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Soutien social perçu suite à une agression sexuelle à l'enfance : problèmes relationnels et conjugaux à l'âge adulte

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Academic year: 2021

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Soutien social perçu suite à une agression

sexuelle à l’enfance : problèmes relationnels

et conjugaux à l’âge adulte

Mémoire doctoral

Édith Gosselin

Doctoral en psychologie

Docteur en psychologie (D. Psy.)

Québec, Canada

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Soutien social perçu lors du dévoilement

d‘une agression sexuelle à l’enfance :

problèmes relationnels et conjugaux à l’âge

adulte

Mémoire doctoral

Édith Gosselin

Sous la direction de :

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Résumé

Les victimes d’agression sexuelle à l’enfance (ASE) sont à risque de développer une multitude de symptômes dans diverses sphères du fonctionnement. Ces symptômes peuvent se poursuivre jusqu’à l’âge adulte et nuire au développement et à la stabilité des relations conjugales (Briere & Runtz, 1993). Ils sont associés à la qualité du soutien reçu par l’enfant (Charuvastra & Cloitre, 2008; Godbout et al., 2014). La présente étude a pour but d’examiner la prévalence du soutien suite à une ASE et la façon dont il est associé à divers indicateurs de la qualité des relations de couple (attachement amoureux ainsi que la détresse psychologique, sexuelle et conjugale). Un échantillon de 1309 participants actuellement en relation de couple a été recruté au sein de la communauté afin de répondre à des questionnaires en ligne portant sur les antécédents d’ASE, le soutien perçu suite au dévoilement de cet évènement, l’attachement amoureux, la détresse psychologique, la détresse conjugale et la détresse sexuelle. Parmi l’échantillon, 19.1% (n = 250) ont rapporté avoir vécu une ASE. Parmi ces victimes d’ASE, 15.6% (n = 39) ont rapporté avoir reçu du soutien positif suite au dévoilement, 17.6% (n = 44) ont reçu un soutien négatif alors que 66.8% (n = 167) n’ont jamais dévoilé l’ASE. Des analyses acheminatoires indiquent que conformément aux hypothèses de recherche, le soutien négatif est associé à de plus grandes difficultés d’attachement (anxiété d’abandon et évitement de l’intimité) qui sont associées à plus de détresse psychologique, conjugale et sexuelle. Ces résultats démontrent le rôle protecteur du soutien perçu dans le développement de répercussions psycho-sexo-relationnelles suite à l’ASE. Ils contribueront au développement de meilleures pratiques en matière de gestion du dévoilement de l’ASE dans le travail de prévention et de traitement de couples où l’un des partenaires a vécu ce type d’expérience abusive.

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Abstract

Victims of childhood sexual abuse (CSA) are at risk of developing multiple symptoms in various spheres of functioning that may continue into adulthood and adversely affect the development and stability of couple relationships (Briere & Runtz, 1993). The nature and extent of this diversity is associated with the quality of support received by the child (Charuvastra & Cloitre, 2008, Godbout & al., 2014). In this context, the purpose of this study is to examine the extent of social support received by adult survivors of CSA and how it is associated with various indicators of couple relationships quality (attachment as well as psychological, sexual and conjugal distress). A sample of 1309 participants currently in a couple relationship was recruited from within the community to answer online questionnaires about CSA, support received following the unveiling of this event, attachment, psychological distress, marital and sexual distress. Of the sample, 19.1% (n = 250) reported having experienced CSA. Of these CSA victims, 15.6% (n = 39) reported receiving support following the unveiling, 17.6% (n = 44) received negative support, while 66.8% (n = 167) never disclosed CSA. Path analyses indicated that, consistent with our assumptions, negative support is associated with greater attachment difficulties (abandonment anxiety and avoidance of intimacy) that are associated with greater psychological, couple and sexual distress. These results show the protective role of perceived support in the development of psycho-sexo-relational consequences following the CSA. These results will contribute to the development of best practices in managing the unveiling of CSA in preventive and therapeutic interventions with couples where one of the partners has experienced this type of abusive experience.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Table des matières ... v

Remerciements ... vii

Introduction ... 1

Agression sexuelle en enfance ... 1

Définition ... 1

Prévalence ... 2

Conséquences de l’ASE ... 2

Soutien Social ... 2

Objectifs du mémoire doctoral ... 6

Méthodologie ... 7

Participants ... 7

Procédure ... 8

Instruments de mesure ... 9

Questionnaire sociodémographique. ... 9

Questionnaire sur les expériences sexuelles précoces. ... 9

Soutien. ... 9

Questionnaire sur l’attachement, ECR-12. ... 10

Questionnaire sur la satisfaction conjugale ... 11

Questionnaire sur la détresse psychologique ... 11

Questionnaire sur la satisfaction sexuelle ... 11

Résultats ... 13

Caractéristiques de l’abus sexuel en enfance et soutien ... 13

Analyses descriptives et analyses de covariance ... 13

Analyses acheminatoires ... 14

Réplication du modèle médiationnel ... 14

Complexification du modèle médiationnel ... 15

Invariance du modèle médiationnel selon le genre ... 16

Discussion ... 16

Conclusion ... 19

Limites de l’étude ... 19

Retombées au plan clinique ... 20

Recherches futures ... 21

Tableau 1 ... 23

Figure 1. ... 24

Figure 2. ... 25

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Remerciements

Me voilà à cette dernière étape du parcours doctoral. À la veille de débuter mon internat et de me laisser porter jusqu’à mon souhait de devenir psychologue clinicienne. Étant au baccalauréat, le nez dans mes livres, je m’étais écrit sur un post-it «Édith Gosselin , D. Psy». Ce post-it a été la représentation de ma détermination et de ma persévérance pendant de nombreuses années. La fin de mon mémoire doctoral marque l’intégration de ce petit post-it, me permettant d’atteindre un pas de plus vers cette réalisation.

Afin de clore cette étape, différentes personnes qui ont marqué mon chemin vers cette réalisation sont à remercier.

La première personne qui a marqué mon parcours est mon directeur de recherche et mon superviseur de clinique, Stéphane Sabourin. Dès le début de mon parcours doctoral, j’ai vu en lui un mentor qui me permettra d’apprendre et d’atteindre mes objectifs personnels et professionnels. Je n’ai pas suffisamment de mots pour décrire combien vous m’avez donné. Merci pour les défis, pour les encouragements, pour les conseils et les critiques toujours constructives. Jour après jour, vous m’aidez à donner le meilleur de moi en me laissant suffisamment d’autonomie pour que j’apprenne à me faire confiance. Votre regard remplit de fierté et de confiance n’est jamais bien loin, vous créez le parfait équilibre.

Merci à Yvan Lussier pour ses précieux conseils dans l’élaboration de mon mémoire doctoral. Votre rigueur et votre disponibilité ont été grandement appréciées tout au long de mon parcours doctoral.

Merci à Marie-Pier Vaillancourt-Morel pour sa précieuse aide, sa brillante réflexion et son savoir qui m’ont guidée tout au long de la réalisation de mon mémoire doctoral. Merci à Hélène Paradis pour son aide indispensable dans la compréhension des statistiques de mon étude.

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Merci à ma première superviseure clinique, Danielle Lefebvre. Merci de m’avoir enseigné toutes mes bases. Grâce à vous, je peux compter sur des connaissances solides. Merci pour votre générosité, votre dévouement constant, votre confiance et votre fierté. Vos encouragements m’ont grandement aidée à passer à travers de toutes les transitions qui accompagnent le parcours doctoral. Vous avez été une ancre solide pour moi, et vous le resterez toujours.

