences sonores
Les travaux mentionn´ es dans cette section r´ ev` elent des effets de la m´ emoire auditive.
Historiquement, l’´ etude des s´ equences de sons a d´ ebut´ e avec des sons purs. Ces stimuli sont simples ` a produire et les param` etres acoustiques sont contrˆ olables. Par la suite, des ´ etudes ont ´ et´ e men´ ees sur la perception de s´ equences de sons verbaux. Enfin, nous pr´ esentons une ´ etude concernant la perception de s´ equences de sons environnementaux.
Ce type d’´ etude manque cependant de contrˆ ole permettant de mettre en ´ evidence des effets de la m´ emoire.
1.1.1 S´ equences de sons purs et sons verbaux S´ equence de sons purs
En 2002, P. Susini et al. [SMS02] ont men´ e une exp´ erience concernant l’estimation instantan´ ee et globale de l’intensit´ e d’un son pur variant en intensit´ e au cours du temps.
L’hypoth` ese qui a conduit ` a ces travaux est la suivante : les caract´ eristiques temporelles des variations de l’intensit´ e modifient la perception globale d’intensit´ e sonore. Le stimulus pr´ esent´ e au sujet est un son pur de 1 kHz dont l’intensit´ e varie entre 60 et 90 dB SPL.
Deux jugements sont demand´ es aux sujets. Le premier est un jugement instantan´ e
suivi d’un jugement global en sonie. Le second jugement demand´ e est un jugement global
en fin de pr´ esentation. La position temporelle des pics d’intensit´ e conditionne le juge-
ment global d’intensit´ e. Les positions qui influencent le plus le jugement sont celles pour
lesquelles les effets de m´ emoire ` a court terme sont pr´ esents, c’est ` a dire au d´ ebut (effet de primaut´ e) et ` a la fin (effet de r´ ecence) de la s´ equence.
S´ equence de voix parl´ ee
L’´ etude de la voix se distingue de l’´ etude de sons purs. La voix est le vecteur d’infor- mations s´ emantiques. Notre connaissance de la langue est impliqu´ ee dans l’´ ecoute de la voix. Cela modifie profond´ ement notre mani` ere de percevoir une s´ equence de voix parl´ ee.
L. Gros et al. [GC01] en 2001, ont ´ etudi´ e des s´ equences de voix parl´ ee. Cette ´ etude porte sur le jugement instantan´ e et global de la qualit´ e de la voix. Cette ´ etude est men´ ee pour appr´ ehender les effets de perte de qualit´ e de la voix dans les transmissions t´ el´ ephoniques. Le stimulus utilis´ e dans l’exp´ erience est un discours prononc´ e par une personne, num´ eris´ e et trait´ e par informatique de mani` ere ` a simuler les d´ egradations inh´ erentes ` a la tranmission par t´ el´ ephonie. La qualit´ e de la voix ´ evolue au cours du temps. Le jugement demand´ e est un jugement instantan´ e, ` a donner pendant la diffusion de la s´ equence, suivi d’un jugement global ` a la fin de l’´ ecoute.
Le jugement instantan´ e suit parfaitement l’´ evolution de la qualit´ e de la voix dans la s´ equence. Les sujets per¸ coivent plus rapidement les d´ egradations que les am´ eliorations de la qualit´ e. Le sujet cr´ ee, selon les auteurs de cette ´ etude, des attentes lorsqu’il est confront´ e ` a des stimuli qui ont une signification. Plus la modification apparaˆıt tard, plus le jugement global est affect´ e.Les sons purs ne sont pas des sons auxquels nous sommes expos´ es quotidiennement.
1.1.2 S´ equences de sons de l’environnement
Les sons de l’environnement constituent une cat´ egorie distincte ` a la fois des sons verbaux et des sons purs. Historiquement, les ´ etudes de stimuli sonores ont concern´ e les sons purs, puis les sons verbaux. Les sons de l’environnement sont en fait tous les sons qui n’entrent pas dans ces deux cat´ egories. Chaque son que nous percevons active une ou plusieurs connaissances ou concepts acquis ant´ erieurement. Nous percevons et identifions les sources sonores qui nous entourent, nous en parlons. Nous sommes parfois amen´ es ` a d´ ecrire les qualit´ es du son. Nous comparons les stimulations sensorielles avec nos repr´ esentations en m´ emoire. Ce processus d’identification se d´ eroule avant tout processus de qualification du son. Les enquˆ etes de terrains et le recueil d’impressions des sujets permettent de constituer des corpus de sons pertinent. Ce point sera ´ evoqu´ e ici, en mˆ eme tant que les param` etres propos´ es par J. Ballas concernant l’identifiabilit´ e des sons environnementaux.
Facteurs influen¸ cant l’identification
En 1993, Ballas [A.B93] m` ene une ´ etude permettant de d´ efinir les facteurs impliqu´ es dans l’identification des sons brefs de l’environnement. Ballas d´ efini la notion d’identi- fiabilit´ e comme ´ etant le temps n´ ecessaire ` a l’identification des sons de l’environnement.
Les facteurs qu’il met en ´ evidence ne sont pas uniquement des facteurs acoustiques.
