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Le tableau périodique des éléments, toujours à la page malgré ses 150 ans 

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RENDEZ-VOUS

LE MONDE

·

SCIENCE & MÉDECINE

MERCREDI 18 SEPTEMBRE 2019

| 7

Le tableau périodique des éléments, toujours à la page malgré ses 150 ans 

ATOMES, PORTRAITS DE FAMILLES (1/9) - En 1869, le Russe Dmitri Mendeleïev proposait un mode

de classement des corps chimiques qui a résisté au temps. Premier volet d’une série atomique

I

l s’affiche dans les salles de classe. Il se décline en poster, puzzle, ou mug… Il est dans les mémoires des calculatrices des lycéens, qui n’ont plus besoin de retenir des phrases aussi tordues que Napoléon Mangea Allégre­

ment Six Poulets Sans Claquer d’Ar­

gent – charade à retrouver dans le ta­

bleau ci­dessus. « Il » est le célèbre ta­

bleau périodique des éléments chimi­

ques du Russe Dmitri Mendeleïev (1834­1907) dont on fête les 150 ans de la parution et dont l’Unesco a fait sa ve­

dette internationale pour l’année 2019.

Il recense la totalité des 118 atomes connus et aide le chimiste à se repérer dans cette profusion par une organisa­

tion stricte et esthétique.

Château fort à deux tours

Il peut impressionner, avec toutes ses cases et ses faux airs de château fort à deux tours, reliées par un large mur

« protégé » par une enceinte avancée.

Chacune de ses pierres est un atome, avec son nom, son symbole et deux chiffres. Le premier, un nombre entier, ordonne l’ensemble en fonction de la quantité de protons contenus dans le noyau, égal au nombre d’électrons de l’atome. Le second, plus gros et à vir­

gule (que nous n’avons pas pu, pour des contraintes de place, reproduire systé­

matiquement dans notre infographie), donne la masse de l’atome le plus stable en tenant compte du nombre de neu­

trons dans le noyau.

Ce tableau est qualifié de « périodi­

que », car, à chaque saut de ligne, des propriétés identiques se répètent.

Autrement dit, dans chaque colonne, les atomes se ressemblent chimique­

ment. Tout à droite, néon, argon et

krypton, les uns sur les autres, sont des gaz peu réactifs. A l’opposé, lithium, sodium ou potassium sont très réac­

tifs avec l’eau, comme les pêcheurs à l’explosif le savent bien. Au milieu, beaucoup de métaux, durs, souvent brillants. « Cette capacité à repérer des propriétés voisines reste utilisée aujourd’hui. Les chimistes ont par exemple conçu de nouveaux matériaux supraconducteurs en substituant des atomes par des voisins dans le ta­

bleau », rappelle Eric Scerri, qui ensei­

gne la chimie et son histoire à l’univer­

sité de Californie, à Los Angeles.

Une autre de ses propriétés remar­

quables est d’avoir résisté au temps. A l’époque du chimiste russe, il n’y avait que 63 pierres à l’édifice. Soit tout de même le double de l’époque de Lavoi­

sier, un siècle plus tôt, qui ne connais­

sait pas le fluor, le lithium, l’aluminium ou le silicium. Puis après Mendeleïev, 55 nouveaux atomes ont été décou­

verts, dont les néon, krypton, radon, ou curium… et ont trouvé leur place dans cet objet forgé bien plus tôt. « L’ironie de l’histoire est qu’à la fin de sa vie Mende­

leïev ne croyait pas aux atomes ni à la ra­

dioactivité, comme beaucoup de chimis­

tes de l’époque, d’ailleurs ! », remarque Eric Scerri, auteur du Tableau périodi­

que. Son histoire et sa signification (EDP Sciences, 2011). La preuve de l’existence des atomes sera apportée par Jean Per­

rin et Albert Einstein, quarante ans après l’ébauche du fameux tableau, en même temps qu’Ernst Rutherford en dévoilait la structure faite d’électrons orbitant autour d’un noyau. A l’origine, Mendeleïev n’avait d’ailleurs tracé que huit « colonnes », classant les éléments selon leur masse et pas selon le nombre de protons comme aujourd’hui.

La vraie force de l’invention du chi­

miste russe a été de prédire l’existence de nouveaux atomes. La nature ayant horreur du vide et la proposition ini­

tiale laissant des places vacantes, les chimistes les ont remplies. Au premier rang desquels Mendeleïev lui­même, qui postule l’existence d’analogues de l’aluminium ou du silicium… qui fu­

rent en effet découverts et baptisés gal­

lium et germanium. « Son nom a été cité deux fois pour le Nobel, mais il aurait été empêché par Svante Arrhenius, un chi­

miste suédois, avec qui il était en contro­

verse scientifique », signale Eric Scerri.

