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TEXTE 10 : ANSCOMBE

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Academic year: 2022

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L2/S1 – TD Philosophie de l’action V. Boyer

TEXTE 10 : ANSCOMBE

La difficulté est la suivante : qu’est-ce qu’ouvrir la fenêtre, si ce n’est faire tel et tel mouvement avec tel et tel résultat ? Et, dans ce cas, qu’est-ce que savoir qu’on ouvre la fenêtre si ce n’est savoir que cela a lieu ? Mais alors, s’il y a deux façons de connaître, l’une que j’appelle connaissance de mon action intentionnelle, l’autre connaissance par observation de ce qui a lieu, ne doit-il pas y avoir deux objets de connaissance ? Comment parler de deux connaissances d’une seule et même chose ? Ce n’est pas comme lorsqu’il y a deux description de la même chose et qu’on les connaît, par exemple quand on sait qu’un objet est rouge et qu’il est coloré. Non, ici la description, ouvrir la fenêtre, est la même, qu’elle soit connue par observation ou qu’elle soit connue du fait qu’elle est mon action intentionnelle.

Il me semble que la difficulté de cette question a conduit certains à dire que ce qu’on connaît dans l’action intentionnelle, c’est seulement l’intention, ou peut-être aussi le mouvement corporel. Le reste serait connu par observation comme le résultat, qui était voulu lui aussi dans l’intention. Mais c’est une explication absurde (this is a mad account). En effet le seul sens que je peux donner ici à vouloir (willing) serait celui dans lequel je pourrai fixer des yeux un objet et vouloir qu’il bouge. Certains disent que, par un acte de volonté, on peut obtenir le mouvement de son bras, mais pas celui d’une boite d’allumettes ; mais s’ils entendent par-là

« Veuillez simplement que la boite bouge, et elle ne bougera pas », alors je leur répondrai « Si je veux de la même manière que mon bras bouge, il ne le fera pas ». Et s’ils veulent dire qu’ils peuvent remuer le bras et pas la boite, je réponds que je peux bouger la boite, rien de plus facile.

Un autre mauvais moyen de s’en sortir est de dire que je « fais » vraiment, dans le sens intentionnel, tout ce que je pense que je fais. Par exemple, si je pense que je remue mon orteil, mais qu’il ne remue pas effectivement, je « remue mon orteil » dans un certain sens. Et quant à ce qui arrive, je n’en ai aucun contrôle, si ce n’est dans un sens accidentel. Ce qui est essentiel, c’est ce qui se passe en moi, et si ce qui arrive coïncide avec ce que je « fais » dans la sphère des intentions, c’est une grâce du destin.

[…] Mais cela aussi est un non-sens. Car si rien ne garantit que la fenêtre s’ouvre quand

« j’ouvre la fenêtre », de même rien ne garantit que mon orteil bouge que je « bouge mon orteil » » ; de sorte que la seule chose qui a lieu est mon intention. Mais où la trouver ? Quel est son véhicule ? Est-elle formulée avec des mots ? Et si oui, qu’est-ce qui garantit que je forme vraiment les mots que j’ai l’intention de former ? Car la formulation des mots est elle- même un acte intentionnel. Et si l’intention n’a pas de véhicule garanti, que peut-elle être bien d’autre qu’une chimère ?

Elizabeth Anscombe, L’intention, 1957, §29, p.100-102

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