1.1 Perception de s´ equences sonores 3
Le premier param` etre qui nous int´ eresse est la typicalit´ e. Rosh d´ efinit, en 1975, la no- tion de typicalit´ e. Un item est typique s’il est repr´ esentatif de la cat´ egorie ` a laquelle il appartient. J. Ballas affirme que la typicalit´ e influence le temps d’identification, ce qui corrobore les donn´ ees recueillies par Collins et Quillian,[CQ69], pour expliquer l’or- ganisation hi´ erachique de nos connaissances. Nous reviendrons en d´ etail sur ce mod` ele d’organisation. J.Ballas identifie comme second param` etre important le contexte. Un son pr´ esent´ e en dehors de sons contexte est plus difficilement identifi´ e.
Enquˆ etes de terrain
Pour recueillir l’impression des sujets confront´ es ` a des environnements sonores, des enquˆ etes de terrain ont ´ et´ e men´ ees. Ce type d’´ etude permet d’appr´ ecier le jugement et la repr´ esentation d’espaces sonores selon le point de vue des sujets.
V. Maffiolo et al. [MVP + 97] m` enent, en 1997, une enquˆ ete aupr` es de la population parisienne. Celle-ci est men´ ee dans le but de cr´ eer un corpus de sons de l’environnement tenant compte des impressions et jugements des individus. Il est demand´ e aux sujets de dessiner un environnement sonore. Par la suite, les sujets doivent ´ evoquer un espace sonore de m´ emoire. Les repr´ esentations propos´ ees par les sujets sont de 4 types, ` a savoir : des sch´ emas abstraits, des cartographies, des lieux sp´ ecifiques ou encore des sources non organis´ ees dans un site. Cette ´ etude a permis d’identifier les lieux les plus souvent cit´ es, et de montrer qu’il existe une structure dans l’appr´ ehension d’un lieu, en terme de topologie, d’appr´ eciation qualitative, du rapport au sujet qui en parle. La place que tient le sujet et l’activit´ e qu’il peut avoir dans la sc` ene sont aussi mentionn´ ees dans leur description.
Appr´ eciations subjectives de s´ equences sonores
V. Maffiolo et al. [MCD98] proposent, en 1998, une ´ etude concernant le jugement de s´ equences r´ eelles. Ces derniers d´ emontrent que l’appr´ eciation subjective et la strat´ egie d’´ ecoute d´ epend du contenu de la s´ equence.
Les extraits sont choisis ` a partir de r´ esultats d’enquˆ etes men´ ees aupr` es des sujets, comme celles mentionn´ ees plus haut.
Chaque sc` ene extraite des ambiances, enregistr´ ees in situ, dure entre 15 et 20 secondes.
Deux types de sc` enes sont extraites : les sc` enes ”´ ev` enementielles”, consistant en un ensemble d’´ ev` enements discriminables et identifiables et les sc` enes ”amorphes” compos´ ees d’un bruit de fond continu sans ´ ev´ enements particuliers. Les auteurs d´ emontrent que les sc` enes ´ ev´ enementielles sont trait´ ees s´ emantiquement et que les sc` enes amorphes le sont physiquement.
Le caract` ere ´ ev` enementiel ou amorphe a une grande influence sur l’´ evaluation de
l’intensit´ e per¸ cue par les sujets. Pour une ´ etude des sons de l’environnement le nombre et
l’identification de sons discriminables est un crit` ere pertinent. Les donn´ ees verbales sont
essentiellement constitu´ ees de deux types de descripteurs : les descripteurs de param` etres
physiques et les descripteurs de sources. L’hypoth` ese est verifi´ ee.
S´ equence de sons de l’environnement
A l’instar de J. Hellbr¨ uck, S. Namba et S. Kuwano [HKZ + 01], R. Weber m` ene, en 1991 [Web91], une ´ etude sur la perception de bruits de circulation. Cette ´ etude concerne le jugement subjectif des variations continues du niveau sonore pour s´ equences enregistr´ ees en situation r´ eelle. Le niveau r´ eel en dBA est mesur´ e simultan´ ement. Cette ´ etude r´ ev` ele une d´ ependance non lin´ eaire entre le jugement subjectif et niveau r´ eel mesur´ e. Les auteurs notent aussi une grande variabilit´ e entre les sujets. Les sujets d´ etectent avec un d´ ecalage temporel les variations de niveau sonore. C’est en cela que la d´ ependance est non lin´ eaire.
Les trois ´ etudes concernant les s´ equences sonores (sons purs, sons verbaux et sons de l’environnement) montrent que les jugements d’intensit´ e sonore pour les sons purs et de qualit´ e pour la parole d´ ependent de l’organisation temporelle des s´ equences pr´ esent´ ees.
Nous ´ etudierons des s´ equences de sons de l’environnement dont l’agencement tempo- rel sera contrˆ ol´ e. Cet agencement sera ´ egalement s´ emantique. Pour savoir si le contenu s´ emantique des sons ` a une incidence sur la perception de s´ equences, nous organiserons les s´ equences en fonction de la cat´ egorie ` a laquelle appartient chacun des ´ ev` enements sonores.
