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L’ensemble des responsabilités des personnels d’éducation se situe dans le cadre général de la

« vie scolaire », pouvant se définir ainsi : « placer les adolescents dans les meilleures conditions de vie indi- viduelle et collective, et d’épanouis- sement personnel ».

Elles se doivent toujours d’être assurées dans une perspective éducative. Mais l’épanouisse- ment de la per- sonne fait-il par- tie des finalités de l’Education

Les élèves le répètent depuis

plusieurs mois, ils demandent plus de dialogue,

plus d’aide, plus d’écoute, plus de citoyenneté.

Ils souhaitent trouver dans les établissements une prise en compte globale de leur personnalité.

Les personnels d’éducation occupent une place originale dans le système éducatif

français pour répondre à cette attente.

Mais ils sont encore en nombre insuffisant.

Dossier élaboré par : Didier Albert, Patrice Bilgorai, Catherine Duchemin, Claude Monin, Brigitte Rafalowicz, Régis Rémy, Evelyne Salé

nationale ? Est-ce un objectif éducatif ? L’espace pédagogique traditionnel dans un établissement et l’unité de mesure restent la classe. La vie sco- laire (expression qui apparaît vers 1890) représente l’entité établisse- ment scolaire, ou un complément de la vie de classe, ou se réduit à une identification des seules per- sonnes qui travaillent dans un local du même nom.

Pendant les nombreuses périodes de turbu- lences à partir des années 70, le métier de C.p.e. nais- sait, se construisait, et s’adaptait rapidement à toutes les réalités, les per-

sonnels d’éducation recevant, de par leur position en prise directe avec la vie sociale et familiale des élèves, la première onde de choc de l’explo- sion scolaire. L’établissement scolai- re se doit maintenant d’assumer une partie importante des obligations édu- catives, qu’il n’était pas obligé de prendre en charge.

La responsabilité de la catégorie est définie dans trois domaines par la circulaire de 82 et sa fonction est exercée dans les différents types d’établisse- ment.

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FONCTIONNEMENT DE L’ÉTABLISSEMENT

« Ils sont responsables du contrôle des effectifs, de l’exactitude et de l’assiduité des élèves. » La gestion des absences ne se résume pas à la seule vérification d’un bulle- tin rempli par un professeur (gestion administrative). Même si ce domaine de compétence prend beaucoup de temps, le retard et l’absence permet- tent de dialoguer avec les élèves, de les convaincre du bien-fondé de l’assi- duité et de la gravité des consé- quences du manquement scolaire.

Il ne suffit pas de garantir une présence aux cours, il faut que cette présence soit légitime, utile, et ait du sens pour l’élè- ve. Les enjeux sont impor- tants et clairs : appliquer la règle de l’assiduité qui constitue l’une des obliga- tions des élèves, et s’as- surer que cette absen- ce ne dissimule pas

un problème d’ordre médical, social, familial, psychologique ou relation- nel, qui pourrait mettre en péril l’équi- libre personnel de l’élève. Parce que le C.p.e.(*) détient de nombreuses informations, qu’il est en contact ra- pidement avec les parents et avec tous les membres de la communauté édu- cative et qu’il est présent presque tous les jours, il est à même d’avoir une vi- sion plus globale des absences, d’en surveiller l’évolution tout au long d’une année voire d’une scolarité et d’en saisir les subtilités pour mener à bien une action.

« Ils organisent le service du personnel de surveillance. » Les surveillants-étudiants poursuivent leurs études et sont M.i. ou S.e. par né- cessité. Ils se doivent de maintenir l’ordre, mais aussi d’écouter les élèves, de leur accorder du temps et de l’at- tention, d’où l’ambiguïté de leur in- tervention… Modèle d’étudiant pour les élèves, ils leur ap- portent une aide pé- dagogique. Le

travail en étroite liaison avec le C.p.e.

permet de modéliser des attentes édu- catives et de construire des repères pour les élèves.

