C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
M ICHEL C OSTE
M ARIE -F RANÇOISE C OSTE -R OY Le topos étale réel d’un anneau
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 22, n
o1 (1981), p. 19-24
<
http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1981__22_1_19_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1981, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (
http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
LE TOPOS ETALE REELD’UN ANNEAU
par Michel COSTE et Marie-Françoise COSTE-ROY
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET GEOMETRIE DIFFERENTIELLE
3e COLLOQUE
SUR LES CATEGORIESDEDIE A CHARLES EHRESMANN
Vol. XXII-1 (1981)
Notre but est de motiver l’introduction de ce topos
[1] qui
fournitun
analogue
réel au topos étale[2].
Il
s’agit
ici du«petit»
topos étale réel(le
spectre étaleréel)
asso- cié à un anneaufixé, qui généralise
dans un sens que nousprécisons
iciune variété
algébrique
affine réelle(non singulière)
munie de son faisceaude fonctions de Nash et non du « gros » topos étale réel
( le
topos classifiant des anneaux réels closlocaux).
1. LE CAS DES VARIETES.
Soit V
une variété affine réelle(définie
par un nombre finid’équa-
tions Pl , ,..., Pm
à coefficients dans un corps réel closk )
etL’ordre total
sur k
définit surv(k)
unetopologie
naturelle appe-lée topologie
euclidienne.Nous allons définir deux
topologies
deGrothendieck:
a)
Latopologie semi-algébrique
surv(k)
définie par les ouverts se-mi-algébriques
et les recouvrements finis.Rappelons qu’un
ouvertsemi-algébrique
est un ensemble semi-al-gébrique (combinaison
booléenne d’ensembles de la formequi
est ouvert pour latopologie
euclidienne. Les ouvertssemi-algébriques
sont aussi les ensembles obtenus par combinaison
positive (unions
et in- tersectionsfinies)
àpartir
des(
voir parexemple [1] ).
b) La topologie étale réelle
surY(k):
On
considère
le site formé desmorphismes
étalesdes
variétés de butV
avec pour recouvrements les famillesW i
-W
demorphismes
étales tel-les que
Wi(k) -+ JP( k )
forme une famillesurjective.
,Le
topos étale réel de V(k)
est le topos de faisceaux pour cettetopologie.
THEOR EME 1.
Le topos de faisceaux
pourla topologie semi-algébrique
surV(k)
estspatial. Il coincide
avecle topos étale réel de V(k).
Le topos de faisceaux pour la
topologie semi-algébrique
surV(k)
est cohérent. Il a donc suffisamment de
points
et estengendré
par des sous-objets
de 1 .La
description
del’espace topologique
et la preuve de la fin duthéorème
se formulerontagréablement
dans le contexte des anneauxgé-
néraux.
NB. Ce théorème clarifie la situation et
répond
à desquestions posées
par Brumfiel[3],
Knebusch et Delfs.2. LE SPECTRE REEL D’UN ANNEAU
( COMMUTATIF
ETUNITAIRE) A .
Nous cherchons à
définir
une notion satisfaisante depoints
réelsde l’anneau
A .
Partons d’un
morphisme
deA
dans un corps réel closK .
A ce mor-phisme correspond
un idéalpremier
réelf -1 (0) (un
idéal1
est réel siet un ordre total sur le corps résiduel
k(f-1(0))
induit par l’ordre totalde K .
Réciproquement
à un telcouple (P,) formé
d’un idéalpremier réel p
et d’un ordre total sur le corps résiduelcorrespond un morphisme
où K désigne
la clôtureréelle
dek(P)
totalement ordonnépar .
Ch peut encore
décrire
lesparties
deA formées
des élémentsqui
deviendront
négatifs
ou nuls dansK.
Un
précone premier
sur A est la donnée d’unepartie
a deA
vé-rifiant les axiomes :
La
donnée
d’unprécone premier
a deA
estéquivalente
à la don-née d’un idéal
premier
réel(P
= an-a )
et d’un ordre total sur le corps résiduel(les
élémentsnégatifs
ou nuls sont ceuxqui proviennent
de a).
NB. D’un
point
de vue intuitionniste la «bonne notion» à axiomatiser serait celle des élémentsqui
deviennent strictementpositifs.
Notre choix est parcontre
plus
conforme à la tradition des idéauxpremiers...
Le
spectre réel
deA ,
notéSpecR A ,
estl’espace topologique
dontles
points
sont lesprécones premiers
deA
et dont les ouverts sont en-gendrés
par les ouverts élémentairesL e spectre réel de
A
est un espacespectral
et cette notion estfonctorielle: si
f
est unmorphisme
de A dansB, SpecR f
est uneappli-
cation continue de
SpeCR
B dansSp ecR A .
Dans le cas où A -
k[ V] ( l’anneau
de coordonnées d’une variétéalgébrique
affine réelleV
dans un corps réel closk )
on a les résultatssuivants :
V(k)
muni de latopologie
euclidienne est un sous-espace dense deSpecR k[V]
parl’application
iqui
àâ E V(k)
associeDe
plus
i induit unebijection
entre les ouvertssemi-algébriques
deJ’(k )
et les ouverts
quasi-compacts
deSpecR k [ VI [4].
Une
conséquence immédiate
de ces résultats est que le topos des faisceaux pour latopologie semi-algébrique
surV(k)
est le topos desfaisceaux sur le spectre réel de
k[ V].
