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Production du tilapia du Nil (Oreochromis niloticus linneaus, 1758) avec des aliments à base de protéines végétales

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Academic year: 2022

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Journal of Applied Biosciences 128: 12943-12952

ISSN 1997-5902

Production du tilapia du Nil (Oreochromis niloticus linneaus, 1758) avec des aliments à base de protéines

végétales

Crépin I. Dibala1, Marie Chantal Yougbaré2, Kiessoun Konaté1, Nessan Désiré Coulibaly2 and Mamoudou H. Dicko1

1 Laboratory of Food Biochemistry, Enzymology, Industrial Biotechnology and Bioinformatics, University Ouaga I -PrJoseh Ki-Zerbo Ouagadougou, 03 P.O.Box : 848, Ouagadougou 03, Burkina Faso

2Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles, Département des Productions Forestières, 03 BP 7047, Ouagadougou 03, Burkina Faso

*Corresponding author : Dr Crépin I. DIBALA, Laboratory of Food Biochemistry, Enzymology, Biotechnology and Bioinformatic, 03 P.O.Box : 848, Ouagadougou 03, Burkina Faso. Phone: 0022670141596, E-mail:

dibalacrepin@gmail.com and dibalacrepin@yahoo.fr

Original submitted in on 2nd May 2018. Published online at www.m.elewa.org on 31st August 2018 https://dx.doi.org/10.4314/jab.v128i1.7

RESUME

Objectifs : l’étude réalisée à la station piscicole de Bagré Pôle à l’Est du Burkina Faso, avait pour objectif de comparer l’effet des différents types de régimes alimentaires (RA) à base des protéines brutes sur la croissance et la survie du Tilapia (Oreochromis nilotisus).

Méthodologies et Résultats : les juvéniles de tilapia d’un poids moyen initial de 110 grammes repartis en duplicata dans 4 happas, étaient nourris avec quatre aliments enrichis en protéines brutes. Les taux de matières sèches, d’humidité, des protéines brutes, de matières grasses, de cendres et de cellulose brute de régime alimentaires ont été déterminés par AOAC (1999). Les principaux résultats montrent que RA1 et RA3 contiennent des fortes teneurs en protéines brutes et un taux de survie du tilapia équivaut à 100%. Les poids moyens finaux observés sont de 152,15 g pour RA1, 141,62g pour RA2 et 139 g pour RA4.

Conclusion et application : les régimes alimentaires riches en protéines brutes seraient responsables d’une bonne croissance et de la survie des tilapias. Les régimes alimentaires (RA1 et RA3) présenteraient les meilleures performances de croissance. D’où une reformulation du régime alimentaire RA1 (témoin) qui permettra une diminution du coût de production et l’accessibilité au pisciculteur moyen.

Mots clés : Oreochromis niloticus, aliment, protéines, croissance, survie

Production of the Nil tilapias (Oreochromis niloticus linneaus, 1758) with the foods vegetal proteins diet ABSTRACT

Objectives : the purpose of the study carried out at the piscicultural station of Bagré Pôle (Burkina Faso) was to compare the effect of the various types of diets with base of proteins on the growth and survival of Tilapia.

Methodology and Results: The tilapia juveniles of an initial average weight of 110 grams distributed in duplicate in 4 catchers, were feed with four foods fortified with crude protein. The rates of dry matter, humidity, crude proteins, fat content, ashes and crude fibre of diet were determined by AOAC (1999). Principal results show

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that RA1 and RA3 contain strong contents of rough proteins and a rate of survival of the tilapia equal to 100%.

The final average weights observed are 152.15 g for RA1, 141.62g for RA2 and 139 g for RA4.

Conclusion and application of results: diets high in crude protein are thought to be responsible for good growth and survival of tilapia. Diets (RA1 and RA3) show the best growth performance. Hence a reformulation of the diet RA1 (control) that will reduce the cost of production and accessibility to the average fish farmer.