COLLABORATION AVEC LE PERSONNEL ENSEIGNANT

« Ils échangent des i n f o r m a t i o n s avec les profes- seurs sur le comportement et sur l’activité de l’élève : ses résultats, les conditions de son travail, ils recher- chent en commun l’origine de ses diffi- cultés et les interven- tions nécessaires pour lui permettre de les surmonter. »

Quelques exemples d’oppositions ob- servables entre ces deux catégories.

Opposition spatiale.L’enseignant travaille dans un espace structuré, aménagé par lui mais déterminé par le chef d’établisse- ment. Le groupe classe acquiert ainsi, de fait,

une unité

institutionnelle en début d’année.

Le C.p.e. agit dans des lieux divers (cour, dortoir, salle d ’ é t u d e , self-ser-

©DIANE GRIMONET

É D U C A T I O N E T V I E S C O L A I R E

C.p.e.

… Quelques heures dans la vie d’un C.p.e. de lycée

8 heures.Bureau du C.p.e. : entretien avec Pascal, élève de Pre- mière, absent jeudi pour « raison de santé » et hier, pour « rai- son personnelle »... échanges sur sa nouvelle vie en « rupture de famille »... le C.p.e. écoute, aide au bilan personnel, essaie de rassurer, de ramener Pascal à sa scolarité...

10 heures.Salle des profs, information de son professeur prin- cipal, recherches d’éléments sur son vécu scolaire actuel auprès des collègues, élaboration en commun d’un suivi plus attentif de Pascal pour les jours à venir…

11 heures.Réunion à la Vie scolaire avec les surveillants pour réorganiser les temps de travail, le soir, pour les internes de Seconde et mettre en œuvre un véritable cadre de soutien péda- gogique par les maîtres d’internat… en liaison avec les ensei- gnants, souhaite le C.p.e…

13 heures. Conseil des délégués : bien formel au départ sur l’ordre du jour traditionnel, mais les « questions diverses » en font vite une véritable tribune d’expression sur le vécu quotidien des cours et du lycée ; le C.p.e. note, trie, relance, propose…

17 heures.Réunion avec l’équipe pédagogique de la classe de Première « génie mécanique », engagée dans un échange avec un établissement étranger : le C.p.e. prend en charge les relations avec les autres services du lycée… et met à disposition le téléphone de son bureau pour faciliter les liaisons…

… et toutes ces « plages-temps » rythmées par « mille » coups de téléphone, « mille » questions de collègues, d’élèves, de parents...

mais du suivi individuel de l’élève au projet pédagogique, le C.p.e.

s’inscrit dans un travail d’équipe, gardant le cap sur l’objectif dévolu à sa fonction en 1982, plus que jamais d’actualité : « pla- cer les adolescents dans les meilleures conditions de vie individuelle et collective et d’épanouissement personnel », pour leur réussite scolaire.

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ritoire est très souvent défini par lui- même, sa liberté d’organisation est grande et le rend plus disponible.

L’US N° 479 14 21 novembre 1998

dant un temps limité, chaque séquence est ainsi multipliée chaque semaine et durant toute une année.

possède une reconnaissance, un pro- gramme à observer dans un temps donné et un bornage à la fin d’un ra se poursuivre dans un temps plus

long, en fonction de la demande de l’élève ou de sa famille.

Un peu d’histoire

• Décret du 12.08.1970 : création de deux corps de personnel, les C.p.e. et les C.e., sous la pression conjuguée des évolutions de l’école et des conceptions éducatives, des mouvements sociaux de 68 et de l’action des personnels (abandon du concept de sur- veillance générale).

• 31.05.1972 : première circulaire de fonction. Les C.e.-C.p.e. demeurent des auxi- liaires des chefs d’établissement.

• 1978-79 : un projet de modification du statut avec création d’un corps à trois grades dont celui d’adjoint d’éducation recruté niveau bac et ayant pour but de remédier à l’auxiliariat est mis en échec par l’opposition résolue des personnels.

• 1981 : Les changements politiques s’accompagnent d’un recrutement massif de C.e. : c’est la reconnaissance implicite des fonctions d’éducation face à l’échec scolaire.