Alors que
V (k) ,
dans le casOù k FR,
a de mauvaisespropriétés
topologiques, SpecRk [V]
est par contre trèssatisfaisant ;
il est en par- culier localement connexe et il a un nombre fini decomposantes ,
connexes[4].
L’introduction du spectre réel fournit donc
l’espace topologique
duThéorème
1. Nous allons donner une définitiongénérale
du topos étale réel d’un anneau pour prouver le dernier morceau duThéorème
1.3. L E TOPOS ETALE REEL DE
A.
Considérons
le site dont lesobjets
sont lesA-algèbres
étales etdont les recouvrements sont les
familles fi : C - Ci
avecfi
étale etfamille
surjective
surSpecR C.
Dans le cas où A =
k [ ]
la définition coïncide avec celle de1, b)
grâce
aux résultats de 2 .Le
topos étale réel de
A est le topos des faisceaux pour cette to-pologie.
PROPOSITION. Les
points du topos étale réel de
A sontles localisations
strictesréelles
deA .
Une localisation stricte réelle de A est une
A-algèbre ind-étale, hensélienne,
de corps résiduel réel clos. Les localisations strictes réellescorrespondent bijectivement
auxprécones premiers:
à une localisation stricte réelle de A on associe les éléments deA
dontl’image
dans lecorps résiduel de la localisation stricte réelle est
négative
ou nulle. Ré-ciproquement
auprécone premier
a on associe l’anneauAa
ainsi cons-truit : on
localise A
en 8p = a n -a ,puis
on factorise lemorphisme f
deA8p
dansK ,
laclôture réelle
dek(8p)
pour l’ordre induit par a , de te Ilesorte que l’anneau obtenu soit hensélien de corps
résiduel K ,
et initialparmi
les factorisations def
à travers un anneau hensélien de corps rési-duel
K .
L a preuve de la
proposition
est très semblable à celle du fait que lespoints
du topos étale d’un anneau A sont les localisations strictes deA
(les A-algèbres ind-étales, henséliennes, locales,
de corps résiduel sé-parablement clos [2]) [1].
THEOREME 2. Le
topos étale réel de A
estle topos des faisceaux
surspecr A .
Montrons d’abord que le topos étale réel est
spatial.
On sait[1]
qu’un
topos cohérent estspatial
si et seulement si lacatégorie
de sespoints
est un ensemble ordonné.D’après
laproposition précédente,
lespoints
du topos étale réel de A sont les localisations strictes réellesde A .
Il suffit donc de montrerqu’il
y a auplus
unmorphisme
deA-algèbres
entre deux localisations stric-tes réellés
[5].
Les
points
du toposcorrespondent bijectivement
auxprécones
pre- miers. Enfin les deuxtopologies
coincidentpuisque, si f
estétale, SpecR f
est ouverte et que
Da
estl’image
d’unmorphisme
étaleCOROLLAIRE
[5]. Si f: A -+
B estétale, SpecR
B estétalé
surSpecR A.
4. L E FAISCEAU STRUCTURAL SUR
SpecR A .
Il y a sur
Sp ecR
A un faisceau d’anneaux sont les fibres sont les localisations strictes réelles de Aqui
est la «localisation stricte réellegénérique »
deA .
Au
point
a la fibre de ce faisceau est donc laA-algèbre Aa.
L e faisceau se décrit
complètement
comme suit : soit U un ouvertde
SpecR A ; considérons
lesystème
filtrant des(C, q5 )
avecC une A- algèbre
étaleet q5
une section del’homéomorphisme
local deSpecR C
dansSpecR A ,
avec pourmorphismes
de transition de(C, o)
dans(D, /u)
lesmorphismes
deA-algèbres
0speCRA’ le
faisceau structuralcherché,
est le faisceau associéau
préfaisceau qui
àU
associe la limite inductiveA(U)
dusystème
fil-trant
ci-dessus.
( La
preuve de cerésultat
seraprochainement rédigée
endétails.)
Dans le cas d’une variété
algébrique
affineréelle
sanspoints
sin-guliers,
on retrouvel’image
directe du faisceau de fonctions de Nash surV ( R ) ( ou
fonctionsanalytiques-algébriques : analytiques
et vérifiant lo-calement une
équation polynomiale
à coefficientspolynomiaux) grâce
à ladescription
donnée par Artin et Mazur[6].
REFERENCES.
1. M. COSTE & M.-F.
COSTE-ROY, Topologies
for realalgebraic
geometry, Topos theoretic methods in geometry, Various Publ. Series 30, Aarhus Univ. 1979.2. M. ARTIN, A.
GROTHENDIECK, J.L.
VERDIER, Théorie des topos et cohomo-logie
étale desschémas,
Lecture Notes in Math,270, Springer
(1972).
3. G. W. BRUMFIEL,
Partially
orderedrings
andsemi-algebraic
geometry, L ecture Notes series 37,Cambridge
Univ.Press,
1979.4. M.-F.
COSTE-ROY,
Spectre réel d’un anneau et topos étaleréel, Thèse,
Univ.Paris XIII, 1980.
5. M. COSTE & M.-F. COSTE-ROY, Le spectre étale réel d’un anneau est
spatial,
C. R. A. S. Paris 290 ( 1980), 91-94.
6. M. ARTIN & B.
MAZUR, On periodic points,
Ann.of Math.
81 (1965),
82-99.Département de
Mathématiques
Université Pari s-No rdAvenue