Je ne serai pas à cette étape-là aujourd’hui sans le réseau de soutien solide et affectueux qui m’entoure. Mes amis du doctorat de l’Université Laval. Le doctorat a mis sur notre chemin des épreuves de la vie qu’on n’aurait jamais pu estimer. La force de notre amitié m’a fait frissonner d’amour à plusieurs reprises. Mes amis du patin, mes amis d’enfance, mes meilleures amies Alexann, Jordane. Dans chacune de ces lignes, il y a de votre amour et de vos encouragements. Merci de m’avoir fait vivre autre chose que l’Université et les études supérieures. Merci pour les fous rires, les aventures et les longues discussions.

Ma gang du labo de couple. Mes grandes sœurs, mes petites sœurs. Merci pour l’exemple que vous m’avez donné, merci pour l’exemple que vous m’avez permis d’être. Je vous garde dans mon cœur, chacune d’entre-vous.

Ma famille. Première unité de relations intimes que j’ai expérimentée. Mes parents. Premier exemple du couple auquel j’ai été exposé. Mes sœurs, Mireille, Marie-Pier, mes premières amies, mes exemples, mes protectrices. Je vous remercie pour l’amour et le soutien, les encouragements constants. Maman, tu es ma plus grande fan ! Dès le début de mes études universitaires tu as cru en moi, rapportant à tous ceux qui voulaient l’entendre combien tu étais remplie de fierté face à mes réussites et mes défis. Tu m’as donné un amour constant, inconditionnel, tu m’as montré à aimer et tout ce que tu m’as donné, j’essaie de le redonner à chacun qui croise ma route. Papa, générosité incarnée. Tu m’as appris à me dépasser, à persévérer. Tu m’as montré à donner le meilleur de moi-même et sans cela, je ne crois pas que

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j’aurais été en mesure de passer à travers tous ces défis. Merci d’être toujours là et de me répéter jour après jour que je suis capable.

Merci à tous les merveilleux enfants/ados qui ont croisé ma route, particulièrement sur une glace, pendant mon parcours doctoral. De me ramener à ce qu’il y a de plus simple et de plus vrai dans la vie, m’a motivée à comprendre et aider ceux qui sont bien loin de cette simplicité et de cette beauté.

Je ne pourrais terminer mes remerciements sans parler de la personne qui partage ma vie. Gab, la bonne personne, le bon moment. Merci de ton humour, de ton écoute, de ta simplicité et de ta profondeur. Merci de toujours croire en moi et ma capacité à relever les défis. Merci de créer avec moi, un couple où on relève les épreuves ensemble, où l’on se respecte et que l’on s’engage à prendre soin l’un de l’autre. Merci de mettre ma machine à réflexion à « off » le soir où je pars dans mes pensées. Tu as été présent pour moi, dans les transitions les plus importantes de mon parcours doctoral. Merci de m’accompagner dans ce beau parcours et de créer avec moi un nid d’amour où je peux retrouver sécurité, confiance et réconfort.

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Introduction

La recension des écrits scientifiques sur les agressions sexuelles à l’enfance ou à l’adolescence (ASE) montre bien que ce trauma développemental peut entrainer d’importantes répercussions dans plusieurs sphères de la vie des survivants (e.g., psychologique, physique et sexuelle) et ce, y compris à l’âge adulte (Briere, 1993; Godbout, Briere, Sabourin & Lussier, 2014; Maniglio, 2009). Récemment, plusieurs ont souligné l’importance d’étudier plus en profondeur les séquelles conjugales associées à l’ASE. Ainsi, les individus ayant vécu une ASE seraient plus à risque de développer des représentations d’attachement empreintes d’insécurité, qui peuvent en retour occasionner différents problèmes relationnels, dont l’insatisfaction conjugale (Berthelot et al. 2014; Fonagy et al., 2017). La qualité du soutien social reçu ou perçu suite au dévoilement de l’ASE constituerait également un prédicteur significatif des séquelles rapportées (Godbout, Briere, Sabourin, & Lussier, 2014). Le rôle du soutien reçu en bas âge sur la vie de couple à l’âge adulte demeure toutefois sous-étudié.

Agression sexuelle en enfance

Définition. La définition légale de l’abus sexuel au Canada stipule que tout acte à

caractère sexuel envers un enfant de moins de 16 ans est un comportement puni par la loi et passible de prison. Lorsque l’acte à caractère sexuel se produit entre un adolescent âgé de 12 ou 13 ans et une personne d’au plus 2 ans son ainé, ces gestes ne constituent pas une ASE au sens légal du terme. Lorsque l’acte à caractère sexuel se produit entre un adolescent âgé de 14 ou 15 ans et une personne de 5 ans son ainé, s’il y a consentement, la loi est respectée. Toutefois, pour qu’un acte à caractère sexuel soit légal avec un adolescent âgé de moins de 16 ans, l’autre personne impliquée ne doit pas être dans une position de confiance ou d’autorité (p. ex : gardien, entraineur, etc.). Ainsi, au Canada, pour reconnaitre l’ASE, il est important de porter une attention particulière à l’âge de consentement

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légal, à l’écart d’âge entre les deux personnes participant à l’acte à caractère sexuel ainsi qu’à la nature du lien entre ces deux personnes.

Prévalence. Les études menées récemment indiquent qu’encore en 2018, l’ASE est

un phénomène répandu qui touche un grand nombre d’individus. Des ASE dévoilées, on estimerait la prévalence moyenne du nombre d’enfants agressés sexuellement à 11,8%. Plus précisément, elle s’élèverait, en moyenne, à 7,9% chez les hommes et à 19,7% chez les femmes (Pereda, Guilera, Forns, & Gómez-Benito, 2009; Stoltenborgh, van Ijzendoorn, Euser, & Bakermans-Kranenburg, 2011). Il est à noter que ces estimations sont conservatrices puisque plusieurs ASE ne seront jamais dévoilées, ou ne le seront que très tard dans la vie de l’individu (Hébert, Tourigny, Cyr, McDuff, & Joly, 2009). La prévalence réelle de l’ASE est donc, sans doute, encore plus répandue que ne le révèlent les études actuelles.

Conséquences de l’ASE

Le tableau symptomatologique, à l’âge adulte, des personnes ayant vécu l’ASE est complexe. Il se caractérise par de multiples distorsions cognitives, de la dysrégulation émotionnelle, de la dépression (y compris les idées et les gestes suicidaires), de l’anxiété, de la dissociation, de l’abus de substances et des difficultés sur le plan de la personnalité (Castellini, Maggi, & Ricca, 2014; Chen et al., 2010). Il comprend aussi différentes conséquences sexuelles: risque accru de revictimisation, dysfonctions sexuelles, comportements sexuels à risque, détresse chez le partenaire sexuel, etc. (Arriola et al., 2005; Briere, 1993; Neumann, Houskamp, Pollock, & Briere, 1996; Smolak & Murnen 2002; Rind, Tromovitch, & Bauserman,1998).

Soutien Social

Quelques chercheurs ont à ce jour conclu que le soutien social reçu lors du dévoilement de l’ASE aurait une influence sur la symptomatologie développée par l’enfant ou l’adolescent (Elliott & Carnes, 2001; Godbout et al., 2014, Lovett, 2004).

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Les écrits scientifiques sur le traumatisme psychologique montre bien que le soutien social peut atténuer les conséquences psychologiques qui découlent de l’exposition à un stresseur (Cohen & Willis, 1985). Ainsi, deux méta-analyses indiquent que le soutien social constitue un important prédicteur du développement de l’état de stress post-traumatique (Brewin et al., 2000; Ozer et al., 2008). Chez les enfants exposés, les victimes vivant au sein d’un environnement familial positif et bénéficiant d’un très grand soutien vivent moins de séquelles au long cours que celles qui n’en reçoivent que très peu, notamment de la part des parents (Charuvastra & Cloitre, 2008; Elliott & Carnes, 2001; Hébert, Tourigny, Cyr, McDuff, & Joly, 2009; Thériault, Cyr, & Wright, 1997). Or, le soutien des proches dépend nécessairement de la décision de l’enfant de dévoiler le traumatisme vécu, soit dans le cas présent l’ASE.