• 28.10.1982 : seconde circulaire de fonction.Elle apparaît dans la foulée des changements politiques et sous la pression des personnels. Elle marque, de fait, la sor- tie des C.e.-C.p.e. de « l’équipe de direction » , introduit un maximum horaire de 39 h et une définition nouvelle de la fonction affirmant plus nettement la nature éducative et péda- gogique du métier. La massification, la diversification des origines sociales des élèves qu’ont connues les établissements sont le corollaire de cette transformation des missions des C.e.- C.p.e.

• La loi d’orientation de 1989permet aux C.e.-C.p.e. d’entrer de plain-pied dans l’équipe pédagogique.

• Décret du 11.10.89 : modification du décret du 12.08.1970.Cette révision rapproche les C.e.-C.p.e. des enseignants « pour assurer le suivi individuel des élèves et participer à leur évaluation ». Les C.e.-C.p.e. voient l’orientation pédagogique de leur métier confirmée et leur responsabilité éducative définie indépendamment de celle du chef d’éta- blissement, distinguant nettement les C.e.-C.p.e. des personnels de direction.

• 1990 :arrêt du recrutement des conseillers d’éducation et unification du corps.

• 1992 :les C.p.e. entrent à l’I.u.f.m.

• 1994 :reconnaissance du statut de conseiller pédagogique pour les C.p.e.

• 1995 :nouveau concours externe reposant enfin sur un contenu disciplinaire et un programme.

• 1996 :nouvelle circulaire de vacances (circulaire n° 96-122 du 29 avril 1996)

• Juillet 1996 :parution de la première étude sur la fonction de C.e. et de C.p.e. réalisée par la D.e.p.

En quelques chiffres

Depuis 1990, date de l’arrêt du recrutement des C.e. et simultanément de l’unification du corps, les C.e.-C.p.e. exercent indifféremment en collège, en lycée professionnel ou en lycée.

Au 1.9.98, il reste 900 C.e. à intégrer par liste d’aptitude dans le corps des C.p.e.

Nbre de C.p.e. Nbre de C.p.e. / Taux d’encadrement

(ou C.e.) établissement moyen (*)

Collège 4 000 1,2 500

L.p. 1 800 2,5 300

Lycée 3 500 1,7 400

(*) Ces écarts s’expliquent en partie par l’existence d’internats. Le S.n.e.s. pense que ces chiffres (extraits de l’enquête D.e.p. 96) sont sous-évalués.

Au 1.9.98, plus de 1 000 collèges sont dépourvus de C.p.e., 56 % des C.p.e. sont des femmes.

1/4 est issu de l’I.u.f.m. 1 sur 4 est syndiqué au S.n.e.s., plus d’1 sur 2 vote pour les listes S.n.e.s.

LES PROJETS DES JEUNES : UNE QUESTION D’IDENTITÉ La complexité des individus s’accommode mal de méthodes en dix leçons pour bâtir un projet. Comment se projeter dans l’avenir quand l’image de soi-même est dévalorisée, quand la perception du temps ressemble à un puzzle, quand les questions de filiation et d’iden- tité sont trop confuses ? Psychologues, sociologues et pra- ticiens analysent les processus complexes par lesquels chaque adolescent affronte ou évite l’interrogation sur son devenir, dans ses dimensions personnelles et pro- fessionnelles.

Par J. Guichard, P. Bouffartigue, G. Francequin, J.-P.

Chartier, J. Lévine, G. Pithon. 1995. 180 pages. 125 F.

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L’évaluation qu’il fait des élèves est essentiellement qualitative.

Ce sont les richesses de ces oppositions qui construi- sent la complémentarité.

L’axe professeur principal-C.p.e.

est au centre de l’élaboration du tra- vail en équipe et de l’évitement de la vi- sion parcellaire de l’élève. Le C.p.e.

suit une cohorte entière d’élèves, il est l’élément mémoire et relais d’une équipe reconstituée chaque année.

C’est ainsi que s’exerce la continuité éducative.