Keywords: Oreochromis niloticus, foods, protein, growth, survival

INTRODUCTION

Le secteur de la pêche et de l’aquaculture constitue le support de la production des produits halieutiques du Burkina Faso. L’essentiel de la production nationale est assuré par la pêche de capture. En 2009 la pêche de capture représentait plus de 98 % de la production nationale contre moins de 2 % en aquaculture (DGRH, 2016). Malgré le potentiel en eau de surface estimé à plus de 200 000 hectares (en saison hivernale) et 50 000 ha environ (en période d'étiage) pour la production piscicole, la pisciculture n'a pas encore atteint une dimension remarquable sur le plan économique (FAO, 2008).

Selon la FAO, la production annuelle de poissons au Burkina Faso se situe autour de 20 000 tonnes et les besoins globaux sont estimés à 100 000 tonnes. Ce qui montre que l'offre est nettement inférieur à la demande nationale (FAO, 2010). Dans le souci d’aboutir à une sécurité alimentaire de la population, une diversification des sources alimentaires. C’est pourquoi le Burkina Faso a adopté une politique nationale de la pêche et de l’aquaculture visant à promouvoir l’aquaculture sous toutes ces formes (FAO, 2008). Face à l’augmentation sans cesse croissante de la demande en poisson du fait de la démographie galopante et du changement des habitudes alimentaires, la pisciculture apparait comme une alternative d’autant plus que les ressources halieutiques s’amenuisent d’année en année. Cependant le développement de cette activité est confronté à un manque sur le marché local, d’aliments performants à prix accessible aux pisciculteurs. Les potentialités agricoles du pays font qu’il existe une diversité de produits agricoles qui sont transformés par les unités agro-industrielles produisant ainsi une gamme variée de sous-produits qui pourrait être utilisé comme ingrédients dans la

formulation d'aliments pour l'élevage de poisson. II apparait donc indispensable de valoriser les sous- produits agricoles locaux en vue de proposer aux pisciculteurs des solutions adaptées au contexte de leurs exploitations. Le tilapia, (Oreochromis niloticus) est une espèce très adaptée à l ‘aquaculture africaine de par sa croissance rapide et sa capacité à pouvoir vivre dans des conditions difficiles.

Concernant particulièrement l’alimentation du tilapia, plusieurs études existent, cependant, très peu ont été conduites dans le contexte du Burkina Faso avec les produits et sous-produits agricoles. L’alimentation du poisson représente 60 à 70% des couts de production (FAO, 2015). La farine de poisson fait partie des composants principaux des aliments du poisson en aquaculture, ce qui crée une compétition vis-à-vis de l’homme, tout comme la demande en aliment d’aquaculture augmente la pression par la pêche des ressources halieutiques sauvages (Médale et al., 2013). Cette farine de poisson qui est importée de Chine revient très coûteuse pour les pisciculteurs (Fiogbé et al., 2009). Remplacer l’aliment à base de farine de poisson par des protéines d’origines végétales pourrait réduire les coûts de production et améliorer la rentabilité des exploitations. Il était alors nécessaire de proposer un aliment spécifique et à moindre coût, disponible et accessible aux pisciculteurs afin d'améliorer l’alimentation de cette espèce et accroitre significativement sa production. L'objectif de cette étude est de contribuer à la mise au point d'aliments à base de produits et sous-produits agricoles locaux, accessibles pour les pisciculteurs afin d'améliorer la rentabilité des exploitations aquacoles du Burkina Faso.

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MATERIEL ET METHODES

Matériel biologique : Les juvéniles de tilapia utilisés ont été produits au centre piscicole de Bagré au Burkina Faso. Les poissons ont été sexés manuellement et triés pour ne retenir que les mâles ayant un poids compris entre 106 et 113 grammes. Le poids moyen individuel (Pmi) était de 110 ± 7 g. La densité de mise en charge a été de 5 poissons au mètre carré.

Formulation des rations :afin de tester l’efficacité des rations à base de protéines végétales, trois formules alimentaires ont été mises en place et testées par un aliment témoin produit au projet d’élevage piscicole de bagré (pep).

L’aliment 1 (RA1) ou aliment témoin est fabriqué par le projet d’élevage piscicole (PEP) et comporte en plus des protéines végétales, des protéines d’origine animale (farine de poisson).

L’aliment 2 (RA2) est composé de tourteaux de coton, son de riz, son de mais

L’aliment 3 (RA3) est composé de tourteaux de soja, son de maïs, son de riz.