Quels sont les processus qui amènent un individu qui a été abusé sexuellement à l’enfance à dévoiler cette expérience à ses proches? Afin de répondre à cette question, il importe de tenir compte du laps de temps qui s’écoule entre le moment où survient l’agression sexuelle et le moment où la victime en parle. Par exemple, Hébert et al. (2009) observent que plus le délai entre le moment où l’ASE se produit et le dévoilement est long, plus les conséquences psychologiques chez la victime lorsqu’il atteint l’âge adulte sont importantes. Le dévoilement tardif ou l’absence de dévoilement sont associés à une détresse psychologique et des symptômes d’état de stress post-traumatique plus importants. Dans cette même étude menée auprès de 804 adultes, la rapidité du dévoilement est prédite par la nature de la relation avec l’agresseur et le sexe de l’enfant. Plus précisément, lorsque la victime est de sexe féminin, et qu’elle n’a aucun lien avec l’agresseur, le dévoilement se fait plus rapidement que lorsque la victime est de sexe masculin et qu’il connait l’agresseur. D’un point de vue longitudinal, Zajac, Ralston et Smith (2015) sont les seuls à démontrer que, sur une période de neuf mois, le soutien maternel suite à l’ASE est associé à une réduction des séquelles chez l’enfant. Il n’existe toutefois que très peu d’études sur le soutien social en situation d’ASE et, en revanche, d’autres auteurs rapportent que le soutien parental est un faible prédicteur des séquelles immédiates de l’ASE (Bolen & Lamb, 2007).

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La qualité du soutien social et ses effets dépendent probablement directement du crédit accordé à l’enfant qui dévoile son agression. Chez des parents qui n’ont pas eux-mêmes commis l’ASE, Elliot et Carnes(2001) notent que la majorité des mères croient les propos de l’enfant dès qu’il dévoile. De même, Pintello et Zuravin (2001) remarquent, dans une étude menée auprès de 435 mères, que 41% de celles-ci ont cru et protégé leur enfant de l’agresseur, 13.3% ont cru leur enfant, mais ne l’ont pas protégé, 14% n’ont pas cru mais ont quand même protégé leur enfant et finalement, 30.8% n’ont pas cru ou protégé leur enfant. Les mères les plus susceptibles de croire et de protéger leur enfant sont celles qui n’ont pas de relations sexuelles avec l’agresseur, qui ont donné naissance à cet enfant alors qu’elles étaient elles-même une adulte (et non lors de leur adolescence) et qui ne savaient pas que leur enfant était victime d’ASE avant que celui-ci ne le dévoile. Du côté de l’enfant, la mère croit et protège davantage celui-ci lorsqu’il ne présente pas de comportement sexuel. Le soutien offert par la mère est moins grand quand l’agresseur est le père, le beau-père ou le partenaire amoureux de la mère (Pintello & Zuravin, 2001).

Quelques chercheurs se sont penchés sur le rôle de l’âge et du genre de la victime dans le soutien offert à l’enfant (Elliot & Carnes, 2001). En ce qui concerne l’âge, plus l’enfant dévoile l’ASE tôt, plus le réseau tend à être soutenant (Pintello & Zuravin, 2001). En ce qui concerne le genre, lorsque l’enfant est un garçon, les membres du réseau sont plus soutenants (Pintello & Zuravin, 2001; Salt et al., 1990). La plupart des études précédentes ne traitent que de l’association entre le soutien social et les conséquences à court terme chez l’enfant. Du côté des conséquences à l’âge adulte, seuls Godbout et ses collaborateurs (2014) ont examiné l’association entre la perception du soutien lors du dévoilement de l’ASE et différents indicateurs de la qualité des relations conjugales plusieurs années après l’ASE. Bolen et Lamb (2007) avaient déjà conclu que, théoriquement et cliniquement, le soutien perçu par la victime serait plus important que le soutien offert. C’est donc sur le soutien perçu par la victime que se sont concentrés Godbout et al. Cette perception du soutien est

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catégorisée en trois niveaux : soutenant, non-soutenant et une autre catégorie où la victime affirme que le personne n’est pas au courant de l’ASE et donc qu’elle ne l’a pas soutenue.

Dans le présent projet, nous reprenons cette catégorisation: soutien perçu positif, soutien perçu négatif ou absence de soutien. À ces trois groupes de participants, Godbout et al. (2014) ajoutent un groupe de comparaison formé de personnes qui n’ont pas subi l’ASE. Les résultats de cette étude montrent qu’un soutien perçu positif est associé à de plus faibles séquelles de l’ASE et favorise un développement personnel et interpersonnel positif chez les survivants. Cet effet serait expliqué par la sécurité d’attachement des individus, c’est-à-dire par le développement de modèles internes positifs de soi et de l’autre. Selon les théoriciens de l’attachement, l’enfant développe une conception de soi et de l’autre à travers sa relation avec sa figure d’attachement primaire (Bowbly, May, & Solomon, 1997). Lorsqu’un enfant se fait abusé sexuellement et qu’il n’est pas soutenu lorsque ces évènements sont dévoilés, celui-ci peut conclure qu’il n’a pas assez de valeur pour être protégé et que les personnes de son réseau ne le soutiendront pas s’il dévoile une expérience psychologiquement et physiquement abusive. D’un autre côté, si le dévoilement s’accompagne de soutien la victime développe une représentation de soi comme ayant assez de valeur pour être protégée et que lorsqu’il a besoin de ses proches, ceux-ci feront tout en leur pouvoir pour assurer sa sécurité et son intégrité.

Les résultats de Godbout et al. (2014) indiquent aussi que comparativement aux autres groupes, ceux qui ont perçu une forme de soutien négatif lorsqu’ils ont dévoilés l’ASE rapportent plus d’anxiété d’abandon et de détresse psychologique que ceux qui n’ont pas perçu de soutien ou que ceux qui disent avoir reçu un soutien positif. Les résultats de cette étude rèvèlent également que les individus qui ont reçu un soutien positif lorsqu’ils ont dévoilé l’ASE sont plus confortables vis-à-vis l’intimité que ceux des autres groupes, y compris les individus n’ayant jamais vécu d’ASE. Différentes hypothèses sont proposées pour interpréter ces résultats. Le manque d’intervention de la part d’un proche signalerait à l’enfant que l’agresseur est trop

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puissant et dangereux pour que même les principales personnes de l’environnement de l’enfant ne puissent y faire quoi que ce soit. Il est aussi possible de percevoir le proche qui n’intervient pas de façon adéquate comme n’étant pas fiable. D’un autre côté, il est possible de remarquer que malgré la présence de l’ASE, lorsque le survivant reçoit une forme positive de soutien, il évite moins l’intimité dans ses rapports amoureux que ceux qui n’ont jamais vécu d’ASE. Ces résultats reflètent l’importance de l’intervention positive du réseau dans une situation traumatique. À partir du reflet que le proche renvoie par ses interventions, l’enfant peut intégrer qu’il a de la valeur et qu’il mérite d’être protégé. Cette étude offre des résultats ayant une implication importante autant sur le plan de la recherche scientifique dans le domaine que pour son implication clinique. Toutefois, elle comporte certaines limites. Tout d’abord il s’agit d’une étude exploratoire effectuée sur un échantillon limité, cela limite la validité externe de l’étude et donc, la généralisation des résultats. Il serait donc pertinent de répliquer cette étude avec un échantillon de plus grande taille.