L’ACTION ÉDUCATIVE

« Relations et contacts directs avec les élèves sur le plan collectif et individuel, foyer socio-éducatif et organisation des temps de loisirs,

organisation de la concertation et de la participation (formation, élection et réunions des délégués) . »

L’apprentissage à la citoyenneté se pratique et se vit au quotidien, elle doit être comprise comme une valeur et non comme un rassemblement quelconque d’individus dans un temps donné. Le concept devient une défi- nition des droits et des obligations de chacun, des modes de régulation so- ciale.

La formation, pour les C.p.e., c’est un apprentissage pour affûter le juge- ment, pour évaluer, s’écouter, ap- prendre à travailler ensemble, se res- pecter, représenter par délégation, savoir argumenter, trouver les infor- mations et former son sens critique.

Dans la récente circulaire sur la vie ly- céenne, il est surprenant de ne voir mentionner à aucune ligne les per-

L’affaire d’une équipe

• Les conseillers d’orientation-psychologues et la vie scolaire

La dimension psychologique est éminemment présente dans de nombreux aspects de la vie scolaire, et le vécu des élèves, tant à l’école que dans l’environnement familial et social, est un facteur déterminant dans leur comportement scolaire.

L’éclairage apporté par les C.o.-psy sur les problèmes de violence, d’absentéisme, de démo- bilisation scolaire, d’échec est donc très utile pour tenter de comprendre, mais également pour agir avec l’ensemble de l’équipe. Malheureusement, l’obstacle principal à leur par- ticipation à la vie des équipes éducatives réside dans une disponibilité réduite pour cha- cun des établissements dont ils ont la charge. Seule solution : une augmentation signifi- cative du nombre de postes.

• Les C.p.e. et les infirmièr(e)s-conseillèr(e)s de santé

Julien, nouvel élève interne, est allé trois fois à l’infirmerie cette semaine, chaque fois pour un motif différent. L’infirmière en parle à la C.p.e. Le soir, au dortoir, cette dernière trouve un prétexte pour s’attarder un moment dans la chambre et rassurer Julien.

Lors de la réunion du conseil des délégués, les élèves ont demandé l’organisation d’une information sur le Sida. L’infirmière, sollicitée par le C.p.e., est bien sûr tout à fait d’ac- cord pour réunir un comité d’organisation ad hoc : des élèves volontaires, le C.p.e., le médecin scolaire et elle-même se chargeront de la mise en place de cette action de prévention.

Voilà deux exemples parmi tant d’autres du travail d’équipe entre nos métiers. Les échanges, à propos des élèves, la mise en œuvre de projets communs devraient consti- tuer notre quotidien. Mais encore faudrait-il qu’il y ait des infirmières à temps complet dans tous les établissements, ce qui est loin d’être le cas.

• Assistant(e) social(e) et C.p.e.

Multiples sont les points de rencontre entre l’assistante sociale et le C.p.e. : suivi des élèves, différentes missions (fonds sociaux, conseils de classe, équipe de suivi…), conception de projets d’éducation à la citoyenneté ou de prévention. L’éclairage sur l’environnement social et familial des adolescents qu’apporte l’A.s. est primordial pour l’action du C.p.e. Mais, comme celle-ci n’a pas le don d’ubiquité, les relations C.p.e.-A.s. revêtent beaucoup trop fréquemment un caractère d’urgence.

L’A.s. doit, chaque semaine, assurer une permanence dans quatre (voire plus) établissements situés dans des agglomérations différentes. Or, dans le contexte économique et social actuel, sa présence dans l’établissement devrait être plus conséquente.

L’élève au centre du système suppose le regard croisé des différents personnels pour mieux le connaître en tant qu’individu. Le système éducatif français est riche de la diversité des catégories de personnels qui le composent, et de leur qualification. Travailler en équipe, c’est sortir de son isolement, rechercher ensemble des solutions, analyser en commun des difficultés, faire évoluer ses propres pratiques et accepter le regard des autres. Mais cette démarche se heurte à l’insuffisance numérique des personnels et au manque de temps pour la concertation.

