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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Éducation relative à l'environnement et développement durable

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Academic year: 2021

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ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Claude VILLENEUVE, biologiste

Centre Écologique du Lac-Saint-Jean, Saint Félicien, Québec

MOTS CLÉS: ÉDUCATION RELATIVE À L'ENVIRONNEMENT - DÉVELOPPEMENT DURABLE - SENSmn..ISATIüN- ALPHABÉTISATION ÉCOLOGIQUE - ACTION

RÉSUMÉ : Devant les crises écologiques appréhendées, il faut donner

à

la population et aux décideurs des outils pour comprendre la nature des problèmes environnementaux, leur origine dans notre façon de gérer la planète et la responsabilité de chacun dans leur solution. Le catastrophisme s'avère une attitude stérile qui pousse les citoyens à chercher des solutions dans la fuite.

Or,

le projet de développement durable proposé par la commission Brundtland exige une responsabilisation de chacun et une alphabétisation écologique de tous.

SUMMARY : Sustainable development as proposed by the Bruntland repon "Our common future" cannot be achieved without responsabilisation of each and everyone about the environment. Citizens and decision makers should be aware of their personal impact on natural systems and should be educated about their personnal action potential to avoid our biosphere degradation. Catastrophism leads to a dead end. Attitudes to be promoted includes an open view towards future and a basic knowledge of how we depend upon ecosystems for our survival.

(2)

1.

INTRODUCTION

Le développement durable (soutenable, viable) est actuellement présenté comme une voie pennettant de réconcilier le développement économique et la conservation de l'environnement. Depuis que ce concept a été popularisé par la commission des Nations Unies sur l'environnement et le développement, dans son rapport "Notre aveniràtous" (1 ),ila été adopté dans le discours par une foule de gens, en particulier dans les pays industrialisés. On a ainsi assisté à la création d'un grand nombre de commissions, de tables rondes, de comités ministériels sur le développement durable, sans toutefois qu'il y ait de réels changements dans les manières de faire, ni qu'on montre d'intérêt évident pour effectuer les changements profonds d'attitudes et de comportements nécessaires pour réellement "satisfaire aux besoins des générations actuelles sans empêcher les générations futures de répondre aux leurs". (2)

Or, de nombreux auteurs dans le monde scientifique sont formels: nous devons modifier en profondeur notre relation avec l'environnement pour éviter que l'activité humaine ne perturbe à l'échelle globale les mécanismes qui entretiennent la vie, provoquant ainsi des changements catastrophiques qui risquent de remettre en cause la qualité de vie des générations à venir.(3)

Ces modifications demandent une participation de toute la population mondialeàun effort concerté tel qu'on n'en a jamais connu dans l'histoire de l'humanité. Malheureusement, bien peu de citoyens disposent des connaissances nécessaires pour comprendre l'origine des problèmes qui nous menacentàmesure que s'accroît la population humaine et ses besoins de consommation.

L'Éducation relative

à

l'environnement, (ERE) s'avère probablement la seule voie de solution à long terme pour permettreàl'ensemble des citoyens et des décideurs d'intégrer des considérations environnementales dans l'ensemble des mécanismes de prise de décision, au niveau individuel et collectif. En effet, pour faire les choix qui s'imposent pour l'avenir de la planète sans faire de la protection de l'environnement une religion ou sans devoir tomber dans les excès du totalitarisme ou de l'écofascisme,ilfaudra que les citoyens soient suffisamment bien formés et habitués

à

vivre avec une éthique écologique pour prendre des responsabilités de manière collective démocratiquement et pour évaluer leurs élites en fonction de leurs responsabilités envers la qualité de vie des générations futures.

2. LE CATASTROPHISME, UNE ATTITUDE STERILE

Nous assistons actuellement

à

un raz de marée de prévisions toutes plus sombres les unes que les autres sur l'avenir de notre planète. Le défaitisme et le catastrophisme sont à la première des médias. Même le dépliant qui nous invitait aux Journées internationales de Chamonix nous présentait une image négative de l'avenir réservé

à

nos enfants. Pourtant, l'humanité n'a jamais été aussi bien équipée scientifiquement et techniquement pour relever le défi de gérer la planète. Au niveau des

(3)

mentalités, toutefois, l'évolution est beaucoup moins évidente. De la même façon que nous sommes toujours biologiquement des hommes de Cro-Magnon en complet-veston, nos comportements collectifs reflètent encore souvent notre adaptation

à

un monde révolu dans lequel tout était biodégradable, où on pouvait encore déplacer par migration des peuples entiers sur de nouveaux tenitoires et où la durée de vie humaine était limitée à 35 ans.