L’aliment 4 (RA4) est composé de soja torréfié, de son de riz et de son de maïs.

Ces trois derniers aliments (RA2, RA3, RA4) ont été formulés pour les besoins de l’expérience et titrent 30 % de protéine. Les concentrés minéralo-vitaminiques ont été utilisés comme compléments alimentaires, du manioc a par ailleurs été associé dans les aliments formulés pour jouer le rôle de lignant. Tous les aliments ont ensuite été granulés pour limiter les pertes lors de l’alimentation.

Analyse bromatologique des aliments :Les rations ont été analysée par les méthodes analytiques standard de l’association des chimistes (AOAC, 1999) : le taux d’humidité par le four de vide (méthode 925.10), les lipides bruts par la méthode de Soxhlet (méthode 960.39), les protéines brutes par Kjeldahl, en utilisant 6.25 comme facteur de conversion pour calculer la teneur en protéines (méthode 979.09), et la cendre par l'allumage (méthode 923.03). La teneur en hydrates de carbone (cellulose) a été estimée par des différences des autres constituants (Barminas et al., 1999).

Détermination des proportions et quantités des ingrédients de base : La méthode des quadrilatères, communément appelée « le carré de Pearson » a été utilisée pour déterminer les proportions et les quantités des différents ingrédients qui rentrent dans la composition des aliments à tester afin d’obtenir un mélange final qui titrerait 30% de protéines. Méthode des quadrilatères ou du carré de Pearson : La méthode consistait à dessiner une figure carrée à l’intérieur de laquelle est portée la teneur en protéines souhaitée du mélange final. Les

aliments étaient classés en deux groupes : ceux qui sont pauvres en protéines et ceux qui sont riches.

Conduite de l’essai

Répartition des poissons en lots : La méthode mise en œuvre a consisté à la mise en charge de 4 happas doublés chacun avec 45 juvéniles mono sexes mâles de Oreochromis niloticus de poids moyen individuel initial de 110g ± 7. Notons que la répartition des poissons en lots s’est fait de manière aléatoire.

Nourrissage : Dans les happas, à la différence du naturel, les poissons ne peuvent compter que sur la nourriture artificielle pour se nourrir, car le milieu n’y contribuant pas ou très marginalement à cause de la densité de mise en charge élevée. L’aliment proposé devra donc pouvoir répondre à tous leurs besoins nutritionnels (30 % de protéines). Ces aliments ont été distribués à la volée 3 fois par jour (8h30, 11h30 et 15h30), six jours de la semaine sur sept pendant 60 jours.

Les poissons, répartis en 4 lots, ont été nourris avec les 4 aliments expérimentaux. La ration alimentaire est calculée suivant un taux d’aliment théorique en fonction des classes de taille. Pour la taille retenue au cours de cette expérimentation, un taux d’alimentation de 4 % a été considéré. L’alimentation se faisait à des heures précises de la journée (8heures 30mn, 11heures 30mn, et 15heures30mn). Les quantités d’aliments distribuées aux poissons ont été réajustées après chaque échantillonnage en fonction de l’évolution de la biomasse.

Pèche de contrôle :Une pêche de contrôle est effectuée tous les 15 jours. Un échantillon de 15 poissons (soit environ 30 %) est pêché et pesé individuellement par happa pour le suivi de leur croissance. Cette activité se déroule chaque 15 jours dans la matinée a la première heure vers 7 heures et les poissons sont immédiatement remis dans les happas après les pesées.

Paramètres physico chimiques : Les paramètres physico-chimiques de l’eau tels que la température, le pH et la transparence de l’eau ont été suivis quotidiennement entre 8 h et 15 h pendant la durée de l’expérience. La température a été mesurée à l’aide d’un thermomètre. Le pH de l’eau a été suivi grâce à un pH-mètre de type WTW pH 90.

Indices utilisés pour l’évaluation des performances de croissance : Des paramètres d’évaluation des performances de croissance du tilapia ont été déterminés.

Il s’agit de la consommation, du gain de masse corporelle (GMC), du gain moyen quotidien (GMQ), de l’indice de consommation (IC), du taux de croissance spécifique (TCS), du taux de survie (TS), du coût d’aliments utilisé (CAU).