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agressions, saccage,…) me contraint à relativiser, dédramatiser, rassurer les parents et les enfants à chaque rentrée et à divers moments de l’année. Mon rôle d’accueil lors des inscriptions, mais éga- lement après, est essentiel. Il faut offrir à chacun les repères indispensables pour une bonne connaissance de l’établisse- ment. La mise en place d’un tutorat (C.m. 2 - Sixième) facilite l’intégration et responsa- bilise les élèves. Il me faut répondre aux angoisses des parents et des élèves par des informations claires, précises permettant de bâtir les repères indispensables au respect des règles de vie dans une com- munauté éducative.

Un mois après la rentrée, les projets privi- légiant la vie en collectivité doivent être relancés (classe de mer, de montagne, de découverte,…). Une baisse des tensions dans les classes, entre élèves et adultes, des échanges plus fructueux, une connaissance réciproque justifient la pertinence de ces séjours.

L’heure de vie scolaire par quinzaine résorbe ou désamorce les conflits, elle est basée sur l’écoute et le dialogue et permet l’initia- tion à la prise de parole, la remédiation…

Mon rôle, en collaboration avec les profs, s’inscrit dans un processus de remotivation des élèves en échec, l’intégration est à ce prix et le poids des déterminismes sociaux n’est plus à démontrer. La nécessaire prise en compte des valeurs et des milieux d’ori- gine des élèves ainsi que la réduction des écarts entre culture scolaire et sociale est indispensable à tout travail.

Sur le plan disciplinaire, je veille à ce que les sanctions décidées collectivement, ne soient pas banalisée par certains jeunes et soient inefficaces.

Les situations de violence se construisent et n’apparaissent pas d’un jour à l’autre, tra- vailler avec une « population difficile » impose un travail collectif, une prise en charge rapide des élèves qui posent pro- blème et de contacts avec les parents.

La vie scolaire est l’affaire de tous et des moments réguliers de concertation sem- blent essentiels pour évoquer les difficultés, les évaluer et essayer de les résoudre.

En L.p.

Le L.p. c’est la dernière porte avant la « vie active » (?) Il n’y a pas de place pour le droit à l’erreur…

Insertion et remédiation : termes galvaudés, dit-on.

C’est à voir ! La spécificité du L.p. s’articule autour de ces concepts, et induit des com- pétences et des attitudes qui renforcent la pertinence du rôle du C.p.e.. Ici, il faut répondre à la brutalité des paroles d’élèves : non seulement « à quoi ça sert mon B.e.p. ? », mais aussi « de toutes façons, j’ai jamais (rien) réussi », « ils (les profs) ne com- prennent rien », « mon père, il s’en fout » ; et puis « j’vous crois pas », « autant se flin- guer ». Avant de permettre l’épanouissement de la personnalité, il nous faut enraciner cette personnalité : faire que se pose la question du « qui suis-je ? », pour aboutir au « je suis quelqu’un » et « je sais faire ». La crédibilité du C.p.e. en L.p. se construit sur ses com- pétences en matière d’écoute, sa capacité à se dégager des a priori et à mettre en har- monie exigences des profs d’une part, difficultés et qualités du jeune d’autre part. Exer- cer en L.p., c’est travailler inlassablement pour qu’il donne du sens à ses études et pour qu’il développe « l’estime de soi ». Une devise du C.p.e. en L.p. ? « Chacun est et vaut quelque chose » : c’est vrai et ça marche !

La vie collégienne et la vie lycéenne

L’établissement est un lieu où le travail de socialisation des enfants et des adolescents se poursuit. Ce travail de socialisation se joue principalement dans la classe, mais se fait aussi au travers de toutes les activités auxquelles l’élève prend part.

Les locaux « vie scolaire », qui n’ont jamais été au cœur des préoccupations des concep- teurs d’établissement, sont insuffisants, voire inexistants, monolithiques, sans originalité et inadaptés aux demandes actuelles des élèves. La conception des internats n’a toujours pas pris la mesure de l’individuel au sein du collectif. Tout ce qui n’est pas à proprement parler du domaine pédagogique n’a pas encore vraiment sa place dans l’établissement.