Pour ce dernier, l’invention du Russe reste majeure. « En philosophie des sciences, la chimie a longtemps été négli­

gée par rapport à la physique car, pré­

tendument, cette discipline manquait de grandes idées. Or, le tableau de Mende­

leïev et le concept de liaison chimique sont bien de grandes idées », indique ce­

lui qui a contribué au développement d’une philosophie de la chimie depuis une vingtaine d’années.

En outre, les vieilles pierres du châ­

teau sont toujours bien vivantes.

D’abord, certains proposent régulière­

ment de nouvelles versions du vénéra­

ble tableau. « J’en compte 1 000, dépen­

dant des propriétés que l’on veut souli­

gner », recense Eric Scerri. Ensuite, sa taille pourrait changer, pour passer de 32 à 50 colonnes, si de gros noyaux ve­

naient à être fabriqués au­delà du der­

nier connu, l’oganesson. Enfin, il est ré­

gulièrement mis à jour – la dernière fois en décembre 2018, pour préciser la masse de l’argon –, et surtout il fait tou­

jours débat. Où mettre l’hélium ? Au­

dessus du béryllium et du magnésium, car il a deux électrons en périphérie comme eux, ou dans la colonne des gaz nobles, car il est inerte ? Le lutécium et le lawrencium doivent­ils rejoindre la colonne du scandium et de l’yttrium, et quitter le bloc de deux lignes supplé­

mentaires devant le château ?

C’est comme s’il persistait une bataille pour savoir qui des physiciens ou des chimistes « possèdent » le tableau. Les premiers s’attachant à la répartition des électrons, prévue par la mécanique quantique, et les seconds privilégiant les propriétés des éléments. En tout cas, ce n’est que l’un des problèmes non ré­

solus concernant cette vieille invention.

C’est ce tableau vivant que, dans les prochaines semaines, Le Monde pro­

pose de visiter, en y picorant quelques éléments.

david larousserie Pour aller plus loin :

« Voyage au cœur des éléments chimiques », de Benjamin Lachaud (Ellipses, 240 p., 23 €) ; « Atomes », de Theodore Gray (Place des Victoires, 2014) ; « Guerres et paix chez les atomes », de Sam Kean (JC Lattès, 2011) ; « Le Tableau périodique. Son histoire et sa signification », d’Eric Scerri (EDP Sciences, 2011)

CARTE BLANCHE

Par WIEBKE DRENCKHAN et JEAN FARAGO 

L

a rentrée, hélas… Comme il a été facile ces jours­ci pour les enfants de lire cet accablement dans nos regards de pa­

rents ! C’est que, comme chaque année, la perspective d’aller « aux » fournitures scolai­

res nous ferait presque perdre le sommeil : quelle que soit l’heure où on se décide à visi­

ter les magasins, des tas d’autres tandems parents­enfants ont eu la même idée, et un pénible jeu de piste s’ensuit dans les super­

marchés… Le plus agaçant, c’est que nos mar­

mots ont de ces exigences ! Il leur faut le car­

table norvégien en peau d’élan retournée, ce­

lui de l’an dernier qui irait bien pourtant ne convient plus du tout, etc. Pourquoi donc les jeunes sont­ils si sensibles aux modes, et pourquoi se succèdent­elles si brutalement dans les cours de récréation ? Qui s’amuse en­

core avec un hand spinner, cette distraction de cour d’école qui faisait fureur il y a deux ans et qui a disparu comme elle était venue ?

Ces questions semblent relever plus de la sociologie que de la physique. Pourtant, des physiciens s’intéressant à la propagation des idées et opinions ont montré qu’un groupe social se représente sous forme d’un graphe reliant les paires d’individus en relation. Pour analyser les interactions dans de tels réseaux, les chercheurs de la collaboration franco­ita­

lienne SocioPatterns utilisent depuis une di­

zaine d’années des badges capables d’intera­

gir entre eux à faible distance. Distribués à des individus d’un même groupe (par exem­

ple, des enfants dans une cour d’école), ils per­

mettent une mesure précise de la structure et de la dynamique de ce dernier. Et si on peut quantifier un état par un nombre (par exem­

ple, 1 pour « veut son cartable en peau d’élan » et 0 pour « s’en fiche complètement ») et la transmission de cet état par une probabilité, on dispose alors d’un modèle d’interactions sociales dont on peut étudier la dynamique et ses transitions par ordinateur.