Objectifs du mémoire doctoral

L’objectif général du présent mémoire doctoral est d’examiner le rôle du soutien perçu suite à l’ASE afin d’explorer plus en profondeur comment ce soutien peut moduler les conséquences de l’ASE à l’âge adulte. Plus spécifiquement, le premier objectif de la démarche consiste à préciser la proportion d’enfants qui, devenus adultes, rapportent avoir reçu du soutien suite à l’ASE. Ensuite, il s’agit d’évaluer l’association entre le soutien perçu et divers indicateurs de la qualité des relations de couple et du bien-être personnel tels que l’attachement, la satisfaction conjugale et la détresse psychologique.

Afin de dupliquer certains des résultats obtenus par Godbout et al., (2014), en utilisant un échantillon de plus grande taille, nous testons enfin un modèle médiationnel au sein duquel le soutien perçu suite à l’ASE est associé à une satisfaction conjugale et une détresse psychologique moindres via des

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représentations d’attachement empreintes d’insécurité. Cette hypothèse de médiation a préalablement été examinée par Godbout et collaborateurs en 2014. Si nos résultats vont dans le même sens que ceux de Godbout et al., le modèle sera ensuite enrichi et réévalué. Tout d’abord, nous tenterons de déterminer si le soutien perçu est aussi relié à la satisfaction sexuelle rapportée à l’âge adulte. Cet ajout de la variable satisfaction sexuelle aura pour but de tracer un profil plus complet des séquelles conjugales que peut développer un individu suite à l’ASE. Dans le modèle initial de Godbout et collaborateurs, seulement la détresse psychologique et la détresse conjugale étaient inclues. Toutefois, plusieurs auteurs rapportent une multitudes de conséquences sexuelles à l’âge adulte suite à l’ASE (Arriola, 2005; Berthelot et al., 2014; Vaillancourt-Morel et al., 2015), c’est pourquoi cet ajout au modèle est proposé. De plus, puisqu’il a été observé par Pintello et Zuravin en 2001 que les mères avaient tendance à croire et protéger davantage leur enfant lorsqu’il était de sexe masculin, il est possible de croire que cela peut influencer les séquelles développées à l’âge adulte. Ainsi, nous testerons aussi l’invariance du modèle quant au lien entre le soutien et les séquelles de l’ASE à l’âge adulte en fonction du genre, ce que Godbout et al. n’avaient pu faire à cause d’un échantillon de trop petite taille.

Méthodologie

Participants

L’échantillon est composé de 2592 participants qui ont été recrutés dans la population générale et dans la communauté universitaire de la région de Québec. Parmi ces 2592 participants, 1607 sont en couple. Puisque la présente étude porte en partie sur l’association entre l’ASE, le soutien et certains indicateurs de la qualité des relations de couple, seuls les individus actuellement en couple sont retenus. L’échantillon final (N = 1309) se compose de 75.7% de femmes (n = 991) et de 24,3% d’hommes (n = 318), âgés de 18 à 78 ans. La moyenne d’âge des participants est de 26.86 ans (ÉT = 9.07). 45.3% sont gradués du niveau collégial (n = 592) tandis que 30.3% ont obtenu un diplôme de premier cycle (n = 396) et 17.5% détiennent un diplôme de cycle supérieur (n = 228). Par ailleurs, 31.1% occupent un

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emploi régulier (n= 406), 0.8% sont en arrêt de travail ou sans-emploi (n= 11), 66.9% sont étudiants (n= 873) alors que 0.6% sont retraités (n= 8). Les participants ont un revenu allant de moins de 10 000$ à 29 999$ (69,8%) (n=906). Au sein de cet échantillon, 12.3% des participants sont mariés (n = 161), en relation de cohabitation (48.4%, n= 633) ou en relation de fréquentation (39.3%, n= 515). La durée moyenne de ces unions s’élève à 4.84 années (ÉT = 6.57 ).

Procédure

Les individus constituant l’échantillon ont été recrutés via une publicité acheminée par le biais des listes électroniques de l’Université Laval et par divers médias sociaux tels que Facebook, Twitter ainsi que sur des sites de petites annonces sur Internet. L’objectif était de rejoindre le maximum d’hommes et de femmes âgés de 18 ans et plus pour participer à une étude en ligne d’environ 45 minutes portant sur les déterminants de la sexualité à l’âge adulte. Les participants avaient accès à l’étude via le site de sondage «LimeSurvey». Dans les courriels envoyés et les annonces publicitaires, l’URL du sondage était transmis. L’utilisation d’un questionnaire en ligne a été privilégiée en raison de la nature intime et intrusive des thèmes abordés. Les données recueillies ont été saisies automatiquement dans une base de données sécurisée et privée à laquelle seuls les chercheurs associés à l’étude ont accès. Le matériel incluait un formulaire de consentement éclairé qui a été signé électroniquement par les participants. Celui-ci comprenait des informations détaillées sur la nature et les procédures de l’étude, les risques et l’inconfort possible pour les participants, les avantages de l’étude et de leur participation à l’étude, la nature volontaire de l’étude et la confidentialité. Le formulaire de consentement qui a été fourni comprenait également les informations afin de contacter l’investigatrice principale, son directeur de recherche et le comité d’éthique de l’Université Laval. Une liste de ressources psychologiques que les participants pouvaient conserver au besoin était disponible à la fin du questionnaire. Tous les participants ont répondu volontairement à l’enquête sans incitatif monétaire. Le comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval a approuvé cette méthodologie.

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Instruments de mesure

Tous les questionnaires ont été remplis par les participants sur «Limesurvey» et donc leur forme et leur mode de présentation ont été adaptés pour les besoins de l’étude en ligne. Les questionnaires originaux sont placés en annexe.

Questionnaire sociodémographique. Tous les participants ont répondu à des

questions sociodémographiques précisant l’âge, le sexe, le revenu annuel, l’occupation principale, le statut relationnel, l’orientation sexuelle et la durée de la relation de couple de chaque participant.

Questionnaire sur les expériences sexuelles précoces. Présence de l’abus.

Tous les participants sont invités à répondre à un questionnaire portant sur une variété d’actes à caractère sexuel correspondant à la définition légale de l’abus sexuel au Canada. La question générale suivante sert de stimulus de départ : «Lorsque vous étiez enfant, c’est-à-dire avant l’âge de 16 ans, avez-vous vécu une situation à caractère sexuel avec l’une des personnes suivantes? Était énumérée ensuite une liste de personnes qui auraient pu être l’auteur de l’acte à caractère sexuel commis : père/mère biologique ou adoptif(ve), beau-père/belle-mère, grand-père/grand-mère, sœur, frère, autre membre de la famille, ami(e) de la famille, inconnu(e), personne responsable ou en position d’autorité (gardien(ne), entraineur(e), enseignant(e), etc. Il est à noter que ce questionnaire s’inspire des questionnaires utilisés dans de multiples études tels que celles de Mendel (1995), Finkelhor (1979) et que ses qualités psychométriques ont été validées dans le contexte d’analyses d’équations structurelles (Vaillancourt-Morel et al., 2015).

Soutien.

Après avoir répondu aux questions précédentes sur l’ASE, s’il a dévoilé cette ou ces expériences à l’un de ses proches, le participant est invité à évaluer le soutien qu’il dit avoir reçu: « Est-ce qu’une personne a pu être au courant de cet acte à caractère sexuel, au moment où il s’est produit ? ». Cette question comportant 6 choix de réponse permet de catégoriser le soutien perçu en quatre catégories. Rappelons que seuls les participants rapportant une ASE répondent à cette question, les autres participants représentent le groupe contrôle. Pour les fins de la présente étude, ces

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participants qui n’ont pas vécu d’ASE reçoivent un score de «0». Le groupe «1 » représente le groupe de gens ayant vécu une ASE et qui perçoivent avoir été soutenu quand ils ont parlé de l’ASE (i.e., ayant répondu : « Oui, il était au courant, et il est intervenu»). Le groupe « 2 » regroupe les gens ayant vécu une ASE et qui ont rapporté que probablement personne n’est au courant de l’acte à caractère sexuel vécu (i.e., ayant répondu : « Peut-être, je n’en suis pas certain, mais il n’a rien fait» ou «Je crois que personne n’a pu être au courant» ou «Je suis certain que personne n’a pu être au courant»). Le groupe «3» est formé des gens ayant vécu une ASE et qui ne sont pas sentis soutenus par la personne à qui ils ou elles ont dévoilé l’abus (i.e., ayant répondu : « Oui, je crois, mais il n’a rien fait» ou « Oui, j’en suis certain, mais il n’a rien fait »). Cette question est identifique à celle utilisée dans l’étude de Godbout et al., (2014).