1.2 Effets de la m´ emoire sur la perception globale
Pour comprendre comment la m´ emoire peut influencer la perception globale nous pr´ esenterons succinctement l’organisation g´ en´ erale de la m´ emoire. Nous d´ etaillerons da- vantage l’organisation de nos connaissances en m´ emoire. Ensuite, nous pr´ esenterons deux manifestations de la m´ emoire ` a court terme ; l’effet de r´ ecence et l’effet de primaut´ e. En- fin, nous exposerons des effets que nous devrons int´ egrer pour mettre en place le protocole exp´ erimental.
1.2.1 Pr´ esentation succincte de la m´ emoire Structure de la m´ emoire
La structure de la m´ emoire que nous exposons ici repose sur un mod` ele propos´ e en 1968 par Atkinson et Shiffrin. Notre objectif ne consiste pas ` a ´ etudier les mod` eles les plus r´ ecents propos´ es dans la litt´ erature. Des am´ eliorations de ce mod` ele sont propos´ ees, mais dans le fond la distinction entre le court et le long terme reste d’actualit´ e.
La m´ emoire sensorielle La m´ emoire sensorielle peut se d´ efinir comme la r´ etention temporaire des effets d’une stimulation sensorielle. C’est la trace mn´ esique la plus courte.
Elle peut ˆ etre maintenue sur une p´ eriode de 300 ` a 500 ms. Elle est dite ´ echo¨ıque pour les stimuli auditifs, et iconique pour les stimuli visuels.
Elle a pour fonction de collecter les stimuli qui vont ˆ etre trait´ es. Lorsque le stimulus
parvient au syst` eme auditif p´ eriph´ erique de mani` ere intermittente, la m´ emoire ´ echo¨ıque
permet l’illusion de continuit´ e auditive.
1.2 Effets de la m´ emoire sur la perception globale 5
La m´ emoire ` a court terme D´ enom´ ee m´ emoire ` a court terme, m´ emoire imm´ ediate ou encore m´ emoire primaire, elle permet la restitution imm´ ediate de l’information per¸ cue.
Les stimulis peuvent ˆ etre maintenus pendant 30 ` a 90 secondes. La m´ emoire ` a court terme est sensible aux interf´ erences. Elle est ´ egalement sensible ` a l’interposition de stimuli parasite entre le test et le rappel de la liste. La m´ emoire ` a court terme est ´ egalement sensible aux troubles attentionnels, comme la baisse de la concentration.
La m´ emoire ` a court terme, simple unit´ e de stockage, est d´ ecrite par Baddeley et Hitch (1974), [Bad02], permet d’expliquer un lien entre MCT et MLT. La MCT devient la m´ emoire de travail et elle se divise alors en quatre sous syst` emes. Cette repr´ esentation porte le nom de mod` ele modal. Les quatre sous syst` emes sont : la boucle phonologique, le registre visuo-spatial, le buffer ´ episodique et le centre executif.
La m´ emoire ` a long terme La m´ emoire ` a long terme est la m´ emoire de stockage permanent. L’acc` es aux informations contenues dans cette m´ emoire est un acc` es lent compar´ e ` a l’acc` es dans la MCT. Il est courant de s´ eparer au sein de la MLT la m´ emoire explicite ou d´ eclarative de la m´ emoire implicite ou non d´ eclarative. La m´ emoire explicite fait r´ ef´ erence ` a tout ce que nous apprenons par association entre un stimulus et une
´ etiquette, une repr´ esentation. Le langage constitue un apprentissage explicite. A l’oppos´ e, l’apprentissage implicite n’´ etablit pas de relation univoque et pr´ ecise entre un stimulus et une repr´ esentation en m´ emoire. L’apprentissage de fonctions locomotrices, comme apprendre ` a faire du v´ elo, par exemple, est un apprentissage implicite.
Organisation des connaissances en m´ emoire s´ emantique
Mod` ele hi´ erarchique Le premier mod` ele est propos´ e par Collins et Quillian en 1969.
Il s’agit du mod` ele hi´ erarchique (figure 1.1). Les connaissances des mots sont hi´ erachis´ ees s´ emantiquement. Chaque noeud repr´ esente un concept. Les concepts de bas niveau sont inclus dans les concepts de haut niveau. En haut de la hi´ erachie se trouve les concepts g´ en´ eriques, par exemple : v´ ehicule. Au niveau de base, niveau interm´ ediaire, nous trou- vons, voiture. Enfin, au niveau inf´ erieur, nous trouvons les concepts d´ etaill´ es, berline.
Ceci est l’inclusion de concepts, tel que le d´ efinit Collins. [Gal05]. L’´ economie cognitive s’est r´ eduite la quantit´ e d’informations ` a m´ emoriser en ”factorisant” les propri´ et´ es de chaque concept. Les concepts des noeuds inf´ erieurs h´ eritent des propri´ et´ es des niveaux sup´ erieurs. Il n’y a pas de redondance des propri´ et´ es.
Mod` ele par comparaisons d’attributs Smith, Shoben et Rips proposent, en 1974, le mod` ele par ”comparaison d’attributs”. Le sens des mots est d´ efini par ses attributs.
