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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Émergence d'un nouveau concept d'élément d'exposition au Palais de la Découverte

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, ACTES JIES XXV, 2003

EMERGENCE D'UN NOUVEAU CONCEPT

D'ELEMENT D'EXPOSITION AU PALAIS DE LA DECOUVERTE

Sylvain LEFAVRAIS

Palais de la découverte, Paris

MOTS-CLES : MUSEE SCIENTIFIQUE – CONSTRUCTION DE SENS – ELEMENTS D'EXPOSITION TYPE "HANDS-ON" –

TRANSFORMATION DES CONCEPTIONS – MODELE ALLOSTERIQUE

RESUME : Un petit secteur expérimental d'exposition permanente sur le thème des mathématiques

a été récemment ouvert au public au Palais de la découverte. Son concept de communication, relativement innovant, s'est appuyé sur le modèle allostérique. Les résultats de l'évaluation qui en a été faite permettront de l'ajuster et seront appliqués à la reconstruction de l'espace "Eurêka", secteur important de l'établissement.

ABSTRACT : In 2002, a small experimental exhibition about mathematics opened in the Palais de

la découverte in Paris. Its originality lies in its concept of communication, based on the "allosteric learning model". Its exhibits have now been evaluated with the public, making it possible to adjust them. These results will also be used in the rebuilding of an important "hands-on" exhibition.

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1. INTRODUCTION

En 1985 au Palais de la découverte, un nouveau secteur d'exposition interactif était créé. Cet espace, "Eurêka", est encore présenté au public et a encore beaucoup de succès auprès des visiteurs ; mais il a vieilli à la fois sur le plan physique et sur le plan conceptuel. Sa reconstruction fournit une occasion unique de faire évoluer le concept de communication de ce type d'éléments. La première tranche, récemment ouverte au public, est un petit espace expérimental d'exposition permanente sur le thème des mathématiques ("Maths – éléments d'appel"), réalisé en en préfiguration des travaux futurs. Son concept de communication, qui a pris pour fil directeur le modèle allostérique, s'est appuyé principalement sur deux études :

• Une étude approfondie de l'ancien secteur Eurêka (en fait une véritable radiographie de cet espace) a permis de bien connaître les points forts et les points faibles de ce type d'exposition.

• L'évaluation d'un prototype a ensuite permis de réajuster ce modèle de communication, qui a ensuite été généralisé à tous les éléments d'exposition du nouveau secteur d'exposition.

Le nouveau secteur créé a également fait l'objet d'une évaluation, dont les résultats seront utilisés pour ajuster à nouveau le concept de communication et l'appliquer à la reconstruction d'Eurêka.

2. L'ANCIEN SECTEUR EUREKA

L'exposition interactive Eurêka a été conçue au départ comme une exposition fixe et permanente. Elle occupait alors une surface d'environ 900 m² d'un seul tenant et comprenait une cinquantaine de dispositifs, largement inspirés des pratiques alors en usage à l'Exploratorium de San Francisco… dont le fondateur, Franck Oppenheimer, a été lui-même fortement marqué par le Palais de la découverte. Il s'agit d'expériences interactives en libre service, portant sur trois thèmes : des expériences de physique, d'autres sur la perception, et des tests de performances. Actuellement, environ quarante dispositifs sont encore présentés au public.

3. PROBLEMATIQUE

Notre époque voit paradoxalement naître une désaffection des jeunes pour l'enseignement des sciences et les carrières scientifiques. Mais est-ce la science qui rebute les jeunes, ou bien les conditions de son enseignement ? De façon complémentaire à l'école, mais tout en présentant une approche radicalement différente, les musées et centres de sciences peuvent être des outils

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privilégiés pour regagner l'intérêt des jeunes. Mais ceci ne peut se faire sans un effort important pour y concevoir de nouveaux modes de communication, ou tout au moins faire évoluer ceux qui existent. Et il y a sans doute beaucoup à faire…

4. METHODOLOGIE

Reconstruire Eurêka… mais comment ? La réponse à cette question nécessite en fait trois axes d'investigation :

- faire le point sur les connaissances théoriques dans le domaine ; - comprendre l'existant ;

- bien définir nos buts.

Il est d'autre part nécessaire de procéder par petits pas, de tester chaque innovation, afin de garantir que chacune reste conforme aux attentes. À tous les stades de notre démarche, chaque avancée a subi l'épreuve des visiteurs, qui ont été observés et interviewés. Cette "mise en lumière" a permis à chaque fois d'orienter les choix et de rester très proches des publics, tout en restant fidèles à nos intentions premières.

5. OU EN EST LA CONNAISSANCE DANS LE DOMAINE ?

Différentes méthodes sont ou ont été utilisées par le passé dans un but d'apprentissage :

- Une volonté fréquemment observée est la transmission frontale d'un savoir. L'activité d'apprentissage est alors vue comme un simple mécanisme d'enregistrement. Cette « pédagogie frontale » a été longtemps très utilisée en milieu scolaire. Elle est basée sur une idée, maintenant reconnue comme fausse, que l'apprenant est un récipient vide qu'il s'agit de remplir. Elle suppose une relation de transmission entre un « émetteur » détenteur d'un savoir, et un « récepteur ».

- D'inspiration plus tardive, une deuxième tradition, le modèle « béhavioriste », repose sur un entraînement élevé au rang de principe. L'apprentissage, vu comme un conditionnement, est favorisé par des « récompenses » (renforcements positifs) ou ponctué de « punitions » (renforcements négatifs).

- Une troisième voie est celle du « constructivisme ». Elle prend appui sur les intérêts spontanés des personnes. Elle préconise leur libre expression, la découverte autonome, le tâtonnement expérimental. L'individu ne reçoit plus des informations brutes, mais doit les rechercher et les

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sélectionner. Il s'agit donc, non pas d'imposer un savoir tout fait aux visiteurs, mais de les inciter à le construire par eux-mêmes, en leur fournissant les matériaux et les moyens nécessaires.