Il est pourtant dans les missions de l’école de favoriser l’épanouissement de l’élève, de permettre à l’individu d’accéder progressivement à l’autonomie, de se construire en tant qu’adulte et citoyen en devenir.

L’établissement est un lieu qui se doit d’être confortable, convivial et serein. Des locaux spécifiques doivent être créés et aménagés pour permettre aux élèves de travailler et de se détendre en dehors des heures de classe, dans des conditions décentes (cafétérias, salles de jeux, points de rencontres, d’informations...).

Les lycéens ont des obligations dans l’établissement, ils ont également des droits conquis en 91, mais entre la reconnaissance juridique et leur exercice réel, beaucoup de progrès res- tent à faire. Il faudra surmonter les nombreuses résistances administratives ou autres. Le droit peut-être un principe encombrant. La maison des lycéens qui était une association autonome de lycéens, n’avait pas encore pris toute sa place dans l’établissement, faute parfois de locaux ou d’impulsion donnée par les adultes référents. Reconnaître la fonction de délégué, la reva- loriser nécessitent une prise de conscience de toute la communauté éducative.

L’heure de vie de classe pourra servir à toutes les initiations diverses à portée éducative (santé, éducation routière..), mais aussi à préparer les conseils de classe et l’orientation, à assurer la formation des délégués, à faciliter les rapports élèves-adultes, à se concer- ter et à réguler les évènements de la classe. Elle ne résoudra pas tout, mais son utilité n’est plus à démontrer, là où elle est instaurée. Elle devrait être à la disposition de tous les membres de la communauté éducative.

Csens large que passe la lutte contre la violence. Si l’élève trouve un interlocuteur qui sache l’écouter et l’aider à se structurer, y compris par la sanction comprise et admise, on peut prévenir et répondre à la violen- ce. Le suivi personnalisé est un des axes de lutte, en fondant des rapports

des réponses aléatoires et situé dans les interstices de l’emploi du temps des élèves.

Concepteurs de leur travail, les C.p.e.

sont cependant très dépendants des chefs d’établissement. Les C.p.e. sem- blent exercer une fonction différente d’un établissement à un autre, tout en ayant un même statut, une même circulaire d’application, et un même horaire. L’évaluation des personnels d’éducation est déjà faite par le seul chef d’établissement et ceux-ci parti- cipent en grand nombre au recrute- ment de la catégorie. La place de la vie scolaire et son contenu dépendent des décisions ou des « non-décisions » des chefs d’établissement, et des tâches trop souvent déléguées déna- turent la fonction de C.p.e..

ter au même titre que les crédits d’en- seignement.

• Le S.n.e.s. œuvre toujours pour une intégration très rapide des C.e. dans le corps des C.p.e.

(*) C.p.e. remplace le terme générique de personnel d’éducation.

La gestion de tous les problèmes so- ciaux qui affectent la scolarité de nom- breux élèves, et pas seulement ceux dont les familles sont éclatées ou dans une situation précaire, constitue un ensemble fort important de sollicita- tions quotidiennes auxquelles les C.p.e.

doivent répondre trop souvent dans

©DIANE GRIMONET

NOS REVENDICATIONS POUR LA CATÉGORIE DES C.P.E.

• Présents 39 h dans l’établissement les C.p.e. demandent un abaissement horaire pour leur permettre de prendre du recul par rapport à une fonction toujours plus exigeante.

• Actuellement, les C.p.e. connais- sent de gros problèmes de rempla- cement, la création d’un corps spé- cifique de remplaçants s’avère indispensable.

• Pour un meilleur suivi individualisé des élèves, pour établir une véritable relation d’aide et instaurer un travail en complémentarité avec les autres personnels, des créations de postes sont nécessaires.

• Des crédits vie scolaire doivent exis-

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S’il est un sujet où le C.p.e. peut donner toute sa mesure, c’est bien dans l’apprentissage de la citoyenneté, qui figure en clair dans sa mission.