(figure 1.2). Il y a deux types d’attributs : les attributs de d´ efinition et les attributs de ca-
ract´ erisation. Si un exemplaire ne pr´ esente pas les attributs de d´ efinition d’une cat´ egorie,
il n’appartient pas ` a cette cat´ egorie. S’il ne pr´ esente pas un attribut de caract´ erisation,
il peut tout de mˆ eme appartenir ` a la cat´ egorie. Lors de la pr´ esentation d’un stimulus, un
processus de comparaison s’effectue en deux ´ etapes, toujours d’apr` es Smith et al. . La
premi` ere ´ etape consiste en la comparaison de tous les attributs, afin de juger du degr´ e
de similarit´ e entre le test et le pr´ edicat en m´ emoire. Si les deux exemplaires sont tr` es
dangereux Animal
Canari Autruche
Oiseau
ne vole pas
Poisson
mord Saumon nage
Requin rose chante
jaune
ailes plumes
vole ou¨ies
nageoires peau
mange respire se déplace
grande longues pattes
migrateur
Fig. 1.1 – Mod` ele de la M´ emoire S´ emantique selon Collins et al.
semblables ou bien tr` es dissemblables alors le processus de comparaison est termin´ e. Si la situation n’est pas aussi tranch´ ee, une seconde comparaison est n´ ecessaire. La com- paraison porte sur les attributs de d´ efinition. Ce mod` ele permet d’expliquer les effets de typicalit´ e. Des items similaires vont n´ ecessiter une seule ´ etape de comparaison. Ainsi une forte typicalit´ e suscite des temps de r´ eponse courts. Si les items sont peu similaires, les temps de r´ eponses seront plus long.
Etape 1:
Etape 2:
Comparer les attributs de définition
Faible Similarité Forte Similarité
Ne correspond pas Correspond
Dissemblance Ressemblance
Comparer tous les attributs entre prototype et item
Fig. 1.2 – Mod` ele de la M´ emoire S´ emantique par Comparaison d’attributs selon Smith et al.
1.2 Effets de la m´ emoire sur la perception globale 7 1.2.2 Manifestations de la m´ emoire ` a court terme : R´ ecence et Pri-
maut´ e
Les effets connus sous le nom de r´ ecence et de primaut´ e sont des manifestations claires de processus de notre m´ emoire. Glanzer et Cunitz (1966) montrent que l’effet de r´ ecence est dˆ u ` a notre m´ emoire ` a court terme. Pour cela, ils proposent une tˆ ache de rappel de liste de mots. L’effet de r´ ecence est r´ eduit s’ ils demandent aux sujets de compter ` a rebours jusqu’` a 30 avant de rappeler les mots. Cette tˆ ache interm´ ediaire affecte le contenu de la m´ emoire ` a court terme.
Les deux auteurs ´ etudient ´ egalement l’effet de primaut´ e. Ils affirment que l’effet de primaut´ e est dˆ u ` a notre m´ emoire ` a long terme. Pour la mˆ eme tˆ ache de rappel libre, si le nombre de mots diminue, la disponibilit´ e en m´ emoire est plus grande et l’effet de primaut´ e observ´ e est plus important. La figure 1.3 illustre ces effets dans une tˆ ache de rappel d’une liste d’items verbaux.
Primauté
%Rappel correct
n°items 10%
100%
Récence
Fig. 1.3 – R´ ecence et Primaut´ e pour une liste d’items verbaux
Travaux ant´ erieurs
Les travaux de P. Guelton et al. , en 2005 [Gue05], concernent la perception et la m´ emorisation des listes de sons de l’environnement.
Les travaux ont ´ et´ e men´ es afin d’´ etudier des tˆ aches de rappel libre et s´ eriel d’une liste de sons de l’environnement. L’hypoth` ese ´ eprouv´ ee dans cette ´ etude est que les sons environnementaux, par leur complexit´ e, sont moins bien rappel´ es que des sons verbaux.
Les stimuli pr´ esent´ es aux sujets sont des sons environnementaux d’une dur´ ee moyenne comprise entre 1 et 4 secondes, ´ echantillonn´ es ` a 44100 Hz, mix´ e en st´ er´ eo sur 32 bits. Les listes comprennent 14 sons. Il est demand´ e aux sujets diff´ erentes tˆ aches. Pour un premier groupe, le rappel est libre. L’ordre dans lequel les sujets se rappellent n’est pas important.
Seul compte la position du mot dans la liste. Un second groupe doit en revanche rappeler
les mots dans l’ordre dans lequel ils sont apparus. A la fin, les deux groupes sont amen´ es
`
a identifier et nommer les sources pr´ esent´ ees.
Les r´ esultats de la figure 1.4 infirment l’hypoth` ese. Le taux de rappel moyen est meilleur que pour le rappel de sons verbaux. On peut donc supposer que le processus cognitif d’identification a permis de mieux m´ emoriser les stimuli pr´ esent´ es. Cette hy- poth` ese est ` a v´ erifier.
50%
%Rappel correct
n°items 100%
Récence Primauté
Fig. 1.4 – R´ ecence et Primaut´ e pour une liste de sons de l’environnement
D’autre part, les travaux mettent en ´ evidence un ph´ enom` ene de r´ ecence relative. Le ph´ enom` ene de r´ ecence est dˆ u ` a notre m´ emoire ` a court terme. Son empan est limit´ e. Les travaux men´ es ici montrent que l’effet persiste alors que le nombre d’items concern´ es par cet effet est sup´ erieur au nombre propos´ e par Miller. L’origine de cette prolongation de l’effet de r´ ecence reste peu comprise.