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Consommation = quantité aliment consommée par jour/ration X nombre de jours

Gain de masse corporelle (GMC) = Poids final (g) – Poids initial (g)

Gain moyen quotidien = Gain de poids / durée d’élevage en jours

Quotient nutritif(QN) = Quantité d’aliment sec distribuée / Gain de poids frais

TCS (%/j) = [ln (poids final) - ln (poids initial)] x100

Taux de survie = (Nombre de poissons final / Nombre de poissons initial) × 100

Analyse économique :Il s’agissait de faire des simulations de rentabilité financière de l’activité piscicole sur la base des rations formulées avec des ingrédients locaux en comparaison avec la ration témoin et aussi entre les différentes rations expérimentales.

Analyse statistique des données : Les données ont été traitées avec le logiciel d’analyse MINITAB et le logiciel Statistica 7.1 (p < 0,05).

RESULTATS

Analyses bromatologiques des aliments : Les analyses chimiques des quatre rations (RA1, RA2, RA3 et

RA4) ont donné les teneurs en protéines brutes, en matière grasse, en cendre, en cellulose brut (Tableau 1).

Tableau 1 : Analyses bromatologiques des régimes Alimentaires

Composantes déterminées RA 1 RA 2 RA 3 RA 4

Matières sèches (MS) (%) 95,41 94,40 94,40 94,93

Humidité (%) 4,59 5,60 5,60 5,06

Protéines brutes (% MS) 36,31 30,63 36,60 32,52

Matières grasses (% MS) 12,4 12,8 10,2 15

Cendres (% MS) 17,00 7,50 7,33 7,00

Cellulose brute 10,10 22,72 15,29 15,13

Consommation alimentaire : Les poissons nourris à l’aliment RA1 (témoin à base de farine de poisson et de soja extrudé) et RA2 (aliment à base de tourteaux de coton) présenteraient des dimensions identiques. Par

contre ceux qui ont été nourris à l’aliment RA3 (aliment à base de tourteaux de soja) et RA4 (aliment à base de soja torréfié), présenteraient une légère différence statistiquement insignifiante (Figure 1).

Figure 1 : Consommation alimentaire par régime

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Indice de consommation (IC) par régime alimentaire : L’examen des indices de consommation (IC) montre que le meilleur IC des poissons sur l’ensemble de la durée

expérimentale a été obtenu avec l’aliment RA1 suivi de RA2. L’IC le plus élevé a été obtenu avec les poissons nourris à l’aliment RA3 (Figure 2).

Figure 2 : Diagramme des indices de consommation des quatre régimes

Performances de croissance des poissons par régime alimentaire : Croissance pondérale des poissons : Les plus fortes croissances ont été observées avec l’aliment RA1 (témoin) et RA4, suivi du RA2 qui a une croissance intermédiaire. La faible croissance a été observée avec l’aliment RA3 (Figure 2). L'évolution du poids moyen

individuel des poissons par régime alimentaire, au cours de l'expérience a augmenté du jour 0 (J0) au jour 15 (J15), suivi ralenti du J15 au J30 pour les RA1, RA2, et RA4, puis a augmenté de nouveau du J30 au J60. Pour l’aliment RA3, la croissance ne varie pas (Figure 3).

Figure 3 : courbe de croissance pondérale des poissons évolution du gain de masse corporelle (gmc) : les gains de masse corporelle (gmc) observés les 60 jours ont donné les valeurs de 81,83 g, 62,60 g, 59,51g, et 69,52g

respectivement pour les aliments ra1, ra2, ra3, ra4. Les aliments ra1 et ra4 ont les gmc les plus importants, suivis de l’aliment ra2. L’aliment ra3 présenterait la plus faible performance (figure 4).

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Figure 4 : Gain de masse corporelle par régime alimentaire

Évolution du gain moyen quotidien (GMQ) : Les gains moyens quotidiens (GMQ) ont donné respectivement des valeurs de 1,36 pour le RA1, 1,04 pour le RA2, 0,99 pour

le RA3, 1,15 pour le RA4 (Figure 5). Ces résultats montrent que les poissons qui ont été nourris à l’aliment RA1 et RA4 présenteraient les meilleurs GMQ.