Certes, nous le savons tous, nous ne pouvons que peu, ou pas grand-chose, tout seul. Et c’est pour cela que, dans nombre d’établissements, aidés en général des professeurs d’his- toire, de S.e.s., de philo, des C.p.e. se lancent chaque année dans « la ci- toyenneté au quotidien et la forma- tion des délégués ».

Ce qui veut dire en clair :

• Présentation du projet dans toutes les classes, soit avec le professeur principal, soit dans l’heure de vie de classe que nous avons mise en place depuis de nombreuses années, sans attendre que le ministre la découvre pour calmer des lycéens qui ne ré- clament que leur dû.

• Sensibilisation de tous les élèves aux droits et devoirs du lycéen, au règlement in- térieur du ly- cée...

• Déclaration de pré-candi- dature et pro- fession de foi des futurs can- didats.

• Réunion de tra- vail et pré-forma- tion de tous ces can- didats potentiels : il y a alors un débat qui peut regrouper 1/3 des élèves.

• Le jour J : élection grandeur nature dans la

classe du professeur principal, mais aussi avec le C.p.e. pour les dernières explications… Le tout avec urne (et non la poubelle), isoloir, liste électo- rale, carte d’électeur, scrutin tenu par les élèves…

• Enfin, vers la mi-novembre pour les élus de cette longue journée, deux jours de formation à l’extérieur et en internat pour la convivialité. Cette for- mule nous permet très vite de décris- per la relation adulte-élève et fait gagner un temps fou à tout l’établis- sement même si, le plus souvent, la nuit est une très longue nuit… de dis- cussions sans fin sur cette société…

• Travail avec les élus et les élus du peuple présents à cette formation sur les notions de valeur et de citoyen : il est intéressant pour nous, adultes, d’entendre ces questions posées par les élèves au maire et au député présents.

Le reste, au gré du lycée : sensibilisa- tion à toutes les actions humanitaires.

• Relance ou renouveau du journal lycéen.

• Préparation du C.a. et des conseils de classe, avec les élèves ou avec eux et les parents…

• Préparation d’une sorte de « fête des peuples », à l’initiative de délé- gués, pour faire en sorte que les dif- férentes communautés se connaissent en regroupant des élèves de toutes nationalités dans le comité d’organi- sation

Depuis plusieurs années, nous sommes nombreux à participer ainsi à cette sensibilisation et à cette for- mation, au niveau de nos établisse- ments et ce jusqu’aux élèves du conseil académique de la vie lycéenne : on dit qu’il s’agit du fameux modèle greno- blois, rassurez-vous, certains ne le connaissent pas encore, ce n’est pas une généralité.

GRENOBLE

C.p.e.

et citoyenneté

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L’US N° 479 18 21 novembre 1998

Quelle représentation avez-vous du métier de C.p.e. ?

« C’est un guide, il est là le jour de l’accueil et il oriente les nouveaux élèves. Il est un repère pour mettre en valeur les ressources des élèves.

Il développe l’autonomie chez les en- fants. Il repère les moments délicats dans la formation, il organise la vie matérielle en dehors des cours.

Le C.p.e. doit compléter les parents sans les remplacer. Il aborde les pro- blèmes extérieurs et travaille en liaison avec les parents.

Cette liaison avec les parents est par- fois difficile car ces derniers pensent que leurs enfants sont déjà autonomes.

Pour eux, il est difficile d’imaginer que leur enfant soit en difficulté. »

Le C.p.e. et le conseil d’administration : une clarification nécessaire

Pour donner toute son efficacité à la complémentarité C.p.e.-profs, la place et le rôle de chacun doivent être clairement identifiés.

A l’évidence, des obstacles demeurent encore, notamment les dispositions qui désignent le C.p.e. comme membre de droit du C.a.