Sur un autre plan, D.L. Hintzman, [Hin03] ´ etudie, en 2003, l’effet de l’identification des items pr´ esent´ es sur le jugement de r´ ecence. Pour les deux premi` eres exp´ eriences, les stimuli sont des listes de 550 mots diff´ erents. Les mots sont r´ ep´ et´ es de 1 ` a 6 fois dans la liste pr´ esent´ ee. La liste de mots est de longueur variable comprise entre 5 et 30 items.
Une liste de mots est pr´ esent´ ee sur un ´ ecran. Certains mots sont r´ ep´ et´ es. Le sujet doit dire si le mot qui apparaˆıt est nouveau ou ancien. Si le mot est ancien, le sujet doit dire quelle est l’anciennet´ e du mot. Pour l’exp´ erience suivante, le jugement de r´ ecence est fait sur une ´ echelle de 1 ` a 6. Un enjeu de comp´ etition avec les autres sujets est mis en place.
Cela permet de renforcer la motivation du sujet.
Les jugements de r´ ecence sont meilleurs pour les cat´ egories de mots reconnus. La trace en m´ emoire pour les mots anciens est plus forte et ce quelque soit la dur´ ee des listes.
Le jugement de r´ ecence tient ´ egalement compte de la modalit´ e de pr´ esentation. Les ju-
gements de r´ ecence et l’identification empreintent des chemins diff´ erents. La fr´ equence,
la dur´ ee et la force de la trace en m´ emoire affecte prioritairement les jugements de r´ ecence.
1.2 Effets de la m´ emoire sur la perception globale 9 1.2.3 Effets inh´ erents au protocole exp´ erimental
Contexte de pr´ esentation
Nous ´ etudions des sons l’environnement extrait de leur contexte d’origine. Snodgrass et Vandervart ont montr´ e, en 1980, cf [G´ er04], que des sons isol´ es peuvent ne pas ˆ etre identifi´ es hors contexte ` a cause de l’incertitude causale.
Il existe, selon Smith et al., [Smi88], deux types de contexte : le contexte significatif et le contexte accidentel. Le contexte significatif est porteur de sens. Il peut s’agir de mat´ eriel s´ emantique ou verbal, comme les instructions fournies par l’exp´ erimentateur. Ce mat´ eriel oriente directement les processus de s´ election effectu´ es par le sujet. En revanche, le contexte accidentel n’a aucun sens vis ` a vis des stimuli que se soit implicitement ou explicitement. Il n’influence donc pas les processus de s´ election.
Importance de la consigne exp´ erimentale
Tout indice verbal ou non verbal pr´ esent´ e avant le d´ ebut du test amorce des proces- sus cognitifs. Les indices donn´ es peuvent constituer un amor¸ cage explicite, ”Vous allez entendre des sons de voiture, d’oiseau, ou de foule”, ou bien implicite : ”Vous allez en- tendre des sons extraits de l’environnement urbain”. Nous devons ´ etudier ce probl` eme avant d’envisager le protocole exp´ erimental. Cette proc´ edure d’amor¸ cage peut faire partie int´ egrante de l’exp´ erience, dans ce cas nous devons la d´ efinir pr´ ecis´ ement.
Nous indiquerons au sujet dans quel contexte il se situe. Ballas et Mullin prouvent en 1991, [BM91], que l’amor¸ cage linguistique n’alt` ere pas l’effet du contexte. Si nous proposons par un amor¸ cage linguistique un contexte de ”Port” et que le contexte ´ evoque un environnement de ”Ville”, alors l’amor¸ cage n’interf´ erera pas avec l’effet de contexte.
Nous pr´ esentons un nombre important de s´ equences de sons de l’environnement.
Le fait de r´ ep´ eter les sons d’une s´ equence ` a l’autre n’influencera pas les capacit´ es de reconnaissance dˆ u ` a un amor¸ cage. En revanche, il ne faut pas exclure un ph´ enom` ene d’apprentissage.
Identification et rappel
J. Ballas en 1993, [A.B93] montre que la rapidit´ e d’identification est li´ e ` a la facilit´ e de repr´ esenter un stimulus par une image mentale. La similarit´ e entre le son et le r´ ef´ erent prototypique associ´ e en m´ emoire facilite l’identification. L’auteur montre ´ egalement que des notions subjectives comme l’agr´ ement ou l’agressivit´ e d’un son alt` ere la rapidit´ e d’identification.
Le contexte dans lequel seront pr´ esent´ ees les s´ equences de sons de l’environnement
est donc un ´ el´ ement important. L’amor¸ cage que nous proposerons aux sujets avant de
d´ ebuter l’exp´ erience sera lui aussi important. Nous devrons donner des indices aux sujets,
qui orientent leur ´ ecoute mais qui ne biaise pas l’exp´ erience. Nous ´ elaborerons le protocole
exp´ erimental en int´ egrant ces deux param` etres. Tous les sons que nous pr´ esenterons
auront ´ et´ e reconnus. Il n’est pas n´ ecessaire que les sujets soient en mesure de les nomm´ es,
mais au moins qu’ils les associent aux cat´ egories de sons que nous leur proposerons. Nous d´ etaillerons ces points au cours de la pr´ esentation de l’exp´ erience de cat´ egorisation.