- De cette tradition, nécessaire mais non suffisante, est issu le « modèle allostérique » (Giordan, 1998), qui met principalement en relief la nécessaire déconstruction des représentations mentales préexistantes, en préalable à la reconstruction liée à chaque apprentissage. L'apprentissage est donc vu comme une métamorphose. Ces représentations mentales apparaissent très résistantes, et si elles ne sont pas "déconstruites" préalablement à l'apprentissage, d'autres ne peuvent prendre leur place. La déconstruction ne peut être obtenue que par la production d'un conflit cognitif fort. Il est donc nécessaire de présenter un phénomène fortement paradoxal ou étonnant.

6. COMPRENDRE L'EXISTANT

Le plus souvent, les éléments d'exposition de type "hands-on" sont présentés sous la forme suivante : des textes explicatifs destinés à être lus en premier lieu, proposent et explicitent une expérience attenante. Comme les éléments de l'ancien secteur d'exposition Eurêka par exemple. L'étude approfondie de cet espace a permis de faire apparaître certains problèmes : l'ergonomie par exemple, n'est pas adaptée aux enfants. Ceux-ci sont obligés de se mettre à genoux pour utiliser certains éléments d'exposition. Et si la corde du "Treuil" peut être actionnée par les plus jeunes, il n'en est pas de même de celle du "Palan", qui ne peut être tirée que par les plus de 16 kg ! Sur le plan de la communication, des dysfonctionnements importants ont été révélés, en particulier : - Les textes "Que faire", "Que voir", "Comment interpréter" sont présentés manifestement pour être lus avant de réaliser l'expérience. Donc, quand ils expérimentent, les visiteurs ont seulement à vérifier que le contenu des textes est exact. D'où un amoindrissement de la découverte.

- Les expériences semblent seulement être là pour illustrer un message textuel, ainsi que le concepteur l'a apparemment voulu, et non pour porter par elles-mêmes ce message. Ainsi, nous pouvons remarquer qu'il s'agit d'une juxtaposition de deux modèles pédagogiques : la "pédagogie frontale" et le constructivisme.

7. BUTS

Le modèle allostérique de Giordan nous a servi de fil directeur. Le tableau ci-dessous résume les orientations qui en découlent, et les grands changements vis-à-vis de l'ancien Eurêka :

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L'ancien Eurêka Le nouvel espace

Espace unique autosuffisant Petits espaces thématiques, introductifs aux autres salles Plutôt adapté aux adultes De 45 ans à l'âge adulte

Modèle transmissif + constructivisme

- Textes longs, frontaux - Découverte amoindrie - Expérience unique

Modèle allostérique

- Informations intuitives, textes courts - Découverte totale

- Dispositif à plusieurs entrées

8. CONCEPT DE COMMUNICATION

Compte tenu de ce qui a été dit ci-dessus, le concept de communication se déduit d'un processus comportemental voulu pour des visiteurs, produit par la conception même des dispositifs :

Processus visé Concept de communication

1- Attirer les visiteurs  Titre, design

2- Les inciter à expérimenter  Mode d'emploi : design conçu pour être porteur de sens (exemple : code de couleurs) + pictogrammes

3- Conflit cognitif  Phénomènes étonnants, paradoxaux 4- Questionnement,

Reprise de l'expérimentation

 "Questions" ciblées

5- Construction de sens  "Aides" : photos, graphismes

 Texte à lire in fine : aide à la construction de sens, réponse aux questions

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Ce concept général de communication est concrétisé dans la conception de chaque élément d'exposition, et en particulier dans celle de leur panneau (voir ci-dessus, la photo d'un des éléments d'exposition permettant de tracer des courbes mathématiques avec un filet de sable fin).

10. RESULTATS – CONCLUSIONS

L'évaluation du nouveau secteur a donné des résultats intéressants :

- Les titres sont pour la plupart bien perçus, et jouent bien leur rôle d'attraction.

- Les informations nécessaires à l'emploi, comme cela avait été prévu, sont bien véhiculées par les deux canaux envisagés : le design, les pictogrammes, mais également par les "questions". La mise en œuvre des éléments d'exposition ne pose apparemment pas de problème.

- Les "questions" remplissent bien leur rôle dans l'incitation à l'expérimentation, mais de façon plus hypothétique dans la production d'un questionnement (point qu'il sera nécessaire d'approfondir). - Les "aides" (photos et graphismes) paraissent difficilement utilisables telles qu'elles sont pour la production de sens. Un effort important est à faire sur ce plan.

- Les textes remplissent bien leur fonction, mais certains, malgré le soin apporté à leur rédaction, posent problème.

Le bon "fonctionnement" en matière de communication d'un élément d'exposition apparaît très dépendant du soin porté à la conception de chacune de ses parties et des liens fonctionnels établis entre ces parties. Témoin, un des éléments d'exposition évalués, dont les performances apparaissent de façon inattendue très médiocres par rapport aux autres, bien qu'il fasse appel au même modèle de communication.

BIBLIOGRAPHIE

GIORDAN A. (1999). Apprendre ! Belin.

GIORDAN A., GUIGHARD F., GUICHARD J., (1997). Des idées pour apprendre. Nice : Z'éditions. p. 10-13, et p. 333.

GUICHARD J., MARTINAND J.-L., (2000). Médiatique des sciences. PUF.

LEFAVRAIS S. (2002). Expériences interactives en musée de sciences : nouvelles idées au Palais de la découverte. In A. Giordan, J.-L. Martinand, et D. Raichvarg (Éds), Actes des XXIVes journées

Références

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