Dans une équipe de C.p.e., c’est le plus ancien dans l’établissement qui est désigné comme membre de droit. Ce dernier se retrouve affiché comme représentant de « l’administra- tion », assimilé à l’équipe de direction. Il doit subir en outre dans cette situation, les pres- sions fréquentes, les intimidations de certains chefs d’établissement (soutenus parfois par leur hiérarchie…) qui n’hésitent pas au nom d’une prétendue solidarité de ladite équipe de direction à remettre en cause sa liberté de parole et de vote au sein du C.a.

Les C.p.e. sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à souhaiter que soit mis fin à ces dispositions.

Ils trouvent en cela argument aussi dans le fait qu’ils se voient déjà représentés par les élus des personnels « enseignant, éducation, surveillance « et que le même C.p.e. après avoir siégé comme élu lui-même peut (à l’occasion du départ en retraite du collègue le plus ancien de l’établissement), se retrouver à siéger comme membre de droit.

Cette situation pour le moins contradictoire, tend à brouiller les cartes. Elle appelle une clarification, une modification de ces dispositions, plus conformes à l’identité professionnelle de la catégorie.

Un son étrange :

les C.p.e. et les chefs d’établissement…

La circulaire de 1982 a officialisé la disparition des C.e.-C.p.e. de l’équipe de direction.

L’institution tenait enfin compte d’une exigence exprimée par les personnels. Cet acquis professionnel ne fut que très lentement admis par les secteurs de l’institution les plus conser- vateurs. Ainsi, en 1994, le rédacteur du sujet au concours externe situa explicitement C.e.- C.p.e. dans l’équipe de direction. Devant les vives protestations de la catégorie, le direc- teur des personnels au M.e.n. parla de « formulation tout à fait regrettable ». Un an plus tard, l’enquête D.e.p. montre que cette idée a la vie dure chez 40 % des chefs d’éta- blissement.

En réalité, ce mythe, cette scorie que certains entretiennent à plaisir jusque dans les I.u.f.m., masquent le refus de reconnaître une nécessaire autonomie professionnelle et va de pair avec l’ignorance délibérée des textes qui régissent les fonctions d’éducation, pour lesquels nous avons milité. Un certain nombre de C.p.e. vivent au quotidien la remise en cause de leur statut et le détournement de leurs missions par les chefs d’établissement.

Le C.p.e. appartient à l’équipe pédagogique, c’est une chance pour que se réalise un réel suivi éducatif des élèves ! C’est dans cet espace qu’il s’engage avec conviction. Plus proche des enseignants, il n’a pas à assurer des tâches administratives ou de représen- tation qui reviennent à l’équipe de direction. Il n’a pas davantage à se soumette à une solidarité sans faille lors des votes au C.a.

Quelle est la place du C.p.e. dans le paysage éducatif ?

« Il est proche des professeurs, mais il est plus spécialisé dans le suivi in- dividuel car il n’a pas de programme à faire passer auprès des élèves. Son champ d’action est plus vaste que ce- lui des enseignants. »

Quelle image du C.p.e. les élèves donnent-ils aux parents ?

« Les élèves renvoient une image d’une personne qui appréhende les situa- tions par l’intérieur de la vie en col- lectivité. D’une personne ressource pour les problèmes concrets : drogue, fugue, alcool... Pour eux, le C.p.e. est celui qui cherche des repères sous un angle différent de celui de l’admi- nistration. »

de Terminale

Quelle liaison le C.p.e. peut-il avoir avec les institutions extérieures ?

« C’est lui qui met en relation un élève avec les institutions extérieures (services sociaux, éducation spé- cialisée, soutien psychologique, etc.).

C’est lui qui expliquera à ces insti- tutions l’environnement dans lequel l’élève évolue habituellement. » Quelle différence faites-vous entre le C.p.e. et le professeur principal ?

« Le professeur principal est le por- te-parole du collectif enseignant et c’est la personne ressource lors de difficultés scolaires rencontrées par un élève. Son champ d’action va por- ter sur les acquisitions du savoir sco- laire pour établir des liens dans l’orientation de l’élève.

En revanche, le C.p.e. articule la vie de l’élève au quotidien pour retrou- ver une certaine harmonie dans l’éta- blissement scolaire. »

©DIANE GRIMONET

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