Figure 5 : Évolution du gain moyen quotidien par régime alimentaire Taux de Croissance spécifique : Pour le Taux de

croissance spécifique, les valeurs obtenues ont donné respectivement, 0,90, 0,73, 0,73 et 0,83 pour les régimes

alimentaires RA1, RA2, RA3 et RA4. Les aliments RA1 et RA4 ont les meilleurs taux de croissance spécifiques (figure 6).

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Figure 6 : Taux de croissance spécifique par régime alimentaire Taux de survie au cours de l’expérimentation : Au cours de l’expérience, aucune mortalité n’a été enregistrée pour les différents régimes alimentaires. Le taux de survie a été calculé après chaque pêche de contrôle c’est-à-dire tous les 15 jours. Il est de 100 % pour tous les régimes alimentaires. Il n’y a donc pas eu d’effet de l'incorporation des tourteaux de soja, tourteaux de coton, et du soja torréfié sur la survie des poissons.

Paramètres physico-chimiques : Les températures mesurées au cours de l’expérimentation ont variées entre 28,5 et 36 °C. Elles ont été en moyenne de 29,93 °C pour les minimales et de 33,74 °C pour les maximales.

Pour ce qui est du pH, les valeurs fluctuent entre 8 et 10.

La valeur moyenne calculée pour ce paramètre était de 8,96. La transparence moyenne quant à elle était de 55,61 cm. Les paramètres physico chimiques ont été les mêmes du fait que l’ensemble des poissons baignaient dans le même milieu de vie.

Analyse économique : Il est question ici d’établir la comparaison des résultats économiques obtenus dans l’utilisation des aliments RA2, RA4, et RA1 (témoin) qui ont donné les meilleures performances de croissance, ceci afin d’identifier l’aliment le plus rentable. Le bilan des élevages consiste traditionnellement à dresser un compte d’exploitation où figurent le total des charges et le produit d’exploitation. Pour ce qui est de notre étude, comme il s’agit d’un essai de production, nous avons omis volontairement les autres charges inhérentes à l’exploitation, pour ne confronter que le coût des aliments à la valeur de la production induite. En admettant que le poste alimentation représente près de 60 à 70 % des charges totales de production (le cout de l'alimentation

est le facteur le plus important dans les frais généraux), la démarche aborde une approche prévisionnelle sur la marge bénéficiaire brute que peut générer l’utilisation de chaque aliment. Les quantités moyennes d’aliments distribués pour l’ensemble de l’expérience ont été respectivement de 23,070 kg pour aliment RA1 contre 23,310 kg pour l’aliment RA4 et 23,070 kg pour le RA2.

Nous avons déterminé précédemment que produire un kilogramme de poisson avec l’aliment RA1 coûte 400 F CFA (0.69 USD) , contre 179 F CFA (0.31USD) avec l’aliment RA2 et 241 F CFA pour RA4 .Ce qui donnerait un coût de 9228 F CFA (16.12 USD) pour l’aliment RA1 contre 4129 F CFA (7.21 USD) pour RA2 et 5617 F CFA (9.81 USD) pour l’aliment RA4. L’utilisation de ces aliments a généré une biomasse totale finale de 13,68 kg avec l’aliment RA1 contre 12,69 kg pour l’aliment RA2 et 12,51 kg pour RA4. Avec un prix de vente moyen de 1500 F CFA (2.62 USD) le kg de poisson sur le marché local, la vente de cette production générerait une recette de 20 520 F CFA (35.85) en utilisant l’aliment RA1 contre 19 035 F CFA (33.26 USD) pour l’aliment RA2 et 18 765 F CFA (32.79) pour RA4. En confrontant le coût de l’alimentation à la valeur de la production, on obtient une marge bénéficiaire brute de 11 292 F CFA (19.73 USD) en utilisant l’aliment RA1 contre 14 905 F CFA (26.04 USD) pour l’aliment RA2 et 13 148 F CFA (22.97 USD) pour l’aliment RA4. L’aliment RA1 serait performant en termes de croissance et de rendement, mais les charges qu’il induit font qu’il serait moins rentable que l’aliment RA4 et RA2. L’aliment RA2 est le moins cher en termes de coût mais en termes de performances, il est moins avantageux que l’aliment RA 4 (Tableau 2).