L’effet de groupe

Dans un article récent de Nature, des physi­

ciens de SocioPatterns ont modélisé la propa­

gation d’un changement d’opinion dans dif­

férents groupes sociaux (dans un hôpital, un lycée…). De façon évidente, la prévalence d’une idée neuve dans un groupe donné croît en fonction de la facilité avec laquelle celle­ci se transmet d’un individu à un autre. L’origi­

nalité de ce travail vient de la prise en compte de « l’effet de groupe » dans la capacité à re­

tourner l’opinion d’une personne : chacun de nos amis nous influence individuellement, mais cette influence est renforcée par l’opi­

nion dominante du sous­groupe qu’ils for­

ment et que nous envisageons inconsciem­

ment comme une entité à part entière.

Les chercheurs ont montré que ce gréga­

risme de nos changements d’opinion modi­

fie considérablement la façon dont une idée se répand et perdure. En l’absence de ce méca­

nisme, la prévalence d’une nouvelle opinion est (au­delà d’un seuil) approximativement proportionnelle à la facilité avec laquelle les individus se laissent convaincre dans les échanges interpersonnels. Que l’on ajoute le renforcement grégaire, et cette proportion­

nalité disparaît : soit la persuasion interper­

sonnelle est insuffisante, et l’idée nouvelle ne

« percole » pas, soit le terrain est mûr, et un noyau de gens acquis aux nouvelles idées suf­

fit à convaincre d’un seul coup une fraction notable du groupe. On comprend la soudai­

neté des modes dans l’univers des plus jeu­

nes, où le renforcement grégaire, reflet de cette période de construction de soi où l’imi­

tation et l’appartenance au groupe sont des éléments structurants, est élevé. On ne peut pas y faire grand­chose puisque c’est ainsi que les jeunes grandissent, aussi vaut­il mieux dire oui pour le cartable désiré et espérer qu’il se remplisse de textes qui les aideront à pen­

ser par eux­mêmes ! Dans un quotidien tra­

versé de « fake news », où des « influenceurs » autoproclamés détournent à leur profit notre instinct grégaire inconscient, cette indépen­

dance ne serait­elle pas la bienvenue ?

La physique

et les ressorts de  l’influence sociale

LA VRAIE FORCE DE L’INVENTION DU CHIMISTE RUSSE

A ÉTÉ DE PRÉDIRE L’EXISTENCE DE NOUVEAUX ATOMES

Wiebke Drenckhan (CNRS)

et Jean Farago (université de Strasbourg) Physicienne et physicien à l’Institut

Charles Sadron à Strasbourg

Drenckhan@unistra.fr et Farago@unistra.fr

Explication de la structure d’un atome Actinides

Infographie : Le Monde Lanthanides

Energie fondamentale Energie maximale

Formes des orbites électroniques réelles Remplissage des orbites électroniques

On ajoute les électrons en commençant par le niveau d’énergie le plus bas.

Orbitale de type s

(1 possibilité) Orbitale de type p

(3 possibilités) Orbitale de type d (2 cas sur 5 possibles)

Période (ligne) : ensemble d'éléments ayant le même nombre de couches électroniques Groupe (colonne) : ensemble d'éléments

ayant des propriétés chimiques semblables

...

s s p s p Numéro atomique

(nombre de protons) Symbole chimique

Métaux alcalins Métaux alcalino- terreux Métaux de transition Métaux pauvres Métalloïdes

Halogènes Gaz nobles Non-métaux

Be

4

Béryllium

Fr

87

Ra

88

89-103

Rf

104

Db

105

Sg

106

Bh

107

Hs

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Mt

109

Ds

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Rg

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U

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1

He

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Noyau atomique Protons Neutrons Electron gravitant sur des orbites

Electron Nom de l’élément

9,0122

Masse atomique

Cas de l’azote

Références

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[r]

Grâce à cette boucle, l'utilisateur peut positionner le cadre de sélection sur l'élément qui l'intéresse (touches flèches) et appuyer sur la touche Return pour avoir

– On ajoute un nouveau niveau d’énergie à chaque fois que l’on descend d’une case. – Ceci a comme conséquence de faire augmenter le rayon.. • Les électrons sont placés

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2 - (moodle oxyde de cobalt) L’arête de la maille d’un cristal de CoO est de 426 pm. Dans ce cristal, les ions oxydes O 2- forment un réseau cubique à faces centrées. a)

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