Questionnaire sur l’attachement, ECR-12. Les représentations d’attachement ont

été mesurées à l’aide d’une version abrégée du Questionnaire sur les expériences d’attachement amoureux (Experiences in Close Relationships; Brennan, Clark, & Shaver, 1998; version francophone produite par Lafontaine et al., 2016). Ce questionnaire comprend 12 items permettant de mesurer l’attachement selon deux dimensions : l’anxiété d’abandon et l’évitement de l’intimité. Le premier facteur, l’anxiété d’abandon, permet d’identifier les représentations cognitives que l’individu possède de lui-même et des autres à propos de la crainte d’être abandonné ou rejeté dans une relation amoureuse. Le deuxième facteur, l’évitement de l’intimité, permet d’identifier les représentations cognitives que la personne possède par rapport à ses partenaires amoureux en ce qui concerne l’autosuffisance, l’inconfort vis-à-vis l’intimité et l’indépendance amoureuse. Le participant répond aux 12 questions à partir d’une échelle de type Likert en 7 points, allant de 1 (fortement en désaccord) à 7 (fortement en accord). Plus le score moyen à chaque échelle est élevé, plus il indique un degré élevé d’anxiété d’abandon ou d’évitement d’intimité. Des scores moyens plus élevés que 3,5 à l’anxiété d’abandon et que 2,5 à l’évitement de l’intimité signalent la présence de représentations d’attachement fortement empreintes d’insécurité (Brassard et al., 2012). Cette version du questionnaire possède une bonne cohérence interne (alpha de Cronbach de .88) (Lafontaine et

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al., 2016). La valeur de l’alpha de Cronbach dans la présente étude est de 0.875 pour l’anxiété d’abandon et de 0.88 pour l’évitement de l’intimité.

Questionnaire sur la satisfaction conjugale. Le questionnaire utilisé pour

évaluer la satisfaction conjugale des individus en couple de l’échantillon est l’échelle d’ajustement dyadique, version abrégée en 4 items traduite en français (Sabourin, Valois & Lussier, 2005) et tirée de la version originale en 32 items produite originalement par Spanier en 1976. Celui-ci a été traduit en français et adapté par Baillargeon, Dubois et Marineau en 1986. Ce questionnaire comprend 4 items dont les 3 premiers se mesurent sur une échelle de type Likert en 6 points, allant de 0 (jamais) à 5 (toujours). Le quatrième item se mesure sur une échelle de type Likert en 7 points, allant de 0 (extrêmement malheureux) à 6 (parfaitement heureux) et donne un indicateur général du niveau de bonheur relationnel éprouvé par le participant. L’indice de satisfaction conjugale globale se situe entre 0 et 21. Des scores plus élevés reflètent une meilleure satisfaction conjugale. Une valeur inférieure à 13 indique une détresse cliniquement significative au sein du couple. Dans le présent échantillon, l’alpha de Cronbach est de 0.80.

Questionnaire sur la détresse psychologique. La détresse psychologique des

individus a été mesurée à l’aide d’une version abrégée en 14 items de l’Index de détresse psychologique développé par Ilfeld en 1976. Cette version abrégée évalue les symptômes dépressifs, anxieux, d’irritabilité et cognitifs vécus au cours de la dernière semaine. Ces symptômes sont mesurés à l’aide d’une échelle de type Likert en 4 points, allant de 0 (jamais) à 3 (très souvent). Le score total de détresse varie entre 0 et 42. Afin d’interpréter les résultats du questionnaire, les scores sont remis sur 100 et un score supérieur à 30 représente une détresse cliniquement significative (Boyer, Préville, Légaré, & Valois, 1993). Ce questionnaire présente de bonnes qualités psychométriques et la cohérence interne de la version abrégée francophone (alpha de Cronbach de.89) est similaire à celle de la version originale (Préville et al., 1992). Dans le présent échantillon, l’alpha de Cronbach est de .91.

Questionnaire sur la satisfaction sexuelle. Les participants à l’étude ont été

invités à compléter une mesure de satisfaction sexuelle comportant 5 questions répondues sur une échelle de Likert allant de 1 à 7 et portant sur des dimensions de

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12

la sexualité. Le score total varie entre 0 et 35. Ce questionnaire a été traduit d’une version originalement anglaise qui est l’Interpersonal Exchange Model of Sexual Satisfaction (Byers, Demmons, & Lawrence, 1998). Cette mesure a été choisie en raison de son utilisation fréquente en recherche auprès de couples établis et de nouvelle relation. Dans le présent échantillon, l’alpha de Crobach est de 0.90.

Analyses statistiques envisagées

Afin de répondre aux objectifs de ce projet, différentes analyses sont effectuées. Tout d’abord, une analyse de covariance multivariée (3 x 2) est réalisée. La première variable indépendante est le degré de soutien reçu suite au dévoilement de l’ASE et elle comprend trois niveaux de soutien (soutien perçu positif, soutien perçu négatif ou ambigü ou absence de soutien perçu). Le genre est la deuxième variable indépendante et elle comprend 2 niveaux (homme ou femme). Les covariables sont le revenu, la scolarité et le statut relationnel. Les variables dépendantes sont l’attachement, la détresse psychologique, la satisfaction conjugale et l’insatisfaction sexuelle. Si l’analyse de covariance multivariée produit des résultats significatifs, nous effectuerons a posteriori des analyses de covariance univariées (ANCOVA). Finalement, des analyses acheminatoires seront exécutées afin de répliquer le modèle médiationnel initialement testé dans l’étude de Godbout et al. (2014). Dans un premier temps, l’effet du soutien sur la détresse psychologique et la satisfaction conjugale via le rôle médiationnel de l’attachement (évitement de l’intimité et anxiété d’abandon) sera testé. Dans le modèle testé, la variance du niveau d'éducation, de l'état matrimonial et du revenu sera contrôlé. Si le modèle est réplicable, deux ajouts seront faits et le modèle sera réévalué tout en maintenant le contrôle pour les variables nommées précédemment. Premièrement, une nouvelle variable, l’insatisfaction sexuelle, sera incluse au modèle afin de dresser un profil plus complet des conséquences que peut développer un individu suite à une ASE. L’effet médiationnel du soutien via l’attachement sur la détresse psychologique, la détresse conjugale et l’insatisfaction sexuelle sera donc testé. Deuxièmement, puisqu’il a été observé que le soutien perçu peut varier en fonction du sexe de la victime, l’invariance du modèle selon le genre des participants sera évalué.

(23)

Résultats

Caractéristiques de l’abus sexuel en enfance et soutien

Afin de répondre au premier objectif de l’étude qui est de préciser la proportion d’enfants qui rapportent recevoir du soutien de leurs parents suite au dévoilement de l’ASE, des analyses descriptives ont été effectuées. Dans le présent échantillon, la prévalence de l'ASE se situe à 19,1% (n = 250). Au total, 15,6% (n = 39) disent avoir obtenu un soutien positif après la divulgation de l’ASE, 66,8% (n = 167) ont déclaré que les proches non-abuseurs n'étaient pas au courant de l'agression sexuelle et 17,6% (n = 44) ont rapporté que leurs proches ont offert un soutien perçu comme négatif.