Les diff´ erents travaux conduits sur la perception de s´ equences sonores mettent en avant des effets de la m´ emoire sur le jugement global. Les effets de la m´ emoire que nous observons dans les tˆ aches de rappel, qui interviennent ´ egalement dans le jugement global sont des processus mn´ emoniques ` a court terme. Afin d’´ etudier plus pr´ ecis´ ement ces effets, nous allons contrˆ oler l’organisation temporelle des s´ equences de sons de l’environnement.
Les mod` eles d’organisation de nos connaissances en m´ emoire s´ emantique reposent sur des relations hi´ erarchiques (mod` ele de Collins) entre des concepts imbriqu´ es, ou bien sur des processus de comparaison d’attributs (mod` ele de Smith). Les diff´ erences de traitements en fonction des cat´ egories de sons ne sont pas int´ egr´ ees dans ces mod` eles.
A pr´ esent, nous pr´ esentons dans ce qui suit l’exp´ erience proprement dite.
Chapitre 2
Exp´ erience
2.1 Pr´ esentation
2.1.1 Rappel des objectifs
Nous souhaitons d´ emontrer que la composition d’une s´ equence de sons de l’environ- nement a une influence sur le jugement global. Nous pr´ esentons trois cat´ egories de sons.
L’organisation temporelle de la s´ equence est la variable ind´ ependante dans l’exp´ erience.
Son effet sur les r´ eponses apport´ ees par les sujets sera ´ evalu´ e ` a la fois sur le type de r´ eponse fourni, i.e : OUI/NON et dans le cas de r´ eponse positive nous examinerons le temps de r´ eponse.
2.1.2 Protocole
Chaque sujet sera confront´ e ` a des s´ equences de sons de l’environnement urbain. Cha- cune de ces s´ equences dure 1’24. A la fin de chaque s´ equence, un label cible sera affich´ e imm´ ediatement sur un ´ ecran. Ce label sera appris au cours d’une pr´ e-exp´ erience. D` es que label s’affiche le sujet r´ epondra par OUI ou NON. Le temps mis pour r´ epondre OUI sera mesur´ e. Le sujet d´ ecide quand d´ eclencher la s´ equence suivante. Les s´ equences se succ` edent dans un ordre al´ eatoire, figure 2.1.
Cat´ egorie Cible
1 2 3 1
1 1 1 1
2 1 3 3
2 2 2 3
... ... ... ...
Fig. 2.1 – D´ eroulement des s´ equences au cours de l’exp´ erience de Jugement global
2.1.3 Mesure du temps de r´ eaction
En plus de comptabiliser le nombre de r´ eponses positives, et par compl´ ementarit´ e le nombre de r´ eponses n´ egatives, nous mesurons le temps de r´ eponse dans le cas de r´ eponses positives.
Contexte
Nous pr´ esentons une s´ equence de sons de l’environnement suivi d’une cible. Nous demandons au sujet d’appuyer sur la barre d’espace du clavier apr` es la pr´ esentation de la cible. Le sujet peut choisir de ne pas appuyer sur la barre d’espace. Du point de vue de la proc´ edure exp´ erimentale, cela s’appelle un Go/NoGo. Le sujet ne doit pas faire de choix parmi plusieurs propositions.
Cons´ equences
Tous les temps introduits entre les ´ ev´ enements sonores et la cible visuelle doivent ˆ etre sciemment choisis.
Comme l’exp´ erience dure environ une heure, il est important de maintenir l’attention du sujet au cours de l’exp´ erience. Deux moyens ont ´ et´ e propos´ e par R.D. Lee, [Lee86]. La premi` ere solution est de diffuser un signal bref apr` es la pr´ esentation du stimuli, appel´ e signal de r´ eaction. Ce signal indique au sujet qu’il peut r´ epondre. Ce signal de r´ eaction doit durer pendant 500 ms tout au plus. Dans notre cas, nous substituons ce signal auditif par la cible visuelle. Elle durera 1,5 seconde avant de disparaˆıtre de l’´ ecran.
La seconde option pour maintenir l’attention du sujet est de lui fournir un feedback sur ces performances au cours de l’exp´ erience. On peut envisager, dans cette perspective, d’offrir une gratification si les r´ eponses donn´ ees sont correctes. Ceci pr´ esuppose qu’il y est une bonne ou une mauvaise r´ eponse, ce qui n’est pas notre cas ici. Nous fournirons un feedback concernant l’´ etat d’avancement de l’exp´ erience.
Par ailleurs, plus la dur´ ee entre la fin de la s´ equence et l’apparition de la cible est grande plus le temps de r´ eponse est long. Cet intervalle est d´ enomm´ e foreperiod. Nous pr´ esenterons la cible imm´ ediatement apr` es la s´ equence. Les temps de r´ eaction devront, par cons´ equent, ˆ etre les plus courts possibles.
Enfin, le dernier facteur influant le temps de r´ eaction est le niveau sonore et la dur´ ee de chaque son dans la s´ equence.
Mesure effectu´ ee
Comme nous utilisons le paradigme Go/NoGo nous devrons tenir compte des fausses alarmes. Celles-ci correspondent aux appuis accidentels ou volontaires mais incorrects sur la barre d’espace. Pour tenir compte de ces fausses alarmes, nous enregistrons les temps d’affichage du stimuli et de r´ eponse du sujet par un chronom` etre ind´ ependant. La diff´ erence des temps donn´ es par cette horloge donnera une mesure du temps de r´ eaction.
