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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Modélisation et représentation du réel

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Academic year: 2021

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MODELISATION ET REPRESENTATION DU REEL

Richard PALLASCIO

C.I.R.A.D.E., Université du Québec Montréal - Canada

MOTS-CLES: REPRESENTATION - GEOMETRIES - ESPACE 3D - MODELE· MUSEE.

RESUME: Une grande partie du travail des scientifiques et des technologues consisteàmettre au point et à rendre optimaux divers modèles (iconique, analogique, fonnel ou théorique).ils'agit d'élaborer une représentation du réel au cours de laquelle on opère des réductions et des simplifications qui pennettent par voie de comparaison et d'analogie, de rendre compte des phénomènes. La manipulation ou la création de modèles inédits sont des activités qui font appelàune participation cognitive active au sens où elles invitentàimaginer un modèle ouàen explorer la fécondité. Une équipe de recherche sur la représentation spatiale a développé des modules d'exposition scientifique sur ce thème, dans le but de fournir des outils d'appropriation de l'univers de la science et de la technologie informatique.

SUMMARY : Technical and scientific works mostly consist in putting right and best sorne iconic, analogie, fonnal or theoritical models. The objective is to elaborate a representation of the reality where we make reductions and simplifications which allow to explain phenomena by the way of comparison and analogy. The manipulation and creation of original models are activities which send for an active cognitive participation in that sense where they invite to imagine or to explore the fruitfulness of a model. A research team which works on spatial representation developed elements for a scientific exhibition on that topic, in order to supply some tools te facilitate the appropriation of science and computer teehnology.

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252 L INTRODUCTION

Une grande partie du travail des scientifiques et des technologues consisteàmettre au point et

àrendre optimaux(LLIBOU1RY 1985) des modèles en vue soit d'expliquer des phénomènes, soit d'en prévoir le déroulement ou, encore, de planifier des expérimentations qui, rétroactivement, fourniront l'information nécessaire à la spécification des modèles. Ceux-ci peuvent être de natures diverses allant du plus concret au plus abstrait. Ainsi en est-il par exemple des types de modèles suivants(GUIBERTetOSBORNE, 1980) :

-modèle iconique: réductions à l'échelle, photographies... ; -modèle analogique: simulations, représentations cybernétiques...;

-modèle formel: programmes d'ordinateur, systèmes d'équations mathématiques...; -modèle théorique: systèmes de principes et de relations abstraites.

Mais, en tout état de cause, il s'agit dans chaque cas d'élaborer une représentation du réel au cours de laquelle on opère des réductions et des simplifications qui permettent par voie de comparaison et d'analogie, de rendre compte des phénomènes. Par exemple, on étudiera le comportement des gaz à l'aide du modèle corpusculaire, celui de la matière àl'aide du modèle atomique, celui de la transmission héréditaire à l'aide du modèle de l'ADN, celui des systèmes météorologiques àl'aide de modèles simulés sur ordinateur... Ainsi, contrairement à la croyance populaire, scientifiques et technologues ne travaillent pas directement sur les phénomènes dont la complexité est souvent a priori rebutante, mais plutôt sur des modèlent qui permettent" ... de traduire les questions difficiles concernant le phénomène en questions plus faciles qui concernent le modèle" (REGNIER,1974), ce qui, cela va de soi, indique bien que la connaissance produite n'est jamais complétée. Or, la prise de conscience de celle-ci constitue une condition nécessaireàune appréciation critique des savoirs produits par les sciences et les technologies.

Nous avons choisi un contexte para-scolaire et muséal pour explorer ce type d'activités, afrn d'offrir une liberté d'action au jeune public visé et de laisser placeàune dimension essentielle de l'enfant qui ne s'exprime qu'avec difficultéàl'école: l'imaginaire. Ayant contribuéàune recherche ces dernières années sur la perception et la représentation spatiale, nous avons adapté un certain nombre de nos outils d'investigation dans le but de développer des modules d'exposition scientifique et de permettre l'appropriation d'une partie de l'univers de la science et de la technologie!.

1 Équipe de recherche surlareprésentation spatiale (Jacques Désaultels et Marie Larochelle de IUniversité Laval; Richard Allaire, Maurice Bélanger, Claude Janvier, Jean· Baptiste Lapalme el Richard Pallascio de l'U.Q.A.M.), C.I.R.A.D.E., en collaboration avec les concepteurs de l'exposition "L'esprit informatique" de La Villette

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253 2. LA REPRESENTATION SPATIALE

La représentation spatiale est cette capacité d'intérioriser de façon qualitative un modèle spatial par l'analyse et la synthèse de ses propriétés géométriques, et d'effectuer des opérations mentales sur ce modèle.

Nous distinguons deux dimensions principales dans le développement des habiletés spatiales: analytique et opératoire. La dimension analytique concerne la perception ou la reconnaissance des formes et de leurs propriétés géométriques.Ladimension opératoire concerne la représentation mentale d'une transfollDation géométrique, suite à une opération portant sur une forme.

Plusieurs métiers et professions requièrent une bonne perception et une bonne représentation spatiale : opérateurs de grue mécanique, designers, architectes, chimistes, cristallographes, etc. De plus chaque citoyen peut bénificier d'habiletés spatiales développées dans la maîtrise de son environnement: orientation dans l'espace, appréciation de fOllDes modernes, transfollDation de matériaux (menuiserie, sculpture... ), etc. Enfin, au niveau intellectuel, il semble que la compréhension de tout concept s'accompagne d'images spatiales. Par exemple, la plupart des occidentaux conçoivent le temps à l'aide d'une droite ordonnée, où le passé se situe à gauche (les nombres négatifs), le présentàl'origine (le point zéro) et le futuràdroite (les nombres positifs).Or

le passé n'a rienàvoir avec la gauche, ni le futur avec la droite! Mais cette image spatiale permet de se représenter mentalement le concept de temps. On peut supposer que des concepts plus difficiles vont faire appelàune visualisation spatiale plus développée.