Analyses descriptives et analyses de covariance

Le tableau 1 présente les moyennes et les écarts-types pour les variables de l’attachement, la détresse psychologique, la détresse relationnelle et l’insatisfaction sexuelle en fonction du niveau de soutien perçu suite au dévoilement de l’ASE. Une MANCOVA a été effectuée pour comparer les quatre groupes (groupe contrôle, ASE et soutien positif, ASE et absence de soutien et ASE et soutien négatif) selon le niveau de soutien perçu et le genre des participants. Les variables dépendantes sont l’anxiété d’abandon, l’évitement de l’intimité, la détresse psychologique, la détresse relationnelle et l’insatisfaction sexuelle. Les covariables sont le niveau d'éducation, l'état matrimonial et le revenu. Les résultats indiquent que le soutien perçu est

significativement associé à l’anxiété d’abandon (F(3, 1092) = 5.374, p < .001), 𝜂2=

.015 , l’évitement de l’intimité (F(3, 1091) = 3.034, p < .028), 𝜂2= .008, la détresse

psychologique (F(3, 1060) = 6.232, p < .000), 𝜂2= .017 et la satisfaction conjugale

(F(3, 1118) = 3,807, p < .010), 𝜂2= .010. Le soutien n’est pas significativement relié

à la satisfaction sexuelle (F (3, 594) = 0.998, p= .393), 𝜂2= .005.

Les analyses post-hoc univariées ont ensuite été effectuées (voir Tableau 1) afin de vérifier où se situent les différences significatives entre les groupes. Ces analyses

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14

indiquent que les gens ayant vécu une ASE et rapportant un soutien positif sont significativement moins anxieux en relations intimes et vivent moins de détresse psychologique que les gens ayant vécu une ASE et rapportant un soutien perçu négatif. Les survivants d’ASE ayant perçu du soutien positif sont significativement plus satisfaits de leur relation de couple que le groupe de gens ayant vécu une ASE, mais dont les parents ne sont pas au courant et que le groupe de gens ayant vécu une ASE, mais où les parents n’ont pas offert de soutien. Comparativement aux autres groupes, les individus ayant vécu une ASE et n’ayant pas perçu de soutien vivent plus d’anxiété d’abandon et de détresse psychologique que les gens ayant vécu une ASE et du soutien positif et une ASE mais en l’absence de soutien.

Analyses acheminatoires

Réplication du modèle médiationnel

Afin de répondre au deuxième objectif de la présente étude qui est d’évaluer l’association entre le soutien perçu et divers indicateurs de la qualité des relations de couple et du bien-être personnel, des analyses acheminatoires ont été effectuées. Cet objectif s’incrit dans une visée de duplication des résultats obtenus par Godbout et collaborateurs en 2014, mais ce, au sein d’un échantillon plus vaste. Les résultats montrent que le modèle final obtenu par Godbout et al. (2014) est répliqué et présente des indices d’ajustement satisfaisants : 𝒳2(6) = 6.59, p =

0.3604, CFI = 0.999, RMSEA = 0.009, IC à 95% (.000 à .038), SRMR =.011. Les coefficients normalisés sont présentés à la Figure 1.

Le modèle indique que plus le soutien perçu suite à l’ASE est négatif, plus élevé sont les degrés d’évitement de l’intimité et d’anxiété d’abandon. En retour, l’évitement de l’intimité est associé à des niveaux plus élevés de détresse psychologique et relationnelle. L’anxiété d’abadon prédit également un niveau de détresse psychologique plus grand. Un effet indirect entre le soutien et la satisfaction conjugale passe via l’anxiété d’abandon et la détresse psychologique montrant que

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plus le soutien est négatif, plus la détresse conjugale est grande ( b= 0.030, IC 0.056 à 0.012) et via l’évitement de l’intimité et la détresse psychologique (b= -0.013, IC -0.030 à -0.002) montrant que plus le soutien est négatif, plus la détresse conjugale augmente. Un effet indirect entre le soutien et la détresse conjugale via l’anxiété d’abandon (b= 0.020, IC 0.050 à 0.004) et l’évitement de l’intimité ( b= -0.015, IC -0.236 à -0.035) montre que plus le soutien est négatif, plus la détresse conjugale augmente.

Complexification du modèle médiationnel

Puisque les résultats sont répliqués dans un échantillon de taille plus importante, le dernier objectif de l’étude, qui est d’enrichir et de réévaluer le modèle a pu être poursuivi. Dans un premier temps, la variable de la satisfaction sexuelle a été ajoutée au modèle. Dans l’ensemble, le modèle complexifié proposé présente

également des indices d’ajustement satisfaisants : 𝒳2(7) = 6.819, p = .4480, CFI =

1.000, RMSEA = .000, IC à 95% (.000 à .033), SRMR =.011. Les coefficients normalisés sont présentés à la Figure 2. Le modèle complexifié montre que l’évitement de l’intimité est significativement associé à des niveaux plus élevés de détresse sexuelle. Par contre, l’anxiété d’abandon n’est pas significativement associé à des niveaux plus élevés de détresse sexuelle. En contrepartie, l’anxiété d’abandon reste significativement associé à la détresse psychologique et relationnelle.

L’effet indirect du soutien sur la satisfaction conjugale est significatif lorsqu’il passe via l’anxiété d’abandon et la détresse psychologique (b= 0.030, 95% IC 0.056 à -0,011), via l’évitement de l’intimité et la détresse psychologique (b= -0.014, 95% IC -0.030 à -0.002), via l’évitement de l’intimité seulement (b= -0.116, 95% IC =0.235 à –0.014) et finalement, via l’anxiété d’abandon seulement (b= -0.020, 95% IC=-0.050 à -0.001). L’effet indirect du soutien sur la satisfaction sexuelle est significatif lorsqu’il passe via l’anxiété d’abandon et la détresse psychologique (b= 0.047, 95% IC -0.110 à -0.017), via l’évitement de l’intimité et la détresse psychologique (b= -0.021,

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16

95% IC -0.052 à -0.003) et via l’évitement de l’intimité seulement (b= -0.137, 95% IC -0.283 à -0.017).

Invariance du modèle médiationnel selon le genre

Dans un deuxième temps, l’invariance du modèle selon le genre des participants a été testé. Pour ce faire un modèle multi-groupe où les paramètres ont été estimés

librement est d’abord évalué, 𝒳 2(12)=59.312. Par la suite, les différents paramètres

ont été contraints à l’égalité chez les hommes et chez les femmes 𝒳 2(22)=71.871.

Ces résultats nous permettent d’obtenir une différence de khi-deux corrigé, ∆ 𝒳 2

(10)=11.1652 pour un p=.3448. Pusique le test ne produit pas une différence significative, le modèle ne varie pas selon le genre des participants.