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Tableau 2 : Intérêt économique d'utilisation des aliments

Rubriques RA1 RA2 RA4

Produits

Biomasse produite (kg) 13,68 12,69 12,51

Valeur de la production (F CFA) 20520 19035 18765

Charges

Quantité d’aliments distribués (kg) 23,070 23,070 23,310

Coût des aliments (F CFA) 9228 4129 5617

Marge bénéficiaire brute (F CFA) 11292 14905 13148

Bien que sommaire, ce calcul montre l’intérêt économique à utiliser l’aliment RA4 (régime à base de soja torréfié) ou l’aliment RA2 (à base de tourteaux de coton). La formulation de l’aliment RA1 témoin (à base de farine de poisson et de soja extrudé) est à revoir pour réduire les coûts de production en le rendant accessible au pisciculteur moyen. Le régime RA4 (à base de soja torréfié) semble valoriser au mieux les sous-produits

locaux, tout en maintenant les performances de croissance à un bon niveau, suivi du Régime RA2. La ration optimale est celle qui optimise les résultats économiques et zootechniques plutôt que les performances de production. Par rapport à l’aliment RA1 (témoin), RA4 semble présenter le meilleur compromis qualité/prix, suivi du RA2.

DISCUSSION

Au regard des valeurs obtenues, on n’observe pas de différence significative au niveau de la consommation des poissons des régimes RA1, RA2 et RA3. Par contre une légère différence de 300g de plus a été observée avec le régime RA4 dont les poissons mangeaient avec beaucoup plus d’appétit. En apparence, au cours du nourrissage nous avons observé à partir de j. 15 à j .30 une baisse de l’appétit au niveau des quatre régimes alimentaires. Cela est peut être due au changement de régime, au stress provoqué par les manipulations (pêche de contrôle, nettoyage des happas) et au caractère organoleptique des nouveaux aliments RA2, RA3 et RA4.

A partir de J 30 à J60 l’appétit des poissons des régimes RA1, RA2 et RA4 a connu un hausse considérable. Cela pourrait-être lié au fait que les poissons se sont habitués aux nouveaux régimes. Par contre au niveau du RA3 à base de tourteau de soja, l’appétit est resté faible et constant. La diminution de l’appétit pourrait résulter de phénomènes orosensoriels (goût ou texture de l’aliment) ou de rétrocontrôles post-absorptifs (Burel et al., 2014).

Concernant l’indice de consommation, les valeurs obtenues semblent contraster avec le GMC et le GMQ.

Cela serait lié à la substitution totale de la farine de poisson par des protéines d’origines végétales. Il est important de considérer que la quantité d’aliment prise en compte dans le calcul de L’ IC peut dépasser notablement la quantité réellement consommée par le poisson car dans notre cas, nous avons supposé que la quantité d’aliment distribuée était totalement consommée par les poissons, ce que nous n’avons pas pu vérifier.

Les paramètres zootechniques calculés au cours de cette expérience pour les quatre traitements montrent que l’aliment PEP (Témoin) produit au centre piscicole de Bagré à base de farine de poisson et de soja extrudé permettait une meilleure croissance du tilapia mais se révèle être moins accessible aux pisciculteurs moyens en raison de son coût de production très élevé. L’aliment PEP Bagré est suivi par le régime alimentaire RA4 qui a une croissance presque similaire. Le RA2 a une performance de croissance intermédiaire par apport au RA4 et RA1. Le (RA3) présente des performances de croissance faibles par rapport aux autres traitements. La différence de performances constatée entre le régime alimentaire RA1 et les régimes alimentaires RA4 et RA2 serait également liée au taux plus élevé de protéine du régime RA1 (36 à 38 %) contre 32 % pour le RA4 et 30 % pour le RA2. Les protéines des RA2 ,3 et 4 semblent mieux valoriser que le RA3. Quant au RA3 les faibles performances de croissances malgré le taux élevé en protéine (36 %) résulterait du faible degré de convertibilité (par les poissons) des ingrédients utilisés (Jauncey et al., 1982 ; Burel et al., 2014). Les GMQ (respectivement 1,36 g/j pour le RA1, 1,15 g/j pour le RA4, 1,04 g/j pour le RA2, et 0.99 g/j pour le RA3 témoignent de cette différence dans les performances de croissances Ces valeurs sont inférieures à celles des études de Jauncey et al., qui indiquent un GMQ de 1,5 à 1,9 g/j avec un régime titrant 30 % de protéines brutes, 2 % de prémix vitaminé, et 4%de prémix minéral. Les lipides constituent la première source d’énergie, le contenu énergétique