L’interface informatique que nous utilisons pendant l’exp´ erience introduit un temps
de latence dont il faut tenir compte pour mesurer le temps de r´ eaction du sujet, cf
2.2 S´ election et description du Mat´ eriau sonore 13
´ equation 2.1 avec T R : Temps de r´ eponse et L r : latence du syst` eme. Le temps entre l’appui sur la barre d’espace et la r´ eception du signal d’appui par le syst` eme est de 8 ms. Le temps d’int´ egration des donn´ ees propre au syst` eme est de 26 ms. Cela d´ epend essentiellement de la taille des donn´ ees ´ echang´ ees entre les diff´ erents composants de l’interface. Nous retirerons 34 ms aux temps affich´ es dans l’interface.
Le temps de r´ eaction se d´ ecompose, selon Donders, cf [ML01], en trois temps :
´ equation (2.2). T a : Temps de d´ etection, T b : Temps de discrimination et T c : Temps moteur. On suppose que le temps moteur est constant pour un individu quelque soit la tˆ ache a effectuer. Cette d´ ecomposition du temps de r´ eponse d´ epend de la tˆ ache a effec- tuer. Dans notre exp´ erience, le sujet doit choisir si oui ou non le mot ´ evoque la s´ equence.
La d´ ecomposition que nous proposons ici s’inscrit dans le cadre de notre exp´ erience.
(2.1) T R mesure = T R + L r
(2.2) T R = T a + T b + T c
2.2 S´ election et description du Mat´ eriau sonore
Le choix des sons repr´ esente une ´ etape importante. Il ne faut pas introduire de biais en utilisant des sons environnementaux trop h´ et´ erog` enes en terme de qualit´ e ou de dur´ ee.
2.2.1 Extraction d’une base de sons existante
Nous choisissons des sons pr´ esents dans un environnement de type environne- ment urbain. V.Shafiro et B.Gygi proposent dans l’´ etude mentionn´ ee ici, [SG04], une m´ ethodologie pour choisir correctement les sons utilis´ es comme stimuli. Ils ont montr´ e que les sons doivent ˆ etre retenus pour leur pertinence et leur ad´ equation avec la probl´ ematique.
Les qualit´ es acoustiques sont ` a consid´ erer dans un second temps uniquement. Effective- ment dans notre cas, l’approche repose essentiellement sur la reconnaissance et non le jugement de qualit´ es acoustiques.
Base de sons
Pour un gain de temps ´ evident, nous recherchons les extraits sonores dans les bases de sons existantes. Il existe diff´ erent types de sons r´ ef´ erenc´ es dans ce type de base de donn´ ees.
Vis ` a vis de notre probl´ ematique, nous choisirons les sons parmi un inventaire d’extraits
de sources isol´ ees et vari´ ees. Les sons ont ´ et´ e extrait de la base de sons SoundIdeas
disponible sur le r´ eseau interne de l’IRCAM. Les extraits sont ´ echantillonn´ es ` a 44100 Hz
sur 16 bits et mix´ e en st´ er´ eo.
Types de sons extraits
Nous ´ etudions l’effet de la m´ emoire s´ emantique sur la perception de s´ equences de sons environnementaux. L’acc` es aux repr´ esentations en m´ emoire s´ emantique ne devra pas ˆ etre d´ ependante du type de stimuli. Nous distinguons ici trois types de stimuli : les sources isol´ ees, les sources ´ etendues et les ambiances sonores. Le tableau figurant en Annexe B.1, dresse la liste des sons soumis aux participants lors de l’exp´ erience de cat´ egorisation.
2.2.2 Cat´ egorisation des sources sonores
Pour valider le panel de sons que nous utiliserons dans l’exp´ erience principale, nous effectuons un test de cat´ egorisation orient´ ee. Cette ´ epreuve de cat´ egorisation est importante. Le but est de valider le corpus, et de supprimer toutes les sources qui sont ambig¨ ues. Notons que le groupe de sujets auquel nous soumettons notre panel de sons ne sera pas le groupe avec lequel nous travaillerons sur l’exp´ erience proprement dite.
Cat´ egories propos´ ees
Pour d´ efinir les cat´ egories pr´ ecis´ ement, mentionnons les travaux de V. Maffiolo, [Maf99]. V. Maffiolo d´ emontre qu’un paysage sonore peut ˆ etre de deux natures diff´ erentes.
Il peut ˆ etre amorphe. Dans ce cas, aucune source ou ´ ev` enement n’est discernable dans la sc` ene auditive. La rumeur de trafic dans un environnement urbain peut ˆ etre consid´ er´ e comme l’un de ces paysages amorphes. La sc` ene sonore peut ´ egalement ˆ etre ´ ev` enementielle.
La sc` ene sonore est alors constitu´ ee d’´ ev` enements ´ emergants et ais´ ement identifiables.
Nous souhaitons constituer trois cat´ egories de sons de l’environnement urbain. Nous devons contrˆ oler de mani` ere robuste la d´ enomination et la d´ efinition de ces cat´ egories.