Discussion

L’objectif général du mémoire doctoral était d’examiner le rôle du soutien perçu suite au dévoilement d’une ASE et d’explorer plus en profondeur comment le soutien peut moduler les conséquences de l’ASE à l’âge adulte. De cet objectif général découlait un premier objectif qui visait à établir la proportion d’enfants ayant reçu du soutien de la part de leurs proches suite au dévoilement d’une ASE. Les études précédentes à ce sujet dataient du début des années 2000 et elles portaient surtout sur les conséquences à court terme du dévoilement de l’ASE et du soutien obtenu suite à ces expériences. Ces chiffres devaient donc être actualisés. La répartition du soutien dans les 3 catégories proposées (soutien positif (15,6%), soutien négatif (17,6%) et absence de soutien (66,8%)) est similaire à la répartition obtenue dans l’étude de Godbout et collaborateurs (2014) (respectivement 14%, 15% et 71%); ces dernières données avaient été recueillies vers le milieu des années 90. L’examen des résultats permet de conclure que, même aujourd’hui, une forte majorité d’enfants ne dévoileront pas les agressions sexuelles vécues, et ce, même plusieurs années après ces événements. Effectivement, malgré les différentes vagues de sensibilisation et de prévention véhiculées depuis les années 90 face aux ASE, on remarque que les résultats recueillis sont très similaires et stables depuis plusieurs années et que l’examen actuel de ces résultats doit être pris en considération dans

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l’orientation des différentes interventions visant à prévenir ce type de geste abusif, à en faciliter le dévoilement aux proches ou aux autorités compétentes et à en contrer les conséquences négatives (Alaggia, Collin-Vézina, & Lattef, sous-presse; Mathews & Collin-Vézina, sous-presse). En effet, lorsqu’ils dévoilent les gestes posés, une faible minorité des victimes rapportent avoir perçu une forme positive de soutien de leurs proches. Ces données confirment les résultats de Godbout et al. (2014) obtenus auprès d’adultes et, parce que nous disposions d’un échantillon de plus grande taille, ils ajoutent à la stabilité des interprétations proposées. L’atteinte de cet objectif nous permet d’explorer plus en profondeur l’impact du soutien perçu dans le développement de conséquences relationnelles et conjugales de l’ASE au long cours.

Le deuxième objectif de l’étude consistait à vérifier la validité et la stabilité du modèle préalablement testé par Godbout et collaborateurs (2014) qui mettait en évidence le rôle significatif du soutien perçu sur la sécurité d’attachement puis sur les symptômes de détresse psychologique et conjugale à l’âge adulte suite à une ASE. Tels qu’illustré à la Figure 1, le modèle d’analyses acheminatoires est répliqué avec un échantillon de 1309 individus, démontrant à nouveau que plus le soutien est négatif, plus les individus ayant vécu une ASE développent un attachement empreint d’insécurité, tant au niveau de l’anxiété d’abandon que de l’évitement de l’intimité. Ces difficultés d’attachement sont ensuite associés à différents indicateurs de bien-être dans une relation de couple à l’âge adulte. Effectivement, ces difficultés d’attachement sont toutes deux liés à plus de détresse relationnelle et psychologique. Ces résultats révèlent une fois de plus que le soutien perçu suite à l’ASE permet de mieux comprendre la gravité des séquelles affectives et relationnelles vécues plusieurs années après l’agression sexuelle. Nos données constituent aussi une extension des travaux des chercheurs qui avaient montré qu’à très court terme, l’absence de soutien reçu par l’enfant de ses proches, surtout de la mère, nuit au développement de l’enfant et de l’adolescent victime d’ASE (Pintello & Zuravin, 2001; Zajac, Ralston, & Smith, 2015).

(28)

18

Puisque le modèle initalement mis au point par Godbout et collaborateurs s’est avéré valide et stable dans ce nouvel échantillon, il a alors été possible d’en proposer une extension en le complexifiant et en y ajoutant une évaluation de la satisfaction sexuelle. Ce choix s’est appuyé sur la présences multiples conséquences sexuelles à l’âge adulte suite à une ASE dans la littérature scientifique (Arriola, 2005; Berthelot et al., 2014; Vaillancourt-Morel et al., 2015). D’ajouter la détresse sexuelle permet donc de créer un modèle plus complet intégrant simultanément les répercussions psycho-sexo-relationnelles. Cet ajout a permis de corroborer que plus le soutien est perçu négativement, plus les difficultés sur l’attachement sont présentes. Plus le niveau d’anxiété d’abandon est élevée, plus la détresse psychologique et relationnelle sont élevées. Toutefois, de hauts niveaux d’anxiété d’abandon ne sont pas nécessairement reliés à une augmentation de l’insatisfaction sexuelle. Les invidus présentant de haux niveau d’anxiété d’abandon sont plus enclins à utiliser la sexualité de manière à se rassurer. Il est possible que ce besoin de réassurance via la sexualité amène un état de satisfaction chez les individus anxieux, ce qui pourrait expliquer l’absence de lien entre un haut niveau d’anxiété d’abandon et l’insatisfaction sexuelle (Brassard, Shaver, & Lussier, 2007). En ce qui concerne l’évitement de l’intimité, on remarque que lorsque qu’elle est plus élevée, la détresse psychologique, relationnelle et sexuelle l’est également.

Finalement, le dernier objectif de l’étude portait sur l’invariance du modèle en fonction du genre. Effectivement, il était nécessaire de déterminer si le soutien est plus important pour les victimes féminines que masculines ce qui en retour, pourrait moduler les conséquences qui se développent à l’âge adulte. Pintello et Zuravin (2001) avaient démontré que les mères avaient tendance à croire et protéger davantage leur enfant lorsqu’il était de sexe masculin. Il est à noter que cet objectif n’avait pas pu être testé dans l’échantillon de Gobout en 2014 à cause de la trop petite taille de l’échantillon. Suite aux analyses satistiques, le modèle ne varie pas selon le genre des participants. La différence entre les résultats de cette étude et ceux de Pintello et Zuravin peut s’expliquer par le niveau de sensibilité de la mesure du soutien utilisé dans le modèle testé. Effectivement, il est possible que la mesure

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du soutien utilisée dans la présente étude ne soit pas suffisamment semblable à celle de Pintello et Zuravin pour détecter le même genre de résultats. Comme Pintello et Zuravin se sont spécifiquement intéressés à l’effet du soutien provenant des mères, il est possible que le mesure utilisée dans l’étude actuelle , qui est une mesure de soutien plus général ciblant les proches de la victime, ne détecte pas le même genre de résultats.

et que la mesure utilisé dans cette étude correspond à une mesure de soutien plus général implicant le réseau de soutien de la victime

Conclusion

Limites de l’étude

Les résultats de ce mémoire doctoral constituent une contribution scientifique significative à l’analyse du rôle du soutien perçu par les enfants sur les retombées psych-sexo-relationnelles de l’ASE à l’âge adulte. De plus, nos résultats sont d’autant plus robustes qu’ils s’appliquent indépendamment de variables sociodémographiques (revenu, statut civil et éducation) qui ont été contrôlées dans toutes nos analyses. Le travail comporte tout de même certaines limites à discuter. Premièrement, l’outil de mesure du soutien mérite d’être améliorer. Initialement, ce choix de mesure a été fait dans le but de répliquer les résultats de l’étude de Godbout et collaborateurs (2014). La première limite concernant l’outil concerne le manque d’information face au processus de dévoilement d’ASE. La mesure du soutien utilisé dans l’étude ne permet pas de déterminer les caractéristiques associées au dévoilement de l’ASE. Certains éléments pourraient influencer de façon significative le soutien émis tel que l’intention de dévoiler l’ASE par la victime ou non. Effectivement, le soutien reçu par la victime pourrait varier en fonction de comment celle-ci dévoile le trauma sexuel vécu. Par exemple, il est possible de penser que le soutien sera plus élevé si la victime dévoile intentionnellement l’ASE, dans le cadre d’une démarche de demande d’aide et en verbalisant à un proche le traumatisme vécu que lorsque les proches sont mis au courant de l’ASE par des allusions indirectes de la part de la victime telles que des lapsus, une régression de son

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fonctionnement (p. ex., énurésie à l’enfance) ou une détresse psychologique importante. Le délai entre le moment de l’ASE et le moment où elle est dévoilée peut également influencer le soutien reçu et cette information est manquante dans l’outil de mesure actuel. La deuxième limite cible le manque d’information face à la personne qui prodigue le soutien. La question utilisée pour mesurer le soutien est la suivante : « Est-ce qu’une personne a pu être au courant de cet acte à caractère sexuel, au moment où il s’est produit ? ». L’utilisation du terme «une personne» ne nous indique pas la nature du lien entre la victime et la personne qui prodigue le soutien. La nature de ce lien peut influencer le soutien reçu. Pour répondre à cette limite, le soutien reçu devrait être évalué en spécifiant les réactions d’un ensemble de proches, dont la mère et le père. En ce sens, pour explorer et approfondir davantage le soutien parental et comment il module les conséquences de l’ASE à l’âge adulte, la mesure de ce construit nécéssite davantage deprécision.