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d’un gramme de lipides (9,1 Kcal d’énergie brute) est deux fois plus élevé que celui d’un gramme de protéines (5,5 Kcal) ou d’un gramme de glucides (4,1 Kcal) (Niyonkuru, 2007). Les TCS des régimes alimentaires varient de 0,73 à 0,90. Les faibles taux sont obtenus avec les régimes RA2 (à base de tourteaux de coton et RA3 (à base de tourteaux de soja). Ces résultats sont toutefois moins intéressants comparativement à ceux rapportés par Jauncey et al. (1982) avec un TCS de 3 %/j. La faiblesse de performances constatée résulterait aussi du faible degré de convertibilité (par les poissons) des ingrédients utilisés dans la formulation de l’aliment à base de sous-produits agricoles (Köprücü et al., 2005). Les taux de survie (100 %) sont supérieurs à celles de Bamba et al. (2003), ce qui confirmerait la qualité des aliments testés. Le taux de survie de 90 % étant généralement admis en élevage, et ceux obtenus se situant au-dessus, on peut considérer que ces résultats se situent dans la norme admise voir au-dessus. Cet état de fait peut être également attribué à la qualité de l’eau.

Les valeurs de température enregistrées au cours de cette expérience sont comparables à celles obtenues par Sarr et al. (2013) avec des intervalles de (24 – 35 °C).

Selon Ndour et al. (2011), l’optimum de température pour la croissance d’O. niloticus est situé entre 26-30 °C. Les valeurs moyennes de la température, du pH et de la transparence sont restées dans les limites favorables à une bonne croissance de cette espèce résultante du renouvellement permanent de l’eau. En effet, Bamba et al., (2003) ont démontré dans leur travaux l’étroite corrélation qu’il y’a entre le taux de survie, l’expression des performances, et la qualité de l’eau de l’étang. Plus la qualité de l’eau est meilleure et mieux est le taux de survie et l’expression des performances. Les résultats économiques que nous avons obtenus corroborent aux études de IGA-IGA Robert (2008) au Gabon qui a démontré que l’aliment à base d’ingrédients locaux avait des performances similaires et économiquement plus rentables que des aliments témoins manufacturés.

CONCLUSION

Au vu des caractéristiques de la croissance, nous pouvons dans l'état actuel des connaissances, considérer le régime RA4 constitué de (soja torréfié, son de maïs, son de riz, farine de manioc, prémix et CMV) comme étant le plus intéressant. Il serait plus accessible aux pisciculteurs moyens, suivi du RA2, constitué de tourteaux de coton, son de maïs, son de riz, farine de manioc, prémix et CMV qui a des performances de croissances proches du RA4 Une grande variété de produits et sous-produits végétaux mérite d’être valorisés en alimentation des poissons d’élevage en milieu tropical.

Les rendements observés pour chacune des rations étudiées montrent les possibilités d’utilisation des

protéines végétales en substitution totale ou partielle à celles de la farine de poisson .En plus, ces potentialités sont accrues par les possibilités d’élimination des facteurs anti nutritionnels présents dans les matières végétales.

L’alimentation des poissons doit prendre en compte les besoins propres à chaque espèce pour obtenir un produit d’élevage sain et de bonne qualité organoleptique et nutritionnelle. Elle doit aussi prendre en compte la disponibilité des matières premières et leur pérennité lors de l’utilisation d’aliment de substitution en aquaculture afin d’assurer la durabilité des activités halieutiques et aquacoles au Burkina Faso.

REMERCIEMENTS

Nous remercions vivement les autorités de Bagré Pôle et la DGRH pour leurs contributions dans la réalisation de nos travaux de recherches.

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