V. Maffiolo montre que l’identit´ e d’une sc` ene sonore est d´ efinie en terme d’´ ev` ements, de bruits et d’activit´ es propres ` a cette sc` ene. Ainsi nous d´ efinirons les cat´ egories de la mani` ere suivante.
Cat´ egorie Trafic Tout ´ ev´ enement ou bruit se produisant dans un contexte de circu- lation en milieu urbain.
Cat´ egorie Parc Tout ´ ev´ enement, bruits ou activit´ e humaine se produisant dans un espace vert, parc ou square de ville.
Cat´ egorie Pr´ esence humaine Tout ´ ev´ enement, bruits ou activit´ e r´ ev´ elant la pr´ esence humaine dans un contexte urbain type zone pi´ etonne ou centre ville.
Ces d´ efinitions tiennent lieu de postulat et seront ´ evoqu´ ees lors de l’exp´ erience de
cat´ egorisation.
2.2 S´ election et description du Mat´ eriau sonore 15
Exp´ erience de cat´ egorisation
Sujets Les participants ` a cette exp´ erience sont ˆ ag´ es de 18 ` a 48 ans . Le panel de sujet est compos´ e de 11 femmes et 21 hommes. Les sujets sont tous normo-entendants.
Stimuli Les sons diffus´ es sont ceux de la base des sons retenus dans l’exp´ erience de cat´ egorisation. Ces sons ont une dur´ ee de 4 secondes. Ils sont ´ echantillonn´ es sur 16 bits.
La fr´ equence d’´ echantillonnage est de 44100 Hz.
Dispositif Les sons sont diffus´ es dans un casque. Ce syst` eme de diffusion a ´ et´ e re- tenu pour les raisons suivantes. La diffusion du son sur un syst` eme binaural permet de conserver une image sonore correctement spatialis´ ee. L’immersion perceptive rend la sc` ene sonore r´ ealiste. L’interface est compos´ ee d’un ´ ecran et d’une souris. Le sujet ´ ecoute autant de fois qu’il le souhaite l’extrait sonore . A l’´ ecran figure les trois cat´ egories, ` a savoir : Traffic, Parc et Pr´ esence humaine. Des icˆ ones symbolisant les sons sont dispos´ es en bas de l’´ ecran.
Protocole Dans un premier temps, le sujet ´ ecoute l’ensemble des sons en cliquant sur son icˆ one. L’ordre d’´ ecoute n’a aucune importance. D` es lors que le sujet a pris connais- sance du corpus, il est invit´ e ` a regrouper les sons en 4 cat´ egories. Ces quatre cat´ egories sont les 3 mentionn´ ees plus haut, et une quatri` eme cat´ egorie ” Autre”, o` u le sujet placera tous les sons qui n’entrent pas, selon lui, dans les trois autres. Il n’y a aucune contrainte concernant le nombre de repr´ esentants ` a placer par cat´ egorie. Une fois cette organisation en groupe effectu´ ee, le sujet choisi le repr´ esentant le plus prototypique de la cat´ egorie.
R´ esultats
Lecture de la repr´ esentation arbor´ ee Cette analyse se base sur la repr´ esentation arbor´ ee, cf figure 2.2. Nous pouvons noter une dissemblance maximum entre les sons as- soci´ es ` a ”Trafic” et les sons associ´ es ` a ”Parc” et ”Pr´ esence humaine”. La dissemblance entre ces deux derni` eres cat´ egories est tout de mˆ eme importante. Ce premier r´ esultat confirme notre s´ election des sons et la cat´ egorisation que nous avons faite ` a priori. Pour s’assurer de la validit´ e de la cat´ egorisation, il faut v´ erifier que les sons n’ont pas ´ et´ e r´ epartis dans les cat´ egories de mani` ere al´ eatoire.
Faisons l’hypoth` ese suivante : ”tous les sons ont ´ et´ e cat´ egoris´ es al´ eatoirement par l’ensemble des sujets”. Pour v´ erifier cette hypoth` ese nous allons proc´ eder au ”Test du χ 2 . Ce test permet de comparer la distribution des r´ eponses donn´ ees par les sujets avec la distribution th´ eorique validant l’hypoth` ese. L’estimation de la valeur de χ 2 est compar´ ee
`
a une valeur seuil qui d´ epend ` a la fois du nombre de variables ind´ ependantes, ici 4 et de l’erreur admissible permettant de valider ou non l’hypoth` ese. Nous tol´ erons une erreur de 1%. Dans notre cas cette valeur seuil vaut
χ 2 α (0.01) = 11, 73
434446413645474834353742383940212333283026222529243127 113 2 31518191110 72017 412 514 6 9 81632 !0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Dissemblance
!0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Dissemblance
discution foule rire foule grande foule foule moyenne commerce gallerie art
spectateurs marathon passage fanfare ambiance marché ambiance marché 2 école élémentaire applaudissement foule enfants cour école enfants hall école enfants parc canari fauvette jardins vent arbres battement aile ruisseau joggeur parc chute arbre outil jardinage outil ratissage fontaine main remuant eau joueurs tennis extérieur alarme voiture métro extérieur vélo passage rapide passage bus traffic centre ville traffic proche démarrage voiture sirène police passage pompier klaxons embouteillage passage voiture traffic moto camion benne gare routière camion pompier traffic bus klaxon passage moto klaxon voiture traffic dense passage vélo