L'histoire nous dit que dans la chrétienté, l'an 1 000 fut une période de grande obscurité. De nombreux prophètes annonçaient la fin du monde et le peuple était persuadé qu'ils avaient raison. Pendant le siècle qui entoura cette échéance totalement artificielle, on cessa de bâtir des cathédrales, on cessa de croire à l'avenir et les chroniques nous rapportent que l'ensemble de la société sombra dans les pires excès et la désorganisation.

Il faudrait éviter que les catastrophes environnementales appréhendées deviennent les peurs de l'an 2 000. Ceux et celles qui seront les décideurs

à

la prochaine génération devront savoir gérer la biosphère dans l'objectif d'améliorer la qualité de vie globale des générations à venir plutôt que de continuer d'enrichir les plus riches au détriment du potentiel de développement futur de l'humanité.

L'ERE doit donc tenter de former toute une société

à

un projet global d'amélioration de la qualité de vie qui doit permettre de concilier le progrès technique et scientifique et la qualité de l'environnement.Ledéveloppement durable nous offre ce projet.

3.

LE

DEVELOPPEMENT DURABLE ET LA QUALITE DE VIE

L'objectif du développement d'une société est de procurer

à

ses membres une qualité de vie meilleure.

n

s'agit donc dans cette optique de satisfaire aux besoins des individus tout en assurant la pérennité de la société. Il faut se donner des structures permettant de rendre des services

à

la collectivité et s'assurer que les besoins fondamentaux de tous les individus seront satisfaits.

Ledéveloppement doit se faireàpartir de l'exploitation des ressources naturelles, qu'elles soient renouvelables ou non renouvelables. L'abondance relative de certains éléments dans un lieu donné ou la compétence particulière de certains groupes

à

la transformation permettent de générer des valeurs d'échange. Il s'agit donc de générer une richesse économiqueàpartir d'éléments de la biosphère.

(4)

Figure 1 : Modèle pour le développement durable :

Trois pÔles pour le déyeloppement durable

Développement

Qualité de

vie

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Social

Écologiq

Rendement soutenu

Conservation

Dans le modèle de la figure 1 on retrouve les paramètres qui définissent la qualité de vie des populations dans une perspective de développement durable.

En effet, le concept de qualité de vie doit respecter des contraintes d'ordre écologique, économique et socials, aussi bien pour des individus que pour une population. Dans la perspective d'un développement durable, on doit donc maintenir la qualité de vie dans le temps, c'est-à-dire, dans notre modèle, en permettant de maximiser la surface du triangle et de le faire durer le plus longtemps possible, pour répondre aux besoins de la génération actuelle, sans toutefois remettre en cause le potentiel des générations futures de répondre à leurs besoins. Graphiquement, on peut résumer ceci en disant qu'il faut garder un équilibre entre les trois côtés du triangle le plus longtemps possible pour assurer un développement durable.

4. L'ALPHABETISATION ECOLOGIQUE DES DECIDEURS

Les citoyens peuvent bien apprendre à trier leurs déchets à la source, ils peuvent bien décider d'utiliser moins leur automobile, ils peuvent même faire des choix de consommation favorisant les techniques de production moins polluantes, cela ne résoudra pas l'ensemble des problèmes reliés à la pollution... En effet, l'impact cumulatif des actions individuelles, même s'il est très important, est difficilement comparable avec l'impact des actions qui résultent de décisions prises au nom de la collectivitéparcertains citoyens qui détiennent un pouvoir politique ou économique important.

Certains décideurs, en effet sont détenteurs d'un pouvoir global de polluer incommensurable avec celui des citoyens. Quand on pense qu'une seule industrie peut dévaloriser pour des décennies une rivière ou contaminer des sols pour des siècles, qu'une prise de décision par un politicien ou par

(5)

un haut fonctionnaire peut régler ou créer un problème environnemental, on se rend compte de la nécessité de l'éducation des décideurs en matière d'environnement.

En effet, nos formations étant généralement unidisciplinaires, notre pouvoir décisionnel est conditionné par la formation que nous avons reçue

à

l'université. Or, le mécanisme qui amène

à

la prise de décision est généralement relié à l'exercice de compétences qui sont ensuite soumises à une analyse économique et

à

une analyse éthique s'il y a lieu. Ainsi, les budgets sont généralement discriminants dans la plupart des décisions. Ensuite, ce sont les considérations morales qui entrent en ligne de compte.

Pour réellement réussir

à

faire du développement durable il faudrait intégrer au mécanisme décisionnel des contraintes d'ordre environnemental. Comment y arriver, alors que la plupart des décideurs ne sont pas mieux informés que le citoyen moyen de la nature des systèmes écologiques et sur les impacts en amont et en aval de leurs projets ou de leurs décisions.

On voit par exemple que le mécanisme d'évaluation des impacts sur l'environnement est généralement assez mal accueilli par la plupart des entrepreneurs. Cela ne serait-il pas différent si les contraintes environnementales étaient comprises et intégrées dès le départ et que les décisions étaient prises par des gens qui ont une formation minimale pour bien saisir l'importance des systèmes écologiques ?