Retombées au plan clinique

Malgré les limites de l’étude, ce mémoire doctoral a d’importantes retombées cliniques potentielles. Les résultats démontrent l’importance d’évaluer le soutien perçu par les victimes d’ASE. Les résultats de la présente étude montre que le soutien perçu par les victimes est généralement faible. Il est difficile de déterminer si le soutien perçu est faible parce que les proches ne sont pas suffisamment attentifs aux signaux de détresse émis par l’enfant ou si ces proches négligent les signaux émis par l’enfant. Ainsi, les intervenants gagneraient à explorer ces questions lors de leurs entrevues avec des personnes ayant subi l’ASE. Cette étude souligne également l’importance en clinique adIulte de s’attarder lors de l’évaluation de l’ASE au soutien reçu par les proches et même si possible par la suite au soutien offert par le conjoint suite à un dévoilement puisque celui-ci devient la principale figure d’attachement à l’âge adulte (Brennan, Hazan, & Shaver, 1998). Ces résultats pourraient enrichir le développement de meilleures pratiques en matière de gestion du dévoilement de l’ASE dans le travail de prévention et de traitement des problèmes de couples où l’un des partenaires a vécu ce type d’expérience abusive.

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Les interventions pourraient servir à outiller les conjoints pour faire face aux difficultés émanant des ASE.

Recherches futures

L’analyse de la documentation théorique, empirique et clinique, de même que nos résultats pourront servir de base à la construction d’un nouveau questionnaire d’évaluation du soutien suite à l’ASE palliant aux limites de celui utilisé dans cette étude. Ce nouveau questionnaire devra mieux rendre compte du contexte où le dévoilement s’est produit. Pour ce faire, différente questions devront porter sur la présence du dévoilement : est-ce que la personne a dévoilé l’ASE de manière intentionnelle? Quel était le délai entre l’ASE et le dévoilement ? Est-ce que l’ASE a été dévoilé en totalité (nature des gestes posés, identification de l’agresseur et lien avec celui-ci, fréquence, réaction émotionnelle, etc.) ou partiellement? Si partiellement, quels éléments ont été dévoilés. Ensuite, le récepteur du dévoilement devra être mieux identifié : est-ce qu’il s’agit de la mère/père, de la belle-mère/ beau-père, d’un tuteur légal ou d’une autre personne jouant le rôle de figure parentale? Par la suite, la réaction de soutien émise par la personne recevant le dévoilement de l’ASE pourra être bonifié en utilisant le Guide d’information à l’intention des victimes d’agression sexuelles (2008) et le Parental Reaction to Abuse Disclosure

Scale (Everson, Hunter, Runyon, Edelson, & Coulter, 1991). Ces guides listent les

réactions favorables et dévarobles face à l’abus sexuel sous la formes de continuum : juger - écouter, douter – croire, banaliser/minimiser/dramatiser –

recevoir, blâmer-encourager, ignorer-supporter, culpabiliser-déculpabiliser,

surprotéger-favoriser l’autonomie, invalider-valider, réactions nuisibles face à l’agresseur-réactions aidantes face à l’agresseur, utilisation défavorables des ressources/services - utilisation favorables des ressources/services.

Afin de bonifier l’évaluation du soutien et son influence sur les conséquences de l’ASE à l’âge adulte, il serait pertinent d’inclure l’évaluation du soutien du partenaire amoureux. Effectivement, comme la principale figure d’attachement à l’âge adulte devient le partenaire amoureux (Brennan et al., 1998), il serait intéressant

(32)

22

d’approfondir comment le soutien du partenaire amoureux suite au dévoilement d’une ASE peut moduler les conséquences de l’ASE. Tel que rapporté dans les résultats de ce mémoire doctoral, très peu de victimes dévoilent l’ASE à leur proches. Il est possible de penser que tout comme pour le dévoilement aux proches, une faible proportion des victimes dévoilent l’ASE au partenaire amoureux. Ainsi, il serait pertinent de clarifier quelles sont les éléments qui nuisent au dévoilement de l’ASE au partenaire amoureux et quels en sont les conséquences sur la qualité et la stabilité de la relation. Une compréhension plus claire des barrières et facilitateurs du dévoilement au partenaire amoureux pourrait permettre d’étudier plus en profondeur l’effet du soutien du partenaire amoureux sur les conséquences relationnelles de l’ASE à l’âge adulte. Cet ajout permettra aussi de mieux départager et de comparer le rôle du soutien reçu par la mère, par le père et par le partenaire amoureux de l’individu ayant vécu l’ASE. Nous proposons que le partenaire amoureux soit soumis à la même évaluation que le soutien des parents en examinant les réactions favorables et dévarobles.

Finalement, au plan statistique, il serait intéressant de bonifier le modèle médiationnel en le répliquant auprès d’un échantillon qui inclut seulement des gens ayant véçu une ASE. Effectivement, dans l’étude de Godbout et coll. (2014) ainsi que dans ce mémoire doctoral, le modèle testé inclut un groupe contrôle n’ayant pas vécu d’ASE. Si le modèle est réplicable auprès d’un échantillon en nombre suffisant de gens ayant vécu une ASE, la force et la stabilité des interprétations proposées ici auront une portée encore plus grande.

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Tableau 1

Tests de comparaison de moyennes entre les individus du groupe contrôle (absence d’ASE) et les individus ayant vécu une ASE (soutien positif, négatif ou absent) sur l’attachement, la détresse psychologique, la satisfaction conjugale et sexuelle. Soutien F 𝜂2 Groupe contrôle ASE et soutien positif ASE et soutien absent ASE et soutien négatif M (ÉT) M (ÉT) M (ÉT) M (ÉT) Évitement de l’intimité 2.30 (1.18)a 2.63 (1.27)a,b 2.44 (1.23)a,b 2.76 (1.65)b 3.03 * .015 Anxiété d’abandon

3.86(1.43)a 3.67(1.30)a 4.00 (1.58)a 4.73 (1.32)b 5.37 *** .008 Détresse psychologique 28.22 (19.19)a 30.32 (19.48)a 29.55 (18.70)a 42.40 (21.37)b 6.23 *** .017 Saitsfaction conjugale 16.37 (3.05)a 16.65 (2.24)a,c 15.70 (3.28)b,c 15.10 (3.47)b 3.80 ** 010 Satisfaction sexuelle 28.23 (5.57) 28.20 (6.83) 27.07 (5.59) 29.31 (4.15) 0.99 n.s. .005

Note. Les moyennes qui ne partagent pas la même lettre sont significativement

différentes

* p < .05. **p < .01. ***p < .001.

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24

Figure 1.

Modèle intrégratif du rôle médiateur de l’attachement en lien avec le soutien à une ASE, la détresse psychologique et la satisfaction conjugale.

Note. *p < .05. **p < .01. ***p < .001. Soutien Attachement anxieux Attachement évitant Détresse

psychologique Satisfaction conjugale .086** .067* .369*** .214*** -.250*** -.462*** -.062* 21.6% 37%

(35)

Figure 2.

Modèle intégratif du rôle médiateur de l’attachement en lien avec le soutien suite à une ASE, la détresse psychologique, la satisfaction conjugale et la satisfaction sexuelle. Note. *p < .05. **p < .01. ***p < .001. Satisfaction sexuelle Soutien Attachement anxieux Attachement évitant Détresse psychologique Satisfaction conjugale 0.152* * 0.099 * -0.130* 4,905*** 3.438*** -1.291*** -0.063*** -0.040*** 0.059 n.s. 37.4% 18.5% -1.177***

(36)

26

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