3. UN EXEMPLE: UN PROBLEME DE RIGIDITE DE STRUCTURES

Le problème qui suit est présenté sous forme de manipulation àeffectuer. Une structure orthogonale 4x4 sommets et des diagonales sont placées sur la table, avec la consigne suivante: "essayez de rendre rigide la structure en choisissant judicieusement le plus petit nombre de diagonales; vérifier chacun de vos essais." En plus du modèle physique, un modèle analogique2est proposé (figure 1) afin de tester à l'aide d'une simulation par ordinateur(BARACSetLANGLOIS, 1989), la rigidité de différentes structures, dont la précédente :

Ce type de modèle analogique force l'individu àessayer de prévoir le comportement d'une structure de son invention et à imaginer l'articulation de ses éléments. La manipulation ou la création de modèles inédits sont des activités qui font appelàune participation cognitive active au sens où elles invitentàimaginer un modèle ouàen explorer la fécondité.

Les éléments de solutions à ce problème relèvent évidemment de règles mathématisées, par exemple: 2s - 3

=

llm.où s désigne le nombre de sommets dans la structure planaire etllmindique

2 La fonction «déforme» pennet de testerlarigidité de la structure, alors quelafonction «barre» permet d'ajouter desarêtes.

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(maclr)

Aid.

Itrull1ne

( aultter)

figure1

le nombre minimal d'arêtes nécessaires pour rendre la strucutre rigide. Commeily a déjà 24 arêtes, il est donc nécessaire de disposer de 5 diagonales: 2 x 16 sommets - 3=24+5. Quatre des cinq diagonales ne doivent jamais être disposées en circuit, entraînant la dépendance de l'une d'entre elles par rapport aux trois autres (voirlafigure ci-dessus).

D'autres problèmes de structure, cette fois en lien avec l'espace tridimensionnel, sont posésà l'élève ou au visiteur de l'exposition scientifique. Par exemple, deux structures bidimensionnelles quasiment identiques, l'une rigide, l'autre déformable, sont suspendues par deux de leurs sommets consécutifs respectifs, avec la question "quelle structure peut être déformée ?". La solution, toutà fait non triviale, réside dans le fait que l'une des structures est le graphe correspondant à la projection d'un polyèdre. Par contre, la visualisation de la condition (A, B et C co-linéaires) est tout à fait simpleàvérifier (figure 2) :

figure2

De même, deux structures tridimensionnelles, l'une rigide, l'autre déformable (figure 3) sont posées sur la table de l'exposition, avec la question: "tentez de trouver quelle structure est rigide,

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25S

sansytoucher; vérifiez si votre intuition vous a bien secondé(e)".

figure 3

4. UN AUTRE EXEMPLE: LA GENERATION DE FORMES PAR TRONCATURE

Un autre logiciel de l'exposition place l'utilisateur en mesure de simuler l'espace tridimensionnelàl'écran. Il se retrouve devant la représentation d'une pyramide quadrilatérale. Il doit pointer judicieusement trois endroits de la pyramide3permettant à l'aide d'un plan de coupe imaginaire d'engendrer une nouvelle forme. L'ensemble des nouvelles formes engendrées4sont des hexaèdres, au nombre de sept, dont le cube, la pyramide pentagonale et le bitétraèdre.

La simulation sur ordinateur fournitàl'utilisateur un modèle analogique lui permettant de développer ses habiletés perceptives et représentatives : la perception des éléments de la forme de départ,

le plan de coupe, la forme engendrée si ses choix s'avèrent corrects, la rotation simulée de cette forme selon l'un des trois axes orthogonaux de l'espace tridimensionnel, l'identification du graphe de Schleigel de cette forme. Un problème plus difficile consisteàdéterminer quel plan de coupe permettra d'obtenir la forme correspondantàun graphe prédéterminé.

La figure 4 de la page suivante indique que les points 1,7 et 14 permettent d'engendrer un bitétraèdre (1er graphe en haut, au milieu).

5. CONCLUSION

Tout modèle n'est jamais la réalité. Il n'en est qu'une représentation plus ou moins imparfaite!

3 Partroispoints non colinéaires passe unetun seul plan.

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L'individu doit apprendre que, parfois, son intuition lui joue des tours, et qu'il doit travailler de façon àpouvoir composer avec elle, par exemple en apprenant àextérioriser ses attentes intuitives, et nous, en lui fournissant le support approprié. Les élèves, comme nous tous, ont des représentations plus ou moins spontanées et plus ou moins proches de la réalité.Lemodèle le plus récent, créé par un membre de la communauté scientifique ou... par un enfant, ne sera toujours qu'une représentation de la réalité, imaginée par l'esprit humain, sans toutefois jamais atteindre cette réalité.

La science est l'asymptote de la vérité, elle approche sans cesse et ne touche jamais! (Victor Hugo, dansShakespeare)

6. BmLIOGRAPHIE

BARACS(J.)et LANGLOIS(L.),1989. - Sructure. Ed. Université de Montréal, 25 p.

GUIBERT (1. K.)et OSBORNE (R. J.), 1980. - The Use of Models in Science and Science Teaching.InEuropean Journal of Science Education,2(1), 3-13.

LLffiOU1RY(L.),1985. - Modèles et révolution. ln La recherche, février, 163, 272-278. REGNIER (A.), 1974. - La crise du langage scientifique. Ed. Anthropos, Paris.

Références

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