Nous sommes tous des ignorants instruits ... mais sommes-nous gouvernés par des analphabètes écologiques?

L'éducation relative

à

l'environnement dans les universités et les lycées techniques s'avère une nécessité. Il faut que les futurs décideurs soient à même d'être évalués sur leurs connaissances en environnement et qu'ils aient une formation leur permettant de comprendre les enjeux réels du développement

5. CENT FOIS SUR LE METIER REMETTEZ VOTRE OUVRAGE ...

"Patience et longueur de temps .. " écrivait le fabuliste, l'éducation relative

à

l'environnement n'est pas une question d'heures ... on ne doit surtout pas penser qu'un cours d'écologie au secondaire. aussi bien pensé soit-il, réussira

à

faire de tous les élèves qui le réussissent des citoyens avertis, prêtsà faire des choix! Surtout quand il n'est pas nécessaire

à

la certification!

L'ERE est une forme d'éducation qui doit s'insinuer partout... pas comme un enseignement religieux, mais comme une manière de faire, comme une marque de commerce ou comme un indice de la qualité du travail. L'ERE doit être intégrée

à

l'apprentissage sous forme d'un questionnement permanent, de façon à ouvrir les horizons plutôt que de les fermer.

Onne doit pas apprendre ce qu'il faut faire, mais ce qui se passe quand on fait quelque chose... de façon

à

pouvoir exercer nos droits et libertés dans le respect des systèmes dont nous dépendons pour survivre.

Finalement, l'ERE doit être orientée sur l'action. Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est face aux problèmes réels qu'on devient réaliste. L'utopisme des écologistes purs ne peut résister

(6)

à l'analyse des besoins immédiats d'une portion de plus en plus grande de l'humanité.

La

meilleure ERE au monde ne réussira jamais à convaincre celui qui a faim de conserver la forêt tropicale! C'est en ce sens que l'industrie et le développement économique sont des contraintes nécessaires de l'augmentation de la population mondiale. Il faut toutefois apprendre à maîtriser les impacts de ce développement de manière à conserver le triangle isocèle. Enrm,ilfaut apprendre à intégrer dans nos habitudes de pensée la notion d'un monde fmi (4), limité, dont nous ne sommes que fiduciaires pour les générations futures.

linous faut finalement développer l'éducation des femmes pour contrôler l'augmentation de la population mondiale. Cest à ce prix qu'on pourra rêver d'un monde meilleur.

Le rôle des éducateurs

à

ce sujet est fondamental. Nous avons déjà perdu notre influence sur les mères des enfants de l'an 2000 ... Il nous faut convaincre celles des enfants de 2010.

6, CONCLUSION

Nous vivons dans un monde en changement dont les problèmes ont une envergure et une complexité qui dépassent nos capacités de prévisions actuelles. Les problèmes environnementaux que nous connaissons actuellement risquent de modifier le rendement des systèmes qui entretiennent la vie à une rapidité telle que beaucoup d'êtres vivants ne pourront s'y adapter. Pourtant, ce n'est pas en prédisant des catastrophes qu'on réussira à modifier les attitudes des gens vis à vis l'environnement.

L'interdisciplinarité seule permettra de construire les modèles de gestion nécessaires à prendre en compte l'ensemble des intrants de problèmes de demain L'étude des problématiques environnementales constitue unfIlconducteur permettant d'habituer les jeunes à l'interdisciplinarité

C'est en développant une Éducation relative

à

l'environnement généralisée et en insistant sur la formation des décideurs qu'on pourra un jour penser à intégrer la dimension environnementale dans tout processus de prise de décision, au niveau individuel ou collectif et développer le sens critique des citoyens face aux problèmes environnementaux.

Enfin, l'ERE doit insister sur la stabilisation de la population mondiale comme prérequis à tout développement durable. Sinon, les besoins immédiats d'une population croissante ne pourront être satisfaits qu'au détriment d'une dégradation irréversible des systèmes qui entretiennent la vie.

RENVOIS BIBLIOGRAPHIQUES

1- BRUNDTI.AND, G. H., et CMED (1988),Notre avenirà tous,Les Éditions du Fleuve, Montréal 2- Commission Bruntland, op cit.

3- Voir: JACQUART, A., Voici le temps du monde fini, Seuil, 1991 DUMONT, R., Un monde intolérable. Seuil, 1988

FAUCHEUX, S., et NOEL, J.F., Les menaces globales sur l'environnement. La Découverte, 1990 ALLEGRE,

c.,

Économiser la planète. Odile Jacob, 1990

HOWARD, L., et coll. L'État de la planète, Economica, 1990 4- Voir JACQUART, A., op. cit.

Figure

Figure 1 : Modèle pour le développement durable :

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